Post on 24-Jun-2022
S’outillerAssis sur une chaise, les yeux fermés, il est possible de créer un monde incroyable avec nos propres ressources imaginaires et ce que l’on butine dans
le milieu environnant. Le son d’une sirène, un objet qui tombe au loin, la respiration des humains à nos côtés, une odeur de thé fumant qui affleure à nos narines, la chaleur d’un espace habité, de l’eau fraîche qui ruisselle sur nos mains. Catherine Contour, artisteexploratrice, se meut dans cet espace synes-thésique, zigzagant entre rochers et grains de sables, portée par un mouvement énergétique discret et puissant, sur une plage inventée par elle pour des spectateurs-baigneurs/plongeurs. Vu de la surface son art du repos paraît simple : avec un coussin moelleux, une couverture à texture douce, quelques couleurs vives et pâles, du miel, du chocolat et des noix — de quoi s’assoupir paisiblement dans le confort — et faire une « sieste » à l’ombre de sa voix qui accompagne sans diriger. Une fois plongé dans le bain, on prend conscience de la profondeur de cette pratique essentielle à son travail de création. C’est qu’il y a des outils pour se reposer, et ils ne tiennent pas tous dans un sac de plage. Les siens, elle les a forgés au cours de sa formation à la danse contemporaine, aux arts plastiques, puis à l’hypnose Ericksonienne depuis une dizaine d’années. Artiste hors norme, elle ne cesse de relier les choses, de cheminer selon des jeux d’associations et d’analogies.
Danser avec l’hypnoseL’outil hypnotique est simple et complexe. Il est déjà là et il est à découvrir. C’est comme une manière de réactiver la dimension productive du lan-
gage, tel un ouvroir à sensations, qu’on emploierait à secouer le réel amassé en soi. Ce qu’un mot peut évoquer, comme par enchantement, permet de visiter et d’utiliser les mécanismes acquis dans l’expérience. La transe impliquée dans le processus créatif, conscientisée, donne accès à des ressources insoupçonnées et procure peut-être une liberté nouvelle. Intuitivement Catherine Contour a reconnu là de précieux leviers pour l’improvisation dansée. Car quoi qu’elle fasse, c’est, dit-elle, à partir de la danse, son ancrage principal, qu’elle opère. Une danse qui se déploie et se déplace pour échapper à toute assignation. Une danse qui s’augmente également des lieux : une chambre d’hôtel, une friche industrielle, un jardin, une abbaye, une vallée, un théâtre, un musée, une maison. C’est-à-dire qu’elle travaille avec les lieux : les reconfigure en partant du potentiel de ce qui est là en lien avec une réflexion sur la notion d’économie. Faire avec ce qui est à disposition, déployer la panoplie des objets-trouvés, utiliser la collecte pour inventer de nouveaux scénarios. C’est une démarche, une esthétique de l’existence : réduire la dépense, recycler, transformer. Démarche engagée à différents niveaux jusqu’à ses subtiles répercussions sur le corps. Elle rejoint ainsi des états de corps chers à la postmodern dance américaine, mais également de la danse buto et de techniques énergétiques, auxquelles elle associe le concept de Kairos, cette notion grecque du temps convoquée dans l’hypnose où se reposer, en profiter pleine-ment, nourrit et prépare à l’action. L’art d’attendre pour agir au moment opportun.
MétamorphoserEt de fil en aiguille, ce qui apparaît prend forme. Quelle(s) forme(s) ? Du film à l’hypnose, de la danse aux jardins, de l’art de la sieste à la cérémonie
du thé, de la photo au graphisme, Catherine Contour mène toutes ces expériences en les transformant en objets ou rituels à partager. Ça se tisse avec celui qui assiste dans un « art de la relation » subtil et délicat. Entre 1996 et 2001 par exemple elle convie des danseurs et une assistance à partager des chambres d’hôtels, selon des rendez-vous établis à l’avance, le temps d’une heure. Le dispositif, intitulé Chambres, s’est ainsi déroulé dans toutes sortes d’hôtels, en France, au Japon, en quintet (Fassbinder Hommage) et en solo. Une manière incongrue de vivre un espace-temps à plusieurs, dans une situa-tion artificielle mi-privée mi-publique, afin d’interroger avec les danseurs où nait la danse ? Et comment la mettre en jeu en présence de spectateurs ? A la fin des années 2000, le projet protéiforme intitulé Plage lui a donné de nouvelles occasions d’expérimenter art du repos et art de la relation sur des durées plus étales : une journée, un voyage en bus, des heures dans un jardin, avec des participants munis de leurs propres éléments de confort (coussin, cou-verture, odeur, image). Plus récemment ses Pièces d’hypnose ont donné lieu à des représentations de danses activées par l’outil hypnotique en hétéro-hypnose puis réalisées par les danseurs en auto-hypnose. Chaque pièce est à la fois partie et tout. Peut-être le cercle, symbole de la maison contour qu’elle a fondé en 2009, est-il la forme dans laquelle son art sait finalement se glisser, et par là faire entrer toute chose dans le cycle des transformations ?
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Plongée 2Processus hypnotique, processus de création.
L’outil hypnotique pour la création ?
avec Yann Cojan, Catherine Contour et Pascal Rousseau
4. La transe hypnotique Pour le Dr. Becchio « l’hypnose est
contenue dans l’espace universel de la transe. C’est une technique qui est la somme de particularités puisées dans l’univers de la transe. Par exemple, en re-prenant au chamane la fixation de l’atten-tion par le sonore et le visuel, le rythme des paroles, l’emploi de phrases répéti-tives. En France, on y accroche souvent le mot hystérique en référence à Charcot qui avait décrété que ceux qui pouvaient bénéficier de l’hypnose étaient les hys-tériques. Dans les pays anglo-saxons, la transe est perçue comme un mode de fonctionnement idéal. »
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6. Dans l’histoire de l’art A de nombreuses époques, l’hyp-
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3. L’outil hypnotique pour la création par Catherine Contour
Depuis une dizaine d’années, je mène une recherche sur cet outil avec le soutien du Centre national de la danse et du programme Transforme de la Fondation Royaumont. Outil étonnant par la diversité des possibilités qu’il offre dans une grande économie de moyens à partir d’un phéno-mène naturel : le développement du processus hypnotique (quand nous nous laissons absorber par la vision d’un film, un reflet ou la pluie sur une vitre, ou en nous concentrant avec attention sur une action, sans effort particulier).
Basé sur une approche énergétique du corps, l’ap-prentissage consiste à connaître et utiliser cette capacité à mobiliser l’imaginaire pour que s’opère la mise en mou-vement adaptée aux besoins. Cet outil emprunte à la tech-nique hypnotique : son utilisation spécifique du langage et de la formulation, son approche de la relation, la pratique de l’auto-hypnose qui consiste à s’auto-induire une transe.
Exercice 1 – 3 minutes. Choisissez un endroit agréable où vous ne serez pas interrompu.. Installez-vous sur une assise qui vous convient (en position assise).. Prenez quelques instants pour porter votre attention sur la manière dont votre corps s’adapte à l’espace de cette assise, les micro-mouve-
ments d’ajustement, le rythme de votre respiration et les différentes qualités des contacts de votre corps avec cet environnement. . Prenez quelques instants pour écouter les sonorités, proches et plus lointaines, la musique de ce lieu.. Puis, après avoir donné à cet exercice l’objectif simple de « profiter de 3 minutes »*, fermez les yeux. . A l’issue de ce qui vous semble être 3 minutes, ouvrez le rideau des paupières et laissez entrer la lumière. . Prenez quelques profondes respirations et suivez les mouvements qui viennent (étirements, bâillements…).. Puis terminez cet exercice en buvant un verre d’eau après avoir profité de ce temps offert.La pratique de cet exercice développe notre capacité à percevoir la dimension du temps Kaïros qui, chez les Grecs, se différencie de la
notion linéaire Chronos et qui pourrait être considérée comme une dimension du temps créant de la profondeur dans l’instant, non mesurée par la montre, mais par le ressenti.
*Amusez-vous à observer vos stratégies pour mener à bien cet objectif ! Et découvrez que s’il est possible de « se tromper » quand à la durée mesurée par la montre, aucun risque d’erreur sur celle de votre ressenti. Offrez-vous la possibilité d’expérimenter et de déguster les infinies varia-tions de 3 minutes et découvrez (ou pas), ce dont vous aurez profité sans l’avoir prémédité, tout en vous entrainant à affiner votre appréhension de la durée. Pour cela, rappelez-vous de ne pas oublier, en début d’exercice, de bien relier l’action (en profiter) à la durée (3 minutes) et de vous autoriser à laisser faire. A suivre…
Catherine Contour
© Catherine Contour
1. L’hypnose aujourd’hui, au-delà des clichésL’hypnose ne recouvre pas un champ de connaissance uniforme. Durant son histoire, elle a été tour à tour envisagée sous l’angle d’un état
de conscience (transe), du principe de suggestion, de ses liens avec la psychopathologie, de ses déterminants neurophysiologiques. Milton Erickson (1901-1980), thérapeute américain, l’a considérablement fait évoluer par rapport à sa forme traditionnelle autoritaire et directive. Sa technique, qui privilégie l’intuition, est basée sur une observation fine, une conception de l’inconscient renouvelée (comme source d’énergies, réservoir de ressources pour la personne), une approche utilisationnelle et respectueuse. Si son développement est indéniable, la validité du terme d’hypnose est au centre des débats, c’est peut-être qu’il porte l’odeur indésirable du sommeil magnétique, du music-hall et du charlata-nisme. Pourquoi en effet conserver le nom d’un dieu grec du sommeil pour définir l’hypnose qui est un processus de conscience actif ?
Plongée 3Un espace domestique pour la danse et l’hypnose ?
Maison, objets et dispositifs
avec Catherine Contour, Alexandra Midal et Felipe Ribon
1. HabiterLa question qui se pose désormais face à
tout œuvre chorégraphique dont on voudra in-terroger la spatialité mais aussi la puissance à déplacer les conventions et à produire des contre-emplacements concerne précisément l’habiter. �…� Dans l’activité de danser, habiter le lieu n’est pas s’y loger, mais relève bien pourtant d’une tension entre géographie et paysage, géométrie et informe, ligne et matière, frontière et projection… « Il y a là une distinction tout à fait importante qui touche au corps et à l’existence même, la différence qui sépare ces deux termes : habiter et loger, écrit Henri Maldiney. Habiter, c’est vraiment hanter l’espace, c’est y être présent, être pré-sent hors de soi et en même temps intégrer ce « hors ». C’est le paradoxe de l’existence. �…� Etre logé, c’est être inséré, incrusté dans un espace objectif tout prêt. Ça appelle quoi ? La notion de loge, d’urne, de columba-rium, c’est-à-dire une notion essentiellement arythmique ; il n’y a pas de rythme possible. Logé, on est dans une discontinuité sans lien. Alors que le rythme est une discontinuité liée de manière imprévisible. » Martèlement, répé-tition, extrême lenteur, polyrythmie, pause, interruption, continuum, suspens, souffle…
�…� Hanter le lieu de la représentation chorégraphique, c’est permettre qu’y existe un mouvement et un projet capable de délo-ger un public.
Julie Perrin « Figures de l’attention - Cinq essais sur la spatialité en danse » (2012).
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2. HabitationSi, par hasard, vous abandonnez les coordonnées newtoniennes, l’espace neutre et le temps uniforme, vous vous apercevrez que votre corps se meut
dans un espace habité, bien mieux que le corps véritablement humain crée un espace humain, qu’il y a des maisons pour jouer avec le froid et le chaud, que votre corps dispose de sa propre maison partagée peut-être avec d’autres, que cet espace est celui de l’entre-rencontre. �…� Prenez le temps de réaliser que votre identité s’affermirait si vous habitiez vos lieux. Car on peut habiter sa maison, sa ville, son pays, comme on habite son corps et sans doute parce qu’on a pris d’abord la peine d’habiter son corps. Notre identité va s’étendre alors à tout ce que nous avons pris soin d’investir de notre présence. �…� La technique de l’hypnose est une pratique de l’habitation de notre existence.
François Roustang, Lettre n°15 de la Fondation Ling (1997).
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Bon pourUn texte
sur les Danses avec hypnose
À retirer dès le 31 mai 2014.
Nina Santès, Danses avec hypnose © Mathieu Bouvier
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La question de la liberté est cen-trale dans la pratique de l’hypnose conçue comme espace de création. Elle l’est également dans l’espace de la danse. L’une et l’autre font appel à cette disposition appelée : improvisa-tion.
J’ai découvert avec l’hypnose un outil essentiel pour éclairer, enrichir et transmettre ma pratique de l’improvisa-tion. J’ai reconnu, dans le développe-ment du processus hypnotique, un phé-nomène familier étroitement lié à mes expériences, aussi bien de la danse buto qu’avec les danseurs-improvisateurs américains Simone Forti, Lisa Nelson, Mark Tompkins ou Steve Paxton (l’un des initiateurs du Contact Improvisation, qui lui aussi a témoigné des liens entre sa pratique et l’hypnose). Expériences où « évoluer librement » aurait le sens de nager « par quoi il faut entendre l’art de se laisser porter par les courants et les tourbillons de l’eau et d’être assez à l’aise dans cet élément pour percevoir à la fois tout ce qui s’y passe »*.
J’ai également observé la manière dont les titres des ouvrages sur l’impro-visation et sur l’hypnose semblaient s’interpeller : On the edge/Créateurs de l’imprévu, Taken by surprise (sur les improvisateurs en danse aux Etats-Unis) et Il suffit d’un geste, Créer le réel, respectivement de François Roustang et de Thierry Melchior (sur l’hypnose thérapeutique).
* Jean-François Billeter dans son étude sur
Tchouang-Tseu à travers sa connaissance de l’hyp-
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De quelle liberté est-il question ?Quelques pistes pour s’engager plus avant sur ce pont reliant danse et
hypnose :
choisir n’importe quoi qui importe, comme quelque chose qui peut se recom-mencer tous les jours si l’on veut bien se laisser entrainer par ce qui est instable, par ce qu’on ne sait pas par avance, par ce qui va se révéler une découverte ou une invention » : Quelques formulations puisées chez François Roustang, qui souligne l’importance de l’apprentissage de la liberté par le thérapeute pour ac-compagner le patient dans cette « ouverture à l’indétermination des possibles » pour qu’aient lieu « des modifications qui n’étaient pas vraisemblables ».
« Lorsqu’il écrit que « tout se passe comme si l’induction fonctionnait comme une invitation à différer, à produire un comportement radicalement autre », comme une « invite à produire un écart par rapport au comportement global qui est le sien dans l’état réputé normal ou ordinaire », il propose une analogie très intéressante avec les fêtes carnavalesques ou les Saturnales de l’Antiquité. » écrit Isabelle Stengers dans son introduction à Créer le réel.
-miologue Roland Barthes : « J’entreprends donc de me laisser porter par la force de toute vie vivante : l’oubli. Laisser travailler le remaniement imprévisible que l’oubli impose à la sédimentation des savoirs, des cultures, des croyances que l’on a traversés. Cette expérience a un nom illustre et démodé : Sapientia : nul pouvoir, un peu de savoir, un peu de sagesse, et le plus de saveur possible. »
Catherine Contour, avril 2014.
Exercice 3 – un bulletin météorologique du corpsMatériel : une assise, une table, une feuille de papier, des crayons (ou autre pour tracer).
une assise qui vous convient. Les pieds bien en contact avec le sol, l’axe du corps se relie à l’axe terre-ciel.
différentes qualités des contacts de votre corps avec le sol, l’assise, les vêtements, l’air...
un endroit, ce moment particulier de la journée, où vous ouvrez volets ou rideaux et découvrez le temps qu’il fait.
votre météorologie interne* : simplement observez et recueillez les signes, qui permettent d’établir un bulletin météo du moment présent en rassemblant les observations à tous les niveaux de sensa-tions dans le corps, sans commentaire ni jugement.
-nêtre circulaire dessinée sur la feuille. Laissez-vous libre de la forme : dessin, croquis, schéma, mots, symboles, signes, courbes…
météo qui, comme toute météo, évoluera au cours de la journée.
de votre journée.* En référence au Body Weather du danseur buto Min Tanaka.
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Exercice 4 – Une parenthèse musicaleL’objectif de cet exercice est de composer une parenthèse musicale dans un lieu. Composition qui nécessite un engagement dont la dynamique est différente de
celle d’un exercice ayant pour objectif la relaxation.
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hommage à John Cage).
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Plongée 9Corps, lieu et imaginaire
Danser pour habiter poétiquement ?
avec Loup Abramovici, Mathieu Bouvier, Catherine Contour et Laurent Pichaud
La pratique de la danse et celle de l’hypnose se rejoignent à l’endroit où le corps s’habite, se relie à son environnement et où s’invente une manière de vivre. L’expérience de la danse offre un temps et un espace propice à la rencontre. Rencontre avec son corps, avec le corps de l’autre, dans des situations où chacun des sens accueille la richesse et la complexité de la réalité. Expérience très proche de celle de la «perceptude», ce concept proposé par François Roustang pour décrire le processus hypnotique, marqué par la continuité et la prise en compte de tous nos liens avec le monde.
La danse se construit, pour moi, dans et avec les lieux. Elle nait de leur habitation (lieux traversés plutôt qu’occupés) et s’offre aux spectateurs-plongeurs en cohabitation éphémère. Augmentée de l’outil hypnotique, peut-être invite-t-elle plus expressément encore chacun à habiter ses lieux ? A «Habiter poétiquement le monde» 1 ?
« Qu’il s’agisse de constructions, de situations, de formes ou de mots, l’habiter poétiquement effectue une percée au-delà du cadre bâti, et propose une esthétique de l’existence, dans laquelle création et quotidien ne sont pas séparés, et dont les traces et l’archivage sont des formes de communication avec l’autre. Parce qu’il maintient l’esprit d’enfance, l’habiter poétiquement est un espace ouvert qui permet de vivre le monde comme poème. »2
Les danses avec hypnose puisent à une source de mouvements archaïques, involontaires, bruts, et se déploient dans les corps préparés et dispo-nibles des danseurs, en résonance avec ce qui les environne. L’un des enjeux serait alors que la danse s’émancipe de la chorégraphie pour redonner toute sa puissance au geste chorégraphique. Imaginez ainsi une transposition du titre teinté de l’humour provocateur de John Cage « Je n’ai jamais écouté aucun son sans l’aimer : le seul problème avec les sons, c’est la musique », où « geste » se substituerait à « son » et « chorégraphie » à « musique »…
Catherine Contour 1Titre d’une exposition présentée au Lam fin 2010, où la question de la valeur d’usage de l’œuvre d’art était posée à partir de contextes de création prêtés communément à l’art brut.
2 Extrait du catalogue.
Exercice 5 – Habiter ses lieux
pieds en contact avec le sol. Vous pouvez fermer les yeux, les garder ouverts ou mi-clos.
des appuis de votre corps. Les différentes qualités des contacts avec le sol, l’assise, les étoffes des vêtements, l’air…
-due, en surface, à l’intérieur, un espace qui progressivement se précise dans son volume, sa forme, ses dimensions. Amusez-vous à rencontrer ce lieu, peut-être sa/ses couleurs, lumières particulières, sonorités et pourquoi pas des senteurs et des goûts qui s’y manifestent peut-être, les micromouvements qui s’y déploient, la respiration, les flux et les circulations.
ou inventée, et prenez le temps de découvrir et d’aménager cette pièce pour en faire un lieu agréable et confortable pour le repos ou toute autre activité. Sentez et ressentez la manière dont votre corps est positionné, ses mouvements, gestes et actions, ses déplacements, peut-être à un moment de la journée, de l’année, à une époque particulière.
-rez revenir au moment de votre choix poursuivre peut-être cet aménagement et en profiter.
vous ramène vers ce siège sur lequel votre corps est installé en laissant s’oganiser toutes les parties du corps en une architecture harmonieuse.
faisant les mouvements dont vous avez besoin pour reprendre, tonifié, le cours de votre jour-née.
Nina Santes - Danses avec hypnose
de Catherine Contour © Mathieu Bouvier
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Sur les Danses avec hypnose de Catherine Contour, extrait du témoignage de Ninon Prouteau-Steinhausser, témoin invitée à la Plongée 6 (27 mars 2014).Danseuse : Nina Santes, musique : Patrick Najean.
PlagiatDanseuse assise sur une chaise, yeux fermés, expression de concentration
détendue, une source lumineuse immense à ses côtés, un dispositif qui porte le sens d’une pratique, sa surface, son volume, l’ambiance ouatée de l’espace qui apparente la danseuse à un feu, un nuage, une plante, être animé ou animalité pure. Il va pourtant s’agir d’une improvisation, là où « l’esprit » intervient d’habi-tude dans l’éclat d’un pouvoir exceptionnel sur le temps. Les stations de la com-position sonore également improvisée sont là, pour accompagner la commotion des muscles, des bio-rythmes, d’une notion si intime du corps qu’elle peut à bon droit prétendre dépasser la danse (danse augmentée). La main lévitant d’abord, la position possible étrangère à nos usages, que l’enfant lui-même expérimente dans sa joie instinctive, source radicale de notre présence au monde. La corpo-réité, pendant de longues minutes pratique l’élévation, pieds puissants, articulés, circulation dans tout le corps, membres reliés, envol qui ne s’accomplit jamais. La tête surtout : relâchée de toute tension, posée comme un membre commun, ac-cessoire, suivant le mouvement, et qui jamais ne surmonte ce corps sans pensée cérébrale, sans « chef ».
Maintenant penchée en avant, plongée dans la houle océane, danse liquide, en deçà de tout langage, des bras, des coudes, de la tête, bascule inverse de la colonne vertébrale qui se plie, oscille, remettant totalement en question nos ha-bitudes de vertébrés supérieurs : les muscles continuent de frémir sous la peau comme s’ils étaient les seuls soutiens de ce corps en chute libre à travers les trois dimensions (et bien d’autres encore sans doute), matière dermique pulsée en va-gues qui semblent provenir de l’intérieur même des viscères.
Le bassin, traversé de ces frissons, demeure vivant, et présent.Petit à petit, comme dans un délire inaccessible, le corps se meut dans son
espace, composant dans des accès de mouvement un squelette hallucinatoire, sans cesse agit par les secousses, les surgissements. Enfin le corps s’efface, le regard s’ouvre, la tête décrochée essaye de retrouver sa position capitale.
Le spectateur humain retrouve aussi la sienne, effaré, se disant qu’il serait peut-être temps de faire fonctionner sa pensée musculaire...
Merci à Laurence Louppe.Texte produit en plagiant et adaptant un texte écrit par L. Louppe à propos d’une danse en solo de Tanaka
Min en 1979 dans le cadre du festival d’automne. Référence : « Tanaka Min danseur japonais », art press n°24,
janvier 1979, p.26.
Extrait du dialogue entre Oscar Barda et Catherine Contour dans l’hypothèse d’un jeu vidéo chorégraphique.
O.B. Les gens se mettent d’eux-mêmes à danser, à bouger les uns avec les autres, parce qu’ils s’aperçoivent que c’est ça le jeu.
C.C. Et ce jeu, qu’est-ce que c’est exactement ?O.B. C’est : on met un casque, on voit à travers les yeux d’une autre personne et on bouge
en synchronicité. C’est très très bizarre comme expérience ! Déjà, tu es désynchronisé par rap-port à tes mouvements… Mais comme l’autre l’est aussi, c’est une expérience de… de volonté commune. Si tu bouges, on bouge tous les deux. C’est un peu bizarre de voir que tu bouges tes mains mais tu ne bouges pas tes mains ou l’inverse…
C.C. Les membres fantômes !O.B. Exactement ! Tous les membres, fantômes à la fois. Et donc c’est le jeu. Avec le petit
délai des gens qui s’observent tout en bougeant un peu en retard les uns par rapport aux autres, compensé par le fait qu’il faut réfléchir avant de faire. Donc tu observes ce que fait l’autre, tu fais à peu près la même chose, au moment où il corrige, tu corriges… etc… Et donc résultat : les gens sont parfaitement synchronisés… C’est ça qui est impressionnant !
C.C. Tu me disais que pour les jeux il y avait toujours un objectif. Là, quel est-il ?O.B. Là, c’est plutôt de l’ordre du jouet. Ils s’amusent à faire ça. Il n’y a pas de but. On pour-
rait imaginer un jeu. Là, ils sont dans l’immobilité mais on peut très bien imaginer qu’on fait un jeu dans lequel deux personnes entrent chacune à un bout d’une salle. Elles ont des lignes à suivre sur le sol et le but, c’est de se retrouver dans un labyrinthe. C’est tout simple mais c’est infernal quand tu vois à travers les yeux de l’autre !
Exercice 6 – Jeu des 9 pointsReliez ces 9 points par 4 lignes droites sans lever le crayon.© Catherine Contour