Monde Dixansaprèsle tsunami, BandaAceh s’estrelevée · (Gerakan Aceh Merdeka) et l’armée...

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Lundi 22 décembre 2014Ouest-FranceMonde2

Le monde en bref

Aide aux minorités persécutées au Moyen-OrientLes graves événements d’Irak etle dénuement absolu des réfugiés(photo) obligés à un exode terriblenous incitent à lancer un appel pourleur venir en aide, qu’ils soient chré-tiens ou d’autres religions, persécu-tés par l’État Islamique. Vous pouvezadresser vos dons à Ouest-FranceSolidarité, Aide aux minorités persé-cutées au Moyen-Orient, 10, rue duBreil, 35051 Rennes cedex 9 ou, viaInternet, sur le site ouestfrance-soli-darite.org. Un reçu fiscal vous seraadressé en début d’année prochaine. R

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« La catastrophe a ouvert Aceh au monde »Entretien

Y a-t-il plus de ferveur religieusedepuis le tsunami ?

Les habitants d’Aceh étaient déjàtrès croyants avant la catastrophe.Naturellement, dans la période qui asuivi, les gens sont venus plus nom-breux et plus souvent prier à la mos-quée. Quand vous avez perdu desenfants, des proches, vous puisez duréconfort, de la force morale, dans lareligion. Mais je n’ai pas l’impressionque les Acehnais soient aujourd’huiplus ou moins religieux qu’avant.

Croyez-vous que la mosquée aété épargnée parce que c’est unlieu sacré ?

Oui, je le crois, et ce n’est d’ailleurspas la seule mosquée à être restéedebout, alors que d’autres bâtimentsen dur ont été détruits. Quand l’eaus’est retirée, elle a servi de refuge àprès de 12 000 survivants, musul-mans et non-musulmans.

Le tsunami est-il perçu commeune punition divine ?

Comme toutes les catastrophes natu-relles, le tsunami nous révèle la toutepuissance d’Allah. Mais en tant quemusulmans, nous croyons à la bon-té de Dieu. C’est une épreuve, pasun châtiment. Je constate aussi quece malheur a eu une conséquenceimportante sur la société aceh-naise, jusqu’alors très traditionnelle,un peu fermée et coupée de l’exté-rieur : l’aide internationale a permisde nombreux échanges, et aujour-d’hui, les gens d’ici sont plus ouvertsau monde, aux Occidentaux commeaux autres pays.

Recueilli par C.B.

Lire aussi dans l’édition du soirLire aussi notre dossier illustré sur lesdix ans du tsunami dans notre édition

numérique du lundi 15 décembre.

Tsunami du 26 décembre 2004 : les chiffres clés230 000 morts. C’est le chiffre offi-ciel des décès confirmés dans l’en-semble de l’océan Indien dès 2009,mais dix ans après, on compte tou-jours plus de 45 000 disparus, cequi porte le bilan global au-delà de275 000 victimes. Le désastre a aus-si fait plus de 1,7 million de sans-abri. Les pays les plus touchés sontl’Indonésie (plus de 167 000 mortset disparus), le Sri Lanka (plus de35 000), l’Inde (plus de 17 000) et laThaïlande (plus de 8 000).

13,5 milliards de dollars. C’est lemontant des dons de la communau-té internationale, récoltés après le dé-sastre. Le tsunami a constitué un évé-nement sans précédent, de par l’am-pleur de la catastrophe et le niveaurecord de fonds ayant été réunis,dont environ 40 % de fonds privésprovenant de particuliers et d’organi-sations. Le financement internationala permis aux organisations humani-taires de mettre en œuvre une ré-ponse rapide et de couvrir les coûtsde l’aide, à la fois au niveau de l’ur-gence et du relèvement sur le longterme.

9,2 de magnitude. Le tsunami a étéengendré par un tremblement deterre d’une magnitude de 9,2 sur

l’échelle de Richter, qui a eu lieu00 h 58 GMT soit 7 h 58 en Indoné-sie, premier pays touché. L’épicentredu séisme est localisé en mer, au sudde l’île indonésienne de Sumatra, à30 km de profondeur. La premièresecousse a été accompagnée par

une série de répliques, qui ont durépendant plus d’un mois jusqu’au31 janvier 2005.

(Sources : Plan International, Oxfam,Géoconfluences)

BANGLADESHBANGLADESH

BIRMANIEBIRMANIE

INDEINDEGolfe

duBengale

Merde Chine

Océan Indien

VIETNAMVIETNAM

LAOSLAOS

CHINECHINE

THAÏLANDETHAÏLANDE

CAMBODGECAMBODGE

I N D O N É S I EI N D O N É S I E

M A L A I S I EM A L A I S I E

BRUNEIBRUNEI

Sumatra

Bornéo

Colombo

Jakarta

Kuala Lumpur

ÎlesNicobar

ÎlesNicobar

ÎlesAndaman

ÎlesAndaman

Épicentredu séisme

167 000

35 300

7 000

60

82

17 000

8 000

70Banda Aceh

Phuket

Rangoon

SRI LANKASRI LANKA

MALDIVESMALDIVES

Pondichéry

Madras

90 Afrique de l’Est

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Nombre officiel de morts après le tsunami de 26 décembre 2004

500 kmAzman Ismail.Imamà Banda Acehde la grandemosquéeBaiturrahman.

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Des dispositifs d’alerte

Lors du tsunami de 2004, il n’existaitaucun système d’alerte dans l’océanIndien. En 2013, Australie, Indonésieet Inde ont déployé l’Indian OceanTsunami Warning System, qui dé-clenche l’alarme aux vagues submer-geantes en cas de fort séisme. LesÉtats-Unis ont musclé leurs équipesde veille à Hawaï et en Alaska pourle Pacifique. Les pays riverains ré-fléchissent à un dispositif en Médi-terranée. « Avant 2004, on comptaitune centaine de scientifiques dans lemonde travaillant sur les tsunamis. Ilssont aujourd’hui un millier », soulignel’expert américain Eddie Bernard.Le nombre des bouées mesurant lapression au fond des océans, et in-formant en temps réel, a décuplé.

Un panneau indiquant une aired’évacuation près de Banda Aceh.

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Dix ans après le tsunami, Banda Aceh s’est relevéeLe 26 décembre 2004, un raz-de-marée géant faisait plus de 230 000 mortsdans l’océan Indien. Dix ans après, en Indonésie, la reconstruction a dopé l’économie.

Banda Aceh.De notre envoyée spéciale.

Avec ses artères bétonnées où circuleun flot de motos, ses 220 000 habi-tants et ses 25 000 étudiants, Ban-da Aceh est une ville bien vivante etmême moderne pour l’Indonésie : ony trouve de grands « malls » commer-ciaux et quantité de cafés Internet.Dix ans après le tsunami, la capitalede la province d’Aceh, dans le nord-ouest de l’île de Sumatra, est méta-morphosée. « Il y a aujourd’hui bienplus de bureaux, d’habitations etde commerces qu’avant, observeBukhari Daud, ancien régent, de2007 à 2012, du territoire adminis-tratif d’Aceh Besar. C’est une autreville. »

À chaque carrefour, des panneauxreprésentant une vague indiquent laroute d’évacuation vers les édificesélevés : la grande mosquée, le Mu-sée du tsunami et plusieurs abrishauts d’une vingtaine de mètres. Le26 décembre 2004, la vague a fait167 000 victimes et 500 000 sans-abri dans la région.

Afflux de dons

Mais Aceh s’est relevée, grâce auxdons et aux ONG (organisations non-gouvernementales) qui ont afflué enmasse. Seule province d’Indonésie

appliquant la charia, en proie à unconflit séparatiste, la zone était jus-qu’alors fermée aux étrangers. Lemontant de l’aide internationale y estcolossal : « 7,8 milliards de dollarsrecueillis », selon l’institut indépen-dant Groupe URD (Urgence Réhabi-litation Développement).

Pour ne pas être accusé de gas-pillage, le gouvernement indonésienmet alors en place un Fonds multi-donateurs géré par la Banque mon-diale, ainsi qu’un Bureau de réhabi-litation et de reconstruction (BRR).Celui-ci doit contrôler l’attributiondes aides et coordonner les actionsdes ONG. « Certaines ont été pré-cipitées et parfois redondantes »,reconnaît Myrna Evora, directrice enIndonésie de l’ONG Plan Internatio-nal. Créé en avril 2005 seulement, leBRR mettra encore plusieurs mois àfaire preuve d’une réelle efficacité.

Boom économique

Mais en quatre ans, sont reconstruitsplus de 140 000 maisons, 1 700 éta-blissements scolaires, des milliers dekilomètres de route, des centres mé-dicaux, des ports et des aéroports…Les derniers grands programmesde réhabilitation des terres agricoleset de reconstruction s’achèvent en2009. Les chantiers ont dopé l’éco-nomie de la région. « Nous avons

perdu beaucoup avec le tsuna-mi, mais nous avons aussi gagnébeaucoup en termes de développe-ment », souligne l’ancien régent Bu-khari Daud.

Mais la reprise économique n’auraitpas été possible sans la paix, née dela crise post-tsunami. En août 2005,après vingt-neuf ans de conflit meur-trier entre les séparatistes du Gam(Gerakan Aceh Merdeka) et l’arméeindonésienne, les rebelles renoncentà leur revendication d’indépendancetotale en échange d’une plus grandeautonomie.

Dix ans après, le bilan global estjugé positif, y compris par la Banquemondiale. « Il faut saluer la belle etgrande résilience des gens d’Aceh,souligne Myrna Evora. Malgré laconfusion des débuts, la manièredont la région s’est relevée est au-jourd’hui considérée comme unmodèle de coordination, qui pourraservir pour d’autres désastres. » Dé-sormais, le défi à relever pour la pro-vince, riche en ressources naturelles(pétrole, gaz, bois), est de réussir àprolonger cette dynamique de déve-loppement, malgré la fin des aides etdes grands chantiers de reconstruc-tion pourvoyeurs d’emploi.

Corinne BOURBEILLON. Le cœur de la ville, où la vie bat à la sortie de la prière de l’après-midi, c’est la grande mosquée Baiturrahman.

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Obama pourrait labelliser « terroriste » la Corée du NordL’administration Obama réfléchit àinscrire la Corée du Nord sur la listedes États soutenant le terrorisme,après le piratage massif des don-nées de Sony Pictures. Le régime dePyongyang est soupçonné d’avoirorchestré, au moins en sous main,cette attaque informatique destinéeà empêcher la sortie d’un film bur-

lesque où le dictateur Kim Jong-unest victime d’un complot. La Coréedu Nord a déjà figuré sur la liste ter-roriste de Washington pendant deuxdécennies, avant d’en être retirée parl’administration Bush en 2008, alorsqu’elle négociait l’abandon de sonprogramme nucléaire.

Les pendaisons d’islamistes ont repris au PakistanQuatre détenus condamnés pourune tentative d’assassinat contre l’an-cien président Pervez Musharraf ontété pendus, hier, dans la prison deFaisalabad au Pakistan. Deux autresl’avaient été vendredi. Le gouverne-ment de Nawaz Sharif avait annoncé,la semaine dernière, la levée du mora-toire sur la peine capitale en vigueurdepuis 2008, en cas de condamna-

tion pour terrorisme, au lendemaind’une attaque des talibans qui a tué149 personnes dont 132 écoliers àPeshawar. « Cette vague d’exécu-tions est une réaction lâche et poli-ticienne, a déploré le Phelim Kine, ledirecteur adjoint de Human RightsWatch pour l’Asie. Elle n’aidera enrien à traduire en justice les auteursde l’attaque de Peshawar. »

L’Indonésie coule des bateaux de pêche étrangers

La marine indonésienne a le coupde canon facile. Hier, elle a tiré surdeux navires de pêche « battant pa-villon de Papouasie Nouvelle-Guinéemais avec un équipage thaïlandais »,a expliqué le porte-parole de la basenavale d’Ambon. Les deux naviresavaient été repérés par satellites et ar-raisonnés, le 7 décembre. À bord dunavire, les contrôleurs avaient décou-vert « 63 tonnes de crevettes et de

poisson ». La justice les a reconnus« coupables de pêche illégale dansles eaux territoriales indonésiennes ».Trois navires vietnamiens saisis pourles mêmes faits avaient déjà subi lemême sort, le 5 décembre. « Depuis,le nombre de cas de pêche illégaledans nos eaux diminue », se félicitele gouvernement indonésien qui es-time le manque à gagner à 20 mil-liards de dollars par an.

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Australie : inculpée pour le meurtre de huit enfantsCette femme appartient à la commu-nauté des indigènes du détroit de Tor-rès, population autochtone originaired’îles sur la côte de l’État du Queens-land. La police l’a interpellée, hier, etl’a inculpée pour le meurtre de septde ses enfants (trois filles de 2, 11 et12 ans et quatre garçons de 5, 6, 8 et9 ans) et d’une nièce de 14 ans. Les

corps des victimes avaient été retrou-vés, vendredi, dans une maison d’unquartier de Manoora, en banlieue deCairns, la grande ville du nord-est tro-pical de l’Australie, point de départdes visites de la Grande barrière decorail. Selon la presse australienne,c’est un frère aîné de la fratrie, âgé de20 ans qui a découvert le drame.

Une Française a pu voir ses enfants au MexiqueLa Française Maude Versini, dont lesenfants sont retenus depuis trois anspar son ex-mari au Mexique, a pu pas-ser deux heures, auprès d’eux, same-di dans un centre géré par la Justice.

« C’était un moment incroyable, nousnous sommes embrassés », a expli-qué la mère. Le père, Arturo Montiel,ex-gouverneur de l’État de Mexico, aemmené lui-même les enfants.

Une Première ministre nommée à HaïtiLa ministre de la Santé du gouver-nement sortant, Florence DupervalGuillaume, a été nommée Premièreministre par intérim, hier, en rempla-cement de Laurent Lamothe, démis-sionnaire il y a une semaine aprèsdes mois de crise politique. Si deslégislatives n’ont pas lieu avant le12 janvier, le travail parlementaire

sera suspendu et le président Lau-rent Martelly devra diriger par dé-crets, alors qu’il a été visé, ces der-nières semaines, par de nombreusesmanifestations contre la corruption.Haïti peine toujours à se remettre dutremblement de terre qui avait raséune partie de Port-au-Prince, la capi-tale, il y a cinq ans.