Monde Dixansaprèsle tsunami, BandaAceh s’estrelevée · (Gerakan Aceh Merdeka) et l’armée...

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Lundi 22 décembre 2014 Ouest-France Monde 2 Le monde en bref Aide aux minorités persécutées au Moyen-Orient Les graves événements d’Irak et le dénuement absolu des réfugiés (photo) obligés à un exode terrible nous incitent à lancer un appel pour leur venir en aide, qu’ils soient chré- tiens ou d’autres religions, persécu- tés par l’État Islamique. Vous pouvez adresser vos dons à Ouest-France Solidarité, Aide aux minorités persé- cutées au Moyen-Orient, 10, rue du Breil, 35051 Rennes cedex 9 ou, via Internet, sur le site ouestfrance-soli- darite.org. Un reçu fiscal vous sera adressé en début d’année prochaine. Reuters « La catastrophe a ouvert Aceh au monde » Entretien Y a-t-il plus de ferveur religieuse depuis le tsunami ? Les habitants d’Aceh étaient déjà très croyants avant la catastrophe. Naturellement, dans la période qui a suivi, les gens sont venus plus nom- breux et plus souvent prier à la mos- quée. Quand vous avez perdu des enfants, des proches, vous puisez du réconfort, de la force morale, dans la religion. Mais je n’ai pas l’impression que les Acehnais soient aujourd’hui plus ou moins religieux qu’avant. Croyez-vous que la mosquée a été épargnée parce que c’est un lieu sacré ? Oui, je le crois, et ce n’est d’ailleurs pas la seule mosquée à être restée debout, alors que d’autres bâtiments en dur ont été détruits. Quand l’eau s’est retirée, elle a servi de refuge à près de 12 000 survivants, musul- mans et non-musulmans. Le tsunami est-il perçu comme une punition divine ? Comme toutes les catastrophes natu- relles, le tsunami nous révèle la toute puissance d’Allah. Mais en tant que musulmans, nous croyons à la bon- té de Dieu. C’est une épreuve, pas un châtiment. Je constate aussi que ce malheur a eu une conséquence importante sur la société aceh- naise, jusqu’alors très traditionnelle, un peu fermée et coupée de l’exté- rieur : l’aide internationale a permis de nombreux échanges, et aujour- d’hui, les gens d’ici sont plus ouverts au monde, aux Occidentaux comme aux autres pays. Recueilli par C.B. Lire aussi dans l’édition du soir Lire aussi notre dossier illustré sur les dix ans du tsunami dans notre édition numérique du lundi 15 décembre. Tsunami du 26 décembre 2004 : les chiffres clés 230 000 morts. C’est le chiffre offi- ciel des décès confirmés dans l’en- semble de l’océan Indien dès 2009, mais dix ans après, on compte tou- jours plus de 45 000 disparus, ce qui porte le bilan global au-delà de 275 000 victimes. Le désastre a aus- si fait plus de 1,7 million de sans- abri. Les pays les plus touchés sont l’Indonésie (plus de 167 000 morts et disparus), le Sri Lanka (plus de 35 000), l’Inde (plus de 17 000) et la Thaïlande (plus de 8 000). 13,5 milliards de dollars. C’est le montant des dons de la communau- té internationale, récoltés après le dé- sastre. Le tsunami a constitué un évé- nement sans précédent, de par l’am- pleur de la catastrophe et le niveau record de fonds ayant été réunis, dont environ 40 % de fonds privés provenant de particuliers et dorgani- sations. Le financement international a permis aux organisations humani- taires de mettre en œuvre une ré- ponse rapide et de couvrir les coûts de l’aide, à la fois au niveau de l’ur- gence et du relèvement sur le long terme. 9,2 de magnitude. Le tsunami a été engendré par un tremblement de terre dune magnitude de 9,2 sur l’échelle de Richter, qui a eu lieu 00 h 58 GMT soit 7 h 58 en Indoné- sie, premier pays touché. Lépicentre du séisme est localisé en mer, au sud de l’île indonésienne de Sumatra, à 30 km de profondeur. La première secousse a été accompagnée par une série de répliques, qui ont duré pendant plus dun mois jusquau 31 janvier 2005. (Sources : Plan International, Oxfam, Géoconfluences) BANGLADESH BANGLADESH BIRMANIE BIRMANIE INDE INDE Golfe du Bengale Mer de Chine Océan Indien VIETNAM VIETNAM LAOS LAOS CHINE CHINE THAÏLANDE THAÏLANDE CAMBODGE CAMBODGE I N D O N É S I E I N D O N É S I E M A L A I S I E M A L A I S I E BRUNEI BRUNEI Sumatra Bornéo Colombo Jakarta Kuala Lumpur Îles Nicobar Îles Nicobar Îles Andaman Îles Andaman Épicentre du séisme 167 000 35 300 7 000 60 82 17 000 8 000 70 Banda Aceh Phuket Rangoon SRI LANKA SRI LANKA MALDIVES MALDIVES Pondichéry Madras 90 Afrique de l’Est OF Nombre officiel de morts après le tsunami de 26 décembre 2004 500 km Azman Ismail. Imam à Banda Aceh de la grande mosquée Baiturrahman. Ouest-France Des dispositifs d’alerte Lors du tsunami de 2004, il n’existait aucun système d’alerte dans l’océan Indien. En 2013, Australie, Indonésie et Inde ont déployé l’Indian Ocean Tsunami Warning System, qui dé- clenche l’alarme aux vagues submer- geantes en cas de fort séisme. Les États-Unis ont musclé leurs équipes de veille à Hawaï et en Alaska pour le Pacifique. Les pays riverains ré- fléchissent à un dispositif en Médi- terranée. « Avant 2004, on comptait une centaine de scientifiques dans le monde travaillant sur les tsunamis. Ils sont aujourd’hui un millier », souligne l’expert américain Eddie Bernard. Le nombre des bouées mesurant la pression au fond des océans, et in- formant en temps réel, a décuplé. Un panneau indiquant une aire d’évacuation près de Banda Aceh. Ouest-France Dix ans après le tsunami, Banda Aceh s’est relevée Le 26 décembre 2004, un raz-de-marée géant faisait plus de 230 000 morts dans l’océan Indien. Dix ans après, en Indonésie, la reconstruction a dopé l’économie. Banda Aceh. De notre envoyée spéciale. Avec ses artères bétonnées où circule un flot de motos, ses 220 000 habi- tants et ses 25 000 étudiants, Ban- da Aceh est une ville bien vivante et même moderne pour l’Indonésie : on y trouve de grands « malls » commer- ciaux et quantité de cafés Internet. Dix ans après le tsunami, la capitale de la province d’Aceh, dans le nord- ouest de l’île de Sumatra, est méta- morphosée. « Il y a aujourd’hui bien plus de bureaux, d’habitations et de commerces qu’avant, observe Bukhari Daud, ancien régent, de 2007 à 2012, du territoire adminis- tratif d’Aceh Besar. C’est une autre ville. » À chaque carrefour, des panneaux représentant une vague indiquent la route d’évacuation vers les édifices élevés : la grande mosquée, le Mu- sée du tsunami et plusieurs abris hauts d’une vingtaine de mètres. Le 26 décembre 2004, la vague a fait 167 000 victimes et 500 000 sans- abri dans la région. Afflux de dons Mais Aceh s’est relevée, grâce aux dons et aux ONG (organisations non- gouvernementales) qui ont afflué en masse. Seule province d’Indonésie appliquant la charia, en proie à un conflit séparatiste, la zone était jus- qu’alors fermée aux étrangers. Le montant de l’aide internationale y est colossal : « 7,8 milliards de dollars recueillis », selon l’institut indépen- dant Groupe URD (Urgence Réhabi- litation Développement). Pour ne pas être accusé de gas- pillage, le gouvernement indonésien met alors en place un Fonds multi- donateurs géré par la Banque mon- diale, ainsi qu’un Bureau de réhabi- litation et de reconstruction (BRR). Celui-ci doit contrôler l’attribution des aides et coordonner les actions des ONG. « Certaines ont été pré- cipitées et parfois redondantes », reconnaît Myrna Evora, directrice en Indonésie de l’ONG Plan Internatio- nal. Créé en avril 2005 seulement, le BRR mettra encore plusieurs mois à faire preuve d’une réelle efficacité. Boom économique Mais en quatre ans, sont reconstruits plus de 140 000 maisons, 1 700 éta- blissements scolaires, des milliers de kilomètres de route, des centres mé- dicaux, des ports et des aéroports… Les derniers grands programmes de réhabilitation des terres agricoles et de reconstruction s’achèvent en 2009. Les chantiers ont dopé l’éco- nomie de la région. « Nous avons perdu beaucoup avec le tsuna- mi, mais nous avons aussi gagné beaucoup en termes de développe- ment », souligne l’ancien régent Bu- khari Daud. Mais la reprise économique n’aurait pas été possible sans la paix, née de la crise post-tsunami. En août 2005, après vingt-neuf ans de conflit meur- trier entre les séparatistes du Gam (Gerakan Aceh Merdeka) et l’armée indonésienne, les rebelles renoncent à leur revendication d’indépendance totale en échange d’une plus grande autonomie. Dix ans après, le bilan global est jugé positif, y compris par la Banque mondiale. « Il faut saluer la belle et grande résilience des gens d’Aceh, souligne Myrna Evora. Malgré la confusion des débuts, la manière dont la région s’est relevée est au- jourd’hui considérée comme un modèle de coordination, qui pourra servir pour d’autres désastres. » Dé- sormais, le défi à relever pour la pro- vince, riche en ressources naturelles (pétrole, gaz, bois), est de réussir à prolonger cette dynamique de déve- loppement, malgré la fin des aides et des grands chantiers de reconstruc- tion pourvoyeurs d’emploi. Corinne BOURBEILLON. Le cœur de la ville, où la vie bat à la sortie de la prière de l’après-midi, c’est la grande mosquée Baiturrahman. Ouest-France Obama pourrait labelliser « terroriste » la Corée du Nord L’administration Obama réfléchit à inscrire la Corée du Nord sur la liste des États soutenant le terrorisme, après le piratage massif des don- nées de Sony Pictures. Le régime de Pyongyang est soupçonné d’avoir orchestré, au moins en sous main, cette attaque informatique destinée à empêcher la sortie d’un film bur- lesque où le dictateur Kim Jong-un est victime d’un complot. La Corée du Nord a déjà figuré sur la liste ter- roriste de Washington pendant deux décennies, avant d’en être retirée par l’administration Bush en 2008, alors qu’elle négociait l’abandon de son programme nucléaire. Les pendaisons d’islamistes ont repris au Pakistan Quatre détenus condamnés pour une tentative d’assassinat contre l’an- cien président Pervez Musharraf ont été pendus, hier, dans la prison de Faisalabad au Pakistan. Deux autres l’avaient été vendredi. Le gouverne- ment de Nawaz Sharif avait annoncé, la semaine dernière, la levée du mora- toire sur la peine capitale en vigueur depuis 2008, en cas de condamna- tion pour terrorisme, au lendemain d’une attaque des talibans qui a tué 149 personnes dont 132 écoliers à Peshawar. « Cette vague d’exécu- tions est une réaction lâche et poli- ticienne, a déploré le Phelim Kine, le directeur adjoint de Human Rights Watch pour l’Asie. Elle n’aidera en rien à traduire en justice les auteurs de l’attaque de Peshawar. » L’Indonésie coule des bateaux de pêche étrangers La marine indonésienne a le coup de canon facile. Hier, elle a tiré sur deux navires de pêche « battant pa- villon de Papouasie Nouvelle-Guinée mais avec un équipage thaïlandais », a expliqué le porte-parole de la base navale d’Ambon. Les deux navires avaient été repérés par satellites et ar- raisonnés, le 7 décembre. À bord du navire, les contrôleurs avaient décou- vert « 63 tonnes de crevettes et de poisson ». La justice les a reconnus « coupables de pêche illégale dans les eaux territoriales indonésiennes ». Trois navires vietnamiens saisis pour les mêmes faits avaient déjà subi le même sort, le 5 décembre. « Depuis, le nombre de cas de pêche illégale dans nos eaux diminue », se félicite le gouvernement indonésien qui es- time le manque à gagner à 20 mil- liards de dollars par an. MaxPPP Australie : inculpée pour le meurtre de huit enfants Cette femme appartient à la commu- nauté des indigènes du détroit de Tor- rès, population autochtone originaire d’îles sur la côte de l’État du Queens- land. La police l’a interpellée, hier, et l’a inculpée pour le meurtre de sept de ses enfants (trois filles de 2, 11 et 12 ans et quatre garçons de 5, 6, 8 et 9 ans) et d’une nièce de 14 ans. Les corps des victimes avaient été retrou- vés, vendredi, dans une maison d’un quartier de Manoora, en banlieue de Cairns, la grande ville du nord-est tro- pical de l’Australie, point de départ des visites de la Grande barrière de corail. Selon la presse australienne, c’est un frère aîné de la fratrie, âgé de 20 ans qui a découvert le drame. Une Française a pu voir ses enfants au Mexique La Française Maude Versini, dont les enfants sont retenus depuis trois ans par son ex-mari au Mexique, a pu pas- ser deux heures, auprès d’eux, same- di dans un centre géré par la Justice. « C’était un moment incroyable, nous nous sommes embrassés », a expli- qué la mère. Le père, Arturo Montiel, ex-gouverneur de l’État de Mexico, a emmené lui-même les enfants. Une Première ministre nommée à Haïti La ministre de la Santé du gouver- nement sortant, Florence Duperval Guillaume, a été nommée Première ministre par intérim, hier, en rempla- cement de Laurent Lamothe, démis- sionnaire il y a une semaine après des mois de crise politique. Si des législatives n’ont pas lieu avant le 12 janvier, le travail parlementaire sera suspendu et le président Lau- rent Martelly devra diriger par dé- crets, alors qu’il a été visé, ces der- nières semaines, par de nombreuses manifestations contre la corruption. Haïti peine toujours à se remettre du tremblement de terre qui avait rasé une partie de Port-au-Prince, la capi- tale, il y a cinq ans.

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Page 1: Monde Dixansaprèsle tsunami, BandaAceh s’estrelevée · (Gerakan Aceh Merdeka) et l’armée indonésienne, les rebelles renoncent à leur revendication d’indépendance totale

Lundi 22 décembre 2014Ouest-FranceMonde2

Le monde en bref

Aide aux minorités persécutées au Moyen-OrientLes graves événements d’Irak etle dénuement absolu des réfugiés(photo) obligés à un exode terriblenous incitent à lancer un appel pourleur venir en aide, qu’ils soient chré-tiens ou d’autres religions, persécu-tés par l’État Islamique. Vous pouvezadresser vos dons à Ouest-FranceSolidarité, Aide aux minorités persé-cutées au Moyen-Orient, 10, rue duBreil, 35051 Rennes cedex 9 ou, viaInternet, sur le site ouestfrance-soli-darite.org. Un reçu fiscal vous seraadressé en début d’année prochaine. R

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« La catastrophe a ouvert Aceh au monde »Entretien

Y a-t-il plus de ferveur religieusedepuis le tsunami ?

Les habitants d’Aceh étaient déjàtrès croyants avant la catastrophe.Naturellement, dans la période qui asuivi, les gens sont venus plus nom-breux et plus souvent prier à la mos-quée. Quand vous avez perdu desenfants, des proches, vous puisez duréconfort, de la force morale, dans lareligion. Mais je n’ai pas l’impressionque les Acehnais soient aujourd’huiplus ou moins religieux qu’avant.

Croyez-vous que la mosquée aété épargnée parce que c’est unlieu sacré ?

Oui, je le crois, et ce n’est d’ailleurspas la seule mosquée à être restéedebout, alors que d’autres bâtimentsen dur ont été détruits. Quand l’eaus’est retirée, elle a servi de refuge àprès de 12 000 survivants, musul-mans et non-musulmans.

Le tsunami est-il perçu commeune punition divine ?

Comme toutes les catastrophes natu-relles, le tsunami nous révèle la toutepuissance d’Allah. Mais en tant quemusulmans, nous croyons à la bon-té de Dieu. C’est une épreuve, pasun châtiment. Je constate aussi quece malheur a eu une conséquenceimportante sur la société aceh-naise, jusqu’alors très traditionnelle,un peu fermée et coupée de l’exté-rieur : l’aide internationale a permisde nombreux échanges, et aujour-d’hui, les gens d’ici sont plus ouvertsau monde, aux Occidentaux commeaux autres pays.

Recueilli par C.B.

Lire aussi dans l’édition du soirLire aussi notre dossier illustré sur lesdix ans du tsunami dans notre édition

numérique du lundi 15 décembre.

Tsunami du 26 décembre 2004 : les chiffres clés230 000 morts. C’est le chiffre offi-ciel des décès confirmés dans l’en-semble de l’océan Indien dès 2009,mais dix ans après, on compte tou-jours plus de 45 000 disparus, cequi porte le bilan global au-delà de275 000 victimes. Le désastre a aus-si fait plus de 1,7 million de sans-abri. Les pays les plus touchés sontl’Indonésie (plus de 167 000 mortset disparus), le Sri Lanka (plus de35 000), l’Inde (plus de 17 000) et laThaïlande (plus de 8 000).

13,5 milliards de dollars. C’est lemontant des dons de la communau-té internationale, récoltés après le dé-sastre. Le tsunami a constitué un évé-nement sans précédent, de par l’am-pleur de la catastrophe et le niveaurecord de fonds ayant été réunis,dont environ 40 % de fonds privésprovenant de particuliers et d’organi-sations. Le financement internationala permis aux organisations humani-taires de mettre en œuvre une ré-ponse rapide et de couvrir les coûtsde l’aide, à la fois au niveau de l’ur-gence et du relèvement sur le longterme.

9,2 de magnitude. Le tsunami a étéengendré par un tremblement deterre d’une magnitude de 9,2 sur

l’échelle de Richter, qui a eu lieu00 h 58 GMT soit 7 h 58 en Indoné-sie, premier pays touché. L’épicentredu séisme est localisé en mer, au sudde l’île indonésienne de Sumatra, à30 km de profondeur. La premièresecousse a été accompagnée par

une série de répliques, qui ont durépendant plus d’un mois jusqu’au31 janvier 2005.

(Sources : Plan International, Oxfam,Géoconfluences)

BANGLADESHBANGLADESH

BIRMANIEBIRMANIE

INDEINDEGolfe

duBengale

Merde Chine

Océan Indien

VIETNAMVIETNAM

LAOSLAOS

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CAMBODGECAMBODGE

I N D O N É S I EI N D O N É S I E

M A L A I S I EM A L A I S I E

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Sumatra

Bornéo

Colombo

Jakarta

Kuala Lumpur

ÎlesNicobar

ÎlesNicobar

ÎlesAndaman

ÎlesAndaman

Épicentredu séisme

167 000

35 300

7 000

60

82

17 000

8 000

70Banda Aceh

Phuket

Rangoon

SRI LANKASRI LANKA

MALDIVESMALDIVES

Pondichéry

Madras

90 Afrique de l’Est

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Nombre officiel de morts après le tsunami de 26 décembre 2004

500 kmAzman Ismail.Imamà Banda Acehde la grandemosquéeBaiturrahman.

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Des dispositifs d’alerte

Lors du tsunami de 2004, il n’existaitaucun système d’alerte dans l’océanIndien. En 2013, Australie, Indonésieet Inde ont déployé l’Indian OceanTsunami Warning System, qui dé-clenche l’alarme aux vagues submer-geantes en cas de fort séisme. LesÉtats-Unis ont musclé leurs équipesde veille à Hawaï et en Alaska pourle Pacifique. Les pays riverains ré-fléchissent à un dispositif en Médi-terranée. « Avant 2004, on comptaitune centaine de scientifiques dans lemonde travaillant sur les tsunamis. Ilssont aujourd’hui un millier », soulignel’expert américain Eddie Bernard.Le nombre des bouées mesurant lapression au fond des océans, et in-formant en temps réel, a décuplé.

Un panneau indiquant une aired’évacuation près de Banda Aceh.

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Dix ans après le tsunami, Banda Aceh s’est relevéeLe 26 décembre 2004, un raz-de-marée géant faisait plus de 230 000 mortsdans l’océan Indien. Dix ans après, en Indonésie, la reconstruction a dopé l’économie.

Banda Aceh.De notre envoyée spéciale.

Avec ses artères bétonnées où circuleun flot de motos, ses 220 000 habi-tants et ses 25 000 étudiants, Ban-da Aceh est une ville bien vivante etmême moderne pour l’Indonésie : ony trouve de grands « malls » commer-ciaux et quantité de cafés Internet.Dix ans après le tsunami, la capitalede la province d’Aceh, dans le nord-ouest de l’île de Sumatra, est méta-morphosée. « Il y a aujourd’hui bienplus de bureaux, d’habitations etde commerces qu’avant, observeBukhari Daud, ancien régent, de2007 à 2012, du territoire adminis-tratif d’Aceh Besar. C’est une autreville. »

À chaque carrefour, des panneauxreprésentant une vague indiquent laroute d’évacuation vers les édificesélevés : la grande mosquée, le Mu-sée du tsunami et plusieurs abrishauts d’une vingtaine de mètres. Le26 décembre 2004, la vague a fait167 000 victimes et 500 000 sans-abri dans la région.

Afflux de dons

Mais Aceh s’est relevée, grâce auxdons et aux ONG (organisations non-gouvernementales) qui ont afflué enmasse. Seule province d’Indonésie

appliquant la charia, en proie à unconflit séparatiste, la zone était jus-qu’alors fermée aux étrangers. Lemontant de l’aide internationale y estcolossal : « 7,8 milliards de dollarsrecueillis », selon l’institut indépen-dant Groupe URD (Urgence Réhabi-litation Développement).

Pour ne pas être accusé de gas-pillage, le gouvernement indonésienmet alors en place un Fonds multi-donateurs géré par la Banque mon-diale, ainsi qu’un Bureau de réhabi-litation et de reconstruction (BRR).Celui-ci doit contrôler l’attributiondes aides et coordonner les actionsdes ONG. « Certaines ont été pré-cipitées et parfois redondantes »,reconnaît Myrna Evora, directrice enIndonésie de l’ONG Plan Internatio-nal. Créé en avril 2005 seulement, leBRR mettra encore plusieurs mois àfaire preuve d’une réelle efficacité.

Boom économique

Mais en quatre ans, sont reconstruitsplus de 140 000 maisons, 1 700 éta-blissements scolaires, des milliers dekilomètres de route, des centres mé-dicaux, des ports et des aéroports…Les derniers grands programmesde réhabilitation des terres agricoleset de reconstruction s’achèvent en2009. Les chantiers ont dopé l’éco-nomie de la région. « Nous avons

perdu beaucoup avec le tsuna-mi, mais nous avons aussi gagnébeaucoup en termes de développe-ment », souligne l’ancien régent Bu-khari Daud.

Mais la reprise économique n’auraitpas été possible sans la paix, née dela crise post-tsunami. En août 2005,après vingt-neuf ans de conflit meur-trier entre les séparatistes du Gam(Gerakan Aceh Merdeka) et l’arméeindonésienne, les rebelles renoncentà leur revendication d’indépendancetotale en échange d’une plus grandeautonomie.

Dix ans après, le bilan global estjugé positif, y compris par la Banquemondiale. « Il faut saluer la belle etgrande résilience des gens d’Aceh,souligne Myrna Evora. Malgré laconfusion des débuts, la manièredont la région s’est relevée est au-jourd’hui considérée comme unmodèle de coordination, qui pourraservir pour d’autres désastres. » Dé-sormais, le défi à relever pour la pro-vince, riche en ressources naturelles(pétrole, gaz, bois), est de réussir àprolonger cette dynamique de déve-loppement, malgré la fin des aides etdes grands chantiers de reconstruc-tion pourvoyeurs d’emploi.

Corinne BOURBEILLON. Le cœur de la ville, où la vie bat à la sortie de la prière de l’après-midi, c’est la grande mosquée Baiturrahman.

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Obama pourrait labelliser « terroriste » la Corée du NordL’administration Obama réfléchit àinscrire la Corée du Nord sur la listedes États soutenant le terrorisme,après le piratage massif des don-nées de Sony Pictures. Le régime dePyongyang est soupçonné d’avoirorchestré, au moins en sous main,cette attaque informatique destinéeà empêcher la sortie d’un film bur-

lesque où le dictateur Kim Jong-unest victime d’un complot. La Coréedu Nord a déjà figuré sur la liste ter-roriste de Washington pendant deuxdécennies, avant d’en être retirée parl’administration Bush en 2008, alorsqu’elle négociait l’abandon de sonprogramme nucléaire.

Les pendaisons d’islamistes ont repris au PakistanQuatre détenus condamnés pourune tentative d’assassinat contre l’an-cien président Pervez Musharraf ontété pendus, hier, dans la prison deFaisalabad au Pakistan. Deux autresl’avaient été vendredi. Le gouverne-ment de Nawaz Sharif avait annoncé,la semaine dernière, la levée du mora-toire sur la peine capitale en vigueurdepuis 2008, en cas de condamna-

tion pour terrorisme, au lendemaind’une attaque des talibans qui a tué149 personnes dont 132 écoliers àPeshawar. « Cette vague d’exécu-tions est une réaction lâche et poli-ticienne, a déploré le Phelim Kine, ledirecteur adjoint de Human RightsWatch pour l’Asie. Elle n’aidera enrien à traduire en justice les auteursde l’attaque de Peshawar. »

L’Indonésie coule des bateaux de pêche étrangers

La marine indonésienne a le coupde canon facile. Hier, elle a tiré surdeux navires de pêche « battant pa-villon de Papouasie Nouvelle-Guinéemais avec un équipage thaïlandais »,a expliqué le porte-parole de la basenavale d’Ambon. Les deux naviresavaient été repérés par satellites et ar-raisonnés, le 7 décembre. À bord dunavire, les contrôleurs avaient décou-vert « 63 tonnes de crevettes et de

poisson ». La justice les a reconnus« coupables de pêche illégale dansles eaux territoriales indonésiennes ».Trois navires vietnamiens saisis pourles mêmes faits avaient déjà subi lemême sort, le 5 décembre. « Depuis,le nombre de cas de pêche illégaledans nos eaux diminue », se félicitele gouvernement indonésien qui es-time le manque à gagner à 20 mil-liards de dollars par an.

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Australie : inculpée pour le meurtre de huit enfantsCette femme appartient à la commu-nauté des indigènes du détroit de Tor-rès, population autochtone originaired’îles sur la côte de l’État du Queens-land. La police l’a interpellée, hier, etl’a inculpée pour le meurtre de septde ses enfants (trois filles de 2, 11 et12 ans et quatre garçons de 5, 6, 8 et9 ans) et d’une nièce de 14 ans. Les

corps des victimes avaient été retrou-vés, vendredi, dans une maison d’unquartier de Manoora, en banlieue deCairns, la grande ville du nord-est tro-pical de l’Australie, point de départdes visites de la Grande barrière decorail. Selon la presse australienne,c’est un frère aîné de la fratrie, âgé de20 ans qui a découvert le drame.

Une Française a pu voir ses enfants au MexiqueLa Française Maude Versini, dont lesenfants sont retenus depuis trois anspar son ex-mari au Mexique, a pu pas-ser deux heures, auprès d’eux, same-di dans un centre géré par la Justice.

« C’était un moment incroyable, nousnous sommes embrassés », a expli-qué la mère. Le père, Arturo Montiel,ex-gouverneur de l’État de Mexico, aemmené lui-même les enfants.

Une Première ministre nommée à HaïtiLa ministre de la Santé du gouver-nement sortant, Florence DupervalGuillaume, a été nommée Premièreministre par intérim, hier, en rempla-cement de Laurent Lamothe, démis-sionnaire il y a une semaine aprèsdes mois de crise politique. Si deslégislatives n’ont pas lieu avant le12 janvier, le travail parlementaire

sera suspendu et le président Lau-rent Martelly devra diriger par dé-crets, alors qu’il a été visé, ces der-nières semaines, par de nombreusesmanifestations contre la corruption.Haïti peine toujours à se remettre dutremblement de terre qui avait raséune partie de Port-au-Prince, la capi-tale, il y a cinq ans.