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Federal Office for Migration FOM
Migration au Niger :Document thématique 2009
Migrations et environnement au Niger
17 route des Morillons, 1211 Genève 19 SuisseTél : + 41 22 717 91 11 • Télécopie : +41 22 798 61 50
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Cette publication a été co-financée par l’Union européenne
Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles des auteurs et ne reflètent pas les positions de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les appellations utilisées et la présentation des données dans le rapport n’impliquent pas l’expression d’opinion de la part de l’OIM concernant des faits tels que statut légal, pays, territoire, ville ou zone particulière, ou à propos de leurs autorités, ou de leurs frontières ou confins. Toute omission et erreur reste de la seule responsabilité de l’auteur.
Ce rapport est un document de travail et, par conséquent, il ne se conforme pas nécessairement aux directives de style adoptées par l’OIM.
L’OIM croit fermement que les migrations organisées, s’effectuant dans des conditions décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu’organisme intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires au sein de la communauté internationale afin de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire comprendre les questions de migration, d’encourager le développement économique et social grâce à la migration, et de promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants.
Ce document a été produit avec le soutien financier de l’Union européenne, l’Office fédéral des migrations suisse (ODM) et la Coopération belge au développement. Les opinions exprimées ci-après sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Union européenne, de l’Office fédéral des migrations suisse (ODM) et de la Coopération belge au développement.
Editeur : Organisation internationale pour les migrations 17 route des Morillons 1211 Genève 19 Suisse Tél : + 41 22 717 91 11 Télécopie : +41 22 798 61 50 Courrier électronique : hq@iom.int Internet : http://www.iom.int
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Migration et environnement au Niger
Préparé par
Dagna Moumouni
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Avant-propos Grâce au soutien financier de l’Union européenne, l’Office fédéral des migrations suisse (ODM) et la Coopération belge au développement, l’OIM met en œuvre le projet « Migration en Afrique de l’Ouest et centrale : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques » dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale (Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, République démocratique du Congo et Sénégal), afin de promouvoir une approche politique de la migration cohérente et dynamique, en appui à la planification des politiques stratégiques au niveau national et régional. Les profils migratoires nationaux sont un résultat fondamental de cette recherche et de ce projet de renforcement des capacités. Ils constitueront un outil politique utile pour suivre les tendances migratoires et identifier les domaines nécessitant des développements politiques subséquents. Mais, en étant principalement un outil de suivi, les profils nationaux fournissent des lignes directrices limitées au type de politiques pouvant être développées dans un domaine particulier (i.e. méthodologies et approches politiques). La série de documents thématiques traite cet aspect particulier en aidant les responsables politiques et les praticiens à définir les priorités d’action et les options politiques dans les domaines particulièrement pertinents dans le contexte politique national. Sous la direction et avec l’appui des groupes de travail techniques nationaux et interministériels (GTTN) ainsi que des sous‐groupes de travail thématiques, établis dans chaque pays cible au cours du projet, trois documents thématiques ont été rédigés par des experts locaux pour chacun des pays concernés. Le but de ces documents est d’accroître les capacités de développement de politiques, par l’identification des bonnes pratiques et en évaluant les perspectives de développement politiques sur des éléments présentant un intérêt particulier pour le gouvernement. Abye Makonnen Frank Laczko Représentant régional Chef de la division recherche et publications Mission à fonctions régionales Siège de l’OIM Dakar, Sénégal Genève, Suisse
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Table des matières Acronymes............................................................................................................................................... 4 Résumé.................................................................................................................................................... 5 Introduction............................................................................................................................................. 6 1. Généralités sur l’environnement et les migrations au Niger .............................................................. 8
1.1 Présentation de l’environnement biophysique ........................................................................... 8 1.2 Situation des migrations ............................................................................................................ 11 1.3 Typologie des migrations en lien avec l’environnement ........................................................... 11 1.4 Typologie des zones de départ et d’accueil des migrants ......................................................... 12
1.4.1 Typologie des zones de départ ........................................................................................... 12 1.4.1.1 Les zones de départ au motif d’une dégradation progressive des ressources naturelles.................................................................................................................................. 12 1.4.1.2 Les zones de départ au motif d’une altération brutale de l’environnement (migration forcée) ...................................................................................................................................... 13
1.4.2 Typologie des zones d’accueil.............................................................................................. 13 1.4.2.1 Les villes....................................................................................................................... 13 1.4.2.2 Les zones rurales aux fortes potentialités productives............................................... 13 1.4.2.3 Les zones minières....................................................................................................... 14
2. Effets de l’environnement sur les migrations ................................................................................... 15
2.1 Effets des facteurs environnementaux répulsifs ....................................................................... 15 2.2 Effets des facteurs environnementaux attractifs....................................................................... 16
3. Effets des migrations sur l’environnement ....................................................................................... 17
3.1 Effets des migrations sur le cadre de vie ................................................................................... 17 3.2 Effets des migrations sur les ressources foncières .................................................................... 17 3.3 Effets des migrations sur les ressources pastorales .................................................................. 18 3.4 Effets des migrations sur les ressources en eau ........................................................................ 18 3.5 Effets de la migration sur les ressources forestière, halieutique et faunique ........................... 18 3.6 Effets des migrations sur les zones minières ............................................................................. 18
4. Place des migrations dans les politiques et stratégies nationales en matière d’environnement..... 19 Conclusion et recommandations........................................................................................................... 21 References.................................................................................................Error! Bookmark not defined.
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Acronymes ANPE Agence Nigérienne pour la Promotion de l’Emploi
BCR Bureau Central du Recensement
CEDEAO Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest
OIM Organisation Internationale pour les Migrations
ONG Organisation non Gouvernementale
OSS Organisation Sahélo Saharienne
PAN Plan d’Action National
PANA Plan d’Action National d’Adaptation aux changements climatiques
PTF Partenaire Technique et Financier
RGP/H Recensement Général de la Population et de l’Habitat
ROSELT Réseau d’Observatoires de Surveillance Ecologique à Long Terme
RNNAT Réserve Naturelle Nationale de l’Aïr et du Ténéré
SDR Stratégie de Développement Rural
SDRP Stratégie de Développement accéléré et de Réduction de la Pauvreté
SNDI/CER Stratégie Nationale de Développement de l’Irrigation et de Collecte des Eaux de Ruissellement
UNCCD Convention des Nations Unies pour la Lutte contre la Désertification
UNESCO Organisation des Nations Unies pour la Science, l’Education et la Culture
VIH/SIDA Virus Immunodéficient Humain/ Syndrome d’Immuno‐Déficience Acquise
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Résumé Les mouvements migratoires constituent une réalité sociale qui fait partie intégrante des modes d’utilisation de l’espace au Niger. En effet les pays sahéliens sont caractérisés par la pratique d’une agriculture de subsistance faiblement rémunératrice. Face à l’impératif de survie à court terme sous un climat austère, ces populations effectuent des déplacements massifs, lointains et de durée variable avec une pression forte sur l’environnement. Dans le contexte nigérien, ce phénomène migratoire est un facteur de grande importance aux plans démographique, socioéconomique et environnemental. Cette étude fait ressortir les interrelations entre l’environnement (terres, eaux, forêts et pâturages, faune et environnement urbain) et les migrations au Niger. Elle montre aussi la place réservée aux migrations dans les politiques et stratégies nationales en matière de développement. Il s’agit en fait de produire un document de référence pouvant servir au comité interministériel mis en place par le Gouvernement nigérien pour l’élaboration d’une politique nationale en matière de migration, en cohérence avec les orientations et politiques régionales et internationales.
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Introduction L’étude s’insère dans une problématique plus globale1 visant à promouvoir une plus grande cohérence politique entre migrations et développement, une préoccupation qui est à l'ordre du jour des forums politiques sous‐régionaux et interrégionaux. Cette préoccupation est mentionnée dans plusieurs cadres politiques tels que le Cadre de politique migratoire de l'Union Africaine, l'Approche Commune de la CEDEAO et les conclusions du Dialogue Union Européenne‐Afrique. Tous ces cadres de dialogue et de prise de décisions ont mis l’accent sur la nécessité de développer des politiques de migrations et de développement plus intégrées afin de maximiser les avantages de la migration. Toutefois des difficultés subsistent quant à la mise en pratique de ces recommandations par les gouvernements de la région. La présente étude sur le thème «Migrations et environnement» vise à renforcer les capacités des institutions impliquées dans la gestion du phénomène migratoire aux niveaux national et international. Elle fait partie d’une série de trois documents visant à compléter les analyses générales faites dans le profil migratoire du Niger 2009 réalisé par un consultant national avec l’appui technique et financier de l’OIM, dans le cadre du programme AENEAS «Les migrations en Afrique de l’Ouest et centrale: Profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques ». Le thème « migrations et environnement » a été retenu avec le soutien du comité interministériel chargé d’élaborer une politique en matière de migration pour le Niger. Ensuite, un groupe réduit de travail composé de membres dudit comité ou appartenant à d’autres institutions nationales a été mis en place sur la base de termes de références contenant une méthodologie et un plan provisoire de rédaction. Il faut souligner qu’au Niger, les questions environnementales sont au centre des facteurs qui favorisent les migrations internes et l’émigration internationale. En conséquence, il s’agit d’une problématique à prendre nécessairement en compte dans une politique en matière de migration et d’une manière générale dans les documents de politiques et stratégies pour le développement. Cette étude, ayant pour objectif global l’analyse des interrelations entre les migrations et l’environnement (terres, eaux, forêts, faunes et cadre de vie en milieu urbain), abordera de façon spécifique les points suivants :
L’analyse des facteurs environnementaux et climatiques qui déterminent le départ des migrants ; soit les facteurs expulsifs (famines, problèmes fonciers, sècheresse, etc.) sur les lieux de départ ;
L’analyse des facteurs environnementaux et climatiques qui déterminent l’arrivée et la fixation des migrants; soit les facteurs attractifs (recherche de terres de culture, exploitations minières, etc.) sur les lieux d’accueil ;
L’analyse des facteurs liés aux migrations qui ont des effets sur l’environnement ; L’inventaire sommaire des stratégies et actions proposées dans le cadre des politiques
sectorielles par l’Etat et les autres partenaires qui interviennent dans le domaine ; La formulation de quelques recommandations en matière d’orientations stratégiques
pour le Niger. Un rapport incluant tous les objectifs spécifiques énumérés ci‐dessus constitue le résultat attendu de cette étude. Ce rapport sera structuré en quatre parties : une première partie qui traitera des généralités sur l’environnement et les migrations au Niger ; la deuxième partie abordera les effets de
1 Selon les lignes directrices fixées par l’OIM‐siège, dans le cadre des études thématiques.
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l’environnement sur les migrations ; la troisième partie, les effets des migrations sur l’environnement et la dernière partie traitera de la place des migrations dans les politiques et stratégies nationales en matière d’environnement. Toutes ces analyses seront faites sur la base des écrits existants en la matière notamment des documents scientifiques, des documents d’expertise internationale, des rapports techniques, des documents cadres stratégiques nationaux.
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1. Généralités sur l’environnement et les migrations au Niger 1.1 Présentation de l’environnement biophysique Situé dans la marge sud du Sahara et au cœur du Sahel Ouest Africain, le Niger s'étend sur 1 267 000
km2
mais les 3/4 du pays sont occupés par des déserts dont celui du Ténéré qui compte parmi les déserts célèbres du monde. Il est limité à l'Ouest par le Mali et le Burkina Faso, au Sud par le Nigeria et le Bénin, à l'Est par le Tchad, au Nord par l'Algérie et la Libye. Ses frontières sont éloignées de 700 km du golfe de Guinée, 1900 km de la côte atlantique et 1200 km de la Méditerranée. Il dispose d’un cours d’eau permanent dans sa partie Ouest : le fleuve Niger et d’un Lac dans sa partie Est : le lac Tchad. L’économie du pays repose en grande partie sur l’agriculture et l’élevage. Par ailleurs, les sols sont en général pauvres et la superficie potentiellement cultivable estimée à 15 millions d’hectares, représente moins de 12% de la superficie totale du pays (Rapport sur l’état de l’environnement du Niger, novembre 2005). Ces sols en majorité dunaires sont peu productifs et très sensibles à l’érosion hydrique et éolienne. Le potentiel en terre irrigable est estimé à 270 000 hectares, dont 140 000 hectares sont situés dans la vallée du fleuve Niger
(Rapport sur l’état de l’environnement du Niger, novembre 2005). La population du Niger a été évaluée à 11 060 291 habitants selon le RGP/H, 2001. Essentiellement rurale estimée à plus de 80 %, cette population tire une grande partie de son revenu de l’exploitation des ressources naturelles. Le taux d’accroissement est l’un des plus élevés au monde, il est de 3,3 % en 2001. Cet accroissement démographique combiné aux conditions climatiques contraignantes (sécheresse, etc.) et aux systèmes d’exploitation inadaptés et peu rationnels des ressources naturelles ont conduit à des déséquilibres écologiques qui se traduisent par la précarité des moyens d’existence. Selon le scénario tendanciel des statistiques nationales, la population atteindra 17,3 millions en l’an 2015 et 24,1 millions en 2025 (BCR, 2005 b). Caractérisé par de basses altitudes (200 à 500 m), le relief est marqué par des massifs montagneux très anciens au nord‐ouest (massif de l’Aïr), des plaines et des plateaux au sud. La partie Nord du Niger est occupée par des grandes zones géomorphologiques dont les principales sont:
le massif cristallin de l’Aïr dont le point culminant (Mont Greboune) s’élève à plus de 2 000 m d’altitude;
le massif gréseux du Termit ; les grandes zones d’épandage des écoulements venant de l’Aïr ; les plateaux désertiques ; les vastes étendues sableuses désertiques (Ténéré et Tal).
La partie Sud du Niger est caractérisée par une alternance de plaines et de plateaux entrecoupés par des :
affleurements de roches précambriennes à l’Ouest ; chaînes de collines du crétacé et du tertiaire au centre et à l’Est ; vallées et des cuvettes d’Ouest en Est.
Carte N° 1 : Milieu physique
Source : www.izf.net/…/Pays/Supercartes/Niger.png
Le climat est de type tropical semi aride, caractérisé par deux saisons : une saison sèche allant d’octobre à mai et une saison pluvieuse allant de juin à septembre. La pluviométrie est caractérisée par une forte variation dans l’espace et dans le temps. Cette pluviométrie permet en année normale la recharge des nappes, la formation des plans d’eau et le développement du couvert végétal. Ainsi, on distingue quatre zones agro écologiques au Niger
:
la zone sahélo soudanienne qui représente environ 1 % de la superficie totale du pays et reçoit 600 à 800 mm de pluie en moyenne par an ; elle est propice à la production agricole et animale;
la zone sahélienne qui couvre 10 % du pays et reçoit 300 à 600 mm de pluie en moyenne par an ; elle est propice à l’agro pastoralisme ;
la zone sahélo saharienne qui représente 12 % de la superficie du pays et reçoit 150 mm à 300 mm de pluie en moyenne par an. Elle est propice à l’élevage transhumant ;
la zone saharienne, désertique, qui couvre 77 % du pays et reçoit moins de 150 mm de pluie en moyenne par an. On y pratique des cultures irriguées.
Carte N°2 : Zones agro écologiques
Carte N° 2 : Zones agro écologiques du Niger
Source : http://www.meteo‐niger.net/html/climatccI2.htm
En fonction des zones agro écologiques, l’environnement vu sous l’angle des ressources naturelles telles que les terres, les eaux, les forêts, la faune, le pâturage, connaît une certaine variabilité d’une zone à l’autre. A l’exception de la région de Niamey et d’Agadez, aucune des autres régions administratives du Niger n’est homogène sur le plan agro écologique. C’est ainsi que la région de Dosso s’étend sur la zone sahélo soudanienne et une partie de la zone sahélienne. Celle de Tillabéry est à cheval entre la zone sahélienne et la zone sahélo saharienne de même que celle de Maradi. Les régions de Tahoua, Zinder et Diffa s’étendent chacune sur au moins trois zones agro écologiques notamment la zone sahélienne, la zone sahélo saharienne et la zone saharienne. Cette stratification par zone agro écologique sera par la suite déterminante dans l’analyse des interrelations entre les migrations et l’environnement au Niger. 1.2 Situation des migrations Le Niger est un pays répulsif du point de vue des migrations, à cause notamment de son faible niveau de développement économique et de l’austérité de son environnement biophysique. Autant le faible niveau de développement économique n’attire pas les immigrants internationaux, autant l’austérité de l’environnement biophysique pousse les Nigériens à émigrer. Le stock des immigrants internationaux représentait environ 1,1 % de la population au RGPH de 2001 soit environ 122 983 individus mais celui‐ci s’est ralenti entre 1988 et 2001(OIM, 2009). Parmi ces immigrants la proportion des femmes est plus importante (52,4 %) que celle des hommes. Selon le RGPH de 2001, les immigrants internationaux proviennent en majorité des pays de la CEDEAO. Les crises économiques, des années 80 et 90, ont contribué au ralentissement du rythme d’accroissement du stock des immigrants internationaux du fait de la réduction des opportunités économiques, ce malgré le cadre migratoire crée par la CEDEAO. L’émigration concerne environ 500 000 Nigériens en 2000 soit 3,5% de la population totale au RGPH de 2001. Comparé à l’effectif des immigrants, l’effectif des émigrants est 4 fois supérieur, ce qui permet de dégagé un solde négatif d’environ 373 000 individus. La grande majorité de ces émigrants nigériens restent pour 89 % en Afrique de l’Ouest, seuls 5 à 10 % sortent du continent (OIM, 2009). L’objectif visé par les émigrants étant l’amélioration des conditions de vie, l’émigration des Nigériens s’est intensifiée au cours des dernières années et tend à sortir de l’Afrique pour se diriger vers l’Amérique du Nord, l’Europe et le Moyen‐Orient (OIM, 2009). Avec la reprise économique progressive actuelle, les actions de lutte contre la pauvreté et les perspectives économiques nouvelles (mines), l’émigration extérieure pourrait se ralentir sans pourtant s’arrêter complètement. Cependant, le Niger reste un pays de transit pour les migrants en direction du Maghreb (Algérie, Libye et les pays au Nord de la méditerranéenne). 1.3 Typologie des migrations en lien avec l’environnement Que le motif d’une migration soit économique surtout commercial, technique, écologique ou environnemental, l’amélioration des conditions de vie des migrants et celles de leurs familles demeure l’objectif principal. En référence au lieu et à l’échelle géographique choisie, on peut distinguer deux types de migrations : une migration interne et une migration externe. La migration est dite interne lorsque le migrant reste dans les limites géographiques de son pays d’origine et externe dans le cas échéant. Chacun de ces types de migration peut être temporaire ou permanent. Ce caractère implique une autre dimension qu’est la durée. Faire une typologie des migrations en relation uniquement avec les facteurs environnementaux n’a pas été facile, du fait que le champ des typologies servant à catégoriser le phénomène migratoire est extrêmement vaste. Bien des spécialistes de la migration ont tenté d’élaborer une typologie intégrée du phénomène avec pour résultat un éventail d’approches : géographique, démographique,
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sociologique, politique, juridique ou pluridisciplinaire. La typologie proposée reposera essentiellement sur les motifs environnementaux à l’origine des migrations. Il s’agit d’abord de prendre en compte le lieu de résidence du migrant (urbain, rural), la densité de population, la saison concernée (pluies, sèche), les facteurs pédoclimatiques (nature des sols, leur niveau de fertilité, la pluviométrie, les températures, les vents), les ressources en eau, les ressources pastorales, les ressources forestières, halieutiques, fauniques, le relief et les ressources minières. L’économie rurale étant basée essentiellement sur l’exploitation des ressources naturelles énumérées ci‐dessus, nous pouvons considérer que leur disponibilité peut être un facteur attractif et leur manque ou dégradation un facteur répulsif, en matière migratoire. Il convient dès lors de distinguer deux grands types de migrations :
Des migrations influencées par des facteurs environnementaux attractifs ; Des migrations influencées par des facteurs environnementaux répulsifs.
1.4 Typologie des zones de départ et d’accueil des migrants Par rapport aux deux grands types de migrations environnementales que nous venons de distinguer, les zones de départ disposent de facteurs environnementaux répulsifs, alors que celles d’accueil disposent de facteurs environnementaux attractifs. 1.4.1 Typologie des zones de départ On peut distinguer deux types de zones de départ :
Des zones de départ au motif d’une dégradation progressive des ressources naturelles (baisse de fertilité des sols, pression foncière, etc.) ;
Des zones de départ au motif d’une altération brutale de l’environnement (grande sécheresse, famine, etc.).
1.4.1.1 Les zones de départ au moti f d ’une dégradation progressive des ressources naturel les La dégradation progressive des ressources naturelles en zone rurale peut entraîner des déficits céréaliers dans le cas d’une baisse de fertilité des sols, une diminution des productions halieutiques avec l’ensablement des mares ou du fleuve, une crise du système de production pastorale du fait de l’extension incontrôlée des terres de culture au détriment des espaces pastoraux etc. Ainsi, des centaines de migrants environnementaux vont chaque année vers les villes de l’intérieur du Niger ( Maradi, Konni, Gaya, Niamey, etc.) et vers les villes côtières comme Abidjan, Cotonou, Lomé, Lagos etc. Ces migrations marquées par leur caractère saisonnier (3 à 6 mois) relève d’une stratégie des communautés concernées pour faire face à des déficits alimentaires chroniques. L’exode saisonnier vers les villes offre une forme de sécurité qui permet aux « exodants » (les migrants) de trouver des formes d’activités plus lucratives qu’en milieu rural afin de subvenir aux besoins de leur famille restée au village. Ainsi, les bras valident au sein des familles rurales peuvent décider de migrer vers les villes à l’intérieur du pays (Maradi, Konni, Gaya, Niamey, etc.) ou dans les pays voisins afin de générer des revenus supplémentaires qu’ils feront parvenir à la famille restée sur place. Ils choisissent souvent la migration temporaire ou circulaire en raison des liens culturels, sociaux ou historiques qui les rattachent à leur région d’origine et/ou parce qu’ils sont pauvres et peu qualifiés (UNCCD, 2008).
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1.4.1.2 Les zones de départ au motif d’une altération brutale de l’environnement (migration forcée) L’altération brutale de l’environnement est caractérisée par les situations de famine causées par les grandes sécheresses au Niger. Elle peut concerner des régions entières, le pays dans son ensemble ou même la sous région. C’est le scénario le plus connu dans les pays du Sahel du fait de sa forte médiatisation. Il est directement lié aux grandes sécheresses qu’ont connues les pays du Sahel durant les années 70 et 80. Ces sécheresses ont eu pour conséquence de rétrécir d’environ un tiers la superficie normale du Lac Tchad ; d’arrêter des cycles naturels d’inondation saisonnière des terres du Delta intérieur du Niger avec la perte des terres de culture les plus productives ; de faire baisser le niveau des nappes phréatiques ; de détruire le couvert végétal et de réduire les pâturages (Each‐for, 2009). Au plan socio‐économique, elles ont eu pour conséquences majeures la paupérisation des populations rurales et des déplacements massifs et incontrôlés des paysans pauvres vers des centres urbains faiblement équipés en infrastructures de santé, d’éducation et d’habitat et offrant peu d’opportunités d’emplois rémunérateurs pour de nouveaux arrivants sans qualification (UNCCD,2008). 1.4.2 Typologie des zones d’accueil En fonction des facteurs attractifs on peut distinguer trois types de zones d’accueil :
Les villes ; Les zones rurales aux fortes potentialités productives ; Les zones minières.
1.4.2.1 Les villes Traditionnellement, les villes sont les premiers centres d’accueil des migrants environnementaux. Cette migration est le plus souvent saisonnière si les motifs sont liés à une dégradation progressive des ressources naturelles des zones de départ. Si par contre les motifs sont liés à une altération brutale de l’environnement des zones d’origine, on assiste à une urbanisation non organisée, car la migration concernera des familles entières, qui, pour se loger, utiliseront des habitats précaires dans les périphéries des centres urbains. On assiste ainsi à un transfert de la pauvreté rurale dans les villes. C’est aussi dans les villes et à travers elles, que les réseaux de la migration internationale se construisent. Il y a lieu de noter que les migrants internationaux transitent toujours par les centres urbains, ce qui fait, avant tout, d’eux des urbains (UNCCD, 2008). 1.4.2.2 Les zones rurales aux fortes potentialités productives La pression exercée sur les ressources naturelles dans les zones de départ peut occasionner des migrations vers des zones rurales plus favorables, soit pour coloniser des espaces de pâturage à la recherche de nouvelles terres de culture (zone agro écologique sahélo saharienne), soit pour accéder à des ressources halieutiques situées dans des zones moins denses, telles que les mares de la zone pastorale du nord de la région de Tahoua etc. Ce type de migration est le plus souvent source de conflits autour des ressources entre agriculteurs et éleveurs. Il faut noter qu’en cas de conflit, la migration peut être temporaire. Le cas échéant elle peut être définitive.
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1.4.2.3 Les zones minières Dans l’espoir de vaincre rapidement la pauvreté rurale, certains migrants préfèrent se déplacer vers les zones minières où l’exploitation des mines se fait de façon artisanale comme à Komabangou et les autres sites aurifères de la partie Ouest du pays, tout comme les sites miniers de la partie Nord (Arlit, Akokan etc.). Au regard de la masse des migrants sur les sites à exploitation artisanale, on assiste souvent au développement d’habitats précaires et l’absence des règles d’hygiène et d’assainissement, et de celle d’infrastructures sanitaire et éducative.
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2. Effets de l’environnement sur les migrations Situé au cœur du Sahel, le Niger est un pays dans lequel le phénomène de désertification et la dégradation progressive des ressources naturelles constituent les principaux problèmes environnementaux. En effet chaque année, le désert avance sur les maigres espaces de culture et de pâturage suivant un axe nord sud, c’est à dire de la zone saharienne vers les zones sahélo saharienne et sahélienne. Dans le même temps, on assiste à une dégradation progressive des ressources naturelles dans le sens inverse, c'est‐à‐dire de la zone sahélo soudanienne vers les zones sahélienne et sahélo saharienne. La conjugaison de ces deux phénomènes, accentuée à la fois par la forte densité de la population dans les zones sud et la pauvreté rurale, conduit à des migrations temporaires ou permanentes. 2.1 Effets des facteurs environnementaux répulsifs L’avancée du désert touche principalement les régions d’Agadez, Zinder, Diffa, Maradi, Tahoua et Tillabéri. Elle se manifeste par une érosion des sols par le vent et des mouvements des dunes de sable. Cette dégradation environnementale affecte les ressources naturelles notamment les eaux (ensablement des mares, du Lac Tchad etc.), ce qui a des répercussions sur la pêche, les besoins hydriques pour l’abreuvement des animaux et pour les cultures de contre saison. Dans les régions de Tahoua, Tillabéri, Niamey, Dosso, Maradi et Zinder, l’érosion hydrique provoquée par de violentes précipitations, forme des ravins, dégrade les sols et envahit les nappes phréatiques. Cette érosion hydrique lessive les sols et conduit à une baisse de fertilité aggravée par des pratiques culturales archaïques (Luxereau. A, 1998) dans presque toutes les zones agricoles du pays. En raison de la dégradation des sols, on assiste d’une manière générale à une diminution du capital productif des ressources naturelles dont l’accès devient de plus en plus difficile. L’extension de la zone de culture sur les zones pastorales et forestière entraîne la disparition de certaines espèces végétales utiles à la pharmacopée traditionnelle. Les forêts et les zones protégées sont sujettes à des menaces non seulement en raison des sécheresses récurrentes mais également en raison de l’agriculture et de leur exploitation abusive pour bois énergie et bois de construction. Ce phénomène est particulièrement répandu dans les régions de Niamey, Maradi, Tahoua et Zinder. Il existe 210 espèces végétales qui contribuent directement à la nutrition humaine notamment au cours des périodes de famines ; les animaux domestiques consomment 235 espèces ; 270 sont utilisées pour les soins traditionnels ; l’artisanat et l’habitat ont recours à 127 espèces, etc. (Nations Unies et Gouvernement du Niger, 2005). Certains animaux sont en voie d’extinction et d’autres tels que l’Oryx ont déjà disparu. Crée après 1954, le Parc du W est confronté à des phénomènes de dégradation et d’exploitation incontrôlées (le braconnage, les pâturages illégaux, les dégâts forestiers, etc.). Depuis 1992, la réserve RNNAT, une des plus grandes du monde (77 360 km²), est classée par l’UNESCO en tant que patrimoine en danger. Les autres réserves (Gadabéji, Tadres etc.) et les zones jouxtant les zones protégées ont rarement profité d’actions des structures de protection. Ces espaces sont, de la même manière, menacés par une dégradation irréversible (Nations Unies et Gouvernement du Niger, 2005).
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A cette dégradation progressive des ressources naturelles et de l’environnement, s’ajoute de façon cyclique des années de sécheresse qui en fonction du niveau de sévérité conduisent à de graves crises alimentaires ainsi qu’à la famine. Le Niger est l’un des pays sahélien le plus touché par la désertification et la sécheresse. De mémoire d’homme, les plus terribles furent les sécheresses des années 70 et 80. Cette altération brutale de l’environnement, que constituent la sécheresse et la famine, a des effets immédiats sur les migrations en ce sens qu’elle provoque des départs massifs des populations vers des contrées, souvent lointaines, pour des questions de survie. 2.2 Effets des facteurs environnementaux attractifs Autant les facteurs environnementaux répulsifs poussent à la migration à cause des conditions défavorables qui les caractérisent, autant les facteurs environnementaux attractifs sont caractéristiques de conditions favorables et en constituent des zones d’accueil par excellence. En effet, la disponibilité de pâturage, la possibilité d’extension des terres de culture, la disponibilité de forêts, de ressources halieutiques, de vallées fertiles, de ressource en eau, etc. sont autant de facteurs environnementaux susceptibles d’attirer les migrants. Ces derniers se déplacent ainsi pour aller trouver dans les zones d’accueil des conditions plus favorables que celles de leur zone de départ. Dans ces zones d’accueil offrant plus de possibilités, en dehors de l’exploitation des ressources naturelles, les migrants peuvent vendre aussi leur force de travail. C’est le cas des zones de culture d’oignon des vallées de la Magia et de la Tarka où la main d’œuvre est fournie en partie par les migrants venus des villages environnants non producteurs d’oignon. De même que le développement de la culture d’oignon dans les zones productrices a réduit le départ en exode des jeunes producteurs (Assane Dagna, 2006). D’une manière générale, en ce qui concerne les ressources naturelles (terre, pâturage, forêts, ressource en eau, ressources halieutique et faunique etc.), la zone sahélienne étant saturée du fait de la forte densité de la population, ce sont les zones sahélo saharienne et saharienne qui sont convoitées, ce qui est plus souvent source de conflit.
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3. Effets des migrations sur l’environnement Les situations entraînant de soudains déplacements, progressifs ou massifs, de populations à la recherche de meilleures conditions de vie, peuvent avoir de graves répercussions sur l’environnement des zones où elles s’installent. Dans les centres urbains, il peut y avoir des répercussions sur le cadre de vie; tandis qu’en milieu rural, il peut y avoir une pression sur les ressources forestières, les ressources pastorales, halieutiques, fauniques, minières etc. 3.1 Effets des migrations sur le cadre de vie Un afflux progressif ou massif de migrants dans les villes ou cités ayant une capacité d’absorption réduite peut accélérer l’urbanisation et avoir des conséquences néfastes sur le cadre de vie. Alors que les exodants (les migrants) saisonniers se logent par une chaîne de solidarité auprès des ressortissants de leur lieu d’origine, les migrants environnementaux qui se déplacent avec leur famille, plus souvent dépourvus de ressources financières, se logent dans des habitations précaires faites de matériaux de récupération, aboutissant à la création de bidonvilles dépourvus de toute infrastructure. Lorsqu’ils ne peuvent pas se loger à un coût abordable et disposer d’installations d’assainissement correctes, les migrants peuvent en venir à abattre les arbres, c’est le cas de la ceinture verte de Niamey. En effet, cette zone qui s’étend sur 2 500 ha, accueille, chaque année, des migrants victimes de mauvaises productions, de disette et d’insuffisance de ressources naturelles. N’étant protégée par aucun statut juridique ni aucun programme de gestion, elle fait l’objet de dégradations continues du fait de l’abattage des arbres, de constructions anarchiques et de l’absence d’infrastructures socioéconomiques. Cette situation échappe à tout contrôle de la municipalité de Niamey et surtout entraîne une certaine destruction du tissu social avec une absence de mécanisme de régulation. Ainsi, les populations sont placées dans des conditions de vie et d’hygiène extrêmement précaires ( UNCCD, 2008). Durant cette croissance incontrôlée de l’espace urbain, les autorités éprouvent des difficultés pour prendre en charge les opérations d’aménagement prévues. D’où l’insuffisante prise en compte des problèmes d’assainissement (mauvaise gestion du système d’évacuation des eaux, mauvaise gestion des dépotoirs publiques, etc.) ; d’équipement collectifs (centre sanitaire, école, adduction d’eau) et d’embellissement de la ville à travers l’entretien des espaces verts (UNCCD, 2008). A tout cela s’ajoutent des incendies récurrents occasionnant des pertes en vies humaines. 3.2 Effets des migrations sur les ressources foncières Dans les zones de départ à forte densité de populations, la migration devient un facteur qui allège la pression foncière, la surexploitation des terres de culture au cas où elle est permanente. Cependant, dans les zones d’accueil, la colonisation de nouveaux espaces de culture peut aussi être une source de conflits. En effet, les nouveaux espaces de culture sont souvent prélevés sur des espaces de pâturage, des forêts, ou souvent des couloirs de passage. Selon le cas, il peut y avoir litige entre les premiers occupants et ceux qui sont venus par la suite, de même que les dégâts occasionnés par les animaux en quête de pâturage peuvent conduire à des rixes. Aussi, le défrichement incontrôlé des forêts pour installer des champs de culture nuit à l’équilibre biologique avec comme conséquence la disparition de certaines essences forestières.
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3.3 Effets des migrations sur les ressources pastorales Comme dit dans le paragraphe précédent, l’installation des migrants dans les espaces pastoraux, peut être source de conflit notamment avec les éleveurs nomades qui pratiquent une migration de type particulier : la transhumance. C’est un déplacement saisonnier d’éleveurs nomades avec leurs troupeaux à la recherche de pâturage. Il permet aux éleveurs de rallier les zones agricoles après les récoltes pour profiter des sous produits agricoles et de remonter dans les zones pastorales pendant la saison des pluies. Ce déplacement se fait dans le cas du Niger suivant un axe Nord Sud. Il est parfois transnational. 3.4 Effets des migrations sur les ressources en eau L’eau constitue un thème central dans le processus de désertification et de migration (érosion hydrique, stress hydrique, pollution, salinité, etc.). C’est la contrainte principale du développement agricole et de la sécurité alimentaire dans les pays du Sahel (UNCCD, 2008). Le lien entre migration et accès à l’eau se conjugue au fait que l’eau est une ressource transfrontalière et qu’une gestion non concertée est source de conflits et de déplacements de populations, non seulement localement mais à l’échelle de la sous région. 3.5 Effets de la migration sur les ressources forestière, halieutique et faunique Comme l’économie rurale est basée sur l’exploitation des ressources naturelles d’une manière générale, dans les zones d’accueil, les migrants peuvent contribuer à la déforestation par la coupe abusive des arbres pour la satisfaction de leurs besoins en bois de chauffe, en bois de construction ou en bois d’œuvre. Les mares permanentes empoissonnées peuvent connaître une surexploitation pouvant conduire à la disparition de certaines espèces de poissons. Bien que la chasse soit réglementée par l’ouverture ou la fermeture des périodes de chasse, ou même interdite dans bien de cas, les migrants peuvent se livrer au braconnage ce qui peut avoir des conséquences sur la population de la faune sauvage. 3.6 Effets des migrations sur les zones minières Les villes minières ont, en général, les taux de croissance urbaine les plus élevés du pays du fait de leur attractivité. En effet, pour le cas de la ville minière d’Arlit, à sa création, elle a été planifiée pour recevoir 5 000 habitants avec une possibilité d’accueil étendue au maximum à 18 000 habitants, chiffre qui ne devrait pas être réalisé selon les prévisions (UNCCD, 2008). A la sécheresse des année 70 les effectifs étaient quatre fois supérieurs à ceux prévus, puis à celle des années 80, ils ont frôlé les 40 000 pour se situer à 80 000 habitants en 2000 soit 16 fois plus que prévu (UNCCD, 2008) . Un des effets négatifs des migrations, surtout saisonnières, dans les centres urbains, en général et dans les villes minières en particulier, réside dans le fait que les jeunes migrants constituent des vecteurs importants dans la propagation du VIH‐SIDA dans les zones d’origine (UNCCD, 2008).
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4. Place des migrations dans les politiques et stratégies nationales en matière d’environnement Il n’existe pas de véritable document de Politique ou Stratégie spécifique aux migrations mais des actions de plusieurs ordres (institutionnel, politique, technique) sont menées par le Gouvernement pour gérer les phénomènes migratoires parmi lesquelles on peut citer :
- L’adoption dès 1992 d’une Politique nationale de population dont l'objectif est de parvenir à une maîtrise de la croissance démographique et des flux migratoires, afin de les ajuster aux conditions d'un développement économique visant une amélioration qualitative substantielle des niveaux de vie notamment en milieu rural ;
- Elaboration de la Stratégie nationale de développement de l’irrigation et de collecte des eaux
de ruissellement (SNDI/CER) en vue d’accroître le potentiel de terres irriguées dans le but de fixer un grand nombre de migrants saisonniers par les cultures de contre saison ;
- le Plan d’action de la stratégie de développement rural (SDR) du Niger a prévu de solliciter la
contribution des migrants internes et internationaux nigériens au développement local à travers notamment les résultats intermédiaires suivants :
- « Informer et sensibiliser les exodants [migrants] des possibilités d’investissements en milieu
rural ;
- Sécuriser les flux financiers des exodants [migrants] à travers la mise en place de conventions avec des établissements financiers (IMF, Banque…) ;
- Mettre en relation les exodants [migrants] avec les acteurs locaux du développement (ONG,
association, Collectivités territoriales…) ». (Plan d’action de la SDR, SP/SRP‐comité SDR 2006). - création d’un Ministère des Nigériens de l’extérieur et de l’intégration africaine ; - Mise en place d’un comité interministériel pour élaborer une politique migratoire censée
permettre de mieux gérer les flux migratoires internes avec la contribution des PTF ;
- Le développement de la coopération décentralisée entre municipalités du Nord et celles du Sud [cas de la commune rurale de Bitinkodji et bien d’autres] (UNCCD,2008);
- Exécution de plusieurs projets et programmes de développement local et communautaire à
travers le pays ;
- Exécution de plusieurs projets et programmes de gestion des ressources naturelles et de préservation de l’environnement ;
- la création de l’ANPE qui est dotée d’un programme de travail qui intègre la lutte contre
l’émigration et l’exode rural ;
- Le programme Spécial du Président de la République pour lutter contre l’exode rural et la migration internationale à travers les activités de « Cash For Work » (Travail contre argent) ;
- Des campagnes de sensibilisation et d’information à travers les ondes et les journaux ;
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- La création d’observatoires locaux pour la surveillance environnementale (projet ROSELT). Ce
projet est l’émanation d’une action sous régionale de l’Observatoire pour le Sahel et le Sahara (OSS). Depuis 2000, l’OSS a développé un programme en 3 axes qui sont (UNCCD, 2008) :
La surveillance locale fondée sur la mise en place d’observatoires locaux
opérationnels dans 8 pays et duplication de cette expérience à l’échelle nationale dans 4 pays (Algérie, Niger, Mali, Tunisie). Il y a lieu de noter que ce dispositif intègre la collecte des données sur la migration ;
Le suivi de la sécheresse et la mise en place d’un système d’alerte précoce à la sécheresse dans trois pays du Maghreb avec pour objectif l’harmonisation à l’échelle de la sous région ;
Le suivi et l’évaluation des Plans d’Action Nationaux (PAN). Ces PAN englobent des actions de lutte contre la sécheresse et la désertification. Le PAN du Niger n’est pas encore élaboré.
Les acquis de ce programme font apparaître un potentiel important et des perspectives pour les années à venir. En effet, le couplage des données socio‐économiques aux données éco systémiques permet la compréhension des dynamiques population‐environnement et fournit des informations utiles à la prise de décision, notamment pour l’aménagement du territoire. Etant un phénomène de nature transversale, il est important de signaler que les questions de migrations sont traitées de manière sous jacente dans d’autres documents de stratégies comme la Stratégie de Développement accéléré et de Réduction de la Pauvreté (SDRP) et le PANA.
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Conclusion et recommandations Il ressort de cette étude qu’il existe des liens entre environnement et migrations au Niger. Les facteurs environnementaux défavorables sont les premiers facteurs déclencheurs des migrations internes et internationales. On peut même parler d’un cercle vicieux « Environnement‐Migration » avec en trame de fond la pauvreté. Cependant ce cercle vicieux peut être transformé en un cercle vertueux à condition de repenser la problématique du développement en y intégrant les mesures suivantes :
La nécessité pour l’ensemble des acteurs concernés (Etat, Collectivités, Sociétés Civiles, Secteur Privé, ONGs) de conjuguer leurs efforts en vue d’entreprendre des actions de développement socialement acceptables, économiquement viables et écologiquement possibles ;
La nécessité d’établir un système d’information fiable sur les phénomènes migratoires au
Niger ;
La réduction de la vulnérabilité des populations aux changements environnementaux en rendant opérationnelles les activités prévues dans le PANA ;
L’utilisation d’une approche préventive du développement ciblant prioritairement les
zones à risque tant au plan environnemental que socio‐économique ;
L’initiation d’actions de développement centrées autour de la gestion des ressources naturelles tout en y intégrant des activités génératrices de revenus en direction des couches les plus vulnérables ainsi que l’accès au crédit à court et à moyen termes ;
L’utilisation des techniques et procédures participatives permettant l’implication
effective des communautés locales et au sein de celle‐ci les catégories les plus vulnérables à savoir les jeunes (migrants potentiels) et les femmes (présentes durant toute l’année dans les terroirs d’origine) mais également les administrations de proximités telles que les communes ;
L’implication des migrants dans toutes les initiatives liées au développement
économique et social de leurs zones d’origine tant au plan socio‐économique qu’en termes de santé (information/sensibilisation sur les risques du VIH/SIDA).
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Références Assane Dagna M.
2006 Les effets de la réappropriation de la culture du Violet de Galmi par les producteurs d’oignon de la région de Tahoua‐Niger sur la dynamique du territoire local, l’organisation sociale et économique. Thèse de Doctorat études rurales.
Bureau Central du Recensement
2005a Note de présentation des résultats définitifs du RGP/H‐2001, République du Niger, Ministère de l’Economie et des Finances, Niamey.
2005b Projections de la population du Niger de 2005 à 2050 : un appel à l’action, République du Niger, Ministère de l’Economie et des Finances, Travaux démographiques volume 1‐ N°1‐Avril 2005.
EACH‐FOR 2009 Changements environnementaux et scénarios de migrations forcées – étude
de cas Niger. Luxereau A.
1998 Dynamique des relations à la nature en pays Haoussa de Maradi, Niger In : Sociétés rurales et environnement, gestion des ressources et dynamiques locales au sud, Karthala p 63‐74.
Nations Unies et Gouvernement du Niger
2005 5 ème rapport international sur le développement humain » Niger 2005. OIM
2009 Migrations au Niger : « Profil national 2009, Genève ». République du Niger
2008 La lutte contre la pauvreté un défi pour tous… » Stratégie de Développement accéléré et de Réduction de la Pauvreté (SDRP, 2008‐2012).
2005 Rapport sur l’état de l’environnement du Niger ». 2003 Secteur rural moteur de la croissance économique du Niger, Stratégie de
Développement Rural. UNCCD
2008 Consultation d’experts Mécanisme Mondial de la Convention des Nations unies sur la Lutte contre la Désertification et la CEN‐SAD à Tripoli (Libye) du 26 au 29 novembre 2007 sur le thème « désertification, migration et développement local.
Federal Office for Migration FOM
Migration en Côte d’Ivoire :Document thématique 2009
Migration, emploi, pression foncière et cohésion sociale en Côte d’Ivoire
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