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Niger PEULS WODAABE Chants du worso Niger WODAABE FULANI Worso songs

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Worso songs

Couverture Wodaabe 29/06/06 15:02 Page 1

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Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois Enregistré en mars 1997 à la Maison des Cultures du Monde. Enregistrements et notice, Pierre Bois.Traduction anglaise, Judith Crews. Illustrations de couverture, Françoise Gründ. Photographies, IsabelleMontané. Prémastérisation, Frédéric Marin. © et OP 1997-2004 Maison des Cultures du Monde.Ces enregistrements ont été réalisés dans le cadre du premier Festival de l’Imaginaire (février-avril 1997).Remerciements à Mme Oumou Sissoko, à M. Yves de la Croix et à M. Bernard Rosselot.

INEDIT est une marque déposée de la Maison des Cultures du Monde (direction, Chérif Khaznadar).

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N os connaissances sur l’origine des Peulssont incertaines. Une hypothèse

confortée par leurs légendes situe leursancêtres dans la région de la Mecque d’où ilsseraient partis avec leurs troupeaux de zébuset auraient traversé la Mer Rouge pour venirs’établir en Afrique.Quant aux nomades Wodaabe, d’après leursrécits, ils viendraient de l’est, “d’au-delà del’eau”, sans que l’on sache si cette eau est leNiger, le lac Tchad ou la mer. Une autrelégende fait naître la première vache dans lebahar malia, l’immense mer qui entoure laterre et dont le nom rappelle celui que lesArabes donnent à la Mer Rouge (baharmalla).Qu’ils soient nomades comme les Wodaabeou semi-nomades, les Peuls ont presque tou-jours suivi les parcours de transhumance deleurs troupeaux, déménageant pour échap-per à la tyrannie, la guerre, la famine, lesépidémies de bétail, ou plus simplement à larecherche de nouveaux pâturages.Après l’installation d’une première colonie àSay en 1233, l’infiltration peule le long desrives du Niger s’est faite principalemententre 1800 et 1850, la majorité d’entre eux

étant sédentaires. Quant aux nomades– dont on peut retracer les migrationsdepuis le milieu du XIXe siècle –, ils arrivè-rent au début du XXe siècle.Les Wodaabe situent le début de leur exodevers le Niger à Kazauré (actuellement aunord du Nigeria). Cette petite principautéfaisait partie de l’empire du Sokoto fondé audébut du XIXe siècle par Uthman dan Fodio.De temps à autre, le fils du prince de Kazaurésurgissait dans un campement et choisissaitune femme pour la nuit. Or un jour, un marise rebella et tua le jeune homme. Lesanciens décidèrent alors de rassemblerhommes, femmes, enfants et bétail et parti-rent vers l’ouest. Le prince lança ses cava-liers à leur poursuite. Ceux qui ne purentéchapper furent tués ou réduits en escla-vage. Les autres arrivèrent à Kebbi puisrepartirent cette fois vers l’est pour Isa, aucœur de l’empire du Sokoto, et se placèrentsous la tutelle protectrice de dan Fodio. Dan Fodio nomma un certain Kadahe pourêtre leur ardo, leur chef, et ils connurent unepériode prospère, achetant même des captifsde guerre pour s’occuper des troupeaux etcreuser les puits.

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Chants du worso

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Plus tard, des pâturages neufs les attirèrentvers Filingué à 100 km au nord de Niamey.Cette région humide, qui s’étend du nord ausud à travers la frontière malienne, allaitdevenir leur parcours d’hivernage. Remon-tant le Dallol Boboye, leurs itinéraires lesamenèrent peu à peu vers le nord, dans lesrégions de Tchin Tabaraden et d’Ingal.Depuis ce temps et jusqu’à une époqueencore très récente, les Wodaabe, divisés enpetites fractions de lignage comprenantquelques dizaines de personnes, exécutaientainsi, parfois sur plusieurs centaines de kilo-mètres, de complexes parcours migratoiresentre le nord du Nigéria, la frontière duTchad, la région d’Agadez et les environs deNiamey. Leur population est estimée aujour-d’hui à 45.000 personnes environ.Depuis 1974, les sécheresses successives onteu raison d’une grande partie du bétail etont forcé nombre de Wodaabe à établir leurscampements à proximité des villes. Maismême ceux qui aujourd’hui ne peuvent plusconduire leurs troupeaux de zébus, enten-dent périodiquement l’appel des grandsespaces. Pour ce peuple à peine islamisé, lezébu joue un rôle essentiel. C’est sans doutepour cette raison que le terme bororo parlequel les Wodaabe désignent leurs vaches,fut adopté comme ethnonyme par leurs voi-sins et les colons français. Les Wodaabe sontcependant conscients de la nuance péjora-tive que recouvre cette appellation et engénéral ils la rejettent.

Cet animal aux cornes en lyre et à la robeacajou les nourrit de sa chair et de son lait, ilest l’objet du sacrifice lors des mariages, il estau cœur de leurs mythes fondateurs. Animalquasi mythique, il se possède mais ne sedénombre pas. Toute la vie économique tra-ditionnelle est centrée sur son élevage.De tous les nomades du Niger, les Wodaabeont le mode de vie matérielle le plusdépouillé. Ils ignorent la tente et s’abritentdans des parcs formés d’une barrière debranchages qui les protègent du vent, dusoleil, des animaux domestiques et desfauves. Tout ce qu’ils possèdent tient enquelques bagages portés par les bœufs ou leschameaux : nattes de paille, cordes, outresde peau, calebasses pour le lait et l’eau,bijoux, produits de maquillage, herbesmédicinales… Quant à ceux qui se sont ins-tallés aux abords des villes, leurs campe-ments témoignent de la même simplicitéspartiate.Dédaignant la promiscuité et le contact, ceshabitués des grands espaces se tiennent tou-jours à l’écart des agglomérations. On ne lesy voit guère que les jours de marché où ilviennent vendre leurs produits, faire leursachats et danser le ruumi. Les femmes sontreconnaissables à leur chignon sur le frontet les hommes à leur grand chapeau coniqueorné de plumes (souvent remplacé aujour-d’hui par le shaysh touareg) et à leurs che-veux longs que les femmes tressent enpetites nattes.

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La vie des Wodaabe est rythmée par les sai-sons. Dès la fin des pluies en novembre,l’harmattan commence à souffler depuis lesrégions désertiques du nord-est. Il se metd’abord à faire froid, puis peu à peu la cha-leur s’installe et avec elle, la saison sèche.On recherche alors les zones humides et lespuits profonds. La période la plus difficile sesitue en avril-mai. Les hommes souffrent dela disette et ménagent leurs réserves de miltandis que les bêtes sont chaque jour un peuplus efflanquées. Enfin quelques orages secs annoncent ledébut de la mousson venue du sud-ouest etavec elle la saison d’hivernage propice auxfêtes. En juillet, alors que les pluies devien-nent fortes et que l’on peut se nourrir abon-damment, les ardo, chefs de fractions, recen-sent tous leurs parents égaillés dans lescampements, et les convient au grand ras-semblement annuel, le worso. On y célébreles naissances et les mariages, les jeunes genssortis de l’adolescence “prennent la barbe”,signe de leur passage à l’âge adulte, les vieuxrendent la justice, règlent les différends, tan-dis que les jeunes mangent, courtisent lesfilles et dansent.Pour ce peuple dont chaque geste affirme demanière à la fois consciente et inconscientela spécificité physique, le worso est un véri-table culte rendu à la beauté physique.Dès la tombée du jour, les jeunes hommess’isolent derrière de maigres buissons et

concoctent des philtres dont chacun a lesecret et qui sont destinés à renforcer leurpouvoir de séduction. Puis ils se couvrent le visage de poudrescolorées : rouge pour la danse gereol, ocrepour les autres, les yeux et les lèvres sontcernés de khôl et l’arête du nez rehausséed’un fin trait jaune. Ensuite, ils se ceignent la taille de pagnes depeau tannée et de tissu et revêtent unetunique sans manche de coton noir décoréede petites broderies géométriques aux cou-leurs vives, sauf pour la gereol qui se dansetorse nu. En guise de bijoux, ils portent en bandou-lière plusieurs colliers de cauries, et autourdu cou les petits réticules de cuir qui ne lesquittent jamais.Les parures de tête se composent d’un tur-ban de coton blanc, d’une tiare formée deplusieurs cabochons d’argent ou de cuir etenfin de deux ou trois longues plumes d’au-truche. Et ainsi, de la tombée du jour jusqu’à l’aube,plusieurs jours de suite, ils dansent le ruumi,le yake, le mosi, le lele-lele… Le dernier jour alieu la gereol qui se terminera avec l’électionpar quelques jeunes filles du plus belhomme de l’année. Le lendemain matin,chaque famille fait ses paquets, réunit lesbêtes et reprend sa vie nomadique ne lais-sant derrière elle que quelques traces sur lesable vite effacées par le vent.

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L’ensemble enregistré dans ce disque appar-tient au lignage Gejankoé. Il est dirigé parOrtoudo Bermo, un doux géant de plus dedeux mètres, qui remporta par deux fois leconcours du worso en 1995 et 1996. Sansdoute est-ce la raison pour laquelle il futchoisi comme chef de groupe car il ne s’agitpas d’un directeur au sens strict du terme.En effet, toutes les décisions intéressant lavie du groupe sont prises en commun et sipossible à l’unanimité à l’issue de longues etsavoureuses palabres arrosées d’une intermi-nable noria de verres de thé. Les membres de ce lignage, touchés comme laplupart des Wodaabe par la destruction deleur cheptel, partagent leur temps entreTchin Tabaraden et Niamey et leurs activitésentre le transport du bétail, le gardiennage demaisons en ville et la bijouterie de pacotilledont ils ont appris les techniques au contactde leurs voisins touaregs. La raison principalequi les pousse aujourd’hui à se présenter enpublic est d’amasser l’argent nécessaire à lareconstitution des troupeaux que les séche-resses successives leur ont fait perdre.L’ensemble de ces enregistrements sedéroule dans un climat décontracté, émailléde rires, d’apostrophes voire même demoments d’incertitude qui ne semblentpoint prêter à conséquence. Qu’il s’agisse duchant ou bien de la danse, chacun paraît

jouir, à l’intérieur d’un cadre par ailleursstrictement fixé, d’un espace de liberté quicontribue à faire de ce spectacle — car ils’agit bien d’un spectacle donné devant unecommunauté fière de la beauté de ses jeunesgens — un moment de grâce indécise, àl’image de ces garçons dont le corps et laphysionomie encore adolescents n’ont pasatteint l’achèvement de la maturité.

1. Ruumi, UmmaleeRuumi, de 0’00” à 7’16”Cette danse en cercle n’est pas spécifique auworso. Les Wodaabe peuvent l’exécuter toutau long de l’année, lors de leurs rencontres,notamment sur les marchés.Le ruumi comprend deux parties, la premièreest un chant responsorial non mesuré entreun ou deux solistes alternés et le chœur desdanseurs. Les solistes lancent tour à tour delongs appels sur une échelle pentatoniquedescendante qui sont ponctués par lesaccords mobiles du chœur. Après quelqueséchanges, le groupe entonne une formulemélodique simple et rythmée par les claque-ments de mains. La ronde des danseurs semet alors à tourner, très lentement, presqueimperceptiblement, pieds traînants etgenoux à demi fléchis, tandis que lessolistes, tour à tour, se placent au centrepour entraîner les autres.

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Les enregistrements

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Le rythme est généralement construit surune mesure ternaire à 12/8.

Une fois installé, il se répartit entre les dan-seurs en plusieurs parties superposées qui,en se modifiant, font naître diverses varia-tions de la structure de base. De même, la structure mélodique, fondéesur une courte formule répétitive, sert decadre à l’insertion de figures ornementalesvariées, d’appels des solistes, d’accords com-binant des intervalles de secondes et dequarte, tout cela se mélangeant, se tuilantpour créer une sorte de magma sonore à lafois lancinant et en perpétuel renouvelle-ment.

Ummalee, de 7’16” à 14’14”Le schéma général de cette danse en ligneréservée au worso est très semblable à celuidu ruumi, tant sur le plan mélodique querythmique, ce qui explique l’enchaînementsans interruption de ces deux pièces.

2. Lele-leleCette autre danse en ligne du worso com-mence elle aussi par un prélude non mesuré.Aux appels du soliste, les danseurs répon-dent par de longues notes tenues en bour-don sur lesquelles se superposent de courts

motifs mélodiques. Les danseurs oscillentlégèrement en élevant puis abaissant lente-ment et gracieusement leurs bras devanteux, pliant légèrement les genoux puis seredressant dans un mouvement souple, l’en-semble produisant un effet de vague par unjeu de décalage entre les danseurs. Le soliste conduit le chant en marchantdevant ses compagnons, écoutant avecattention le mélange harmonique des voix,puis il entonne une formule rythmée àlaquelle répondent les danseurs tout en mar-telant le sol de leurs pieds. Tour à tourchaque danseur s’avance de deux pas puisdécompose le troisième, lentement, à lalimite du déséquilibre, avant de retombersur l’autre pied et de rentrer dans le rang.

3. YakeAvec la gereol, le yake est sans doute la dansewodaabe la plus célèbre. Il s’agit aussi d’unedanse en ligne en deux parties mais qui secaractérise par son extrême lenteur et sonabsence totale de rythme. Les danseurs pré-sentent, comme dans les danses précé-dentes, un visage maquillé de jaune.La structure mélodique et harmonique duchant est plus complexe que dans les dansesprécédentes.

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La première partie, purement vocale, estpentatonique. Elle commence par des appelsdescendants en tuilage qui sont soutenuspar des notes tenues en bourdon. Puis vien-nent de longs appels échangés par deux outrois solistes et qui sont ensuite relayés parle chœur.

La seconde partie, directement enchaînée àla précédente, est tétratonique. Elle s’orga-nise en quatre voix (numérotées de 1 à 4dans la transcription schématique suivante),certaines de ces voix pouvant se subdiviser àleur tour en sous-motifs ornementaux.

Les danseurs font lentement tourner leurtête, à gauche, puis à droite, roulent desyeux agrandis par le khôl et découvrent dansune sorte de sourire figé des dents dont lablancheur tranche sur la noirceur des lèvrespeintes. Dans le même mouvement, leursbras s’élèvent parallèlement à hauteur de lapoitrine, puis redescendent tandis qu’ils

plient légèrement les genoux dans unelongue vague ondoyante.

4. MosiCette autre danse en ligne est la seule àlaquelle les jeunes filles soient autorisées àparticiper, quoique discrètement. Le chant, responsorial, fait alterner de courtesformules échangées entre les solistes et lechœur et accompagnées par des claquementsde mains et le martèlement des pieds. Les dan-seurs se placent tour à tour devant la ligne for-mée par leurs compagnons et frappent avecleurs talons des variations rythmiques danslesquelles ils rivalisent d’imagination.

5. DororiLe dorori a un caractère guerrier qui annoncela gereol. Cette danse en ligne, assez brèvecomparativement aux précédentes, estessentiellement rythmique. Plus encore queles autres, elle affiche un caractère deparade, soulignant l’originalité de chaqueindividu en même temps que l’identité dugroupe. Après une introduction vocale, la dansecommence, conduite par un des solistes etaccompagnée de claquements de mains etde cris lancés à contretemps. Peu à peu letempo s’accélère, les danseurs se rappro-chent lentement les uns des autres pourfinalement se ruer dans un ultime cri sur lepoint central occupé par le meneur.

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6. GereolDernière phase des danses du worso, la gereolalterne les chants, la danse hiératique et lesmimiques du yake avec des phases de dansepure dans lesquelles on n’entend que lemartèlement des talons et le bruit des son-nailles fixées aux chevilles des danseurs auvisage maquillé de rouge.Le rythme de base, un 12/8, donne lieu àtoute une série de variations de plus en pluscomplexes et qui résultent de la superposi-tion de différentes figures rythmiques répar-ties entre les danseurs.Tout en dansant, les jeunes hommes portentleurs lances ou de petits bâtons en avantpuis tournent en rond (le terme gereol vient

du verbe yerago, tourner) et reprennent leurplace dans le rang.

La danse terminée, les anciens consultentun petit groupe de trois ou quatre jeunesfilles choisies pour la circonstance et annon-cent le nom de celui qui a été élu le plus belhomme de l’année.

PIERRE BOIS

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Ortoudo Bermo, chantant dans le yake / singing in the yake

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W hat is known about the origins of theFulani people is uncertain, at best.

One hypothesis, which is supported by theirown legends, holds that their ancestorscame from the region around Mecca, fromwhence they departed with their zebu herdsto cross the Red Sea and settle in Africa.As for the Wodaabe, according to their sto-ries and tales, they came from the east,“beyond the water”, without it actuallybeing known whether the water in questionwas the Niger River, Lake Chad, or the sea.Another legend says that the first cow wasborn in the bahar malia, the immense seawhich surrounds the earth, and whose nameclosely resembles the name which the Arabsgive to the Red Sea (bahar malla).The nomadic and semi-nomadic Fulanis havealmost always followed the transhumance oftheir livestock, moving around to escapetyranny, war, famine or animal epidemics, orelse simply in search of greener pastures.Although their earliest colony in the Nigerdates from 1233 (the Say colony), the esta-blishment of Fulanis along the banks of theNiger River occurred mainly from 1800 to1850, with a majority of sedentary settlers.

The nomads, whose migrations may be tracedfrom the middle of the 19th century, did notarrive until the beginning of the 20th century.The Wodaabe identify the beginning of theirexodus towards the Niger with the region ofKazaure (today the north of Nigeria). Thissmall principality belonged to the Sokotoempire founded at the beginning of the 19thcentury by Uthman dan Fodio. From time totime, the son of the prince of Kazaure wouldshow up in a Wodaabe camp to choose awoman for the night. One day, the husbandof one of the women rebelled and killed theyoung man. The elders decided at this pointto gather together all the men, women, chil-dren and livestock and set off for the west.The prince sent his horsemen after them.Those who could not manage to escape wereeither killed or taken captive to be slaves.The others arrived safely in Kebbi, afterwhich they journeyed towards the east toIsa, situated in the heart of the Sokoto empi-re. There they placed themselves under theprotection of dan Fodio.Dan Fodio named a man called Kadahe astheir ardo, or chief, and they enjoyed a per-iod of prosperity during which they were

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even able to buy captives to look after theirlivestock and dig wells.Later on, richer pastures attracted themtowards Filingue, 100 km (40 miles) to thenorth of Niamey. This humid region, stret-ching from the north to the south across theborders of Mali, was to become their winterpasture ground. By following the DallolBoboye upstream, their paths little by littleled them towards the north into the regionsof Chin Tabaraden and Ingal.Since these times, and even until quiterecently, the Wodaabe, divided into smallfractions of lineages comprising a few dozenindividuals, followed their complex migra-tory paths sometimes covering hundreds ofkilometres between northern Nigeria, theborder of Chad, the region of Agadez, andthe outskirts of Niamey. Today, their popu-lation is estimated at 45,000 persons.Since 1974, a series of droughts have deci-mated the livestock herds and forced a num-ber of the Wodaabe to establish their campscloser to the cities. But even those amongthem who have lost all their cattle still per-iodically hear the call of the open spaces.This is because for these people, only barelyconverted to Islam, the zebu has alwaysbeen the essential element in their lives. It isprobably for this reason that the term boro-ro, which the Wodaabe use for their cattle,was adopted as an ethonym by neighbou-ring peoples and the French colonists.However, the Wodaabe are conscious of the

pejorative nuance attached to this word,and in general they deny it. With its lyre-shaped horns and mahoganyhide, the zebu provides both beef and milk forthe Wodaabe, and is also used as a sacrificialobject during wedding ceremonies. This ani-mal is at the heart of their founding myths,and has itself become practically mythical; itmay be owned, but never counted. The tradi-tional economic life of the Wodaabe is entire-ly dependent upon livestock.Among all the nomadic tribes of the Niger,the Wodaabe live the sparest existence. Theydo not own tents, but take shelter in parksformed by branch fences which protectthem from the sun, the wind, their ownherds and wild animals. Everything theypossess fits into a few bags carried on theiroxen or camels: straw mats, ropes, goats-kins, gourds for water and milk, their jewel-lery, make-up and medicinal herbs. Eventhose who have settled on the outskirts ofthe cities continue to lead their lives withthe same kind of Spartan simplicity.These people shun close contact and pro-miscuity, for they are used to open spaceand always prefer to stay outside the cities.They are usually only seen in towns on mar-ket days when they come to sell their pro-ducts, buy goods and dance the ruumi. Thewomen may be identified by the way theywear their hair in a bun on the forehead,and the men by large cone-shaped hatsdecorated with feathers (often replaced

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today by the Tuareg shaysh turban) and theirlong hair, which the women braid into nar-row plaits.The life of the Wodaabe follows the seasons.At the end of the November rains, the har-mattan begins to blow in from the deserts tothe northeast. The temperatures fall, thenlittle by little the heat arrives, and with it,the dry season, when it becomes necessaryto look for wet areas and deep wells. Themost difficult time of the year is April-May.The people must ration their food and delveinto their stores of millet, while each daythe animals’ ribs stick out a little more.Then at last dry thunderstorms come,announcing the beginning of the monsoonfrom the southwest and, with it, the winte-ring season with its many feasts.In July, when the rains fall steadily andthere is food for everyone in plenty, theardo, or fraction-chiefs, take a census oftheir kinfolk scattered in the various camp-sites and call them together for the largeannual reunion, the worso. Births and mar-riages will be celebrated and the young menwho have come of age “will take the beard”as a sign of their passage into adulthood.The older men will dispense justice and sett-le disputes while the younger ones will eat,pay court to the girls and dance.For this people whose each attitude assertsconsciously or unconsciously their physicaloriginality, the worso is a true cult to plasticbeauty.

As soon as night has fallen, the young mentake cover behind the shrubs and bushes toconcoct philtres whose secrets are closelyguarded, and which are supposed to reinfor-ce their power of seduction. Their faces are decorated with colouredpowder: red for the gereol dance, ochre forthe others. They line their eyes and lips withkohl and draw a yellow line down the midd-le of their noses. Next, they put on clothand leather loincloth belts and a sleevelessblack cotton tunic embroidered in smallgeometric patterns in bright colours; thiscostume is not worn, however, for the gereol,which is danced bare-chested.Their jewellery decoration consists of cowrynecklaces slung over the shoulders, andaround their necks they wear small leatherreticules which they never remove. Headgear consists of a white cotton turban,a tiara made of leather or silver cabochons,and two or three long ostrich feathers.And thus attired, from sundown untilsunup, and for several days running, theydance the ruumi, the yake, the mosi, the lele-lele… On the last day of the festivities, thegereol takes place, which ends with the elec-tion of “Most Handsome Man of the Year”,chosen by some of the young women. Thenext morning, the families pack up theirbelongings, gather their livestock togetherand go back to their nomadic life, leavingbehind them only footprints in the sand toblow away with the wind…

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The group recorded on this CD is of theGejankoe lineage. It is directed by OrtoudoBermo, a kindly giant over 2 meters tall (6’9”) who has twice won the worso contest, in1995 and 1996. This undoubtedly explainswhy he was chosen as head of the group,because in fact they do not really have adirector in the usual sense of the term. Thisis because decisions involving the entiregroup are usually made collectively, and ifpossible unanimously, after endless andsavoury talk sessions which are watered byan interminable stream of glasses of tea.The members of this lineage, like most ofthe Wodaabe, have lost their herds of cattle,and they divide their time between ChinTabaraden and Niamey transporting cattle,looking after houses in the towns and craf-ting paste jewellery, a technique which theylearned from contact with their Tuaregneighbours. Their decision to perform inpublic now has been motivated by the desi-re to earn the money necessary to replenishtheir livestock, which have died after therepeated droughts.All these recordings are worked out in arelaxed atmosphere, with laughter and thedancers calling out to each other; there areeven moments of uncertainty which haveno effect whatsoever on the performance asa whole. While they are singing or even

dancing, each member appears to have aspace of freedom within a strict framework,and so this performance – and here it isindeed a performance performed for a com-munity proud of the beauty of its young-sters – becomes a moment of hesitant grace,in the image of these youths whose bodiesand still-adolescent faces have not yet rea-ched full maturity.

1. Ruumi, UmmaleeRuumi, from 0’00” till 7’16”This circle dance is not limited to the worsofestivities. The Wodaabe perform it yearround, anytime there is a reunion, and espe-cially at market.The ruumi is composed of two parts, the firstbeing a responsorial song in free metre alter-nating between one or two soloists and achoir of dancers. The soloists, one after theother, toss out long calls on a descendingpentatonic scale, punctuated by the mobilechords of the choir. After several exchanges,the group breaks into a simple melodic for-mula whose rhythm is struck by clappingthe hands. The circle of dancers then startsto turn, very slowly, almost imperceptibly,while the soloists, one by one, go into thecentre to lead the others. The rhythm is generally built over a com-pound 12/8 measure.

The recordings

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Once this is established, it is divided up bet-ween the dancers in several “stacked” partswhich, in being modified, bring out the dif-ferent variations on the basic structure.In the same way, the melodic structure,which is based on a brief repetitive formula,serves as the framework into which areinserted various ornamental figures, callsfrom the soloists, and chords combiningsecond and fourth intervals, with every-thing combining and overlapping to createa kind of sonorous magma which is simulta-neously insistent and perpetually renewed.

Ummalee, from 7’16” to 14”14”The general concept of this line dance,which is reserved for the worso, is quite simi-lar to that of the ruumi, both in melody andrhythm, which explains why the two piecesare linked up without interruption on therecording.

2. Lele-leleThis is another line dance of the worsowhich also begins with an unmeasured pre-lude. At called-out signals from the soloist,the dancers answer with long notes held ina drone upon which are stacked short melo-dic motifs. The dancers sway slightly while

slowly and gracefully raising, then loweringtheir arms in front of them, slightly bendingtheir knees then rising again to a standingposition in a supple movement, the overalleffect being of waves, by means of a kind oftime-lag between dancers. The soloist leads the song, walking ahead ofhis companions, listening carefully to theharmonic mixture of the voices, then hebreaks into a rhythmic formula to which thedancers respond, while they beat the floorwith their feet. One by one each dancercomes forward two steps, then decomposesthe third, slowly, to the limits of balance,before falling back on the other foot andreturning to the line of dancers.

3. YakeWith the gereol, the yake is probably themost well-known of the Wodaabe dances.This is another two-part line dance, but it ischaracterized by extreme slowness and atotal absence of rhythm.The melodic and harmonic structure of thesong is more complex than that of the pre-ceding dances. The first part is pentatonic and purely vocal.It begins with descending calls sung in over-

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lap by one part of the choir, supported onnotes held in drone by the other part. Afterthis, long calls are exchanged by two orthree soloists, and these are then relayed bythe choir.

The second part, directly connected to thefirst one, is tetratonic. It is organized intofour voices (numbered 1 to 4 in the schema-tic transcription which follows), some ofwhich may in turn be subdivided into orna-mental sub-motifs.

The dancers slowly turn their heads to theleft, then to the right, rolling their eyeswhich appear to be larger from the kohl eye-liner. A kind of stylized smile reveals theirteeth, whose whiteness contrasts with theirblack lipstick. In the same movement, theirarms are raised together to chest-level, thenlowered as they slightly bend their knees ina long, rippling wave-motion.

4. MosiThis line dance is the only one in which theyoung women are allowed to participate,albeit discreetly. The responsorial song alternates brief formu-las exchanged between the soloists and thechoir, and is accompanied by hand-clappingand feet-stamping. The dancers positionthemselves one by one in front of the lineformed by their companions, striking theirheels in rhythmic variations in which theyoutdo each other in creative imagination.

5. DororiThe dorori is warlike and announces thegereol. This line dance is somewhat brief incomparison with the others and is essential-ly rhythmic. Moreover, this dance is a para-de which displays the originality of eachindividual as well as the common identityof the group. After a vocal introduction, the dance begins,led by one of the soloists and accompaniedby hand clapping and calls which are shou-ted against the beats. Little by little thetempo accelerates, and the dancers slowlymove closer and closer to each other to end,with a final shout, by rushing into themiddle where the leader is standing.

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6. GereolThis is the last phase of the worso dances,alternating songs, hieratic dance and themimicries of the yake with phases of puredance movement in which the only soundsheard are the stamping of heels and the jin-gling of the bells attached to the dancers’ankles. The basic rhythm, in 12/8, gives rise to amore and more complex series of variationswhich results in the stacking of variousrhythmic patterns that are divided upamong the dancers.While they are dancing, the young men holdtheir lances or small batons in front of themwhile they turn in a circle (the word gereolcomes from the verb yerago, to turn), andthen they return to their place in the line.

When the dance is over, the elders consult asmall group of three or four young womenchosen for the event, and who thenannounce the name of the lucky man whohas been chosen as “most handsome man ofthe year”.

PIERRE BOIS

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NigerPEULS WODAABEChants du worso

NigerWODAABE FULANI

Worso songs

Couverture Wodaabe 29/06/06 15:02 Page 1

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distribution NAÏVE

OP 1998-2004

INEDIT / MCM

Made in France

Collection fondée parSeries founded byFrançoise Gründ

dirigée par / headed byPierre Bois

EnregistrementsMaison des Cultures

du Monde, 1997

NIGER • PEULS WODAABE • Chants du worsoMembres du lignage Gojankoé

NIGER • WODAABE FULANI • Worso songsMembers of the Gojankoé lineage

1. Ruumi & Ummalee 14’14” 2. Lele-lele 5’01” 3. Yake 8’06”4. Mosi 2’43” 5. Dorori 2’10” 6. Gereol 17’41”.

total : 50’04”