Lecture album

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Lecture d’un Album de jeunesse

Enseignante / Dr: Merad- Benouattaf Soumeya

L’album est une forme littéraire, caractérisée par un mode de narration fondé sur l’utilisation conjointe de l’image et du texte (Exception faite pour l’album sans texte).

Ce double langage de l’album ; celui du texte et celui de l’image dont font partie toutes les composantes du livre : sont format, sa couverture, l’alternance des pages, la maquette, la typographie ; rend la lecture très complexe.

L’album s’articule comme suit :

Le texte combine deux niveaux de signification :- langage – niveau linguistique- comment on utilise ce langage -- aspects littéraires.

 L’image combine deux codes forts :

- les signes iconiques qui reproduisent la réalité en jouant sur les codes de la représentation.

- les signes plastiques qui, eux, relèvent d’un travail sur les couleurs, les formes, la composition, la texture…

Dans un album, nous retrouvons souvent ces quatre codes :

- Linguistiques, - littéraires ; - iconiques ; - plastiques.

Les interactions entre ces différents codes changent d’un album à un autre selon le public/lecteur visé. Par exemple, les imagiers s’articulent généralement autour de deux axes : iconique et linguistique.Alors que les albums très novateurs et destinés à un public de jeunes ados (et même adulte) articulent les codes plastiques et littéraires.

Ainsi, dans l'album tout fait sens et tout ce qui est donné à voir donne matière à lecture et à interprétation. Il convient donc de prendre en compte tous les éléments constitutifs de l’album.Pour lire un album, il faut construire un parcours greffé de plusieurs types de lectures.

La première lecture se construit à partir de la forme du livre, il s’agit du format.En parallèle du format se trouvent également tous les décors  paratextuels

- la couverture, - les pages de garde, - la page de titre.

Les pages de garde comme les pages de titres sont de plus en plus le théâtre d’une introduction à la diégèse, au même titre que le format. L’artiste peut même commencer à y raconter son histoire, plongeant directement le lecteur dans son monde et dans son atmosphère.

Le format

« Lorsqu’il s’agit des images d’un livre et de leurs affinités avec le texte, le format est un des premiers points à déterminer.» ELZBIETHA, L’enfance de l’art, Paris, Editions du Rouergue, 1997, p. 82. 

Certains auteurs et illustrateurs choisissent volontairement leur format selon leur projet de fiction ; mais le format peut être imposé par l’éditeur pour des raisons pratiques, économiques ou parce que ce format est l’image commerciale d’une collection. (Donc une partie de la production d’albums ne tient pas compte des relations sémantiques entre format et fiction.)

Le choix d’un format n’est pas anodin, il participe à la création d’un univers à part entière de par les relations sémantiques qui se mettent en place avec la fiction.

« Le format est partie intégrante et capitale d’un ouvrage, il est le territoire de l’action, il en définit les limites.» ELZBIETHA, L’enfance de l’art, Paris, Editions du Rouergue, 1997, p. 128.

Si le format est considéré comme le territoire de l’action, ce support devient donc le troisième constituant des trois dimensions de l’album avec l’image et le texte.

- Les différents types de format : Ie format constitue une première approche du livre. De nos jours tous les formats sont possibles. La fonction de la dimension de l'album est très importante. Le format donne matière à réflexion et participent déjà à l'élaboration d'un horizon d'attente, au même titre que la couverture.

1- Le petit format : il apprivoise le lecteur et crée une intimité avec lui. Et ce type de format impose une lecture singulière.

2 - Le grand format : il a généralement une fonction de mise à distance, le sujet du livre devient un tableau suscitant le rêve et l’évasion, un spectacle que l'on regarde. L’image est de grande facture, et le livre sort du lot et s’impose par son format.

Cet aspect imposant peut accentuer l’effet dramatique.

3 - Le format rectangulaire en hauteur (ou format «à la française») est le plus classique et le plus conventionnel, il permet souvent un juste équilibre texte/image. Le format habituel est plus ou moins proche du format A4 (21 x 29,7 cm), il peut être utilisé pour toutes sortes de fiction. En outre, l’utilisation de la double page permet d’obtenir un format carré ou oblong.

4 - Le format rectangulaire horizontale : Philippe Dumas réinvente ce format en le plaçant dans une « rectangularité horizontale », la reliure sur le dessus. Cela donne un livre à double panorama.

5 - Le format rectangulaire en largeur (ou format «à l'italienne») ou encore OBLONG permet également de traduire une réalité, de la rendre plus sensible. Il illustre une traversée, un chemin et rend compte de la notion de durée. (horizontale, panoramique)

6 - Le format carré : c'est le plus abstrait, le plus moderne ; il permet une concentration du texte et de l'image et de ce fait une concentration du lecteur. Ce format permet également une prise en main aisée par un lecteur-enfant, il facilite les manipulations sollicitées par les mises en page complexes, par exemple le fait de pivoter l’ouvrage pour le lire.

7 - Le format en découpe : C’est un format assez particulier et lié directement à la fiction. Ces albums en découpe ont une forme qui est en lien direct avec l’histoire, voir qui participe à celle-ci. Les fictions sont simples, car il implique de construire le récit ou un discours en images à partir de cette unique forme. Ce sont généralement des albums pour les tout-petits. Exemple : Le bocal de Sushi de Bénédicte Guettier. Où le format reprend la forme d’un bocal de poisson rouge, l’image épouse parfaitement les contours. Le résultat est que le jeune lecteur a l’impression d’observer directement Sushi s’y mouvoir.

La Couverture

La couverture est le premier contact du lecteur avec le livre-objet et le premier regard porté sur les albums se situe au niveau de ses apparences visuelles. La couverture a une fonction d’appel et donc la présence de l’illustration est essentiel. En choisissant un album, le lecteur ne connaît absolument rien à son contenu, il ne peut le découvrir qu’en le lisant ; par contre, les couleurs, les formes, les images et les textes disposés sur une mise en page originale favorisent l’envie de découvrir l’ouvrage.

La couverture est le lieu de toutes les séductions, là où le contact va se nouer ou non entre le lecteur et l’œuvre.

La première de couverture porte les références de l’album, ce sont les éléments écrits sur la couverture : titre, nom auteur, éditeur, collection. C’est la fiche d’identité de l’album.En général, le titre est visible, écrit en grands caractères, au milieu ou en haut. Le nom de l'auteur en haut de page ou sous le titre. L'éditeur et la collection plutôt en bas.

Ces références facilitent la mise en relation du livre avec d'autres livres d'un même auteur, d'une même édition, d'un même genre, d'un même thème : ce sont les premiers éléments d'une culture littéraire.

Rapport titre/illustration

Le titre et l’illustration forment un tout indissociable et annoncent l'histoire. Ainsi, la première de couverture nous donne des informations sur le sujet du livre, nous pouvons la questionner, émettre des hypothèses de lecture sur le sujet du livre : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Et donner des indices sur la tonalité dominante de l’histoire : comique, inquiétant, joyeux …

Il existe trois types de rapports texte/image :

- Rapport redondant : Les informations sont en grande partie redondantes. Le texte et l'image disent la même chose, chacun avec son mode d’expression (l'écrit pour titre et le graphisme pour illustration). (Mais il y a toujours un lien aussiminime soit-il de complémentarité entre les deux car les modes d’expression sont différents.)

Philippe CorentinL’ogre, le loup, la petite fille et le gâteau.PastelTrès forte redondance texte / image.

- Rapport complémentaire : Dans ce cas, les informations du titre et de l'illustration sont complémentaires. Le titre et l'illustration énoncent des choses très différentes : le lecteur doit chercher dans l’illustration des indices qui donnent sens au titre.

Hill et BarrettPrudence !

L'illustration ne semble pas avoir de rapport direct avec le titre, pourtant les indices contenus dans l'image conforte le titre.

- Rapport contradictoire : Dans ce cas, il faut lire le livre pour comprendre le lien qui existe toujours entre le titre et l'illustration. Ici, l'incitation à lire est peut-être la plus forte. La première de couverture synthétise l’album.

BurninghamVeux-tu sortir du bain, Marcelle ?Père Castor FlammarionUn chevalier porte en croupe une petite fille.

Le titre et l’illustration nous informent tous deux sur le sujet du livre. Même si certaines de ces informations sont des hypothèses et n’étant vérifiables qu’après lecture de l’album, il n’en reste pas moins qu’elles sont essentielles pour l’acte de lecture.on reconnaît deux fonctions au titre et à l’illustration :

Les fonctions du titre et de l’illustration

- Une fonction d'informationLa couverture amène certaines questions :

Questions Titre des ouvrages

Qui ? De qui parle-t-on ? Coccinelle, mon amie

Quoi ? De quoi parle-t-on ? La colère d’Arthur.

Où ? Où se passe l’action ?

Les fantômes en Ecosse

Quand ? Quand se passe l’action ?

Train de nuit

Comment ?

ComiqueJoyeux

La soupe au caillouTrès, très fort !

InquiétantMystérieux

MalvinaTout change.

Poétique L’enfant des sables

INQUIETANT

Poètique

Mystérieux

comique

Joyeux

- Une fonction d'incitation à la lecture :

Le premier contact du lecteur avec le livre passe d'abord par la couverture. Elle a une fonction d’appel.