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7/24/2019 La Clef Des Grands Mystres : Suivant Hnoch, Abraham, Herms Trismgiste Et Salomon
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La clef des grandsmystres : suivant
Hnoch, Abraham,Herms Trismgiste etSalomon / par liphas
Lvy (l'abb A.-L. [...]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France
http://www.bnf.fr/http://gallica.bnf.fr/7/24/2019 La Clef Des Grands Mystres : Suivant Hnoch, Abraham, Herms Trismgiste Et Salomon
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Constant, Alphonse (1810-1875). La clef des grands mystres : suivant Hnoch, Abraham, Herms Trismgiste et Salomon / par liphas Lvy (l'abb A.-L. Constant). 1897.
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LA CLEFui: MYSTKHUS IJI- LA NATI.'IOE.
Celle substance est ce qu'Herms Trismgislc
appelle, legrand Telesma. Lorsqu'elle produitla splen-
deur, elle se nomme lumire.C'est celle substance que Dieu cre avant toute
chose lorsqu'il dit : Quela lumire soit.
Elle est la fois substance et mouvement.
C'est un lluide cl une vibration perptuelle.La force qui la met en mouvement el qui lui est
inhrente se nomme magntisme.Dans l'infini, celle substance unique est l'lher ou
la lumire thre.
Dans lesastresqu'elle aimante, elle devient lumire
astrale.
Dans les tres organiss,
lumire ou lluidemagn-tique.
Dansl'homme, elle forme lecorpsastral'ou le mdia-
teurplastique.La volont des tres intelligents agit directement,
sur cette lumire et, par son moyen, sur toute la
nature soumise aux modifications de l'intelligence.Celle lumire est le miroir commun de toutes les
penses et de toutes les formes ;elle garde les imagesde tout cequi at, les reflets des mondes passsel,
par analogie, les bauches des mondes venir. C'est
l'instrument de la thaumaturgie et de la divination,
comme il nous rcsle l'expliquer dans la troisime etdernire partie decet ouvrage.
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LIVRE PREMIER
LES MYSTRES MAGNTIQUES
CHAPITRE PREMIER
LA CLEF DU MESMRISME.
Mesmer a retrouv la science secrte de la nature,il ne l'a point invente.
La substance premire unique et lmentaire dont
il proclame l'existence dans ses aphorismes tait
connue d'Herms et dePylhagore.
Synsius qui la chante dans seshymnes, en avait
trouv la rvlation parmi
les souvenirs platoniciensde l'cole d'Alexandrie :
Mty. T.'J.'{'/., \WJ.o'Zv.
Ttoar, cX'/aos tj.oo'ov..
rtfi y'/'/ G-y.zz'.n'j. -voiy.
XOovo; e^toco7S^.oicx
Iloluoy.'.oy.XiJi'j'. u.ooy.>.q.
V Une seule source, une seule racine de lumire
jaillit ets'panouit.en trois branches desplendeur. Un
souffle circule autour de la terre et vivifie, sous d'in-
nombrables formes, toutes lesparties de la substance
anime.
(Hymnes de
Synsius, hymne 11.)
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CLEF DU MESM1USME. 119
ngatif leur mercure, et ses principes quilibrs
forment cequ'ils ont nomm leur sel.11faudrait donc au lieu du sixime aphorisme de
Mesmer ainsi conu :
L'a matire est indiffrente cire enmouvement
ou tre enrepos.
tablir celui-ci :
La matire universelle est ncessite au mouve-ment par sa double aimantation etcherche fatalement
l'quilibre.Et en dduire les suivants :
La rgularit et. la varit dans le mouvement
rsultent descombinaisons diverses del'quilibre.
Un point quilibr de tous cts reste immobilepour cela mme qu'il est dou de mouvement.
Le fluide est une matire en grand mouvement et
toujours agite par la variation desquilibres.Le solide est la mme matire en petit mouve-
ment ou en repos apparent, parce qu'elle est plus ou
moins solidement quilibre.Il n'est pasde corps solide qui nepuisse immdia-
tement tre pulvris, s'vanouir enfume et devenir
invisible sil'quilibre de sesmolcules venait cesser
tout coup.11n'est pasde corps lluide qui ne puisse devenir
l'instant mme plus dur que le diamant, si l'on pou-vait en quilibrer immdiatement les molcules
constitutives.
Diriger lesaimants, c'est donc dtruire ou crer les
formes, c'est produire eu apparence ou anantir les
corps, c'est exercer la toute-puissance de la nature.
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120 MYSTRES MAGNTIQUES.
Notre mdiateur plastique est un aimant qui attire
ou qui repousse la lumire astrale sous la pression
del volont. C'est un corps lumineux qui reproduitavec la plus grande facilite les formes correspon-dantes aux ides.
C'estle miroir del'imagination. Ce corpssenourrit
de lumire astrale, exactement comme le corps orga-
nique se nourrit des produits de la terre. Pendant le
sommeil il absorbe lalumire astrale par immersion,etpendant laveille, par unesorte derespiration plusou moins lente. Quand se produisent lesphnomnesdu somnambulisme naturel, le mdiateur plastiqueest surcharg d'une nourriture qu'il digre mal. La
volont alors, bien quelie par latorpeur dusommeil,
repousse instinctivement le mdiateur versles organes
pour le dgager, et il sefait uneraction, enquelquesorle mcanique, qui quilibre par le mouvement du
corps la lumire du mdiateur. C'est pour celaqu'ilest si dangereux d'veiller les somnambules ensur-
saut, carie mdiateur
engorg peut se retirer alors
subitement vers le rservoir commun et abandonner
entirement les organesqui se trouvent alors sparsde l'me, ce qui occasionne la mort.
L'tat desomnambulisme, soit naturel, soitfactice,est donc extrmement dangereux, parce qu'en runis-
sant lesphnomnes de la veille ceux du sommeil,il constitue une sorle de grand cart entre deux
mondes. L'amc remuant les ressorts de la vie parti-
culire, tout en se baignant dans la vie universelle,
prouve un bien-tre inexprimable et lcherait volon-
tiers les branches nerveuses quilatiennent suspendue
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CLEF DU MESMKISME. 121
au-dessus du courant. Dans les extases de toutes
sortes la situation est lamme. Sila volont s'y plongeavecun effort passionn ou mme s'y abandonne tout
eniire, le sujet peutrester idiot, paralys oumourir.
Les hallucinations et les visions rsultent de bles-
sures faites au mdiateur plastique et desa paralysielocale. Tantt il cesse de rayonuer et substitue des
images condenses en quelque sorle aux ralitsmontres par la lumire, tantt il rayonne avectropdeforce et se condense en dehors autour dequelque
foyer fortuit cl drgl, comme le sang dans les
excroissances de chair, alors les chimres denotre
cerveau prennent un corps et semblent prendre une
me, nous nous apparaissons nous-mmes radieuxou difformes comme l'idal de nos dsirs ou de nos
craintes.
Les hallucinations tant des rves de personnes
veilles, supposent toujours un tal analogue au
somnambulisme. Mais, eu sens contraire: le somnam-
bulisme c'est le sommeil empruntant au rveil ses
phnomnes; l'hallucination c'est la veille assujettieencore en partie l'ivresse astrale du sommeil.
Nos corps fluidiques s'attirent et serepoussent les
uns lesautres, suivant deslois conformes celles de
l'lectricit. C'est cequi produit lessympathies cl les
antipathies instinctives. Ils s'quilibrent ainsi les unsles autres, et c'est pour cela que les hallucinations
sont souvent contagieuses; lesprojections anormales
changent les courants lumineux ;la perturbation d'un
maladegagne les natures les plus seusilives, un cercle
d'illusions s'tablit et loute une foule yesl facilement
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122 MYSTRES MAGNTIQUES.
entrane. C'est l'histoire des apparitions tranges et
des prodiges populaires. Ainsi s'expliquent les mi-
racles des mdiums d'Amrique et les vertiges destourneurs detables qui reproduisent de nosjours les
extases des derviches tourneurs. Les sorciers laponsavec leurs tambours magiques et lesjongleurs mde-
cins des sauvages arrivent des rsultats pareils pardes
procds semblables
; leurs dieux ou leur diable
n'y sont pour rien.
Les fous et les idiots sont plus sensibles au magn-tisme que les personnes saines d'esprit; on doit en
comprendre la raison: il faut peu de chose pourtourner compltement la tte d'un homme ivre, et
l'on gagne plus facilement une maladie quand tousles organes sont disposs d'avance en subir les im-
pressions el enmanifester les dsordres.
Les 'maladies lluidiques ont leurs crises fatales.
.Toute tension anormale del'appareil nerveux aboutit
la tension contraire suivant les lois ncessaires de
l'quilibre. Un amour exagr se change enaversion,cl toute haine exalte louche de bien prs l'amour ;la raction se fait soudainement avec l'clat el la
violence de la foudre.-L'ignorance alors sedsole ou
s'indigne ;la science se rsigne et se tait.
11 y a deux amours, celui du coeur et celui de
la tte, l'amour du coeur ne s'exalte jamais, il se
recueille el grandit leiilcme.nl travers lespreuvesel les sacrifices; l'amour de la tte purement ner-
veux et passionn ne vit que d'enthousiasme, se
heurte contre tous les devoirs, .traite l'objet aim
en chose conquise, est goste, exigeant, inquiet,
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CLEF DU MESMHISME. 123
tyrannique et trane fatalement aprs lui le suicide
pour catastrophe finale, ou l'adultre pour remde.Ces phnomnes sont constants comme la nature,inexorables comme la fatalit.
Une jeune artiste pleine d'avenir et de courageavait pour mari un honnte homme, unchercheur de
science, un pole auquel elle ne pouvait reprocher
qu'un excsd'amour pour elle, elle l'a quitt en l'ou-
trageant, et depuis elle continue le har. Elle aussi
cependant est unehonnte femme, mais le monde
impitoyable la juge et la condamne. Ce n'est pour-tant pas maintenant qu'elle esl coupable. Sa faute,s'il estpermis de lui en reprocher \\m, c'est d'avoir
d'abord follement el passionnment aim son mari.
Mais, dira-l-on, l'me humaine n'est donc paslibre? Non, elle ne l'est plus ds qu'elle s'aban-
donne au vertige despassions. 11n'y aque la sagesse
qui soit libre, les passions dsordonnes sont le
domaine de la folie, et la folie c'est la fatalit.
Cequenous avons dit del'amour peut se dire aussi
de la religion qui est le plus puissant, mais aussi le
plus enivrant des amours. La passion religieuse a
aussi ses excs et ses ractions fatales. On peut avoir
des extases et des stigmates, comme saint Franois
d'Assise, et tomber 'ensuite dans des abmes de
dbauche etd'impit.Les natures passionnes sont des aimants exalts,
elles attirent ou repoussent avec force.
On peut magntiser de deux manires: premire-
ment, en agissant par la volont, sur le'mdiateur
plastique d'une autre
personne dont la volont elles
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124 MYSTRES .MAGNTIQUES.
actes se trouvent, par consquent, subordonns
celte action.
Secondement, en agissant par la volont d'unepersonne, soit par l'intimidation,* soit par la persua-sion, pour que la volont impressionne modifie
notre gr le mdiateur plastique et les actes de cette
personne.On magntise par le rayonnement, par le contact,
par leregard etpar la parole.Les vibrations de la voix modifient le mouvement
de la lumire astrale el sont un vhicule puissant du
magntisme.Le souffle chaud magntise positivement,.'et le
souffle froid magntise: ngativement.
Une insufflation chaude et prolonge sur la colonnevertbrale, au-dessous du cervelet, peut occasionner
desphnomnes erotiques.Si l'on met la main droite surTatte et la main
gauche sous les pieds d'une personne enveloppe de
laine ou de soie, on la traverse tout entire d'une
tincelle magntique, et l'on peut occasionner unervolution nerveuse dans sonorganisme avec la rapi-dit de la foudre.
Les passes magntiques ne servent qu' diriger la
volont dumagntiseur en la confirmant pardes actes.
Ce sont dessignes et rien de plus. L'acte dela volont
esl exprim et non opr par cessignes.Le charbon enpoudre absorbe etrelient lalumire
astrale. C'est ce qui explique le miroir magique de
Diipolel.Des ligures traces au charbon apparaissent luini-
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CLEF DU MESMRISME. 12o
neuses une personne magntise et prennent pour
elle, suivant la direction donne par la volont dumagntiseur, les formes les plus gracieuses ou. les
plus effrayantes.La lumire astrale ou plutt vitale du mdiateur
plastique absorbe par le charbon, devient toute n-
gative, c'est pourquoi les animaux que l'lectricit
tourmente, comme par exemplcles chats, aiment se rouler sur le charbon. La mdecine utilisera un
jour celte proprit, et les personnes nerveuses ytrouveront un grand soulagement.
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CHAPITRE IL
LA VIE ET LA MORT. LA VEILLE ET LE SOMMEIL.
Le sommeil est une mort incomplte ;la mort esl
un sommeil parfait.
Lanature nous soumet au sommeil pour nous habi-tuer l'ide del mort, et nous avertit, par les rves
de la persistance d'une autre vie.
Lalumire astrale danslaquelle nous plonge le som-
meil est comme un ocan o flottent d'innombrables
images, dbris des existences naufrages, mirages
et reflets de celles qui passent, pressentiments decelles qui vont natre.-'
Notre disposition nerveuse attire nous celles de
ces images qui correspondent notre agitation,
notre'fatigue .spciale,-comme un aimant promen
parmi des dtritus .mtalliques.attirerait et choisirait
surtout la limaille de fer.Les songes nous rvlent la maladie ou lasant, le
calme oul'agitation de notre mdiateur plastique, et,
par consquent aussi, de notre appareil nerveux.
Ils formulent nos. pressentiments par l'analogie des
images.
Car toutes les ides ont un double signe pour nous,relatif noire double vie.
11existe unelangue du sommeil dont il est impos-sible dans l'tal de veille de comprendre et mme de
rassembler les mots.
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LA VIE ET LA MORT. LA VEILLE ET LE SOMMEIL. 27
La langue du sommeil est celle de lanature, hiro-
glyphique dans ses caractres et seulement
rythme,dans ses sons.
Le sommeil peut tre vertigineux ou lucide.
La folie est un tat permanent desomnambulisme
vertigineux.Une commotion violente peut veiller les fous aussi
bien qu'elle peut les tuer.Leshallucinations, lorsqu'elles entranent l'adhsion
de l'intelligence, sont des accs passagers defolie.
Toute fatigue del'esprit provoque le sommeil ;mais
si la fatigue est accompagne d'irritation nerveuse, le
sommeil peut tre incomplet et prendre les caractres
du somnambulisme.On s'endort parfois sans s'en apercevoir au milieu
de la vie relle, etalors, au lieu de penser, onrve.
Pourquoi avons-nous des rminiscences de choses
qui ne nous sont jamais arrives? C'est que nous les
avons rves tout veills.
Ce phnomne du sommeil involontaire et non
senti, traversant tout coup la vie relle, se produit
frquemment chez tous ceux qui surexcitent leur or-
ganisme nerveux par des excs, soi! de travail, soit
de veilles, soit de boisson, soit d'un, rlhisme
quelconque.Les monomanes dorment lorsqu'ils se livrent- des
actes draisonnables et n'ont plus conscience de rien
au rveil.
Lorsque Papavoine fut arrt par lesgendarmes, il
leur dit tranquillement ces paroles remarquables :
Vous prenez l'autre pour moi.
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128 MYSTRES .MAGNTIQUES.
C'tait encore le somnambule qui parlait.
Edgar Po, ce malheureux homme de gnie qui
s'enivrai, a dcrit d'une manire terrible le somnam-bulisme des monomaiies. Tantt c'est un assassin quientend et qui croit que tout le monde entend tra-
vers les dalles du tombeau battre le coeur de sa vic-
time, tantt c'est un empoisonneur qui, force de se
dire: Je suis en sret, pourvu que je n'aille pasme
dnoncer moi-mme, finit par rver tout haut qu'ilse dnonce et se dnonce en effet. Edgar Po lui-
mme n'a invent ni les personnages, ni les faits de
sestranges nouvelles, il les a rvs tout veill, et
c'est pour cela qu'il leur donne si bien les couleurs
d'une pouvantable ralit.
Ledocteur Brire de Doismonl, dans son remar-quable ouvrage sur les Hallucinations, raconte l'his-
toire d'un Anglais, trs raisonnable d'ailleurs, qui
croyait avoir rencontr un homme avec lequel il avait
fait connaissance, qui l'avait men djeuner sa
taverne, puis, l'ayant invit visiter avec lui l'glise
de Saint-Paul, avait tent de le prcipiter duhaut dela tour o ils taient monts ensemble.
Depuis ce moment l'Anglais tait obsd par cet
inconnu que lui seul pouvait voir et qu'il rencontrait
toujours lorsqu'il tait seul et qu'il venait de bien
dner.
Les abmes attirent ; l'ivresse appelle l'ivresse ; lafolie a d'invincibles attraits pour la folie. Lorsqu'unhomme succombe au sommeil, il a en horreur tout
cequi pourrait l'veiller. 11en est de mme des hal-
lucins, des somnambules statiques, des maniaques,
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LA VIE ET LA MORT. LA VEILLE ET LE SOMMEIL. 129
despileptiqueset detous ceux qui s'abandonnent au
dlire d'une passion. Ils ont entendu la musique fa-tale, ils sont entrs dans la danse macabre, et ils se
sentent entrans dans le tourbillon duvertige. Vous
leur parlez, ils nevous entendent plus, vous les aver-
tissez, ils ne vouscomprennent, plus, mais votre voix
les importune; ils ont sommeil du sommeil de la
mort.La mort est un courant qui entrane, un gouffre
qui absorbe, mais du fond duquel le moindre mouve-
ment peut vous faire remonter. La force derpulsiontant gale celle de l'attraction, souvent au mo-
ment mme d'expirer, on se rattache violemment
la vie, souvent aussi par la mme loi d'quilibre, onpassedu sommeil la mort; par complaisance pourle sommeil.
Une nacelle se balance prs des rives du lac. L'en-
fant yentre, l'eau brillante de mille reflets danse au-
tour delui et l'appelle, la chane qui relient le bateau
setend et semble vouloir serompre; un oiseau mer-veilleux s'lance alors du rivage et plane en chantant
sur lesflots joyeux ;l'enfant veut le suivre, il porte la
main la chane, il dtache l'anneau.
L'antiquit avait devin le mystre de la mort at-
trayante et l'avait reprsent dans la fable dTIylas.
Fatigu d'une longue navigation, livras est arrivdansune le lleurie, il s'approche d'une fontaine pour
y puiser de l'eau, un mirage gracieux lui sourit; il
voit unenymphe lui tendre lesbras, les siens s'ner-
vent et ne peuvent retirer la cruche appesantie; la
fracheur de la source l'endort, les parfums durivageClef des >Tands nvslres. 'J
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130 MYSTRES MAGNTIQUES.
l'enivrent, le voil pench sur l'eau comme;un nar-
cisse, dont unenfant en sejouant a bless la tige ; la
cruche pleine retombe au fond et ITylas la suit, ilmeurt en rvant des nymphes qui le caressent, et
n'entend plus la voix d'Hercule qui le rappelle aux
travaux de la vie, et qui parcourt tous les rivages en
criant mille fois :Hylas ! Hylas !
Lue autre fable, non moins touchante, qui sort des
ombres de l'initiation orphique, est celle d'Eurydice
rappele hla vie par les miracles del'harmonie cl de
l'amour, Eurydice, celle sensilive brise lejour mme
de son mariage et qui s'est rfugie dans la tombe
toute frmissante de pudeur! Bientt elle entend la
lyre d'Orphe, et lentement elle remonte vers la lu-
mire; les terribles divinits de l'Erbe n'osent lui
fermer le passage.Elle suit le pote, ou pluloi laposie
qu'elle adore... Mais malheur l'amant s'il changele courant magntique et s'il poursuit son tour d'un
seul regard celle qu'il doit seulement attirer ! l'amour
sacr, l'amour virginal, l'amour plus fort que le tom-beau ne cherche que le dvouement et fuit perdudevant l'gosme du dsir. Orphe le sait, mais un
instant il l'oublie. Eurydice, dans ses blanches pa-rures de fiance, est couche sur le lit nuptial, lui
soussesvlements de grand hirophante ; il est de-
bout, la lyre la main, la tte couronne du lauriersacr, les yeux tourns vers l'Orient et il chante. Il
chante les flches lumineuses de l'amour traversant
les ombres de l'ancien ebaos, les flots de la douce
clart coulant de la-mamelle.-noire de la mre des
dieux, laquelle se suspendent les deux enfants, Eros
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LA VIE ET LA MORT. LA VEILLE ET LE ROMMEIL. 131
et Autros. Adonis revenant la vie pour couter les
plaintes de Vnus et se ranimant comme une fieur
sousla rose brillante de ses larmes ;Castor el Pollux
que la mort n'a pudsunir etqui s'aiment tour tour
dans les enfers et sur la terre... Puis il appelle dou-
cement Eurydice, sa chre Eurydice, son Eurydicetant aime :
Ah! miseram Eurydiccn anima fugicnte vocahat,
Euiydicen ! toto refcrcbant flumine ripa?.
Pendant qu'il chante, cette ple statue quela mort
afaite, se colore des premires nuances de lavie, ses
lvres blanches commencent rougir comme l'aube
du malin... Orphe la voit, il tremble, il balbutie,
l'hymne va expirer sur sabouche, mais elleplit de
nouveau ; alors le grand hirophante tire de salyredes chants dchirants etsublimes, il ne regarde plus
que le ciel, il pleure, il prie, et Eurydice ouvre les
yeux... Malheureux ! ne la regarde pas,chante encore,
n'effarouche pas le papillon de Psych, qui veut sefixer sur celte fleur !... Mais l'insens a vu le regard
delaressuscile,le grand hirophante cde l'ivresse
de l'amant, sa lyre tombe de ses mains, il regarde
Eurydice, il s'lance vers elle... Il la presse dans ses
bras et il la trouve encore glace, sesyeux se sont re-
ferms, seslvres sont plus pales et plus froides que
jamais, la sensilivc a tressailli, el le lien dlical de
l'aine s'est rompu de nouveau et pour toujours. . .
Eurydice est morle etles hymnes d'Orphe ne la rap-
pelleront plus la vie.
Dans notre Doyme et rituel de lahaute mayie, nous
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132 MYSTRES MAr.NTIQUES.
avons os dire quela rsurrection des morts n'es! pasun phnomne impossible dans l'ordre mme de la
nature, et en cela nous n'avons ni-ni-contredit en
aucune manire la loi fatale de la mort. Lue morl qui
peut cesser n'est qu'une llhargieel unsommeil, mais
c'est par la lthargie et le sommeil que la mort com-
mence toujours. L'tal dequitude profonde qui suc-
cde alors auxagitations
delavieemporte
alors l'Ame
dfendue et endormie, onne peut la faire revenir, la
forcer h plonger de nouveau qu'en excitant violem-
ment loulcs ses affections et tous sesdsirs. Quand
Jsus, leSauveur dumonde, tait sur laterre, la terre
tait plus belle et.plus dsirable queleciel, et cepen-
dant il afallu Jsus un cri et une secousse pour r-veiller la fille de Jare. C'est force defrmissements,
et de larmes qu'il a rappel du tombeau son ami
Lazare, tant il est difficile d'interrompre uneme fati-
gue qui dort deson premier sommeil !
Toutefois le visage dela mort n'a pasla mme s-
rnit pour toutes les mes qui le contemplent, lors-
qu'on amanqu le but de savie, lorsqu'on emporteavecsoi desconvoitises effrnes ou des haines inasr
souvies, l'ternit apparat l'me ignorante ou cou-
pable avec de siformidables proportions de douleurs
qu'elle lente quelquefois de serejeter dans la vie mor-
telle. Combien d'mes agites ainsi parle cauchemar
de l'enfer sesont rfugies dans leurs corps glacs et
couverts dj du marbre de la tombe ! Ona retrouv
des squelettes retourns, convulss, tordus, et l'on a
dit: Voici des hommes qui ont t enterrs vivants.
On se trompait souvent, et ce pouvait tre toujours
7/24/2019 La Clef Des Grands Mystres : Suivant Hnoch, Abraham, Herms Trismgiste Et Salomon
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LA VIE ET LA MORT. LA VEILLE ET LE SOMMEIL. 133
des pavesde lamort, des ressuscites de la spulture
qui, pour s'abandonner tout fait aux angoisses duseuil de l'ternit, s'y taient, repris deux fois.
Un magnlisle clbre, M. le baron Dupolcl, en-
seigne dans son livre secrel sur la Mayie qu'on peuttuer parle magntisme comme par l'lectricit. Celle
rvlation n'a rien d'trange pour qui connat bien
lesanalogies de la nature. 11esl certain qu'en dilatantoutre mesure ou en coagulant tout coup lemdia-
teur plastique d'un sujet, on peut dtacher son me
deson corps. 11suffit quelquefois d'exciter chez une
personne une violente colre ou une trop grande
frayeur pour tuer subitement celle personne.
L'usage habituel du magntisme metordinairement
le sujet qui s'yabandonne la merci dumagntiseur.
Quand la communication est bien tablie, quand le
magntiseur peut produire volont lesommeil, l'in-
sensibilit,- la catalepsie, etc., il ne lui en coterait,
qu'un effort de
plus pour amener aussi la mort.
On nous aracont, comme certaine, une histoire
dont nous ne garantissons pas toutefois l'authen-
ticit.
Nous allons la dire parce qu'elle peut tre vraie.
Despersonnes qui doutaient en mme temps de la
religion etdumagntisme, de cesincrdules qui sontprtsfi toutes les superstitions et tous lesfanatismes,avaient dcid prix d'argent une pauvre fille subir
leurs expriences. C'tait unenature impressionnableel nerveuse, fatigue d'ailleurs par les excs d'une
vie plus qu'irrgulire, et dj dgote de l'exis-
tence. On l'endort; on lui commande de voir; elle
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134 MYSTRES MAGNTIQUES.
pleure et se dbat. On lui parle deDieu..., elle trem-
ble de tous'ses membres.
Non, dit-elle, non, il me fait peur ;je ne veuxpasle regarder.
Regardez-le, je le veux.
Elle ouvre alors lesyeux ;sesprunelles sedilatent;elle est effrayante.
Quevoyez-vous?
Je ne saurais le dire. . Oh! degrce, degrce,rveillez-moi !
Non, regardez et dites cequevousvoyez. Jevois une nuit noire dans laquelle tourbillon-
nent des lincelles detoutes couleurs autour de deux
grands yeux qui roulent toujours. De ces yeux sortent
desrayons qui se roulent envrilles et qui remplissenttout l'espace... Oh ! cela me fait mal! veillez-moi !
Non, regardez. O voulez-vous que je regarde encore? Regardez dans le paradis. Non, je ne puis pas ymonter; la grande nuit
me repousse etje retombe toujours. Eh bien !regardez dans l'enfer.
Ici, la somnambule s'agite convulsivement. Non! non ! crie-i-elle en sanglotant, je ne veux
pas; j'aurais le vertige ; je tomberais. Oh! retenez-
moi ! retenez-moi ! Non, descendez. O voulez-vous queje descende? Dans l'enfer. Mais, c'est horrible ! Non, non, je neveux pas
Yaller !
7/24/2019 La Clef Des Grands Mystres : Suivant Hnoch, Abraham, Herms Trismgiste Et Salomon
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LA VIE ET LA MORT. LA VEILLE ET LE SOMMEIL. 135
Allez-y. Grce !
Allez-y, je le veux.
Les traits de la somnambule deviennent terribles
voir; sescheveux sedressent sur satte; ses yeux.(ontgrands ouverts nemontrent que le blanc ;sa poi-trine se soulve et laisse chapper une sorte derle.
Allez-y, je le veux, rple le magntiseur. J'y suis, dit entre sesdents la malheureuse en
retombant puise. Puis elle ne rpond plus; sa tte
inerte penche sur son paule ; ses bras pendent le
long de son corps. On s'approche d'elle ;onlalouche.
On veut trop tard la rveiller; le crime tait fait; la
femme tait morte etles auteurs de celle exprience
sacrilge durent l'incrdulit publique, en matire
demagntisme, de nepastre poursuivis. L'autorit
eut constater un dcs, et lamort fut attribue la
rupture d'un anvrisme. Le corps ne portait d'ailleurs
aucune trace de violence ;on le fit enterrer et tout fut
dit.
Voici une autre anecdote qui nous a l raconte
par des compagnons du tour deFiance.
Deux compagnons logeaient dans la mme aubergeet partageaient la mme chambre. L'un des deuxavait
l'habitude de parler en-dormant et rpondait alorsaux questions que son camarade lui adressait. Une
nuit il pousse tout coup des cris touffs, l'autre
compagnon s'veille et lui demande ce qu'il a. Mais tu ne vois donc pas, dit le dormeur, lu ne
vois donc pascette pierre norme... elle se dtache de
lamontagne... elle tombe surmoi, elle va m'craser.
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131) MYSTRES MAliNTIUES.
Eh bien! sauve-loi!
Impossible, j'ai les pieds embarrasss dans des
ronces qui se resserrent toujours... Ah! au secours!voil... voil la grosse pierre qui vient sur moi.
Tiens, la voil ! dit en riant l'autre compagnon
qui lui lance sur la lte son oreiller pour l'veiller.
Un cri terrible, soudainement trangl dans la
gorge, une convulsion, un soupir, puis plus rien. Le
mauvais plaisant selve, il tire son camarade par le
bras, il l'appelle, il s'effraye son tour, il crie, on
vient avecdela lumire... le malheureux somnambule
tait mort.
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CHAPITRE III.
MYSTRES DES HALLUCINATIONS ET DE L'VOCATION
DES ESPRITS.
Une hallucination est une illusion produite par unmouvement irrgulicr de la lumire astrale.
C'est, comme nous l'avons dit plushaut, le mlangedes phnomnes du sommeil ceux de la veille.
Notre mdiateur plastique aspire et respire la
lumire astrale ou l'me vitale de la terre, comme
notre corps aspire et respire l'atmosphre terrestre.
Or, de mme qu'en certains lieux l'air esl impur et
non respirable, de mme aussi certaines circonstances
phnomnales peuvent rendre lalumire astrale mal-
saine et non assimilable.
Tel air aussipeut
tre trop
vifpour
certaines per-sonnes et convenir parfaitement d'autres, il en est
demme pour la lumire magntique.Le mdiateur plastique ressemble une statue
mtallique toujours enfusion. Si le moule est dfec-
tueux, elle devient difforme; sile moule sebrise, elle
fuit.Le moule du mdiateur plastique c'est la force vitale
quilibre et polarise. Notre corps, parle moyen du
systme nerveux, attire et retient celle forme fugi-tive de lumire spcifie ; mais la fatigue locale ou la
surexcitation partielle de l'appareil peut occasionner .
desdifformits fluidiques.
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138 MYSTRES MAGNT1HUES.
Ces difformits faussent partiellement le miroir de
l'imagination etoccasionnent leshallucinations -habi-
tuelles propres auxvisionnaires statiques.Le mdiateur plastique fait l'image etlaressem-
blance denotre corps, dont il figure lumineusement
touslesorganes, a unevue, un toucher, uneoue, un
odorat et un gol qui lui sont propres; il peut, lors-
qu'il est surexcit, les communiquer par vibrations
l'appareil'nerveux, en sorte que l'hallucination soit
complte. L'imagination semble alors triompher de
la nature mme etproduit des phnomnes vraiment
tranges. Le corps matriel inond de lluide semble
participer aux qualits iluidiques, il chappe aux lois
de lapesanteur,
il devient momentanment invul-
nrable el mme invisible dans un cercle d'hallucins
par contagion. On sait que les convulsionnaires de
Sainl-Mdardse faisaient tenailler, assommer, broyer,crucifier, sans prouver aucune douleur, qu'ils s'enle-
vaient deterre, marchaient la tte enbas,mangeaient
despingles tordues et les digraient.Nous croyons devoir rapporter ici cequenous avons
publi dans lejournal YEstafette, sur les prodiges du
mdium amricain Homeet sur plusieurs phnomnesdu mme ordre.
Nous n'avons jamais t nous-mme tmoin.des
miracles de M; Home, mais nosrenseignements vien-nent des meilleures sources, nous les avons recueillis
dans une maison o le mdium amricain fut accueilli
avecbienveillance lorsqu'il tait malheureux, et avec
indulgence lorsqu'il en vint prendre sa maladie pourun bonheur etpour unefortune. C'est chezunedame
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. 130
ne en Pologne, mais trois fois Franaise par la
noblesse deson coeur, les charmes indicibles de sonesprit el la clbrit europenne de son nom.
La publication de ces renseignements dans YEsta-
fette nous attira alors, sans que nous sachions trop
pourquoi, les injures d'un M. dePne, connu depuis
par son duel malheureux. Nous avons pens alors
la fable de La Fontaine sur le fou qui jetait des pierresun sage. M.de Pne nous traitait deprtre dfroquet de mauvais catholique. Nous nous sommes montr
du moins bon chrtien en le plaignant et en lui par-
donnant, et. comme il est impossible d'tre prtre
dfroqu sans avoir jamais t prtre, nous avons
laiss tomber terre uneinjure qui nenousatteignait
pas.
LES FANTMES A PARIS.
M. Home, la semaine dernire, voulait quitter
encore une fois Paris, ce Paris o lesangesmmes etles dmons, s'ils y apparaissaient en forme quel-
conque, ne passeraient pas longtemps pour des tres
merveilleux, et n'auraient rien de mieux faire quederetourner vite au ciel ou dansl'enfer, pour chapper l'oubli et l'abandon des humains.
M. Home, l'air triste et dsillusionn, prenait donccongd'une noble dame dont le bienveillant accueil
avait t en France un de ses premiers bonheurs.
Mmcde R... fut ce jour-l bonne pour lui, comme
toujours, et voulut le retenir dner; le mystrieux
personnage allait accepter, lorsque quelqu'un tant
venu dire qu'on attendait unkabbaliste connu dans
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140 MYSTRES MAGNTIQUES.
le monde des sciences occultes parla publication d'un
livre intitul : Dogme et rituel de la haute manie*,
M. Home a tout coup chang de visage cl a dclaren balbutiant cl avec un trouble visible qu'il ne pou-vait rester, et que l'approche de ce professeur de
magie lui causait une invincible terreur. Tout cequ'on
put lui dire pour le rassurer fut inutile. Jenejuge
pascet homme, disait-il, je n'affirme pas qu'il soit
bon ou mauvais, je n'en sais rien, mais son atmo-
sphre me fait mal, prs de lui je me sentirais sans
force et comme sans vie. El aprs celte explication,M. Home s'est empress desaluer et de sortir.
Celle terreur des hommes de prestiges, en prsencedes vritables initis la science, n'est pas un fait
nouveau dans les annales de l'occultisme. On peut lire
dans Philostrate l'histoire de la stryge qui tremble eu
coulant venir Apollonius de-Tyanc. Notre admirable
conteur, Alexandre Dumas, a dramatis celte anec-
dote magique dans.le beau rsum de toutes les
lgendes qui devait servir de
prologue
sa
grandepoperomanesque du Juif-Errant. La scne sepasse Corinthe; c'est une noce antique avec ses beaux
enfants couronns de fleurs qui portent les torches
nuptiales et chantent des pilhalames gracieux et tout
fleuris de voluptueuses images comme les posies de
Catulle. La fiance est belle,
dans ses chastes dra-
peries, comme la Polymnie antique; elle est amou-
reuse et dlicieusement provocante dans sa pudeurcomme une Vnus du Corrge ou une Grce de
1. Gcnuer Baillirc, 17, rue de rcole-de-Mdecine.
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. 141
Canova. Celui qu'elle pouse est Clinias, un disciple
du clbre Apollonius de Tyane. Le matre a promisdevenir la noce de son disciple, mais il ne vient
pas, et la belle fiance respire plus l'aise, car elle
redoute Apollonius. Cependant la journe n'est pasfinie. L'heure du lit nuptial eslarrive, cl tout coupMro tremble, plit, regarde obstinment duct de
la porte, tend la main avec pouvante et dit d'unevoix trangle: Le voici ! c'est, lui! C'est Apol-lonius en effet. Voici le mage, voici le matre ;l'heure
des enchantements est passe, les prestiges tombent
devant la vraie science. On cherche labelle pouse,la blanche Mro, et l'on ne voit plus qu'une vieille
femme, la sorcire Canidie, la mangeuse de petitsenfants. Clinias est dsabus, il remercie sonmatre;il est sauv.
Le vulgaire s'est toujours tromp sur la magie, et
confond les adeptes avec les enchanteurs. La vraie
magie, c'est--dire la science traditionnelle des
mages,est l'ennemie mortelle des enchantements ; elle em-
pche ou fait cesser les faux miracles, hostiles la
lumire et fascinateurs d'un petit nombre detmoins
prpars ou crdules. Le dsordre apparent dans les
lois de la nature est un mensonge ; ce n'est donc pas
une merveille. La merveille vritable, le vrai prodige'toujours clatant, aux yeux de tous, c'est l'harmonie
toujours constante des effets et des causes: ce sont
les splendeurs de l'ordre ternel !
Nous ne saurions dire si Cagliostro et fait des
miracles devant Swedenborg, mais il et certainement
redout la prsence de Paracelse et de Henri Khun-
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142 MYSTRES MAGNTIQUES.
ralh, si ces grands hommes eussent l sescontem-
porains.
Loin de nous cependant la pense de dnoncerM. Home comme un sorcier de bas tage, c'est--
dire comme un charlatan. Le clbre mdium am-
ricain est doux et naf comme un enfant. C'est un
pauvre tre tout sensilif, sansintrigue et sans dfense;il esl.le jouet d'une force terrible qu'il ignore, et la
premire de sesdupes, c'est bien certainement lui.
L'lude destranges phnomnes qui se produisentautour de cejeune homme est de la plushaute impor-tance. Il s'agit de revenir srieusement sur les dn-
gations trop lgres du xvnie sicle, et d'ouvrir devant
la science et devant la raison des horizons moins
troits queceux d'une critique bourgeoise qui nie tout
cequ'elle ne sait pasencore expliquer. Les faits sont
inexorables, et la vritable bonne foi ne doit jamaiscraindre deles examiner.
L'explication de ces faits que toutes les traditions
s'obstinaient affirmer etqui
sereproduisent
devant
nous avec une gnante publicit, celle explication,ancienne comme ls faits eux-mmes, rigoureusecomme lesmathmatiques, mais tire pour lapremirefois des ombres o la cachaient les hirophantes de
tous les ges,serait ungrand vnement scientifique,sielle
pouvait obtenir assezde lumire et de
publicit.Celvnement, nous allons le prparer peut-tre, car
on ne nous permettrait pas l'espoir audacieux de
l'accomplir.Voici d'abord les faits dans toute leur singularit.
Nous les avons constats et nous les rtablissons avec
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MYSTRES UES HALLUCINATIONS. ETC. 143
unerigoureuse exactitude en nous abstenant d'abord
de toute explication et de tout commentaire.M. Home est sujet des extases qui le niellent,
selon lui, en. rapport directement avec l'me de sa
mre, et, par l'entremise de celle-ci, avecle monde
entier desesprits.11 dcrit, comme lessomnambules
de Cahagnel, des personnes qu'il n'a jamais vues et
que'reconnaissent ceux qui les voquent ; il vous dirammeleur nom elrpondra deleur parla desquestions
quine peuvent tre comprises quedes mes voqueset devous seuls.
Lorsqu'il est dans un appartement, desbruits inex-
plicables s'y font entendre. Des coupsviolents reten-
tissent sur lesmeubles et danslesmurailles ;quelque-fois lesportes et les fentres s'ouvrent comme si elles
taient poussespar une tempte :on entend mme au
dehors le vent et la pluie, onsort, le ciel est sans nuage,et l'on ne sent pasle plus lger souffle devent.
Les meubles sont soulevs etdplacs
sansqueper-sonney touche.
Des crayons crivent d'eux-mmes. Leur criture
est celledeM. Home, et ils font les mmes fautes quelui.
Les personnes prsentes se sentent toucher et
saisir par des mains invisibles. Ces contacts, quisemblent, choisir les dames, manquent desrieux, el
parfois mme de convenance, dans leur application.Nouspensons qu'on nous comprend assez.
Des mains visibles eltangibles sortent ou paraissentsortir des labis, mais il faut pour celaqueles tables
soient couvertes. Il faut l'agent invisible certains ap-
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1-J4 MYSTRES MAGNTIQUES.
prts, comme il en faut aux plus habiles successeurs
deRobert Iloudin.
Ces mains se mollirent surtout dans l'obscurit;elles sont chaudes et phosphorescentes ou froides et
noires. Elles crivent des niaiseries ou touchent du
piano ;el lorsqu'elles ont touch au piano il faut faire
venir l'accordeur, leur contact tant toujours fatal
lajustesse del'instrument.
Un personnage des plusrecommandables del'Angle-terre entre autres, sir Edward Rulwer Lylton, a vu et
louch ces mains : nousen avons lul'attestation crite
et signe par lui. 11dclare mme les avoir saisies et
et tires lui detoute saforce, pour faire sortir de son
incognito le bras
quelconque auquel elles devaient
naturellement serattacher. Mais la chose invisible a
tplus forte que le romancier anglais, et les mains
lui ont chapp.Ungrand seigneur russe, qui at le protecteur de
M. Home et dont le caractre et la bonne foi ne
sauraient tre l'objet du moindre doute, le comteA. R..., a vu lui aussi et saisi vigoureusement les
mair? mystrieuses. C'taient, a-t-il dit, des formes
parfaites de mains humaines, chaudes et vivantes ;
seulement on n'y sentait pas d'os. Serres par une
treinte invitable, ces mains n'ont pas lutt pour
s'chapper, mais elles ont diminu, se sont fonduesen quelque sorle, el le comte a fini par ne plus rien
tenir.
D'autres personnes qui ont vuet louch ces mains
disent queles doigts en sont boursoufls etraides, et
lescomparent desgants decaoutchouc gonfls d'un
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MYSTERES DES HALLUCINATIONS, ETC. 14n
air phosphorescent et chaud. Parfois, au lieu de
mains, ce sont des pieds qui se produisent, jamais,toutefois^ dcouvert. L'esprit qui manque probable-ment de chaussure respecte du moins en ceci la dli-
catessedesdames, etnemontre jamais son pied quesousune draperie ou sous un linge.
L'apparition de ces pieds fatigue et pouvante beau-
coup M. Home. 11cherche alors se rapprocher dequelque personne bien portante, il la saisit comme
s'il craignait dese noyer; et la personne ainsi saisie
par le mdium se sent tout coup dans un tat
singulier d'puisement et dedbilitation.
Un gentilhomme polonais qui assistait une des
sancesde M. Home avait plac terre entre ses
piedsun crayon sur un papier, et il avait demand un
signe de la prsence de l'esprit. Pendant quelquesinstants rien ne remua. Mais tout coup le crayonfut lanc l'autre bout de l'appartement. Le gentil-homme sebaissa, prit le papier et y vit trois signes
cabalistiques auxquels personne ne comprit rien.
M. Home seul parut, en les voyant, prouver une
grande contrarit et manifesta une certaine frayeur ;mais il refusa des'expliquer sur la nature et lasignifica-tion de cescaractres. On les gardadonc et on les porta ce
professeur dehaute
magie dont le mdium avait
tant redout l'approche. Nous les avons vus et en
voici la minutieuse description.Ils taient tracs avec force et le crayon avait
presque coup le papier.Ils taient jets sur la feuille sans ordre et sans
alignement.Clef des grands mystres 10
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146 MYSTRES MAGNTIQUES.
Le premier tait le signe que les initis gyptiens
plaaient ordinairement lamain de Typhon. Un tau
double trait vertical ouvert en forme de compas,une croix anseayant enhaut un anneau circulaire;
au-dessous de l'anneau uu double trait horizontal,sous le double trait horizontal un double trait obliqueen forme de V renvers.
Le second caractre reprsentait une croix de
grand hirophante avec les trois traverses hirar-
chiques. Ce symbole qui remonte la plus haute
antiquit est encore l'attribut de nos souverains
pontifes et termine-l'extrmit suprieure de leur
bton pastoral. Mais le signe trac par le crayon avait
cela departiculier que
la branchesuprieure,
la tte
de la croix, tait double et formait encore le terrible
V lyphonien, le signe de l'antagonisme et de la
sparation, le symbole de la haine et du combat
ternel.
Le troisime caractre tait celui queles F..Maons
nomment la croix philosophique, une croix quatrebranches galesavec unpoint danschacun des angles.
Mais, au lieu dequatre points, il yenavait seulement
deux, placsdans les deux angles dedroite, encore un
signe de lutte desparation el de ngation.Le professeur, qu'on nous permettra dedistinguer
ici du conteur el de nommer la troisime personne,
pour ne pas fatiguer nos lecteurs en ayant l'air deleur
parler de nous, le professeur donc, matre EliphasLvi, adonn aux personnes runies dans le salon de
madame de IL.., l'explication scientifique des trois
signatures, et voici cequ'il en'a dit:
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. 147
Cestrois signesappartiennent la srie deshiro-
glyphes sacrs et
primitifs connus seulement des
initis du premier ordre, le premier estla signature de
Typhon. 11exprime le blasphme de cet esprit du mal
entablissant le dualisme dans le principe crateur.
Car la croix anse d'Osiris est un lingam renvers, et
reprsente la force paternelle et active de Dieu (laligne
verticale sortant ducercle) fcondant la nature passive(laligne horizontale). Doubler la ligne verticale c'est
affirmer quelanature a deux pres ;c'est mettre l'adul-
trelaplace de la maternit divine, c'est affirmer, au
lieu du premier principe intelligent, la fatalit aveugle
ayant pour rsultat le conflit ternel des apparences
dans le nant; c'est donc le plus ancien, le plusauthentique et le plus terrible detous les stigmates de
l'enfer. Il signifie le dieu athe, c'est la signature de
Satan.
Celle premire signature est hiratique et se rap-
porte aux caractres occultes du monde divin.
La seconde appartient aux hiroglyphes philoso-phiques, elle reprsente la mesure ascensionnelle de
l'ide et l'extension progressive de la forme.
C'est un triple tau renvers, c'est la pense hu-
maine affirmant tour tour l'absolu dans les trois
mondes, et cet absolu se termine ici par une fourche,
c'est--dire par le signe dudoute elde l'antagonisme.Ensorle que, sile premier caractre veut dire : // n'ya pas deDieu, celui-ci a pour signification rigoureuse :
La vrit hirarchique n'existe pas.Le troisime, ou la croix philosophique, a t dans
toutes les initiations le symbole de la nature cl de ses
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148 MYSTRES MAGNTIQUES.
quatre formes lmentaires, les quatre points repr-sentent les quatre lettres indicibles et incommuni-
cables du ttragramme occulte, cette formule ter-
nelle dugrand arcane G.*. A.\
Les deux points de droite reprsentent la force,ceux degauche figurent l'amour, et les quatre lettres
doivent se lire de droite gauche en commenant
par le haut
droite, et en allant de l
la lettre du
bas gauche, et ainsi pour les autres en faisant la
croix deSaint-Andr.
La suppression des deux points degauche exprimedonc la ngation de la croix, la ngation de la mis-
ricorde etdel'amour.
L'affirmation du rgne absolu de la force, et deson antagonisme ternel, de haut enbaset debasen
haut.
La glorification de la tyrannie et del rvolte.
Le signe hiroglyphique du vice immonde qu'on a
eu tort ou raison de reprocher aux Templiers, c'est le
signe dudsordre et du dsespoir ternels.
Telles sont donc les premires rvlations de la
science cache des mages sur ces phnomnes de
manifestations extra-naturelles. Maintenant, qu'ilnous soit permis de rapprocher de ces signatures
tranges d'autres apparitions contemporaines d'cri-tures phnomnales, car c'est un vritable procs quela science doit instruire avant de le porter au tribunal
de la raison publique. Il ne faut donc ddaigneraucune recherche ni aucun indice.
Dans lesenvirons deCaen, Tilly-sur-Seulles, une
srie de faits inexplicables seproduisait, il ya quel-
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. 149
.ques annes, sous l'influence d'm mdium ou d'un
extatique nomm Eugne Vintras.Certaines circonstances ridicules et un procs en
escroquerie firent bientt tomber dans l'oubli et
mme dans le mpris ce thaumaturge, attaqu d'ail-
leurs avec violence dans des pamphlets dont les au-
teurs taient d'anciens admirateurs de sadoctrine,
car le mdium Vintras se mle de dogmatiser. Une
chose pourtant est remarquable dans les invectives
dont il est l'objet: c'est que sesadversaires, tout en
s'efforant de le fltrir, reconnaissent la vrit de ses
miracles et secontentent deles attribuer au dmon.
Quels sont donc les miracles si
authentiques de
Vintras ?Nous sommes sur ce sujet mieux renseign
que personne, comme bientt onva le voir. Des procs-verbaux signs par des tmoins honorables, par des
artistes, par desmdecins, par des prtres, d'ailleurs
irrprochables, nous ont t communiqus; nous
avons questionn des tmoins oculaires, et, mieuxque cela, nous avons vu. Les choses mritent d'tre
racontes avecquelques dtails.
Il existe Paris un crivain au moins excentriquenomm M. Madrolle. C'est un vieillard dont la famille
et les relations sont honorables. Il acrit d'abord
dans le sens catholique le plus exalt, areu les en-couragements les plus flatteurs de l'autorit ecclsias-
tique et mme des brefs mans du saint-sige,
puis il a vu Vintras; el, entran par le prestige de
sesmiracles, il esl devenu un sectaire dtermin et
un ennemi irrconciliable de la hirarchie et du
clerg.
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loO MYSTRES MAGNTIQUES.
A l'poque o Eliphas Lvi faisait paratre son
Dogme etrituel de la haute magie, il reut une bro-
chure de M. Madrollc qui Tlonna. L'auteur y soute-
nait hautement les paradoxes les plus inous dansle
si vie dsordonn des exlaliques. La vie pour lui suffi-
sait l'expiation des plus grands crimes, puisqu'elletait laconsquence d'un arrt demort. Leshommes
les plus mchants,
tant lesplus
malheureux de
tous, lui paraissaient offrir Dieu une expiation
plus sublime. Il s'emportait contre toute rpressioncl contre toute damnation. Une religion qui damne,
s'criait-il, est une religion damne ! Puis il prchaitla licence la plus absolue sous prtexte decharit, et
s'oubliait jusqu' dire que l'acte d'amour le plus im-parfait et le plus rprhensible en apparence calait,
mieu.v quelu meilleure des prires. C'tait le marquisde Sade devenu prdicateur. Puis il niait le diable
avec unemportement parfois plein d'loquence. Concevez-vous, disait-il, un diable que Dieu
tolre, que Dieu autorise! Concevez-vous davan- lage un Dieu qui a fait le diable et qui le laisse
.s'acharner sur des cratures dj si faibles et si
promptes se tromper! Un Dieu du diable enfin, second, prvenu et peine surpassdans ses ven-
geances par un diable de Dieu!... Le reste de la
brochure tait de la mme force. Le professeur de
magie fut presque effray et se fit donner l'adresse de
M. Madrollc. Cene fut pas sansquelque peine qu'il
parvint jusqu' ce singulier pamphltaire, et voici
quelle fut peu prs leur conversation :
liphas Lvi.
Monsieur, j'ai reu de vous une
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. loi
brochure. Je viens vous remercier de cet envoi et
vous entmoigner en mme temps mon tonnementet mon chagrin.
M. Madrollc. Votre chagrin, Monsieur !Veuillez
vous expliquer, je ne vous comprends pas. Je regrette vivement, Monsieur, de vous voir
commettre des fautes dans lesquelles je suis tomb
autrefois moi-mme. Mais j'avais du moins alorsl'excuse de l'inexprience et de la jeunesse. Votre
brochure manque de porte parce qu'elle manque de
mesure. Votre inicii'ion tait sans doute deprotestercontre des erreurs dans la croyance, contre desabus
dans la morale ;et il se trouve que c'est la croyancemme el la morale que vous attaquez. L'exaltation
qui dborde dans votre pelil crit doit mme vous faire
le plus grand tort, el quelques-uns devos meilleurs
amis ont d concevoir des inquitudes sur l'tat de
votre sant....
Eh, sansdoule!onaditelonditencorequejesuisfou. Mais ce n'esi pas d'aujourd'hui que les croyantsdoivent subir la folie de la croix. Je suisexalt, Mon-
sieur, parce quevous le seriez vous-mme ma place,
parce qu'il est impossible de rester froid en prsencedes prodiges....
. Oh! oh! vous parlez de prodiges, ceci m'in-tresse. Voyons, entre nous et de bonne foi, de quels
prodiges s'agit-il? Eh.! dequels prodiges, sinon de ceux du grand
prophte Elie, revenu sur la terre sous le nom de
Pierre Michel.
J'entends-; vous voulezdire Eugne Vintras. J'ai
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152 MYSTRES MAGNTIQUES.
entendu parler deses oeuvres. Maisfait-il vraiment des
miracles?
(Ici M. Madrolle fait un bond sur sachaise,lve lesyeux elles mains auciel, et finit par sourire avec une
condescendance qui ressemble une profonde piti.) S'il fait desmiracles, Monsieur !
Mais les plus grands !...
Les plus tonnants!...
Les plus incontestables !...Lesplus vrais miracles qui se soient faits sur la terre
depuis Jsus-Christ!... Comment! des milliers d'hos-
ties apparaissent sur des autels o il n'y en avait au-
cune, le vin monte dans descalices vides, et cen'est
pasune illusion, c'est du vin, un vin dlicieux... des
musiques clestes se font entendre, des parfums de
l'autre moude se rpandent.... etenfin du sang... un
vrai sang humain (desmdecins l'ont examin !) un
vrai sang, vous dis-je, suinte et parfois ruisselle des
hosties eny laissant des caractres mystrieux! Je
vous dis l ceque j'ai vu, ce que j'ai entendu, ce quej'ai touch, ce que j'ai got! cl vous voulez que jereste froid devant une autorit ecclsiastique quitrouve
pluscommode de nier tout qued'examiner lamoindre
chose !... Permettez, Monsieur ;c'est en matire de reli-
gion surtout quel'autorit ne peut jamais avoir tort...Enreligion, le bien c'est lahirarchie, et le mal c'est
l'anarchie; quoi se rduirait en effet l'influence du
sacerdoce, si vous posezenprincipe qu'il faut encroire
au tmoignage de ses sens plutt qu'aux dcisions
de l'glise? L'glise n'esl-clle pas plus visible que
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MYSTRES DES HALLUCIMATIONS, ETC. 133
tous vos miracles? Ceux qui voient des miracles et
qui nevoient pas l'glise sont bien plus plaindreque des aveugles, car il ne leur reste pas mme la
ressource de se laisser conduire... Monsieur, jesais comme vous ces choses-l. Mais
Dieu nepeut pastre en dsaccord avec lui-mme. Il ne
peut pas permettre que la bonne foi soit trompe, et
l'glise mme ne saurait dcider queje suis aveuglequand j'ai des yeux ... Tenez, voici cequ'on lit dans
les lettres de JeanIfuss, lettre quarante-troisime vers
la fin :
Un docteur m'a dit : En toute choseje mesouniel-
trais auconcile, tout alors seraitbon ellgitime pour moi. Il ajouta:.Si le concile disait que vous n'avez qu'un oeil, quoique vous enayezdeux, encore fau-
drail-il dire que le concile n'apastort. Quand le
monde entier, rpondis-je, affirmerait une telle
chose, aussi longtemps quej'auraisl'usage de marai-
son,je
nepourrais
en convenir sans blesser ma cons-
ciencc. Je vous dirai comme Jean Huss: Avant qu'il
y ait une Eglise et desconciles, il y a une vrit et
une raison.
Je vousarrte, mon cher Monsieur. Voustiezca-
tholique autrefois, vous ne l'tes plus; lesconsciences
sont libres. Je vous reprsenterai seulement quel'institution de l'infaillibilit hirarchique enmatire
dedogme estbien autrement raisonnable el bien plusincontestablement vraie que tous les miracles du
monde. D'ailleurs, que ne doit-on pas faire pourconserver la paix! Croyez-vous que Jean Hussn'eut
past un plus grand homme s'il eut sacrifi un de
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154 MYSTRES MAGNTIQUES.
ses yeux laconcorde universelle, plutt qued'inonder
l'Europe desang! Oh! Monsieur, que l'Eglise dcide
quand ellevoudra que jesuisborgne ;jene lui demande
qu'une grce, c'est deme dire dequel oeil,afin quejepuisse fermer celui-l etregarder del'autre avec uneorthodoxie irrprochable !
J'avoue que je ne suis pas orthodoxe votre
manire.
Je m'en aperois bien. Mais venons aux pro-
diges! Vous les avez donc vus, touchs, sentis, go-
ts; mais voyons, exaltation part, veuillez m'en
raconter im bien dtaill, bien circonstanci, et quisurtout soit videmment un miracle. Suis-je indiscret
euvous demandant cela?Pas le moins du monde ;maislequel choisirai-je?il y en a tant !
Tenez, ajouta M. Madrollc aprs un moment de r-
flexion et avec unlger tremblement d'motion dans
la voix, le prophte est Londres et nous sommes ici.
Eh bien ! si vous demandiez par la pense seulementau prophte de vous envoyer immdiatement la
communion, etsi, un endroit dsign par vous, chez
vous, dans un linge, dans un livre, vous trouviez en
rentrant unehostie, que diriez-vous?Je dclarerais cefait inexplicable par lesmoyens
ordinaires de la critique. Eh bien ! Monsieur, s'crie alors M. Madrollc
tout triomphant, voil pourtant ce qui m'arrive sou-
vent; quand je veux, c'est--dire quand je suis pr-
par et quand j'espre en tre digne! Oui, Monsieur,
je trouve l'hostie quand je la demande: je la trouve
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. lo5
relle, palpable, mais souvent orne depetits coeurs
miraculeux qu'on croirait peints par Raphal.EliphasLvi, qui se sentait mal l'aise pour discuter
des faits auxquels se mlait une sorte de profanationdes choses les plus rvres, prit alors cong de
l'ancien crivain catholique et sortit en mditant sur
l'trange influence de ce Vintras, qui avait ainsi
boulevers cette vieille croyance et celte vieille ttede
savant.
Quelques jours aprs, le cabalisle liphas fut rveill
de grand matin par un visiteur inconnu. C'tait un
homme cheveux blancs, tout habill de noir, la
physionomie d'un
prtre extrmement
dvot, en
somme l'air tout fait respectable.Cet ecclsiastique tait muni d'une lettre de recom-
mandation ainsi conue :
Cher matre,
Je vous adresse un vieux savant qui veut bara- gouiuer avec vousl'hbreudela sorcellerie. Recevez-
le comme moi-mme (je veux dire comme moi-
temme je l'ai reu), en vous en dbarrassant le mieux
quevous pourrez. Tout vous en la sacro-sainle Kabbale.
Al). Di;S13AHROLLKS.
Monsieur l'abb, dit en souriant Eliphas aprsavoir lu, je suis tout voire service et je n'ai rien
refuser l'ami qui m'crit, vous avez donc vumon
excitent disciple Desbarrolles?
Oui, Monsieur, elj'ai trouvenlui un homme bien
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156 MYSTRES MAGNTIQUES.
aimable et bien savant. Vous et lui, je vous crois
dignes dela vrit qui s'est nouvellement manifeste
pard'tonnants miracles etparles rvlations positivesde l'archange saint Michel.
Monsieur, vous nous faites honneur. Le cher
Desbarrolles vous a donc tonn par sa science ? Oh! certes, il possde un degr bien remar-
quable les secrets de la chiromancie ; sur la seule
inspection de ma main, il m'a presque racont toutel'histoire de mavie.
Il en est bien capable. Mais est-il entr dansde
grands dtails ? Assez, Monsieur, pour me convaincre de ses con-
naissances extraordinaires.
Vous a-t-il dit que vous tes l'ancien cur de
Mont-Louis, dans le diocse de Tours? Quevous tes
le disciple leplus zl del'extatique Eugne Vintras ?
Et quevous vous nommez Charvoz?
Ce fut un vritable coupde thtre : le vieux prtre, chacune de ces trois phrases, avait fait unbond sur sa
chaise. Lorsqu'il entendit, son nom, il plit et se leva
comme si unressort, en sedtendant, l'avait pouss. Vous tes donc vraiment un magicien ? s'cria-
l-il. Charvoz est bien mon nom, mais ce n'est pascelui que je porte ;je me fais appeler La-Paraz...
Jele sais. La-Paraz est le nom de voire mre.
Vous avezquitt, Monsieur, une position assez en-
viable: celle d'un cur de canton cl un bien charmant
presbytre, pour partager l'existence agite d'un
sectaire... Dites d'un grand prophte !
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. 457
Monsieur, je crois parfaitement votre bonne
foi. Mais vous me permettrez d'examiner un peu lamission et le caractre de votre prophte.
Oui, Monsieur, l'examen, le grand jour, la lu-
mire de la science, voil ceque nous demandons.
Venez Londres, Monsieur, et vous verrez! Les mi-
racles sont enpermanence.
Voulez-vous, Monsieur, me donner d'abordquelques dtails exacts et consciencieux sur les mi-
racles? Oh ! tant qu'il vous plaira.Et aussitt, levieux prtre de raconter des choses
que tout le monde et trouves impossibles, mais
qui ne firent pas mme sourciller le professeur dehaute magie.
Ainsi, par exemple :
Un jour, Vintras, dans un accs d'enthousiasme,
prchait devant son autel htrodoxe ; -vingt-cinq
personnes assistaient ce prche. \]n calice vide
tait sur l'autel, calice bien connu de l'abb Charvoz;il l'avait apport lui-mme de son glise de Mont-
Louis, et il tait parfaitement certain que ce vase
sacr n'avait ni conduits mystrieux ni double fond. Pour vous prouver, dit Vintras, que c'est Dieu
lui-mme qui m'inspire, il me fait connatre que le
calice va se remplir desgouttes de son sang sous les
apparences du vin, et tous vous pourrez goter le
produit desvignes del'avenir, duvin quenous devons
boire avec le Sauveur dans le royaume de son pre... Saisi d'lonnement el de crainte, continue
l'abb Charovz, je moule l'autel, je prends le calice.
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158 MYSTRES MAGNTIQUES.
j'en regarde le fond :il tait entirement vide. Je le
renverse devant tout lemonde, puis je reviens m'age-
nouiller.au pied de l'autel, tenant le calice entremes deux mains... Tout coup un lger bruit, celui
d'une goutte d'eau qui serait tombe du plafond dans
le calice se fil entendre distinctement, el une gouttede vin apparut au fond du vase.
Tous les yeux setournent vers moi, on regarde le
plafond, car notre simple chapelle tait tendue dansune pauvre chambre; il n'y avait au plafond ni trou ni
fissure, onnevoyait rien tomber, el pourtant lebruit
de la chiite des gouttes se-mullipliait plus rapide et
plus press... et le vin moulait du fond du calice vers
le bord.
Quand le calice fut plein, je le promenai lente-
ment sous les regards de l'assemble, puis le pro-
phte y trempa seslvres, el tous, l'un aprs l'autre,
gotrent le vin miraculeux. Aucun souvenir de
saveur dlicieuse quelconque ne saurait en donner
l'ide...
Et quevous dirai-je, ajouta l'abb Charvoz, de ces
prodiges desang qui nous tonnent tous les jours.Des milliers d'hosties blesses et sanglantes se rfu-
gient sur nos autels. Les stigmates sacrs appa-raissent devant tous ceux qui veulent les voir. Les
hosties, blanches d'abord, se marbrent lentementde caractres et de co3iirs ensanglants... Eaul-il
croire que Dieu abandonne aux prestiges du dmon
les choses les plus saintes? ou plull ne faut-il pasadorer et croire qu'elle, esl venue l'heure de la su-
prme el dernire rvlation.
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. 159
L'abb Charvoz, en parlant ainsi, avait dans la
voix celle sorle de tremblement nerveux qu'liphasLvi avait dj remarqu chez M. Madrolle. Le ma-
gicien secouait la tte d'un air pensif; puis tout
coup : Monsieur, dit-il l'abb, vous avez sur vous une
ouplusieurs de ces hosties miraculeuses. Soyez assez
bon pour me les montrer. Monsieur... Vous en avez, je le sais; pourquoi essayeriez-
vous de le nier? Je ne le nie pas, dit l'abb Charvoz ; mais vous
me permettrez de ne pas exposer aux investigations
de l'incrdulit les objets de la croyance la plus sin-cre et la plus dvoue.
Monsieur l'abb, dit gravement Eliphas, l'incr-
dulit est la dfiance d'une ignorance presque sre
de se tromper. La science n'est pas incrdule. Je
crois d'abord votre conviction, puisque vous avez
accept une vie deprivation et mme de rprobationpour celle malheureuse croyance. Montrez-moi donc
vos hosties miraculeuses etcroyez tout mon respect
pour les objets d'une sincre adoration.Eh bien ! dit l'abb Charvoz aprs avoir encore
un peuhsit, je vais vous les montrer.
Alors il dboulonna le haut de songilet noir el liraun petit reliquaire d'argent devant, lequel il se mit
genoux avec des larmes dans les yeux et des priressur les lvres ;Eliphas se mit genoux prs delui, ell'abb ouvrit le reliquaire.
H yavait dans le reliquaire trois hosties, l'une en-
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100 MYSTRES MAGNTIQUES.
tire, les deux autres presque en pte et comme p-tries avecdusang.
L'hostie entire portait son centre un coeur enrelief des deux cts;un grumeau de sang moul en
coeur, et qui semblait s'tre form dans l'hostie
mme d'une manire inexplicable. Lesangn'avait putre appliqu par dehors, car la coloration par imbi-
bilion avait laiss blanches les parcelles adhrentes
la surface extrieure. L'apparence du phnomnetait la mme des deux cts. Le matre de magie fut
pris d'un tremblement involontaire.
Celte motion n'chappa pas au vieux cur qui,
ayant ador encore une fois el serr son. reliquaire,tira desapoche un album et le remit sans rien dire
Eliphas. C'taient des copies de tous lescaractres
sanglants observs sur les hosties depuis le commen-
cement des extases et des miracles de Vintras.
Il yavait l des coeurs de toutes les sortes, des
emblmes de tous les genres. Mais trois surtout
excitrent, auplus haut point la curiosit d'liphas... Monsieur l'abb, dit-il Charvoz, connaissez-
vous ces trois signes? Non, fil ingnument l'abb, mais le prophte
assure qu'ils sont delaplus haute importance, etqueleur signification cache doit tre connue bientt,
c'est--dire la fin des temps. Eh bien, monsieur, dit solennellement le pro-
fesseur de magie, avant mme la fin des temps jevais vous les expliquer : ces trois signes cabalistiquessont lasignature du diable!
C'est impossible ! s'cria le vieux prtre.
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. 461
Celaest, reprit avec force Eliphas.
Or, voici quels
taient cessignes
:
1 L'toile du microcosme, ou le pentagramme
magique. C'est l'toile cinq pointes de la maon-nerie occulte, l'toile dans laquelle Agrippa dessi-
nait la figure humaine, la tte dans la pointe sup-
rieure, les quatre membres dans les quatre autres.
L'toile flamboyante qui, renverse, est lesigne hi-roglyphique dubouc de la magie noire, dont la tte
peut alors tre dessine dans l'toile, les deux cornes
enhaut, droite et gauche lesoreilles, labarbe en
bas. C'est le signe del'antagonisme et de la fatalit.
C'est le bouc de la luxure attaquant le ciel avec ses
cornes. C'est un signe excr mme au sabbat parles initis d'un ordre suprieur.
2 Les deux serpents hermtiques, mais les ttes
et lesqueues, au lieu de se rapprocher endeux demi-
cercles parallles, taient en dehors, et il n'y avait
point deligne intermdiaire reprsentant le caduce.
Au-dessus del tte des serpents on voyait le V fatal,la fourche typhonienne, le caractre de l'enfer. A
droite et gauche les nombres sacrs III et VII rel-
gussur la ligne horizontale qui reprsente les choses
passives et secondaires. Le sens du caractre tait
donc celui-ci :L'antagonisme esl ternel.
Dieu, c'est la bille des forces fatales qui crent tou-
jours endtruisant.
Les choses religieuses sont passives et passagres.L'audace s'ensert, laguerre enprofile, el c'est par
elles quela discorde se perptue.Clef des "rauds mystres. 11
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162 MYSTRES MAGNTIQUES.
3Enfin, le monogramme cabalistique deJeliova,
lejodet leh, mais renverss, cequi forme, suivant
les docteurs de la science occulle, le plus pouvan-table de tous les blasphmes, et signifie, de quelquemanire qu'on les lise: La fatalit seule existe: Dieu et l'esprit nesont pas.La matire est tout, et l'esprit n'est qu'une fiction decelle mme matire en dmence. La forme est plusquel'ide, la femme
plus que l'homme, le plaisir plus quela pense, le vice plus que la vertu, la multitude plus que ses
chefs, les enfants plus queleurs pres, la folie plus que la raison !
Voil cequ'il y avait d'crit en caractres de sangsur les hosties prtendues miraculeuses deVintras !
Nous attestons sur l'honneur que tous les faits ci-
dessus noncs sont tels que nous les rapportons, et
quenous-mme avons vu et expliqu les caractres,suivant lavraie science magique etles vraies clefs de
la kabbale.
Le disciple de Vintras nous communiqua aussi ladescription et le dessin des vtements pontificaux
donns, disait-il, par Jsus-Christ lui-mme au pr-tendu prophte pendant undeses sommeils extatiques.Vintras a fait confectionner ces vlements et s'en
affuble pour faire ses miracles. Ils sont de couleur
rouge. Il doit porter sur le front une croix en formedelingam, avoir un bton pastoral surmont d'une
main dont tous lesdoigls sont ferms, larserve du
pouce et de l'auriculaire.
Or, tout cela esl diabolique au premier chef, el ce
n'est pas une chose vritablement merveilleuse que
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. 163
celte intuition dessignes d'une science perdue? car
c'est la haute magie qui,
enappuyant
l'univers sur les
deux colonnes d'Herms et deSalomon, apartag le
monde mtaphysique en deux zones intellectuelles,l'une blanche et lumineuse renfermant les idesposi-
tives, l'autre noire et obscure contenant desides n-
gatives, et qui a donn la notion synthtique de la
premire le nom deDieu, la synthse de l'autre lenom du diable oude Satan.
Le signe du lingam port sur le front est, dans
l'Inde, lamarque dislinctive desadorateurs de Shiva
le destructeur ;car cesigne tant celui du grand ar-
canemagique qui tient au mystre de la gnration
universelle, le porter sur le front c'est faire profes-sion d'impudeur dogmatique. Or, disent les Orien-
taux, le jour o il n'y aura plus de pudeur dans le
monde, le monde abandonn la dbauche, qui est
strile, finira aussitt faute de mres. La pudeur est
Tacceptation de la maternit.La main aux trois grands doigts ferms exprime la
ngation du ternaire et l'affirmation desseules forces
naturelles.
Les anciens hirophantes, comme va l'expliquernotre savant etspirituel ami Desbarolles dansunbeau
livre qui est sous presse, avaient fait de la main hu-maine le rsum de la science magique. L'index,
pour eux, reprsentait Jupiter; le grand doigt ou
mdius, Saturne ; l'annulaire, Apollon ou le Soleil.
Chezles Egyptiens, legrand doigt tait Ops, l'index
Osiris et l'annulaire llorus ; le pouce reprsentait
la
force gnratrice, el l'auriculaire l'adresse insinuante.
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164 MYSTRES MAGNTIQUES.
Une main montrant seulement le pouce el l'auricu-
laire quivaut, en langue hiroglyphique sacre,
l'affirmation exclusive del passion et dusavoir-faire.C'est la traduction abusive et matrielle de cette
grande parole de saint Augustin : Aimez et faites ce
que vous voudrez. Rapprochez maintenant cesignedela doctrine de M. Madrolle : l'acte d'amour leplus
imparfait et enapparence le plus coupable, vaut mieux
que. la meilleure des prires. Etvous vous demanderez
quelle est celte force qui, indpendamment de la vo-
lont et du plus ou moins de science des hommes
(car Vintras est un homme sans lettres et sans ins-
truction), formule sesdogmes avecdes signesenfouis
dans les dbris de l'ancien monde,
retrouve lesmys-tres de Thbes el d'Eleusis, et nous crit les plus
doctes rveries de l'Inde avec les alphabets occultes
d'Herms.
Quelle est cette force ? Je vous le dirai. Mais
j'ai encore bien d'autres prodiges vousconter, et
ceci, disons-nous, est comme une instruction juri-dique. Nousdevons avant tout la complter.
Cependant on nous permettra, avant de passer
d'autres rcils, de transcrire ici une page d'un illu-
min allemand, Ludwig Ticck.
Si par exemple, comme le rapporte une an-
ciennc tradition, une partie des anges crs ne lardrent pas dchoir, el si ce furent prcis-es ment, comme on le dit encore, les plus brillants, on peut bien entendre simplement par celle chule
qu'ils cherchrent une roule nouvelle, une autre
activit, d'autres occupations et une autre vie que
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MYSTRES DES HALLUCINATIONS, ETC. 165
ces esprits orthodoxes, ou plus passifs, qui res-
trent dansla rgion qui
leur tait assigne,
et ne
a firent aucun usagede la libert, leur apanage com-
mini. Leur chute fut cette pesanteur de la forme
que nous appelons maintenant la ralit, et qui est une protestation de l'existence individuelle
contre la rabsorplion dans les abmes de l'esprit
universel. C'est ainsi que la mort conserve et re-a produit lavie, c'est ainsi que la vie esl fiance au
trpas... Comprenez-vous maintenant ce que c'est
queLucifer ?N'est-cepaslegniemme del'antique Promthe, cette force qui donne le branle au
monde, la vie, au mouvement mme, el qui rgle le cours des formes successives ?Cette force,
a par sa rsistance, quilibra le principe crateur.
C'est ainsi que les lohim enfantrent le monde.
Lorsque ensuite les hommes furent placs sur la
terre, par le Seigneur, comme des esprits inter-
mdiaires, dans leur enthousiasme qui les portait sonder la nature et sesprofondeurs, ils se li-
ce vrrent l'influence decesuperbe etpuissant gnie, et lorsque avec un doux ravissement ils se furent
prcipits dans la mort pour y trouver la vie, ce
fut alors qu'ils commencrent exister d'une ma-
nire vritable, naturelle, et comme il convient des cratures.
Cette page n'a pas besoin de commentaire, et ex-
plique assez les tendances de ce. qu'on nomme le
spiritualisme oula doctrine spirite.
Depuis longtemps djcette doctrine oucette anti-doctrine travaille le monde pour le prcipiter dans
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166 MYSTRES MAGNTIQUES.
une anarchie universelle. Mais la loi d'quilibre nous
sauvera, et dj le grand mouvement de raction a
commenc. Nous continuons le rcit des phnomnes.Un ouvrier se prsenta un jour chez Eliphas Lvi.
C'tait un homme d'une cinquantaine d'annes, de
grande taille, regardant enface etparlant d'une ma-
nire fort