Jean-ClaudeCarrière, unevie àécrirelecinéma g · g Jean-ClaudeCarrière, unevie...

Post on 11-Mar-2020

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Jean-Claude Carrière, une vie à écrire le cinémaCinéma. Cyrano, La piscine, Belle de jour, La controverse de Valladolid, ou Le Mahâbhârata authéâtre ont en commun le scénariste Jean-Claude Carrière. À 88 ans, il est toujours en action.

Discuter avec Jean-Claude Carrièrec’est entamer un long voyage aucœur du cinéma et du théâtre. Unpériple peuplé de Jean-Paul Rappe-neau, Pierre Étaix, Jean-Louis Trinti-gnant… Mais aussi une balade à tra-vers les cultures du monde. La preuvesur les murs de sa maison, à l’abrid’une petite cour dans le quartier dePigalle à Paris.

À 88 ans, Jean-Claude Carrière sedéplace un peu difficilement mais,dès que la conversation commence,la scène s’anime. Le seul hic est desavoir où entamer le parcours decette vie.

Comme il est parrain d’un festivalde films iraniens à Vitré (1), consa-cré à de jeunes réalisateurs, autantcommencer par l’Iran. Ce pays, il l’adécouvert avec le metteur en scènede théâtre Peter Brook, dans les an-nées 1970, quand ils ont monté Laconférence des oiseaux du poète Fa-rid al-Din Attar. C’est à peu près à lamême époque qu’il a épousé une Ira-nienne, une femme savante, docteureen chinois. Et puis, bien sûr, il y a eule cinéma.

« Avec Jean-Luc Godard, nousétions allés voir Au travers des oli-viers d’Abbas Kiarostami. On estresté deux séances de suite. Onvoyait des choses qu’on avait jamaisvues. Un auteur authentique avecune liberté de récit, de ton… Depuisle cinéma iranien a beaucoup évo-lué mais ça reste passionnant. C’estun peuple très cultivé dans l’un desplus beaux pays du monde. »

On n’évoquera pas les événementsqui viennent de secouer le pays. Cetentretien a eu lieu avant. Et puis, uncoup de fil de Louis Garrel interromptla conversation. Après L’homme fi-dèle, ils écrivent un nouveau film en-semble.

« J’ai besoin du rire »

L’occasion de demander ce qu’estun bon scénario ? « L’essentiel, c’estl’intérêt dramatique. Le spectateura besoin d’une action dont il veutconnaître le dénouement. Après, sû-rement à cause de Tati et Étaix, j’aibesoin du rire. Il me sert à dédrama-

tiser. Il faut donner au public le droitde rire. »

Il sait de quoi il parle avec plusde 120 scénarios au compteur. Etcomme il les égraine dans son der-nier livre (2), c’est autant d’anecdotes.

Par exemple pour Cyrano de Ber-gerac. Avec le réalisateur Jean-PaulRappeneau, il était gêné par les tra-versées incessantes de Cyrano à tra-vers les lignes ennemies pour posterdes courriers à Roxane. Comment

faire au cinéma ? Quand ils appri-rent, qu’au XVIIe siècle, le blé était aumoins trente centimètres plus haut, ilsrécupérèrent des semences au Mu-séum d’histoire naturelle, les semè-rent. Et, l’été suivant, Gérard Depar-dieu courait, caché dans les blés. Çadevint même l’affiche !

Nouvelle histoire sur La controversede Valladolid. À l’occasion du 500e an-niversaire de la découverte de l’Amé-rique, la télé lui commande un film. Il

se souvient de cette controverse entredeux hommes d’Église pour savoir siles Indiens avaient une âme. Un dé-bat essentiellement épistolaire maisJean-Claude Carrière le transposedans un lieu unique. « J’avais Jean-Pierre Marielle et Jean Carmet, maisje voulais Jean-Louis Trintignant. Oril s’était engagé pour un film, à che-val, au Canada. Puis, il s’est achetéune moto et s’est fracturé la jambe.Le rôle était assis et il a tout fait avecune jambe dans le plâtre. »

« Vive la République ! »

Pour comprendre la précision de sontravail de scénariste, il faut évoquerLe Mahâbhârata, ce grand poèmeépique indien qu’il a adapté pour unepièce mise en scène par Peter Brook.Onze ans de travail ! Là, la précisionse jouait sur chaque mot. « Commenttraduire la notion de désorienterquand on parle de l’Orient ? » Ou,celle de pensée inconsciente pour unpublic européen qui va tout de suiteimaginer le divan du psychanalyste ?« J’ai fini par trouver l’expression « lecœur profond ». Ça me convenaitbien pour le français mais quand Pe-ter Brook a écrit la version anglaise,ça n’allait plus. Deep in my heartsonnait comme une roucoulade sen-timentale ! »

La famille de Jean-Claude Carrièrene le destinait pourtant pas à un telmétier : « Je suis d’une toute petiteorigine de paysans. Mais une insti-tutrice a convaincu mes parents deme faire passer une bourse. Ellem’a permis de faire des études jus-qu’à être normalien. Si je n’ai qu’unechose à dire c’est : « Vive la Répu-blique ! ». »

« Ma vie a été incroyablement rem-plie », conclut-il. Pour le moins !

Gilles KERDREUX.

(1) Nouvelles images d’Iran. Du 11 au15 décembre à Vitré avec six films encompétition. www.nouvellesimagesdi-ran.fr(2) Ateliers de Jean-Claude Carrière.Ed. Odile-Jacob. 440 pages. 22,90 €.

Jean-Claude Carrière en février 2017 lors de la cérémonie des Césars.

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