Post on 16-Sep-2018
Un Peuple - Un But - Une Foi
---------
MINISTERE DE L’ECONOMIE
ET DES FINANCES
---------
CENTRE D’ETUDES DE POLITIQUES
POUR LE DEVELOPPEMENT- CEPOD
Etude de l’inflation et recherche de solutions par l’analyse des
filières
NOTE DE PROBLEMATIQUE
Document d’étude de politiques
SOMMAIRE
Introduction ................................................................................................................................................... 3
I. ANALYSE DE LA FILIERE RIZICOLE AU SENEGAL ....................................................................... 9
II. ANALYSE DE LA FILIERE PAIN AU SENEGAL ............................................................................. 22
III. ANALYSE DE LA COMPETITIVITE DE LA FILIERE AVICOLE SEMI-
INSDUSTRIELLE DE LA ZONE DES NIAYES ...................................................................................... 35
IV. LA FILIERE VIANDE BOVINE DU SENEGAL - ETUDE DU CIRCUIT LE LONG DE
LA FILIERE, DE TAMBACOUNDA JUSQU'A DAKAR ....................................................................... 47
Introduction Dans le contexte actuel, l’approche filière apparaît très opportune comme une méthode d’aide
à la décision. Avec la méthode des effets, elle permet aux responsables nationaux d’avoir des
outils analytiques, synthétiques, des cadres de pilotage, de suivi et d’ajustement; elle permet
la mise en place d’un système d’information pertinent et efficace, fondé sur une information
macro/méso/micro, très lisible, pouvant être enrichie et actualisée dans le cadre du
fonctionnement courant de la filière.
Les opérateurs de la filière, elle peut également constituer un outil de dialogue, de
formalisation de politique contractuelle et donc de négociations. Ce « privilège » doit être
développé et élargi le maximum possible. Cependant, l’approche filière est jugée peu crédible
au regard des critères habituels de notoriété et elle est parfois marginalisée. Par exemple, elle
est un peu considérée en France où elle évoque un passé avec l’utilisation de mathématiques
en économie qui se borne le plus souvent à l’algèbre linéaire des matrices de comptabilité
nationale. Pour tirer les apports de l’approche filière par rapport aux enjeux actuels et par
rapport à d’autres méthodes, il faudrait la consolider et l’enrichir à partir des nombreuses
réflexions et expériences acquises dans le passé.
Définition
La filière est un concept d’analyse, une représentation du système économique. Elle regroupe
un ensemble d’agents qui concourent à la production, à la transformation, à la distribution et à
la consommation d’un produit ou un type de produit. Elle retrace ainsi, la succession des
opérations en amont et en aval du produit en passant par plusieurs stades de transferts dans le
temps et dans l’espace et aboutit au produit fini chez le consommateur. Au sens économique,
la filière prend en compte à la fois les enjeux techniques, comptables, spatiaux et
organisationnels de différentes fonctions et relations.
La méthode de l’approche filière est une analyse technico-économique des circuits
commerciaux qui réserve une place importante aux données de terrain permettant, ainsi,
d’éclairer les zones d’ombres sur le circuit du produit. Cette démarche est en quelque sorte un
diagnostic (ou recherche-action) qui semble particulièrement être très appropriée pour
proposer des actions destinées à favoriser l’augmentation des productions. C’est une approche
filière qui rejette la dichotomie entre « offre » et « demande » et qui se fait essentiellement en
trois (3) étapes :
- la construction d’une question de recherche
- la maîtrise d’une méthode d’investigation du terrain
- la description progressive de l’architecture de la filière
Nous présentons ici une méthode « standard » qui doit être déclinée en fonction de la
question de recherche posée. Par exemple, si on s’intéresse à l’amélioration des conditions de
transport d’une marchandise, on privilégiera l’approche comptable et l’approche spatiale. Si
par contre l’étude recherche les normes ou les réglementations relatives au commerce d’un
produit, on insiste sur l’analyse des aspects organisationnels de la filière. Dans tous les cas,
des outils complémentaires peuvent être mobilisés (matrice d’analyse des politiques, approche
géographique, approche sociologique, etc.)
Comme le montre le tableau suivant, la méthode « standard » proposée s’articule en 4
phases : la délimitation de la filière, la typologie d’acteurs, l’analyse comptable et l’analyse
organisationnelle.
Tableau : Méthode d’Analyse des Filières
Phases objectifs Méthodes de collecte de
l’information
1. Délimitation
de la filière
♦ Identification des acteurs et des fonctions
♦ Estimation des prix et des quantités
♦ Construction du graphique de la filière
♦ Construction d’une carte des flux
♦ Bibliographie
♦ Enquêtes préliminaires
(entretiens ouverts)
2. Typologie
des acteurs
♦ Analyse des stratégies ♦ Enquêtes systématiques
auprès d’un échantillon
d’acteurs
3. Analyse comptable ♦ Analyse des revenus et des marges ; répartition de
la valeur ajoutée et de l’accumulation de capital
♦Relevés des prix sur le
marché
♦ Etude des comptabilités
d’acteurs
4. Analyse de
l’organisation
♦ Compréhension des relations entre acteurs et des
règles qui régissent ces relations
♦ Histoires de vies
♦ Entretiens ouverts auprès
des personnes ressources
I / La délimitation de la filière
Plusieurs étapes sont retenues dans cette partie :
1- la définition de la filière
2- le schéma théorique de la délimitation de la filière qui consiste à définir avec
précision le ou les produits obtenus, à délimiter la hauteur de la filière (fonctions
commerciales, techniques : production, distribution, consommation), sa largeur (ses
différents sous-systèmes), son épaisseur (comportement des opérateurs).
3- les enquêtes préliminaires à l’aide de questionnaires concrets pour cerner le
comportement des acteurs et déduire l’hypothèse sur leurs principales stratégies.
4- le repérage des différentes fonctions de la production à la consommation :
fonction de collecte, de transport, de stockage, de transformation, de
commercialisation, et de distribution du produit fini. La connaissance des techniques,
des contraintes et des performances de ses fonctions permet de mieux comprendre
l’environnement et les stratégies à mettre en œuvre.
5- les prix et les quantités dont le traitement des données à chaque étape de la filière
permettent de relativiser la production et la commercialisation.
6- la construction du graphique de la filière et de la carte des flux qui permet de
visualiser la chaîne d’intermédiaire entre la production et la consommation. Ce
graphique met également en évidence les différentes liaisons entre ces intermédiaires.
La carte des flux permet de voir les lieux de transaction, en gros comme en détail, les
structures de stockage, de transformation et les voies de communication.
II / Typologie des acteurs
Les différents agents ou acteurs d’une filière ont leurs propres objectifs. Il arrive des cas où la
réalisation des objectifs des uns entrave la réalisation des objectifs des autres. La typologie
des acteurs permet d’identifier les nœuds de blocage, les relations de pouvoirs et les freins au
bon fonctionnement du marché. Connaître la stratégie des acteurs, c’est connaître leurs
finalités pour pouvoir anticiper sur les tendances, repérer les centres de commandes et les
modes de régulation.
- Construire une typologie
Exemple de typologie d’acteurs
Cet exemple est tiré de la filière lait au Maroc.
Tableau : Typologie des colporteurs (marchants ambulants) laitiers à Casablanca
type Rayon (km) Zone, quartiers de vente Quantité (litres/jour) Prix d’achat (dh/l) Prix de vente (dh/l)
Colporteurs T1 5 3 et 4 100 2.80/3.30 3.00/3.75
Colporteurs T2 20 1, 2, 3 et 4 1 000 2.80/3.50 3.50/4.00
Itinérants 35 3 et 4 1 000 2.50 3.00/3.50
Spéculateurs 50 1, 3 et 4 1 500 3.50/3.80 4.00/5.00
Transformateurs 5/15 3 et 4 120 2.80/3.00 3.20/4.00
créneaux 10 1, 3 et 4 100à 2 000 3.00/3.50 4.50/5.00
Source : LETEUIL(1999)
Les colporteurs T1 (30 %) sont en grande partie des éleveurs ou des membres de familles
d’éleveurs. Ils drainent le lait invendu de leur village pour le revendre par petites quantités (10
à 20 litres) à leur fidèle clientèle des quartiers populaires. Ils opèrent sur des quantités de lait
de l’ordre de 100 litres et se déplace en mobylettes.
Les colporteurs T2 représentent 15% et opèrent de la même manière et ils jouent le même rôle
que les colporteurs T1. Seulement, ils ont une clientèle plus diversifiée (dont les industriels en
période de haute lactation) et ils utilisent des trucks ou des voitures comme moyens de
transport.
Les itinérants (5%) pratiquent des prix assez bas et sont très actifs.
Les spéculateurs (20%) recherchent les productions éloignées et négligées qu’ils achètent à
des prix élevés. Ils sont très mobiles, très bien informés et écoulent sans difficulté leur
marchandise. Ils sont souvent munis de lactodensimètres.
Les transformateurs représentent 25%.
Les créneaux font 5% et sont le dernier type de colporteur. Ils ont une clientèle spéciale qui
recherche le luxe ou la qualité. Ils offrent ainsi la garantie d’un lait à haute teneur en matière
grasse et avec une hygiène au dessus de la moyenne.
Enquêtes préliminaires
On doit découper la zone d’étude de telle sorte qu’elle soit très représentative de la réalité et
de la diversité (niveau de vie, densité, accès à la formation, …). Ce découpage doit également
souligner les différents circuits et les phénomènes particuliers. Pour réaliser ces enquêtes, on
effectue un échantillonnage.
Echantillonnage
L’échantillonnage nécessite une bonne connaissance du milieu et un travail d’investigation.
On identifie les acteurs qui seront enquêtés et qui sont les plus représentatifs.
III / Analyse comptable
Elle comprend l’étude des prix, des coûts, des comptes des agents et des comptes de la filière.
1- l’étude du suivi par niveau des prix de la filière permet de retenir:
• les prix au producteur (marchés de collecte) ;
• les prix en gros ou demi-gros (ou prix payés par les commerçants) ;
• les prix au consommateur (marchés de détail).
Parfois, il est nécessaire de tenir compte de la saisonnalité des prix en les relevant de manière
périodique (par semaine, par mois, par ans) sur un échantillon de marchés représentatifs.
2- les comptes des agents (coûts, marges et excédents) sont obtenus à l’aide d’enquêtes
auprès d’un échantillon d’acteurs représentatifs et même chercher à avoir accès aux
livres de comptes des acteurs.
Les coûts ou charges directes (CD) comprennent les consommations intermédiaires (CI), les
salaires et charges sociales (S) et les impôts et taxes (I).
CD = CI + S + I
L’assurance (A) et les frais financiers (FF) constituent les coûts indirects qui ne sont pas
considérés pour les filières dites informelles, où les agents commerciaux ne peuvent pas tenir
une comptabilité détaillée.
Les marges et excédents :
- la marge est définie comme le la différence entre le prix de vente et celui d’achat :
Marge Brute = Prix de Vente - Prix d’Achat
- l’excédent (ou profit) permet de voir si une activité est rémunératrice ou non.
Excédent brut = Marge brute – Coûts Directs
La rentabilité des acteurs permet de voir les niveaux de rentabilité des différentes activités
de la filière liées aux savoir-faire, aux techniques utilisées, aux pouvoirs de marché, aux
niveaux des prix….
3- les comptes de la filière
Ils permettent d’étudier la formation des prix, des coûts et des marges aux différents niveaux
de la filière. On a par exemple les coûts de production, de transformation, de transports, de
commercialisation etc.
L’établissement de ces comptes permet en définitif de :
• suggérer des voies de diminution du prix final au consommateur ;
• évaluer la distribution des revenus dans la filière
• évaluer l’importance de la valeur ajoutée nationale de la filière.
IV / L’organisation de la filière
L’étude de l’organisation consiste à analyser la nature des relations entre individu et les règles
qui régissent ces relations au sein de la filière. C’est des structures institutionnelles ou de
règles économiques. On parle d’organisation pour désigner les acteurs du jeu (par exemple :
famille, réseaux, entreprises, associations, etc.) et d’institutions pour désigner les règles du jeu
(contrats, réglementations, conventions, relation de pouvoir)
Exemple d’une typologie d’organisations et d’institutions susceptibles d’être étudiées dans les
filières vivrières en Afrique :
Organisations : acteurs du jeu
1. Les types d’entreprises : taille, technologie, stratégies et modalités d’exercice du pouvoir
2. Les associations et regroupements : objectif, statut juridique et budget
3. Les formes d’intégration verticales et horizontales : filière intégrées, consortiums, trusts
4. Les réseaux d’acteurs : à base ethnique, linguistique ou religieuse
I. ANALYSE DE LA FILIERE RIZICOLE AU SENEGAL
A- La délimitation de la filière rizicole
1- Définition
La filière est un concept d’analyse et de représentation du système économique. Elle regroupe
un ensemble d’agents qui concourent à la production, à la transformation, à la distribution et à
la consommation d’un produit ou un type de produit. Ces agents assurent chacun, des
fonctions individuelles ou collectives et entretiennent des relations entre eux et avec
l’extérieur du système. Au sens économique, la filière prend en compte à la fois les enjeux
techniques, comptables, spatiaux et organisationnels de ces fonctions et de ces relations.
L’analyse filière rizicole permet ainsi de repérer des relations de linéarité, de complémentarité
et de cheminement entre différents stades de production, de commercialisation et de
transformation du riz au Sénégal.
2- Schéma théorique de la délimitation de la filière rizicole
2-1 Définition et caractéristiques propres à la filière rizicole
Le riz est une graminée, de grande taille, qui croît plus facilement sous les climats tropicaux.
Au Sénégal, l’essentielle de la production locale (le riz paddy) est assurée par le Bassin du
Fleuve Sénégal (régions de St-Louis, Matam et Tambacounda), les régions de Kolda et de
Ziguinchor. Près de 30 % de cette production sont consacrés l’autoconsommation et elle
couvre à peine les 20 à 30 % des besoins nationaux.
Institutions : règles du jeu
1. Les structures des marchés
2. Les contrats oraux ou écrits, pérennes ou éphémères :
3. les Relations de pouvoir
4. Les réglementations publiques : réglementation fiscale, douanière ou sanitaire
5. Les conventions de qualité
C’est ainsi que, de 1995 à 2002, les importations de riz ont augmenté de près de 63 % en
passant de 435 500 tonnes à 709 575 tonnes soit en valeur de 59 à 110 milliards de F CFA.
Les parts de marché se situent respectivement pour le riz local entre 7 et 13 % et de 87 à 93 %
pour le riz importé. Le Sénégal est ainsi devenu l’un des plus gros importateurs de brisures de
riz en Afrique de l’Ouest, après le Nigeria.
2-2 Principales caractéristiques de la filière:
Sa périssabilité: le riz est le principale produduit de la filière, mais, on a aussi les sous-
produits, tels que le son et les brisures. C’est une denrée périssable. Mais si les conditions
(endroit sec et à l’abri des insectes) sont réunies, la durée de périssabilité peut être assez
longue, au moins un an.
Sa durée de production: selon le climat et le cycle des variétés, on peut avoir une à 4
récoltes par an. Au Sénégal, le riz est cultivé en période de décrue dans la vallée et en
l’hivernage ailleurs.
Son statut dans l’alimentation : la consommation du riz représente 34 % du volume de la
consommation céréalière nationale. En milieu urbain, elle compte pour 54 % des céréales
consommées et 24 % en milieu rural (ISRA/IFPRI, 1993). Le riz est ainsi une céréale
stratégique dans la sécurité alimentaire du Sénégal et, par plaisir ou par nécessité, les paysans
consomment de plus en plus du riz.
Ses substituts dans la consommation : dans une vision nutritionnelle ou culinaire, le riz peut
être substitué par plusieurs céréales telles le mil, le maïs ou le sorgho. Mais les habitudes
alimentaires du sénégalais moyen réduisent ces possibilités de substitution. Pour preuve, une
campagne de consommer local récemment proposée est restées sans suite. Le riz peut être
aussi moins cher et plus commode pendant les périodes de rareté des autres céréales (juillet-
août).
N.B: Le riz blanc est une des céréales les plus pauvres en protéines (certaines variétés
améliorées en fournissent cependant jusqu'à 14 g par 100 g).
2-3 Limites de la filière rizicole
Sa hauteur : nous allons prendre en compte la production et la commercialisation du riz sans
oublier les capacités de stockage. (Statistiques après enquêtes)
Sa largeur : nous considérerons ici les producteurs locaux (artisanaux et industriels) et les
importateurs.
3- Présentation de la filière
Représentation générale de la filière :
• Les acteurs de la filière
- les acteurs directs : ce sont les propriétaires du
produit à un moment donné de la chaîne, ce sont
les producteurs, les riziers, les commerçants,
- les acteurs indirects : ils interviennent (en tant
que prestataires de service ou de Financement)
dans le processus de production, de
transformation, de transport, etc.,
- les acteurs d’appui : ils sont des
accompagnants techniques tels que des
formateurs, des conseillers, etc. ; ils peuvent être
privés (bureaux d’étude, ONG) ou dépendants de
l’Etat (Services ministériels d’appui à
l’agriculture, de l’hydraulique, etc.; la recherche
est aussi un acteur d’appui ;
- l’Etat qui joue le rôle d’arbitre du bon
fonctionnement de la filière.
- les importateurs
Dès la libéralisation en 1996, il y eut
une ruée des importateurs : 43
opérateurs ont participé à l’activité
d’importation de riz traduisant ainsi,
aux yeux de ces derniers, toutes les
opportunités offertes. Ce nombre est
passé ensuite à près de 33 en 1997, à
près de 25 opérateurs en 1998 pour se
situer au début de ce millénaire
autour de 8 grands importateurs qui
se partagent le marché comme suit :
Graphique 1: Part de marché des importateurs
Source: Bulletin d’Information sur la Filière Riz N° 11
• Le circuit des opérations
- les opérations techniques : la production, le décorticage, le transport, le stockage, les
échanges commerciaux, la transformation pour l’alimentation ou l’industrie.
- les opérateurs commerciales : producteurs, fournisseurs d’intrants et de crédit, collecteurs,
commerçants grossistes, transporteurs, détaillants, industriels, restaurateurs, cuisinières, etc.
• Les performances
Figure 1 et 2 : Le riz dans la production céréalière
Source: ISE, 2003
Les figure une et deux mettent en
évidence l’évolution de la
production céréalière sénégalaise
par zone après les campagnes
agricole de 2001-2002 et 2002-
2003. La production de riz est en
baisse dans plusieurs localités :
Saint-Louis, Tambacounda,
Ziguinchor et Kaolack.
La zone éco géographique
de Casamance au Sud du
Sénégal occupe 61 % de
l'ensemble des terres
destinées à la riziculture.
Sa contribution à la
production nationale n'est
cependant que 29 %
(ISRA, 1996).
Figure 2
Source: ISE, 2003
Tableau 1: Bilan de l'alimentation en riz au Sénégal (1995 - 2002)
Source : Évaluation intégrée des impacts de la libération du commerce sur la filière riz au Sénégal
Graphique 2 :
Source : Évaluation intégrée des impacts de la libération du commerce sur la filière riz au Sénégal
Evolution des importations :
Graphique 3 :
De 1995 à 2002 les importations de riz ont
Importations de riz (tonnes)
0
100000
200000
300000
400000
500000
600000
700000
800000
900000
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
Importation, riz (en tonnes; source:DPS)
Source: Bulletin d’Information sur la Filière Riz N° 11
augmenté de près de 63 % passant de 435 500
tonnes à 709 575 tonnes soit en valeur de 59 à
110 milliards de F CFA. Les parts de marché se
situent respectivement pour le riz local entre 7 et
13 % et de 87 à 93 % pour le riz importé. Les
produits agricoles représentent 20% des
exportations sénégalaises, tandis que les
importations alimentaires absorbent plus de 29%
du total de nos avoirs extérieurs.
Les importations de riz sont constituées à
95 % de riz brisé en provenance d'Asie.
Elles proviennent pour 92% de l’Asie et
8% de l’Amérique du Sud. On a le
Vietnam, la Thaïlande et l’Inde qui sont
les grands fournisseurs du Sénégal. En
termes de prix, le riz indien est le moins
cher à l’importation. Il serait également de
qualité moindre en raison de ses
nombreuses impuretés.
Graphique 4 :
Importations de riz (millions de FCFA courant)
0
20000
40000
60000
80000
100000
120000
140000
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
Importation, riz (en million de FCFA courant; source:DPS)
Source: Bulletin d’Information sur la Filière Riz N° 11
• Les impacts des politiques
et programmes
gouvernementales
Dans le but d’atteindre, à
l’horizon 2010, l’autosuffisance
en riz avec une production de 500
000 tonnes de riz blanc, le
Gouvernement du Sénégal adopte
un programme prévisionnel riz
(2005/2006).
Graphique 5 : Pourcentage des prélèvement sur les produits
céréaliers
0,00
5,00
10,00
15,00
20,00
25,00
30,00
35,00
Riz Blé Autres céréales Total céréales
% en 1995 % en 1996 % en 1997 Source : Direction Générale des Douanes. Ministère de l’Économie et des Finances
Ainsi, pour un objectif de mise en culture de 75 000 ha de riz irrigué et une production de 300
000 tonnes, plusieurs mesures fiscales sont prises :
- suppression de la TVA sur les intrants ;
- subvention de 50% sur ces mêmes intrants ;
- subvention de 50-30% sur les tracteurs et équipements,
- subvention de 30-20% sur les pièces de rechange.
Par ailleurs, la filière riz absorbe à elle seule 11% des subventions sur les engrais composés,
87% de celles sur les pesticides et la quasi totalité de celles sur l’urée.
On a beaucoup d’attentes en matière de fourniture et d’installation de matériels d’irrigation et
d’électricité (motopompes, électropompes et transformateurs) mais aussi en équipement de
matériels agricoles, de récolte et post-récolte etc.
Tableau 2: objectifs du programme riz 2005/2006
Zones Objectifs Coûts
Surface
(ha)
Rendement
(Kg/ha)
Production
(T)
Montant
(millions)
% du programme agricole
2005/2006
SAED - - - 14 000 19.8
SADAGRI - - - 1 670 2.3
TOTAL 75 000 4 000 300 000 15 670 22
Source : MAH, avril 2005
Points faibles des politiques en cours
• Appauvrissement de petits exploitants au profit de grands exploitants du fait de la
libéralisation du secteur
• Retard dans l’application des décisions politiques (Adoption de la LOASP par
l’assemblée mais retard de Décret d’application)
• Contraintes sur les subventions des engrais sans les autres facteurs (semences,
équipements…) posent des problèmes à la filière
• dans certaines questions stratégiques (reforme foncier, relance rizicole)
• Manque de ligne de crédit des équipements (accès difficile pour les petits exploitants)
• Circuit de commercialisation peu organisé
B- Méthodologie
L'approche MAP qui est utilisé ici permet de déterminer les recettes, les coûts et les bénéfices
des agriculteurs de la filière) pour les conditions d’une allocation des ressources la plus
efficiente possible.
Le but principal de l'analyse MAP est de mesurer l'impact des politiques du Gouvernement
sur la rentabilité privée des systèmes agricoles et sur l'efficacité de l'utilisation des ressources.
La prise en compte de l’environnement dans l’analyse MAP considère les externalités de la
filière ; deux types d’effets sur l’environnement doivent être pris en compte : les effets
externes et les effets d’usage.
Les principales étapes que nous avons retenues sont les suivantes:
· L'identification des filières et sous filières
· La collecte de données
· L'élaboration des budgets aux prix du marché
· La distinction entre les intrants échangeables et les facteurs intérieurs
· La réévaluation des budgets aux prix de référence
Les indicateurs utilisés dans l’analyse MAP sont :
· Rentabilité financière = recettes- coûts aux prix de marché
· Ratio coût bénéfice financier = rapport coût (facteurs intérieur) sur recettes – coût intrants
échangeables aux prix de marché
· Rentabilité économique = recettes- coûts aux prix de référence
· Coût en Ressources Intérieures = rapport coût (facteurs intérieur) sur recettes – coût intrants
échangeables aux prix de référence
· Ratio coût bénéfice économique = rapport coûts totaux sur recettes aux prix de référence
· Coefficient protection nominal = rapport recettes aux prix de marché sur recettes aux prix
de référence.
C- L’Analyse comptable et financière de la filière rizicole
• Les rendements
-Rendement mondial moyen : environ 3,90 tonnes/ha.
-Rendement national maximal: environ 9, 50 tonnes/ha en système irrigué intensif (Australie).
-Rendement national minimal: environ 0,75 tonnes/ha en système pluvial traditionnel (RD.
Congo).
- Au Sénégal, des estimations situent le potentiel en terres irrigables autour de seulement
400 000 ha.
Tableau 3: Comparaison de la récolte de paddy
Superficie
(ha)
Rendement
(kg/ha)
Production
(T)
Total 2004/2005 (1) 82849 2809 232692
Résultat 2003/2004
(2)
87814 2640 231805
Ecart ½ en % -6 6 0
Moyen 5 dernières
années (3)
93464 2485 235496
Ecart 1/3 en % -11 13 -1
Source: Bulletin d’Information sur la Filière Riz N° 11
Graphique 6:
Rendement par région (Kg/ha)
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
40000
Fatick
KaolackKolda
Tambacounda
Saint-Louis
Ziguinchor
Matam
Superficie (ha) Rendement (kg/ha)
Source: Bulletin d’Information sur la Filière Riz N° 11
• Les marges
Tableau 4 : Matrice d’Analyse de Politiques de la filière nationale rapportée par tonne de riz
usiné (campagne 2001/02 ; F.CFA pour 1 tonne de riz usiné)
Recettes Coûts Bénéfices
Intrants Echangeables Facteurs intérieurs
Prix du marché A 218 094 B 55 883 C 128 900 D 33 311
Prix de référence E 230 209 F 47 376 G 196 006 H -13 173
Divergences I -12 115 J 8 507 K -67 106 L 46 484
Source ISE, 2003
Ce tableau permet d’avoir les indicateurs suivants:
Tableau 5 : calcul des indicateurs
Indicateurs Opérations Résultat
Rentabilité financière (D) A - B – C 33311 F CFA/T de riz
Ratio coût bénéfice financier C / (A - B) 0,8 F CFA/T de riz
Rentabilité économique (H) E - F – G -13173 F CFA/T de riz
Coût en Ressources Intérieures G / (E - F) 1,07
Ratio coût bénéfice économique (F + G) / E 1,06 F CFA/T de riz
Coefficient protection nominal A / E 0,95
Analyse financière (aux prix du marché) : avec des recettes de l’ordre de 32 milliards F
CFA et des coûts globaux de 26,72 milliards F CFA, la filière nationale de riz dégage un
bénéfice financier de 4,83 milliards F CFA. Sous cet angle, elle est rentable financièrement et
est susceptible d’offrir des opportunités d’investissement. Par contre, elle n’est pas très
protégée avec un Coefficient Protection Nominal (CPN) de 0,9 et ne présente pas non plus
une rentabilité économique (perte sociale de l’ordre 13 173 F CFA par tonne de riz).
Analyse économique (aux prix de référence) : les recettes obtenues (33,30 milliards F
CFA) sont inférieures aux coûts globaux des facteurs de production (35,2 milliards F CFA).
L’activité rizicole dégage ainsi une perte sociale de l’ordre de 1,90 milliards FCFA pour une
production globale de 144 640 tonnes de riz blanc. Cependant, cette perte sociale cache les
performances enregistrées aussi bien dans la vallée du fleuve Sénégal où entre 1998 et 2001 le
rendement moyen est passé de près de 4 tonnes/ha à 5,1 tonnes/ha et le Coût en Ressources
Intérieurs (CRI) de 0,96 à 0,67 alors qu’en Basse Casamance, le CRI est de 0,47. Vue sous cet
angle, la filière ne présente pas d’avantage comparatif. Ainsi donc, avec un CRI égal à 1,07, la
filière se situe à la limite de la non rentabilité.
Par rapport aux résultats de l’analyse MAP de la campagne 96/97, aux prix du marché, nous
constatons qu’au moment où les recettes augmentent de 58 %, les coûts ont presque doublé
avec une augmentation de près de 95 % et le bénéfice a diminué de 24 %. Par rapport à ces
coûts, nous constatons que les intrants échangeables ont augmenté de 105 % et les facteurs
intérieurs de 91 %. Cette situation montre la prépondérance des systèmes de production
fortement mécanisés par rapport aux autres systèmes moins mécanisé donc moins utilisatrice
de capital.
Au niveau des coûts, les producteurs sont favorisés pour près de 9,71 milliards F CFA sur les
facteurs intérieurs (capital, main d’oeuvre, etc.) et ils paient des taxes de l’ordre de 1,23
milliards F CFA sur les facteurs échangeables. Globalement, la filière riz reçoit du reste de
l’économie un transfert net de 6,72 milliards de FCFA.
Tableau 6: Evaluation intégrée des impacts de la libéralisation du commerce sur la filière riz
au Sénégal Part sur production
nationale
Bénéfice
économique
Coût en ressources
intérieurs
Transferts
nets
(%) FCFA/tonnes CRI FCFA/Tonnes
Casamance 26 183.871 0.47 - 41.593
Bassin Anambé 19 - 357.180 2.94 248.248
Vallée du fleuve 55 53.703
0.67 14.580
Sénégal
Niveau national 100 - 13.173 1.07 46.484
Source ISE, 2003
Tableau 7: Estimation des marges commerciales à chaque niveau du marché du riz local Composantes du prix FCFA/kg paddy FCFA/kg riz blanc En % du prix de détail
Coût à la production 50 77 92
Marge nette producteur 60 9 5
Coût de l'usinage 6 5,0 188,0
Coût de la distribution - 40,9 % 48,9 %
Marge nette des commerçants - 4,8 % 2,7 %
Prix de détail - 2,7 % 100,0%
Source : Évaluation intégrée des impacts de la libération du commerce sur la filière riz au Sénégal
Tableau 8 : Corrélation entre riziculture et écosystème Eau de surface Eau souterraine Sol Flore Faune Populations
Défrichement + + +++ +++ +++ +++
Engrais +++ +++ +++ ++ ++ +++
Pesticides +++ +++ +++ +++ +++ +++
Casiers ++ ++ ++ + + ++
Drainage +++ +++ +++ +++ +++ +++
+ : impact faible ; ++ : important ; +++ : très important ; - : sans impacts
Source : Évaluation intégrée des impacts de la libération du commerce sur la filière riz au Sénégal
D- Perspectives de la filière
Quelques problèmes de la filière suite à la
libéralisation du commerce:
- cohabitation entre agriculture et élevage
- insuffisance des ressources en eau
- concurrence déloyale avec le riz importé
principalement d’Asie
- commercialisation comme principal problème actuel
de la riziculture
- absence totale de marketing concernant le riz local.
- asphyxie des défluents;
- réduction des zones de cultures de décrue;
- diminution des aires de pâturage;
- soutien artificiel de crue au détriment du régime de
crue et d’inondation de la vallée;
E- Recommandations
Pour développer la riziculture au Sénégal
il est nécessaire de:
- développer un système de production
basé sur les exploitations modernisés et
un secteur privé confiant
- élargir les mesures de soutien par les
subventions des autres intrants
- protéger la production locale (rehausse
du TEC)
- renforcement du financement de la
filière
- exonérer les pièces de rechange des
équipements de l’entretien et de
réparation
- inondations des villes, des villages et des périmètres
aménagés;
- déséquilibre des systèmes de production
traditionnels, etc.
- renforcement des capacités techniques
et institutionnelles des OP
- renforcement de partenariat entre l’Etat
et les OP (recherche/vulgarisation/OP)
- amélioration des circuits commerciaux
Tableau 9 :
F- Evolution de la filière sur le marché mondial
Comme le blé, le riz constitue une base de l’alimentation de plus de la moitié de la population
mondiale. Il apporte 20% des apports énergétiques de l’alimentation humaine contre 19%
environ pour le blé).
Principaux producteurs
Les dix principaux producteurs mondiaux de riz restent les mêmes au cours de la dernière
décennie, et les rangs qu’ils occupent évoluent peu (la Chine, l’Inde, l’Indonésie et le
Bangladesh sont respectivement les premier, second, troisième et quatrième producteurs). La
production de la Chine, a une tendance stagnante sur la période étudiée. Le Bangladesh a le
plus augmenté sa production sur la période étudiée (51%), suivi de près par le Vietnam dont
la production a augmenté de 44% au cours de la dernière décennie.
Principaux exportateurs
Le marché des exportations de riz est concentré, puisque les 5 premiers exportateurs réalisent
autour de 70% des exportations totales. La Thaïlande a conservé sa position de premier
exportateur mondial de riz au cours de la période étudiée. Le Vietnam est devenu le second
exportateur mondial, devant les Etats-Unis qui sont passés du troisième au quatrième rang des
exportateurs mondiaux et l’Inde. Le Pakistan se maintient parmi les principaux exportateurs
de riz en doublant son volume d’exportation. L’Inde et de la Chine ont des positions à
l’exportation très fluctuantes. Ces positions évoluent selon les années et en fonction de leurs
besoins de consommation interne.
Graphique 7 : le marché mondial du riz, 1995-2004, en millions de tonnes
Source : FAOSTAT, calculs des auteurs
Les soutiens à l’exportation des Etats-Unis, de
l’Union européenne et de la Thaïlande
L’Union européenne soutien ses exportations de riz
via des subventions à l’exportation. Entre 1995 et
2004 les dépenses pour le riz représentent 1% des
dépenses totales de restitutions. Les Etats-Unis et la
Thaïlande utilisent des garanties de crédit. Le riz
reçoit 2% des dépenses américaines de crédits à
l’exportation (moyenne 1999-2004).
Graphique 8 : Evolution du prix mensuel du riz en
US$/t de 1995 à 2004
Source : CNUCED- Moyenne mensuelle, prix du riz, Thaïlande, blanchi, 5% de brisures, FAB Banbkok
II. ANALYSE DE LA FILIERE PAIN AU SENEGAL
A- La délimitation de la filière
1- définition
Le pain est le résultat de transformations physiques, de réaction chimiques et d’activités
biologiques très complexes qui se produisent au sein d’un mélange de farine (blé ou autres
céréales), d’eau et de sel, fermenté au choix à l’aide de levure de panification ou de levain.
Son origine se perd dans la nuit des temps et au fil des siècles, il s’est amélioré pour devenir
plus fin, plus léger, plus digeste et au meilleur goût. C’est un produit de grande
consommation, mais, également de grande valeur symbolique. Sur le plan socioculturel, on
fait référence au pain pour symboliser le travail (effort) et l’amitié. Sur le plan nutritionnel, le
pain serait le seul produit pratiquement parfait pour l’alimentation humaine au point qu’un
être humain pourrait en vivre uniquement. Selon les nutritionnistes, 100 grammes de pains
apportent 55 grammes de glucides, 0.7grammes de lipides, 7.5 grammes de protides, des sels
minéraux sous forme de phosphate, de magnésium et de potassium ainsi que des vitamines B.
2- schéma théorique de la délimitation de la filière
2-1 Définition et caractéristiques propres à la filière pain
La filière pain représente l’enchaînement des étapes de la production du blé à la
consommation du pain en passant par la transformation, le transport et la commercialisation.
Les agriculteurs cultivent le blé, les meuniers assurent la transformation en farine, les
boulangers fabriquent le pain et les commerçants assurent la distribution au niveau des
kiosques. On a deux types de blés qui sont généralement utilisés : le blé tendre (transformé en
farine), et le blé dur qui donne des semoules et qui sert à la fabrication des pâtes alimentaires
et des couscous. Pour tout blé, le germe (3%) contient des lipides, des protéines, des
vitamines et des sels minéraux. L’enveloppe (13 à 15%) est constituée du péricarpe (4%), du
tégument séminal (2%) et de l’assise protéique (7à 9%). L’albumen contient des grains
d’amidon (70 à 75,5%) enchâssés dans un réseau de protéines (8 à 13%).
2-2 Principales caractéristiques
Sa périssabilité: le pain est une denrée alimentaire périssable. Au-delà d’une journée, il est
utilisé comme aliment de bétail ou de volaille.
Sa durée de production: la livraison est quotidiennement, mais, la fabrication peut prendre
quelques jours.
Son statut dans l’alimentation : le pain est utilisé comme accompagnement pour plusieurs
plats et il compose essentiellement le petit déjeuner des sénégalais moyens, surtout des
citadins.
Ses substituts dans la consommation : il est difficile de trouver un substitut au pain de
froment, comme l’atteste l’expérience du pamiblé ou pain riche au Sénégal. Pour le petit
déjeuner, on a suivant les différentes zones des plats tels : le fondé, le lakh, le riz, etc.
2-3 Limites de la filière
Sa hauteur : nous allons prendre en compte la production du blé (importation), la
transformation en farine, et la fabrication du pain.
Sa largeur : nous considérerons ici les meuniers (Grands Moulins de Dakar et Moulins
SENTENAC) et les boulangers.
B- Méthodologie utilisée :
Pour connaître l’environnement du marché du pain et cadrer les problèmes de la filière, on
peut utiliser une approche qualitative (répertorier, explorer, générer et comprendre) ou une
approche quantitative (dénombrer, hiérarchiser, pondérer et résumer). Chaque méthode a ses
limites : l’approche qualitative donne une généralisation des résultats et celle quantitative
donne une réponse de façade. Dans l’approche quantitative, on a l’échantillonnage
Récapitulatif de la procédure de l’échantillonnage :
Enquête quantitative
Recensement Echantillonnage
Méthodes probabilistes Méthodes empiriques
Convenance quotas itinéraires sur place
C - Présentation de la filière
• Chaîne de valeur de la filière pain
• Les acteurs en précisant les circuits de distribution
- Du blé à la farine
Les étapes de transformation du blé (travail du meunier) :
Le blé est une céréale constituée d’une graine et de
téguments.
→ Nettoyage (1,2)
Le travail du meunier consiste à isoler les périphériques
(enveloppes et couches à aleurone) et le germe de l’albumen
amylacé et obtient deux produit à partir du grain moulu : la
farine et le son. Ces opérations s’effectuent à l’aide
d’appareils dotés de systèmes de nettoyage.
→ Mouture (3)
C’est l’opération principale de la transformation des blés en
farines et en semoules. Elle repose sur 3 étapes à savoir le
broyage, le claquage et le convertissage. A l’issue de la
mouture 3 on obtient 3 produits : la farine, les remoulages
(formés des enveloppes du grain et renfermant 8 à 10% de
farine) et les sons gros et fins. La quantité de l’albumen et la
Diagramme : du blé à la
farine
Blé
Choix de la variété
1er nettoyage (1)
2ème nettoyage (2)
Mouture (3)
Importation
Sons
Blé (meuniers)
Farine de blé
Boulangers
Pain
Meuniers
qualité de ces protéines contribuent à la valeur boulangère de
la farine.
Farine remoulages
sons
- Les différents types de farines :
Les farines sont classées en fonction de deux critères: le taux d’extraction et le taux de
cendres.
▫ le taux d’extraction représente la quantité de farine extraite pour une proportion de
blé donné. Le boulanger cherche à obtenir une bonne quantité de farine, moins d’issues et à
réduire ainsi les pertes.
En général, pour 100Kg de blé, on a :
Source: Quels sont les freins et motivations des consommateurs vis à vis du pain P.Q.S? (Pain Qualité Santé) par
Soazig ADEUX, Nisrine BOUMAHROU et Rachel PERROT.
▫ le taux de cendres est la quantité de
résidus minéraux, principalement contenus
dans le son, et encore mélangés à la farine.
Plus ce taux est faible, plus la farine est
blanche et est de bonne qualité. Les
différents types de farines sont destinés,
par exemple, à la fabrication de pains
spéciaux, de pains de bis, de pains blancs,
ou de pains complets. Plus le taux de
cendres (ou taux de résidus minéraux) et la
valeur du types de farine sont faibles, plus
la farine et le pain seront blancs. Par
exemple, pour le pain courant, le
boulanger utilise la farine de type 55 au
taux de cendre compris entre 0.5 et 0.6%.
Tableau 1 : Taux de cendres et taux d’extraction en fonction du type de
farine
Types de
farine
Cendres
(en %)
Humidité
Maximale
(en %)
Taux
d’extraction
(%)
45 Moins de 0.5 15.5 67
55 De 0.5 à 0.6 15.5 75
65 De 0.62 à 0.75 15.5 78
80 De 0.75 à 0.9 15.5 80-85
110 De 1 à 1.2 15.5 85-90
150 Plus de 1.4 15.5 90-98
Source: Quels sont les freins et motivations des consommateurs vis à vis du
pain P.Q.S? (Pain Qualité Santé) par Soazig ADEUX, Nisrine BOUMAHROU
et Rachel PERROT.
23 Kg d’issues 75 Kg de farine 2 kg de pertes
100 Kg de blé
- de la farine au pain : le rôle des différents ingrédients
● la farine est l’un des quatre composants essentiels du pain. Elle contient tous les éléments
qui feront du pain un bon aliment. Sa qualité est le premier souci du boulanger.
● l’eau est deuxième composant du pain qui permet à la farine de passer de l’état pulvérulent
à celui de pâte. L’hydratation améliore le caractère moelleux de la mie et favorise la
formation des alvéoles. L’eau doit être de préférence peu minéralisée et ne doit pas contenir
trop de chlore car il inhibe la fermentation.
● le sel joue un rôle important à toutes les étapes de la panification. Il contribue à maintenir
une texture moelleuse, à diminuer l’activité enzymatique des lipoxygénases, à augmenter la
durée de conservation en diminuant la mobilité de l’eau etc. le sel améliore également les
arrières goûts.
● les agents de fermentation : la levure, un champignon naturel, (Saccharomyces cerevisiae),
est responsable du volume de la pâte et donne des croûtes croustillantes ; le levain, une
méthode de fermentation endogène, n’utilise à la base que de l’eau et de la farine. Le
processus de fermentation prend plusieurs jours.
● les additifs :
- la farine de fève et la farine de soja augmentent la valeur boulangère de la pâte. La
farine de fève permet d’obtenir un blanchiment de la mie ;
- le malt de blé améliore la fermentation et le développement du pain par intensification
de l’hydrolyse de l’amidon pendant la cuisson. Il joue également un rôle dans la
coloration de la croûte du pain ;
- les amylases fongiques sont des enzymes naturelles qui l’activité de fermentation et la
coloration par les réactions de Maillard ;
- l’acide ascorbique (vitamine C) augmente l’élasticité et la tenue de la pâte. Il diminue
l’aspect collant.
- la lécithine de soja freine l’oxydation de la pâte et limite la décoloration des pigments de
la farine ;
- le gluten est un fixateur d’eau et permet la diminution du phénomène collant sans
modification de l’hydratation de la pâte. Il augmente la consistance de la pâte.
- Les étapes de la fabrication du pain
Ingrédients
Description des étapes :
→ le pétrissage (1) : c’est l’étape de la formation de la pâte. La
bonne conduite conditionne en grande partie la qualité des produits Pétrissage (1)
Pâte
Boules
Pâtons façonnés
Pain chaud
Pain
finis.
→ la fermentation : elle commence avec l’incorporation de la levure
dans mélange de la farine et de l’eau et elle assure deux principales
fonctions : la levée de la pâte et l’arôme du pain. Elle comprend :
- le pointage ou piquage (2) durant lequel, le boulanger laisse reposer
la pâte pour qu’elle devienne plus tenace et plus élastique ;
- le divisage qui consiste à diviser la masse de pâte en pâtons de
poids. Elle peut se faire mécaniquement à l’aide d’un diviseur ;
- le boulage (3) qui permet de reconstituer une structure cohérente et
souple de la pâte ;
- la détente (4) qui correspond à une période de repos entre le
divisage et le façonnage ;
- le façonnage (5) qui consiste à la mise en forme des pâtons ;
- l’apprêt (6) qui est la fermentation des pâtons avant cuisson. Elle
s’effectue dans des armoires à température ambiante ou en étuves.
Durant cette phase, les pâtons sont couverts pour éviter le
dessèchement (croutage). A la fin de l’apprêt, le boulanger signe son
pain en donnant de petits coups de lame qui formeront de belles
arêtes, les grignes sur la croûte de pain.
→ la cuisson est la dernière étape de la fabrication du pain. Elle
s’effectue dans un four chauffé à environ 250°C avec une injection
de vapeur d’eau pour assurer la formation d’une croûte fine et
brillante. La croûte commence à se former à 90°C et une
caramélisation des sucres commence à se produire vers 110°C.
→ le ressuage : c’est le refroidissement du pain dés la sortie du four.
On a une légère perte d’humidité de la mie et perte de poids du pain.
Source: Quels sont les freins et motivations des consommateurs vis à vis du pain P.Q.S? (Pain Qualité Santé) par Soazig ADEUX, Nisrine
BOUMAHROU
et Rachel PERROT.
• impact des politiques commerciales
Le gouvernement du Sénégal (représenté par le Ministre de l’Economie et des Finances, le
Ministre du commerce et le Ministre du Développement Industriel et de l’artisanat) et les
meuniers (GMD) avaient signé un protocole d’accord pour :
Pointage (2)
Boulage (3)
Détente (4)
Façonnage (5) (4)
Apprêt (6)
Cuisson (7)
Ressuage (8)
• fixer les obligations respectives de l’Etat et des meuniers et déterminer les modalités de
calcul de la péréquation sur les blés ;
• déterminer les conditions d’achats et de stockage du blé ou de la farine, les prix de référence
(achat et vente), le taux de cendres, …
Dans cet accord, les meuniers s’engageaient ainsi à affecter 30% de leurs bénéfices (compte
de réserves spécifiques) à des investissements productifs au Sénégal. En 1995, pour atténuer
les effets de la libéralisation de la filière, on a proposé la suspension du paiement des droits de
douane (environ 1.8 mds) appliqués sur les importations de blé. Ce qui entraine :
- sur la fiscalité, en milliards, le timbre douanier : de 1.433à 1.564 ; la TVA : de 4.039 à
4.408.
- sur les prix, on a une augmentation de 20F du prix du pain au lieu de 25 (de 120 à 140%),
une augmentation du prix de la farine TTC de 43.13% au lieu de 53.29%.
Pour le Tarif Extérieur Commun (TEC) on a 3 droits et taxes permanents : droit de douane,
redevance statistique, prélèvement communautaire de solidarité et 2 taxes temporaires (taxe
dégressive de protection et taxe conjoncturelle à l’importation). Il comprend 4 taux : 0%, 5%,
10% et 20%. Si le blé est de la catégorie I, il sera soumis au taux de 5% et la farine qui est de la
catégorie III sera soumise au taux de 20%. Le différentiel de droit de douane résultant de
l’application du TEC ne serait ainsi que de 15 points. Ce qui ne répond pas aux besoins de
protection de la filière.
• Performances
Tableau 2: Contribution annuelle des boulangers Suivant prix
de revient du pain en nov.95 calculé sur la base des charges
réellement supportées (base production de 10sacs/jours)
Novembre 1995 PR (pain 280g) Prix appliqué
153.34 125
Données de base CU
Prix sac de farine HT
Base de calcul (tonne/an)
Nombre de sacs/tonne
Rendement/sac
Manque à gagner supporté/pain
contribution des boulangers /an
12 045
150 000
20
220
28.34
18 706 393 200
Graphique 1:
0
5000000000
10000000000
15000000000
20000000000
25000000000
30000000000
Blé francais Blé USA Blé allemand Blé P.A.M
Achats de blé de nov.95 à oct 97
Prix d'achat Coût et fret à Dkr Prix de revient
Source : Grands Moulins de Dakar novembre 1997
Graphique 2 : Graphique 3 :
0
500000000
1000000000
1500000000
2000000000
2500000000
3000000000
3500000000
4000000000
Blé francais Blé USA Blé allemand Blé P.A.M
Achats de blé de nov 95 à oct 97: Droit douane et fret
Droit douane
Fret
Source : Grands Moulins de Dakar nov.97
0
20000000
40000000
60000000
80000000
100000000
120000000
140000000
Blé francais Blé USA Blé allemand Blé P.A.M
Achats de blé de nov 95 à oct 97: PU Assurance et taxes
de port
PU
Assurance
Taxes de port
Source : Grands Moulins de Dakar nov.97
Tableau 3: prix de la farine de blé (fabrication locale-prix ex-usine)
FCFA/tonne
HT
FCFA/tonne TTC FCFA/sac de 50kg TTC Source Date
Bénin 290 000 14 500 GMBe 1996
Bénin 292 000 14 600 Rapport AIRD/GMBe 1997
Bénin 300 000 15 000 Rapport AIRD/GM du Golfe 1997
Bénin 280 000 14 000 Fax M. Egli/farine locale 1998
Burkina Faso 310 000 15 500 GMB 1996
Burkina Faso 313 160 15 658 Rapport AIRD 1997
Cameroun 270 000 300 024 15 001 SGMC 1996
Congo 270 000 13 500 MAB 1996
Gabon 300 000 15 000 Note YD 1996
Ghana 279 472 13 974 Fax M.Egli/farine locale 1998
Mali 290 000 14 500 Société Djigué SA 1996
mali 270 000 13 500 GMM 1996
Niger 300 000 15 000 Moulins du Sahel 1996
Nigéria 300 535 15 027 Fax M.Egli/farine locale 1998
Sénégal 240 000 264 000 13 200 GMD 1996
Sénégal 265 000 13 250 Rapport AIRD
1997
Sénégal 265 000 13 250 GMD 1998
Togo 244 000 SGMT 1996
Togo 250 000 Fax M.Egli/farine locale 1998
D - Analyse économique et financière de la filière
• Charges d’exploitation, coût de production
En attendant d’en produire (projet dans la
vallée du fleuve Sénégal), les besoins du
Sénégal en blé seront couverts par les
importations directes des meuniers et
Graphique 4 :
leurs achats locaux de blé. Les meuniers
(Grands Moulins de Dakar et Moulins
SENTENAC) s’engagent à maintenir un
stock permanent de blé ou de farine
équivalent à deux mois de
consommation. En cas d’insuffisance, le
gouvernement autorise des importations
de farine.
Caractéristiques du blé et de la farine importée
Le blé en vrac importé destiné à la panification doit être sain, loyal et marchand. Ainsi, il doit
répondre aux spécifications suivantes :
- poids spécifique : minimum 78 kg/hl
- taux d’humidité : maximum 13.5%
- taux d’impuretés (proprement dites, grains brisés ou échaudés, grains germés grains et
éléments étrangers) : 3%
La farine quant à elle, doit répondre aux caractéristiques suivantes :
- alvéographe chopin : w 150 à 200 et P/L 0.4 à 0.5 ;
- taux de protéines compris entre 11 et 13.3% par rapport à la matière sèche ;
- taux d’acidité inférieur à 0.025% ;
- activité diastasique : 450 à 500 UB
Graphique 5:
Total des charges en % du prix de revient HT et
hors amortissements
0,00
10,00
20,00
30,00
40,00
50,00
60,00
70,00
Matières
premières
Matières,
fournitures et
divers
Autres
services
Charges et
pertes
diverses
Frais
personnel
1989 1994 1995
Source : documents de base de la Direction du Commerce de 1989
Graphique 6:
Structure réelle du prix du pain depuis nov 95
(calculé base 10 sacs/jour)
Matières premières Matières, fournitures et divers
Autres services Charges et pertes diverses
Frais personnel Impôts et taxes
Intêrets et emprunts
Source : documents de base de la Direction du Commerce de 1989
• Analyse des prix de la rentabilité
Tableau 4 : Simulation sur prix de vente de la farine
Dakar (3 novembre 1997 Ancienne structure Structure actuelle
Prix du blé à 133f Prix du blé à 135f Prix du blé à 140f
Prix à la tonne Taux actuels (*)
Coût et fret 91 800 133 000 135 000 140 000
assurance 0.35% 321 466 472 490
Valeur CAF 92 121 133 466 135 472 140 490
Droit de douane 10% 9 212 0 0 0
Timbre douanier 5% 4 606 6 673 6 774 7 024
Prélèv commun solidarité 0.5% 0 667 667 702
COSEC 0.2% 276 276 271 281
Trésor 0.1% 14 8 8 8
Taxes de port 478 478 478 478
Coût du CREDOC (**) 300 0 0 0
Frais transit/manutention 7 280 7 390 7 390 7 390
Prix Revient blé vendu usine 114 288 148 949 151 070 156 374
Part du meunier 43 758 34 142 32 021 26 717
Coût total à tonne de blé 158 046 183 091 183 091 183 091
Prix de vente de la farine HT 188 499 240 909 240 909 240 909
Prix vente farine TTT (1) TVA 10% 207 348 265 000 265 000 265 000
Prix vente farine TTT (2) 273 590 276 951 285 354
Prix vente farine TTT (3) 280 826 284 188 292 591
Prix de revient du pain de
300g
Situation 1 120 125 125 125
Situation 2 127 128 130
Situation 3 139 140 142
Situation 1 : DD suspendu / prix de vente de la farine maintenu
Situation 2 : DD rétabli à 10% / marges des boulangers et meuniers bloquées
Situation 3 : DD rétabli / marge des boulangers (+ 10 f) / marge meuniers (+5f)
(*) : Prix SENTENAC- livraison octobre 1997
(**) : Coût du CREDOC inclus dans le prix du blé
Source : Les Grands Moulins de Dakar, SENTENAC
N/Réf. : DB/AKDML 711/1774
Tableau 5 : Prix de revient tenant compte du taux d’accroissement réel
des charges et prix de vente imposés Base de production de 10 sacs par
jour
rubriques PU 1989 1994 1995
Farine HT 7250 72 500 94 250 120 450
Transport farine 50 500 1 000 1 000
Levure 8 462 11 847 11 847
Améliorant 4 039 5 655 5 655
Sel 200 280 280
Glace 1 031 1 443 1 443
E - Perspectives de la
filière
La forme de pain dominant est
à base de blé qui n’est pas
encore officiellement cultivé
au Sénégal. Par souci de
réduction de la « facture »
Total 1 (Mat premières
consommées)
86 732 114 475 140 675
Electricité 4 000 5 000 5 000
Eau 400 520 520
Carburant véhicule 3 350 4 355 4 355
Gasoil four 10 565 13 206 13 206
Total 2 (Matières consommables,
fournitures et divers)
18 315 23 081 23 081
Loyers et charges locatives 3 333 4 000 4 000
Entretien, réparation véhicule et
matériel
2 000 2 400 2 400
Papier emballage 1 225 1 470 1 470
Téléphone 600 732 732
Coûts de distribution 17 550 20 183 20 183
Autres services extérieurs
(honoraires)
1 650 1 980 1 980
Total 3 (Autres services
consommés)
26 358 30 764 30 764
Total 4 (Charges et pertes diverses
(primes d’assurance)
2 000 2 400 2 400
Total 5 (Frais personnel) 37 959 43 653 43 653
Prix de revient HT et hors
amortissements
171 364 214 373 240 573
Marge 8% 13 709 17 150 19 246
Total 6 13 709
Matériel et outillage 4 861 5 590 5 590
Matériel de transport et kiosques 2 330 2 680 2 680
Total 7 (Dotation aux
amortissements)
7 191 8 270 8 270
Total 8 (Impôts et taxes) 1 431 1 431 1 431
Prix hors TVA 193 695 241 223 269 519
TVA 13 559 24 122 26 952
Prix de vente TTC 207 254 265 346 296 471
Source : documents de base de la Direction du Commerce de 1989
céréalière, la culture du blé est
envisagée dans la vallée du
fleuve Sénégal. Par ailleurs, les
boulangers, après avoir reçu un
programme de formation sur les
techniques de panification des
farines composées ont décidé de
combiner le blé avec 15 % de
farine à base de céréales
locales pour avoir le pamiblé
ou pain riche.
• forces : une maîtrise du
marché de l’importation et de
la transformation du blé qui est
assuré par deux grands
meuniers à savoir les GMD et
les Moulins SENTENAC.
• faiblesses : la dépendance
vis à vis de l’extérieur surtout
en matière d’importation de
blé et la qualif ication des
boulangers.
F- Evolution de la filière sur le marché mondial
Le blé et la farine de blé sont des céréales très échangées à travers le monde, avec un volume
d’échange qui se stabilise autour de 100 millions de tonnes depuis la fin des années 1980.
Cependant, leur part de production tend à diminuer au cours de la même période.
Structure du marché mondial du blé, 1995-2004 (millions de tonnes).
Les Principaux producteurs
Les cinq premiers producteurs de blé
Graphique 1 :
représentent au moins 60 % de la
production mondiale tout au long de la
période et aucun producteur ne dépasse
30% de cette production. Ce qui fait dire
que la production mondiale de blé est
relativement concentrée.
Graphique 2 :
Graphique 3 :
Source : FAOSTAT, calcul des auteurs
En début de période, la Chine était le premier producteur de blé. La production de la Russie
diminue, tandis que celle des Etats-Unis et de l’Inde augmente sensiblement (plus de 50%
entre 1995 et 2004 pour l’Inde). Cependant, en fin de période, la production chinoise diminue
au profit de l’Union Européenne à 15 pays membres qui devient le plus gros producteur
mondial. Aux Etats-Unis, elle baisse également tandis qu’en l’Inde, elle reste stable.
Les soutiens à l’exportation des principaux exportateurs
Les quatre premiers exportateurs de blé utilisent tous des mesures de soutien à leurs
exportations. Le Canada et l’Australie ont recours à des systèmes de monopoles
d’exportation, tandis que les Etats-Unis et l’Union européenne pratiquent des subventions
directes à l’exportation ou des garanties de crédits.
La situation de monopole de la Commission Canadienne du Blé (CCB) et de l’Office
australien du blé (Australian Wheat Board / AWB) permet de réduire les coûts marginaux, et
d’accroitre l’offre sur le marché. Les coûts de commercialisation (transport, mise en marché)
sont réduits grâce au fort pouvoir de négociation et les parts de marchés respectives de la
CCB et de l’AWB sont, en moyenne sur la période étudiée, de 13% et 12%.1
Les garanties de crédit à l’exportation constituent les principaux programmes de soutien aux
exportations des Etats-Unis. Ils utilisent trois types de mesures pour soutenir leurs
exportations de blé : subventions à l’exportation (Programme d’expansion des exportations -
Export Enchantement Programme, EEP), garanties de crédit à l’exportation et Fonds de
soutien économique. En moyenne, sur la période 1999 et 2004, on a 17% des crédits à
l’exportation qui sont destinés à soutenir les exportations de blé, soit 492 millions de US$ par
an2.
L’Union européenne soutient
ses exportations de blé via des
restitutions à l’exportation, dont
le montant a fortement diminué
depuis la première réforme de la
PAC en 1992. Entre 1995 et
2004, le blé et la farine
représentent en moyenne 4% des
dépenses européennes destinées
aux restitutions (soit 209
millions de US$).
Graphique 4 : Les soutiens à l’exportation du blé des USA et de
l’UE
Source : Wheat yearbook 2005 – USDA base de données CATS et ICTS pour l’UE –
calcul des auteurs - USDA et FEOGA pour les dépenses et FAOSTAT pour les volumes
exportés – calcul des auteurs. Pour les crédits à l’exportation des Etats-Unis, nous avons
pris en compte les dépenses budgétaires des années indiquées. Une partie de ces crédits
est en principe remboursée, mais ni les montants effectivement remboursés, ni les délais
de remboursement ne sont disponibles.
L’évolution des prix Graphique 6 : Prix du blé (en US$/t) ; 1995-2003
Source : CNUCED
En début de la période (1995-1997), les prix du blé sont élevés. Après une baisse de la
demande suite aux crises financières et sociales de la fin des années 1990, on enregistre une
1
Calcul fait en estimant que toutes les exportations de blé de chacun des pays par leurs monopoles respectifs. 2 USDA
baisse des prix. En fait, le prix du blé fluctue, en fonction des aléas climatiques mais aussi des
interventions chinoises sur le marché. En effet, comme l’indique Cyclope (2004) l’évolution
de ces interventions serait même plus importante que l’évolution des politiques céréalières.
C’est ainsi qu’en 1995/1996, la Chine a importé environ 12 millions de tonnes en 1995/1996
avant de disparaître pratiquement du marché à partir de 1998. En fin 2003, elle importe à
nouveau 3 millions de tonnes des Etats-Unis, du Canada et de l’Australie.
III. ANALYSE DE LA COMPETITIVITE DE LA FILIERE AVICOLE SEMI-INSDUSTRIELLE DE LA ZONE DES NIAYES
1- Définition de la filière
L’aviculture semi industrielle est un sous-secteur de l’élevage qui constitue une véritable
source de produits carnés et de protéine pour les populations. Elle est caractérisée par
l’élevage de sujets à cycle court et elle contribue très fortement à la sécurité alimentaire, à la
lutte contre la pauvreté et à la réduction du chômage des jeunes. L’élevage du poulet domine
l’aviculture sénégalaise. La production familiale et semi industrielle de viande de volailles au
Sénégal représente 26% de la production de viande en 2006 avec un tonnage de près de
32.000 tonnes et le l’effectif des volailles familiales, prés de 80% du cheptel total (DIREL,
2006).
Cependant, la filière est confrontée à différentes contraintes telles que le manque
d’organisation de la profession et les difficultés de commercialisation (DUTEURTRE et al.
2005). On a aussi une mauvaise influence de quelques politiques commerciales.
2- Approche de la compétitivité
Cette étude réalisée par le Bureau d’Analyse Macro-économique (BAME) de l’Institut
Sénégalais de Recherches Agricole (ISRA) s’interroge sur la compétitivité réelle des
exploitations avicole. Pour cela, elle prend en compte deux principaux déterminants : le prix
et la qualité des produits avicoles commercialisés. Le prix du poulet de chair et celui du
plateau d’œuf de consommation sont bien élevés du fait du niveau des coûts de production qui
compromette la rentabilité des fermes avicoles. Le facteur qualité s’impose de plus en plus et
il faut aussi amélioration de la présentation des produits finis.
L’analyse des coûts de production montre que l’aliment constitue le poste de dépense le plus
important (60%) pour le coût de production d’un poulet de chair et 80% pour celui d’un œuf
de consommation. Cette cherté de l’aliment est du au fait qu’une bonne partie des matières
premières qui le composent sont importés. Pour une meilleure compétitivité, les recherches
doivent être orientées vers une réduction de cette dépendance de la filière vis-à-vis de
l’extérieur.
L’analyse des marges montre que les producteurs de poulets de chair dégagent plus de 50%
de la marge totale. Pour les œufs de consommation, c’est les détaillants qui réalisent la marge
la plus importante suivant le circuit d’approvisionnement.
3- Méthodologie utilisée
La méthodologie utilisée consiste d’abord à une collecte des données basée sur :
- la revue de la bibliographie
- les entretiens réalisés avec des acteurs de la filière ou d’autres personnes
ressources :
- les enquêtes
Les enquêtes : elles sont menées auprès des acteurs de la filière dans 75 fermes avicoles de
la zone agro écologique des Niayes et au niveau des marchés urbains.
Echantillonnage pour les producteurs : 100 questionnaires ont été répartis comme suit :
- 50 questionnaires auprès des producteurs de poulets de chair pour avoir des
informations sur les coûts de production, les investissements de base et le niveau
de l’activité ;
- et 50 autres pour les éleveurs de poules pondeuses (investissement de base et
niveau de l’activité)
Echantillonnage auprès des commerçants : 30 commerçants ont été interrogés en tenant
compte du type de produits vendus.
Traitement des données : Utilisation du logiciel SPSS pour faire la typologie des différents
groupes de production, avoir les analyses statistiques descriptives et les corrélations entre les
variables choisies. Trois groupes de producteurs sont ainsi retenus :
- les producteurs du groupe représentent 46% de l’échantillon global. Ils élèvent un
nombre de bandes réduit entre 4 et 6 par année. L’effectif des bandes varie entre
50 et 350 poussins. Le suivi médical de ce groupe est correct ;
- le groupe II est caractérisé par des effectifs qui varient entre 500 et 2500 et les
producteurs élèvent près de 11 bandes par ans. Ils représentent 50% de
l’échantillon global. Les vétérinaires font tes prestations régulières dans les
fermes.
- Le groupe III ne représente que 4% et les producteurs ont un effectif important de
bande qui varie entre 3 000 et 8 000 poussins. Pour le suivi sanitaire, les
producteurs de ce groupe engagent un spécialiste santé animale ou un agent de
l’élevage.
4- Indicateurs utilisée
Rentabilité de l’exploitation : l’analyse économique et financière met en évidence le compte
résultat qui donne :
- le ratio d’excédent brut d’exploitation qui renseigne sur le niveau de la
productivité de l’exploitation qui est égal à l’EBE/Chiffre d’affaire*
Tableau 1 : Les ratios
Aviculteurs
Groupe I
Aviculteurs Groupe
II
Aviculteurs Groupe
III
Ratio d’EBE 0.34 0.22 0.28
Ratio du résultat 0.27 0.21 0.25
d’exploitation
Taux de MSCV 0.34 0.22 0.28
Seuil de rentabilité 0.09 0.06 0.22
Source : Analyse de la compétitivité de la filière avicole semi- industrielle dans la zone des Niayes Diagne Modou Marie.
Rentabilité économique : utilisation de la relation de Pont Chart proposée par Anne Marie
DEISER : Résultat / Actif = (résultat / ventes) * (ventes /actif)
Rentabilité financière : elle est fonction de la rentabilité économique, de l’incidence de
l’endettement sur le résultat et du levier financier. On a la relation suivante :
Résultat de l’exercice /capitaux propres = (Résultat d’exploitation /total actif) *
(résultat de l’exercice/ résultat d’exploitation) * (total passif / capitaux propres).
5- Caractéristiques de la zone des Niayes
La zone des Niayes s’étend de Dakar à Saint-Louis sur 180 km de longueur et sur une bande
côtière de 30 km avec un paysage assez particulier. Le climat est de type sahélien subit
l’influence de l’alizé maritime. Plus de 2/3 de la zone sont caractérisés par des sols pauvres en
matières organiques.
Ressources en eau : la zone comporte de nombreux lacs et vallée mais elle a tendance à se
desséchée et les ressources en eau sont essentiellement des eaux souterraines. La nappe est
peu profonde ce qui explique la rareté des puits.
Dynamisme démographique : l’extension des villes phagocyte l’espace rural et
l’intensification de l’agriculture engendre une forte pression sur les ressources naturelles des
Niayes.
6- Présentation du secteur de l’aviculture
Avec un taux de croissance moyen de 8% de 1994 à 1996, l’aviculture sénégalaise contribue à
près de 25 milliards de FCFA au PIB et représente un chiffre d’affaire de 30milliards
(RIDAD, 2006). Sur le plan socio-économique, elle génère plus de 10 000 emplois directs et
indirects. Elle est caractérisée par l’aviculture familiale (traditionnelle) et par l’aviculture
commerciale (moderne ou semi-industrielle).
L’aviculture traditionnelle ou familiale :
Elle requière très peu d’intrants et correspond à l’élevage de la poule domestique. Elle
consiste une source de revenu pour les petits producteurs (surtout les femmes en zone rurale).
L’aviculture moderne :
Elle est localisée surtout dans les périphéries des grands centres urbains et qui connait un
développement considérable au cours des deux dernières décennies et réalise en 2006 un
chiffre d’affaire de 30 milliards de FCFA. Elle compte actuellement 8 millions de poulets de
chair et de poules pondeuses réformées concentrée dans la zone des Niayes avec plus de 80%
des activités à Dakar, environ 15% à Thiès et 3% à Saint Louis.
Les acteurs de la filière :
- les fournisseurs d’intrants tels que la SUNEOR qui fournit du tourteau, l’Afric
Azote qui fournit la farine de poisson et les cabinets vétérinaires qui fournissent
les additifs. On a aussi des importations d’intrants tels que le tourteau de soja ;
- les provendiers qui assurent la fourniture de l’aliment. La filière compte 5 grands
industriels : SEDIMA, SENTENAC, NMA Sanders, AVISEN, et PRODAS ;
- les accouveurs qui assurent la fourniture de poussin aux producteurs. On a :
SEDIMA, CAMAF, CAM, etc.
- les acteurs de l’appui conseil, du service et de l’encadrement parmi lesquels on
peut retenir le Centre National de l’aviculture, les vétérinaires, les techniciens et
les organisations professionnelles ;
- les vendeurs de matériels (mangeoires, abreuvoirs, etc.) ;
- les producteurs de poulet de chair et ceux d’œuf de consommation. Certains
industriels font en même temps de la production ;
- les banabanas sont des acheteurs revendeurs qui connaissent bien le marché ;
- les grossistes se trouvent surtout dans les marchés urbains et traitent directement
avec les banabanas ;
- les détaillants sont des intermédiaires entre grossistes et consommateurs.
Les circuits de distribution : les produits empruntent différents circuits de distribution et le
prix d’un produit est fonction du circuit emprunté.
Circuit 1 : poulet de chair et poule pondeuse sur pied
Producteur → Banabana → Détaillant
Tableau 2 : prix d’un poulet de chair sur pied selon les différents acteurs
poulet de chair Producteur Banabana Détaillant
Saison sèche 1850 FCFA 2100 FCFA 2450 FCFA
Saison hivernale 2000 FCFA 2250 FCFA 2500 FCFA
Source : Données d’enquêtes (Analyse de la compétitivité de la filière avicole semi-
industrielle dans la zone des Niayes Diagne Modou Marie).
Circuit 2 : poulet prêt à cuir (PAC)
Producteur → Banabana → Transformateur → Détaillants
Ou bien :
Producteur → Transformateur → Banabana → Détaillants
La fonction principale de la filière avicole semi industrielle est la production et la
commercialisation des produits avicoles (poulet de chair, poule réformées, poulet PAC et
œufs de consommation). En activité de soutien nous retiendrons essentiellement les
importations et la production des aviculteurs ruraux.
Les impacts des politiques commerciales :
Le Tarif Extérieur Commun (TEC) établi dans l’UEMOA est un frein pour la filière car il
favorise l’importation des produits tels que les cuisses de poulets surgelés qui sont une
concurrence pour les produits locaux. La psychose de la grippe aviaire a eu un effet de relance
de la filière en baissant les importations. Les différentes taxes sur les produits avicoles sont
répartis comme suit :
Tableau 3 : Les droits supplémentaires assujettis aux producteurs avicoles
Droit de
Douanes
(DD)
Redevance
statistique
(RS)
Taxe sur
la valeur
ajoutée
(TVA)
Prélèvement
Communautaire
de Solidarité
(PCS)
Prélèvement
Communautaire
pour CEDEAO
(PCC)
Conseil
Sénégalais
des
Chargeurs
(COSEC)
Reproducteurs 5% 1% 0% 1% 0.5% 0.2% Non
reproducteurs 20% 1% 18% 1% 0.5% 0.2%
Vaccins 0% 1% 1% 0.5% 0.2% OAC 5% 1% 0% 1% 0.5% 0.2% Source : Service transitaire du Port, 2007
Les performances de production de la filière
On enregistre des bonnes performances dans la production des poussins à un jour (poussin
« chair », poussin « ponte »), des aliments, des œufs à couver et des œufs de consommation.
Les exportations de poussins en 2006 s’élèvent à 145 150 sujets et sont surtout orientés vers la
Gambie, le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, la Guinée Bissau. Cependant, cette
production ne satisfait pas la demande nationale et on recourt souvent aux importations. On
note, ainsi, une hausse des importations des œufs à couver (OAC) et du tourteau de soja
mieux réputé que celui de l’arachide. Le tourteau et surtour le maïs sont utilisés pour
l’aliment.
Tableau 4 : Evolution de la production locale de viande
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Poulets de chair 28,17 27,24 21,84 20,26 20,64 26,05 30,04
Poulets réformés 3,52 4,42 7,85 4,35 7,34 4,71 5,67
Total production
industrielle 31,69 31,66 29,69 24,60 27,97 31,69 35,71
Poulet du pays 68,31 68,34 70,31 75,40 72,03 68,30 64,29
Total production 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00
Source : DIREL, 2006
Tableau 5 : Evolution de la production de poussins « chair » et « pondeuses »
Origine 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Pont
e Prod locale 9,43 11,46 13,38 13,84 19,42 24,69 23,63 21,59 21,75 17,64
Importation 9,46 3,85 2,49 3,62 2,24 1,78 1,73 2,81 1,55 0,00
total 18,89 15,30 15,86 17,46 21,66 26,47 25,36 24,41 23,30 17,64
0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00
chair Prod locale 62,63 84,60 75,94 80,81 75,80 73,14 73,36 74,15 75,62 82,36
Importation 18,48 0,09 8,19 1,72 2,54 0,39 1,28 1,44 1,08 0,00
total 81,11 84,70 84,14 82,54 78,34 73,53 74,64 75,59 76,70 82,36
0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00
total Prod locale 72,06 96,06 89,32 94,66 95,22 97,84 96,99 95,75 97,36
100,00
Importation 27,94 3,94 10,68 5,34 4,78 2,16 3,01 4,25 2,64 0,00
total 100,00
100,00
100,00
100,00
100,00
100,00
100,00
100,00
100,00
100,00
Source : CNA, 2006
Graphique 1 : Evolution du chiffre d’affaire pour les œufs de consommation
0
50
100
150
200
250
300
350
400
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Nombre d’unités (millions) 180 254 293 337 340 349 371 Chiffre d’affaire pour œufs (milliards)
Données d’enquêtes (Analyse de la compétitivité de la filière avicole semi- industrielle dans la zone des Niayes Diagne Modou
Marie).
7- Analyse économique et financière de la filière
Les charges d’exploitation : elles constituées par les coûts fixes et les coûts variables.
Les coûts fixes ne varient pas quelque soit le niveau de l’activité. Ils sont constitués par les
amortissements sur les bâtiments et sur les matériels d’élevage et le loyer.
Les coûts variables évoluent en fonction de la quantité produite. On a : les poussins (qui sont
l’intrant indispensable), l’aliment, les frais vétérinaires, la main d’œuvre, l’eau, la litière,
l’éclairage et le chauffage.
Les coûts de production : ils sont constitués de charges fixes et de charges variables et sont
établis par cas sur la base des producteurs enquêtés. Par exemple, pour calculer le coût de
production des poulets de chair, on considère les charges fixes (amortissements des bâtiments
et des matériels avicoles) et les charges variables (charges d’élevage).
Tableau 6 : Coût de production pour les groupes de producteurs (fermes)
Groupe I Groupe II Groupe III
Poulet de chair
Total coût d’exploitation 404 400 1 878 100 14 075 800
Coût du poulet sans amortissant 1 444.28 1 511.24 1 565.72
Coût du loyer par poulet 107.14 98.04 55.71
Amortissement du matériel par poulet 6.96 6.48 9.81
Coût total d’un poulet 1 558.28 1 615.76 1 631.23
Œuf de consommation
Total coût d’exploitation 27 346 750 60 633 470 33 011 886
Coût de l’œuf sans amortissant 41.36 38.27 43.09
Amortissement des constructions par poulet 0.34 0.24 0.56
Amortissement du matériel par poulet 0.27 0.19 0.79
Coût total d’un œuf 41.97 38.7 44.44
Source : Données d’enquêtes (Analyse de la compétitivité de la filière avicole semi- industrielle dans la zone des Niayes Diagne Modou
Marie).
Graphique 2 : Les coûts de production par groupe
0,00
200,00
400,00
600,00
800,00
1 000,00
1 200,00
1 400,00
1 600,00
1 800,00
Coût du poulet
sans
amortissement
coût du loyer par
poulet
Amortissement du
matériel par poulet
Coût total d'un
poulet
Groupe I
Groupe II
Groupe III
Données d’enquêtes (Analyse de la compétitivité de la filière avicole semi-
industrielle dans la zone des Niayes Diagne Modou Marie).
Pour produire un
poulet de chair, le
groupe I supporte
moins de coût
d’exploitation. Le
coût total d’un
poulet y est plus
faible que dans les
autres groupes
(1 558.28). Les
coûts
d’exploitation sont
élevés pour le
groupe III et le
groupe II et le
coût total d’un
poulet est
respectivement
(1 631.23) et
(1 615.76).
Par contre, la
production d’un
œuf de
consommation est
coûteux le groupe
I (41.97) malgré
les coûts
d’exploitation
moindre. Le coût
d’un œuf de
consommation est
plus élevé (44.44)
pour le groupe III
qui supporte
cependant moins
un coût
d’exploitation plus
faible que le
groupe II.
La rentabilité économique et financière des fermes : la rentabilité économique peut être
améliorée en augmentant la marge sur les produits ou en augmentant les ventes (la rotation).
Le groupe I développe la stratégie des marges fortes et des rotations faibles, le groupe II
adopte les marges faibles et les fortes rotations et le groupe III combine marges fortes et
rotations fortes. Par ailleurs, les fermiers ne bénéficiant pas de financement, roulent sur leurs
fonds propres. Ce qui fait que la rentabilité financière est égale à celle économique.
La rentabilité des produits avicoles : elle peut être déterminée grâce que compte de résultat
des différents groupes de production.
Tableau 7 : Comptes de résultat des différents producteurs de poulets de chair (en
FCFA)
Aviculteurs
groupe I
Aviculteurs
groupe II
Aviculteurs
groupe III
1. Amortissement annuel du bâtiment (en % des charges
d’exploitation)
8.95 0.58 3.48
2. Amortissement annuel du matériel (en % des charges
d’exploitation)
0.58 0.42 0.61
3. Charges fixes 9.53 1 4.09
4. Poussins (en % des charges d’exploitation) 30.2 29.61 26.36
5. Aliment (en % des charges d’exploitation) 56.69 56.93 50.42
6. Frais vétérinaires (en % des charges d’exploitation) 1.5 1.37 11.46
7. Recharges de gaz (en % des charges d’exploitation) 1.12 1.23 2.42
8. Main d’œuvre (en % des charges d’exploitation) 0 9.17 3.82
9. Litière (en % des charges d’exploitation) 0.23 0.14 0.48
10. Transport (en % des charges d’exploitation) 0.67 0.55 0.95
12. Charges variables 90.47 99 95.91
13. Charges d’exploitation (3+12) 100 100 100
19. Ratio d’EBE (18/15) 34 22 28
20. Ratio de résultat d’exploitation (16/15) 27 21 25
20. Taux de MSCV (19/15) 34 22 28
21. Seuil de rentabilité (3/20) 28 5 19
Sources : Données enquêtes (Analyse de la compétitivité de la filière avicole semi- industrielle dans la zone des Niayes Diagne Modou
Marie).
Le groupe I et III réalisent une rentabilité financière plus importante que le groupe II. Ce
compte met aussi en évidence le ratio d’exploitation des différents groupes qui est aussi plus
élevé pour les groupes I et III.
Tableau 8 : comptes de résultat des différents producteurs d’œufs de consommation
(FCFA) Aviculteurs
groupe I
Aviculteurs
groupe II
Aviculteurs
groupe III
1. Amortissement annuel du bâtiment 0,81 0,61 1,26
2. Amortissement annuel du matériel 0,64 0,48 1,79
3. Charges fixes (en % des charges
d’exploitation) 1,45 1,10 3,05
4. Poussins 4,96 4,93 4,85
5. Aliment 84,39 84,05 79,08
6. Frais vétérinaires 1,80 1,61 3,07
7. Main d’œuvre 2,59 3,52 5,21
8. Recharges de gaz 0,15 0,11 0,20
9. Litière 0,04 0,03 0,11
10. Alvéoles 3,97 4,02 3,75
11. Débecquage 0,17 0,18 0,18
12. Pose lunette 0,35 0,36 0,35
13. Autres charges 0,13 0,08 0,16
15. Charges variables (en % des charges
d’exploitation) 98,55 98,90 96,95
16. Charges d’exploitation 100,00 100,00 100,00
25. Taux de marge des œufs 62% 63% 52%
26. Taux de marge des poules réformées 37% 37% 47%
28. Taux de MSCV 17 18 14
29. Seuil de rentabilité (3/20) 8,54 6,09 21,79
Sources : Données enquêtes (Analyse de la compétitivité de la filière avicole semi- industrielle dans la zone des Niayes Diagne Modou
Marie).
Ce tableau montre que le coût de l’aliment est bien élevé. Le graphique suivant fait un suivi
de ce coût suivant les industriels.
Graphique 3 :
Evolution du prix de l'aliment pour poulet de chair
selon les industriels
02000400060008000
10000120001400016000
Deuxième
trimestre
Deuxième
trimestre
Troisième
trimestre
Premier
trimestre
Deuxième
trimestre
Troisième
trimestre
Premier
trimestre
Deuxième
trimestre
Troisième
trimestre
Démarrage Croissance Finition
SEDIMA NMA Sanders SENTENAC PRODAS AVISEN
Source: CNA, 2006
Graphique 4 :
Evolution du prix de l'aliment pour poules
pondeuses selon les industriels
02000400060008000
100001200014000
Deuxième
trimestre
Deuxième
trimestre
Troisième
trimestre
Premier
trimestre
Deuxième
trimestre
Troisième
trimestre
Premier
trimestre
Deuxième
trimestre
Troisième
trimestre
Démarrage Poulette Pondeuse
SEDIMA NMA Sanders SENTENAC PRODAS AVISEN
Source: CNA, 2006
Graphique 5 : Les marges nette des acteurs (circuit poulet de chair, poule réformée et
poulet PAC)
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
poulet de chair pondeuse réformées Poulet PAC
producteur
banabana
détaillant
Sources : Données enquêtes (Analyse de la compétitivité de la filière avicole semi- industrielle dans la zone des Niayes Diagne Modou
Marie).
Tableau 9 : Comptes de résultat des acteurs pour les œufs de consommation
Acteurs Œuf de cons Plateau d’œuf (30 unités)
Producteur Charges totales 42 1 260
Prix de vente 50 1 500
Marge nette 8 240
Banabana Prix d’acquisition 50 1 500
Charges totales 51.7 1 550
Prix de cession 60 1 800
Marge nette 8.3 250
Grossiste Prix d’acquisition 60 1 800
Charges totales 62.5 1 875
Prix de cession 66.7 2 000
Marge nette 4.2 125
Détaillant Prix d’acquisition 66.7 2 000
Charges totales
Prix de cession 75 2 250
Marge nette 8.3 250
Sources : Données d’enquêtes (Analyse de la compétitivité de la filière avicole semi- industrielle dans la zone des Niayes Diagne Modou
Marie).
8- perspectives de la filière
La filière avicole semi industrielle a beaucoup de potentialités comme le tableau 10.
Cependant, elle doit améliorer la qualité et la présentation des produits.
Tableau 10 : Diagnostic de la filière avicole semi-industrielle
Opportunités - Augmentation constante de la demande de produits avicoles
- Conductions climatiques favorables
- Limitations des importations de cuisses et poulets congelés
Contraintes - Cherté et Problèmes de qualité des intrants (poussins et aliment)
- Concurrence déloyale des industriels producteurs
- Absence de financement adapté
- Réseau commerciale mal structuré
- Non expansion de la filière du fait de la viabilisation des terres de la
zone des Niayes
Forces - Potentiel à l’exportation
- Forte capacité de production
- Valorisation des produits locaux : maïs, tourteau d’arachide et de coton,
farine de poisson, etc.
Faiblesses - manque de professionnalisme et de technicité des aviculteurs
- délabrement des parcs de bâtiments avicoles
- mauvaise définition de politique de production
- dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour certains entrants
IV. LA FILIERE VIANDE BOVINE DU SENEGAL - ETUDE DU CIRCUIT LE LONG DE LA FILIERE, DE TAMBACOUNDA JUSQU'A DAKAR
1- Définition de la filière
L’élevage (extensif) est une source de richesse non négligeable en Afrique de l’Ouest. Dans
ces pays, les productions animales participent pour 10 à 20 % au PIB et pour 50 % à la valeur
des exportations. Au Sénégal, il est dominé par le secteur informel et joue un rôle socio-
économique important. Les systèmes de productions du Sahel présentent des coûts de
production très faibles comparés à ceux d’autre régions du monde.
Par contre, la production de viande bovine de l’Afrique subsaharienne représente prés de 15
% du cheptel mondial, et ne produit que 3 millions de tonnes soit 5,5 % du tonnage mondial.
Le cheptel est faiblement exploité (12%). Au cours des dernières années, on a une petite
amélioration (+ 7 % de 1986 à 1996) par rapport aux viandes de petits ruminants et de
volailles. Au niveau national, la viande bovine résiste à peine à la concurrence étrangère :
bétail venant du Mali ou de la Mauritanie, viande congelée etc. et elle reste chère et
inaccessible pour l’ensemble des ménages sénégalais.
Tableau 1 : Consommation annuelle moyenne de viande dans le monde
Régions du monde Consommation moyenne
Moyenne mondiale 35kg
Moyenne des pays développés
76,5 kg
USA
120 kg
Australie
100 kg
France
90 kg
Japon
40 kg
Moyenne des pays en développement
27,8 kg
Amérique Latine, Caraïbes
50,7 kg
Afrique de l'Ouest
11,6 kg
Source: FAOSTAT, 1999
La présente étude s’appuie sur le circuit long du bassin d’élevage de Tambacounda jusqu’à
Dakar.
2- Approche de la compétitivité
Etablir ou proposer des solutions permettant d’optimiser, d’assurer la viabilité et l’état actuel
du secteur de la viande bovine au Sénégal n’est pas facile. L’intervention des pouvoir publics
et des différents projets de développement est bloqué par le manque de données fiables sur
l’organisation de l’ensemble de la filière.
3- Méthodologie utilisée
Le stage s’est déroulé sur six mois, quatre mois à Tambacounda puis deux mois à
Dakar. On peut retenir quatre grandes étapes dans la méthodologie appliqué :
- La prise de contact avec les personnes ressources (chercheurs, services vétérinaires, agents
de terrain…)
- Les recherches bibliographiques
- Les enquêtes de terrain pour chaque maillon d’acteurs
- Les restitutions auprès des acteurs impliqués
La méthodologie des enquêtes :
Les enquêtes ont l’objet d’une méthodologie détaillée (axes de travail, rédaction du
questionnaire, testage, enquêtes, dépouillement…) en réponses à des objectifs identifiés et
formulés préalablement. La réalisation de l’échantillonnage consiste au choix des
emplacements stratégiques dans le but d’avoir des échantillons pour chaque catégorie
d’acteurs à interroger.
Tableau 2: Zones et niveaux d’enquêtes
Niveaux d'étude
Zone d’étude villages Marchés Abattoirs, Boucheries Extérieur
Eleveurs Professionnels du
bétail
Professionnels de la viande
Organisations
professionnelles
Axe nord (Ferlo) Kouthiaba Payer kouthiaba
Axe nord-est (Kidira) Tabanding Kothiary Tabanding
Axe est (Sadatou) Komoty
Axe sud (Kedougou)
Kenieto
Thiokoye, Kedougou
Axe ouest St Maleme
Tambacounda
Foirail
Tambacounda
boucheries ville
MDE-DIRFELIRSV-
privés
Dakar
Foirail
Dakar
abattoirs SOGAS
boucheries ville et
banlieue
DIREL-IRSVMinistère
élevage-
Privés
Source : Enquêtes, 2006
- Pour les éleveurs, un village par axe a été choisi par rapport :
▪ aux types de systèmes présents (agro-pastoral, pastoral)
▪ à la race exploitée (Gobra, métis Djakore, NDama)
▪ à la proximité ou non d’une route
▪ à la proximité ou non d’un marché
▪ à la proximité ou non d’un point d’embarquement
Cette phase a permis d’identifier des axes de travail en fonction des quatre principaux flux de
bétail arrivant à Tambacounda, et à Dakar:
• l’axe nord (Ferlo) où les animaux sont convoyés à pied des zones de production jusqu’à
Tambacounda ou les marchés environnants (Payar, Sinthiou Malème, Kothiary et Bala) et
chargés ensuite en camion jusqu’à Dakar ;
• l’axe nord est (Kidira) où les animaux sont convoyés en camion des principaux marchés
(Kothiary, Bala) jusqu’à Dakar ;
• l’axe est (Sadatou) où les animaux sont convoyés à pied des zones de production jusqu’à
Tambacounda et ensuite chargés en camion jusqu’à Dakar ;
• l’axe sud est (Kédougou) où les animaux sont convoyés en camion des principaux marchés
(Missirah) jusqu’à Dakar ;
• et enfin Dakar, principal pôle final de consommation en viande bovine.
4 - Caractéristiques de la filière
La commercialisation du bétail constitue un élément important de l’économie sous-régionale. Il
permet de distinguer plusieurs zones :
- la zone du « couloir central » les animaux partent du Mali et du Burkina Faso pour alimenter
la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin
- la zone « Nigéria », les animaux viennent du Tchad, du Niger, du Soudan, de la Centre
Afrique pour approvisionner le Cameroun, le Nigéria, le Bénin et le Togo
- la zone de la « façade ouest », les animaux partent de la Mauritanie, et du Mali pour
approvisionner le Sénégal, la Gambie et la Guinée Bissau.
Au niveau du Sénégal, Dakar représente le principal pôle de la demande de viande. En 2005, elle
compte près de 44% des abattages contrôlés du pays. Ainsi, la production est réalisée dans des grandes
zones d’élevage (principalement les régions de Tambacounda, Kolda, Louga, Saint Louis…) est
mobilisée pour approvisionner Dakar
5- Présentation de la filière viande bovine
La viande bovine a un statut particulier qui varie suivant les régions (aliment énergétique,
aliment de luxe pour les occasions festives). On distingue la viande rouge (petits et gros
ruminants) et celle blanche (volailles et porc).
Graphique 1 : Evolution de la consommation moyenne par habitant et par an
en viande en Afrique de l’Ouest depuis 1960
Evolution de la consommation moyenne de viande
0
2
4
6
8
10
12
14
1960 1980 1997
Viandes rouges (en kg) Viandes blanches (en kg) Toutes viands (en kg)
Source: FAOSTAT, 1999
A l’exception de la Mauritanie, les pays sahéliens consomment en moyenne 10-12 kg / habitant de
viande rouge par an.
Circuits de distribution et chaîne de valeur de la filière :
Professionnels du bétail M
commerce du bétail
Marchés Marchés Dakar
Primaires secondaires
Abattages
Circuit long Professionnels
de la viande
Distribution
Dakar
M Professionnels
du bétail
Abattage
Distribution
locale
Professionnels Filière Nationale
de la viande
M : importations
Consommation : sujet
non traité dans les
enquêtes
: chaîne de valeur
consommation
Filière locale
Les acteurs de la filière :
On a 6 grands types d’opérateurs dans la filière comme le montre le tableau suivant.
Tableau 4 : Les différents types d’opérateurs de la filière :
Fonction Opérateur
Production éleveurs
Commercialisation des animaux
sur pied de la viande
Professionnels du bétail
Bouchers
Transport
des animaux sur pied de la viande
Bergers, convoyeurs
Convoyeurs, taxis…
Transformation
Abattage
Chevillards
Bouchers Restaurants traditionnels
Production
(Eleveurs)
Commerce du
bétail consommation
Découpe
Produits alimentaires traditionnels
Produits alimentaires industriels
Entreprise de transformation industrielle
Distribution
de gros
de détail
Chevillards, bouchers grossistes
Bouchers détaillants
Consommation
Particuliers
Collectivités
Exportations
ménages
restaurants, hôpitaux, prisons…
autres pays
Source: Bibliographie, Enquêtes, 2006
Tableau 5 : caractérisation des échantillons étudiés.
Ethnie scolarisés Activités secondaires
Peulhs Soninkhés Wolofs Autres
Producteurs 57% 27% 10% 7% 87% 57%
commerçants 89% 0% 4% 7% 90% 64%
Chevillards 28% 0% 28% 28% 14% 43% Source : Enquêtes, 2006
Plus de la moitié des éleveurs ont une ou des activés secondaires (commerce, métiers
manuels, etc.). Les éleveurs utilisent des ressources collectives, ce qui est à l’origine de
nombreux problèmes dont l’accès à d’eau, les conflits entre les agriculteurs et les éleveurs,
etc.
Les commerçants vendent à la fois des bovins 39% et 14% vendent en plus des petits
ruminants. On a une typologie des commerçants suivant leur positionnement dans la filière :
- les dioulas des villages et des marchés sont respectivement les premiers maillons de la
chaîne d’intermédiaires ;
- les tefankes et tefandes-tuteurs qui sont les garants et les revendeurs des animaux
provenant de la brousse. Ils ont une bonne connaissance des prix et du marché ;
- les courtiers sont les rabatteurs ou les coxeurs. Ils appâtent les clients et les rabattent
au tefandes ;
- les bergers sont chargés de convoyer les animaux sur pied.
- Les convoyeurs sont chargés de convoyer les animaux en camion des marchés
primaires ou secondaires vers Dakar ou ailleurs.
- Les chevillards sont les fournisseurs des bouchers, ils revendent la viande (en gros) au
niveau de l’abattoir. On les trouve surtout à Dakar (au foirail) et à Darha.
- les bouchers et les bouchers détaillants qui sont surtout des maures (45%) ;
Les performances de la filière :
L’Afrique subsaharienne a une économie essentiellement primaire où l’élevage joue un rôle important.
Tableau 6: Evolution des productions animales en Afrique subsaharienne
Moyenne 1985-1987
(million de tonnes)
Moyenne 1995-1997
(million de tonnes)
Croissance
Viande bovine 2.7 2.9 +7%
Viande ovine et caprine 1 1.3 +30%
Viande porcine 1 0.8 -20%
Volaille 1 1.3 +30%
Total 4 viandes 5.7 6.3 +22%
Lait 14,8 18 +22%
Œufs 0.9 1.2 +33% Source: FAOSTAT, 1999
Au Sénégal, le cheptel bovin s’éléve à plus de 3 million de têtes avec une croissance positive. Sur les
114 260 tonnes de production de viande estimée, la viande bovine représente 45% et elle fait 63% de
la viande rouge totale. La production d’abats fait 17 015 tonnes dont 69% d’abat de bovins. On a 25%
pour les ovins /caprins, 22% pour la volaille et 8% pour la viande porcine.
Graphique 2 :
Evolution du nombre de bovins enregistré à Dakar
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
80000
90000
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
nombre de bovins
Source : Alpha Dianey-SOGAS, 2004
Cette performance ne suffit pas pour satisfaire la demande nationale on note une importance des
importations dont 57% de volaille, 30% de viande bovine, 10% d’abats, 2% de charcuteries/conserves
et 1% de viande ovine et caprine.
Tableau 7 : Abattages contrôlés au niveau des différentes régions (2005) régions Nombre
(têtes)
Poids
(tonnes)
Poids moyen
(kg)
Production
viande
Dakar 82 700 3 900 147 44%
Thiès 25 300 1 541 154 14%
Diourbel 13 400 1 901 115 6%
Kaolack 11 500 577 165 7%
Fatick 4 300 1 554 134 2%
Tambacounda 16 200 1 705 96 6%
Kolda 12 600 1 294 135 6%
Ziguinchor 10 000 1 159 129 5%
Louga 9 400 1 736 123 4%
Saint Louis 12 600 1 736 138 6%
Matam 3 100 391 126 1%
Total 2005 201 100 27 912 139 100%
Total 2004 187 100 26 549 142
Evolution 2004-2005 7% 5% -2%
Source : rapport annuel DIREL, 2005
Ce tableau permet de voir la production de viande par région (graphique suivant).
Graphique 3 :
Production viande par région
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
50%
Dakar
Thiès
Diourbel
KaolackFatic
k
Tambacounda
Kolda
Ziguinchor
Louga
Saint Louis
Matam
Production viande Source : rapport annuel DIREL, 2005
6 - Analyse économique et financière de la filière
Les comptes des agents mettent en évidence les charges d’exploitation pour chaque agent. Il permet
également de faire le suivi du produit de la production à la consommation.
Tableau 8 : comptes des agents
Charges Produits (vente)
Eleveurs 235 000
entretien 30 000
Résultat 205 000
Dioula village 245 000
Achat 235 000
Transport 2 000
Entretien 450
total 237 450
Résultat 7 550
Dioula St Malème 260 000
Achat 245 000
Transport 1 500
Entretien 300
total 246 800
Résultat 13 200
Dioula Tambacounda 290 000
Achat 260 000
Gardiennage 1 200
Transport jusqu’à dakar 6 483
Gardiennage dakar 850
Tegaï tuteur 3 000
Total des charges 271 533
Résultat 18 467
Chevillard 333 000
Achat 290 000
Tegaï tuteur 3 000
Vétérinaire 500
Transport abattoir 1 500
Frais abattoir 14 512
Total des charges 309 512
Résultat 23 488
Boucher détaillant 333 200
Achat viande 312 000
Transport carcasse 1 000
Salaire et Entretien boucherie 7 000
Total des charges 320 000
résultat 13 200
Source : Enquêtes, 2006
Tableau 9 : les marges brutes (MB)
Acteurs Prix
d’achat
Prix de
vente
Marges
brutes
coûts Excédents
bruts (EB)
%
EB
Eleveurs 0 235 000 235 000 30 000 205 000
Dioula village 235 000 245 000 10 000 2 450 7 550 10%
Dioula St Malème 245 000 260 000 15 000 1 800 13 200 17%
Dioula
Tambacounda
260 000 290 000 30 000 11 533 18 467 24%
Chevillard 290 000 312 000 22 000 19 512 23 488 31%
Boucher 312 000 333 200 21 200 8 000 13 200 17%
Total 1 342
000
1 675
200
333 200 73 295 280 905
Total (sans éleveur) 1 342
000
1 440
200
98 200 43 295 75 905 100%
Source : Enquêtes, 2006
Tableau 10 : Décomposition des prix
Prix en FCFA /kg marge
Prix du bétail
Prix à l’éleveur 1 130
Prix d’échange au loumo 1 178 +4.2%
Prix d’échange à Tambacounda 1 250 +6.1%
Prix d’échange à Dakar 1 394 +11.5%
Prix de la viande
Prix au niveau du village 1 000
Prix au niveau des loumos 1 100 10%
Prix au niveau des villes secondaires 1 500 36%
Prix à Dakar 1 800 20%
Cumul des prix
Prix à l’éleveur 1 130
Prix d’échange au loumo 1 178 4.2%
Prix d’échange à Tambacounda 1 250 6.1%
Prix d’échange à Dakar 1 394 11.5%
Prix de vente au boucher 1 500 7.6%
Prix de vente au consommateur 1 700 13% Source : Enquêtes, 2006
Le prix d’échange du bétail au kg est calculé en équivalent poids carcasse.
Les politiques de soutien à la filière :
L’action de l’Etat se fait dans le secteur de l’élevage à travers des projets de développement
dont le Projet Campagne Panafricaine de Lutte contre la Peste Bovine (PARC), le Projet
d’Appui à l’Elevage (PAPEL), etc. Mais, on a eu une succession de politiques qui semblent
être inappropriées au sous-secteur de l’élevage et de ses filières.
7 - perspectives de la filière
Tableau 12 : Les dangers menaçant l’avenir de la filière
Elevage Commerce du
bétail
Commerce de la
viande
Structure
économique
Politiques,
organisations
• élevage à
double échelle
(intensif/en
dehors de la
filière)
• évolution de la
concurrence du
bétail importé
• substitution
par le poisson et
la volaille
• danger des
importations de
viande
• hausse des
prix
• orientations en
contradiction avec
les objectifs des
acteurs
Source : Enquêtes, 2006
Tableau 11 : les points forts et les points faibles de la filière
Elevage Commerce du
bétail
Commerce
de la viande
Structure
économique
Politiques,
organisations
♦Les points forts de la filière
• cheptel important,
adapté et varié
• situation
épidémiologique
stable
• marges
d’amélioration des
systèmes
• accessibilité
aux zones les
plus reculées
•
connaissance
et maîtrise du
marché
• réel marché
urbain
• faibles
coûts de
production
• volonté politique
existante
• privatisations et
installations de
professionnels privés
• personnel technique
privé et public qualifié
♦ Les points faibles de la filière
• faibles productivité
des systèmes
• faible qualité des
produits surtout en
saison sèche
• difficile
accessibilité aux
intrants
• vol de bétail
• pression foncière
• multiplicité
des
intermédiaires
• transport
difficile
• porosité des
frontières
• abattages
clandestins
• mauvaises
conditions
sanitaires
•
Concurrence
déloyale
entre les
réseaux de
distribution
• accès aux
crédits
limité
• déficit de
l’offre
• hausse des
prix
• problème
d’organisation et de
structuration de la
filière
• insuffisance
d’infrastructures de
base
• inadéquation entre
objectifs politiques et
réalité
• problème
d’information
• manque de
coordination des
projets Source : Enquêtes, 2006
Quelques propositions d’actions
Pour les éleveurs : leur donner un poids de négociation suffisant par rapport à l’aval de la
filière ;
Pour les professionnels du bétail : une réorganisation des professions avec une identification
et une réglementation des rôles de chaque acteur pour réduire les intermédiaires parasites
(courtiers) ;
Pour les professionnels de la viande et les consommateurs : faciliter la profession
notamment en améliorant les conditions de transport, en allégeant les taxes….
Pour la structure économique de la filière : mise en disposition du crédit pour une mise à
disposition de liquidités et le transfert des risques en milieu de chaîne ; mettre un système de
visibilité des prix pour corriger l’inefficience des marchés ;
Pour les politiques : favoriser l’accessibilité à l’information ; investissements et rénovation
des infrastructures de base (foirails, abattoirs, étals de boucherie...).
Evolution de la filière viande bovine sur le marché international
En 2004, les échanges mondiaux de viande bovine étaient estimés à 8,1 millions de tonnes
équivalent carcasse, soit environ 13% de la production mondiale. Du fait de barrières
sanitaires, le marché mondial divisé en deux zones distinctes :
- le marché pacifique (l’Amérique du Nord, l’Océanie et l’Extrême Orient) qui émet
des restrictions vis-à-vis des marchés non indemnes à la fièvre aphteuse.
- le marché atlantique qui regroupe les pays exclus du marché pacifique notamment
l’UE, l’Amérique du Sud et la Russie.
Principaux producteurs
Les Etats-Unis, l’UE, le Brésil et l’Argentine restent les principaux producteurs de viande
bovine au cours de la dernière décennie. Ils occupent respectivement les rangs de premier,
second, troisième et quatrième producteurs mondiaux sur la période étudiée (graphique 15).
Graphiques 15 et 16: Structure du marché mondial de viande bovine 1995-2004, en
millions de tonnes
L’Australie, les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande et
le Canada sont les principaux fournisseurs du
marché pacifique et les pays de l’Union européenne
et d’Amérique latine fournissent le marché
atlantique. Les exportations des deux zones ont
augmenté sur la période (graphique 16). L’Union
européenne, des Etats-Unis et du Canada sont
également les plus grands importateurs de viande
bovine en plus du Japon, la Corée et la Russie.
Graphique : 15
Graphique : 16
Source : FAOSTAT, calculs des auteurs
Les soutiens à l’exportation des principaux exportateurs L’Union européenne soutient ses
exportations de viande bovine par des
subventions à l’exportation. Sur la
période 1995-2004, on a un montant
total de 225 millions d’euros soit 4%
des dépenses globales de restitutions.
Depuis 1992, les montants de
restitutions à l’exportation utilisés sont
très en forte diminution (graphique II-
53) suite à une baisse des prix
d’intervention de la viande bovine après
les réformes successives de la Politique
agricole commune (PAC).
Graphique 17 : Evolution des dépenses de
restitutions de l’Union Européenne pour la viande bovine (millions US$) 1995-2004
Source : FEOGA
Graphique 18 : Dépenses de soutiens à l’exportation
de viande bovine de l’UE et des Etats-Unis par tonne
exportée (en US$/t) ; 1999-2003
Les Etats-Unis soutiennent leurs exportations de
viande bovine, via des crédits à l’exportation. Les
sommes dépensées sont de 88 millions de US$
entre 1999 et 2004. En moyenne sur la période, les
dépenses des deux pays sont similaires : 17,2 US$/t
pour les Etats-Unis et 17,6 US$/t pour l’Union
Européenne. Cependant, les dépenses européennes
sont plus régulières, les Etats-Unis n’ont pas
soutenu leurs exportations 2 années sur 5.
Source : USDA et FEOGA pour les dépenses et FAOSTAT pour les volumes exportés- calculs des auteurs. Pour les crédits à l’exportation
des Etats-Unis, nous avons pris en compte les dépenses budgétaires des années indiquées. Une partie de ces crédits est en principe
remboursée, mais ni les montants effectivement remboursés, ni les délais de remboursement ne sont disponibles
Graphique 19 : Les principaux destinataires des dépenses de soutiens à l’exportation de
viande bovine de l’Union Européenne (total 2000-2004)
Source : Base de données CATS- Calculs des auteurs