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7/22/2019 Enquete nationale sur les orphelins
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La paroleaux orphelinsCONNATREIls seraient plusde 500 000 orphelinsen France
AIDERLa Fondaon dentreprise OCIRP,la FAVEC et lUNAF lvent le voilesur ce silence
ACCOMPAGNERProposer des servicesadapts au moment o ils enont besoin
Avec le souen de
En France, il y a prs de 500 000 orphelins de
moins de 21 ans. Souvent ignors, laisss
pour compte, ils sont rgulirement oublis
des poliques publiques. Ils sexpriment peu, on les
coute peu...
La FAVEC et lUNAF ont donc dcid de leur donner
la parole. Nous avons ainsi lanc une grande
enqute laquelle plus dun millier dentre eux ont
rpondu. De cet change, nous rons plusieurs
enseignements et proposions.
De manire gnrale, cee enqute dmontre le
poids du silence lorsque lon devient orphelin et
les impacts sur le long terme de cet vnement
vcu comme un accident qui aura de profondes
rpercussions tout au long de la vie.
Cee enqute conrme la ncessit de rchirsur un disposif permeant aux orphelins desexprimer, ds le moment du dcs de leur parent.Lidal serait un lieu o parents et enfants puissentvenir, ensemble ou non, quand ils en prouvent le
besoin, pour parler, poser toutes les quesons quiles rongent, en sachant quils ne feront de peine
personne puisquil ne sagit pas de leur famille nides amis. Ils pourraient aussi venir l simplement
pour tre au calme, pour sorr de latmosphre de
la maison. Les plus jeunes enfants devraient pouvoir
sexprimer par la parole, mais aussi par le dessin, le
coloriage, les marionnees, la pte modeler, etc.
Il serait ule de proposer aussi quelques ouvrages
de rfrence sur le deuil, ainsi que des pets livres
pour les enfants. Il sagirait dapporter un suivi
psychologique en orant chaque enfant le moyen
dexpression adapt.
Il semble galement ncessaire daider lorphelin
en aidant aussi le conjoint survivant. Lun ne peut
pas avancer sans lautre et le parent ne pourra pascouter et aider son enfant sil nest pas bien lui-
mme. Mais ils ne doivent pas se servir de bquille
mutuelle . Ils doivent trouver un appui extrieur.
La rexion doit donc porter sur une aide globale
parent-enfant.
Ces orphelins ont besoin daide pour reprendre
conance en eux et en la vie, devenir des adultes
quilibrs, prts prendre leur avenir en main.
Ensemble imaginons et menons des poliques
publiques adaptes, crons cet accompagnement.
Enqute
Une enqute... pour les aider sorr du silence
Chrisane POIRIERPrsidente de la FAVEC
Franois FONDARDPrsident de lUNAF
naonale
Septembre 2011
7/22/2019 Enquete nationale sur les orphelins
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La parcularit franaise de la surmortalitmasculine avant lge de 65 ans, le fait que leshommes sont gnralement plus gs dans lecouple, et quils ont plus de conduites risques,
engendrent le plus souvent un veuvage fminin1
.En cas de veuvage trs prcoce, le couple na pastoujours eu le temps davoir des enfants.
Neuf orphelins de pre et huit orphelins de mresur dix vivent dans une famille monoparentale(cest--dire constue du parent survivant etdun ou plusieurs enfants) au niveau de vie moyenplus faible que celui des familles biparentales.Ces dicults nancires que connaissent lesfoyers de veufs(ves) apparaissent dans lenqutedes Revenus scaux
2. Les veuves ges de 25
44 ans ont un niveau de vie mdian infrieurde 27 % celui des femmes maries du mmege. De plus, 26 % dentre elles ont des revenusinfrieurs au seuil de pauvret, contre 17 % desdivorces et 10 % des femmes maries. 23 %des veufs gs de 25 44 ans sont considrscomme pauvres, contre 9 % des hommes marisdu mme ge. Il est vident que les ressourcesdu mnage diminuent (ou disparaissent si leconjoint survivant nest pas salari) au momentdu veuvage, meant en pril lquilibre nancieret ayant ainsi des rpercussions sur lavenir desenfants.
Une tude de la DREES3 indique quen 2006,
11 % des adultes de 20 75 ans sont devenusorphelins de pre ou de mre avant lge de 20ans. Certes nous constatons moins dorphelins
parmi les jeunes gnraons mais le risquedemeure lev. Cest un risque social qui peutmodier la desne dun individu.
Ces rares enqutes menes sur les orphelins nese sont pas aaches dcrire leur situaon,leur ressen, leurs manques et leurs souhaitsau moment du dcs de leur(s) parent(s). Cestpourtant ce quil nous semble trs important deconnatre pour pouvoir comprendre, couter,aider et accompagner un enfant ou un adolescentqui vient de perdre lun de ses parents (ou lesdeux).
METHODE
Nous avons tabli un quesonnaire, anonyme, remplir par les personnes ayant perduun parent avant lge de 25 ans, ce qui actuellement correspond lge limite pour tre
considr la charge des parents.Il tait possible de rpondre en ligne, sur le site FAVEC et le site UNAF. Une version papiertait aussi disponible. LOCIRP a envoy linformaon lensemble des orphelins bnciantdune rente ducaon aribue par cet organisme.
Lanalyse porte sur 1022 rponses, recueillies entre juin et octobre 2010. Nous avons eu80 % de rponses fminines pour 20 % de rponses masculines, mais dans notre analysenous navons pas disngu le genre car il na pas dimpact sur les rsultats. Au moment delenqute, 6 % des rpondants avaient moins de 16 ans, 26 % entre 16 et 25 ans, 24 % entre26 et 35 ans, 25 % entre 36 et 45 ans, 12 % entre 46 et 55 ans, 7 % plus de 56 ans. 75 % desrpondants ont perdu leur pre, 37 % ont perdu leur mre, ce qui montre quun peu plus
de 10 % ont perdu leurs deux parents. Pour 49 %, le dcs du parent a eu lieu en milieuhospitalier, et pour 25 % la maison. Pour 26 %, le dcs a eu lieu sur la voie publique, le lieudu travail, en mer, au combat, etc.
1. La plupart du temps huit fois sur dix le veuvageprcoce (avant 55 ans) est un fait fminin , (IsabelleDelaunay-Berda, Le veuvage prcoce en France : lesraisons dun oubli , Recherches et Prvisions, n 76, juin2004).2. Enqute revenus scaux 2004,INSEE-DGI Le niveaude vie des veuves et des divorces , Document de tra-vail n 5, COR, 2007.3. Nathalie BLANPAIN, Perdre un parent pendantlenfance : quels eets sur le parcours scolaire, profes-sionnel, familial et sur la sant lge adulte ? , Etudeset rsultats, DREES, n 668, octobre 2008)
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Seulement 9 % ne se souviennent pas commenton leur a annonc le dcs, souvent parce quilstaient trop jeunes ce moment-l. Pour lesautres, cee journe reste grave dans les m-moires, mme pour les plus jeunes. Cest une
journe marque au fer rouge , au cours delaquelle leur vie a brusquement clat.
Je serais en mesure de vous raconter la totalit de
cee journe.
Je me souviens, mme si je navais que 3 ans, car des
vnements comme celui-l marquent vie et ds le
plus jeune ge, chose que les adultes devraient prendre
en compte.
Cest ma sur ane qui me la annonc Javais 3
ans Elle ma tendu les bras en me disant en pleurant
que maman tait morte. Je me suis jete dans ses bras
et jai pleur avec elle. Je ne peux pas oublier a de
toute ma vie.
Je me revois encore dans le couloir du lyce
compltement dsoriente Le jour de mes quatorze
ans.
Dans quelques cas, le dcs a t annoncdirectement lenfant, par tlphone(gendarmerie, hpital), sans se soucier de savoirsi lenfant tait seul ou non la maison.
La moi des rpondants ont vu le corps deleur parent dcd. Pour certains cela a t uneterrible preuve parce quils ne le souhaitaientpas mais y ont t obligs par la famille.
Je ne voulais pas voir mon pre mort sur le lit lors de
la veille funbre et ma mre nous y a obligs. Jai t
traumas.
La froideur du corps aussi ma marque car oblige
par ma grand-mre dembrasser ma mre une dernire
fois.
Pour dautres, cela a t une aide :
Je narrivais toujours pas croire que sa mort tait
relle ; il a vraiment fallu que je le vois mort pour y faire
face.
Prcisons que, pour la plupart des spcialistes, ilest important que les enfants puissent voir leurparent dcd (si ltat du corps le permet) pourapprhender sa mort, mais il ne faut surtout pasles obliger. Chacun ragit sa faon et il ne fautpas ajouter encore au traumasme.
Il peut tre bon de parler avec lenfant, pourlui expliquer, rpondre ses quesons avantde lui montrer son parent mort. Et bien sr,laccompagner, ne pas le laisser seul, ne pas
lobliger toucher le corps.Lors du dcs, les senments de tristesse (86 %),colre (56 %) et angoisse (44 %) arrivent en tte.
Je me suis tellement sene seule dans ma tristesse
denfant, personne autour ne fait aenon aux enfants.
On ne pense pas quun enfant soure. On ose vous dire :
allez, va dans ta chambre ou va jouer dehors.
Le temps est distendu, irrel.
Le monde sest croul, lenfance sest termine.
Je ne voulais plus grandir.
Langoisse de perdre ma maman aprs mon papa.
Viennent ensuite le senment de culpabilit(35 %), et la volont de se dpasser (29 %).
Sa mort ma donn une force que peu de gens ont.
Russir mes tudes pour mon pre.
Il fallait que je prenne une revanche sur la vie.
Prs dun orphelin sur cinq prouve des idessuicidaires, notamment lorsque le parent sestsuicid. Juste aprs le dcs, seule une pete
moi des orphelins peut parler du parentdcd avec le parent survivant, ou des amis. Ilest peine plus facile den parler avec la famille.Il y a toujours la crainte darister encore plus leparent survivant ou les proches. Plus le tempspasse, plus on prend lhabitude de ne pas enparler !
Pour les enfants ayant perdu leurs deuxparents, il est dicile den parler aprs ledcs du premier, et encore plus au dcs dusecond. Il ne faut pas oublier que le parent
survivant (les grands-parents et les proches engnral) prouvent eux aussi la douleur de la pertede ltre cher. Ils sont eux-mmes trs perturbs,psychologiquement aaiblis et incapables deragir au chagrin des enfants. Dans de nombreuxcas, non seulement lenfant ne peut pas parler dela personne dcde, mais on ne lui a mme pasannonc clairement la mort de son parent.
Lorsque les enfants sont jeunes, on leur fait parexemple croire que le parent dcd est par envoyage, ce qui laisse un espoir de retour.
On ma annonc que Papa tait par en voyage.
On ma dit que mon papa tait par au ciel.
Le dcs nous a t annonc comme une disparion,
donc avec espoir de retrouver notre pre enlev.
Les cas de suicide sont arrangs en crisecardiaque, ou passs sous silence.
Lorsque lenfant est trs jeune, les adultespensent aussi quil na pas compris ce qui sepasse et quen ne disant rien, il croira queson parent est par, absent, etc. et ne poserapas de queson. Pourtant, mme trs jeune,
lenfant entend des bribes de conversaons, deschuchotements, voit des visages arists, despleurs. Il comprend quil se passe quelque chosede grave et, paralllement, il sent quil ne fautpas poser de quesons. Cest une conspiraondu silence qui sinstalle.
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Lap
arole
aux
orphelins
...............
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On ne me la pas annonc. Jai suivi le mouvement et
je nai pas pos de queson.
Orpheline deux ans, j avais 7 ans quand je lai appris
lcole car une tante demandait mon adopon.
Personne ne me la annonc. Je lai appris par la
rumeur (les copines).
Je suis ne 15 jours aprs sa mort, a a donc t un
tat de fait, il ne ma pas t annonc, et je nen ai
jamais parl avec ma mre. Je lai appris dans une glise quand le prtre a
annonc les dcs de la semaine prcdente.
Ma mre me la dit plusieurs annes aprs car mme
si je savais je connuais chercher mon pre partout.
On ne me la jamais dit ouvertement, la maison on
nen parlait pas.
Javais cinq mois, on ne me la pas dit mais jai grandi
avec les entrailles meurtries de la disparion de mon
pre.
On ne me la pas annonc. Jai compris toute seule aubout dun an.
Des annes aprs, seuls 50 % peuvent en parler
facilement et 18 % ne le peuvent toujours pas.
Personne ne me parle delle et je nen parle personne.
Jai peur den parler, peur que lon ait pi de moi.
Il ne fallait pas parler du dcs de mon pre, ctait
tabou .
Lenfant calque son atude sur celle des adultes.Selon nous, pour cee raison, il est important quelenfant puisse voir ses proches, notamment sonparent survivant et ses frres et surs prouverde la peine.
Ainsi, il pourra sautoriser tre triste lui
aussi. Il faudrait quil puisse poser librement les
quesons qui lassaillent, quel que soit son ge. Il
faudrait galement lui rpondre sans le tromper.
Il nest pas ncessaire de donner des dtails,
mais il vaut mieux tre franc. Les dtails seront
donns plus tard, au fur et mesure desquesons. Il est surtout important de le rassurer
en lui disant que, malgr le dcs de son parent,
il y aura toujours quelquun pour prendre soin de
lui et laimer.4
Schma n 1
20 %
40 %
60 %
80 %
86,5 %
56 %
43,8 %
34,9 %
29,3 %
0 %
colre volont de vousdpasser
autres
20,2 %
Aprs le dcs de votre parent, avez-vous prouv des senments de :
100 %
18,2 %
tristesse angoisse pensessuicidaires
culpabilit
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Une grande majorit des rpondants pensentque cee perte a eu des consquences sur leursrelaons familiales (76 %) et senmentales(63 %).
La famille est dsquilibre, il manque un despiliers. Parfois, lorsque cest la mre qui estdcde, le pre ne pouvant assumer seul lesenfants, cest la famille ou les amis qui se les partagent . A lorigine, cest une situaon quidoit tre provisoire, mais elle peut durer jusquce que les enfants aeignent lge adulte. Ilspassent leur enfance et leur adolescence sansvrais contacts entre eux, sans se connatre.
Perdre un parent (ou les deux) pendant lenfance
ou ladolescence rend trs dicile les relaonssenmentales et laachement quelquun. Lapeur de perdre est l constamment, peur pour soi,et plus tard peur que ses enfants ne connaissentle mme sort. Plutt ne pas saacher que devoirperdre encore. Le parent dcd est souventidalis, sublim, et il est impossible de trouver aimer quelquun qui soit sa hauteur. Cest larecherche perptuelle dun idal introuvable.
Jai pris la place de mon pre dans le lit parental,
mon frre an sa place table, ma mre navait pas
dautorit. Inceste fraternel.
Ma grand-mre me faisait porter les vtements de
mon pre.
Lclatement de ma famille. Mes frres et moi ne
nous sommes quasiment pas revus.
Je me sentais dirente des autres, do des
problmes relaonnels avec autrui.
Adolescente, je meais en parallle mes non-relaons
avec les garons et le fait que je doive un amour dle
mon pre
Dans ma vie senmentale dadulte, jai qui les
hommes avec qui jai vcu car ils narrivaient pas la
cheville de mon pre tant sublim .
Papa me manque toujours mme si aujourdhui je suis
une maman de trois enfants. Ma vie est une angoisse
permanente, chaque jour japprhende que mes
enfants se retrouvent seuls. Cee crainte permanente
me gche la vie.
Il y a aussi des consquences sur la vie scolaire(52 %). Les enfants peuvent avoir des troublesdu comportement (agitaon, rvolte, ou aucontraire passivit, rverie). Ils ont du mal se concentrer. Ils ont peur daller lcole, dese retrouver avec des enfants dont subitementils se sentent compltement dirents. Ils onthonte, peur de faire pi.
Beaucoup ont prouv des dicults face auxches remplir en dbut danne :
Aprs, tout le monde va savoir...
Il ny a pas de case pour les parents dcds ; enrevanche, pour les parents spars il sut de
mere les deux adresses.Gnralement, dans le milieu scolaire, ils netrouvent que rarement de laide. Les enseignantsne sont pas prpars ces situaons ou mmeles ignorent. Les enfants de la classe sontbouleverss quun camarade ait perdu un parent.
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Lap
arole
aux
orphelins
...............
Schma n 2
20 %
40 %
60 %
80 %
63,6 %
56,9 %
49,4 %
20,3 %
16,3 %
0 %
des membres devotre famille
votre parent vivant des amis un psychologue autre un mdecin
13,6 %
Pouviez-vous parler de votre parent dcd avec :
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Mon instuteur voulait nous faire faire une lere
nos parents. Jai donc fait une lere ma mre. Il ma
oblig recommencer sans se poser de quesons.
Peu de comprhension et daide au niveau de lcole.
A lcole, tout le monde nous regardait et parlait denous.
Le retour au collge o jtais celle qui avait perdu
sa mre.
Parcours scolaire dicile, dpression, peur daller
lcole, honte de pleurer.
Jai eu des problmes de concentraon pendant toute
ma scolarit. Je regree que le systme ducaf ne
puisse pas regarder au-del des mauvais lves.
Les relaons amicales ont t rendues plusdiciles (45 %). Aprs le deuil, enfants ou
adolescents ont du mal aller vers les autres.Ils restent en retrait, sur la dfensive, nesachant pas comment les autres ragiraient. Ilssont partags entre une rbellion ( pourquoimon pre, ma mre ? ) et une recherche decomprhension, daecon. Ils ont besoin la fois
de se rapprocher des autres et de sen protger.Ils sont souvent jaloux des familles unies, sesentant l encore dirents.
La perte dun parent (ou des deux)inuence aussi le choix des tudes (38 %)et dune profession (31 %). Les dicultsnancires empchent les tudes longues.Les orphelins, parculirement les ans,choisissent des tudes courtes, quand ilsne sont pas obligs de sarrter 16 ans,pour pouvoir entrer rapidement dans la vieacve et gagner leur vie. Ils se sentent aussiresponsables du devenir des plus jeunes. Quandils peuvent connuer leurs tudes, ils le font pourfaire honneur au(x) parent(s) dcd(s), pour
prendre leur revanche, pour ne pas laisser passerla moindre chance.
Ils se dirigent souvent vers des professionstournes vers les autres : psychologie, mdecine,enseignement, droit.
Ils peuvent craindre que cela ne leur arrive aussiet se tenir loigns de lendeuill.
Enseignants et lves sont mal laise face lasituaon de lorphelin et, pour luder la situaon,ils font comme si rien ne stait pass. De plus,
le parent survivant est lui-mme en sourance,seul faire face au quodien, se heurtant auxdicults nancires, administraves. Il nestdonc pas vraiment disponible pour aider autravail scolaire.
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Schma n 3
20 %
40 %
60 %
80 %76,3 %
62,8 %
51,7 %
45 %
37,9 %
0 %
37,3 %
Pensez-vous que la perte de votre pre et/ou mre pendant votre enfance/adolescencea eu des consquences sur :
31,4 %
vos relationsfamiliales
vos relationssentimentales
votre viescolaire
vos relationsamicales
le choix devos tudes
votre sant le choix de votreprofession
7/22/2019 Enquete nationale sur les orphelins
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Jai d arrter mes tudes pour trouver du travail.
Jai d renoncer de nombreuses acvits et
certaines tudes du fait des revenus insusants de ma
mre seule.
Toujours la pauvret. Jtais une bonne lve. Aprs
mon BEPC, jai travaill comme coursire alors que mes
camarades allaient au lyce.
Cela a boulevers ma vie, mes tudes, mon mer.
Ce deuil ma mri, pas queson de laisser passer
la moindre chance, notamment au niveau de mes
tudes.
Un nombre non ngligeable de rponses dnonceaussi des spoliaons, gnralement de la part dela famille proche qui essaie de sapproprier desbiens du parent dcd, au dtriment du parentsurvivant. Ces situaons sont trs mal vcues parles enfants qui ne les comprennent pas et quivoudraient au contraire que la famille soit unie.
Tous ont eu une enfance courte. Ils ont d faire
face des responsabilits parfois trop lourdes.Ils se sont sens un peu responsables du parentsurvivant et de leurs frres et surs, surtout lesans.
Ton papa est mort, ta maman a beaucoup de chagrin,
il faut tre genlle avec elle. Javais ma feuille de route
trace pour des annes : prendre soin de maman, ce
que jai fait.
Un ami de la famille ma dit quil fallait que je sois
forte pour ma mre et mes frres.
Ma mre ntait pas rassurante, cest moi souvent qui
lui remontait le moral.
Jai arrt de jouer comme une enfant. Il fallait
soccuper des tches mnagres, aller rcuprer mes
pets frres lcole, acheter du pain On ne ma
jamais parl de la mort de ma mre.
Mon frre an a voulu se substuer au rle parental. Toutes les rponses illustrent clairement ledsarroi, la dtresse et la sourance dans lesquelsse sont retrouvs ces enfants ou adolescents, aumoment du dcs de leur(s) parent(s) et dansles semaines et annes qui ont suivi. Tous sesont sens trs seuls, trs dirents des autres,angoisss, honteux souvent, comme sils avaientsubitement perdu leurs repres, bascul dans levide, dans linconnu. Ils ont t en pleine driveet nont eu personne qui parler. Pour un enfantou un adolescent, perdre un (ou ses) parent(s),
cest perdre la scurit, lquilibre, le modle surlequel se construire, laecon. Cest perdre lesrponses aux quesons, la ralisaon de projets.Cest perdre une pare de son ident :
On nest plus le ls ou la lle de on est devenu
orphelin. Cest devenir subitement dirent ,
part .
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Lap
arole
aux
orphelins
...............
Schma n 4
5 %
10 %
15 %
20 %19 % 19 %
16 %
10 %
9 %
8 %
5 % 5 %
3 % 3 %
2 %
1 % 1 % 1 %
Besoin d'un soutien familial, parler avec la famille
Besoin d'une aide psychologique, du suivi dunpsychologue
Aucun besoin particulier
Besoin d'aide et de soutien autre que famille etpsychologue
Besoin d'explications sur sa mort, raisons,causes
Lui parler une dernire fois, dire aurevoir, regret
Assister aux obsques, voir le dfunt, faire sondeuil
Autre besoin
Besoin de stabilit, de calme, de rconfort
Besoin dune aide fnancire
Ne pas tre jug
Besoin de crier sa peine et sa colre
Besoin dtre seul
Besoin dune aide pour les formalits adminis-tratives
Besoin prouv au moment du dcs du pre ou de la mre
7/22/2019 Enquete nationale sur les orphelins
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Quels conseils les rpondants donnent-ils aux jeunes qui perdent un parent ?Les rponses sont unanimes : avoir du courage,ne pas avoir honte, construire sa vie, parler dudcs de son parent, ne pas rester seul.
Garder espoir. Avoir du courage et connuer avancer. Se faire
aider, ne pas rester seul, appeler au secours.
Connuer et construire sa vie.
Perdre un parent vous change tout jamais, mais
vous apprendrez vivre avec ce manque.
Saccrocher la vie.
Mme estropi, on peut connuer vivre. Il faut
juste apprendre marcher avec des bquilles et ne
pas avoir peur dessayer de fonder soi-mme une
famille.
Nabandonnez pas vos tudes.
Ne gardez pas le silence.
En parler.
Nayez pas honte dtre orphelin.
Essayer de trouver des gens qui cest arriv pour
se senr soutenu.
Sexprimer, pas forcment par la parole.
Ne pas inverser les rles avec le parent restant, nous
restons un enfant.
Ne surtout pas retenir ses moons, ses angoisses
car un jour ou lautre tout refait surface.
Ne fais pas comme moi (alcool, drogue) a ne sert
rien.
La vie connue.
Quels conseils donnent-ils au parent quiperd son conjoint ?Partout le mme conseil, qui est plutt une supplique : dire la vrit ses enfantset parler de la mort et du dfunt avec eux.
Dire la vrit aux enfants.
Essayer de parler.
Ne pas taire le dcs son enfant, quel que soit son
ge.
Que le parent restant se fasse aider dans son chagrin
pour pouvoir aider son enfant, ne pas le laisser se
dbrouiller tout seul.
Enqute ralise par la FAVEC et lUNAF, avec le souen de la fondaondentreprise OCIRP (www.fondaon-ocirp.fr)Traitement :Hakim Boudaoud / UNAFAnalyse :1) Pour la FAVEC : Jean-Paul Gadaut, Genevive Lobier, Marie-Claude Touron, Franois Verdier - 2) Pour lUNAF : Hakim Boudaoud,Gilles SraphinRdacon : Genevive Lobier, Hakim BoudaoudConcepon-Ralisaon :Hakim Boudaoud, Dorine Remy-Pinto
Fdraon des Associaons de Conjoints survivants (FAVEC)28, Place Saint-Georges, 75009 Paris - www.favec.orgTl : 01 42 85 18 30
Union Naonale des Associaons Familiales (UNAF)28, Place Saint-Georges, 75009 Paris - www.unaf.frTl : 01 49 95 36 00
Ce que nous savons des orphelins ? Quelques chires...
En France, on ignore le nombre exact dorphelins ! Pourquoi ? Parce quils sont trs diciles idener stasquement 1.
Nous entendons par orphelins les enfants qui ont perdu un de leurs parents, parfois les deux, avant daeindre lge adulte.Etre orphelin nest pas une situaon dtat civil. Cest la rupture dune relaon privilgie qui existait entre deux personnes.Administravement, si on peut devenir veuf(ve) de , divorc(e) de , on reste ls ou lle de , on ne devient pas orphelin de . Cee situaon nest donc pas reprable dans les donnes dtat civil.
LINSEE a men une enqute Etude de lhistoire familiale , accole au recensement de 1999, auprs dunchanllon reprsentaf de 380 000 personnes de plus de 18 ans. Deux types dinformaons sur les orphelinstaient recueillis : les dclaraons des personnes interroges sur le dcs ou la survie de leurs parents et lenombre denfants dclars par les personnes qui ont signal avoir elles-mmes perdu leur conjoint. Il faut noterquune telle enqute, issue de donnes du recensement, a ses limites. Elle permet dtablir un chirage de500 000 orphelins de moins de 21 ans sans apporter de donnes spciques sur les moins de 18 ans.
Par ailleurs, ltat dorphelin est constat indpendamment du cadre familial et quel que soit le statut (mariage, union de faitou union rompue). Si le conjoint survivant sest remis en couple, les enfants du nouveau foyer ne sont plus considrs commeorphelins. De plus, ne sont pas pris en compte les orphelins de moins de 18 ans ayant perdu leurs deux parents.
Une autre base de donnes est celle des allocataires (ayant la charge dorphelins) de lAllocaon de souen familial (ASF),
verse par les Caisses dallocaons familiales (CAF), sans condion de ressources, jusquaux vingt ans de lenfant. Mais si leparent se remarie, vit maritalement ou conclut un PACS, elle cesse dtre verse. Il est donc extrmement dicile de connatrede faon exacte le nombre dorphelins en France2. On esme cependant le nombre un enfant orphelin par classe de collge,et presque deux par classe de lyce !
Notre tude a t conue pour enn donner la parole ces personnes qui trop souvent vivent dans le silence depuis le dcsde leur parent.
1. La dernire tude spcique publie sur le nombre dorphelins en France date de 1947 (Lon TABAH Evolution du nombre des orphelins en France ,
Population, n1, INED, 1947).
2. A partir de lenqute Etude de lhistoire familiale de 1999, une tude a t mene par lINED (Alain MONNIER, Sophie PENNEC, Trois pour cent des
moins de 21 ans sont orphelins en France,Population et Socits, INED, dcembre 2003), do il ressort quen 1999, la France comptait prs dun demi-million
dorphelins de moins de 21 ans (soit 3 % de la population du mme ge), avec environ un orphelin de mre pour trois orphelins de pre. A peine plus dun orphelin
sur vingt est orphelin de pre et de mre. Cependant, ils reprsentent 3,3 % de la population des 10-14 ans et 5,7 % des15-19 ans.
En guise de conclusion, ce que nous disent les orphelins