Du bon usage des modèles urbains en géographie

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Du bon usage des modèles urbains en géographie

« Tout énoncé universel est nécessairement simplificateur et réducteur, donc irréaliste. Dans un certain sens, une théorie est comme ses caricatures exécutées dans les rues des quartiers d’artistes : elle simplifie, déforme la réalité, mais doit souligner les traits physiques et de caractère les plus importants de façon que le sujet soit reconnaissable dans le croquis »

A. Bailly, Représenter la ville

Si au-delà de la diversité des espaces, les modèles urbains mettent en évidence des régularités dans la localisation des hommes et des activités, l’utilisation de telles schématisations n’est-elle pas susceptible de diluer l’identité, la spécificité des différentes organisations urbaines ?

Plan

I: Malgré la diversité des espaces urbains, les modèles urbains dégagent des principes expliquant la répartition spatiale des activités et des hommes:

A: Des caractéristiques communes autorisent des généralisations par aires culturelles et régionales

B: Le concept de la rente foncière permet de comprendre la répartition de l’espace urbain

C: Trois modèles de référence : Burgess, Hoyt, Harris et Ullman

II: Cependant, les modèles urbains demeurent des schématisations négligeant certains aspects de la réalité…

A: Les modèles urbains à l’épreuve des faits :-des confirmations : villes américaines,

écologie factorielle-des limites : les critiques de géographes

B: Les modèles urbains à l’épreuve du temps : l’évolution des centres

C: Les critiques des géographes de l’espace-vécu

III: …Qui nécessitent des reformulations et des approfondissements:

A: Du monocentrisme au pluricentrisme :approches contemporaines

B: La ville polycentrique,modèle urbain du futur ?

I. Malgré la diversité des espaces urbains, les modèles urbains dégagent des principes

expliquant la répartition spatiale des activités et des hommes:

A.Des caractéristiques communes autorisent des généralisations par aires

culturelles et régionales.

Les grands types de villes

•En observant des données historiques et géographiques, on peut classer les villes en grandes catégories

•La classification du géographe Pierre Georges:

•La ville d’Europe occidentale ou du Japon

•La ville d’Amérique du Nord ou d’Australie

•La ville d’Afrique Noire

•La ville d’Amérique latine

•La ville soviétique

B. Le concept de la rente foncière permet de comprendre l’organisation de l’espace urbain

La ville possède un centre vers lequel les citadins doivent se déplacer.

Une concurrence pour l’espace s’installe.

Un découpage de l’espace urbain se fait alors naturellement:

C.Trois modèles de référence: Burgess, Hoyt,

Harris et Ullman.

La ville concentrique de Burgess (1925)

« Le schéma 1 est la représentation idéale des tendances qu’à toute ville, petite ou grande, à s’étendre en rayonnant à partir de son centre d’affaires (1). Encerclant le centre-ville, on trouve normalement une aire de transition, qui est investie progressivement par les affaires et l’industrie légère (2). Une troisième aire (3) est habitée par les ouvriers de l’industrie qui ont fui l’aire de détérioration (2), mais qui désirent vivre àproximité de leur travail. Au-delà de cette zone, il y a l’aire résidentielle (4) des immeubles de luxe ou des quartier fermés et réglementés de maisons individuelles. Encore plus loin , au-delà des limites de la ville, on trouve la zone des banlieusards -aires suburbaines ou villes satellites- à trente ou soixante minutes du centre des affaires. »

E. Burgess, The growth of the City : an introduction to a research project (1925)

Les données naturelles ne peuvent pas être omises les contraintes du site jouent un rôle déterminant dans l’organisation de la structure urbaine

La ville sectorielle de Hoyt (1939)

Des conditions naturelles particulières ou des lignes de communication favorables ont un effet structurant sur les zones avoisinantes qu’elles rendent plus attractives.

L’évolution de la ville ne s’effectue pas en en cercles réguliers mais en arcs de cercles ou secteurs. La ville évolue par glissement radial du centre vers la périphérie avec, d’un côté, un phénomène d’assimilation d’anciens quartiers au centre (les quartiers situés le long des voies radiales, plus attractifs, ne sont pas abandonnés et se développent plus rapidement), et, de l’autre, un phénomène de détérioration.

Appliqué à Chicago, le modèle de Hoytexplique les déformations provoquées par les

axes routiers ou le lac Michigan

La ville à noyaux multiples de Harris et Ullman (1945)

Harris et Ullman proposent une représentation multicentrique de la ville. La répartition de la population s’explique par des noyaux de croissance multiples. Ces différents centres peuvent avoir des origines différentes, historiques, commerciales, industrielles:le développement de centres indépendants résulte de l’existence d’économies et de déséconomies d’agglomération :les activités semblables et complémentaires exigeant des équipements spécialisés se regroupent; tandis que les zones résidentielles aisées s’éloignent des zones d’habitation défavorisées.

L’écologie factorielle urbaine•L’écologie factorielle réfléchit à la nature du système urbain et à la structure des paysages

•L’écologie factorielle est le résultat de la corrélation entre plusieurs variables:

_le statut socio-économique

_le statut familial

_le statut ethnique

•La ville est le résultat de ses superpositions

II. Cependant, les modèles urbains demeurent des schématisations négligeant certains aspects de la réalité…

A. La remise en cause des modèles urbains par la géographie de la perception

A La remise en cause des modèles urbains par la géographie de la perception

Les modèles urbains négligent l’individualité des citadins en enfaisant de simples homo oeconomicus entièrement rationnels.

La géographie de la perception cherche à mieux saisir les interrelations entre l’individu et l’espace urbainCette analyse se fait en fonction de quatre propriétés élaboréespar Bailly en 1977:

Les propriétés typologiquesLes propriétés projectives et temporellesLes propriétés symboliquesLes propriétés géographiques

Les implications des théories de la géographie de la perception

La ségrégation n’est pas forcément subie.Les villes ont une structure mentale, à laquelle des signifiantsculturels sont associés.« les lieux ne sont plus seulement considérés comme des points mais comme chargés d’un ensemble de valeurs. » Bailly.

Les multiples espaces vécus de Saint-Germain des Prés

B. Les modèles urbains à l’épreuve du temps

L’aspect et les fonctions de la ville se modifient et se renouvellent continuellement au cours du temps.

La mutation des centres, le développement des moyens de transports, la déconcentration des activités à l’œuvre dans les pays industrialisés rendent nécessaire l’adaptation des modèles urbains.

III. … qui nécesssitent des reformulations et des

approfondissements théoriques

A. Du monocentrisme au polycentrisme: les approches contemporaines

La forme la plus simple du modèle monocentrique envisage la ville comme un territoire circulaire entourant le centre d’affaires dans lequel sont regroupés tous les emplois.

Le modèle polycentrique étudie la déconcentration des activités, c’est à dire le processus de diffusion spatiale de fonctions anciennement réservées à la ville-centre.

La ville monocentrique, polyfonctionnelle au centre de laquelle sont concentrées les activités à haut niveau de spécialisation. Ce modèle confirme la morphologie des centres traditionnels, ravivés notamment par les rues piétonnes, des opérations de rénovation urbaine et un phénomène de gentryfication.

La forme monocentriquedérivée :une centralité par spécialisation

La centralité abandonne progressivement le centre historique :Une autre centralitéfonctionnelle s’organise sur de nouveaux espaces.

La forme polynucléaire : le polycentrisme mono-fonctionnel ou poly-fonctionnel

Le centre historique recouvre des fonctions spécialisées de services.Il y a complémentaritéfonctionnelle au niveau de l’agglomération, les activités centrales deviendraient relativement moins spécifiques et au contraire, les spécialisations surgiraient en périphérie.

De la sorte, il y a bien unicité de fonctionnement de l’agglomération et cohérence d’ensemble par une meilleure spécialisation spatiale et l’éclatement des centralités.

B. La ville polycentrique, modèle urbain du futur?

(Étude du modèle de Claude Mangin)

La nouvelle ville mondiale: l’exemple de Los Angeles

La nouvelle ville mondiale: l’exemple de Los Angeles

L’industrie du cinémaÀ Hollywood

Le littoral touristique Multiplication et Spécialisation des

Centres d’impulsion

Passage d’une économie Fordiste à une économie

de la flexiblité

Los-Angeles:Nouveau modèle de la

Ville-mondiale

Extension de la population

Ségrégation toujoursTrès présente

Nouveaux moyens de transport quiRendent compte du polycentrisme

Immigration récenteLatinos et asiatiques

Accroissement naturelélevé

L’industrie traditionnelleEn centre-ville

Extension de la ville et de l’espace urbain

Économie traditionnelle

Création de nouveaux quartiers

La nouvelle ville mondiale: l’exemple de Los Angeles

ConclusionLes modèles urbains n’ont pas seulement intéressé les géographes et les sociologues.Des urbanistes, des philosophes ou des artistes ont pu élaborer des modèles urbains parfaits et utopiques.

Bibliographie

Bailly.A.(dir).Les concepts de la géographie humaine. Armand Colin. 2001Bailly.A.(dir). Villes et croissance. Perspectives. Anthropos economica, 1999Beaujeu-Garnier.J. géographie urbaine. Armand Colin 1995.Claval.P. La logique des villes. LITEC. 1982.Pumain D.(dir). Penser la ville: théories et modèles, Anthropos economica. 1996.Jean de Brunhoff, le roi Babar, Hachette jeunesse