Bréviaire stratégique - Christianisme, spiritualité ... · Clausewitz introduit une mutation...

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Bréviairestratégique

DirectionéditorialeOlivierZajec

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VII–DelastratégienucléaireI–DelanaturedeladissuasionII–DelastratégienucléaireaméricaineIII–DesautresstratégiesnucléairesIV–Delaprolifération

VIII–DelastratégiemaritimeI–DesonhistoireII–DesanatureIII–Desonavenir

IX–DelastratégieaérienneI–DesanatureII–DesonhistoireIII–Desonavenir

X–DustratègeI–Del’intelligencestratégiqueII–Desqualitésdustratège

IDelastratégiepure

1.Lesdéfinitionsdelastratégiesontinnombrables.Aucunenepeutprétendreenglobertouslesaspectsd’uneactivitédontlechampestimmense.

2.Au-delàde l’incertitude sur ladéfinitionde la stratégie,l’opinion commune s’accorde pour dire qu’elle constitue leniveauleplusélevédeconduited’unconflit.LegénéralAilleret(1965)ladéfinissaitcomme:

–niveauoùseconduisentetoùsepréparentlesopérationsmilitairesàl’échelonleplusélevéducommandement(stratégiemilitaire).

–niveaudeceuxquidécidentdelaguerreetquienassurentensuitelaconduited’ensemble(stratégiegouvernementale).

3. Cette différence de degré par rapport aux échelonsinférieurs (tactique ou logistique) entraîne une différence denature.

4.Latactiqueeststrictementmilitaireetcaractériséepar leprimatdelaforce,quiagénéralementlederniermot:«Encasdevictoiretactique,lastratégiesesoumet»(Moltke).

5.Lastratégieprépareetpermetlerèglementfinal,maiselleneconclutpas.Levraistratègesaitquelavictoiremilitairen’estqu’une fin intermédiaire et qu’il doit tenir compte des finsultimes,quirelèventdelapolitique.

I–Del’évolutiondelastratégie

6. Point de départ théorique : le concept de stratégie estd’originegrecque,ilcorrespondàunartdelaguerreélaboréetàune parfaite compréhension du lien entre le politique et lemilitaire(Thucydide).

7. Après une très longue éclipse, il réapparaît à la fin duXVIIIesiècle,avecJolydeMaizeroy,pourrendrecompted’unecomplexité accrue de l’art de la guerre qui rend insuffisant leconceptdetactique.

8.Leconceptdestratégies’imposeaudébutduXIXe siècleavecBülow,l’archiducCharlesetJomini.

9.Ilestalorsstrictementmilitaire.Laconceptioncommunel’identifieàl’artducommandement.Ellenes’intéressequ’àlamise en œuvre de moyens préalablement constitués. Elle estsubordonnéeàlapolitiquedeguerre(Jomini).

10. Clausewitz introduit une mutation fondamentale enaffirmantladualité,politiqueetmilitaire,delastratégie:«Onnepeutconcevoirlesmoyensindépendammentdelafin».

11.Sessuccesseurs(Moltke,Lewal)préfèrentenreveniràlaconceptionmilitaire : « Lorsque la guerre est déclarée, le butmilitairesesubstitueauxfinspolitiques»(Lewal).

12.ÀlafinduXIXesiècle,quelquesauteurscommencentàparlerdestratégiecivileàcôtédelastratégiemilitaire(Iung),oude stratège intégral qui contrôle les trois stratégies militaire,gouvernementaleetdiplomatique(Dupuis).

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111.Uneapprocheminoritairepréfère l’étude systématiqued’unpetitnombred’exemples:c’estlaméthodeducasconcret(Bonnal).

112. La méthode historique comporte des risques maintesfois dénoncés. Parce qu’elle a été la plus employée, elle afocalisélescritiques.

113. Le premier est la tentation permanente d’asservir ladémonstration historique à des idées préconçues (principesposésapriori).

114.Ledeuxièmeconsisteàprétendretirerdesconclusionsgénéralesd’expérienceslocalisées(exempledelarelativitédelanotiondemaîtrisedelamer).

115.Le risque le plus fréquent est une lecture dogmatiqued’exempleshistoriquesauxquelsonfaitdirecequ’onveut.

116.Enfin,laméthodehistoriqueestsouventconservatrice;sestenantssontenclinsàsous-estimerlaportéedesinnovationstechniques.

117. De tels risques sont réels, mais ils ne sont passpécifiquesàlaméthodehistorique.

118.Intelligemmentpratiquée,sansdogmatisme,ellepermetde transposer dansun contexte nouveau, les enseignements dupassé (Guderian conçoit leBlitzkrieg à partir de l’étude de lacampagnede1806).

119. Clausewitz est l’expression pure de la méthodephilosophique,quiétaitdéjàcelledeSunZi.

120.L’objetdelathéorien’estpasseulementlaconduitedela guerre, mais bien « la guerre dans son ensemble »(Scharnhorst).

121. La méthode philosophique est fondamentalementdéductive : les concepts vont donner lieu à un enchaînementlogiquedepropositions.

122. Très difficile, la méthode philosophique est rarementpratiquée:Corbett,Rosinski,Poirier…

123. La science stratégique naissante a étémarquée par lavogue d’une méthode scientifique à base géométrique, dontl’ambitionétaitd’éliminerlehasarddelaconduitedelaguerre.Ce dogmatisme a culminé avec Bülow, que Clausewitz adurementcritiqué.

124.Uneapprochesemblable,moinsdogmatique,aresurgiàlafinduXIXesiècle,aveclesplaidoyersdeLewaletdeBlumepouruneméthoderationnelle,mais lavolontéd’ignorerouaumoins de réduire la part des facteurs moraux s’est révéléeintenable.

125. Ce genre de raisonnement a priori connaît, depuis1945, un renouveau pour la stratégie nucléaire (avec lesscénarios) et pour les niveaux opératif et tactique (avec larechercheopérationnelle).

126. La révolution industrielle entraîne la vogue d’uneméthode réaliste ou positive, qui triomphe après 1870 avecRüstow, décline après 1900, revient dans l’entre-deux-guerres.Elle récuse les enseignements de l’histoire pour s’intéresser à

l’étatdel’artàuneépoquedonnée.

127. Cette démarche a/ou anti-historique ne réduit pas lanécessitédelaréflexion:lesmoyensnevalentqueparl’usagequ’onenfait(Fuller).

128.Laméthoderéalisteprenduneformeparticulièredansledomainenaval,avecunefocalisationsurlesmoyens:c’estlaméthode matérielle de la Jeune École. La réaction historiquetriomphe dans la premièremoitié duXXe siècle (de Corbett àBrodie).

129. La pensée aérienne sera presque exclusivementmatérielle, avec Ader puis Douhet, avant de s’ouvrir auxméthodesrationnelle(Warden)etphilosophique(Boyd).

130.LaméthodegéographiqueconnaîtunegrandevogueàlaBelleÉpoque avec la géographiemilitaire, avant de prendrede nouvelles formes au XXe siècle (géographie stratégique,géostratégie).

131. D’autres méthodes connaissent un développementmoindre.

132.C’estlecasdelaméthodeculturaliste,esquisséedèsleXVIIIe siècle (Bourdon de Sigrais), mais qui ne se développevéritablementqu’auXXesiècle(Kiralfy,Weigley).

133.C’estégalementlecasdelaméthodeprospective,quiafaitl’objetdemultiplestentatives,rarementconvaincantes.

II–Del’objetdelaméthode

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VIDel’artstratégique

241. «À la guerre,même les choses les plus simples sontcompliquées»(Clausewitz).

242. En stratégie, les choses ne se passent jamais commeprévu, il y a un décalage constant entre la conception etl’exécution,c’estlafrictionthéoriséeparClausewitz.

243.Ledésordrecroîtavecledéveloppementdesopérationsjusqu’àaboutiràl’anarchie(Berenhorst),parfoisauchaos.

244. Ce désordre croissant est certes commun à toutes lesactivitéscomplexes,maisilseposeavecuneparticulièreacuitéenstratégie,dufaitdesoncaractèrepotentiellementdestructeur.

245.Cephénomènes’observeàtouslesniveauxdel’activitéstratégique,tantdanssonarticulationaveclapolitique(stratégiegénérale, grande stratégie) que dans sa dimension militaire(stratégieopérationnelle).

I–Delastratégiegénérale

246.Leproblèmefondamentaldustratègeestdereconnaîtrelanatureduproblèmeauquelilestconfronté.

247.Entactique,ceproblèmeestexclusivementmilitaireetseramèneaumeilleuremploidelaforcedisponible.

248.Enstratégie, leproblèmeestbeaucouppluscomplexecarilestrelatifàl’emploidemoyensdenaturedifférente,nonseulement d’un point de vue militaire, mais également parrapportauxfinspoursuivies(dimensionpolitique).

249. La conséquence pratique est qu’on ne mène pas uneguerreconventionnelleouuneguerrerévolutionnaire,uneguerretotaleouunconflitlimitédelamêmemanière.

250.Lapremièretâchedustratègeestdonc(oudevraitêtre)de proportionner ses buts militaires à l’objet politique de laguerre.

251. Jomini et Clausewitz ont distingué deux sortes deguerres en fonction de leur objet, l’une qui a pour objetd’anéantir l’adversaire, l’autre qui a pour objet d’agrandir sonterritoireauxdépensdel’ennemisansdétruirecelui-ci.

252.Ledébats’estdéplacésurunautreplandanslesannées1880, avec la distinction posée par l’historienHansDelbrück,entrestratégied’anéantissement(Napoléon)etstratégied’usure(Frédéric II) qu’il prétendait avoir tirée deClausewitz. Il en arésultéla«querelledesstratèges».

253. Ludendorff a relancé le débat dans l’entre-deux-guerres, avec sa notion de guerre totale entraînant lasubordinationdelapolitiqueàlaguerre.

254.Après 1945, le problème s’est encore compliqué avecl’émergencedelaguerrerévolutionnaire.

255. La stratégie d’anéantissement n’est pas forcémentsynonyme de destruction totale : elle recherche la décision

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XXesiècle.

369.Contre cediscoursdominant,uneopinionminoritairesoutientque lesarmesnucléaires imposent leur logiquepropreaux États qui s’en dotent et que la dissuasion n’est pasl’apanagedequelquespaysdéveloppés(Poirier).

370. L’Inde et le Pakistan sont un bon exemple de cetteambiguïté, avec des relations conflictuelles qui menacentconstamment de dégénérer en guerre, mais aussi uneassimilationtrèsrapidedesrèglesdeladissuasion.

371. Le déclin de la dissuasion, abondamment commenté,relève du discours (nullement désintéressé) plutôt que del’analysedelaréalitéstratégique.

VIIIDelastratégiemaritime

414. Lemilieumaritime est, à la fois, source de richesses(pêche, aujourd’hui pétrole off shore, demain nodulespolymétalliques) et moyen de communication : cette dernièrefonction est la plus importante et commande la stratégiemaritime.

415. Mais la mer est aussi le théâtre des conflits : lesaffrontements se sont transportés sur mer dès la plus hauteAntiquité.

I–Desonhistoire

416. Pendant longtemps, les batailles navales ont souventrevêtuuneformesemblableàcelledesbataillesterrestres,avecunabordagesuivid’uncombatentredessoldatsdemarine.

417. LesGrecs ont été les créateurs d’une tactique navalespécifique, combinant le choc (éperon), la manœuvre et lesarmesdejet(balistes,potsenflammés…).

418.Les galères seront l’instrument privilégié de la guerrenavale pendant plus de deux millénaires, de la bataille deCorcyre (–664) à celle de Lépante (1571). Mais lescaractéristiques des galères (rayon d’action très faible,constructiontrèsrapideetfacile)interdisentl’acquisitiond’unemaîtrisedelamerdurable.

419.Àl’époquemoderne,levaisseaudehaut-bordentraîneunerévolutionmilitairesurmer,avecleprimatde lapuissancedefeuetuneautonomiequipermetdesoutenirdescampagnesdelonguedurée.

420.AuXIXe siècle, l’apparitionde la vapeur entraîneunenouvelle révolution militaire sur mer, en affranchissant lesflottes de la contrainte des vents. En outre, l’importance ducommerce maritime ne cesse de croître avec la révolutionindustrielle. Une véritable stratégie maritime devient enfinpossible.

421.C’estàcetteépoquequ’apparaît,avecunnotableretardsursonmodèleterrestre,unepenséestratégiquenavale.Celle-civaseconstituerautourdedeuxparadigmesconcurrents.

422. L’école historique va trouver son maître avecl’AméricainAlfredThayerMahan,quiaffirmelasupérioritédesempiresmaritimesetlanécessitéd’obtenirlamaîtrisedelamerparlabataille.

423.L’écolematérielleouréalistevatrouversonincarnationlapluspureaveclaJeuneÉcolefrançaise,quiessaiededéfinirunestratégiealternativefaceàlasuprématiebritannique.

424. La stratégie maritime a fait l’objet d’une littératureabondante,maissansatteindreleperfectionnementthéoriquedelapenséestratégiqueterrestre,àquelquesraresexceptionsprès(Corbett,Castex,Rosinski).

II–Desanature

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malgrélerègnedelatechnique:lastratégienucléairenereposepasseulementsur lapuissance terrifiantede l’arme,maisaussisur l’idée que l’on se fait de son emploi éventuel (scénarios,stratégiesdéclaratoires).

536. Elle s’impose encore plus aujourd’hui dans unenvironnement très complexe (contrainte des médias et del’opinion)etdansuncontextederéductiongénéraledesmoyens(le choix des programmes d’armement devient la décisioncentraledetoutepolitiquededéfense).

II–Desqualitésdustratège

537. Cette approche est réductrice, dans la mesure où lecommandement n’est pas seulement affaire d’intelligencemaiségalementdecaractère.

538.Auboutduraisonnement,ilfautunedécision.

539.Lavolontéd’agirnesuffitpas, il fautêtrecapabledemaîtriser une situation (Freund). La stratégie est une affaired’intelligencecommandéeparlavolonté.

540. Le stratège unit les deux vertus intellectuellesd’intelligence et de volonté. « Toute intelligence est, par sanature même, le résultat, à la fois ternaire et unique, d’uneperception qui appréhende, d’une raison qui affirme, d’unevolontéquiagit»(J.deMaistre).

541. Il faut des aptitudes spéciales, qui ne sont pas cellesdemandées au combat ou même en tactique. Le courage dustratège n’est pas seulement physique. « Ma mère a mis au

mondeungénéral,pasunsoldat»(ScipionEmilien).

542. Un bon stratège doit posséder trois qualitésessentielles : le courage, la forme physique, l’intelligencecréatrice(Fuller).

543.Onabeaucoupd’exemplesdansl’histoiredechefs:–quin’ontnicompris,niagi(générauxfrançaisde1870);– qui ont agi sans comprendre (généraux de la première

guerremondialerecherchantàtoutprixlapercée);–quiontcomprissansagir(Villeneuve,Gamelin).

544.Beaucoupde combattantshéroïquesont étédes chefstimorés dès qu’ils ont dû manœuvrer au niveau stratégique(Oudinot,Grouchy).

545.L’artdelaguerreobligeàintégreruntrèsgrandnombredefacteurs,à tenircomptede lafragilitéetde l’imprévisibilitédes acteurs (rivalités au sein de son propre camp, peur), às’adapterenpermanenceàladynamiquedesévénements.

546. Peu d’activités sociales se déroulent selon un telrythme(stress),dansdesconditionsd’incertitudeaussigrandes.

547. Les moyens actuels d’observation et de transmissionn’ont pas éliminé l’incertitude, ils ont remplacé l’absenced’informations par une masse d’informations dont le tri etl’interprétationsontsouventproblématiques.

548. Le stratège est celui qui, confronté à une situationcomplexe, saura la réduire à un nombre réduit d’options entrelesquelles ildevrachoisirpourdéfinirunedirection,concevoir

unemanœuvre.

549.Puispoursuivrel’exécutiondecettemanœuvreàtraversdes frictions de tous ordres et l’adapter à des circonstancescontinuellementchangeantes.

550. Il doit donc concilier l’unité de vues avec la divisiond’attention, c’est-à-dire poursuivre un but unique tout enintégrant des paramètres multiples. « Je vais toujours auxgrandeschoses,j’yemploietoutesmesforces»(FrédéricII).

551. L’intuition est ici déterminante. « Le hautcommandementn’estpasunesciencelogique,maisunescienceintuitive,quiexigeavanttoutdelapersonnalité»(Tirpitz).

552. Le stratège est capable de voir au-delà du problèmeimmédiat qui lui est posé : le tacticien recherche le point dudispositifennemileplusfacileàrompre; lestratègerecherchele point qui autorise la plus grande exploitation (Manstein en1944,àproposdelaruptured’encerclementenUkraine).

553.Lestratègefaitladifférenceentredessuccèstactiquesetunevictoirestratégique(Mannerheimen1940,àproposdelacontinuationdelaguerred’Hiver).

554. Le stratège saisit la double dimension, militaire etpolitique,desproblèmesauxquelsilestconfronté(Mannerheimen1941,àproposdel’attaquedeLeningrad).

555.Lesgrandsstratègessontaussiraresdansl’histoirequelesgrandshommesd’État.

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