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7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
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Laccessibilit au quotidien Dcembre 2012numro 12
Belgique-Belge
P.P. P.B.
6099 CHARLEROI X
BC 1477
4 reportage en imagesLe vote accessible Namur
7 dossierVieillir, comme gouverner,cest prvoir
18 loisirsLa ptanque
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s chaisards au foss !
es bilingues, ils vont par o ?!
ne guide hoquetante
Rampe avec zone de dtresse pour chaisard sans frein
Mais non, les PMR ne sont pas tous des clowns...!
A bon entendeur...
Pots de fleurs et panneau publicitaire non sensibiliss la cause des PMR
Les chaisards lvent le coude plus souvent qued'autres.
Sanitaires sportifs
>> 2 aireslibres Dcembre 2012
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Quand je serai vieux, je serai insupportable
Je serai insupportable car, dabord, je ne serai jamais vieux.
Je naccepterai pas que les jeunes qui restent me cataloguent de la sorte.
Jamais je ne voudrai tre cart de ma vie, ni perdre mon autonomie.
Quil soit le 3me, le 4me ou mme le 5me, mon ge ne sera pas un problme.
La vie restera toujours devant moi.
Dailleurs, regardez ceux dont le mtier est de prvoir, ont-ils lair de se tra-
casser ?
Alors, que se passe-t-il ? Do vient lurgence ?
Le vieillissement de la population vous est prsent dans ce numro comme un
fabuleux enjeu de socit. Environnement, mobilit, accessibilit sont mis en
perspective avec la cause des ans. Ces derniers sont en train de transformer laralit et par l mme le concept du vieillissement.
Le babyboom est devenu le papyboom, cest la fte quoi !
Vincent Snoeck
Directeur
diteur responsable :Gamah asbl Vincent SnoeckRue de la Ppinire, 23 5000 NamurTl. : 081 24 19 37 Fax : 081 24 19 50www.gamah.be contact@gamah.be
Parat tous les 6 mois
Bureau de dpt : 6099 Charleroi X
Coordinateurs : Anne-Sophie Marchal et Patrick Bartholom
Mise en page : Knok Design www.knok.be
Illustrations : Michal Walravens
http ://macravens.skynetblogs.be - 0476 30 32 69Ont collabor la conception et la rdaction de ce numro :Marie-Ange Vandecandelaere, Thomas Deremince,Patrick Bartholom, Sarah Logan, Chantal Mons,Anne-Sophie Marchal, Vincent Snoeck.
SommaireM'enfin ! 2
Edito 3
Reportage en images :Le vote accessible Namur 4
Dossier :Vieillir, comme gouverner, cest prvoir 7
Entretiens :Bertrand Ippersiel
& Pierre-Marie Chapon 15
Vos loisirs :La ptanque 18
Tout s'explique :La zone de prhension 22
Edito
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Le vote accessible NamurRendre les lections accessibles tous ne consiste pas seulement mettre en place des rampes daccs aux bureaux
de vote. La ville de Namur la bien compris et propose un accueil exemplaire des personnes mobilit rduite (PMR).
Ces multiples bonnes pratiques sont le fruit dune collaboration entre diffrents services de la Ville (lections, voirie, bti-
ment et mobilit) et le Collectif Accessibilit de Namur.Pour ces dernires lections, la grande majorit des bureaux de vote tait accessible aux PMR. Ne reste plus qu trans-
mettre lenvie dautres communes dagir de la sorte
Marie-Ange Vandecandelaere et Thomas Deremince
Renseignements : Ville de Namur | Service Mobilit (coordination accessibilit Elections) | Htel de Ville | 5000 NamurPascale Derhet | 081/24 60 87 | pascale.derhet@ville.namur.be
Collectif Accessibilit Namur | Rue des Tanneries, 55 | 5000 Namur
Samuel Vandenbrande | 081/24 48 16 | collectifaccessibilitenamur@gmail.com
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1. Les agents lectoraux communauxarborent un gilet fluo qui les rendfacilement identifiables. Ils sontdisponibles pour le public afindapporter une aide ventuelle. Ilsont bnfici, au pralable, dunesensibilisation laccueil despersonnes handicapes.
2 et 3. Ds lentre, un documentrenseigne sur les facilits misesen place sur le site en faveur delaccueil des PMR.
4 et 5. Des panneaux indiquant lesemplacements rservs aux PMRsont prsents depuis la voirie.
6. Les emplacements destationnement rservs sont placs proximit immdiate des bureauxde vote.
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7. Si lentre nest pas de plain-pied, des plans inclinsamovibles permettent laccs aux bureaux de vote.Cependant, leur pente ncessite parfois un coup de main.
8. Des siges sont rpartis dans les zones dattente afin depouvoir sy reposer, tout en conservant sa place dans la file.
9. Un isoloir adapt est prsent dans chaque bureau de vote.Sa taille, plus large et plus profonde, et sa tablette abaissepermettent son utilisation par les personnes en chaiseroulante.
10. Une loupe est disponible dans chaque bureau de vote afindaider les personnes malvoyantes ou bien encore lespersonnes distraites ayant oubli leurs lunettes de lecture.
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Vieillir,comme gouverner,cest prvoir
Le vieillissement de la population notre vieillissement est-il une ralit ou un clich colport par les mdias ? Dansune socit qui comptera toujours plus de seniors, sommes-nous vraiment sous la menace de cette bombe financire etsociale que reprsentent la dpendance, le cot des soins desant et les questions conomiques lies laccueil des anset leurs retraites ? Nombreux sont les chercheurs qui tudient
et dbattent de ces questions. Nous en abordons quelques-unesdans ce dossier. Il en ressort surtout que bien vieillir estquelque chose qui santicipe, en tant quindividu ou au niveau dela socit, afin de prparer le meilleur avenir possible pour tous.
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LEurope ride : cette formule
provocatrice est ne de limaginaire
de Grard-Franois Dumont, go-
graphe, conomiste et dmographe
franais, spcialiste des questions de
vieillissement. Au-del de la formule,
limage recouvre une ralit mesu-rable : la population vieillit effective-
ment. Depuis le dbut des annes 70,
la fcondit est en recul et n'assure
plus le remplacement des gnrations
prcdentes.
La part de la population jeune dans
la population totale se rduit : de
23,48% en 1960, elle a dgringol
18,10% en 1990 pour poursuivre sa
descente jusque 16,85% en 2008.
Elle semble maintenant se stabi-
liser autour de ce niveau (source :
http ://perspective.usherbrooke.ca).
Dautre part, la dure de vie s'est
allonge : si l'esprance de vie avoi-
sinait 45 ans en 1900, elle atteignait
66 ans en 1950 et 78 ans en 1998.
En 2010, elle a quasiment atteint 80
ans et pourrait se hisser 85 ans en
2050. La pyramide des ges se pr-sente donc comme rtrcie la base
en s'largissant en son sommet.
Voil pour les faits. Mais quen est-il
de notre perception de la vieillesse ?
Il semble quelle nvolue plus : une
approche fataliste et maussade,
aujourd'hui fige, a t adopte ds le
dbut du XXe sicle. La vieillesse a t
associe aux ides de dpendance,
de perte d'autonomie, de maladie etde handicap. Des chercheurs comme
Robert Butler parlent dgisme
envers les ans pour dcrire un pro-
cessus social par lequel des personnes
sont strotypes et discrimines en
raison de leur ge, attitude proche du
racisme et du sexisme. Nos socits
occidentales adoptent en effet des
comportements dvalorisant les per-
sonnes du fait de leur ge alors que lajeunesse, son apparence, ses valeurs,
sa culture, sont ports aux nues.
Vieux : une notion relativeLe vieillissement dmographique est
une certitude mais la vieillesse reste
toute relative. Le vieux des annes
50 ne ressemble en rien celui de
2010. Dans notre socit, les pro-
grs sociaux, techniques et mdicauxpermettent d'accumuler des annes
supplmentaires dans de bonnes
conditions. L'ge d'entre dans la
vieillesse recule donc tandis que le
vieillissement dmographique poursuit
son ascension. Un nom a t donn
ce phnomne prsent dans de nom-
breux pays : la rvolution grise .
Ce changement fondamental reste
pourtant silencieux et peu pris en
compte. Car la population vieillit en
douceur. Le fait est admis tacitement
et jusqu prsent, il ninterpelle sou-
vent que pour la question du paiement
des pensions. Discrets dans larne
politique en tant que groupe social,
les ans ne constituent pas (ou pas
encore) des partis, norganisent pas
de manifestations pour exiger quon
prenne en compte leurs attentes. Pour-
tant, le dfi majeur pour notre avenir
est moins celui de la dpendance que
celui du vieillissement de la popula-
tion , concluait un groupe de travail
intitul Socit et vieillissement ,
constitu en France dans le cadre d'un
dbat national sur la dpendance (voir
rfrences compltes en fin darticle).
Vieillissement nest pas
synonyme de dpendanceUne population qui vieillit est actuel-
lement perue au niveau politique
comme source de trois problmes : la
Source : statbel.fgov.be
Nous entronsde plus en plus
tard dans lavieillesse !
La part de lapopulation jeune
se rduit.
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techniques, humaines mais aussi envi-
ronnementales.
Dans cette optique, vieillir nest plus
apprhend comme porter un fardeau
de plus mais poursuivre le cours de sa
vie. Cette attitude se peroit dans la
volont de nombreux seniors : la plu-
part rechignent changer leurs habi-
tudes, tre la charge de quelquun
et suivre un rythme quils nont pas
choisi. Qui na pas entendu un aeul
assurer sans ciller que les maisons
de repos, cest pour les vieux ! .
Et bien souvent, ils ont raison : leur
niveau dautonomie nexige pas den-
cadrement particulier.
Cohrence insuffisante des
politiques daccompagnementMaintenir la personne vieillissante
dans son habitat, son quartier, ses habi-
tudes et son rseau social n'implique
pas seulement dorganiser des soins
mais galement de prendre en compte
le logement et l'environnement.
Il s'agit d'accompagner la personne
qui avance en ge dans ses volutions
probables et de les planifier dans son
cadre de vie. Il faut pour cela travailler
conjointement dans divers domaines :
le logement, l'environnement, l'accs
aux biens et services, les transports,
la culture, les aides humaines
En Belgique, ces secteurs relvent de
la comptence de diffrents niveaux
de pouvoir (fdraux, communau-
taires et rgionaux) dont les politiques
ne sont pas assez coordonnes pour
apporter une rponse globale. Croiser
les regards et les comptences est
indispensable. Penser les personnes
ges comme intgres dans leurs
milieux (et notamment le milieu local)
exige une conception de l'amnage-
ment du territoire qui n'isole pas les
problmatiques qui les concernent,
mais qui au contraire intgre dans
toutes les politiques leur prsence,leurs spcificits et leurs besoins ,note Philippe Tizon, chercheur lUni-
versit de Pau.
Des quartiers amis des ans Vieillir dans des conditions qui favo-
risent lautonomie, le bien-tre et la
participation implique de prendre en
compte lenvironnement et les infras-
tructures o les ans voluent : loge-
ment, espaces extrieurs et transport.
dpendance, la sant et les questions
conomiques (manque de places dans
les maisons de repos et dans les hpi-
taux, cots levs des pensions et des
soins de sant). Les actions mises
sur pied cherchent donc pallier les
dficiences lies lge. Or le vieillisse-ment nentrane pas systmatiquement
des pertes : les chercheurs saccordent
pour constater que le dclin de lauto-
nomie ne concerne quune minorit de
personnes trs ges. Et souvent il ne
rsulte que de l'inadquation entre
les capacits de l'individu g et son
environnement. Une large fraction des
citoyens cheveux blancs reste donc
autonome.
Bien vieillir se prpareCes constats amnent une conclu-
sion vidente : il est plus intressant
daxer les mesures daccompagnement
autour du bien vieillir , cest--dire
prparer, pour tous, le meilleur avenir
possible. Par exemple en permettant
aux ans de rester aussi longtemps
que possible en bonne sant, actifset autonomes. La perte dautonomie
est plus souvent volutive que brutale
et elle peut tre freine, voire vite,
moyennant des actions mdicales,
Attendre que
la personne soitdpendante pourlui donner une aide,c'est plus chercher
compenser despertes que tenterde conserver les
capacits de la
personne Serge Clment
Un environnementaccessible favorise le
vieillissement actif.
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retarde ou limite la perte dautonomie
des personnes ges. Cest donc un
des facteurs dterminants dans la pr-vention des risques et un levier dcisif
pour permettre le bien vieillir . Dans
les prochaines annes, la production de
logements neufs ne permettra pas de
faire face lensemble des demandes
lies lvolution dmographique. Il
faudra donc galement mettre laccent
sur la rhabilitation. Ds prsent,
la conception ou la rnovation de
logements doit permettre aux diff-rents types dusagers dy vivre le plus
longtemps possible, tout en gardant
ces logements attractifs pour tous.
Ces habitations doivent tre conues
la base pour satisfaire les besoins
du plus grand nombre et pouvoir vo-
luer selon les exigences spcifiques
des personnes vieillissantes. Pour
Muriel Boulmier, experte en logement
et auteure de plusieurs rapports sur
les questions de dpendance, il faut
placer le curseur de telle manire
que les adaptations permettent dac-
compagner le vieillissement le plus
longtemps possible (jusquau plus
haut degr de dpendance possible),
mais tout en convenant un public qui
vieillit longtemps autonome .
Les logements adaptables rencontrent
parfaitement ces attentes. Il sagitdhabitations dont laccs est ais
pour tous, depuis les abords jusquaux
pices principales de lhabitation (cui-
sine, sjour, chambre, salle de bains
et toilettes). Ses quipements sont
aisment utilisables par les personnes
ges et apportent un confort dusage
supplmentaire pour les autres occu-
pants. Enfin, ces logements sont
conus pour pouvoir tre transforms
aisment, grce des travaux simples
et peu coteux, pour rpondre aux
besoins spcifiques dun occupant
dont la mobilit se rduit1.
Et il faut assurer larticulation entre
ces trois espaces indiscutablement
lis. Pour rsumer de faon simpliste,il sagit dliminer les obstacles,
rels ou ressentis, en crant des
milieux favorables. Dans leur rap-
port, Annick Morel & Olivier Veber
affirment : Comme le handicap, laperte dautonomie des personnes
ges, dont lorigine est impu-table une dficience ou unepolypathologie, sinscrit dans
une dynamique entre la per-sonne et son environnementhumain et matriel qui peutaccrotre ou au contraire
rduire/compenser lesincapacits. La prven-tion de la perte dauto-
nomie est donc mdicaleet/ou sociale voire "envi-ronnementale". Dans tousles cas, elle ncessite quesoit envisage linterac-tion entre ces diffrentesdimensions .
Vieillir lendroit de
son choixOutre le
placement en
maison de repos, deuxchoix soffrent gnrale-
ment aux ans : rester dans
leur logement en ladaptant
ou emmnager dans une
habitation plus approprie.
Lenjeu pour la collecti-
vit est de leur garantir ce
choix. Or loffre actuelle de
logements suffisamment
adapts ne permet pas de
rpondre, en nombre et
en qualit, ces besoins.
Pourtant lamnagement
des habitations existantes
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Vieillir dans un environnementfavorableUn milieu favorable joue un rle capitaldans le maintien domicile. En effet,
les personnes qui avancent en ge
souhaitent rester le plus longtemps
possible dans leur habitation surtout
pour ne pas vivre le vieillissement
comme une rupture, un arrachement
leur cadre de vie. Ainsi, adapter lenvi-
ronnement extrieur est tout aussi
essentiel quamnager le logement.
Un environnement de qualit est doncun lment dterminant pour vieillir
en restant actif et conserver sa vie
sociale. Des espaces verts de qualit,
des trottoirs scuriss, des bancs, des
toilettes publiques sont autant de
facteurs qui favorisent les dplace-
ments quotidiens des seniors.
Si bnficier despaces publics acces-
sibles est un pr-requis essentiel pour
se dplacer, ce nest pourtant pas suf-fisant. Certains lments cls peuvent
inciter les personnes vieillissantes
circuler dans le quartier, dans la ville,
comme les commerces et services
de proximit : picerie, boulangerie,
boucherie, poste, salon de coiffure,
librairie, banque, etc. Ainsi que les
sites culturels : muse, cinma,
glise, salle dexposition Combins
une accessibilit satisfaisante, il nemanque plus ces points dattraction
quune offre correcte de transport en
commun pour que les ans puissent
tous investir sans contrainte lespace
public.
1. Dans son numro 4 (disponible sur www.gamah.be/aires-libres), Aires Libres dtaillait ce concept de logement adaptable. Lesinformations techniques sont dveloppes dans le Guide daide la conception dun logement adaptable tlchargeable ladressewww.cawab.be/pdf/guide_aide_conception_logement_adaptable.pdf.
Une offre de transportpublic satisfaisantepermet de maintenirla mobilit de tous, ycompris des personnesvieillissantes.
L'absence de commerces de proximit et des amnagements de pitre qualit entravent l'autonomie des ans.
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difficults pour changer de position et
des problmes dquilibre, apprcie-
ront que les chauffeurs adoptent unstyle de conduite fluide et quils soient
sensibiliss leurs difficults.
Les lignes de transport rgulires ne
pourront certainement pas combler
toutes les attentes ces gards, par-
ticulirement dans des contextes plus
ruraux. Cest pourquoi il est important
de continuer dvelopper le transport
la demande pour les personnes plus
ges.
Circuler mieux pour vivre mieuxLa mobilit physique des ans est
troitement lie aux caractristiques
de leur cadre de vie. Ne pas pouvoir
circuler de manire autonome a sou-
vent des consquences majeures surla personne ge : isolement social,dtrioration de ltat de sant, perte
dautonomie et ventuellement, dim-portantes charges pour la socit ,constate Paula Negron-Poblette dans
la revue VertigO. Les formes urbaines,
les territoires o vivront les ans de
demain, ne doivent pas crer de situa-
tions dexclusion envers les popula-
tions mobilit rduite, que cela soit
d leur ge ou tout autre facteur.
Au contraire, ils doivent leur assurer
une pleine participation la vie
sociale et socitale.
En voluant dans des territoires dans
lesquels ces trois grands aspects
(logement, espaces extrieurs, trans-
port) auront t pris en compte, les
ans verront coup sr leur qualit de
vie grandement amliore. Il ne sagit
pas pour autant dliminer les services
daide (assistance domicile, soutien
des aidants proches) qui resterontindispensables pour les seniors.
Vieillir en conservant samobilitDe nombreuses tudes dmontrent
que la mobilit dcrot avec lge,
mais il est intressant de pointer
lanalyse de Serge Clment et de ses
co-auteurs selon qui les personnesde plus de 65 ans sont toutefois aussimobiles que les autres catgoriesdge si lon limine les dplacementslis lactivit scolaire ou profes-sionnelle . Cest partir de 80 ans
seulement que la mobilit chute signi-
ficativement. Et en attendant, com-
ment se dplacent les ans ? Parmi
leurs moyens de dplacements privil-
gis lauto est utilise de plus en plus
longtemps, surtout pour les personnes
rsidant en banlieue ou dans des vil-
lages. Cela dit, une part non ngli-
geable des seniors dcide de ne plus
conduire. Il faut alors veiller ce que
leur dmotorisation ne provoquepas un isolement dautant plus que les
ans de demain, avec leur esprance
de vie accrue, vivront plus dannes de
mobilit sans voiture !
Pouvoir utiliser les transports en
commun de faon autonome est impor-
tant pour vieillir en restant actif. Mais
ces moyens de transport doivent pr-
senter plusieurs caractristiques pourque les ans les utilisent aisment :
ils doivent avant tout tre disponibles
proximit de leur habitation ; loffre
doit tre fiable et suffisamment varie
tant en termes de frquence que de
destinations ; le matriel roulant et
les arrts doivent tre accessibles.
Car monter et descendre des marches,
rester debout dans un vhicule en
mouvement, attendre debout est
peu confortable pour de nombreux
ans (et peu agrable pour nimporte
quel usager !). Enfin les personnes
ges, qui connaissent souvent des
Chris Paulis, anthropologue,
propos de la socit
multignrationnelleDocteur en anthropologie l'Uni-versit de Lige, Chris Paulisintervenait en novembre dernierau colloque Le vieillissementde la personne handicape lorsdu forum Handicom. Selon elle, les grands-parents reprsen-
tent aujourdhui prs de 50 % delespace de temps-vie : on a desgrands-parents qui ont eux-mmesdes enfants en mme temps que
leurs enfants ont leurs premiers.De plus, quatre gnrations viventensemble dsormais. La socitmultignrationnelle incite ou inviteles personnes vieillissantes res-
ter actives : voyager, consommer,bouger son corps ou sa tte (crer,apprendre). Une vieillesse inac-
tive est considre comme un malvieillir. Or les PMR nont pas accsaussi aisment, une fois la retraitevenue, toutes ces invitations.Donc les PMR sont stigmatises
doublement car leur handicap dedpart sajoutent dautres difficul-
ts lies au vieillissement. Le handi-cap devient un obstacle au vieillis-sement actif normal selon lanorme actuelle. Les personnes plusdifficilement mobiles sont peruescomme faibles et fragiles. Et dansles reprsentations sociales, la fai-blesse est aussi associe une fai-blesse de caractre. Avec le risqueque lestime de soi dune PMR
vieillissante diminue plus rapide-ment surtout dans une socit iden-
titaire, cest--dire qui fait grandcas de lindividu, ptrie de jeunismeet dinjonctions au bien-tre.
Zone de rencontreintergnrationnelle
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Pour un nouveau socle depolitiques publiquesPour offrir aux personnes vieillis-santes de demain des logements
adaptables, situs dans des environ-
nements favorables et bien desservis
par les transports en commun, cest
ds aujourdhui que des politiques
publiques transversales tant au
niveau fdral, rgional que local
doivent tre mises en place. Face
cette volution dmographique, les
politiques publiques ne doivent doncpas uniquement se concentrer sur
lhbergement et le paiement des pen-
sions. Dans leur tude, Pierre-Marie
Chapon et Florent Renard insistent
sur la ncessit de dvelopper unerflexion sur la notion dhabitat quisuppose lintgration de lenvironne-ment du logement .
Le vieillissement de la popula-
tion, mme sil apporte un lot de
contraintes indites, peut tre consi-dr comme une chance. Lassumer,
cest nous obliger rflchir un nou-
veau socle des politiques publiques
en matire de transport, durbanisme,
de logement et de prvention. Nan-
moins, le monde politique nest pas le
seul pouvoir intervenir afin dassurer
une vieillesse agrable tous. Il est
vident que les concepteurs et plani-
ficateurs despaces et de btimentsdoivent repenser leurs pratiques en
intgrant ce nouveau dfi.
De plus, chacun, nous pouvons agir.
Tout dabord, en considrant les ans
comme des individus ayant toujours
une place dans la socit. Mme sils
ne travaillent plus, ils jouent un rle
prpondrant diffrents niveaux
sociaux. Ce sont des acteurs tant de la
vie conomique que sociale, culturelle
et politique.Enfin, nous pouvons tous adopter
ds maintenant des comportements
prventifs qui nous permettront,
nous ans de demain, de bien vieillir.
Pour cela, tout au long de notre vie,
choisissons mieux notre habitat, fami-
liarisons-nous avec les transports en
commun, dveloppons notre rseau
social, entretenons notre sant, etc.
Changeons donc de point de vue en
apprhendant lallongement de la
dure de vie sous une perspective
rjouissante. Comme le dit Jacques
Salom : Vieillir ensemble, ce nestpas ajouter des annes la vie, maisde la vie aux annes .
Marie-Ange Vandecandelaere &Anne-Sophie Marchal
Rfrences> Ladaptation de lhabitat lvolution dmographique : un chantier
davenir, Muriel Boulmier, p. 31
> Prise en compte du vieillissement dans les documents durbanisme
et de planification - Une ncessaire classification des territoires,
Pierre-Marie Chapon, Laurent Renard, In Etudes foncires n141, sep-
tembre - octobre 2009
> Usages, normes, autonomie : analyse critique de la bibliographieconcernant le vieillissement de la population, Serge Clment, Christine
Rolland, Christine Thoer-Fabre, Universit Toulouse Le Mirail & CIRUS-
CIEU, Fvrier 2005, pp. 8, 32 et 43
> Socit et vieillissement - Rapport du groupe n1 sur la prise en charge
de la dpendance, Annick Morel & Olivier Veber, France, Ministre des
solidarits et de la cohsion sociale, p. 17
> Arrimer les comptences individuelles des personnes ges et
laccessibilit des territoires de banlieue pour une mobilit durable,
Paula Negron-Poblette, VertigO la revue lectronique des sciences de
lenvironnement, Hors-srie 11, mai 2012> Si je mcoutais, je mentendrais, Jacques Salom
> Vieillissement : sant et socit Dfis et perspectives, Philippe Tizon,
Universit de Pau et des Pays de l'Adour, 2005, p. 15
lire aussi surwww.gamah.be
> Le conseil accessible sur
les arrts de bus (disponible
sur www.gamah.be, onglet
documentation/conseils-acces-
sibles/transport)
> Le concept de logement
adaptable, dtaill dans
le numro 4 dAires Libres
(disponible sur www.gamah.be/
aires-libres)
tlcharger surwww.cawab.be
> Le Guide daide la
conception dun logementadaptable
aireslibres Dcembre 2012 13 <
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Depuis quasi 30 ans, l'Union europenne choisit chaqueanne un thme d'action. L'objectif est d'interpeller les
gouvernements sur le sujet et de sensibiliser un public le
plus large possible pour faire voluer leurs reprsenta-
tions et actions.
2012 a t proclame anne europenne du vieillis-
sement actif et de la solidarit entre les gnrations .
Le vieillissement actif est dfini par l'OMS comme unprocessus qui consiste optimiser les possibilits de vieen bonne sant, de participation et de scurit afin d'ac-crotre la qualit de vie pendant la vieillesse. Il permetaux personnes d'atteindre leur potentiel de bien-tretout au long de leur vie et de participer la socit selonleurs besoins, dsirs et capacits, tout en leur fournis-
sant la protection, la scurit et le soutien dont elles ontbesoin.
Des initiatives ont ainsi t menes durant toute l'anne
par les Etats membres, les collectivits rgionales et
locales, des organisations, des entreprises... afin de favo-
riser la participation des seniors dans notre socit sans
qu'ils soient victimes de discrimination.
En Belgique, de nombreuses actions ont t dveloppes
(par exemple, des confrences, des campagnes de pr-
vention, des rencontres intergnrationnelles...). Plus d'info
www.beactive2012.be/fr
http ://europa.eu/ey2012/ey2012.jsp ?langId=fr
VILLES-AMIES DES ANSFin juin 2012, l'OMS lanait le rseau mondial des
Villes-amies des ans . Consciente que le vieillissement
de la population est une ralit dans de nombreux pays,
l'OMS a souhait crer une plate-forme pour aider lesvilles crer des environnements urbains qui permettentaux personnes ges de rester actives et de continuer participer, en gardant une bonne sant, la vie sociale.
L'OMS n'a cependant pas attendu 2010 pour travailler sur
le sujet. En effet, ds 2006, les lments essentiels d'un
milieu favorable au vieillissement actif ont t recenss
grce la mise en place de groupes de discussion tra-
vers le monde. L'ide tait de raliser un tableau complet
des mesures bnfiques pour les seniors dans les villes.
Les rsultats de ce travail ont t publi dans le Guidemondial des villes-amies des ans . Huit thmes y sont
dclins : les espaces extrieurs et les btiments, les
transports, le logement, la participation au tissu social,
le respect et l'inclusion sociale, la participation citoyenne
et l'emploi, la communication et l'information, le soutien
communautaire et les services de sant extra-hospita-
liers.En Belgique, la ville de Bruxelles a obtenu le label Ville-
amie des ans . En Wallonie, dans le cadre de l'anne
europenne du vieillissement actif et de la solidarit
entre les gnrations, le concept de commune/ville/
rgion amie des ans a t lanc. Un appel projets a
d'ailleurs rencontr un vif succs en dbut d'anne.
Plus d'info
www.who.int/ageing/projects/age_friendly_cities_
network/fr/index.htmlhttp ://gouvernement.wallonie.be/vieillir-en-res-
tant-actif-communeviller-gion-amie-des-n-s-liste-des-
projets-retenus
> > 14 aireslibres Dcembre 2012
7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
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Lavenir des villesest multignrationnelRencontre avec Bertrand Ippersiel (ICEDD),spcialiste de lamnagement urbain. Il voqueles dfis que le vieillissement des populations
et laugmentation dmographique lancent auxpolitiques du logement.
Entretien ralis par Patrick Bartholom
tions, saisir cette occasion pour dve-
lopper des projets qui rpondent
l'volution des besoins de la popula-
tion. Il faut rendre possible lorganisa-
tion de la mixit intergnrationnelle.
Quels sont les dfis duvieillissement dans le domaine
qui vous occupe ?Il existe un dfi quantitatif : il faut un
logement pour tout le monde dans un
contexte daugmentation dmogra-
phique due au vieillissement et la
migration intra-europenne. Ensuite
un aspect qualitatif : comment faire
pour accder des services qui ne sont
pas de proximit immdiate, comme la
Poste, lhpital On peut lenvisager
de faon centralise (construction de
maisons de repos) ou dcentralise
(services aux personnes). Pour lins-
tant la logique est centralisatrice. Cela
devient dailleurs un march : de gros
oprateurs montent des projets dans
une logique conomique, pour laquelle
il faut une masse critique. Mais pour-
tant cela a-t-il du sens dimplanter une
maison de repos en plein champ ? On
ne fait jamais le dcompte des externa-
lits positives que gnre une maison
de repos implante en milieu urbain.
Ce qui nous amne au dernier aspect :
la mobilit.
Elle est lie au concept de territoires
centraux qui est actuellement en
dbat : ce sont les centres-villes, les
quartiers, les villages o les personnes,
quelles que soient leurs limites en
mobilit, peuvent accder pied des
services de base et de consommation
courante. Cela implique une organi-
sation de lespace public o le piton
devient prioritaire. Pour les territoires
plus loigns se pose la question de
la mobilit et de la faon de repenser
les transports publics. Faut-il dve-
lopper un principe dgalit, o tout lemonde a droit aux mmes services, ou
un principe dquit : chaque territoire
doit pouvoir tre mis en uvre selon
son plus haut potentiel. Cela signifie
notamment de sorienter vers un sys-
tme plus hirarchis, avec de grandes
lignes de bus de haute frquence et par
ailleurs des services complmentaires
pour les zones plus diffuses, avec des
logiques de rabattement (taxi social).Cest une question videmment poli-
tique
Existe-t-il une faon
dhabiter propre la
Wallonie ?Le Wallon est trs peu mobile dans
son logement. Cest li la fiscalit, au
fait que nous sommes trs nombreux
tre propritaires, et que nous habi-
tons des logements de grande super-
ficie : 105 m2 habitables par logement,
chiffre toutefois en constante dimi-
nution depuis 15 ans. Ces logements
sont de moins en moins bien adapts
lvolution actuelle des familles
(population vieillissante, famille mono-
parentale, recompose, etc.). Mais ce
problme est aussi une opportunit si
lon dveloppe des politiques dhabitat
qui favorisent la cohabitation inter-
gnrationnelle, une piste qui peut
aider les politiques damnagement du
territoire rpondre au dfi dmogra-
phique venir.
Pourquoi et comment
organiser cette cohabitation
intergnrationnelle ?Ses avantages sociaux sont les rseauxde solidarit entre les gens. Lors des
oprations de rnovation urbaine, il
faut veiller ne pas casser ces rela-
Bertrand Ippersiel,responsable de projets lICEDD, membre de laChambre des Urbanistes deBelgique : Nos enfantsne vivront plus dans le
mme type dhabitat quenous une des rponses
sera le regroupement des
gnrations, familial ou non.
aireslibres Dcembre 2012 15 <
7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
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Pour une vision prospectivedu comment vieillir Pierre-Marie Chapon, directeur de la recherche de lICADE, une socit franaise de promotion debureaux, habitations, centres commerciaux et amnagements urbains, peroit un rel changementde perspective, plutt encourageant, dans les politiques damnagement urbain en faveur des ans.Mais lurgence du changement reste de mise.
Entretien ralis par Patrick Bartholom
LICADE est une filiale dela Caisse des Dpts etConsignations, qui elle-mmeest active dans le financementdes quipements collectifs.Vous travaillez spcifiquement
sur les questions devieillissement. Commentexpliquer lintrt de votreentreprise pour ce thme ?Nous sommes impliqus parce quenous travaillons beaucoup avec lespouvoirs publics. En tant quentre-prise actionnariat public, nous nousdevons non seulement de respecterles normes (la loi handicap de
2005 par exemple), mais aussi dtreun modle dinspiration en diffrentesmatires telles que le dveloppementdurable ou le vieillissement. Commechercheur l'Universit Lyon 3, jecontribue aussi rgulirement des rapports sur la question, pour lecompte du gouvernement.
Votre article Prise en comptedu vieillissement dans les
documents durbanisme et de
planification dcrit une sortedidal thorique. Commentcet idal se confronte-t-il aux
lois du march, lexplosiondes prix du foncier, la crisedu logement ? Peut-il lesinfluencer ?Oui ! On assiste vritablement unchangement de paradigme. Rennespar exemple, on met en action len-semble des pratiques recommandesdans larticle en question. Les respon-sables ont considr que tenir comptedu vieillissement relevait galementdu dveloppement durable et ils onttravaill sur les plans locaux durba-nisme en reprenant notamment leconcept denvironnement gogra-phique favorable (EGF). Ils ont ra-lis des sondages pour dfinir ces EGF 200 m de rayon autour du logementet les ont cartographis lchelle delagglomration. partir de l, ils ontexig des promoteurs quils ralisentdans ces zones au minimum 20 % delogements adapts aux besoins despersonnes ges.
Autre exemple concret : le Dparte-ment du Rhne a mis en place unecharte : Rhne + vivre chez soi ( lire sur http://bit.ly/SvpNvE). Elleengage les promoteurs et bailleurssociaux raliser 20 % de logementsadapts dans les programmes neufs,
sous rserve quils soient effective-ment implants dans des EGF. Il ny apas dobligation lgale mais cest trsincitatif. a permet de faire bouger leschoses. Concrtement, avant 2010, onnavait quasiment pas de logementsadapts dans le Rhne, aujourdhui400 sont en construction.
Quest-ce qui peut aider
mettre ces questions lagendapolitique ?Au dbut vous parlez dans le dsert,les gens ne comprennent mme pas dequoi il sagit ( logement adapt ? ) etpuis il arrive un moment, force defaire des rapports qui finissent sur destagres, o un dclic a lieu. Notrenouvelle ministre a compris limpor-tance davoir du logement adapt, ou
mieux du logement universel, ce quiest notre objectif. Il y a urgence caren France seulement 6 % du parc delogements est adapt aux besoins despersonnes ges
> > 16 aireslibres Dcembre 2012
7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
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Cette ncessit de concevoirdes environnements adapts,est-ce une mauvaisenouvelle, cest--dire dessurcots, ou une occasion dedveloppements conomiques
supplmentaires ?Le vieillissement a toujours fait peur
aux dmographes, on a toujours parl
du pril vieux , on se heurte un cer-
tain gisme (un racisme anti-vieux ),
alors que les ans sont de grands
consommateurs. La construction de
logements adapts va mettre en place
tout un cycle industriel, crer de la
richesse, faire vivre les entreprises qui
vont quiper tous ces logements.
Quelles sont les tapes venirdune planification urbaine etdu logement qui tienne comptedu vieillissement ?Travailler sur lurbain ncessite nor-mment de temps : 10, 20, 30 ans auminimum. Il faut des dmarches enphase avec le dveloppement durable,des logiques de centralit des quar-tiers et aussi du pri-urbain. Car tousles gens qui ont achet leur pavillonen priphrie dans les annes 60 ne
voudront pas revenir en centre-ville.Le gros dfi sera de susciter de la cen-tralit dans le pri-urbain, de recrerdu logement adapt/adaptable dans
les petits centres qui existent dj.II faudra les renforcer par exempleen crant des maisons mdicales. Oron a dj un gros problme de dmo-graphie mdicale en France, en milieurural et en banlieues
On assiste, surtout dans le Midi, lclosion de villages pour sniors,des lotissements ferms accueillantdes jeunes retraits actifs, en pri-phrie des villes, loin des transports.Le problme se posera, dici 15 ans,quand cette population va ncessiterdes soins et des services alors queloffre publique nest pas disponibledans ces endroits. Ce sont des risquespour les collectivits qui laissent sim-planter de tels projets, ce nest pasassez rglement. Je prconise unevision prospective qui tienne comptede la faon dont vont vieillir ces habi-tants. A minima il faut quon effectueune tude pour sassurer quon pourraoffrir aux personnes une qualit de
vie correcte. galement informer lesgens, agir en prvention les gens ontdu mal anticiper : personne na enviede se voir vieillir
Mais on est face une politique court terme, de marketing lectoral,de coupage de ruban Cest beau-coup plus difficile dorganiser unepolitique socio-conomique sur lelong terme que de donner un terrain un promoteur en lui demandant dyfaire quelque chose en un an
lire :le rapport Vivre chez soi La problmatique du vieillissementabord notamment sous l'angle dela mobilit, du logement adaptable,des amnagements urbains...
Ce rapport, auquel Pierre-MarieChapon a contribu, a t prsenten 2010 Nora Berra, Secrtaired'tat franaise en charge desAns. http://bit.ly/TrdLBT
Pierre-Marie Chapon est docteur en gographie,directeur de la recherche au sein de lICADE.Cest un spcialiste de la question des enjeuxterritoriaux face au vieillissement. Il a t nommen 2012 rfrent pour la France par l'Organisationmondiale de la sant pour le programme Villes etcommunauts amies des ans .Son blog : www.inventerdemain.fr Recensement des environnements favorables (200 m et 300 m) sur Rennes Mtropole
:
aireslibres Dcembre 2012 17 <
7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
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La ptanqueTout le monde connat le jeu de ptanque. Mais saviez-vous qu'il
s'agit de l'adaptation du jeu de boules ? En effet, l'origine, le jeuse pratiquait sur un terrain de 10 15 mtres de long. Le joueur,
avant de lancer sa boule, devait prendre son lan et raliser
3 sauts. Autant dire qu'il fallait tre en bonne sant pour pratiquerce sport.
En 1907, Jules Hugues, champion de
la discipline, se voit contraint d'aban-
donner son loisir favori en raison des
rhumatismes qui l'empchent de rester
debout et de se mouvoir aisment.
Il se retrouve contre-cur specta-teur. Ses quipiers modifient alors les
rgles en oprant trois changements.
Le joueur lance sa boule sans lan. Il
place ses pieds joints dans un cercle.
Il joue sur un terrain plus petit.
Ces trois modifications vont rapide-
ment tre adoptes par de nombreux
joueurs. Et voil que la ptanque
actuelle le jeu de ps tanqus
(les pieds joints en provenal) est
ne.
se pratiquait sur un terrain de 10 15 mtres de long. Le joueur,avant de lancer sa boule, devait prendre son lan et raliser
3 sauts. Autant dire qu'il fallait tre en bonne sant pour pratiquerce sport.
r umat smes qu emp
e out et e se mo
se retrouve contteur. Ses quipiers m
rg es en oprant tro
e oueur ance sa o
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oueurs. t vo
actue e e eu e
(les pieds joints en
n e.
Le Tabuchet
La ptanque, ce nestpas spcialement un
sport de vieux commebeaucoup le pensent.
Il y a beaucoup dejeunes qui y jouent.
Olivier (ducateur etentraneur de boccia)
Sophie, jeune femmeinfirme moteur crbral,apprcie particulirementle tournai de bocciaorganis chaque anne.
La boccia se joueavec des boulesen cuir rempliesde petites billes.
> > 18 aireslibres Dcembre 2012
7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
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Que se serait-il pass si JulesHugues avait eu, non pas
des rhumatismes, mais desproblmes de vue ?Ses amis auraient sans doute trouv
une autre parade pour intgrer leur
grand joueur dans les comptitions...
Aujourd'hui, des personnes dfi-
cientes visuelles jouent des parties
de ptanque adapte. Le terrain
ressemble une grille de combat
naval : il est quadrill en 7 lignes et7 colonnes. Le joueur cale ses pieds
sur un pas de tir en forme de T afin
d'tre toujours bien plac au centre.
L'objectif reste le mme : lancer ses
boules (les mmes que celles utilises
pour la ptanque traditionnelle) le
plus prs possible du cochonnet. Les
points sont calculs en fonction de la
proximit avec ce dernier (25 points si
elle le touche, 15 points si la boule est
dans la mme case que le cochonnet,
5 si elle se trouve dans une case adja-
cente...).
Pour avoir une reprsentation plus
prcise de la partie, les joueurs dis-
posent d'un gabarit, c'est--dire unmodle rduit du terrain sur lequel
sont piques des punaises correspon-
dant chaque boule.
Pour qu'aucun participant ne soit
avantag, chacun porte des lunettes
occultantes.
Les points sont comptabiliss par un
arbitre voyant, qui met aussi jour le
gabarit.
Et si Jules Hugues avait eu desproblmes de motricit auxmembres suprieurs ? Quellesastuces ses amis auraient-ilspu dployer ?Ils auraient certainement jou la
boccia ! Ce sport est devenu une
discipline paralympique et lors des
derniers Jeux Londres, une quipebelge a dailleurs remport la mdaille
de bronze dans une des preuves
(paires BC 3).
Ce que jaime dansla boccia, cest que
je peux participer etjouer. Cest moi quidirige, qui dcide. Sophie (jeune femme IMC,
joue avec une rampeet un aidant)
t ou ch ?
Cou l !
aireslibres Dcembre 2012 19 <
7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
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La boccia est une preuve de prcision
et de contrle musculaire pour ces
athltes handicaps. Les diffrences
avec le jeu traditionnel de ptanque
sont plus nombreuses. Elle se joue
avec des boules en cuir remplies de
petites billes, plus petites et pluslgres afin dtre plus prhensibles.
Deux quipes (de un, deux ou trois
joueurs) s'affrontent au cours d'un
match. Conventionnellement, les
rouges s'opposent aux bleus. Les
douze boules sont ainsi aisment
reconnaissables. Le cochonnet, aussi
appel jack, est blanc.
La zone de lancer est spare en 6couloirs dans lesquels se positionnent
alternativement les joueurs de chaque
quipe. Afin de ne favoriser personne,
les comptiteurs changent d'aire
chaque manche. Dans les compti-
tions, le terrain (de 12,5 mtres sur 6)
est d'office situ en intrieur.
Le joueur effectue le lancer selon sa
dextrit.
Lors des comptitions officielles, enfonction de leur degr de motricit, les
athltes sont rpartis en 4 catgories :
> la classe BC 1 est rserve aux per-
sonnes qui n'ont que trs peu, voire
pas, de motricit des membres
suprieurs. Les joueurs peuvent
tre aids d'un assistant. Ce der-
nier est prsent pour stabiliser
ou ajuster le fauteuil roulant du
sportif. Il peut galement passer laboule au joueur.
> le groupe BC 2 n'accepte pas les
assistants. Les athltes ont un
handicap modr des membres
suprieurs et jouent de manire
autonome.
> la catgorie BC 3 regroupe des
sportifs avec de grosses difficults
motrices. Ils utilisent tous au moinsun accessoire : une rampe pour
faire glisser la boule dans la bonne
direction, un dispositif d'assistance
fix sur leur tte/leur bras/leur
bouche pour donner l'impulsion
la boule...
Un assistant peut aider le joueur. Dans
ce cas, il se positionne dos au terrain
et ne peut pas parler avec son athlte
qui reste le seul matre de ses tirs.> la classe BC 4 est destine aux
joueurs ayant des problmes
moteurs qui ne sont pas lis une
Dans la boccia, cestle sport en lui-mme
que jaime.a fait travailler mes
membres suprieurs etma concentration, touten jouant.
Pascal(homme traumatis crnien,joue de manire autonome)
Il n'y a point de
rhumatismes etd'autres mauxsemblables que l'on ne
puisse prvenirpar ce jeu :
il est propre tousges, depuis la plus
tendre enfance jusque
la vieillesse. Rabelais
Toutes les semaines, l'asbl
Embarquement Immdiatpropose des entranements deboccia dans la rgion de Lige.
Pascal, qui frquente le centre
"Le Tabuchet" Lige, participeassidment aux entranementsde boccia. Le Tabuchet
> > 20 aireslibres Dcembre 2012
7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
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dficience crbrale. Ils ont tou-
tefois des grosses difficults de
mobilit au niveau des bras. Ces
sportifs n'ont pas le droit d'tre
aids par une tierce personne.
En conclusion, nous constatons que
la ptanque est un jeu s'adaptant
particulirement bien tous : jeunes,
ans, personnes valides ou moins
valides.
Le matriel et les quipements nces-
saires sont peu nombreux et relative-
ment bon march. Tout le monde peut
assez facilement y jouer. De plus, elle
se pratique sur quasi tous les terrains.
Au besoin, les rgles peuvent tresimplifies afin de permettre aux per-
sonnes handicapes mentales de pro-
fiter de ce sport. Certaines prfreront
jouer la boccia pour des questions
de concentration, de manipulation des
balles et de scurit.
En dfinitive, s'il existe diffrentes
manires de jouer, le jeu permet tous
de se faire plaisir ! Que demander de
plus ?
Sarah Logan &Anne-Sophie Marchal
Les rgles officielles sont trs strictes donc ce nestpas vident. La boccia cest avant tout un plaisir donc onsadapte en fonction des joueurs. Olivier (ducateur et entraneur de boccia)
Le Tabuchet
Le Tabuchet
Olivier, entraneurde boccia auTabuchet, aideses joueurs rester concentrset prcis lors destournois.
Les assistants se placentdos au terrain afin de laisser
le joueur seul matre de ses tirs.
aireslibres Dcembre 2012 21 <
7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
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La zonede prhension
La hauteur
Afin de se situer dans la zone de prhension dune per-sonne en chaise roulante, les quipements doivent res-
pecter une certaine hauteur par rapport au sol.
On constate que, le coude appuy sur laccoudoir, la per-
sonne conserve toujours force et prcision pour manipuler
un dispositif.
La hauteur de prhension la plus confortable est la hauteur
dappui. Elle correspond la hauteur de lavant-bras pos
plat sur laccoudoir de la chaise roulante. On saccorde
ds lors placer les dispositifs entre la hauteur dappuiet la hauteur limite de lavant-bras relev vers le haut, le
coude toujours pos sur laccoudoir.
Laire de rotation devant lquipement
Pour pouvoir manipuler un dispositif en tant positionnede manire adquate, la personne en chaise a besoin des-
pace pour se mouvoir. Une aire de rotation minimale, libre
de tout obstacle, doit alors tre prsente face lquipe-
ment.
La distance horizontale dapproche
Les types de chaise roulante (manuelle ou lectrique) et
de repose-pieds influencent les limites de prhension
lhorizontale. Plus leur encombrement est important, plusla personne aura des difficults sapprocher de lquipe-
ment quelle souhaite manipuler, tant de profil que de face.
On entend par zone de prhension, lespace dans lequel une personne peut atteindre et manipuler unquipement ou un dispositif de commande (robinet, clavier, interrupteur, vanne, poigne de porte etde fentre, systme doccultation).Nous partons du principe que la zone de prhension dune personne en chaise roulante correspond celle dune personne valide assise de taille moyenne.
La zone de prhension dune personne en chaise roulante est limite tant en hauteur qu lhorizontale. Que la manipu-
lation du dispositif se fasse de profil ou de face, trois lments doivent tre pris en compte :
> la hauteur de lquipement ;
> laire de rotation face celui-ci ;
> la distance horizontale dapproche.
Chantal Mons
> > 22 aireslibres Dcembre 2012
7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
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Pour une prhension de profil
Une zone dapproche libre de tout obstacle doit tre prvue de part et dautre de lquipement. Les commandes seront donc
places une certaine distance des murs ou de tout angle rentrant (par exemple : une vanne thermostatique).
Pour une prhension de face
On constate que lemprise des jambes de la personne assise et des repose-pieds limite directement lapproche. Cest le
cas par exemple pour actionner un robinet plac sur un lavabo.
Deux mesures doivent alors absolument tre prises :
1. prvoir un dgagement sous la tablette, suffisamment profond et large, afin que les personnes en chaise roulante
puissent glisser leurs jambes ;
2. positionner le dispositif porte de main.
0 cm
0
00
0
Distance
horizontale
d'approche
Distance horizontaled'approche
Profondeur ncessairede dgagement
Hauteurncessairededgagement
50
5060
75
0 cm
AiredeRotation150cm
AiredeRotation150cm
aireslibres Dcembre 2012 23 <
7/29/2019 Aires Libres Magazine n12 - Dcembre 2012
24/24
diteurresponsable:Gamahasbl
VincentSnoeck
RuedelaPpinire,
23
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Le bilan de l'tude est intressant tant pour lapersonne mobilit rduite (PMR) que pour leprofessionnel ou le propritaire. Le gestionnairesait quel niveau il doit agir pour amliorer l'ac-cessibilit et la PMR connat les obstacles qu'ellerisque de rencontrer.
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