Post on 31-Mar-2016
description
1,2,3 nous irons aux bois 1/
Dans le bois de Vincennes, une transaction
louche échoue par la faute d’un étrange
personnage, mi-homme mi-bouffon. Deux
gangsters le capturent et le conduisent à leur
chef, un caïd à qui on ne la fait pas. Mais le
petit bonhomme a plus d’un tour dans son
sac...
Il s’agit d’un polar gris banlieue où Pinpin
Saperlipopette s’étale en tâche multicolore,
comme font les contes pour enfants dans leur
vie de béton. A l’heure où les histoires
s’endorment, les lutins se réveillent pour
danser une ronde qui tempête sous nos crânes.
Et après la pluie... l’herbe pousse.
1,2,3 nous irons aux bois 2/
SCENARIO
Plan 0
Ecran noir, avec ce texte en blanc:
Noir.
KORRIGAN, E: [koriga] n. Nain ou fée des légendes bretonnes, tantôt bienveillant, tantôt malveillant.
1,2,3 nous irons aux bois 3/
Plan 1.1
Une voiture en mauvais état roule à tombeaux ouverts sur un
chemin de terre dans un bois, tard dans la nuit.
Plan 1.2
Elle passe devant un panneau annonçant la sortie de
Vincennes, puis devant un panneau annonçant l’entrée dans
Paris.
Plan 1.3
Elle roule lentement dans une rue déserte, au coeur d’une cité
HLM.
Plan 1.4
Derrière le pare-brise, deux hommes. Le conducteur (Jo) est
grand, famélique, mal rasé, mal peigné. Il porte un costume
sombre rayé de gris, une chemise blanche froissée et une
cravate noire défaite. Il jette de fréquents coups d’oeil dans le
rétroviseur. Il ne sourit pas, et semble au contraire de
mauvaise humeur. Son passager (Moulhoud) est plus petit,
assez gros, presque chauve. Il transpire abondamment. Sa
respiration est sifflante. Il se passe un mouchoir sale sur le
visage pour éponger la sueur. Nerveux, il est agité de tics du
visage et des bras qui le rendent grotesque. Il parle en
bégayant.
MOULHOUD - Tttonio va pppas être con...con... content.
JO - Ta gueule, Moulhoud.
Silence. Moulhoud cherche l’approbation de Jo qui ne le
regarde pas.
MOULHOUD - De toutes faaaçons, ssc’est pas no...no...not’
faute. (Silence.) Hein, Jo?
JO - C’est ça.
MOULHOUD - (Rassuré.) Et puiiis on n’a pas pppé...
pé...perdu la came, alors... (Silence.) Et lui, là ddderrière (Il
désigne le coffre.), kèkèqu’est-ce qu’on va en fffaire?
(Silence.) Tu...tu...tu crois que Tonio va le bè...bè... va le
buter? (Silence.) Aaaprès tout, c’est de sa... sa... faute si
l’échange a foiré, nnn... nnn... non? Tttu crois pas?
JO - Ta gueule.
Silence.
MOULHOUD - T’as vu comme il lll... était déguisé? (Il rit.) Il
m’a aaa... aaa... fait peur, ce con. Les ban... les ban... les
bamboulas aussi yiii z’ont eu peur, sissississinon y se
ssseraient pas... aaa... débinés. Ca alors. (Silence.) Dis donc,
dddJo, tu crois pppas queusse... queusse... que c’est un flic,
qqquand même?
JO - (Furieux.) Bordel, tu vas la boucler, oui? Faut que je
réfléchisse à comment qu’on va expliquer ça à Tonio. Tu peux
comprendre qu’on est dans la mouise? Même toi tu peux le
piger! Merde!
Silence.
MOULHOUD - Eeexcuse, Jo. (Silence. Jo ne cesse de
regarder dans le rétroviseur. Derrière la voiture, deux phares
jaunes se rapprochent.) C’est juste que je... eueue comprends
pas. Cesse... cesse.. C’est sûrement pas un flic, deee toutes
façons il était pas... aaa sapé comme un fi... fil... flic, ça non.
(Silence.) Tonio vvva le faire parler. Aaaprès tout, c’est peut-
être un ban... ban... bamboulaaa déguisé?
JO - Merde, on est suivi.
MOULHOUD - (Il se retourne.) Hein?
Les tics de Moulhoud s’accentuent, tandis que Jo crispe les
poings sur le volant.
MOULHOUD - Pou pou pou Pourquoi que tu les sèmes pas?
JO - Parce que c’est p’t’êt les poulagas, et que j’tiens pas à me
faire coincer pour excès d’vitesse. Avec le gusse dans le coffre
et la came sur moi, c’est la pension complète à vie. (Les
phares se rapprochent. Il crie:) Calme-toi, Bon Dieu, tu vas
nous faire repérer!
MOULHOUD - Oui, dddJo.