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L E D E V O I R , L E J E U D I 2 5 J U I N 2 0 1 5

A C T U A L I T É SA 5

Les chemins de la réussite

UN PARCOURS DE COMBATTANT

À 45 ans, Martin Diotte occupe unemploi à temps plein, vit en appar-tement et rêve de voyages. Une viequi semble toute simple au premiercoup d’œil, mais qui est en fait lefruit d’un long combat pour cethomme aux prises avec de nombreuxtroubles très sévères, dont certainssont des troubles d’apprentissage.

Le 2 juin dernier, Martin Diotte et son employeur, le Groupe Geloso, ont reçu le prixde la meilleure intégration d’une personneayant des limitations, une récompense remisepar la Table régionale pour l’intégration à la vieactive et au travail de Laval (TRIVAT). Un évé-nement pas banal pour Martin: en raison detroubles très sévères ayant affecté ses appren-tissages, il n’a pas terminé ses études secon-daires et, deux ans plus tôt, il a perdu sonemploi lors d’un licenciement collectif à l’usineoù il travaillait depuis 14 ans.

Trouble du langage, trouble de déficit de l’attention, dyscalculie, dyspraxie : MartinDiotte cumule les difficultés depuis la petiteenfance. Des années de consultation auprèsd’une panoplie de professionnels de la santé luiont permis de mieux gérer ses limitations auquotidien. La mise à pied a toutefois brisé lefragile équilibre qu’il a patiemment construit.

« J’étais désemparé et angoissé, raconte-t-il.J’avais 43 ans et je volais enfin de mes propresailes. J’habitais seul en appartement depuis qua-tre ans et je rêvais de visiter l’Europe. Et puis,pouf! Je me retrouvais devant rien! Commentespérer qu’un employeur veuille m’embaucheralors que j’ai un trouble d’apprentissage et queje n’ai pas terminé mes études? »

Encouragé par sa famille, Martin Diotte aretroussé ses manches et s’est inscrit à une for-mation d’aide-générale en établissement. Offertpar le Centre L’Impulsion de la Commission sco-laire de Laval, le programme enseigne aux étu-diants des compétences liées à la cuisine et àl’entretien ménager. Après avoir complété lecours, Martin Diotte est embauché pour effec-tuer l’entretien ménager des bureaux du GroupeGeloso, un fabricant de breuvages alcoolisés etsans alcool. « Je m’assure que tout est impecca-ble, signale-t-il. C’est important, car le groupereçoit régulièrement des clients. »

Son patron, Aldo Geloso, administrateur dugroupe, ne tarit pas d’éloges à son endroit.« J’adore Martin! déclare-t-il, en marge de laremise du prix de la TRIVAT. Il est respectueux,dévoué et toujours souriant. Il est une inspira-tion pour tout le personnel. »

Martin Diotte est l’un des six employés ayantdes limitations qui sont actuellement à l’emploidu Groupe Geloso. « C’est une initiative qui noustient à cœur et cela bénéficie à tous nos travail-leurs. En effet, la présence de ces personnes

nous oblige à faire preuve de plus de patience,de tolérance et de compassion – que ce soitenvers elles ou entre nous », observe Nancy Sal-loum, directrice des ressources humaines du Groupe Geloso, qui, pour mener à bien ce projet, est épaulée par L’ÉTAPE, un service d’intégration et de maintien en emploi pourpersonnes ayant une déficience physique,sensorielle ou intellectuelle.

Jamais sans la familleMartin Diotte se dit aujourd’hui heureux. Il en

va tout autant de sa mère, Lorraine Patry-Diotte.« En tant que parent d’un enfant qui a un troubled’apprentissage, on doute toujours de nos déci-sions, fait-elle remarquer. Dois-je l’envoyer dansune classe spéciale ou une classe régulière? A-t-ille soutien nécessaire? Qui dois-je consulter main-tenant? L’orthopédagogue? L’orthophoniste? L’er-gothérapeute? Est-ce que j’ai fait tout que ce jepouvais faire, ai-je épuisé toutes les ressources?Chaque fois qu’on croit un problème réglé, unautre défi surgit. C’est un long cheminement,mais en bout de ligne, ça vaut la peine. Martinest devenu un homme courageux et persévérant. »

Longtemps, Lorraine Patry-Diotte et sa famillese sont débattues seules avec les limitationsde Martin. « À l’école, on m’a souvent dit : "Iln’y a que votre garçon avec lequel nous avonsdes difficultés." Je me disais que ce n’était paspossible! » C’est lorsqu’elle a découvert l’Asso-ciation québécoise des troubles d’apprentis-sage, devenue l’Institut des troublesd’apprentissage, qu’elle a compris que plusieursparents partageaient les mêmes soucis. C’estpourquoi elle a fondé la section lavalloise del’AQETA dont elle est la directrice.

En plus de sa mère, Martin Diotte a pu comptersur le soutien de ses deux frères. « Ils ont tou-jours su tirer le meilleur de moi-même », dit-il,la voix empreinte de gratitude. Quand est venule temps de quitter la maison familiale, ce sonteux qui l’ont poussé gentiment en-dehors dunid, sans pression, sans jugement et toujoursavec humour. « Martin a besoin de beaucoup desécurité, mais ses frères le savaient capable devivre seul », observe Lorraine Patry-Diotte. Etc’est le cas, même si ses limitations lui posent encore parfois problème. « J’ai appris àne pas aller trop vite, à faire les choses simple-ment, indique Martin Diotte. Je sais, par exem-ple, que la technologie n’est pas faite pour moi.C’est trop rapide! » Quand il se sent dépassé, il a recours à la méditation et au yoga. « Ça m’aide à rester dans le moment présent »,explique-t-il.

Maintenant qu’il a retrouvé une situation pro-fessionnelle stable, Martin Diotte se permet derenouer avec ses rêves de globe-trotter. Ils sontd’ailleurs devenus réalité il y a peu : en compa-gnie de sa mère, il a visité Barcelone et Madrid.« C’était mon premier voyage en Europe... et j’es-père que ce ne sera pas le dernier », dit-il lesyeux plein d’étoiles.

L'Institut des troubles de l'apprentissage poursuit, en collaboration avec Le Devoir, sa série de chroniques sur les parcours exceptionnels de personnequi ont réussi malgré des troubles d'apprentissage. L'objectif est double: démystifier le sujet tout en démontrant le potentiel des 10 % d'entre-nous aux prises avec de telles difficultés. Bonne lecture!

Longtemps, Lorraine Patry-Diotte et sa famille se sont débattues seules avec les limitations de Martin.

EN COLLABORATION AVEC L'INSTITUT DES TROUBLES DE L'APPRENTISSAGE

En collaboration avec

ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR

K A R L R E T T I N O - P A R A Z E L L I

E n marge des défilés, desfêtes de quar tier et des

discours politiques prononcésà l’occasion de la Fête natio-nale, des centaines de fidèlesréunis dans l’église Saint-Jean-Baptiste ont souligné mer-credi un moment marquant del’histoire religieuse du Qué-bec : il y a exactement 400 ans,le 24 juin 1615, deux récolletsont célébré la première messehistoriquement documentéesur l’île de Montréal, mar-quant ainsi le point de départde la vie religieuse catholiqueen Amérique du Nord.

Peu avant 10 h, des Mont-réalais de tous les âges et detoutes les origines ont fait leurentrée au son des clochesdans l’église située sur le Pla-teau-Mont-Royal. Tous se sontdéplacés pour assister à cettemesse de la Saint-Jean-Bap-tiste, célébrée en l’honneurde celui qu’on surnomme le« saint patron » des Canadiensfrançais, mais surtout pour se

replonger dans quatre sièclesd’histoire.

Dès le début de la cérémo-nie présidée par l’archevêquede Montréal, Mgr Christian Lé-pine, des acteurs ont reconsti-tué l’ar rivée en Nouvelle-France de Samuel de Cham-plain et des récollets qui l’ac-compagnaient, y compris De-nys Jamet et Joseph Le Caron.C’est à ces deux religieuxqu’on attribue la toute pre-mière messe célébrée au Qué-bec, en bordure de la rivièredes Prairies.

Afin de symboliser les pre-miers échanges avec les Pre-mières Nations, un canot a faitoffice d’autel pour toute la du-rée de la cérémonie.

« C’est une belle histoire quinous plonge dans les débuts dela Nouvelle-France », a lancéMgr Lépine au sujet de la pré-sence des Franciscains-Récol-lets sur l’île de Montréal, avantmême la fondation de la villeen 1642.

« De nos jours, la Fête natio-nale, c’est un peu un fouillis.C’est dif ficile de trouver des

points de repère communs », afait remarquer l’animateur jeu-nesse de la « famille francis-caine », Jean-Sébastien Lajoie,

rencontré à la sor tie del’église Saint-Jean-Baptiste.«Pour moi, la religion m’ancredans la réalité humaine. »

À l’époque de la Nouvelle-France, les Récollets faisaientpartie d’une branche de l’ordrefranciscain, fondé en 1209 par

Saint-François-d’Assise. Voilàpourquoi on les appelle parfoisles Franciscains-Récollets.

L’année 2015 est très signifi-cative pour les Franciscains. Enplus de la messe de mercredi,un colloque entièrement consa-cré au 400e anniversaire de l’ar-rivée des Récollets en Amé-rique du Nord a été organisé ily a deux semaines par l’Institutdu patrimoine culturel de l’Uni-versité Laval, à Québec, et unesérie de conférences a récem-ment été présentée à Montréal.

Le 26 juillet prochain, unecérémonie spéciale et des vi-sites guidées auront égale-ment lieu à Trois-Rivières pourcommémorer la premièremesse célébrée à cet endroit.

Cette année, les Francis-cains soulignent par ailleursle 125e anniversaire de la ré-instauration de leur ordre auCanada. Celui-ci a été absentdu paysage religieux localpendant 127 ans, à la suite dela signature du traité de Parisen 1763.

Le Devoir

FRANCISCAINS-RÉCOLLETS

Les Montréalais soulignent 400 ans de vie religieuseLa première messe documentée à Montréal a été célébrée le 24 juin 1615 par deux récollets

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Monseigneur Christian Lépine a présidé une messe devant un canot qui faisait of fice d’autel.