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SUJET : PLAN D’AMENAGEMENT ET DE
DEVELOPPEMENT POUR UN TERROIR TRAVERSE PAR
UN CONFLIT ARME : LA COMMUNAUTE RURALE DE
NYASSIA
Présenté par : Sous la direction du :
Yaya BASSENE Pr. Amadou DIOP
et du Dr. Yakham DIOP
Année académique : 2009-2010
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RESUME Au Sénégal, l’émergence du développement local, à la fin des années 80, début des
années 90, va marquer une véritable rupture dans le processus de développement. L’Etat qui, jusque là, était le principal concepteur de la politique de développement cède sa place aux collectivités locales qui deviennent du coup les principales actrices du développement.
Par ailleurs, si dans la plupart des contrées du Sénégal le processus de développement local est lancé, dans certaines zones comme la partie sud-ouest du pays, l’envol du phénomène est complètement raté. En effet, l’émergence du concept de développement local a coïncidé avec le durcissement du conflit armé entre l’Etat du Sénégal et les séparatistes du MFDC : Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance. La crise casamançaise a eu un impact gênant dans le processus de d’aménagement rural et de développement local en ce sens qu’il y a eu un grand retard dans l’application des réformes institutionnelles et dans l’exécution des projets de développement. Par ailleurs, la situation conflictuelle de la Casamance a suscité beaucoup d’inquiétude sur l’avenir de cette région du sud du pays. En effet l’abandon des villages et des terres de culture faute de sécurité, le désœuvrement, la salinisation des rizières, la fréquentation des années de faible pluviométrie et la baisse des rendements ont instauré la pauvreté et la misère au sein de sa population exposant ainsi les jeunes à l’exode rural. Avec la dynamique de la paix, la relance des activités économiques et sociales de cette belle région constituent un enjeu central pour une résolution durable de cette crise. En effet, malgré les nombreux projets et programmes de développement menés depuis quelques années, d’importants efforts restent à faire pour consolider la paix et reconstruire la Casamance. Convaincue que le développement est une condition pouvant favoriser la paix, certaines ONG comme le PROCAS, l’APRAN, le CRS, le FED, le PAM…à travers des programmes d’appui au développement socio-économique, prévoient d’appuyer certaines CR affectées par le conflit dans la région de Ziguinchor par le financement d’infrastructures sociales et économiques en vue de contribuer à une stabilisation de ces zones. Toutefois, il a été constaté que les documents de planification dont disposent aujourd’hui ces CR, n’ont pas suffisamment pris en compte les aspects d’aménagement et de développement à long terme. C’est dans ce contexte que s’inscrit notre TER qui a pour objectif, de doter la CR de Nyassia d’un plan d’aménagement et de développement de son terroir. L’aménagement étant pour le bien être des populations, il est clair que celui-ci se ruinerait si la société n’est pas prise en compte. La prise en compte de la dimension humaine est essentielle dans le cadre de la politique de l’aménagement du territoire. Il s’agit en effet, d’une recherche dont la constante, la préoccupation est de donner aux hommes des meilleures conditions d’habitat et de travail, de plus grandes facilités d’accès aux loisirs et cultures. Ainsi, le développement du monde rural est aujourd’hui une des préoccupations des pays en voie de développement en vue d’établir un équilibre entre ville et campagne.
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IN MEMORIAM
« Quand on sait que le courage des uns dépend de ton propre courage, on a pas le droit
d’avoir peur même si on a très peur » Idée Amadou
Ce mémoire est écrit en Souvenir de Boufaina NYAFOUNA, Clara NYAFOUNA ,
Landing BASSENE, ma grand-mère, ma tante adorée et mon oncle. A feu mes amis
Moustapha Racine Diatta, Hervé Kamby MANGA , Anicet Sibédiény SAGNA et Serge
SAGNA. Ils m’ont beaucoup appris de la vie et ils m’ont surtout appris à aller de l’avant et à
ne jamais baisser les bras. Vous avez quitté ce monde, l’une le 07 Novembre 1997, la
deuxième le 01 Août 2001, le troisième le 26 Octobre 2010 et les autres le 26 Septembre
2002. Je ne vous oublierai jamais car vous êtes toujours dans mon cœur. Merci pour tout et
que Dieu vous accueil dans son paradis.
Je vous aime !!!
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DEDICACES
A mes parents Ousmane BASSENE et Albertine MANGA . Grâce à vous, je suis ici
et votre présence combinée à votre appui permanant me donne force et courage. Je vous
aime ! Et que le bon Dieu vous bénisse !
A mon oncle Moustapha BASSENE, sa femme Combé TENDENG et ma tante
chérie Joséphine et à oncle Joe MANGA. Ils ont su guider mes premiers pas à l’école du
savoir et dans l’apprentissage de la vie.
A ma tante Geneviève MANGA et son mari exceptionnel que toutes les femmes
rêvent d’avoir à leur coté : Jean Baptiste Appa SAGNA toujours présent, disponibles, à
l’écoute et qui m’a toujours soutenu. Ils ont su continuer et mener à bien le travail entamé par
mes parents. Merci pour tout. Je vous aime. God Bless you.
A mes frères et sœurs : Séga, Ndèye BASSENE, Eurelien et Symphorien SAGNA.
Vous êtes jeunes, apprenez toujours et aimez la vie et que Dieu vous aide à toujours
persévérer.
A mes cousins chéris : Combé, Fatou, Chérif, Saliou, Diariètou, Adèle, Sophie,
Alain, Jean Paul, Gnankou, Rosine, Awa, Abdou Aziz, Malifa, Mame Fama BASSENE,
Thésou, Anne Cécile, Jeannot, Liliane DIATTA, Alexis, Karim, Fina, Paby, Martial
MANGA, Bécaye, Marius, Angéla, Nadia, Vievette SAGNA, Onézima NYAFOUNA,
Seydou et Laye TAMBA.
A Célina DIOP et Binta SADIO toujours là et qui gèrent tous mes caprices et mes
sautes d’humeurs, mais qui savent être ferme quant il le faut. Surtout ne changez pas et
avançons ensemble vers la réussite !
A mes amies Rosenette et sa maman Marie Rose NYAFOUNA, Josiane, Mame
Coumba, Sophie, son mari Mathieu et leur enfants.
A tata Etoro DIANDY, tata Anne Marie DIABONE et tata Rosine MENDY, leurs
familles qui n’ont ménagé aucun effort pour m’appuyer, toujours présentes et disponibles.
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TABLES DES MATIERES AVANT PROPOS ............................................................................................................. 1 INTRODUCTION GENERALE ..................................................................................... 2 PROBLEMATIQUE......................................................................................................... 3 METHODOLOGIE .......................................................................................................... 6 Partie I : Présentation de la communauté rurale de Nyassia 1-1 Les données physiques ..................................................................................... 8 1-2 Les données démographiques .......................................................................... 12
1-3 Le zonage............................................................................................................ 13 Partie II : Diagnostic de la communauté rurale
2-1 Les activités socio-économiques ....................................................................... 15 2-1-1 L’agriculture .......................................................................................... 15 2-1-2 L’élevage ................................................................................................ 16 2-1-3 La pêche ................................................................................................ 17
2-1-4 L’artisanat et le commerce ................................................................... 17 2-1-5 L’exploitation forestière ....................................................................... 18 2-1-6 Le tourisme ............................................................................................ 18 3-1 Les infrastructures .......................................................................................... 18
3-1-1 Infrastructures socio-éducatifs ............................................................. 19 3-1-2 Infrastructures sanitaires ...................................................................... 20 3-1-3 Infrastructures socioculturels ............................................................... 21 3-1-4 Infrastructures hydrauliques ................................................................ 22 3-1-5 Infrastructures socio-économiques ....................................................... 22 3-1-6 Infrastructures sportifs .......................................................................... 23 3-1-7 Voiries et réseaux divers VRD .............................................................. 23 3-2 Les acteurs du développement......................................................................... 24
3-3-2 Les acteurs internes ............................................................................... 24 3-3-2 Les acteurs externes ............................................................................... 25 2-4 Les échanges routiers ...................................................................................... 28 2-4-1 Les échanges marchands ....................................................................... 28
2-4-2 Les aires d’influence au plan sanitaires et scolaires ........................... 29 2-4-3 Les échanges administratifs .................................................................. 30
2-5 Analyse du conflit dans la communauté rurale ............................................ 30 2-5-2 Evolution et manifestation du conflit dans la communauté rurale ... 31
2-5-2 Impacts de la crise sur la communauté rurale .................................... 32 2-5-3 Initiatives et mécanismes pour stabiliser la communauté rurale ...... 32 Partie III : La planification 3-1 Tableau de synthèse du bilan diagnostic ....................................................... 33 3-2 Le plan d’actions prioritaires ......................................................................... 34
3-2-1 Les programmes de développement ..................................................... 34 3-2-2 Les actions les plus prioritaires ............................................................. 37 CONCLUSION ................................................................................................................. 40
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AVANT PROPOS
L’élaboration du présent plan d’aménagement pour le développement d’une localité traversée
par un conflit armé est une étape importante dans le dispositif de recherche de notre mémoire
du Master II ATDDL.
L’intérêt que nous vouons à ce sujet et notre désir de le mener à bien nous ont poussé à
recueillir les avis d’un public varié composé, de paysans, de militaires, de techniciens et
d’enseignants.
Il faut signaler sur un autre registre que compte tenu du temps, de l’éloignement de la zone,
faire un plan d’aménagement pour le développement d’un terroir dans un contexte de conflit
armé est une tâche difficile.
Nous souhaitons que cette étude participe à la connaissance des conséquences négatives de la
crise casamançaise et contribue à la recherche de solutions, à son apaisement, au retour du
calme, à la sécurité et à la reprise de l’essor économique des régions du sud du Sénégal en
général et de la CR de Nyassia en particulier.
L’unanimité semble aujourd’hui être faite autour de la nécessité d’appuyer la gestion
participative des ressources naturelles en vue d’un développement durable des terroirs ruraux,
partant précisément de la CR.
Nous ne saurons commencer ce TER sans remercier ceux qui ont dérobé de leur précieux
temps pour être disponibles en permanence et nous aider sur le chemin chaotique mais très
intéressant et instructif de la recherche: Amadou DIOP, Yakham DIOP et tous les
professeurs du Master II ATDDL. Vos critiques et suggestions nous ont aidé à persévérer.
Nos remerciements et notre profonde gratitude vos également à l’encontre de Malick
SOW secrétaire municipal de la mairie de Ziguinchor pour le stage qu’il nous a accordé.
Des remerciements particuliers sont réservés au PCR de Nyassia Monsieur Parfait
SAGNA et ses conseillers, aux chefs de villages de Dioher, Toubacouta, Kaguitte, Darsalam,
Bacounoume, Badème, Kailou, Nyassia et Kaléane : Raoul TENDENG, Bambaro SANE,
Ansoumana DABO, Bacary BODIAN, El Hadji SAGNA , Gabriel TENDENG, Bernard
SAGNA, Jean Pierre Moupa TENDENG et Jean NYAFOUNA qui nous ont accueilli
durant tout le temps qu’à duré nos recherches et ont mis tout en œuvre pour que notre séjour
se déroule bien. Un grand merci à tous les habitants de la CR de Nyassia pour leur accueil.
7
Merci aux différents responsables de l’administration et de l’armée : le Sous Préfet Monsieur
GOUDIABY et le commandant DIALLO.
A tous nos amis de la deuxième promotion du Master II ATDDL qui ont su être réconfortants,
plein d’humour et de sagesse pendant toute la formation : Maguatte, Aida, Djiby, Emma,
Jacques, J.P Djickoune, Oumy, Dione, Fatou Clotide, Halima, Abou, Mafaly, Niakh,
Hamidou et Sory sans oublier la secrétaire Khady SENE.
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AVANT PROPOS
L’élaboration du présent plan d’aménagement pour le développement d’une localité traversée
par un conflit armé est une étape importante dans le dispositif de recherche de notre mémoire
du Master II ATDDL.
L’intérêt que nous vouons à ce sujet et notre désir de le mener à bien nous ont poussé à
recueillir les avis d’un public varié composé, de paysans, de militaires, de techniciens et
d’enseignants.
Il faut signaler sur un autre registre que compte tenu du temps, de l’éloignement de la zone,
faire un plan d’aménagement pour le développement d’un terroir dans un contexte de conflit
armé est une tâche difficile.
Nous souhaitons que cette étude participe à la connaissance des conséquences négatives de la
crise casamançaise et contribue à la recherche de solutions, à son apaisement, au retour du
calme, à la sécurité et à la reprise de l’essor économique des régions du sud du Sénégal en
général et de la CR de Nyassia en particulier.
L’unanimité semble aujourd’hui être faite autour de la nécessité d’appuyer la gestion
participative des ressources naturelles en vue d’un développement durable des terroirs ruraux,
partant précisément de la CR.
Nous ne saurons commencer ce TER sans remercier ceux qui ont dérobé de leur précieux
temps pour être disponibles en permanence et nous aider sur le chemin chaotique mais très
intéressant et instructif de la recherche: Amadou DIOP, Yakham DIOP et tous les
professeurs du Master II ATDDL. Vos critiques et suggestions nous ont aidé à persévérer.
Nos remerciements et notre profonde gratitude vos également à l’encontre de Malick
SOW secrétaire municipal de la mairie de Ziguinchor pour le stage qu’il nous a accordé.
Des remerciements particuliers sont réservés au PCR de Nyassia Monsieur Parfait
SAGNA et ses conseillers, aux chefs de villages de Dioher, Toubacouta, Kaguitte, Darsalam,
Bacounoume, Badème, Kailou, Nyassia et Kaléane : Raoul TENDENG, Bambaro SANE,
Ansoumana DABO, Bacary BODIAN, El Hadji SAGNA , Gabriel TENDENG, Bernard
SAGNA, Jean Pierre Moupa TENDENG et Jean NYAFOUNA qui nous ont accueilli
durant tout le temps qu’à duré nos recherches et ont mis tout en œuvre pour que notre séjour
se déroule bien. Un grand merci à tous les habitants de la CR de Nyassia pour leur accueil.
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Merci aux différents responsables de l’administration et de l’armée : le Sous Préfet Monsieur
GOUDIABY et le commandant DIALLO.
A tous nos amis de la deuxième promotion du Master II ATDDL qui ont su être réconfortants,
plein d’humour et de sagesse pendant toute la formation : Maguatte, Aida, Djiby, Emma,
Jacques, J.P Djickoune, Oumy, Dione, Fatou Clotide, Halima, Abou, Mafaly, Niakh,
Hamidou et Sory sans oublier la secrétaire Khady SENE.
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INTRODUCTION GENERALE
La philosophie du développement qui s’articule sur la nécessité d’une mobilisation des
populations et leur adhésion aux objectifs de développement du monde rural, a poussé l’Etat
en se désengageant à renforcer les capacités institutionnelles des collectivités locales et à
permettre à des organismes et à des structures d’interventions de promouvoir un
développement à la base. En effet, les objectifs de la loi de 1972 (loi 72-25 du 19 avril 1972)
qui crée les CR sont dans ce contexte, nobles dans la mesure où ils tentent d’organiser le
monde rural dans un cadre communautaire et démocratique. Cependant, cela nécessite une
certaine prise de conscience alimentée sûrement par un niveau acceptable d’information pour
que les utilisateurs (populations) puissent se poser les questions suivantes: quels sont les
atouts et les contraintes dans les perspectives d’un développement durable? Quels
programmes d’actions mettre en œuvre pour un développement endogène?
L’implication des populations locales à toutes les étapes de la dynamique et la création d’un
comité de gestion sont favorisées pour encourager leur adhésion et mieux prendre en compte
leurs aspirations. Cette synergie des forces de l’espace d’intervention, dans un cadre de
concertation, permet à chaque acteur de trouver sa place.
Le renforcement de la démocratie locale et la réhabilitation du politique mais aussi le respect
des responsabilités de chaque acteur peuvent faciliter, l’instauration d’un climat de confiance.
Dans ce cas, les acteurs, les élus et techniciens doivent gérer les projets de manière
partenariale.
Par ailleurs, la situation conflictuelle de la Casamance a suscité beaucoup d’inquiétude sur
l’avenir de cette région du sud du pays. En effet l’abandon des villages et des terres de culture
faute de sécurité, le désœuvrement, la salinisation des rizières, la fréquentation des années de
faible pluviométrie et la baisse des rendements ont instauré la pauvreté et la misère au sein de
sa population exposant ainsi les jeunes à l’exode rural.
Notre étude s’articulera ainsi dans un premier temps à établir une présentation générale de la
zone d’étude où les données physiques, démographiques et économiques seront analysées et
mises en corrélation; ensuite l’étude des équipements et des infrastructures de la CR.
L’analyse à ce niveau permettra de mesurer les conséquences du conflit sur les activités socio-
économiques et des effets que le conflit a provoqué dans la CR; enfin, le programme des
activités prioritaires sera élaboré en fonction des contraintes recensées en vue d’aménager et
de développer depuis la base cette CR frappée par le conflit armé en Casamance.
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PROBLEMATIQUE
1. Contexte et justification de l’étude
La région naturelle de Casamance est touchée depuis plus de vingt cinq ans par un
conflit armé qui a eu un impact négatif sur l’économie locale, bouleversé sa vie sociale et
paralysé ce qui était l’une des régions les plus fertiles du Sénégal. Ainsi, des milliers de
personnes ont été déplacées dans le pays ou à l’extérieur. Plusieurs zones ont été polluées par
des mines qui font de nombreuses victimes et entravent toute tentative de développement
économique. Cette insécurité est de nos jours à l’origine de la difficulté d’intervention dans la
zone ou même de la fermeture de certains projets. La faiblesse des interventions étatiques, le
manque de moyens des collectivités locales n’ont pas permis aux populations de la CR de
Nyassia de faire face aux agressions des aléas climatiques et à la pression des besoins en
équipements et en infrastructures socio-économiques comme, les écoles et les dispensaires.
Les conséquences de l’instabilité politique dans cette CR ont donné un grand coup d’arrêt aux
principales sources génératrices de revenus. L’agriculture, la cueillette et la pêche qui
présentent d’importantes potentialités de développement dans ce terroir voient leur élan
freiné.
Avec la dynamique de la paix, la relance des activités économiques et sociales de cette belle
région constituent un enjeu central pour une résolution durable de cette crise. En effet, malgré
les nombreux projets et programmes de développement menés depuis quelques années,
d’importants efforts restent à faire pour consolider la paix et reconstruire la Casamance.
Convaincue que le développement est une condition pouvant favoriser la paix, certaines ONG
comme le PROCAS, l’APRAN, le CRS, le FED, le PAM…à travers des programmes d’appui
au développement socio-économique, prévoient d’appuyer certaines CR affectées par le
conflit dans la région de Ziguinchor par le financement d’infrastructures sociales et
économiques en vue de contribuer à une stabilisation de ces zones.
Toutefois, il a été constaté que les documents de planification dont disposent aujourd’hui ces
CR, n’ont pas suffisamment pris en compte les aspects d’aménagement et de développement à
long terme.
C’est dans ce contexte que s’inscrit notre TER qui a pour objectif, de doter la CR de
Nyassia d’un plan d’aménagement et de développement de son terroir. L’aménagement étant
pour le bien être des populations, il est clair que celui-ci se ruinerait si la société n’est pas
prise en compte. La prise en compte de la dimension humaine est essentielle dans le cadre de
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la politique de l’aménagement du territoire. Il s’agit en effet, d’une recherche dont la
constante, la préoccupation est de donner aux hommes des meilleures conditions d’habitat et
de travail, de plus grandes facilités d’accès aux loisirs et cultures. Ainsi, le développement du
monde rural est aujourd’hui une des préoccupations des pays en voie de développement en
vue d’établir un équilibre entre ville et campagne.
2. Analyse des concepts
- Le développement local
Le terme développement local est de plus en plus employé pour évoquer une
amélioration des situations locales et régionales qui assure une certaine harmonie entre une
croissance quantitative et une amélioration qualitative, dans le domaine social et culturel en
particulier. (Brunet R, 2005. p.157).
Le développement local, considéré comme le développement à la base, peut être défini
comme étant la mobilisation des acteurs locaux ou extérieurs pour la mise en valeur des
potentialités d’un territoire, en même temps que les résultats de cette activité.
Le développement local peut concerner une région, un département ou une communauté
rurale et peut intéresser plusieurs acteurs locaux ou extérieurs dont les intérêts ne sont pas
toujours convergents, mais qui trouvent tous avantage à la réalisation du potentiel du territoire
auquel ils s’identifient pour y développer leurs activités. Plus simplement, le développement
local est un processus de transformation socio économique et culturel, opéré dans un espace
en vue d’y promouvoir le mieux être. Cette transformation doit être le fruit d’un projet
collectif négocié entre toutes les composantes de la population à laquelle incombe la mise en
œuvre du projet.
- L’aménagement
Selon Toupane 2006 qui cite Waker Mann « l’aménagement s’adresse tout d’abord au
territoire. Celui-ci se caractérise par la présence d’une société qui se l’ait approprié au fil des
siècles par la mise en valeur et les rapports qu’elle a avec cet environnement. Ces rapports ne
sont pas uniquement d’ordre économique, mais aussi culturels, affectifs… ».
Sanka 2006 qui cite le code de l’urbanisme français soutien que « L’aménagement est
l’ensemble des actions ou des opérations qui ont pour objet de mettre en œuvre une politique
locale d’habitation, d’organiser le maintien, l’extension ou l’accueil des actions économiques,
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de favoriser le développement des loisirs et du tourisme, de réaliser des équipements
collectifs, de lutter contre l’insécurité, de sauvegarder ou de mettre en valeur le patrimoine et
les espaces naturels ».
Action en principe volontaire et réfléchie d’une collectivité et surtout de ses dirigeants (et
personnes relativement influentes) visant à mieux répartir sur leur territoire de nouvelles
activités économiques et culturelles, de façon à obtenir des progrès collectifs. Le terme
d’aménagement est donc associé à des objectifs variés: aménagement agricole, aménagement
rural, aménagement touristique selon le secteur d’activité qui est privilégié. Le mot s’applique
aussi à des territoires de dimensions différentes: aménagement urbain, aménagement régional,
aménagement du territoire (sous-entendu national). (Lacoste Y, 2003. p.25).
3. Objectif général
Le but de ce projet de recherche est d’étudier les impacts de la crise casamançaise sur
le processus d’aménagement et de développement d’un terroir qu’elle a contribué à contrarier,
et, les modalités du redémarrage des activités à la suite d’une période de perte de vitalité
longue de deux décennies.
4. Objectifs spécifiques
- déceler la signature laissée par la situation de belligérance sur l’environnement naturel
local, le peuplement du territoire de la CR, les différentes formes de mise en valeur des
ressources et de logiques d’aménagement;
- évaluer le degré de disponibilité des ressources humaines pour leur participation au
développement local dans cette période politique critique (main d’œuvre agricole mobilisée,
circulation des biens et des personnes, scolarisation..;)
- analyser les conditions d’une réactivation de la dynamique de développement local
dans la phase post-conflit (rôles de l’Etat, des élus locaux, des partenaires, des populations) ;
- s’assurer du caractère durable des solutions de sortie de crise;
5. Hypothèses de recherche
- L’aménagement territorial est un vecteur de développement.
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- La stabilité politique est nécessaire pour la réussite d’une démarche d’aménagement
rural et de développement local.
- La réussite du développement local implique la participation de tous les acteurs locaux.
- La CR dispose de nombreuses potentialités socio-économiques riches et variées qui ne
profitent pas à la zone à cause du conflit.
METHODOLOGIE
Pour mener à bien notre recherche, nous avons élaboré une méthodologie qui a
compris: la revue documentaire et les enquêtes de terrain (la collecte des données).
1. La revue documentaire
C’est la première phase de ce travail. Elle est effectuée dans les différents centres de
documentation de Dakar : la Bibliothèque Universitaire, la bibliothèque du département de
géographie et du Master II ATDDL, l’IRD ex ORSTOM, l’IFAN, la DPS, la DAT, le centre
Culturel Français, l’ENEA, le Ministère de la Décentralisation. On y ajouter certaines études
des ONG comme l’AJAC et l’APRAN, de la maison communautaire de Nyassia, de la maison
des élus locaux et de la direction des collectivités locales.
Cette première phase nous a permis d’avoir une idée sur les approches d’aménagement
et de développement initiées jusque là par le Sénégal. Nous avons mieux compris le processus
de développement local au Sénégal ainsi que son impact sur l’émergence des initiatives
locales. Aussi cette phase a permis d’avoir un aperçu sur les contraintes qui peuvent frapper
un processus d’aménagement et de développement en cas de conflit.
Il importe de faire remarquer que peu d’ouvrages parlent de la CR de Nyassia de façon
précise. Les documents utilisés restent limités et ne permettent pas de cerner l’ensemble des
relations de la communauté rurale relatives à la crise casamançaise. Fort de ce constat, nous
avons jugé bon de procéder à une enquête de terrain pour combler ces insuffisances.
2. Les enquêtes de terrain ou collectes des données
Pour cette seconde phase, il nous fallait collecter des données qualitatives et
quantitatives. C’est pourquoi, des questionnaires ont été administrés aux élus locaux, aux
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chefs des forces militaires, ainsi qu’aux autres partenaires institutionnels du conseil rural, à
travers des guides d’entretien, des interviews…
a) Les guides d’entretien
♦♦♦♦ Aux conseillers ruraux
Ils nous ont permis d’avoir une idée sur les grandes orientations du conseil rural dans
chaque domaine de compétence transféré, de voir les moyens, les réalisations, les contraintes,
surtout les indicateurs sur l’amélioration des conditions de vie des populations, les projets
récents de la CR et les projets en porte feuille.
♦ Aux ONG
Ces dernières ont pu nous parler de leurs interventions : domaines d’intervention,
modalités d’intervention, zones d’interventions, moyens, réalisations, contraintes et résultats.
♦ Aux agents de santé
Les informations qu’ils ont donné nous ont aidé à connaître le type de structure de
santé, le personnel de santé, les équipements dont dispose la structure, l’appréciation faite de
ces équipements, les maladies les plus fréquentes, la politique de traitement, le taux de
fréquentation des structures sanitaires par les populations, la répartition des structures
sanitaires et leurs aires de polarisation.
♦ Agents de l’éducation
Nous avons pu nous entretenir avec les directeurs d’écoles et personnel enseignant de
la zone pour connaître la répartition des écoles et leur niveau d’équipement, le nombre
d’élèves.
b) L’interview
Elle s’est faite avec des personnes âgées et les chefs de villages de la zone, pour mieux
comprendre l’historique de la communauté rurale face à la crise, mais aussi avec certaines
personnes ressources comme les présidents du regroupement des jeunes de l’arrondissement
de Nyassia, celui de l’USCA, de l’ASDES, les présidentes des regroupements des femmes.
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Partie I : Présentation de la communauté rurale de Nyassia
1-1 Les données physiques
� Situation géographique
Située dans l’arrondissement de Nyassia, département de Ziguinchor, la CR de Nyassia a été
créée suite à la politique de décentralisation de l’état par la loi numéro 72-25 du 19 avril 1972
de la reforme administrative territoriale locale appliquée cette même année.
Elle couvre une superficie de 278 km2, soit 60% de la superficie totale de l’arrondissement.
La CR de Nyassia est limitée au nord par la CR d’Enampore, au sud par la république de
guinée Bissau, à l’est par les CR de Boutoupa-Camaracounda et Niaguiss et à l’ouest par les
CR de Santhiaba Manjacque et Oukout.
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Carte 1 : Découpage de la région de Ziguinchor
18
Carte 2 : La communauté rurale de Nyassia
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� Le climat
Le climat est de type soudano guinéen avec l’alternance de 2 saisons, une saison des pluies de
juin à octobre et une saison sèche de novembre à mai.
Sur le plan cultural, les populations ont quatre « 4 » sous périodes « Oling » entre février et
juin, « Kalegemo » de juin à juillet « karouille » entre aout et octobre et « kaalha » de
novembre à janvier.
Tableau 1 : Evolution de la pluviométrie de 1997 à 2007
Année Hauteur d’eau en mm Nombre de jours
1997 1323,9 77
1998 1448,4 69
1999 1684 ,9 92
2000 1281 ,1 74
2001 1323,7 73
2002 989 61
2003 1187 ,7 82
2004 963.9 72
2005 1308,7 73
2006 1111 79
2007 1002,5 70
Source : CADL Nyassia 2008
La pluviométrie de la CR de Nyassia a varié au cours de ces dix dernières années entre 1000
et 1600 mm comme l’indique le tableau ci-dessus. A part 2002 et 2004, la CR a enregistré
des précipitations supérieures à 1000 mm durant la décennie 1997-2007. La moyenne
décennale est de 1250 mm ce qui rend la zone favorable au développement des cultures sous
pluie.
� Le relief et les sols
Le relief est relativement plat la partie nord ouest de la CR est plus marécageuse. On
rencontre dans cette CR des sols de mangrove, des sols de plateau (deck.dior), des sols hydro
morphes et des sols ferrugineux latéritiques.
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Le tableau 2 : répartition des différents types de sols rencontrés dans la CR
Type de sol Superficie en ha Fréquences en %
Mangrove 7140 25 ,68 %
Sols de plateau 8200 29,5 %
Sols hydro morphes 7000 25,18 %
Sols de bas fond 2305 8,29 %
Sols ferrugineux 3155 11, 35%
Total 27000 100 %
Source : CERP Nyassia
� Les sources en eau
Le réseau hydrographique est principalement constitué du bras du fleuve Casamance, le
Kamobeul bolon, localisé au nord et à l’ouest de la CR. On y rencontre également des
marigots comme ceux de Bafican, Dioher et Etomé.
1-2 Les données démographiques
� Population et densité
D’après les données recueillies lors du recensement général de la population de 2002, la CR
de Nyassia qui compte 25 villages dont certains regroupent des hameaux abrite une
population de 14334 habitants. La CR compte aujourd’hui (9 villages) abandonnés que sont :
Bouhouyou, Bagame, Boffa-Bayotte, Badème, Mahmouda, Kassoulou, Bougnack, Kassou-
Sénégal et Kouring.
La population est composée en majorité de Diolas, viennent ensuite les Peuls, les Mandingues
et les Manjacques.
� Structure de la population selon l’âge et le sexe
De nombreux déplacements des populations ont eu lieu au cours des années de crise.
La population de la CR est ainsi composée: -51% pour les hommes et 49% pour les femmes.
Cette situation en défaveur des femmes peut s’expliquer par le fait que généralement les
absences féminines sont plus précoces que celles masculines.
L’importance de la population masculine par rapport à celle féminine est aussi notée au
niveau des tranches d’âge 15-19 ans, 20-24ans et 25-29ans, la répartition de la population
selon les grands groupes d’âges, montre l’importance de la population jeune. En effet, dans la
21
CR, 48% de la population a moins de 20 ans, la CR déplore un manque de main d’œuvre
criard du à une forte tendance à l’exode rural causé par le conflit.
� Religion
L’homogénéité dans la composition ethnique n’est pas constatée au niveau religieux. En
effet, cette CR de plus de 10 000 habitants est diverse au niveau des religions. La CR a une
composition religieuse hétérogène. Les animistes sont majoritaires suivi des chrétiens et des
musulmans. Les adeptes du christianisme et de l’animisme sont principalement issus de la
population autochtone qui est conservatrice des coutumes. On a observé d’ailleurs, dans les
forets, l’existence de nombreuses places de cultes appelées communément « bois sacrés » qui
sont également des lieux de prise de certaines décisions.
Les musulmans se trouvent surtout dans les villages de Kaguitte, Toubacouta, Dioher et
Darsalam.
1-3 Le zonage
La CR a été divisée en quatre (4) zones homogènes par le conseil rural dans le tableau
suivant.
Tableau 3 : Représentation des zones de la CR
Zones Villages Démographie
Essing
Dioher
Kaléane
Bafican
Dialang
Bacounoum
Etafoune
Kouring
377
272
333
298
300
131
213
Bayotte
Nyassia
Kailou
Ediouma
Baséré
Kadiené
Kassoulou
Etomé
Darsalam
346
469
160
261
114
312
305
468
22
Mahmouda 209
Bayotte Est
Toubacouta
Bagame
Bouhouyou
Katouré
Badème
Boffa Bayotte
492
458
258
415
917
590
Kaguitte Kaguitte
Bougnack
Kassou-Sénégal
2287
558
104
Source : Conseil rural
Les critères du zonage ont trait à l’homogénéité physique et culturelle, à la démographie et à
la nature des activités économiques dominantes. La zone de Bayotte au centre est faiblement
peuplée avec 9 habitants par km2. Elle est ceinturée par les marigots d’Etomé et de Bafican
avec comme activités dominantes l’agriculture et la cueillette. Dans la zone occidentale :
Essing, les activités principales qui y sont menées concernent l’agriculture, l’arboriculture et
la pêche. La zone extrême occidentale: Kaguitte, a une forte population d’agropasteurs
Enfin la zone Bayotte a une densité de 13 habitants par km2. Elle est peuplée d’agropasteurs
dont l’activité principale est la foresterie: présence d’une forêt classée aménagée par la
population. La fertilité des sols y est très élevée.
La crise a engendré d’importants mouvements de population avec, comme conséquence,
l’effritement de toute la dynamique organisationnelle qui était autour du village et entre les
villages environnants. La crise a amplifié l’inégale répartition de la population. De nos jours
les populations se concentrent dans la zone de l’Essing (occidentale) et du Bayotte qui sont
des zones situées sur la route départementale qui va de Ziguinchor à Oussouye et au Cap-
skirring. Cela s’explique par la sécurisation de cette route par l’armée nationale.
23
Partie II : Diagnostic de la communauté rurale
Cette partie très essentielle est un processus d’analyse qui prend en compte la participation
des populations et débouche sur un bilan diagnostic minutieux de la situation de la CR de
Nyassia. Elle a favorisé (au cours de son élaboration) les conditions d’une participation de la
population et des autres acteurs au développement à l’analyse de leur réalité ; puis d’une
implication de ces dernières de leur situation afin de susciter leurs engagements dans le
processus de développement de leur terroir.
Ce diagnostic sera ainsi accès autour des points suivants :
� Les activités socio-économiques des populations
� Les infrastructures et équipements
� L’action des acteurs de développement dans la communauté rurale
� Enfin la nature des échanges qu’entretiennent les populations avec l’extérieur sera
étudiée.
2-1 Les activités socio-économiques
En milieu rural, les activités socio-économiques des populations tournent en générale autour
de l’agriculture prise dans son sens large surtout liée à une disponibilité des terres.
L’objectif de cette partie portera sur une analyse qui permettra de mieux comprendre les
mécanismes qui sous-tendent les secteurs d’activité rencontrés dans les zones prés établies.
Dans un premier temps nous mettrons l’accent sur le secteur de l’agriculture et ensuite sur les
activités extra agricole telles que: La pêche, le tourisme, l’artisanat et le commerce.
2-1-1 L’agriculture
L’activité agricole constitue le secteur qui mobilise plus la population active de la CR de
Nyassia.
L’agriculture et la cueillette constituent les activités les plus importantes dans la CR. Les
paysans y tirent la quasi-totalité de leur revenu, qu’il soit en nature ou en espèce.
La riziculture (riz des montagnes et riz de bas fond) est une activité traditionnelle essentielle
pour assurer la sécurité alimentaire de la famille. La riziculture est en crise du fait de la
salinisation progressive des vallées, du manque d’intrants de matériel agricole et de la crise
casamançaise. Les populations expliquent que les insuffisances ont été accentuées par le
conflit. 223 km2 soit prés de 70% du territoire de la CR selon le CERP ne sont plus exploité à
cause de l’insécurité. Les quelques rizières qui sont exploitées se situent au niveau des
24
villages qui ne sont pas déplacés. Ces difficultés ont entrainé plusieurs aménagements avec
l’aide du GRDR, notamment dans la construction de micro barrages et des digues anti-sel.
En plus du riz, d’autres cultures sont pratiquées à une échelle très réduite. Il s’agit de
l’arachide, du mais et du manioc.
Le maraichage comme l’arboriculture sont des activités alternatives pratiquées par les
populations pour diversifier leurs sources de revenu.
Ce maraichage est pratiqué par les femmes dans des blocs en saison sèche.
Les principales espèces cultivées sont: la tomate, l’oignon, la laitue, le piment et le chou.
Cette activité est plus développée dans les villages de Darsalam, Kaguitte et Nyassia, mais
elle souffre d’un manque d’équipements. Le maraichage fut pratiqué avant le déclenchement
de la crise, surtout dans les villages précédemment cités et ceux de Toubacouta, Badème et
Dioher. A cette époque les femmes étaient encadrées par des ONG comme l’UNICEF.
Aujourd’hui le maraichage est en difficulté.
En ce sens que dans des villages comme Kaguitte, Bougnack et Toubacouta, les jardins ont
été minés, donc inaccessibles. Le maraichage permettait aux familles de subvenir à des
besoins ponctuels, acheter du pétrole, du savon, payer la scolarité des enfants, les soins de
santé.
L’arboriculture se pratique au niveau des champs de case et des vergers.
Les principaux arbres fruitiers sont les manguiers et les agrumes. La grande difficulté dans
cette activité demeure la commercialisation et la conservation des produits.
Etant des denrées périssables, les mangues et les agrumes pourrissent en quantité dans les
différents vergers à cause de leur manque d’écoulement. Les causes qui expliquent cette
difficulté des producteurs à écouler les produits fruitiers sont relatives à la crise qui limite
l’accès à certaines zones, à l’enclavement de certains villages. La filière mangue connait aussi
d’énormes difficultés liées au pourrissement des mangues causé par une mouche parasite
(bactrocera invadeus) originaire du Sri Lanka, découverte en Afrique de l’ouest au Benin par
l’ITA en 2004.
2-1-2 L’élevage
Il est presque inexistant dans la CR de Nyassia. C’est l’un des secteurs qui a été profondément
touché par la crise surtout à partir des années 90. En effet le bétail n’a cessé de disparaitre du
fait des nombreux vols qui ont fini par décourager les populations. Même si les statistiques
sont inexistants dans ce secteur, des ménages visités soutiennent avoir perdu au moins un
animal. Ainsi la volaille, les caprins, les porcins et surtout les bovins ont été volés
progressivement sans que les populations n’aient l’idée de vendre.
25
L’élevage est toujours une activité menée traditionnellement et est réduit à sa plus simple
expression à cause des épidémies qui chaque année ravagent un nombre important d’animaux.
Les maladies fréquentes répertoriées par le CERP sont le charbon, la pasteurellose et la gale.
L’agriculture bénéficie de conditions favorables, dans la CR, mais le secteur souffre d’un
manque d’équipements des acteurs.
2-1-3 La pêche
C’est une activité génératrice d’importants revenus pour les populations notamment celles
qui vivent le long des cours d’eau. Les pratiquants sont surtout localisés dans les villages de
Kaguitte, Etomé, Dioher, Dialang et Kaléane. Le matériel de pêche est très insuffisant et se
limite à quelques pirogues de fortunes et des filets tissés par les populations elles-mêmes.
Parmi les espèces péchées au niveau du Kamobeul bolon et les cours d’eau de Bafican de
Dioher et Etomé, le CERP a répertorié: les carpes, des machoirons «congs», des ethmatoses,
les crevettes, les mulets et les capitaines. Ces huitres sont aussi traitées et vendues.
La production est achetée par des revendeurs qui approvisionnent le marché de Ziguinchor.
Les moyens de conservation des produits font défaut si bien que le producteur ne puisse pas
différer la vente du produit.
2-1-4 L’artisanat et le commerce
L’artisanat est peu développé dans la CR. Les différentes activités recensées sont la vannerie,
la teinture et la sculpture. IL existe un centre de teinture à Darsalam. Il ya aussi une présence
de trois forgeron à Kaguitte, de deux couturiers à Dioher et Kaguitte. La confection des
pirogues se fait par équipe. Celle des bancs, des pilons et mortiers n’est pas aussi
rémunératrice, contrairement à la confection du « kandiandou ». La construction traditionnelle
des bâtiments semble être l’activité génère beaucoup plus de revenu dans la CR de Nyassia.
Le commerce est généralement perçu pour la plupart des paysans comme une activité en aval
des productions agricoles et horticoles. Les produits commercialisés en milieu rural en dehors
des boutiques proviennent tous des activités agricoles de la cueillette et de l’arboriculture
fruitière. Ainsi on note de février à août un grand engouement au niveau des arrêts car de
Dioher, Darsalam et Kaguitte, d’autant plus qu’il n’existe presque pas de marché dans la CR,
mieux à part celui construit par le conseil rural en 2007 à Kaguitte qui n’est pas encore
fonctionnel. Les quelques 17 boutiques rencontrées dans la CR se trouvent à Nyassia, à
Dioher, à Kaguitte, à Darsalam et à Dialang. C'est-à-dire que le ravitaillement en denrée de
première nécessité pose beaucoup de problèmes. Pour la plupart il se fait à Ziguinchor à 18
km.
26
2-1-5 L’exploitation forestière
La CR de Nyassia compte une forêt classée qui couvre une superficie de 960 ha, la forêt des
bayottes située au sud est de la CR entre les villages de Toubacouta, Badème, Bouhouyou et
Katouré.
L’exploitation forestière occupe une place importante dans l’économie de la CR. La forêt
renferme donc de nombreuses potentialités dont l’exploitation génère d’importants revenus au
profit des populations, il s’agit des produits de cueillette et des produits contingents.
La noix d’acajou et le vin de palme constituent une source importante de revenu. La
population animiste et chrétienne étant importante fait que le vin de palme joue un rôle capital
dans l’économie de la CR. En effet, le litre varie entre 200 et 250 f du mois de décembre au
mois de juin. Les grands récolteurs de vin de palme ont des revenus qui avoisinent les cinq
cent mille francs CFA par an. De nombreuses personnes tirent donc des revenus de l’activité
de la cueillette même si un ralentissement a été noté dans certaines zones à cause de la
présence de mines.
L’exploitation clandestine cause de nombreux dégâts aux forêts, notamment celle du Bayotte
qui est fortement dégradée. L’utilisation abusive du palmier dans la construction des maisons
constitue aujourd’hui une menace réelle pour la forêt.
2-1-6 Le tourisme
La CR de Nyassia dispose de potentialités touristiques importantes auxquelles s’ajoute une
diversité culturelle pouvant constituer une attraction pour les touristes. Il existe un fromager
sacré à Dioher qui accueillait des centaines de touristes par an avant 90.
Toutes ces potentialités ne sont pas exploitées car il n’existe pas d’infrastructures touristiques
fonctionnelles dans la communauté rurale. Il existait un campement touristique à Dioher.
Celui de Kaguitte n’a jamais ouvert ses portes à cause de la crise. Quant au campement de
Dioher il fonctionnait en toute saison et recevait des centaines de touristes. Il était occupé par
les militaires de 1997 à 2005.
3-1 Les infrastructures
Dans la CR de Nyassia beaucoup d’infrastructures collectifs sont aujourd’hui détruits ou
fermés à cause du conflit. En effet la concentration de ces infrastructures est constatée en
grande partie dans l’axe routier Ziguinchor-Oussouye. Cette répartition suit une logique qui
obéit surtout à la sécurisation de cet axe par l’armée nationale. Cependant des particularités
sont notées suivant le type d’infrastructures concerné:
� Scolaire, sanitaire, sociale, religieux, sportives
27
� Hydraulique
� Socio-économique
� Voirie et réseau divers (VRD)
3-1-1 Infrastructures socio-éducatifs
L’éducation demeure un secteur prioritaire dans les politiques locales de développement. Elle
contribue de façon déterminante à l’efficacité économique et à l’éveil des citoyens. Cependant
pour que ce secteur joue son rôle pleinement il est nécessaire que les conditions requises
soient réunies en termes d’infrastructures et de matériel scolaire. Depuis les années 90, la CR
de Nyassia connait un déficit en équipements scolaires à cause de la guerre dans cette zone.
Elle dispose de quatorze écoles dont cinq fermées (Basséré, Bagame, Boffa-Bayotte,
Bougnack et Dialang). Il faut signaler que parmi ces écoles fonctionnelles beaucoup n’ont pas
de clôture et de latrines et dix classes (10) sont en abri provisoire.
Les difficultés observées dans ces établissements scolaires sont surtout liées aux mauvaises
conditions de travail des élèves et des enseignants. Les écoles sont confrontées pour la plupart
à un manque d’équipement et de matériel pédagogique.
Dans de nombreuses écoles fonctionnelles de la CR beaucoup de salles de classes ont été
construites avec l’aide des ONG comme CARITAS, FED, APRAN, USAID.
Nous avons noté aussi la présence des cantines scolaires dans ces écoles. Ces cantines
permettent aux élèves de déjeuner dans les écoles à 13H .Elles sont fournies en vivre comme
le riz, les sardines, et l’huile, par les ONG comme CRS et la coopération autrichienne.
La CR possède un séminaire avec deux salles de classe: CM1 et CM2. L’accès au séminaire
se fait par voie de concours à partir du CE2. Ce sont les élèves catholiques qui fréquentent
cette école d’autant plus qu’elle forme les futurs prêtres ou religieux. Il ya 40 élèves chaque
année scolaire.
Par ailleurs même si nous notons des écoles préscolaires (6) dans les villages de Dioher,
Bacounoum, Dialang, Kaléane, Bafican et Kaguitte, aucune garderie n’est fonctionnelle dans
la CR.
Apres l’implantation du premier CEM à Nyassia en 2003, Deux (2) autres CEM ont été crée à
Dialang et Kaguitte depuis 2008.
28
Tableau 4 : Les infrastructures scolaires fonctionnels
Villages Préscolaire Cycle élémentaire Cycle moyen
Nyassia - - 2 331 1 292
Dioher 1 24 1 251 - -
Darsalam 1 - 1 - - -
Bacounoum 1 19 1 123 - -
Toubacouta - - - 120 - -
Bafican 1 - - 23 - -
Kaguitte - - 2 332 1 -
Kaléane 1 18 - - - -
Dialang 1 - - - 1 -
Total 6 61 9 1180 3 292
Source : Y. Bassène septembre 2010
D’une manière générale à l’image de tout ce qui a été analysé précédemment, le diagnostic de
la répartition des établissements scolaires présente un grand déséquilibre dans la CR. En
effet, mise à part les écoles de Kaguitte, tous les autres équipements scolaires sont localisés au
niveau des villages situés sur l’axe Ziguinchor-Oussouye.
3-1-2 Infrastructures sanitaires
La politique en matière de santé est d’installer au sein des villages des unités sanitaires
répondant facilement au besoin de santé primaire des populations. Au niveau des CR, l’idée à
été ainsi de remettre sur pied des postes de santé et des cases de santé communautaire.
La couverture sanitaire de CR de Nyassia est aujourd’hui faible du fait de l’insuffisance des
infrastructures fonctionnelles. En effet, la CR dispose de trois postes de santé dont, deux
fonctionnels; de cinq cases de santé, une fonctionnelle seulement et de quatre maternités
rurales dont deux fonctionnent. Les postes de santé pour la plupart sont composées d’une
infirmerie, d’une maternité, d’une pharmacie et de salle d’hospitalisation. A leur tête, est
souvent placé un infirmier d’état secondé par des matrones et des agents de santé
communautaire (ASC). Il couvre en générale plusieurs villages.
Les cases de santé: elles sont dirigées par un ASC souvent issu du village et formé pour
administrer des consultations curatives. Elles dépendent d’un poste de santé.
29
Ces unités de santé offrent une gamme assez variée de soin allant des consultations aux
accouchements en passant par des soins préventifs.
Cependant, le manque de matériel et le degré de compétence dans le corps médical de leurs
administrations obligent les populations à aller vers les grands centres hospitaliers de
Ziguinchor ou Oussouye ou bien à Brin dans la CR voisine d’Enampore pour certains cas
spécifiques ou critiques. Les deux postes de santé fonctionnels se trouvent à Nyassia et à
Kaguitte. Le premier polarise tous les villages environnant qui ne sont pas déplacés soit
environ 3168 personnes. Le poste de santé de Toubacouta qui est construit en 2007 reste non
fonctionnel par manque d’un infirmier d’Etat. Sur les cinq cases de santé seule celle de
Dialang fonctionne ainsi que sa maternité.
Les risques de santé restent dominés par les pathologies comme les maladies diarrhéiques, les
problèmes de peau, la conjonctivite, les problèmes de tension artérielle, le diabète, les
infections respiratoires, les morsures de serpent et surtout le paludisme.
La faiblesse de la couverture sanitaire généralement liée au sous équipement des postes de
santé et à la cherté des médicaments génériques malgré l’initiative de Bamako par rapport à la
bourse dans cette zone en crise, a favorisé le recours à la médecine traditionnelle et à
l’automédication. Généralement, c’est dans un état critique qu’on se résout enfin à conduire le
malade à l’Hôpital. De nombreux villageois soutiennent avoir fait recours à la médecine
traditionnelle. Des comités de santé supervisés par le personnel des postes de santé ont été
crées dans les villages pour organiser des causeries de sensibilisation.
3-1-3 Infrastructures socioculturels
La majorité des villages de la CR possédait au moins un foyer des jeunes avant 1990.
Aujourd’hui, il n’en reste que ceux de Dialang, Bafican et Kaguitte. Toutes les maisons de
jeunes de la CR sont restées pendant plus de dix ans sans abriter une quelconque
manifestation. Elles ont été à plusieurs reprises vidées par les rebelles du MFDC qui, du coup
réquisitionnaient les jeunes trouvés sur place pour transporter le matériel volé tel que le
groupe électrogène et l’argent. Ces locaux sont des centres polyvalents ou plusieurs activités
telles que l’alphabétisation, les causeries sont menées en vu d’un développement durable.
� Les lieux de culte
La société de la CR est partagée entre les croyances traditionnelles du bois sacrés et celles
modernes de la mosquée et de l’église.
30
� Les mosquées :
Ont compte six (6) petites mosquées dans toute la CR de Nyassia principalement à Kaguitte,
Darsalam, Toubacouta et Dioher.
� Les églises ou chapelles
Les églises sont au nombre de deux (2) localisées à Nyassia et à Dioher.
Quand à la chapelle qui sont au nombre de deux (2) ont les retrouves dans les villages de
Bafican et Kaguitte. Ces églises sont gérées par un prêtre curé de la mission catholique de
Nyassia.
3-1-4 Infrastructures hydrauliques
La CR ne dispose que d’un seul forage localisé à Nyassia. L’alimentation en eau dans les
autres villages se fait à partir de puits dont la plupart sont des puits traditionnels. En effet, on
a recensé 84 puits modernes et traditionnels lors de nos enquêtes. C’est surtout les puits
traditionnels qui assurent l’essentiel du ravitaillement en eau des populations. Ils sont
généralement collectifs mais appartiennent parfois à des particuliers. Cette situation nous
permet d’apprécier dans une certaine mesure les conditions difficiles auxquelles les femmes
sont confrontées. La qualité de l’eau pose problème en saison sèche avec le tarissement des
puits lié à la baisse de la nappe.
L’exercice de l’exhaure de l’eau étant pénible, nous assistons à des pratiques douteuses de
stockage d’eau potable. C’est un danger réel quand on sait que la disponibilité de l’eau
potable est un élément important pour la santé de l’individu. C’est la encore de plus une
exploitation partielle de la prédominance des parasites intestinaux et de la dysenterie dans la
CR de Nyassia.
3-1-5 Infrastructures socio-économiques
Ils sont essentiellement constitués, de boutiques et de moulins qu’on trouve dans certains
villages.
Les boutiques: elles offrent le plus souvent des denrées de consommation courantes non
périssables et dans une grande mesure, les produits alcooliques.
Les moulins: eux sont généralement la propriété d’associations villageoises ou GIE. Ils
fonctionnent pour la plupart au gazole.
Au plan infrastructurel, on dénombre un marché hebdomadaire avec souks à Kaguitte toujours
pas fonctionnel. Les autres petits marchés localisés au niveau des arrêts cars de Dioher et
Darsalam ne sont animés qu’en période de production, des agrumes, des mangues et des
madds.
31
Au plan des télécommunications, les rares télécentres ont cessé de fonctionner avec la
prolifération des cellulaires. L’absence d’un réseau téléphonique stable dans tous les villages
ne permet pas la diversification des moyens de communications et les échanges avec
l’extérieur. Par ailleurs, l’on note une antenne téléphonique du réseau Orange à Kaguitte et à
Etomé, une autre à Bafican pour Tigo.
Au niveau du tourisme, on dénombre deux ruines de campement touristique à Dioher et
Kaguitte. Le fromager sacré de Dioher ne reçoit que quelques rares touristes.
3-1-6 Infrastructures sportifs
Au sein de la CR, il n’existe comme infrastructures sportives que 13 terrains de football
aménagés sommairement, dont 3 dans le village de Kaguitte. Il ya que les terrains de Nyassia,
Dialang et un de Kaguitte qui abritent les rencontres sportives pendant les vacances
(Navetanes). Les autres équipes, les autres villages s’entrainent dans leur terrain. Il ya même
un terrain de basket et de handball à Nyassia qui n’ont jamais été fonctionnels car ils se
trouvent dans le cantonnement des militaires. C’est dans ce village chef lieu de la CR que l’on
note ces airs de jeu. Ces manquements constatés un peu partout s’expliquent par l’insuffisance
de ressources financières du conseil rural pour la réalisation de ces infrastructures et
équipements qui demandent des investissements couteux. Néanmoins le conseil rural compte
sur le concours de ses partenaires pour le concrétiser.
3-1-7 Voiries et réseaux divers (VRE)
L’espace de la CR de Nyassia est desservie par la route butinée reliant Ziguinchor-cap-
skirring. Cette route traverse les villages de Darsalam, Etomé, Nyassia, Bafican, Dialang,
Dioher et Kaléane. Elle était endommagée par les mines anti chars aux pires moments du
conflit armée. Il faut souligner toutefois qu’elle est totalement refaite en 2007 sur un
financement du FED.
Tous les autres axes reliant les villages de la CR sont des routes en latérite ou des pistes de
production. Nous pouvons citer entre autre les routes latéritiques Dialang, Etoufoune,
Kaguitte. Les axes Etoufoune-Kouring-Basséré-Badème-Toubacouta et les pistes Babonda-
Bagame-Badème-sont abandonnées à cause du conflit. L’enclavement de certains villages
comme Toubacouta ne favorise pas un flux important de circulation des personnes entre les
différentes localités de la CR car l’inaccessibilité reste une contrainte majeure vu l’état des
routes latérites et des pistes pas encore réaménagées.
Le réseau électrique ne sert que le village de Nyassia chef lieu de la CR. Cependant on peut
noter que les pilonnes de la Senelec passent dans 8 villages de la CR situées sur la route
Ziguinchor-Cap-skirring. La connexion de ces villages et celui de Kaguitte est un des
32
programmes du conseil rural. A cause du niveau très bas de l’approvisionnement en électricité
des ménages, d’autres moyens comme la lampe à pétrole (Diola), la lampe tempête, la lampe
à gaz, l’énergie solaire sont utilisées comme mode d’éclairage. On peut néanmoins compter
Carte 4 : Les équipements et les services.
une vingtaine de lampes publiques solaires installée par une ONG espagnole dans les
villages : Darsalam, Kaguitte et Toubacouta.
33
Le réseau d’adduction d’eau du forage de Nyassia ne ravitaille que ce seul village. Dans tous
les autres villages, les infrastructures hydrauliques sont constituées essentiellement de puits
non équipés. Un programme d’extension est prévu en direction des villages de Kailou, Etomé,
et Darsalam.
3-2 Les acteurs du développement
3-2-1 Les acteurs internes
� Les organisations communautaires de bases
Avec le désengagement de l’Etat, les populations ont senti la nécessité de se regrouper pour
faire bénéficier à leurs membres des avantages du groupe mais aussi de consolider l’entre-aide
au niveau du village. Il ya un potentiel organisationnel énorme dans la CR même si les
énergies sont paralysées par la crise que connait la région en générale, la CR de Nyassia en
particulier. Le but de ces organisations locales est la promotion d’activités économiques,
sportives et culturelles. Selon une étude de l’AJAC, la CR de Nyassia compte 32
groupements de promotion féminine (GPF); 9 groupements d’intérêts économiques (GIE) et
22 (ASC). La plupart de ces structures ne sont pas fonctionnelles à cause de la situation qui
sévit dans la zone.
Parmi ces GIE répertoriés, on peut citer :
� Les planteurs
� L’association pour le développement du Bayotte (ADB)
� L’union sportive et culturelle d’Amissobaye (USCA)
� La jeunesse fraternité pour le développement d’Essing (JFDE)
� L’union des jeunes de Kaguitte et Environs (UJKE)
IL faut souligner qu’ils sont encore informels.
� Les ASC mènent des activités sportives essentiellement le football et culturelles
comme le théâtre. Toutefois, ces ASC ne sont pas reconnues officiellement. Ceci pose des
difficultés d’accès à certains financements. Pour la gestion des infrastructures, il ya des
commutés de gestion de forage, de santé, d’association de parents d’élèves. Mais le problème
est que ces structures ne sont pas fonctionnelles et mériteraient d’être redynamisées. Le forage
de Nyassia par exemple, fonctionnait avec l’appui des militaires du fait des difficultés de
fonctionnement des comités de gestion. Ces difficultés sont de deux ordres: la mauvaise
gestion et les difficultés de recouvrement des cotisations ou redevance.
� Le conseil rural
34
A l’instar de toutes les collectivités locales, le conseil rural de Nyassia conformément aux
prérogatives qui lui confèrent les lois et règlements de la décentralisation est l’organe
délibérant de la CR. A ce titre, il lui revient de définir et de conduire les missions de
développement de la localité. Il est composé de 36 conseillers élus pour cinq ans. Le niveau
d’instruction membre du conseil rural est relativement satisfaisant. De façon générale la
plupart des membres ont le niveau du primaire et du secondaire. On peut dire en effet, que les
conditions de gestion moderne du conseil rural, de mise en œuvre du PLD et de bonne
gouvernance locale sont réunies. Toutefois, le conflit vieux de plus de 25 ans empêche ces
derniers d’avoir une bonne marge de manœuvre. Les 18 conseillers enquêtés sur les 36
affirment avoir des conditions de travail très difficile. Car dans le cadre de son
fonctionnement, le conseil rural ne dispose que de théoriquement d’un budget propre. En
effet, ce sont les fonds de dotation de la décentralisation qui permettent à la CR de prendre en
charge chaque quelques compétences transférées comme l’éducation, la culture, la jeunesse,
le sport et la santé. En fonction des spécificités socio-économiques de la CR, on a répertorié
quelques commissions: la commission finance, la commission domaine et de l’urbanisme, la
commission santé/action sociale, la commission développement agriculture élevage, la
commission jeunesse éducation, loisir et culture et la commission économie sociale.
2-3-2 Les acteurs externes
� Les ONG et Organismes Internationaux
Les ONG tout comme les organismes internationaux sont des structures a but non lucratif
ayant pour objectif d’apporter leur appui au développement .Vu les potentialités qu’offre la
zone et le contexte dans lequel il ya (conflit armé), ces organismes interviennent dans
plusieurs domaines aussi variés que les activités économiques, la santé et l’éducation, leur
méthode d’intervention est axée sur la formation, la sensibilisation, la reconstruction et la
distribution de vivre. Leurs actions portent aussi sur de multiples réalisations dans la CR de
Nyassia comme :
� Pêche : Bafican- Kaléane
� Porcherie : Nyassia-Kaléane
� Décortiqueuse : Darsalam
� Horticulture : Kaguitte- Dioher-Darsalam-Nyassia
� Aviculture : Dioher-Dialang-Darsalam-Nyassia
� Education : Dioher-Dialang-Darsalam-Nyassia
� Santé : Kaguitte
� Hydraulique : Dioher-Darsalam
35
Tableau 5 : Organismes d’appui
Structures Réalisations
PROCAS -Construction d’infrastructures sociales
-Fonçage de puits
-Appui en semences et vivres
-Appui à la reconstitution du cheptel
APRAN -Encadrement et équipement groupement
de femmes
-Fonçage de puits
AJAC LUKAL -Assistance technique aux groupements
PAM -Mise en place de cantines scolaires
-Réalisation de digues anti-sel
UNICEF -Equipement des GPF en matériel
agricole
-Distribution vivre de soudure
-Formation (gestion stress)
-cantines scolaires
CARITAS -Reconstruction de maison
-Construction de salles de classe
-Distributions de vivre
HANDICAP INTERNATIONAL -Sensibilisation sur les mines ou engins
explosifs
-Prise en charge des personnes en
situation d’handicap
PAREP -Construction (de clôture du poste de
santé et de logement ICP)
ANRAC -Achèvement de salles de classe
COSPE -Construction d’infrastructures formation
CROIX ROUGE -Distribution de vivres
-Formation de secouristes dans la CR
USOFORAL -Appui aux GPF (formation sur la paix,
le pardon et sur le développement)
ACPP -Equipement de blocs maraichers
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Cependant même s’il ya une parfaite synergie avec les élus locaux, on constate un certain
déséquilibre dans l’intervention des organismes dans certaines sous zones de la CR à cause de
l’insécurité. Ils ont jusque là concentré leurs efforts sur les villages non déplacés.
� La sous-préfecture
La sous préfecture de Nyassia est l’organe administratif de l’arrondissement. Elle couvre deux
communautés rurales: Nyassia et Enampore.
L’avènement de la décentralisation a considérablement réduit ses compétences. Néanmoins
des prérogatives importantes lui reviennent conformément à la réforme administrative et
territoriale. Elle encadre par exemple et appui en même temps les élus locaux pour une
meilleure appropriation des compétences transférées. C’est essentiellement des fonctions
régaliennes comme le maintien de l’ordre et l’établissement de pièces administratives et d’état
civil. Elle a aussi un rôle de contrôle, de conseiller et d’état civil. Son rôle de contrôle et de
conseiller est non moins important sur les responsabilités transférées aux collectivités locales
avec notamment son droit d’approbation sur le plan local de développement.
Par ailleurs tous les services techniques de l’arrondissement sont sous sa tutelle. Cependant de
nombreuses difficultés se dressent dans l’accomplissement de ses missions. Il s’agit du
manque de moyens financiers, humains, matériels et surtout de ses déplacements limités dans
certaines zones n’étant pas totalement sécurisées.
� Les services d’appui au développement
Pour mieux conduire le processus de décentralisation vers les résultats escomptés, l’Etat a mis
sur pied un certain nombre d’institutions. Parmi ces dernières figures la DER, dont l’objectif
principal est de promouvoir le développement rural .Créée en décembre 1997, la DER a sous
son autorité la division des centres d’expansion rurale polyvalents (CERP) mis en place en
1960. Depuis lors, cet outil de gestion au niveau local garde dans le fond l’esprit de
développement rural. C’est à partir de 1972 que le CADL jadis CERP, sont appelés à jouer un
rôle décisif dans leurs missions. Ils deviennent alors des cellules d’appui conseil et technique
premier partenaire des CR, ils sont chargés entre autre:
� D’encadrer les conseils ruraux dans l’élaboration et l’exécution des actions de
développement local en collaboration avec les autres partenaires de la CR.
� D’aider à mettre en exécution les directives relatives aux actions
� D’aider à exploiter les ressources du territoire.
� De participer aux renforcements de capacité des élus locaux et des organisations
communautaires de bases (OCB) pour une meilleure prise en charge des compétences
transférées et des actions de développement.
37
C’est de ces missions que s’est inspirée le CADL de Nyassia qui s’investit de son mieux pour
susciter et accompagner les efforts de développement des collectivités de sa tutelle. Ainsi le
CADL participe pleinement aux rencontres de prise de décision de conseil rural, encadre les
groupements de producteurs, appui certains partenaires dans leurs interventions dans la CR.
Le personnel du CADL est très réduit. Il est composé de trois agents :
- Le chef du CADL qui est un agent technique d’agriculture.
- Un agent technique des eaux et forêts qui est le chef de brigade
- Un maitre d’éducation populaire chargé de la jeunesse. Il appui les jeunes dans le cadre des
activités liées à la jeunesse, au sport et aux loisirs.
� Les services de sécurité
Elles sont essentiellement composées de l’armée nationale .Sa présence dans la CR est à situer
à la fin des années 80. Le commandement de la zone est basé à Nyassia chef lieu de la CR. On
note des cantonnements militaires dans beaucoup de villages de la CR de Nyassia:
Toubacouta, Etomé, Basséré, Etafoune, et Kaguitte. On a pu constater que certains villages se
situant sur l’axe Ziguinchor-Cap-skirring ont des portes de garde au moins tous les 2km. Cela
s’explique par les nombreux braquages des rebelles durant les années de plomb de la crise
casamançaise.
La présence de l’armée a empêché le déplacement de plusieurs villages surtout dans la zone
d’Essing. Mais de nos jours, avec l’accalmie noté ces 5 dernières années, beaucoup de
cantonnements sont levés comme: Dioher, Bacounoum, Bafican, Dialang, Kouring, Ediouma,
Darsalam, Kaléane et Badème.
2-4 Les échanges routiers
Comme on l’a vu plus haut (Infrastructures), la CR de Nyassia est présentement mal desservie
en réseaux routiers surtout dans sa partie Sud-est. La configuration de ces différents réseaux
de communication (route bitumée, pistes latéritiques et de productions) qui convergent
généralement vers la ville de Ziguinchor en empruntant tous la route butinée qui relie
Ziguinchor-Cap-skirring renseigne amplement sur la polarisation qu’exerce celle-ci sur la
communauté rurale. Cette large emprise de Ziguinchor sur la CR limite les relations entre
villages et conséquemment celles entre les deux CR (Nyassia-Enampore). Le transport entre
les villages de la CR mais aussi entre ces derniers et la commune de Ziguinchor et d’autres
localités est assuré par les cars roulant entre Ziguinchor-Oussouye, les Taxis « clandos », les
vélos et les pirogues
2-4-1 Les échanges marchands
Plusieurs types d’échanges marchands lient les villages de la CR avec diverses localités plus
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particulièrement Ziguinchor. En effet ils sont ravitaillés en produits alimentaires, en produits
manufacturés et en intrants de production par la commune. Les flux commerciaux de la CR en
direction de Ziguinchor sont constitués essentiellement par les produits halieutiques ainsi que
des produits maraichers, fruitiers, et vivriers. Le petit commerce est un peu développé sur
l’axe routier Ziguinchor-cap-skirring. Il concerne en particulier la banane, les « madds et
tolls », les mangues, les agrumes et les noix de palme. Le commerce est souvent pratiqué par
les femmes et les jeunes enfants.
Il convient de préciser que la forte orientation des échanges vers la ville de Ziguinchor et
l’absence de marché hebdomadaire dans la CR entravent le développement du commerce
entre les villages. Par contre la CR à travers ses villages frontaliers aux CR d’Enampore,
Oukout, Santhiaba Manjacques et à la république de Guinée Bissau entretient des rapports
marchands avec ces dernières.
2-4-2 Les aires d’influence au plan sanitaires et scolaires
Dans la CR de Nyassia nous nous intéressons à l’étude des aires d’influence, des équipements
scolaires et sanitaires qui sont les domaines qui suscitent le plus de sollicitation par
l’hinterland à l’endroit de la ville.
La CR dépendant du district de Ziguinchor, l’essentiel de ses flux sanitaires sont orientés vers
la commune. Il s’agit principalement des cas qui ne peuvent prendre en charge les postes et
cases de santé d’autant plus que les infrastructures sanitaires dont disposes la CR ne sont pas
bien dotées en matériel. Précisons enfin qu’il ya des échanges sanitaires avec les CR voisines.
Le poste de santé de Nyassia reste très concurrencé par les dispensaires des sœurs religieuses
de la mission catholique de Brin situé à environ 4km du chef lieu de la CR et du poste de
santé de Bourofaye Bainouk dans la CR de Niaguiss pour les populations de Toubacouta. Le
dispensaire des religieuses de Brin qui est mieux équipé que celui de Nyassia, joue un rôle
important sur le plan sanitaire et détermine l’attractivité de ce village.
Sur le plan scolaire, la CR relevant de l’IDEN de Ziguinchor ne dispose pas d’infrastructures
scolaires secondaires. Tous ces flux à partir de la seconde vont vers Ziguinchor et dans une
moindre mesure vers Oussouye.
En revanche, les flux des communes (Ziguinchor, Oussouye) vers la CR sont insignifiant car
c’est seulement le séminaire Saint Jean de Nyassia qui reçoit tous les admis venant de toute la
Casamance naturelle.
Au sein de la CR, il existe des échanges scolaires entre villages très fréquents mais
globalement le village de Nyassia mieux équipé en infrastructures reçoit plus de flux que les
39
autres villages de la CR. Pour ce qui est des infrastructures moyens, seuls les villages de
Nyassia, Dialang et Kaguitte en disposent.
Sur le plan des établissements préscolaires, la CR de Nyassia est très loin de satisfaire sa
population par la desserte de ses équipements préscolaires.
Les quelques écoles préscolaires de la CR sont toutes concentrées dans la Zone Essing plus
précisément dans les villages de Dioher, Bacounoum, Bafican, Dialang et Kaléane.
2-4-3 Les échanges administratifs
Nyassia, chef lieu de la CR et d’arrondissement concentre tous les flux administratifs relevant
de sa compétence notamment les déclarations de naissance et des règlements fonciers. A
travers la sous-préfecture et le CADL, la CR entretient des relations administratives avec la
CR d’Enampore.
IL s’agit des pièces d’état civil et des documents administratifs nécessitant l’intervention de la
sous-préfecture. L’avis des techniciens du CERP est également sollicité.
Les rapports administratifs entre les villages de la CR et le chef lieu de département sont à
sens unique. Il en serait autrement difficile car la ville de Ziguinchor regorge en son sein les
principaux services administratifs du département et la préfecture. Par contre, leur statut
respectif de collectivités locales leur permet uniquement d’entretenir des actions de
coopération. Des relations administratives et juridiques lient également la CR de Nyassia au
chef lieu de région qui est encore Ziguinchor.
2-5 Analyse du conflit dans la communauté rurale
2-5-1 Evolution et manifestation du conflit dans la communauté rurale
La CR de Nyassia a été touchée par le conflit dés le début des événements en 1982. Entre
1992 et 1998 les populations ont subit des bombardements intenses. Une vague importante de
déplacement de population a suivi. De 2000 à nos jours la CR vit une situation d’accalmie
nonobstant l’insécurité qui sévit dans les 2/3 de la superficie totale de la CR.
Chronologie du conflit
1982 1991 1998 2000 -2001 2007-2008
Source : Conseil rural Nyassia 2007
Début du conflit dans la CR et installation de l’armée
Bombardements des villages et déplacement des populations
Développement initiatives de paix par les populations
Accalmie et espoir de retour des populations
40
2-5-2 Impacts de la crise sur la communauté rurale
Les combats et les déplacements des populations sur de longues périodes ont eu des effets
désastreux au plan économique et social. De manière générale, les conditions de vie des
populations se sont dégradées à cause des destructions des déplacements et de la perte des
appareils de production. Le développement économique sur l’ensemble de la CR s’en trouve
freiné par la dégradation des principales infrastructures (pistes, digues…) et l’impossibilité de
mettre en valeur une grande partie du terroir. De même, les réseaux commerciaux ont été
déstructurés. Sur le plan du développement socioculturel, le déplacement des populations et
surtout celui des jeunes a stoppé la dynamique associative qui était une des bases de la vitalité
de la CR de Nyassia.
Tableau 6 : Mouvement des populations pendant le conflit
Villages de la
communauté
rurale
Villages
abandonnés
depuis 1992
Villages
abandonnés dont le
retour est en cours
Villages
partiellement
déplacés
Villages non
déplacés
25 villages
Bouhouyou
Bagame
Boffa-Bayote
Badème
Mahamouda
Kassoulou
Bougnak
Kassou-Sénégal
Kouring
Toubacouta
Katomé
Darsalam
Kadiéné
Ediouma
Baséré
Kaguitte
Etafonne
Bafican
Dialang
Bacounoum
Kailou
Etomé
Kaleane
Nyassia
Dioher
Source : PROCAS 2007
Aujourd’hui le conflit du fait de la présence des mines et de bandes armées dans certains
secteurs continue de bloquer le développement de certains villages. Le problème majeur étant
l’inaccessibilité d’une grande partie des terres cultivables et des ressources forestières. De
même la piste qui relie Toubacouta à Etafoune par le centre de la CR reste impraticable. Ainsi
les populations dont le retour est en cours n’ont pas encore la maîtrise de leur territoire à
cause des mines et ne peuvent que remettre en valeur des parcelles à proximité des
habitations. Selon le PROCAS, il y a 33% du terroir accessible contre 67% du terroir non
accessible dans la CR de Nyassia.
41
Carte 3 : les villages non déplacés et les villages déplacés.
42
2-5-3 Initiatives et mécanismes pour stabiliser la communauté rurale
Depuis 5 ans environ, les populations de la CR se sont investies dans la construction de la
paix et la gestion des conflits. Par des initiatives propres, elles ont largement contribué au
renforcement de la confiance pour jeter les bases d’une stabilisation durable de la paix dans
la CR de Nyassia. Tous les secteurs de la société ont développé à leur manière des
mécanismes de gestion des conflits et de promotion de la paix. Les femmes d’abord ont lancé
cette dynamique dès 2004 en organisant une marche pour la paix sur Ziguinchor. Elles ont
aussi à la même période pu réinvestir le domaine mystique en organisant les cérémonies
religieuses pour faire cesser la guerre. De leur coté à partir de 2005, les hommes par
l’intermédiaire des féticheurs ont sollicité des fétiches un retour de la paix par des cérémonies
d’offrande.
S’en suivent entre 2005 et 2006, plusieurs congrès villageois initiés par les villages de
Toubacouta, Kaguitte, Etafoune, Kouring et Darsalam qui ont réuni les populations de ces
villages mais aussi celles des villages voisins. Ces congrès ont permis de construire un
dialogue entre les gens, de faire retrouver les réfugiés ou déplacés et les familles déjà
retournées afin d’organiser, le retour de toutes les populations, d’enclencher un processus
d’échange et de pardon préalable à la reconstruction de ces villages. Aujourd’hui, les jeunes
ont entrepris de nouvelles initiatives qui tendent à renforcer la solidarité et l’unité entre les
quartiers et les villages. Les ASC se restructurent petit à petit et recommencent à organiser les
événements culturels qui permettent aux jeunes des différents villages qu’ils soient retournés
ou encore déplacés de se retrouver et de renouer des liens.
43
Partie III : La planification Apres le
diagnostic qui nous a permis de connaitre les différentes contraintes de chaque secteur
d’activités, nous avons pu dégager des activités ou projets afin de lever ces obstacles au
développement. C’est à partir de ces actions que nous allons élaborer un plan d’actions
prioritaires. En effet, ce plan est un ensemble d’hypothèses ou programmes de développement
pour chaque secteur d’activité, lesquels programmes sont constitués chacun d’un ensemble
d’actions ou projets.
Ainsi cette partie s’articule autour de deux points: le tableau de synthèse du bilan-diagnostic
et le plan d’action prioritaire.
3-1 Tableau de synthèse du bilan diagnostic
Zones Secteurs de
stabilisation
Secteurs de
blocage
Perspectives/
solutions
Bayotte
-Congrès de
Darsalam
-Redémarrage de
l’économie
(semences, puits,
AGR) autour de
Darsalam
-Initiation d’un
dialogue avec les
combattants
-Appui à la
stabilisation de
Basséré et à la
réinstallation de
Kadiené et
Kassoulou
-Développement
des AGR dans les
villages retournés
Essing
-Accès aux fétiches
-Rôle des femmes
- Appui à la
reconstruction
- Réhabilitation des
outils de production
en maitrise du
terroir
Appui à la
réinstallation de
Kouring et Etafoune
-Renforcement de
l’économie (outils
de production,
analyse des
potentialités
d’AGR)
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Kaguitte
-Appui aux
infrastructures
-Congrès villageois
-Relance de la
production et des
AGR
- Présence de
combattants
- Présence de
mines
- Dialogue
transfrontalier
3-2 Le plan d’actions prioritaires
3-2-1 Les programmes de développement
• Le développement de l’agriculture et de l’élevage
L’agriculture est l’une des activités principales de la CR de Nyassia. Les potentialités
humaines, les terres riches et les forêts dont elle dispose représentent des atouts pour le
développement de l’agriculture. Cette activité pratiquée par une forte proportion de la
population est plutôt en régression dans cette zone frappée par un conflit armé. Elle est
pratiquée d’une manière artisanale sur les sols où les populations n’ont pas été déplacées donc
confrontée à une baisse de rendement ces 15 dernières années. Selon le CERP, 223 km2 soit
près de 70% du territoire de la CR ne sont presque plus exploités à cause de l’insécurité.
A coté de l’agriculture, les populations de la CR pratiquent l’élevage de type domestique qui
est limité par de nombreuses contraintes.
Face à toutes ces contraintes agro-pastorales, un programme a été élaboré pour le
développement de l’agriculture et de l’élevage comme:
-Récupérer et protéger les terres cultivables en:
� Luttant contre la salinisation.
� Maîtrisant l’eau des rizières.
- Améliorer les rendements agricoles:
� Faciliter l’accès des producteurs à l’équipement et aux intrants agricoles (semences,
produits phytosanitaires et engrais).
� Diversifier la production agricole par la pratique du maraichage dans la CR.
- développer l’agriculture:
� Renforcer les capacités des acteurs de la filière.
� Faciliter l’accès des agriculteurs aux équipements.
• La redynamisation de la pêche
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Considérée comme faisant partie des activités qui fournissent un bon revenu aux populations
de la CR, la pêche est essentiellement pratiquée dans le Kamobeul bolon et ses
embranchements qui regorgent d’énormes ressources halieutiques. Il faut noter que le secteur
de la pèche bénéficie de plusieurs atouts et potentialités pour tous ceux qui travaillent dans ce
secteur. Plusieurs autres activités se développent à partir de la pèche comme le commerce, la
transformation et autre.
Cependant, le secteur de la pêche est confronté à de nombreuses difficultés parmi les quelles
l’exploitation abusive des produits halieutiques par certains pêcheurs qui utilisent des filets
hors normes, le faible niveau d’équipement. Pour améliorer et développer le secteur, il est
important d’élaborer un programme de redynamisation de la pêche à travers les actions
comme:
� la construction d’unités de conservations des produits halieutiques surtout au niveau
du pont Niambalang
� la mise en place de comité de vigilance
� le renforcement des équipements de pêche
� l’appui à l’organisation des pécheurs.
• La promotion du tourisme
La CR de Nyassia avec sa diversité culturelle et sa nature regorge d’énormes potentialités
pour l’activité du tourisme. En effet, avec le fromager sacré de Dioher et son campement, le
bel emplacement de celui de Kaguitte et la construction de ceux de Darsalam et d’Etomé, la
CR de Nyassia peut devenir une zone à vocation touristique. Cependant, l’impact de ce
secteur sur le développement de la zone est encore timide à cause de l’instabilité. Cette
situation amène à envisager une orientation qui peut permettre de trouver des solutions à ces
problèmes. Il s’agit, d’élaborer avec cette stabilité un programme de promotion du tourisme
dans le développement de la CR à partir des actions telles que:
� la promotion des autres formes de tourisme
� la mise en place de comité de vigilance de concert avec les forces de l’ordre
� la création d’un centre de conseils-jeunes
• L’augmentation de la couverture sanitaire
Parmi les différents programmes de développement qui ont été élaborés dans la CR de
Nyassia, celui concernant la santé occupe une place très importante dans les orientations de
développement. En effet, la situation sanitaire dans la CR n’est pas très satisfaisante comme
46
l’atteste l’analyse faite au niveau du diagnostic où l’on remarque une inégale répartition des
infrastructures sanitaires entre les différentes zones. Pour améliorer ainsi cette situation, le
programme élaboré vise entre autre l’augmentation de la couverture sanitaire dans la CR à
travers les actions suivantes:
� la mise en place d’une mutuelle de santé
� l’équipement des infrastructures sanitaires
� IEC (information, éducation et communication) en hygiène et santé.
• L’amélioration des infrastructures scolaires et la formation professionnelle
Il est remarqué dans la CR que parmi toutes les écoles qu’elle compte, seules cinq (5) ont un
cycle complet. Tout le reste est constitué de cycles incomplets avec parfois des salles de
classe en abris provisoires.
Ces cycles incomplets constituent dès fois un facteur bloquant dans la poursuite des études
scolaires des enfants car, il est difficile de poursuivre les cours dans un autre village le plus
souvent éloigné. Un autre problème non moins négligeable relevé, est lié aussi, à l’absence
d’atelier de formation dans la CR. Cette absence fait qu’il ya un manque d’expertise locale.
Face à ces problèmes, un programme qui consiste à améliorer les infrastructures et
équipements doit être retenu. Ce programme doit tourner autour de:
� la création d’ateliers de formation professionnelle en menuiserie (ébéniste, métallique)
en coupe et en couture
� la construction de salles de classe
� la construction d’un collège secondaire
• L’amélioration du système d’approvisionnement en eau
A la suite de notre diagnostic, il a été constaté que la CR a un problème d’approvisionnement
en eau potable. Il n’existe qu’un seul forage situé dans le village de Nyassia chef lieu
d’arrondissement et de CR.
Parmi ces problèmes, on note la mauvaise gestion du comité de gestion de cette infrastructure,
la vétusté des équipements qui est la cause principale des pannes répétitives. Hormis le
problème des forages, il ya aussi le cas des puits qui sont sans couvertures donc avec une eau
parfois impropre à la consommation. Face à ces difficultés, un programme a été retenu pour
apporter des solutions. Il s’articule ainsi autour des actions suivantes:
� l’extension du réseau d’adduction d’eau du forage de Nyassia.
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� la réfection du réseau déjà existant.
� le renouvellement des équipements du forage.
� la construction et réfection de puits.
� la réalisation du forage de Bacounoum.
• Renforcement des voiries et réseaux divers
Le diagnostic de la CR de Nyassia, comme il a été mentionné plus haut, a révélé un
déséquilibre dans la répartition des infrastructures et équipements collectifs.
S’agissant des infrastructures et équipements de communication, il n’ya que la route bitumée
Ziguinchor-Cap-Skirring qui traverse la CR. Pour l’éclairage seul le village centre de Nyassia
dispose d’éclairage publique. Le réseau téléphonique est très instable.
Le développement de la CR et la prospérité des populations passent par le renforcement des
voiries et réseaux divers à travers les actions telles que:
� L’amélioration et l’extension de l’éclairage public
� L’aménagement de pistes au niveau des villages ne bénéficiant pas de la route bitumée
� L’extension du réseau téléphonique
� La création d’un centre relais de la communauté rurale
• Protection de l’environnement
Le potentiel forestier est encore très important et varié dans la CR de Nyassia. En effet, la
forêt a été préservée durant ces deux décennies et demie de crise à cause de la présence de
mines et de rebelles.
Cependant, même si le parc forestier est enviable, un certain nombre de mesure doivent être
prises en compte face aux graves menaces qui pèsent sur l’écosystème de la CR notamment
les palétuviers.
L’ampleur de la dégradation de certaines ressources naturelles oblige que soit pris en compte
un programme de protection de l’environnement dont les orientations s’articulent autour de
certaines actions comme:
� la mise en place de pépinières communautaires
� le reboisement de palétuviers, de rôniers
� la mise en place de digues de protection contre la salinisation
� la vulgarisation des foyers améliorés
� la mise en place de comités de vigilance
48
3-2-2 Les actions les plus prioritaires
Les programmes de développement regroupent pour l’essentiel des actions dont l’urgence, la
faisabilité et dans une certaine mesure la motricité déterminent l’importance relative dans un
horizon de temps et de moyens (ressources).
- Sur le plan économique, c’est à l’agriculture et à l’élevage mais également à la pêche,
principales activités de la CR que reviennent les préoccupations majeurs.
• En effet, la construction d’unités de conservation est une action préconisée et
jugée urgente et faisable en vu de la nécessité de rentabiliser le secteur de la
pêche. Cette action permet de conserver les produits halieutiques débarqués au
pont de Niambalang afin de les vendre à bon prix.
- La mise en œuvre de projets productifs en vue de créer des activités génératrices de
revenus pour lutter contre l’exode rural, l’oisiveté des jeunes et pour améliorer le
niveau des revenus des populations de la CR;
- La formation d’auxiliaires vétérinaires pour mieux veiller à la santé animale, en
passant par l’appui organisationnel qui vise l’efficacité des comités ou organisations
existantes.
• Le manque de terres cultivables dans la CR causé par l’insécurité, la précarité
des rendements et des conditions de conservation défavorables conduisent à
préconiser une intensification des cultures, l’amendement organique et la mise
en place de banques de semences. Cependant, l’amendement organique est
l’action la plus maîtrisable et la plus faisable car moins couteux et
techniquement maîtrisable.
- L’environnement nécessite aussi des actions telles que la mise en place de pépinières
communautaires pour pallier le manque de certains plants, la vulgarisation des foyers
améliorés est également un élément de préservation d’espace végétales.
La primauté de ces actions est surtout relative à un souci de mettre en œuvre un
développement durable lequel ne peut se faire sans la protection de l’environnement. D’autres
actions comme la mise en place de digues de protection dans le but de retenir l’avancée de la
salinité.
- La santé est le secteur hydraulique présentent des manquements dans toute la CR où
l’équipement des infrastructures sanitaires existantes, la réfection des puits, la
réalisation du forage de Bacounoume et l’extension du réseau d’adduction d’eau de
49
celui de Nyassia contribueront fortement à l’amélioration de l’accès à l’eau potable et
aux soins de santé primaire dans les villages.
Ces actions considérées comme urgentes sont faisables avec l’aide et l’appui des
partenaires.
- Le problème de la scolarisation est un handicap à l’éducation de la jeunesse et les
multiples et pénibles travaux ménagers, une entrave à la contribution de la couche
féminine dans le processus de développement. C’est pourquoi la construction de salles
de classe, la création d’ateliers de formation professionnelle, la mise en place de
moulins et batteuses, la construction de centres sociaux constituent des actions
pouvant aider à revitaliser cette force vive: les jeunes et les femmes. L’insuffisance de
salles de classe semble être une contrainte majeure, d’où la construction de salles de
classe reste une action prioritaire et aussi faisable avec la contribution du conseil rural
et surtout les différentes ONG intervenants dans la zone.
- Le désenclavement de nombreuses zones de la CR par le biais de l’aménagement de
pistes est tout aussi prioritaire quoique nécessitant de gros moyens liés au déminage .Il
aiderait à desservir ces localités et les ouvrir à leur environnement.
50
Conclusion
Notre étude dans la CR de Nyassia à révélé être un cadre d’échanges et de réflexions
entre nous (chercheurs) et les populations constituées en groupements ou intervenants
à titre individuel dans les questions qui intéressent le processus de développement de
leur terroir. Cette démarche est nécessaire pour un développement endogène car elle
prend en compte l’avis des principaux acteurs intervenants dans la localité afin de les
impliquer dans la recherche de solutions pour l’amélioration de leurs conditions de
vie.
C’est ainsi que le diagnostic effectué au niveau de cette zone a révélé des
dissemblances existants entre deux parties de la CR. Ces disparités bien visibles tant
au niveau du cadre de vie que dans les activités. Au fait, la partie de la CR située sur
l’axe routier Ziguinchor-Oussouye, composée seulement de huit villages parmi les
vingt-cinq, concentre l’essentiel des activités socio-économiques, des infrastructures et
équipements collectifs de la CR tandis que la partie Sud-est reste toujours inaccessible
à cause de la présence de mines et de rebelles du MFDC.
La lutte contre la pauvreté nécessitera une coordination des actions pour enrayer les
effets mécaniques qui la favorisent. Parmi ces mécanismes, les infrastructures
routières restent déterminantes dans l’amélioration des conditions de vie des
populations. Le désenclavement est l’une des pierres angulaires du développement de
la CR.
Toutefois, la mise en place ou le renforcement des infrastructures et des équipements
nécessite le retour de la paix donc, le retour des populations déplacées.
Les procédures inefficaces de recouvrement des impôts et les taxes, le refus et la peur
de s’acquitter du minimum fiscal de la taxe rurale par les populations, minent encore
la gestion de cette CR. Dès lors, les autorités locales ont le seul intérêt, en plus des
efforts internes à formuler, de suivre les requêtes auprès du pouvoir central, pour la
mise en place d’infrastructures modernes de production et de services. La dotation
budgétaire rurale en dépend dans une large mesure.
51
52
1.Plaque à Dioher du(GRDR)qui aménage des vallées 2.Ouvrage évacuateur du GRDR à Dioher
3.Digue anti sel à Nyassia 4.Reboisement de palétuviers à Dioher
53
5.Plantation de palétuviers par la jeunesse de Dioher
6.Campement délabré de Kaguite 7.Campement en ruine à Kaguite
8.Boulangerie traditionnelle à Kaguitte 9.Bâtiment d’un moulin à riz à Kailou
10.Puits hydraulique à Kailou
54
BIBLIOGRAPHIE
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Communautaire : une expérience de communication en Afrique de l’Ouest, GRDI, 213
pages.
2. GUENEAU MARIE CHRISTINE. (1986). Afrique : Les Petits Projets de
développement sont ils efficaces ? Paris, Harmattan, 230 pages.
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de Kafountine, Ecole polytechnique Fédérale Lausanne Suisse. Département
d’architecture, 111pages.
57
Guide d’entretien avec les chefs des forces militaires de la CR
Identification Nom : Age : Prénom : Ethnie : Sexe : En fonction dans la zone depuis : Religion : Grade : Rôle de l’armée dans la CR
- Parlez-moi de votre rôle dans la CR :
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Détenez vous les moyens qu’il faut pour menez à bien votre mission ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Quels sont les problèmes que vous rencontrez ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Pensez vous qu’il y ait des solutions ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Êtes-vous sous l’autorité du Sous Préfet ou du PCR ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
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- Quel type de relation existe-t-il entre l’armée et les acteurs ruraux ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Êtes-vous proche de la population ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Avez-vous une quelconque relation avec le conseil rural ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
Armée - Aménagement et Développement en zone de conflit
- Pensez vous que l’armée ait un rôle à jouer dans la gestion de la CR ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- En période de crise assurez vos la sécurité au niveau des services sociaux de base ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Comment procédez vous pour assurez la sécurité des citoyens de la CR ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
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…………………………………………………………………………………………………………………….
- Travaillez-vous avec les élus locaux ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- En tant que soldat pensez-vous que le conflit à retarder le développement de la CR ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Comment gérez-vous les problèmes d’aménagement consécutif au conflit comme les mines ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
Présence de l’armée et cohésion sociale
- On constate qu’en période de crise vous multipliez les contrôles. Pourquoi ? …………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Pourrions-nous avoir une idée sur la baisse ou l’augmentation des check point ou cantonnement dans la CR ? …………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Quelles solutions proposez-vous pour que la population soit réconciliée avec elle-même ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
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…………………………………………………………………………………………………………………….
- En tant que soldat nourrissez-vous l’espoir d’une paix définitive en Casamance ? …………………………………………………………………………………………………………………….
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Guide d’entretien avec les élus locaux
Identification Nom : Age : Niveau d’instruction : Prénom : Ethnie : Combien de mandats : Sexe : Village : Parti Politique : Religion : Profession : Rôle des élus locaux
- Parlez-moi de votre rôle en tant qu’élu local
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans l’exercice de votre fonction ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Avez-vous les moyens qu’il faut pour bien mener votre mission ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Quelles sont les meilleures solutions pour la résolution de vos problèmes ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- A votre avis quel impact a pu avoir le conflit sur l’aménagement et le développement de la CR ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
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Relations avec les autres acteurs da la ville
- Travaillez-vous de concert avec les autres acteurs de la ville ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Parlez-moi de vos partenaires et de leur apport pour le développement de la CR.
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Quelles sont vos relations avec les représentants de l’Etat ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Avec la crise pensez-vous pouvoir bénéficier de la loi N° 96-07 portant transfert des compétences ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
Conflit et gestion de l’éducation
- En matière d’éducation quels sont les problèmes auxquels vous êtes confronté ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- le conflit vous pose t- il problème dans la gestion de l’éducation ?
…………………………………………………………………………………………………………
………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
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- Dans ce cas comment procédez-vous pour bien jouer votre rôle dans l’éducation ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Il y a-t-il une politique de réinsertion des élèves ou familles déplacés pour cause du conflit ?
…………………………………………………………………………………………………………
………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Pensez vous qu’il y ait des solutions pour régler le problème de l’éducation en ce moment ?
…………………………………………………………………………………………………………
………….
…………………………………………………………………………………………………………
………….
Santé – Population et action sociale en période de crise
- La CR dispose t-elle d’une bonne desserte médicale ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Combien de services de santé dispose la CR ?
Poste de santé : ………………..… Case de santé : …………………...
- Comment procédez-vous pour la gestion de ces services en période de crise ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Il y a-t-il des actions menées en faveur des familles déplacées ou victime du conflit au niveau de la CR ?
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…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
Problème de transport
- Comment qualifiez-vous le réseau routier de la CR ?
Très bonne Assez bonne Bonne Moins bonne
An mauvais état Acceptable
- Le conflit a-t-il influé sur le réseau de la communication de la CR ?
OUI NON
- Si oui, il y a-t-il une solution en ce sens ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Pensez vous que la CR soit :
Très enclavée Assez enclavée pas enclavée
- Comment trouvez-vous le coût du transport ?
Très cher Cher Accpetable
- S’il est très cher ou cher, quelles solutions préconisez-vous ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
Aménagement – Développement et cohésion sociale
- Pensez vous que le conflit influe sur le type d’aménagement de la CR ?
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…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Que pensez-vous du rôle de l’Etat dans le processus de développement de la CR ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Comment gérez-vous les problèmes d’aménagement consécutifs au conflit ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Comment s’organise le développement dans le contexte de conflit ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Quelles solutions proposez-vous pour que la population soit réconciliée avec elle-même ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Nourrissez-vous l’espoir d’une paix définitive en Casamance ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
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Guide d’entretien avec les représentants de l’Etat
Identification Nom : Age : Prénom : Ethnie : Sexe : En fonction dans la zone depuis : Religion : Profession : Rôle des représentants de l’Etat
- Parlez-moi de votre rôle dans la CR :
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Avez-vous les moyens pour mener à bien votre travail ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Êtes-vous responsable du développement économique et social de la CR ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Quels sont les problèmes que vous rencontrez ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Quelles seraient les solutions possibles ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
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- Pensez vous que le conflit a beaucoup retardé la CR ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- En tant que responsable du maintien et du rétablissement de l’ordre, comment procédez-vous en tant de crise ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- L’armée est elle sous votre autorité ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
Relation avec les autres acteurs
- Parlez-moi de vos relations avec le conseil rural.
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Avez-vous une idée du nombre d’ONG opérant dans la CR ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Parlez-moi de ces ONG.
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
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- Avez-vous une relation de proximité avec les citoyens de la CR ou plutôt pensez vous être une autorité proche du peuple ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
Aménagement – Développement et cohésion sociale
- En temps de crise, comment protégez-vous les équipements de la CR ? …………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Pour prendre certaines mesures coordonnez-vous avec les élus locaux ? …………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Pensez vous que le conflit influe sur le type d’aménagement de la CR ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
Que pensez-vous du rôle de l’Etat dans le processus du développement de la CR ? ……………………………………………………………………………………………………………...........
…………………………………………………………………………………………………………………….
- En tant que représentant de l’Etat pensez vous qu’il y ait des solutions pour une sortie de crise ? …………………………………………………………………………………………………………………….
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…………………………………………………………………………………………………………………….
- Pensez vous que l’Etat fournit l’effort qu’il faut pour régler le conflit ? …………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
- Ne pensez vous pas qu’il faudrait une politique adaptée au contexte local pour voir la population réconciliée avec elle-même ?
…………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………….
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