Recherche-action participative et dynamisme des agriculteurs face aux
changements climatiques: cas de la Région Analanjirofo (Est de Madagascar)
Par : Holy RAHARINJANAHARY, Nosy ALIZANY, Jeannin RANAIVONASY, Jean Chrysostôme RAKOTONDRAVELO, Rivo
RABARIJOHN, Lilia RABEHARISOA, Mamy RAMPARANY, Anne-Marie TIANI
Publication scientifique sur la « Recherche-Action Participative »
2010
Numéro de projet du CRDI : 104.143
Titre de projet du CRDI : Vulnérabilité et adaptation des systèmes agraires aux changements climatiques à
Madagascar
Pays : Madagascar
Nom et adresse de l’institution de recherche :
Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA)
Département : AGRICULTURE
BP : 175
ANTANANARIVO 101 – MADAGASCAR
Téléphone : +261 20 24 161 03
E-mail : [email protected]
Site web : www.acca.laboradioisotopes.com
Nom et coordonnées des membres de l’équipe de recherche :
Holy RAHARINJANAHARY : [email protected]
Nosy ALIZANY : [email protected]
Jeannin RANAIVONASY : [email protected]
Jean Chrysostôme RAKOTONDRAVELO : [email protected]
Rivo RABARIJOHN : [email protected]
Lilia RABEHARISOA : [email protected]
Mamy RAMPARANY : [email protected]
Anne-Marie TIANI : [email protected]
Ce rapport est présenté tel qu’il a été reçu du bénéficiaire de la subvention accordée pour le projet. Il n’a pas fait
l’objet d’un examen par les pairs ni d’autres formes de révision.
Le présent document est utilisé avec la permission du Professeur Lilia RABEHARISOA, Chef du projet ACCA
MADAGASCAR.
Copyright : 2010, Professeur Lilia RABEHARISOA
Abrégé : Afin de mieux connaître et de réduire la vulnérabilité des systèmes agraires malgaches face
au changement climatique, l’équipe du Projet Adaptation au Changement Climatique en Afrique (ACCA)
de Madagascar a adopté la méthode de la Recherche Action Participative (RAP). En quelques mots, la RAP
est un processus dans lequel les membres d’une communauté ou d’un groupe ayant un problème
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commun se mettent ensemble (a) pour réfléchir sur la stratégie à adopter afin de résoudre le problème et
(b) pour mettre en œuvre cette stratégie. C’est un processus itératif et cyclique de réflexion, d’action, de
suivi-évaluation et de réajustement. La RAP commence toujours par un diagnostic participatif du
problème à la suite duquel les membres du groupe définissent une vision partagée décrivant la situation à
atteindre. Ils planifient ensuite les stratégies et actions à entreprendre pour atteindre cette situation
« idéale » et se donnent la main dans leur réalisation. A l’issue de chaque action, le groupe se concerte
pour évaluer son avancement, en tire des leçons et re-planifie une nouvelle action.
Dans la Région d’Analanjirofo, le Projet a menée la RAP avec un groupe d’agriculteurs issus de cinq
villages de la Commune rurale d’Ampasina Maningory et d’Ambodimanga II. Se trouvant sur la côte nord
est de la Grande Ile, cette Région à climat tropicale humide est propice aux cultures de rente, en
particulier le giroflier et le litchi, qui comptent parmi les premières sources de devises de Madagascar.
Les résultats de l’application de la RAP a permis de révéler que des changements effectifs des
différents paramètres climatiques sont vécus par ces agriculteurs, en particuliers le régime des cyclones
qui devient de plus en plus fréquent et à la fois plus intense depuis l’année 1986. Ces aléas climatiques
ont des impacts significatifs sur les systèmes agraires, les rendant plus vulnérables, notamment les
plantations de girofliers qui sont totalement effeuillées et détruites pour ne retrouver une bonne
production qu’après trois à cinq ans. Ainsi, cette culture qui constituait jadis la principale source de
revenu des paysans de la Région régresse fortement.
La méthode a également permis d’associer les agriculteurs dans la recherche de solutions, dans leur
mis en œuvre et dans le suivi évaluation, ce qui est probablement à l’origine de leur dynamisme dans ce
processus. Ce dernier est en cours mais les premiers résultats sont prometteurs dans une optique
d’adaptation aux changements climatiques.
Mots-clés: Changement climatique, Recherche Action Participative (RAP), vulnérabilité, adaptation,
culture de rente.
VULNERABILITE ET ADAPTATION DES SYSTEMES AGRAIRES
AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES A MADAGASCAR
www.acca.laboradioisotopes.com
RREECCHHEERRCCHHEE AACCTTIIOONN PPAARRTTIICCIIPPAATTIIVVEE EETT
DDYYNNAAMMIISSMMEE DDEESS AAGGRRIICCUULLTTEEUURRSS MMAALLGGAACCHHEESS
FFAACCEE AAUUXX CCHHAANNGGEEMMEENNTTSS CCLLIIMMAATTIIQQUUEESS ::
CCAASS DDEE LLAA RREEGGIIOONN DD’’AANNAALLAANNJJIIRROOFFOO ((CCOOTTEE EESSTT DDEE MMAADDAAGGAASSCCAARR))
Holy RAHARINJANAHARY, Lilia RABEHARISOA, Nosy ALIZANY, Jeannin RANAIVONASY,
Jean-Chrysostôme RAKOTONDRAVELO, Rivo RABARIJOHN, Mamy RAMPARANY et Anne-Marie TIANI
Juillet 2010
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Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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RREESSUUMMEE
Afin de mieux connaître et de réduire la vulnérabilité des systèmes agraires malgaches face au
changement climatique, l’équipe du Projet Adaptation au Changement Climatique en Afrique (ACCA) de
Madagascar a adopté la méthode de la Recherche Action Participative (RAP). En quelques mots, la RAP
est un processus dans lequel les membres d’une communauté ou d’un groupe ayant un problème
commun se mettent ensemble (a) pour réfléchir sur la stratégie à adopter afin de résoudre le problème
et (b) pour mettre en œuvre cette stratégie. C’est un processus itératif et cyclique de réflexion, d’action,
de suivi-évaluation et de réajustement. La RAP commence toujours par un diagnostic participatif du
problème à la suite duquel les membres du groupe définissent une vision partagée décrivant la situation
à atteindre. Ils planifient ensuite les stratégies et actions à entreprendre pour atteindre cette situation
« idéale » et se donnent la main dans leur réalisation. A l’issue de chaque action, le groupe se concerte
pour évaluer son avancement, en tire des leçons et re-planifie une nouvelle action.
Dans la Région d’Analanjirofo, le Projet a menée la RAP avec un groupe d’agriculteurs issus de
cinq villages de la Commune rurale d’Ampasina Maningory et d’Ambodimanga II. Se trouvant sur la côte
nord est de la Grande Ile, cette Région à climat tropicale humide est propice aux cultures de rente, en
particulier le giroflier et le litchi, qui comptent parmi les premières sources de devises de Madagascar.
Les résultats de l’application de la RAP a permis de révéler que des changements effectifs des
différents paramètres climatiques sont vécus par ces agriculteurs, en particuliers le régime des cyclones
qui devient de plus en plus fréquent et à la fois plus intense depuis l’année 1986. Ces aléas climatiques
ont des impacts significatifs sur les systèmes agraires, les rendant plus vulnérables, notamment les
plantations de girofliers qui sont totalement effeuillées et détruites pour ne retrouver une bonne
production qu’après trois à cinq ans. Ainsi, cette culture qui constituait jadis la principale source de
revenu des paysans de la Région régresse fortement.
La méthode a également permis d’associer les agriculteurs dans la recherche de solutions, dans
leur mis en œuvre et dans le suivi évaluation, ce qui est probablement à l’origine de leur dynamisme
dans ce processus. Ce dernier est en cours mais les premiers résultats sont prometteurs dans une
optique d’adaptation aux changements climatiques.
Mots-clés: Changement climatique, Recherche Action Participative (RAP), vulnérabilité,
adaptation, culture de rente.
AABBSSTTRRAACCTT
To better understand and reduce the vulnerability of agrarian systems to climate change in
Madagascar, the Project Team Climate Change Adaptation in Africa (CCAA) of Madagascar has adopted
the method of Participatory Action Research (PAR). Briefly, PAR is a process in which members of a
community or a group having a common problem to get together (a) to reflect on the strategy to solve
the problem and (b) to set implement this strategy. It is an iterative and cyclical process of reflection,
action, monitoring-evaluation and readjustment. PAR begins with a participatory diagnosis of the
problem after which the group members define a shared vision, describing the situation to achieve.
They plan strategies and actions to achieve this "ideal situation" and help each other in achieving them.
After each action, the group consults in order to evaluate progress, to draw lessons and to re-plan a new
action.
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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In the Analanjirofo Region, the Project has conducted PAR with a group of farmers from five villages in
the rural commune of Ampasina Maningory and Ambodimanga II. Located on the northeast coast of the
Island, this region has a tropical humid climate conducive to cash crops, particularly cloves and litchi,
which are among the largest sources of foreign currency of Madagascar.
The results of the PAR implementation has revealed that effective changes of various climatic
parameters are experienced by those farmers, in particular the cyclones becoming more frequent and
more intense since 1986. These climatic conditions have significant impacts on agrarian systems, making
them more vulnerable. Clove trees are totally leafless and destroyed and didn’t have good harvest after
three to five years. Consequently, this culture that has constituted the main source of income for
farmers in the region decline significantly.
PAR methodology was also used to involve farmers in finding solutions in their implementation
and monitoring and evaluation, which is probably the source of dynamism in this process. The process is
ongoing but early results are promising for adapting to climate change.
Keywords: Climate Change, Participatory Action Research (PAR), vulnerability, adaptation, cash
crop.
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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SSOOMMMMAAIIRREE
Résumé.......................................................................................................................................................................... 4
Abstract ......................................................................................................................................................................... 4
Sommaire ...................................................................................................................................................................... 6
Liste des tableaux .......................................................................................................................................................... 7
Liste des figures ............................................................................................................................................................. 7
A – Introduction ............................................................................................................................................................ 8
B – Le contexte du Projet .............................................................................................................................................. 9
C – La Région d’Analanjirofo ....................................................................................................................................... 10
D – Les quetsions de recherche .................................................................................................................................. 12
E - L’expérience de la conduite de la RAP au niveau du groupe de réflexion d’Analanjirofo ..................................... 13
E.1 – Premier cycle de la RAP .................................................................................................................................. 13
E.1.1 - La construction du partenariat au niveau local ....................................................................................... 13
E.1.2 - Le diagnostic participatif .......................................................................................................................... 14
E.1.3 - La mobilisation des partenaires au niveau régional ................................................................................. 17
E.1.4 - Le « visionning » ...................................................................................................................................... 18
E.1.5 - La planification participative .................................................................................................................... 19
E.1.6 - La mise en œuvre des actions planifiées .................................................................................................. 21
E.1.7 - Le suivi–évaluation participatif ................................................................................................................ 23
E.2 - Deuxième cycle de RAP ................................................................................................................................... 26
E.2.1 - La Re-planification .................................................................................................................................... 26
E.2.2 - La mise en œuvre des actions re-planifiées ............................................................................................. 26
E.2.3 - Suivi-évaluation participatif ..................................................................................................................... 27
F - Leçons apprises et futures directions ..................................................................................................................... 30
G - Prochaines étapes : Les perceptions et opportunités pour l’adaptation aux changements climatiques à l’échelle
régionale ..................................................................................................................................................................... 31
H - Références bibliographiques ................................................................................................................................. 32
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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LLIISSTTEE DDEESS TTAABBLLEEAAUUXX
Tableau 1: Estimation de l’impact des perturbations climatiques sur les principales spéculations du
District de Fenoarivo Atsinanana entre 1998 et 2005………………………………………………….….10
Tableau 2 : Composition du groupe de réflexion local des Communes rurales d’Ampasina Maningory
et d’Ambodimanga II……………………………………………………………………………………………………...11
Tableau 3 : Perceptions du groupe de réflexion sur l’évolution du régime des cyclones………………..…13
Tableau 4: Modifications de la pluviosité après 2000 dans la région d’Analanjirofo …………………………13
Tableau 5 : Perceptions sur les risques climatiques, leurs impacts et les pratiques d’adaptation déjà
adoptées………………………………………………………………………………………………………………………..15
Tableau 6 : Plan d’actions du groupe de réflexion d’Analanjirofo…………………………………………………….18
Tableau 7 : Les indicateurs de suivi du changement et les repères du progrès…………………………………22
Tableau 8 : Résultats de la formation……………………………………………………………………………………………….24
Tableau 9. Evolution des indicateurs du SEP entre octobre 2009 et avril 2010…………………………………26
Tableau 10 : Evolution des spéculations adoptées par les membres de l’association……………………….27
LLIISSTTEE DDEESS FFIIGGUURREESS
Figure 1 : Les régions d’action du Projet ACCA Madagascar et leurs caractéristiques agroclimatiques.8
Figure 2 : Transect de la zone d’intervention……………………………………………………………………………………...9
Figure 3 : Evolution des indicateurs du SEP entre octobre 2009 et avril 2010…………………….…………….27
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AA –– IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN
Les changements climatiques (CC) constituent l’une des préoccupations majeures au niveau
mondial et représentent particulièrement un nouveau défi pour l’Afrique. L’agriculture fait partie des
secteurs les plus exposés aux changements climatiques en Afrique (IPCC, 2007). Dans le cas de
Madagascar, une île de 596.000 km2 située à 300 km du sud-est de l’Afrique, l’agriculture demeure
fortement tributaire des conditions climatiques à cause de la prédominance de l’agriculture pluviale,
la faible mécanisation et la faible maîtrise des ressources hydriques. Dès lors, elle constitue l’un des
secteurs les plus fortement exposés au changement climatique global qui est en train d’introduire de
nouveaux contextes dont les manifestations et les impacts sont variables d’une région à l’autre. Or,
l’agriculture fait vivre plus de 75% de la population, avec une prééminence de la petite paysannerie,
la superficie moyenne des exploitations étant de 0,87 hectare (MAEP, 2004). Environ la moitié de la
superficie du territoire est cultivable, seul un peu plus de 5% sont actuellement cultivés. Les deux
tiers des ménages ruraux sont au stade de la subsistance et les récoltes sont généralement faibles. Le
riz est la principale culture, comptant pour 70% de la production agricole et les cultures
d’exportation incluent la vanille, le café et le girofle. L’élevage est très répandu et 60% des ménages
ruraux en dépendent pour leurs revenus. Enfin, la pêche et l’aquaculture sont devenues d’importants
sous-secteurs de l’économie malgache. Malgré l’importance de l’agriculture dans l’économie
nationale et les politiques de libéralisation économique et de stabilisation macro-économique, la
performance du secteur agricole n’est pas à la hauteur de son potentiel : la moyenne annuelle du
taux de croissance du PIB allouée à l’agriculture était de 1,9% par an dans les années 1990 et a
légèrement augmenté à 2,6% par an durant la période 2003-2006. (Banque Mondiale, 2008)
Dans le document stratégique national pour la période 2007-2012 (Madagascar Action Plan), le
gouvernement a lancé une révolution verte et durable basée sur l’intensification (amélioration de la
productivité), l’extension (augmentation des surfaces cultivées) et la fourniture et assistance en
semences et engrais. Cette révolution verte et durable a pour objectifs d’assurer la sécurité
alimentaire d’une part et de dégager des surplus exportables d’autre part. Toutefois, certains
chercheurs se posent des questions quant à la pertinence de cette révolution verte :
«… l'intensification agricole…dans le cadre d'une économie de marché représente-t-il un choix
pertinent pour un pays qui dispose d'une agriculture familiale paysanne majoritaire dont le problème
est plus de diversifier les activités et les productions pour répartir les risques, que d'investir dans la
recherche de rendements maximaux sur des spéculations limitées ? » (Rakoto Ramiarantsoa, 2008)
Les CC risquent d’ajouter de nouveaux défis dans cette agriculture encore en difficulté et dans
une optique d’appui aux agriculteurs malgaches dans l’adaptation aux CC, le Projet « Vulnérabilité et
Adaptation aux Changements Climatiques des Systèmes Agraires à Madagascar », dans le cadre du
programme « Adaptation aux changements climatiques en Afrique (ACCA)» a conduit des activités de
Recherche Action Participative (RAP) au niveau de quatre Régions. Le présent article présente les
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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résultats de ces activités de RAP dans l’une des régions d’action, en l’occurrence celle d’Analanjirofo
(Est de Madagascar). A partir de l’expérience de cette région, nous essaierons de montrer comment
la méthodologie de la RAP peut aider à stimuler la réflexion collective, la définition et la mise en
œuvre de stratégies d’adaptation, face aux incertitudes prononcées qu’engendre le changement
climatique. Les premières sections décrivent le contexte dans lequel le Projet ACCA Madagascar
intervient ainsi que les questions de recherche qui nous ont guidées durant la conduite de la RAP.
Ensuite, la méthodologie de la RAP et ses résultats sont développés avant de conclure avec les leçons
apprises et les prochaines étapes.
BB –– LLEE CCOONNTTEEXXTTEE DDUU PPRROOJJEETT
A Madagascar, en général les risques climatiques majeurs sont (a) la diminution du total
pluviométrique constatée presque dans toutes les régions de l’île ; (b) le raccourcissement de la
saison des pluies se traduisant par un retard de l’arrivée des premières pluies, une concentration des
précipitations en deux mois (janvier et février) et une fin précoce de la saison des pluies ; (c)
l’augmentation de la fréquence et de la durée des séquences sèches de une à deux semaine en
pleine saison de pluies ; et (d) l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des cyclones
notamment dans les régions nord est du pays.
L’élaboration du Plan d’Action National pour l’Adaptation aux Changements Climatiques
(PANA) a permis au pays de se pencher sur sa vulnérabilité face au changement climatique. Ainsi, les
analyses des paramètres climatiques pour les cent prochaines années montrent une augmentation
de l’ordre de 2.5°C à 3°C, avec une réduction des précipitations moyennes annuelles pendant les
saisons sèches, et une augmentation intense pendant la saison des pluies.
Dans le cadre du PANA, des mesures d’adaptation ont été identifiées mais leur mise en œuvre
est limitée par l’insuffisance des moyens humains, techniques et financiers. C’est dans ce contexte
que l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques et le Laboratoire des Radio-Isotopes de
l’Université d’Antananarivo en collaboration avec l’Institut de Recherche pour le Développement ont
entrepris un projet de recherche dont l’objectif principal est de mieux connaître ainsi que de réduire
la vulnérabilité des systèmes agraires à Madagascar au changement climatique. Quatre objectifs
spécifiques ont été fixés : (i) mieux connaître la vulnérabilité aux changements climatiques des
systèmes agraires malgaches, (ii) catalyser la réflexion et le dialogue entre les chercheurs et les
acteurs de l’adaptation aux changements climatiques à différents niveaux, (iii) diffuser les résultats
pour un meilleur partage des connaissances relatives à la vulnérabilité des systèmes agraires aux
changements climatiques et (iv) renforcer les capacités nationales en matière d’adaptation aux
changements climatiques. Le projet intervient dans quatre régions de Madagascar qui illustrent la
diversité des contextes agro-climatiques du pays.
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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Figure 1 : Les régions d’action du Projet ACCA Madagascar et leurs caractéristiques agroclimatiques
(Source : Projet ACCA Madagascar)
En vue d’atteindre ses objectifs, le Projet ACCA Madagascar a adopté une démarche participative. Au
niveau local, le groupe des agriculteurs - au centre du système agraire, objet de recherche- constitue le
principal partenaire limitrophe1 du Projet (Ndiaye et al, 2005). Dans cette approche méthodologique, le Projet
ne joue qu’un rôle de facilitateur, initiant et catalysant la réflexion entre les partenaires limitrophes pour la
recherche et la mise en œuvre collective des actions d’adaptation au changement climatique.
CC –– LLAA RREEGGIIOONN DD’’AANNAALLAANNJJIIRROOFFOO
La région d’Analanjirofo, dans le Nord Est du pays, se caractérise par un climat chaud et
humide. Les pluies sont réparties entre 180 et 300 jours par an : les mois de février et mars sont les
plus pluvieux et ceux d’octobre et novembre sont les plus secs. De 1995 à 2007, les précipitations
annuelles ont varié de 2500mm à 4800mm. La température moyenne annuelle est de 24°C environ :
les plus fortes chaleurs sont enregistrées de décembre à février et les moins fortes en juillet.
(Soamazava, 2008)
1 Personnes, groupes ou organisations avec lesquels les responsables d’un programme ont des contacts directs pour
susciter le changement et avec lequel on peut s’attendre à ce que le programme exerce une influence
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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Au niveau de la Région d’Analanjirofo, le Projet intervient dans le District de Fenoarivo
Atsinanana et particulièrement dans la zone autour de la réserve spéciale de Tampolo comprenant
six (06) Fokontany2 inclus dans 02 Communes rurales (Communes rurales d’Ampasina Maningory et
d’Ambodimanga II). Ces Fokontany ont été sélectionnés suivant un transect comprenant la plupart
des topos séquences que l’on peut rencontrer dans la côte nord est de l’Ile depuis le littoral
(Fokontany de Rantolava) jusqu’au "tanety" de la première falaise (Fokontany de Mahavanona) en
passant par les plaines côtières et les bas fonds (Fokontany d’Andapa II et d’Antetezampafana), sans
oublier les terres alluviales bordant les cours d’eau (Fokontany de Marofinaritra).
Figure 2 : Transect de la zone d’intervention
Source : Soamazava, 2008
Sur le plan socio-économique, la population de la zone est composée en majorité du groupe
ethnique Betsimisaraka auquel s’ajoutent des Antefasy et Antesaka. L’économie de la zone repose
essentiellement sur l’agriculture : les cultures de rente (pérennes) sont dominées par le giroflier et le
litchi ; les cultures vivrières incluent le riz (pluvial et irrigué), le manioc et le maïs mais
l’autosuffisance alimentaire est loin d’être atteinte. D’autres activités comme le petit élevage, la
pêche, la distillation de l’essence de girofle et la production du vin de canne appelé localement
"betsabetsa" procurent une rentrée d’argent supplémentaire. (Soamazava, 2008).
En termes de risques climatiques, la région constitue l’une des plus exposées aux cyclones
tropicaux. Selon la Direction Générale de la Météorologie, le nombre de cyclones de catégorie 4-5
qui se sont formés dans le Sud-ouest de l’Océan Indien s’est fortement accru, en passant de 23
pendant la période 1975 -1989 à 50 pour la période 1990-2004 et le pourcentage du nombre total
des cyclones formés entre ces deux périodes est passé de 18 à 34%. Les projections de changement
2 Le ««fokontany»» est la plus petite unité administrative à Madagascar
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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établis montrent pour la région une hausse de 0,021°C/an pour la température maximale journalière
et de 0,05°C/an pour la température minimale journalière (Rabefitia et al., 2008).
A titre illustratif, le cyclone de 2008 a
provoqué des dégâts estimés à environ USD
360 millions affectant principalement les
Régions d’Analanjirofo et d’Atsinanana
(Banque Mondiale, 2008). Sur le plan agricole,
selon la Direction Régionale du Développement
Rural, les impacts des perturbations
climatiques sur les principales spéculations
dans le District de Fenoarivo Atsinanana sont
importants car elles peuvent entraîner une
réduction de moitié du rendement. Il apparaît
ainsi que les problèmes liés aux changements
climatiques viennent s’ajouter aux difficultés
des producteurs à atteindre un rendement
acceptable.
Tableau 1: Estimation de l’impact des perturbations climatiques sur les principales spéculations du
District de Fenoarivo Atsinanana entre 1998 et 2005
Spéculation Pas d’inondation, pas de cyclone Passage cyclonique, inondation ou
sécheresse prolongée
Rendement
moyen (t/ha)
Ecart-type Rendement
moyen (t/ha)
Ecart-type
Riz irrigué 2,350 0,149 1,340 1,240
Riz pluvial 1,375 0,125 0,850 0,060
Manioc 10,000 0,000 8,600 1,960
Maïs 1,000 0,000 0,760 0,080
Banane 27,500 2,500 12,800 3,180
Girofle 0,420 0,280 0,270 0,370
Litchi 16,000 0,400 7,200 1,940
Source: Direction Régionale du Développement Rural d’Analanjirofo
DD –– LLEESS QQUUEETTSSIIOONNSS DDEE RREECCHHEERRCCHHEE
Les questions de recherche qui ont servi de fil conducteur durant la conduite de la RAP sont les
suivantes :
- Comment les producteurs perçoivent les risques climatiques et leurs impacts sur le
système agraire? Quelles sont les pratiques qu’ils ont adoptées pour y faire face et
quelles sont leur efficacité et leurs limites?
Champ de girofliers ravagé par le cyclone Ivan (17 février 2008)
dans le district de Fenoarivo Atsinanana – Photo : Nosy ALIZANY
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- Dans ce contexte, comment les producteurs conçoivent leur futur et ensemble (les
producteurs et le Projet ACCA) que peut-on faire pour atteindre cet objectif?
EE -- LL’’EEXXPPEERRIIEENNCCEE DDEE LLAA CCOONNDDUUIITTEE DDEE LLAA RRAAPP AAUU NNIIVVEEAAUU DDUU GGRROOUUPPEE DDEE
RREEFFLLEEXXIIOONN DD’’AANNAALLAANNJJIIRROOFFOO
EE..11 –– PPRREEMMIIEERR CCYYCCLLEE DDEE LLAA RRAAPP
E.1.1 - LA CONSTRUCTION DU PARTENARIAT AU NIVEAU LOCAL
Dès le début de ses interventions, après
avoir fait une prospection et une étude du
contexte dans la Région d’Analanjirofo, le
Projet ACCA Madagascar a facilité la mise en
place d’un groupe de réflexion local dans les
Communes rurales d’Ampasina Maningory et
d’Ambodimanga II. L’objectif était de
promouvoir la participation effective des
différents acteurs dans les échanges d’idées et
d’expériences dans l’identification des
pratiques anti-risques face aux changements
climatiques.
Le choix des membres des groupes de réflexion a été fait de manière à ce que les différents
intérêts et spécificités (la typologie d’acteurs et le genre) soient représentés autant que possible.
Ainsi, ce groupe est composé d’une vingtaine de membres, comprenant des hommes et des femmes
représentant les différents types d’exploitant agricole existant dans la localité ainsi que des
personnes ressources susceptibles d’influencer les autres membres de leur communauté tels que les
Chefs de Fokontany et le « Tangalamena » qui représentent respectivement au niveau local l’autorité
administrative et l’autorité traditionnelle.
Tableau 2 : Composition du groupe de réflexion local des Communes rurales d’Ampasina Maningory
et d’Ambodimanga II
Composition Effectif
Proportion hommes/femmes 4 femmes et 22 hommes
Nombre de présidents d’association 10
Nombre de représentants des autorités administratives
locales et communales)
8
Nombre d’autorités traditionnelles 1
Simples citoyens 3
(Source : Rapport technique ACCA Madagascar, décembre 2008)
Réunion du groupe de réflexion d’Analanjirofo avec l’équipe du
Projet ACCA Madagascar – Photo Nathalie BEAULIEU
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E.1.2 - LE DIAGNOSTIC PARTICIPATIF
Le diagnostic participatif a
été réalisé durant le premier
atelier local de concertation mené
par le groupe de réflexion avec
l’appui du Projet. Ce diagnostic a
porté essentiellement sur trois
points à savoir (a) les perceptions
des agriculteurs des
manifestations des changements
climatiques dans leur Région, (b)
les conséquences de ces
changements sur le système
agraire et (c) les différentes
formes d’adaptation progressive
déjà entreprises par les
agriculteurs.
Cet atelier local a été également une opportunité de partage d’informations : l’équipe du
Projet a exposé de façon très simple la perception des scientifiques du changement climatique en
comparant l’effet de serre à un « bain de vapeur », pratique bien connue dans la médecine
traditionnelle malagasy. A l’issue de cet atelier, certains membres du groupe de réflexion ont déjà
proposé la formulation de stratégie d’adaptation aux changements climatiques comme ordre du jour
de la prochaine rencontre.
Les changements/risques climatiques perçus et vécus à l’échelle locale
Les agriculteurs ont l’expérience de la variabilité, c’est-à-dire les fluctuations extrêmes des
conditions climatiques qui sont régies par une certaine récurrence cyclique. Ainsi, les années
d’intempéries occasionnelles (trop ou pas assez de pluies, inondations, sécheresse, etc…), font partie
des facteurs qui rythment les cycles de production agricoles du paysan malagasy. Or, aujourd’hui, en
plus de ces fluctuations « habituelles », de véritables changements sont également perçus et vécus
par les paysans.
Perturbations du régime pluviométrique
Les agriculteurs ont rapporté deux tendances principales des précipitations au cours de ces
dernières années, en l’occurrence une diminution du total pluviométrique annuel et des
changements notables au niveau de la répartition des pluies au cours de l’année. Les données
météorologiques disponibles (principalement celles collectées par le Service de la Météorologie
Nationale) attestent une diminution des pluies de saison sèche (mai - juin); cette diminution a aussi
été rapportée par les paysans au cours des ateliers locaux de concertation.
Un membre du groupe
de réflexion rapportant
les résultats des travaux
de groupe lors de
l’atelier de diagnostic
participatif. Le
document affiché
s’intitule : « La
perception paysanne des
changements
climatiques » – Photo
J.C. RAKOTONDRAVELO
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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Changements perçus sur le régime des cyclones
Les agriculteurs d’Analanjirofo sont bien placés pour évoquer les risques liés aux cyclones,
cette région étant l’une des plus exposées aux cyclones à Madagascar. Les constatations par les
paysans sur les cyclones portent sur l’intensité et la fréquence des cyclones, l’intensité et la durée
des rafales de vents, l’importance des pluies. Ainsi, les cyclones étaient rares et les plus intenses
d’entre eux ne frappaient la région qu’à un certain intervalle espacé dans le temps. Ceux qui ont le
plus marqué la région, par leur importance, sont devenus des repères qui sont évoqués, non
seulement pour l’agriculture, mais dans tous les aspects de la vie socio-économique des
communautés rurales. On note ainsi qu’Honorine en 1986 et Bonita en 1996 sont devenus des
repères chronologiques pour la mémoire collective. Cet intervalle décennal est d’ailleurs celui qui est
perçu comme la fréquence des cyclones violents. Les constatations rejoignent les observations du
service de la Météorologie Nationale qui rapportent les augmentations notables du nombre des
cyclones et du nombre des cyclones de plus forte intensité (tableau 2).
Tableau 3 : Perceptions du groupe de réflexion sur l’évolution du régime des cyclones
Cyclone 1986
Fréquence des grands cyclones 1/ 10 ans Presque 1/an
Caractéristiques Pluies abondantes Vents violents
Durée 1 à 2h 1 jour voire plus
(Source: Atelier local de réflexion, juillet 2008)
Impacts des aléas climatiques et des changements du climat sur les systèmes agraires
Impact du changement du régime pluviométrique
Les paysans doivent faire face à de nouvelles contraintes liées aux changements du régime
pluviométrique et de la disponibilité des ressources hydriques (tableau 4). D’après les paysans de la
région Analanjirofo, la productivité des systèmes agraires, notamment les systèmes vivriers
(riziculture pluviale, culture du maïs, du manioc, etc.), est devenue très aléatoire.
Tableau 4: Modifications de la pluviosité après 2000 dans la région d’Analanjirofo
Précipitation Avant 2000 Après 2000
Quantité satisfaisante En diminution
Répartition satisfaisante Mauvaise
Arrivée des premières pluies Prévisible (mi-octobre) Imprévisible
(Source : Atelier local de réflexion, juillet 2008)
Impact du changement du régime des cyclones
Les exemples les plus illustratifs des risques représentés par les cyclones sont ceux constatés
par les paysans de la région d’Analanjirofo. Les girofliers sont totalement effeuillés, ont des branches
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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cassées, et périssent, ou mettent trois à cinq ans pour retrouver une bonne production. Sur les zones
montagneuses à partir de la première falaise surplombant les plaines côtières, le relief accidenté les
protège.
Pour les arbres fruitiers, en particulier le litchi et l’arbre à pain, les dégâts concernent surtout
les jeunes pieds qui sont arrachés à cause du volume trop important de leurs parties aériennes et de
leur enracinement encore faible. Les vieux pieds, quant à eux, n’ont que des branches cassées. En ce
qui concerne les autres cultures de rente, les caféiers sont rarement cassés ou déracinés car ils
présentent des tiges souples. De fait, ils perdent seulement une partie de leurs grains qui sont encore
verts en saison cyclonique. Pour les vanilliers et les poivriers, les dégâts viennent essentiellement des
branches d’arbres d’ombrage ou de tuteurs qui tombent sur les lianes.
Les paysans de la Région d’Analanjirofo perçoivent une fréquence accrue des cyclones, ainsi
qu’une intensification des vents qu’ils amènent. Pour eux, cette intensification nuit surtout au
giroflier, étant donné qu’elle ne permet pas une période suffisante pour les plants de se régénérer
des dégâts ; en effet, il faut compter au moins trois ans pour que la productivité revienne à un niveau
satisfaisant. Les autres cultures arborées, comme les litchis sont moins affectés, car plus résistants ou
mettant moins de temps à revenir à leur productivité initiale. Les risques pour la culture du riz
demeurent également les mêmes, car les cyclones n’auront affecté que la saison, et non celles qui
suivent.
Des exemples de pratiques d’adaptation à l’échelle des exploitations et des terroirs
Au cours des enquêtes menées auprès des acteurs locaux, le Projet a pu découvrir diverses
pratiques en réponse aux aléas rencontrés pendant les années extrêmes. Avec la récurrence des
aléas auxquels elles sont censées répondre, ces pratiques tendent à se généraliser d’une année à
l’autre, et deviennent ainsi des pratiques d’adaptation aux changements du climat.
Adaptation aux perturbations du régime pluviométrique
En réponse aux perturbations des régimes des pluies, la principale pratique rencontrée dans
l’Analanjirofo est celle du réajustement du calendrier cultural. Cette adaptation se traduit par
l’avancement ou le retardement des travaux, ainsi que le raccourcissement du temps consacré à
chaque étape de la production.
Adaptation à la sécheresse et au déficit hydrique
Certains paysans ont opté pour des variétés à cycle court afin d’éviter les poches de sécheresse
ainsi que les risques d’inondation liés aux cyclones.
Adaptation à la multiplication et l’intensification des cyclones
Pour s’adapter aux cyclones, les paysans étêtent régulièrement les girofliers pour diminuer la
portance des parties aériennes; les feuilles ainsi récoltées sont distillées pour extraire de l’huile
essentielle. Cependant, compte tenu des risques accrus, de plus en plus de paysans préfèrent
changer de filière. Le poivrier et le vanillier, qui résistent mieux aux cyclones, intéressent de plus en
plus d’agriculteurs. Ils font également un tri des espèces de tuteurs, en adoptant les espèces
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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Jatropha curcas ("valavelona") et Pachyra aquatica ("pisitasy hazo") qui sont considérées bien
adaptées aux cyclones.
Les perceptions les membres du groupe de réflexion sur les risques climatiques et leurs
impacts sur le système agraire ainsi que les pratiques d’adaptation déjà adoptées peuvent être
résumées comme suit.
Tableau 5 : Perceptions sur les risques climatiques, leurs impacts et les pratiques d’adaptation déjà
adoptées
Perceptions des risques
climatiques
Perceptions des impacts Pratiques anti-risques déjà adoptées
Diminution du total
pluviométrique annuel et des
changements notables au
niveau de la répartition des
pluies au cours de l’année
Diminution du rendement
de la riziculture pluviale
Réajustement du calendrier cultural (avancement ou
retardement des travaux, raccourcissement du temps
consacré à chaque étape de la production).
Apparition de séquences
sèches dans un climat
normalement humide
Baisse du rendement de
la riziculture (liée aux
séquences sèches)
Adoption de variétés à cycle court afin d’éviter les
poches de sécheresse ainsi que les risques d’inondation
liés aux cyclones.
Augmentation de l’intensité et
de la fréquence des cyclones
Destruction des cultures
pérennes, en particulier
giroflier et litchi
Baisse du rendement de
la riziculture (lié à
l’inondation
- Etêtage régulier des girofliers pour diminuer la portance
des parties aériennes (les feuilles récoltées sont distillées
pour extraire de l’huile essentielle)
- Orientation vers d’autres filières plus résistantes aux
cyclones comme le poivrier et le vanillier (pour certains
paysans)
- Tri des espèces de tuteurs considérées mieux adaptées
aux cyclones.
Augmentation de la
température
Apparition de nouvelles
maladies animales
(Source : Atelier de diagnostic participatif, Tampolo, juillet 2008)
E.1.3 - LA MOBILISATION DES PARTENAIRES AU NIVEAU REGIONAL
Dans une optique de mobilisation des partenaires au niveau régional, les résultats du niveau
local y ont été restitués. Un des objectifs principal au niveau régional était de susciter leur appui vis-
à-vis du niveau local et d’insérer les préoccupations des communautés dans les plans régionaux de
développement. Malheureusement, la réaction inverse a été constatée: les acteurs régionaux ont
plutôt pris cette opportunité pour exprimer leurs propres besoins. D’ailleurs, malgré les efforts mis
en œuvre pour mettre à disposition des acteurs régionaux les informations disponibles issues du
niveau local, très peu de dynamisme a émergé. En conséquence, l’équipe du Projet a décidé de
concentrer les réflexions et les actions au niveau local.
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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E.1.4 - LE « VISIONNING »
Avant de réfléchir sur les actions ou stratégies d’adaptations aux changements climatiques, les
membres du groupe de réflexion ont été invités à définir une vision partagée de leur futur dans le
contexte du changement climatique (Earl et al., 1971). L’approche utilisée par l’équipe du Projet
ACCA Madagascar pour la facilitation de cette étape de la RAP consistait à:
� Partir des conséquences néfastes des changements climatiques observés par les
membres du groupe de réflexion durant le diagnostic participatif ;
� Demander aux membres du groupe de réflexion de décrire la situation si ces
conséquences négatives sont solutionnées ;
� Synthétiser les situations « idéales » décrites par tous les participants en une seule
vision ;
� Réfléchir sur les pistes d’actions pouvant conduire à l’atteinte de la vision, une fois que
celle-ci est définie.
A la fin de la rencontre, le groupe de réflexion a été subdivisé en quatre (4) sous groupes qui
ont été formés en tenant compte de la facilité de regroupement des membres afin qu’ils puissent
continuer les réflexions dans leurs villages respectifs. Un leader a été élu pour animer chaque sous –
groupe. Pour chaque piste d’action définie de façon commune comme étape conduisant à l’atteinte
de la vision, trois questions ont été posées:
� Quels sont les problèmes qui entraveraient la mise en œuvre de l’action?
� Quelles solutions proposer pour résoudre ces problèmes?
� Quelles démarche et stratégie suggérer pour concrétiser ces solutions?
Cette réflexion en sous-groupe visait à faciliter la planification des actions participatives et des
visites ont été organisées par l’équipe du Projet pour entretenir le dynamisme des membres du
groupe (leur demander où en sont leurs réflexions, quels sont les éventuels blocages, etc.)
Les stratégies développées pour réduire la vulnérabilité aux risques climatiques
La réunion organisée pour définir la vision des agriculteurs a été située dans un cadre général.
La vision ayant ainsi émergé a été très large. Elle s’énonce comme suit:
« Nous sommes riches parce que nous maîtrisons la riziculture (rendement augmenté), nous
améliorons notre système d’élevage bovin (alimentation, races, habitat et santé) et nous développons
des cultures de rente plus résistantes au cyclone, sans toutefois délaisser complètement les cultures
des girofliers et des litchis».
Les membres du groupe de réflexion ont identifié les problèmes et les stratégies à mettre en
œuvre pour atteindre cette vision et de façon générale, trois filières d’importance majeure dans le
contexte régional ont été identifiées par les groupes de réflexion dans leurs pratiques d’adaptation
face au changement climatique : la riziculture, l’élevage bovin et les cultures de rente. Etant donné
que la culture de giroflier constitue un pivot dans l’économie des ménages ruraux dans la Région
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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d’Analanjirofo, et compte tenu de la tendance dégressive de la production et du rendement de cette
culture suite à l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des cyclones, les agriculteurs ont
décidé de s’ouvrir à d’autres spéculations moins sensibles aux cyclones comme le poivrier, le
vanillier, le caféier ainsi que les cultures maraîchères. Toutefois, ils sont conscients que même s’ils
gagnent de l’argent dans les cultures de rentes, ils n’atteindraient jamais leur vision tant qu’ils
n’arrivent pas à assurer leur sécurité alimentaire. Ainsi, parallèlement au développement de
spéculations moins sensibles aux cyclones, ils comptent améliorer la production rizicole en optant
pour des variétés à cycle court afin d’éviter les poches de sécheresse ainsi que les risques
d’inondation liés aux cyclones. Enfin, dans cette Région de Madagascar, on observe une intégration
de l’élevage bovin dans la riziculture. En effet, les zébus sont souvent utilisés pour les travaux de
mise en boue des rizières en plus du fumier qu’ils procurent. Par conséquent, les membres du groupe
de réflexion d’Ampasina Maningory/Ambodimanga II ont également décidé d’améliorer l’élevage
bovin qui est par ailleurs victime d’une nouvelle maladie attribuée selon les éleveurs à
l’augmentation de la température.
E.1.5 - LA PLANIFICATION PARTICIPATIVE
La planification des pistes d’actions d’adaptation aux changements climatiques s’est basée sur
la vision partagée et les résultats des réflexions émanant des quatre sous groupes. Les démarches et
stratégies proposées dans la phase de « visioning » ont été revues pour identifier celles qui, d’une
part, ont un lien direct avec les changements climatiques et, d’autre part, celles qui sont réalisables à
court terme et moyennant un petit budget. En effet, lors de la réunion visioning, les actions
identifiées touchaient différents domaines dont certains ne présentaient aucun lien direct et évident
avec les risques climatiques ou dépassaient tout simplement les compétences des membres du
groupe de réflexion et celles du Projet ACCA Madagascar.
Pour faciliter la réflexion, le
groupe a été subdivisé en sous-groupe
traitant chacun une piste d’action qui a
été par la suite déclinée en activités et
tâches pour lesquelles les participants
ont identifié (a) les ressources–
financières, matérielles, humaines ou
autres nécessaires à la mise en œuvre,
(b) les partenaires potentiels, (c) les
personnes responsables et (d) le
chronogramme de réalisation. En
d’autres termes, ils ont développé un
plan d’action qui est résumé dans le
tableau en infra.
Séance de travail de groupe facilitée par des ingénieurs du Projet ACCA
Madagascar lors de la réunion de planification participative
Photo : Lilia RABEHARISOA
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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Durant la réunion de planification participative, un film sur les pratiques anti-risques et
d’adaptations aux changements climatiques déjà entreprises par les agriculteurs dans les quatre
Région d’intervention du Projet ACCA Madagascar a été projeté. Ce film documentaire qui est une
production interne du Projet inclut des entretiens avec des agriculteurs membres du groupe de
réflexion d’Ampasina Maningory / Ambodimanga II. Sa projection revêt des objectifs multiples :
restitution, reconnaissance, sensibilisation et motivation.
Tableau 6 : Plan d’actions du groupe de réflexion d’Analanjirofo
Stratégies/Actions Activités Période
AMELIORATION DE LA RIZICULTURE IRRIGUEE
Intensification et
amélioration de la
culture de la variété X
265
Amélioration en termes de fertilisation, de maîtrise d'eau, de sarclage Juillet 09
Repiquage (avancement de la date de repiquage par rapport à la période
habituelle)
Août 09
Expérimentation/adop
tion de la variété à 105
jours
Demande de conseils/renseignements sur les techniques culturales à
adopter et conduite des transactions auprès d’un paysan leader qui a déjà
adopté cette variété à 105 jours
Juillet et Août
09
Mise en pratique des techniques culturales préconisées
Sensibilisation des
villageois
Mise en place de parcelles de démonstration au niveau de chaque village Juillet-Août 09
Organisation d'une réunion villageoise et visite au niveau des parcelles de
riz sous la direction du chef Fokontany
Octobre 09
Réunion des paysans ayant installé des parcelles de démonstration
AMELIORATION DE L’ELEVAGE BOVIN
Mise en place d'un
groupement d'éleveurs
Sensibilisation au niveau de chaque village (en utilisant des affiches)
Juillet 09
Assemblée générale des éleveurs en vue de la mise en place du
groupement
Contact du vétérinaire
/ technicien
Contact du technicien à Fenoarivo Atsinanana par des représentants du
groupement
Formation par les techniciens (sur les nouvelles maladies; la protection
des animaux; mise en place d'une règle de conduite)
Août 09
DEVELOPPEMENT DE CULTURES DE RENTE RESISTANTES AUX CYCLONES (Vanillier, poivrier, piment, légumes)
Création d'une
association légale au
niveau de chaque
Commune
Sensibilisation des villageois pour qu'ils adhèrent aux associations Juillet 09
Première réunion pour la mise en place du Bureau
Août 09
Deuxième réunion pour finaliser les détails
Démarches administratives en vue de la légalisation de l'association
Appel à un/des
technicien(s) pour
former les membres
de l'association
Contact du/des technicien(s)
Démarches pour identifier les localités pour l'installation des sites
"vitrines"
Démarches pour identifier la salle de formation
Formation par les techniciens Septembre 09
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Stratégies/Actions Activités Période
Sensibilisation suivie
d'application
Projection du film réalisé par ACCA sur l'adaptation des paysans dans les
4 Régions d'intervention Juillet 09
Mise en place de paysans pilotes par spéculation Septembre 09
Organisation de visites d'échanges au niveau des sites vitrines Janv-10
Mise en place de
pépinières
individuelles (avec un
système de prime)
Recherche de matériels
Septembre 09 Recherche de semences
Préparation de la pépinière, semis, entretien et sarclage
Source : Atelier de planification participative, juillet 2009
En résumé, trois stratégies ont été retenues avec des actions communes:
� le renforcement du capital social à travers la création d’une association pour l’adaptation
collective au changement climatique ;
� le renforcement des capacités à travers les formations aux innovations agricoles et
pastorales pouvant accroître la résilience face au changement climatique ;
� la recherche expérimentale sur les variétés de produits agricoles supposés résister aux
effets du changement climatique, par la création des champs vitrines ou par
l’expérimentation individuelle.
E.1.6 - LA MISE EN ŒUVRE DES ACTIONS PLANIFIEES
Il importe de mentionner que d’une manière générale, la majorité des actions a été mise en
œuvre par les membres du groupe de réflexion eux-mêmes. Le Projet a seulement joué un rôle
d’accompagnateur et a assuré en particulier l’appui à la recherche de partenaires et à la formulation
des termes de référence du prestataire de formation.
Concernant la première phase de mise en œuvre des actions planifiées c’est-à-dire la période
entre la planification participative et le premier suivi-évaluation (juillet à octobre 2009), le groupe a
démarré toutes les actions:
Démarrage de la création d’association
Une assemblée générale constitutive a été organisée en juillet 2009 : l’association a été
dénommée “ V.T.M.F.A (Vondron’ny Tantsaha Miatrika ny Fiovaovan’ny toetr’andro eto
Analanjirofo) ou Association des agriculteurs/paysans face aux changements climatiques dans la
Région d’Analanjirofo”. Si au départ, les membres du groupe de réflexion ont envisagé deux
associations (d’une part les agriculteurs et d’autre part les éleveurs), leurs concertations ont
finalement abouti à la décision de ne créer qu’une seule association mais avec deux volets : le
premier concerne l’agriculture et le second l’élevage. Les membres du Bureau ont également été
élus (10 membres dont une femme) mais parallèlement aux procédures de formalisation,
l’assemblée a convenu de continuer les activités déjà prévues.
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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Sensibilisations villageoises
Des projections vidéo ont été réalisées
par les membres du groupe de réflexion au
niveau de 10 villages afin de sensibiliser la
communauté sur les questions d’adaptation
aux changements climatiques. Le support
utilisé a été un film intitulé « A la recherche
de pratiques d’adaptation des systèmes
agraires malgaches aux risques climatiques »
produit par le Projet ACCA. Environ 500
individus ont assisté à ces séances de
projections/sensibilisations.
Essais de deux variétés de riz à cycle court
Concernant l’amélioration de la riziculture
irriguée, l’objectif est d’assurer la sécurité
alimentaire afin de ne pas affecter le revenu issu
de la culture de rente dans l’alimentation. Outre
l’amélioration des techniques culturales, des
membres de l’association ont procédé à des essais
variétaux de X265 (14 membres) et d’une variété à
105jours (5 membres dont un est le paysan-pilote
ont essayé cette variété). Du fait de leur cycle
court, ces variétés permettraient (a) de
contourner les sécheresses à la fin de contre
saison et (b) de réaliser deux campagnes par an
tout en contournant la saison cyclonique
Avant le premier suivi-évaluation participatif, le riz n’a pas encore été récolté mais les paysans
expérimentateurs ont discuté du comportement des deux variétés mises en expérimentation.
Démarches pour identifier le prestataire de formation
Immédiatement après la planification participative, des représentants du groupe de réflexion
et le facilitateur local du Projet ACCA Madagascar ont contacté des organismes d’appui susceptibles
de réaliser le renforcement de capacités dans les domaines d’action identifiés. Les termes de
référence ont été affichés au niveau régional.
Séance de projection vidéo dans le village de Vohibao, Commune
Ampasina Maningory – Photo : Mamy RAMPARANY
Félix LEVOAVY, le paysan pilote pour la variété de riz à 105j devant sa
parcelle de démonstration en floraison – Photo : Nosy ALIZANY
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E.1.7 - LE SUIVI–EVALUATION PARTICIPATIF
Après trois mois de mise en œuvre des actions identifiées, le groupe a réalisé sa première
réunion de suivi-évaluation participatif (SEP) sous la facilitation de l’équipe du Projet. Deux aspects
ont été analysés par le groupe : l’état d’avancement dans la réalisation des activités planifiées et
l’état d’avancement dans l’atteinte de la vision.
Concernant le premier, les activités planifiées ont été passées en revue et commentées afin
d’en tirer les leçons sur les échecs et la réussite. Etant donné que des essais individuels de variété de
riz à cycle court figuraient parmi les activités planifiées, la réunion de suivi-évaluation participatif
était une occasion pour les membres du groupe de discuter des observations qu’ils ont faites dans
leurs parcelles respectives.
Quant à l’état d’avancement dans l’atteinte de la vision, la première réunion de suivi-
évaluation participatif a commencé avec la définition des indicateurs qui permettent de suivre et
d’apprécier l’avancement du groupe dans l’atteinte de la « situation idéale ». La définition
d’indicateurs n’était pas sans difficultés mais a finalement été atteinte à travers un exercice
participatif durant lequel les participants ont été invités à donner leurs points de vue sur le thème de
réflexion.
Pour chaque domaine d’action, deux à trois aspects clés ont été retenus et suivis pour
permettre au Projet ACCA et au groupe de réflexion de voir si la situation évolue dans la bonne
direction. Pour chaque aspect, des indicateurs ont été identifiés et pour faciliter le suivi, différents
niveaux ont été établis (tableau 7).
Recherche action participative et dynamisme des agriculteurs malgaches face aux changements climatiques: cas de la Région d’Analanjirofo (côte est de Madagascar)
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Tableau 7 : Les indicateurs de suivi du changement et les repères du progrès
Indicateurs de changement
retenus Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Niveau 4
Consolidation du capital social
1 : Création d’association
Recueil des adhésions Dossier constitué
Existence d’objectif(s)
Dépôt du dossier Légalisation
Consolidation du capital social
2 : Fonctionnement interne de
l’association
Rencontres formelles et
ou informelles des
membres du groupe
Bureau mis en place.
Rencontres formelles
Existence d’un programme de
travail
Mise en œuvre d’activités
communes
Bureau fonctionnel.
Rencontres régulières.
Assiduité des membres Existence
de règlement intérieur
Règlement intérieur respecté
(paiement du droit d’adhésion,
paiement des cotisations,
motivation des membres,
solidarité des membres)
Gouvernance exemplaire :
- mécanismes fonctionnels de gestion
des conflits, de transparence et
d’équité,
- niveau d’exécution des décisions,
leadership, etc.
- atteinte des objectifs à 50%
- réflexions sur les échecs et les lacunes
- les membres se distinguent des non
membres
- association autonome
Consolidation du capital social
3 : Efficacité de l’association
par rapport à l’adaptation au
changement climatique
Le groupe reçoit les
informations sur le
changement climatique
Le groupe mène des réflexions,
reçoivent et diffusent des
informations sur le changement
climatique
Le groupe a mis sur pied un
système de production et de
diffusion des informations vers
l’extérieur du groupe
Le groupe va chercher les informations et
connaissances chez des partenaires et
prennent des décisions pour des actions
collectives
Sont consultés pour les stratégies en
matière d’adaptation au changement
climatique.
Ont un programme d’action établi
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Indicateurs de changement
retenus Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Niveau 4
Renforcement de capacités
techniques 1: formation aux
innovations agricoles
résistantes aux aléas
climatiques
Application des innovations
Formation effectuée.
Nombre de personnes
formées, équité genre
dans la formation
Rapport entre nombre de formés
et nombre de gens qui ont mis en
pratique la formation
Type de pratiques adoptées par
rapport aux pratiques dispensées
lors des formations
Maîtrise des techniques acquises
lors des formations
ouverture d’esprit / esprit
d’innovation
application de techniques
améliorées)
Impacts sur le rendement ou
Acquisition de capacités
d’adaptation aux CC/aléas
climatiques
Amélioration de la production
Effets d’entraînement (évolution positive
avec les membres de la communauté)
Besoins nouveaux en formation
Impact sur la production
Impacts sur les revenus
Renforcement de capacités
techniques 2 : Recherche
expérimentale, analyse des
résultats et généralisation
Mise en place de sites
vitrine ou de paysans
pilotes
Nombre de paysans
pilotes ou de sites vitrine
par spéculation et par
"fokontany"
Qualité des sites vitrines :
- proximité des sites modèles
impliquant moins de dépenses
pour les visites
- les responsables des sites
vitrines sont capables
d’écouter les autres (réceptifs)
et de les conseiller
Visites formelles et informelles
effectuées par des membres de
l’association
Visite des non membres de l’association.
Changements de pratiques induits par les
visites ;
Réflexion formelle de l’association autour
des résultats de l’expérimentation et
dissémination des leçons.
Source : Atelier de suivi-évaluation participatif, octobre 2009
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EE..22 -- DDEEUUXXIIEEMMEE CCYYCCLLEE DDEE RRAAPP
E.2.1 - LA RE-PLANIFICATION
A l’issue du suivi-évaluation participatif, les activités qui n’ont pas encore été réalisées
ou qui ont connu des débuts timides ont été re-planifiées. C’est ainsi que les démarches pour
la formation ont été planifiées, de même que celles relatives à la formalisation de l’association
(rédaction du statut et du règlement interne). En ce qui concerne les sites vitrines, le groupe a
décidé que leur mise en place ne sera effective qu’une fois les formations sur les cultures de
rente plus résistantes au cyclone terminées.
E.2.2 - LA MISE EN ŒUVRE DES ACTIONS RE-PLANIFIEES
Par rapport au renforcement de capacités, les membres de l’association ont bénéficié
d’une formation sur les cultures maraîchères, sur les cultures de rente et sur l’amélioration de
la conduite d’élevage en novembre 2009. Les taux de participation aux formations théoriques
et pratiques sont respectivement de 63,7% et 49,2% mais il semblerait que l’élevage bovin et
la culture maraîchère sont les filières qui ont le plus motivé les membres de l’association
(tableau 8).
Tableau 8 : Résultats de la formation
Filière Nombre de pré-
inscrits
Nombre de participants Superficie
(Ares) Théorie Pratique
Maraichère 21 13 (61,9%) 03 (14,2%) 02
Elevage bovin 22 22 (100%) 22 (100%)
Café 26 05 (19,2%) 05 (19,2%) 5,5
Vanille 04 (15,3%) 04 (15,3%) 1,5
69 44 (63,7%) 34 (49,2%)
Source : Rapport de formation, décembre 2009
Quant à la recherche expérimentale, elle concerne à la fois les cultures maraîchères, les
cultures de rente et la riziculture. Pour les deux premières, les sites vitrines ont été mis en
place : un (01) pour les cultures maraîchères, un (01) pour le vanillier et un (01) pour le caféier.
Pour les cultures maraichères, 05 planches de courgettes de 1,20m x 2m, 05 planches de
concombre de 1,20m x 2m ont été installées et certains membres ont déjà commercialisé leurs
produits au niveau du chef lieu de District. Le semis du chou de Chine (une variété de brède) et
des tomates est également programmé.
Pour le vanillier, 27 pieds sur 51 tuteurs prévus ont été plantés à titre de démonstration
(normalement, il faudrait attendre 09 mois après la plantation du tuteur pour planter le
vanillier). Ainsi, les arbres d’ombrage ne seront efficaces qu’en septembre 2010. Quant au
caféier, 212 plants ont été repiqués, 614 attendent le repiquage qui est prévu pour le mois de
juillet 2010.
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E.2.3 - SUIVI-EVALUATION PARTICIPATIF
Par rapport aux trois piliers autour desquels la RAP s’est articulée, la situation au mois
d’avril 2010 montre que l’efficacité dans l’adaptation aux CC s’opère progressivement.
Dans le cadre du renforcement du capital social, l’association VTMFA a réélu un nouveau
bureau en janvier 2010 et a obtenu un récépissé communal le 02 avril 2010. L’association
compte officiellement 37 membres (les membres de l’association ont décidé de ne pas
appliquer de droit d’adhésion car ils sont encore en phase de recrutement pour augmenter
leur force). Le SEP revêt une importance particulière car le plan d’actions élaboré lors des
réunions de SEP constitue à ce jour le programme de travail de l’association. Cette dernière a
également profité de la réunion SEP pour valider le règlement intérieur et le statut d’une part
et pour collecter les cotisations d’autre part. Selon les membres de l’association, le fait d’avoir
réalisé les différentes activités témoigne de la motivation des membres.
En termes de renforcement de capacités, les membres de l’association ont apprécié la
formation qu’ils ont reçue. Toutefois, en dehors de la culture de riz et du concombre dont les
produits ont été vendus sur le marché du District, il est encore trop tôt pour évaluer les
impacts de la formation sur le rendement ou sur les revenus.
Enfin, concernant la recherche expérimentale, d’une manière générale et selon l’avis
des agriculteurs, les résultats de ces premières expérimentations ne sont point décevant. Pour
la variété X265, sur les quatorze (14) agriculteurs, 09 affirment une augmentation de la
production tandis que 05 affirment une stagnation, aucun n’a évoqué une baisse de
production. A titre d’exemple, SAMSON, un paysan venant de Tanambao Tampolo mentionne
dans sa fiche technique avoir obtenu 192 kg de paddy avec 2kg de semence si auparavant il
obtenait 140 kg de paddy avec la même quantité de semence. De même pour la variété 105
jours, en plus du paysan leader, MARISOA Paulette de Rantolava a enregistré une
augmentation de 40% de sa production, allant de 56 Kg à 80 Kg de paddy. Dans l’ensemble et
selon toujours les paysans, les raisons invoquées pour ces résultats jugés positifs sont :
� le respect des techniques culturales : éviter le retard de repiquage, pratiquer le
repiquage en ligne, sarcler deux fois au lieu d’une. Ce point révèle en effet l’utilité
de tenir une fiche technique simplifiée adaptée au format des paysans.
� une meilleure productivité des semences expérimentées par rapport à celles
utilisées auparavant.
Cependant, parmi ceux qui ont enregistré une augmentation de la production, deux
paysans ont effectué un apport d’engrais dans leur expérimentation.
Par ailleurs, l’effet d’entraînement au niveau de la communauté a été identifié comme
un indicateur pour suivre le changement. Selon les participants, 11 membres de l’association
ont été approchés par les membres de la communauté qui ont demandé des semences de
variétés de riz à cycle court. Quatre (4) nouveaux membres qui, ont intégré l’association après
l’expérimentation des variétés de riz à cycle court, envisagent également de tester la variété
X265 pour la prochaine campagne rizicole.
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Tableau 9. Evolution des indicateurs du SEP entre octobre 2009 et avril 2010
Critères Consolidation du capital social Renforcement de capacités techniques
Indicateurs Suivi de la procédure de
création et de légalisation de
l’association
Fonctionnement interne de l’association Efficacité de l’association par
rapport à l’adaptation au
changement climatique
Acquisition et mise en
pratique des connaissances
innovantes
Recherche expérimentale,
analyse et généralisation
SEP 1 : Situation
en octobre
2009
Niveau 1 :L’idée de la
création a été émise le 31
juillet 2009 avec 35
personnes. Les adhésions se
sont ensuite faites
progressivement et
l’association compte 69
membres.
Niveau 2: Le bureau de VTMFA ou
Association des paysans faisant face aux
changements climatiques a été élu le 31
juillet 2009 et des réunions sont
convoquées par le représentant régional
Niveau 2 : Les ateliers de
réflexion locaux ont été une
opportunité pour partager des
connaissances sur le
changement climatique
Les informations ont été
véhiculées à travers des
brochures en version
malgache ;
Niveau 0 : Programme de
formation élaboré ; appel
public aux formateurs
lancé ; des prestataires
sélectionnés.
Niveau 1 : Installation des
sites vitrines pour les
cultures de rente : vanille,
poivre et café
SEP 2 : Situation
en avril 2010
Niveau 4 : L’association
VTMFA a obtenu un récépissé
communal le 02 avril 2010
Niveau 3 : A la suite de la réunion de
janvier 2010, le bureau a commencé à
fonctionner. L’association a profité de la
réunion SEP pour valider le règlement
intérieur et le statut.
Les membres se sont acquittés de leurs
cotisations.
Les différentes activités planifiées ont
été réalisées
Niveau 3 : Les membres du
groupe réfléchissent
régulièrement ensemble sur
les stratégies d’adaptation au
changement climatique.
Niveau 1 : 48 membres de
l'association ont bénéficié
des formations sur la
culture du caféier, vanillier,
poivrier, la culture
maraichère et
l’amélioration de l'élevage
bovin
Niveau 4 : Les résultats ont
été analysés ; Quelques-uns
mettent en pratique dans
leurs propres parcelles.
Certains ont déjà vendu les
produits maraichers qu'ils
ont récoltés.
Source : SEP octobre 2009 et avril 2010
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Schématiquement, cette évolution peut être présentée comme suit :
Figure 3 : Evolution des indicateurs du SEP entre octobre 2009 et avril 2010
La deuxième réunion de SEP a été une occasion pour évaluer l’évolution des spéculations des 32
membres de l’association présents à la réunion, en prenant comme point de départ la formation de
novembre 2009. Il faut toutefois noter que certaines activités comme les cultures maraîchères (et
notamment les brèdes) n’ont pas encore commencé à cause de la saison. Ce tableau ne serait donc
totalement pertinent qu’au bout d’un cycle entier. Par ailleurs, on remarque que malgré la sensibilité du
giroflier aux cyclones, certains participants ont réalisé une extension de leur culture de giroflier et
l’expliquent par la campagne intensive menée par la Région pour restaurer l’appellation Analanjirofo qui
signifie littéralement « dans la forêt de girofliers ». Cela démontre la nécessité d’influencer les décideurs
régionaux pour une meilleure adaptation aux changements climatiques.
Tableau 10 : Evolution des spéculations adoptées par les membres de l’association
Spéculation Avant la formation Après la formation
Héritage A planté,
élevé ou
acheté
N’a pas planté,
élevé ou
acheté
Entretien des
existants sans
extension
Pas d’entretien Extension
Giroflier 24 19 1 12 0 12
Litchi 25 28 2 21 0 15
Poivrier 3 5 25 1 0 2
Vanillier 0 12 20 8 0 3
Caféier 6 11 15 17 0 4
Cultures maraîchères 0 14 16 7
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Spéculation Avant la formation Après la formation
Héritage A planté,
élevé ou
acheté
N’a pas planté,
élevé ou
acheté
Entretien des
existants sans
extension
Pas d’entretien Extension
Riziculture :
Variétés traditionnelles 32 32
X265 14 17
Variété à 105 jours 3 7
Elevage bovin :
Possession de bœufs 2 13 17
Habitat amélioré
(construction d’étable)
0 1
Alimentation améliorée 2 9
Santé améliorée 18 15
Race améliorée 7 1
(Source : Réunion de suivi-évaluation participatif, avril 2010)
FF -- LLEEÇÇOONNSS AAPPPPRRIISSEESS EETT FFUUTTUURREESS DDIIRREECCTTIIOONNSS
Pour la riziculture, respectivement 9 sur 14 agriculteurs et 1 sur 4 agriculteurs ayant procédé à des
essais de la variété X265 et de la variété à 105 jours ont rapporté une augmentation de leur production
en comparaison aux anciennes variétés. Pour les cultures de rente, il est encore trop tôt pour tirer des
conclusions concernant les effets des actions mises en œuvre sur la vulnérabilité des populations. Il
faudrait attendre que les cultures entrent en production pour constater si elles ont pu réellement
réduire la vulnérabilité des ménages aux cyclones. Quant à l’élevage bovin, suite à la formation dont les
membres de l’association ont bénéficié concernant la conduite d’élevage, une personne a amélioré
l’habitat en construisant une étable et sept (7) ont amélioré l’alimentation du bétail.
Il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’efficacité des actions identifiées dans la réduction de
la vulnérabilité aux changements climatiques mais le dynamisme des agriculteurs membres de
l’Association VTMFA et les premiers résultats notamment en matière de riz à cycle court vont dans ce
sens. Il est important de noter que la RAP a permis aux paysans membres du groupe de réflexion de
prendre conscience des enjeux du changement climatique et d’initier des réflexions sur les actions à
mener afin de s’adapter aux effets du changement climatique.
La réussite de la RAP repose essentiellement sur plusieurs facteurs. En premier lieu, le thème
« changements climatiques» a été décisif puisque le sujet constitue une problématique commune qui
menace directement les moyens de subsistance des agriculteurs. Les membres du groupe ont donc
adhéré volontairement aux réflexions. En analysant les différentes étapes de la RAP, les points suivants
sont également déterminants :
� la confiance entre les partenaires, confiance établie grâce à l’honnêteté du langage : dès le
départ, aucune promesse de financement d’activité n’a été faite mais le Projet a proposé
son assistance dans la facilitation des réflexions et dans la recherche de partenaires pouvant
aider les communautés locales dans les actions d’adaptation aux changements climatiques.
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Cette confiance s’est également construite au fur et à mesure des échanges continus entre
le représentant régional du Projet qui est basé au niveau de Tampolo-même et les membres
du groupe de réflexion.
� les outils utilisés : durant la planification participative, la projection du film dans lequel
figurent des membres du groupe a stimulé davantage leur motivation car ils se sont sentis
valorisés puisque les pratiques d’adaptation au cyclone qu’ils ont initiées sont reconnues et
représentent une base de départ pour les discussions au sein du groupe.
Bien que la RAP ait pu générer un dynamisme au sein du groupe de réflexion d’Analanjirofo dans
la recherche de solutions d’adaptation aux changements climatiques, nos observations ont permis de
conclure que certaines étapes pourraient être allégées ou combinées à d’autres. Ainsi, la réunion
portant sur la conceptualisation du changement (visioning) pourrait se combiner avec la planification
participative afin d’éviter la démotivation des agriculteurs qui réclament souvent des actions concrètes.
GG -- PPRROOCCHHAAIINNEESS EETTAAPPEESS :: LLEESS PPEERRCCEEPPTTIIOONNSS EETT OOPPPPOORRTTUUNNIITTEESS PPOOUURR
LL’’AADDAAPPTTAATTIIOONN AAUUXX CCHHAANNGGEEMMEENNTTSS CCLLIIMMAATTIIQQUUEESS AA LL’’EECCHHEELLLLEE RREEGGIIOONNAALLEE
D’une région à l’autre de Madagascar, diverses priorités sont définies par les acteurs œuvrant
pour la planification, l’appui et la mise en œuvre des activités de développement, en fonction des
réalités, potentialités et contraintes humaines et physiques régionales. Ces priorités ont été évoquées
dans les documents-cadres du développement (les plans de développement régional, les plans
communaux du développement), au cours de diverses concertations et réflexion entre les acteurs. Au
cours de la concertation régionale dans l’Analanjirofo, l’équipe du projet a stimulé la réflexion entre ces
acteurs pour cerner leurs perceptions sur les changements climatiques, ainsi que les opportunités
existantes pour l’adaptation aux changements climatiques dans chaque région. Ainsi, les acteurs
régionaux ont évalué ensemble les risques climatiques qui pèsent sur les filières porteuses et prioritaires
choisies comme moteur du développement rural de la Région. Les risques pour l’agriculture dans la
région face au changement climatique on été résumés mais on note que le riz pluvial est jugé comme le
secteur le plus sensible suivi par les cultures de rente en particulier le girofle et le litchi. En revanche,
l'élevage porcin et l’élevage laitier sont les filières les moins sensibles, si l’on ne tient pas compte de la
sensibilité des filières qui assure l'alimentation du bétail.
Pour mieux adapter les systèmes agraires dans la Région d'Analanjirofo aux conséquences des
changements climatiques, les acteurs régionaux comptent sur l'existence de différents projets d'appui
au développement agricole (Projet de Promotion des Revenus Ruraux et ses partenaires, CARE
International, Catholic Relief Services/ODDIT), l’existence d'Institution Financière Mutualiste et la
volonté régionale de prioriser l'amélioration de la production agricole.
Les acteurs régionaux ont émis des besoins pour mieux aider les agriculteurs à s'adapter. Les
besoins formulés étant des connaissances sur l'évolution du climat local et régional, de la vulnérabilité
et des solutions d'adaptations possibles et des prévisions météorologiques saisonnières fiables pour la
région. Les autres besoins se réfèrent à des préoccupations financières, les besoins définis étant les
suivants : un appui financier aux Institutions Financières Mutualistes pour la mise en place d'un système
d'assurance agricole, et une évaluation financière des conséquences des risques climatiques et de la
mise en œuvre des solutions d'adaptation (fonds d'adaptation et de redressement).
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HH -- RREEFFEERREENNCCEESS BBIIBBLLIIOOGGRRAAPPHHIIQQUUEESS
1. Banque Mondiale, Rapport N° 44743-MG, 31 juillet 2008
2. Earl S., Carden F et Smutylo M. 1971 : La cartographie des incidences : intégrer
l’apprentissage et la réflexion dans les programmes de développement. Centre de recherches
pour le développement international 2002, 143p
3. Intergovernmental Panel on Climate Change : Climate Change : synthesis report, 2007
4. Ndiaye A.A., Barreto T. , Souaré A., Mbao N., Touré O.T. 2005 : L’évaluation des progrès vers
le changement : Guide pratique FRAOW/WARF N°5 Dakar, ISSN 0851-6898, 109p
5. Rabefitia Z., Randriamarolaza L.Y.A., Rakotondrafara M-L, Tadross M., Ki YiP Z. 2008 : Le
changement climatique à Madagascar, Direction Générale de la Météorologie, 32p
6. Rakoto Ramiarantsoa H., « Madagascar au XXIe siècle : la politique de sa géographie »,
EchoGéo [En ligne], Numéro 7 | 2008
7. Randevoson N. M. 2009 : Les systèmes agro forestiers face aux aléas climatiques – cas de la
Région Analanjirofo . Mémoire de fin d’études, département AGRICULTURE/ESSA, 115p
8. Rapport technique N°1 Projet ACCA, 2007
9. Rapport technique N°2 Projet ACCA MDG, 2008 a
10. Rapport technique N°3 Projet ACCA MDG 2008b
11. Rapport technique N°4 Projet ACCA MDG 2009a
12. Rapport technique N°5 Projet ACCA MDG 2009b
13. Rapport de formation du Centre Saint Benoît, décembre 2009
14. Soamazava S.E. , 2008 : Etude des séries évolutives des systèmes agraires en relation avec
les changements climatiques – cas du District de Fenoarivo Atsinanana / Région
Analanjirofo », Mémoire de fin d’études, département AGRICULTURE/ESSA, 10
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