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Master
Didactique, littérature et langage
La polyphonie et le carnavalesque
Mikhaïl Bakhtine
ProfesseureSanae Ghouati
Préparé par:• Faiza El Belghiti• Samira Taam
Plan
1ère partie: La polyphonieI. Origine et définition du mot polyphonie
II. La polyphonie chez Bakhtine
a. La polyphonie littéraire
b. La polyphonie linguistique
III. Conclusion
2ème partie: Le Carnavalesque IV. Carnaval et Carnavalesque
V. Carnavalesque et subjectivité
VI. Liberté carnavalesque
VII.Conclusion
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1ère partie
La polyphonie
Origine et Définition du terme polyphonie
Mot décalqué du grec poluphônia signifiant d’après
l’étymologie « Multiplicité de voix ou de sons »
Terme emprunté à la musique. Il vient de poly, plusieurs, et
phonê, sons
Donc, un chant à plus d’une voix. Par voix , on comprend
une ligne mélodique, qui peut être exécutée par un ou
plusieurs instruments
(=« voix »)
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Selon les polyphonistes:
Le sujet parlant n’est pas le seul à faire entendre sa voix
dans l’énoncé, comme on le considérait traditionnellement,
mais on peut y trouver aussi d’autres «voix » (appelés aussi
points de vue, sujets de conscience, selon la perspective
adoptée).
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La Polyphonie chez Bakhtine
Le point de vue bakhtinien s’oppose au structuralisme qui
négligerait la réalité vivante du discours soit les intentions
et le dialogue qui animent la parole
Il rejette l’ancienne conception sur l’œuvre littéraire
perpétuée par la stylistique ancienne qui la considérait
comme un monologue clos, se suffisant à lui-même et
mettant un auditeur passif.
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Bakhtine aborde la notion de polyphonie à travers les
œuvres romanesques de Dostoïevski et de Rabelais.
Il voit dans la polyphonie la particularité du roman
moderne: du moins depuis Dostoïevski.
«Dostoïevski est le créateur du roman polyphonique. Il
a élaboré un genre romanesque fondamentalement
nouveau»
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La Polyphonie chez Bakhtine
Il définit la polyphonie comme un:
«conglomérat de matériaux hétérogènes» à partir
desquels se trame une «pluralité des voix et des
consciences »
Bakhtine distingue deux types de polyphonie:
1- La polyphonie littéraire
2- La polyphonie linguistique
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La Polyphonie littéraire
Elle consiste à:
faire entendre la voix de plusieurs actants aux côtés de la
voix du narrateur.
Le roman polyphonique se caractérise par une multiplicité
des voix indépendantes et par l’interaction entre les
différentes voix.
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«la parole de l’auteur est orienté vers le héros comme vers
une parole et de ce fait, adressée à lui dans le dialogue.
L’auteur de par toute la construction du roman, ne parle
pas du héros mais avec Le héros»
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Les personnages s’y expriment dans un langage qui leur est
propre.
Le héros est le porteur d’un mot à part entière et non pas
l’objet muet, sans voix, du mot de l’auteur.
Ils sont dotés d’une autonomie inégalée.
Le personnage est considéré comme une conscience
relativement indépendante de l’auteur.
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«Dans les romans de Dostoïevski, ce n’est pas un grand
nombre de destinées et de vies qui se développent au sein
d’un monde unique et objectif, éclairé par l’unique
conscience de l’auteur, c’est précisément une pluralité de
consciences, ayant des droits égaux, possédant chacune
son monde qui se combinent dans l’unité d’un événement,
sans pour autant réifiée, refermée, sans devenir le simple
objet de conscience de l’auteur »
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Le personnage n’est pas uniquement fonction/objet. Il est
être humain/sujet ayant une conscience indépendante.
La polyphonie littéraire ne désigne donc pas une pluralité
de voix mais aussi une pluralité de consciences et d’univers
idéologiques.
Cette pluralité des consciences s’exprime également par une
pluralité de styles et de tons.
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«Etant sujet, le héros polyphonique non seulement décide
lui-même de ses valeurs, mais le faisant, il peut aller
jusqu’à contredire et se révolter contre le code
axiologique mis en œuvre, littéralement par l’auteur »
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Chez Dostoïevski , la Polyphonie des consciences s’exprime
également par une pluralité des styles et de tons.
Bakhtine a voulu voir dans le roman un genre à vocation
pluri vocale et pluri stylistique.
Roman et poésie deux genres antagonistes: le premier
essentiellement polyphonique et le second monophonique.
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Polyphonie linguistique
La polyphonie est associée au niveau de l’énoncé.
Bakhtine souligne le rôle du contexte d’énonciation dans la
création du sens.
Le sens d’un énoncé implique l’idée de communauté:
l’influence de l’interlocuteur y est déterminant.
Tout énoncé est le produit d’une interaction entre les
interlocuteurs.
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Conclusion
On pourrait résumer l’ambition théorique de Bakhtine et de
son étude comme étant la volonté de montrer que la
littérature est avant tout, un réseau interactif constitué
d’une pluralité de voix et de consciences plus au moins
indépendantes et cela dès l’acte créateur, mais aussi dans le
texte et dans la réception de l’œuvre.
« Je ne peut se réaliser en discours qu’en s’appuyant
sur nous»
Le mythe du locuteur-unique responsable de son énoncé est
rejeté.17
2ème partie
Le carnavalesque
Les circonstances de ce livre
Vu que le genre romanesque était perçu comme l’influence
vers la standardisation de la société, Bakhtine a voulu donner
une réponse critique envers ce genre de formalisation.
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Carnaval et Carnavalesque
• Pour les rois, nobles et
bourgeois
c’était une occasion de montrer
la puissance et l’indépendance
de leur ville (moment de
célébration innocent).
• Pour les paysans
c’était un moment d’inverser
temporairement l’autorité
politique, légale et idéologique
de l’Etat et de l’Eglise (une satire
libre qui mène vers une liberté
potentielle)20
• C’est l’esprit du carnaval sous
forme littéraire.
• Renversement ludique et
délirant des hiérarchies de
valeurs, grâce à l’emploi d’un
comique corrosif, vulgaire et
grotesque.
Carnaval Carnavalesque
Carnavalesque et subjectivité
l’acte de lire exige une participation individuelle qui sert
à interrompre une façon habituelle de penser dans la
société.
Cette participation évoque un acte de réflexion qui est
donc subjectif et individuel
L’accent est mis sur l’individu au lieu de la collectivité.
Résultat: Liberté de penser/Liberté carnavalesque.
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Liberté carnavalesque
Lecture encadrée
un texte intercalé d’éléments
carnavalesques.
Lecteur engagé
L’individu dans l’acte de lire
• Langage officiel
langage qui fait partie du
système politique, existence
officielle des personnes, et
dont l’Etat se sert pour
maintenir les normes.
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• Langage non-officiel
la langue […] populaire,
joyeuse…» qu’une population
doit apprendre afin de
remettre en question ce qui
lui est imposé et a été fixé
dans la sphère officielle.
Dans Gargantua on parle d’une double voix souvent
ironique, du renversement et du grotesque considérant
une société qui se compose de deux langages:
Rabelais a employé la langue populaire du peuple en
donnant le pouvoir au paysan, il a pu mettre en opposition
plusieurs catégories :
les nobles / les paysans
le spirituel / le matériel
la jeunesse / la vieillesse
le sérieux / la parodie...
Dans le Gargantua, le comique du carnavalesque est un
masque qui cache le message second, découvert par le
biais de l’interprétation. C’est la responsabilité du
lecteur, et non pas d’une collectivité, de déchiffrer ce
message et de choisir comment réfléchir sur cela.24
Le roman comique et le style grotesque
* Le gigantisme et le comique folklorique
Exp : La description de la taille du héros suscite le rire, de son corps jusqu’aux besoins énormespour le vêtir et l’alimenter ; des objets surdimensionnés qu’il utilise .
* Le comique carnavalesque
Se fonde sur le renversement des valeurs : le moine devient guerrier « mi diable » ; le roi estdétrôné et ridiculisé ; l’abbaye multiplie les blasphèmes aux autorités religieuses en annulantles règles.
* Le comique verbal
Rabelais met ainsi son langage au service du rire par des techniques audacieuses:
• Le néologisme ou l’invention verbale lors des propos « torcheculatifs » (papier toilette)du Gargantua, il peut aussi servir à illustrer cette notion puisque l’intelligence deGargantua est réduite à sa capacité de trouver le moyen de se nettoyer
• Le détournement de proverbes adaptés aux nécessités narratives :
« L’habit ne fait pas le moine»..
Ce renversement arrive à remplacer l’intellect par le plaisir du corps et finit par dévaloriser
et ridiculiser des personnes savantes (le clergé, les maîtres, les nobles) et leurs idéologies 25
Conclusion
Rabelais a écrit le Gargantua au moment de l’apogée desCarnavals en France pour offrir à chacun la possibilité dedévelopper librement ses facultés.
C’est uniquement en passant du carnaval au carnavalesqueque l’on peut enfin parler d’une véritable liberté individuelle.
L’idée de lire un texte du genre carnavalesque forme uneliberté autrement uniquement utopique et, essentiellement,irréalisée.
C’est une liberté intellectuelle qui donne à l’individu lapossibilité de se débarrasser volontairement des contraintessociales afin de passer à un nouveau regard libérateur sur lemonde.
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Bibliographie
Bakhtine, Mikhaïl. La poétique de Dostoïevski. Paris: Seuil,1970
Bakhtine, Mikhaïl. Esthétique et théorie du roman. Paris: Gallimard,1978
Bakhtine, Mikhaïl. Marxisme et philosophie du langage. Paris: Minuit,1977
Ducrot, Oswald. Esquisse d’une théorie polyphonique de l’énonciation, ledire et le dit. Paris: Minuit, 1984
Bakhtine, Mikhaïl. Esthétique et théorie du roman. Trans. Daria Olivier.Paris : Gallimard,1978.
L'oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age etsous la Renaissance. Trand Andrée Robel. Paris : Gallimard, 1970.
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