PERSONNALISERL’ACTED’ENSEIGNEMENTLe naturalisme à partir de l'étude de Thérèse
Raquin. Comment conduire les élèves à se
questionner sur les rapports entre littérature et
sciences.
Répondre à la curiosité d'un EIP et lui éviter l'ennui en lui proposant des activités
d'approfondissement.
Emmanuelle LAISI -Académie de Montpellier-
TABLE DES MATIERES
Pages
A. DIDACTIQUE 3
a) Descriptif de la séquence 4‐5
b) Préparation théorique pour la mise en œuvre 6
c) Déroulement de la séquence 6 à 8
B. PEDAGOGIE 9
a) comment préparer et présenter un exposé ? 9
b) Questionnaires permettant de préparer les séances 10 à 12
c) Initiation au commentaire 13 à 15
d) Tableau et plan proposés pour l'étude du texte 2 15 à 16
e) Comment rédiger le commentaire (modules) 17
f) Relire le commentaire 18
g) Autre démarche possible avec un E.I.P. pour l'approche du commentaire 18
C. ANNEXES 19 à 24
Annexe 1 Extraits de la préface à la seconde édition de Thérèse Raquin 19‐20
Annexe 2 Phèdre, Acte I, scène 3, vers 255 à 306 21‐22
Annexe 3 Avant‐propos de la Comédie Humaine d'Honoré de Balzac 23
Préface à la Fortune des Rougon d'Émile Zola 23‐24
Introduction à l'étude de la médecine expérimentale de Claude Bernard 24
Proposition de séquence pour une classe de seconde Étude d'un roman naturaliste: Thérèse Raquin d’Émile Zola
A) DIDACTIQUE
Le travail proposé est une séquence destinée à des élèves de seconde. Il s'agit de la deuxième sé‐quence de l'année, la première ayant été consacrée à la découverte du réalisme à partir de l'étude de la nouvelle « Aux champs » de Maupassant et de tableaux de Gustave Courbet.
Cette deuxième séquence vise à faire découvrir aux élèves le naturalisme à partir de l'étude de Thé‐rèse Raquin.
A partir de cette œuvre, il s'agit également d'amener les élèves à se questionner sur les rapports entre littérature et sciences.
En ce qui concerne la méthodologie, la première séquence a été l'occasion d'apprendre aux élèves à développer des réponses argumentées s'appuyant sur des citations précises des textes.
Cette deuxième séquence cherche à les initier au commentaire littéraire en leur faisant découvrir les particularités de cet exercice.
Le parti pris de ce travail est surtout de tenter de répondre à la curiosité d'un EIP et ainsi de lui éviter l'ennui en lui proposant des activités d'approfondissement. Il cherche surtout à encourager l'expression d'aptitudes particulières dans le domaine de la lecture, du vocabulaire et de la langue orale. Cette séquence est donc adaptée à des EIP ayant une bonne compréhension verbale mais pouvant rencontrer des difficultés pour ordonner leurs idées et se conformer à certaines méthodes (ré‐pondre à des questions de manière argumentée/construire un commentaire littéraire/bâtir une présentation orale organisée) Un apport méthodologique particulier est prévu pour les aider à structurer leurs travaux.
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a) Descriptif de la séquence
Séquence 2 : étude d'un roman naturaliste Thérèse Raquin d'Emile Zola
Objectifs :
‐ découvrir les particularités du naturalisme ‐ cerner les différents registres de l'œuvre
Objet d'étude : le roman et la nouvelle au XIX Activités et exercices proposés dans le cadre de cette séquence :
‐ pratiquer les diverses formes de la lecture scolaire : lecture cursive et lecture analytique ‐ comparer différents documents ‐ faire des recherches documentaires et en exploiter les résultats ‐ s'exercer à la prise de parole ‐ s'initier au commentaire ‐ pratiquer l'exposé oral
Compétences du socle :
‐ compétence 1 : la maîtrise de la langue française ‐ compétence 4 : la maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication ‐ compétence 5 : la culture humaniste ‐ Compétence 7 : l'autonomie et l'initiative
Textes étudiés ‐Introduction : lecture d'extraits de la préface à la seconde édition : les finalités scientifiques du ro‐man (textes joints. Annexe 1) ‐texte 1 : « Au bout de la rue Guénéguaud... toute couturée de cicatrices » : lecture analytique ‐texte 2 : « Un jour en revenant de son bureau...son cou de taureau » (chapitre 5) : commen‐ taire littéraire ‐texte 3 : « Thérèse respirait fortement...tu voulusses bien me prendre dans tes bras » (cha‐ pitre 7) : lecture analytique ‐texte 4 : « Thérèse était demeurée sur la rive, grave et immobile...Elle y resta pliée, pâmée, morte » (chapitre 11) ‐texte 5 : « Ses remords étaient purement physiques... et c'était tout » (chapitre 22): lecture analytique ‐texte 6 : « il enleva la carafe...de regards lourds » (chapitre 32): lecture analytique.
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Textes et documents complémentaires
‐ pour saisir la dimension tragique de l'œuvre :
lecture de la scène d'aveu de Phèdre à Oenone en lien avec l'étude du texte 3 (Annexe 2)
projection de la fin de l'adaptation de Marcel Carné et réflexion sur le tragique dans cette transposition de l'œuvre.
‐ pour s'interroger sur les liens entre sciences et littérature Source : Français Livre unique Seconde. Bordas Balzac Avant‐propos à la Comédie Humaine (1842) Zola préface de la Fortune des Rougon Claude Bernard Introduction à l'étude de la médecine expérimentale.
(Textes joints : Annexe 3) Lecture cursives (pour des présentations orales) ‐ Quand la science est objet romanesque… L'Eve Future de Villiers de l'IsleAdam Frankenstein de Marie Shelley ‐ Quand la littérature s'appuie sur des fondements plus ou moins scientifiques pour créer des mondes inconnus : Ray Bradbury Chroniques martiennes P. Boulle la planète des singes Huxley Le meilleur des mondes Exposés : ces exposés peuvent être faits seuls ou à plusieurs. Ils seront l'occasion d'un travail avec le professeur documentaliste (aide à la recherche documentaire) qui pourra être organisé lors des heures d'Accompagnement Personnalisé.
‐ Emile Zola : sa vie, son œuvre
‐ Zola et la peinture : ‐ la figure du peintre dans Thérèse Raquin ‐ le peintre de l'Œuvre ‐ Zola et l'impressionnisme ‐ les liens entre l'impressionnisme et l'évolution des sciences et techniques.
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b) Préparation théorique pour la mise en œuvre
Cette séquence sera menée avec toute la classe mais… …un EIP sera encouragé à choisir une ou plusieurs lectures cursives ainsi qu'un exposé. Du temps pourra lui être attribué pour ces travaux durant l'accompagnement personnalisé ou lorsqu'il a fini le travail imposé lors d'une séance. Les travaux qu'il aura choisis pourront être présentés à toute la classe mais, si l'élève ne le souhaite pas, d'autres solutions sont envisageables : par exemple, la présentation d'un livre, un exposé peuvent, selon l'établissement et les dispositifs proposés, être prolongés par la rédaction d'un article pour le journal du lycée, pour le site de l'établissement ou par la préparation d'une intervention à la radio. Une fiche pour la préparation des exposés lui sera proposée de manière à l'aider à organiser les informations trouvées cf. II) a). Ce travail sera l'occasion d'un travail avec le professeur documentaliste qui peut être un interlocu‐teur privilégié dans l'établissement pour un EIP.
c) Déroulement de la séquence
Les élèves de la classe se décrivant comme n'ayant pas de goût pour la lecture, le parti pris a été de leur faire découvrir progressivement l'œuvre en leur demandant d'une séance à l'autre de lire le pas‐sage qui se trouve entre deux extraits étudiés. Un questionnaire leur était distribué pour attirer leur attention sur des aspects importants de l'œuvre. Au début de chaque séance, un élève était chargé de résumer l'essentiel afin de permettre de situer l'extrait et des réponses aux questions posées sur le passage étaient apportées. Pour varier ces présentations, la situation de l'extrait s'est parfois faite par un échange de questions sur le passage lu entre les élèves. Chaque séance au cours de laquelle est menée une lecture analytique d'un extrait de l'œuvre est précédée d'un travail à la maison qui demande la lecture précédemment mentionnée et des ré‐ponses précises à un questionnaire sur l'extrait qui sera étudié.
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Séances supports Activités proposées Travail pour la séance suivante
1 Extraits de la Préface à la seconde édition de Thérèse Raquin
Annexe 1
‐ Lecture à haute voix des textes pour abor‐der les difficultés de compréhension.
‐ Travail à partir d'un questionnaire (20minutes) B)b)
‐ Mutualisation : mise en évidence des finalités scientifiques du romancier
‐ lecture des extraits de la préface à la Fortunedes Rougon et de l'Introduction à la médecine Expérimentale de Claude Bernard
Questionnaire B) b)
2 Extraits de la préface à la Fortune des Rougon et de l'Introduction à la médecine expérimen‐tale
Annexe 3
‐ lecture des textes‐ correction du questionnaire ‐ première mise en évidence des caractéris‐tiques du Naturalisme. Comparaison avec les principes du réalisme (étudié précé‐demment) Prolongement : Lecture de l'avant‐propos à la Comédie humaine de Balzac (Annexe 3)
‐ lire les deux premiers chapitres de Thérèse Raquin
‐ questionnaire extrait 1 B)b)
3 Extrait 1 Lecture analytique de l'extrait 1: quels sen‐timents la description du Passage du Pont‐Neuf fait‐elle naître chez le lecteur ? Pour‐quoi ?
‐ lire les chapitres II, III, IV ‐ questionnaire pour l'étude de l'extrait 2 B)b)
4 Chapitres I et II ‐ Elargissement : la présentation des per‐sonnages dans les chapitres 1et 2.
‐ Comparaison avec le début du film de Marcel Carné. Mise en évidence des différences de ca‐ractérisation des personnages
Lire les chapitres 4 et 5 ‐ questionnaire ‐ amener les questionnaires distribués depuis le début de l'année pour préparer les lectures analytiques
5 Texte 2
Fiche « étude du texte littéraire » (annexe 6)
‐ Bilan sur les soirées du jeudi décrites dans les chapitres 4
‐ Pour introduire le commentaire littéraire : ‐ brève présentation de l'exercice : cf B) c). A partir des questionnaires distribués de‐puis le début de l'année, faire établir aux élèves la liste des repérages sur lesquels nous nous sommes appuyés pour expli‐quer les textes.
‐ leur distribuer la fiche « étude du texte littéraire B)c) et leur expliquer en quoi il s'agit d'une boite à outils qui les guidera dans leurs repérages et leur permettra de trouver des interprétations
Commencer à l'utiliser pour l'étude de l'ex‐trait 2 en remplissant le tableau suivant :
procédés relevés interprétations
‐ finir de compléter le tableau en modules. Possibilité de travailler par deux.
Le tableau doit être prêt pour la séance 6
6 Extrait 2
Fiche « étude du texte
A partir du tableau :‐ leur faire rédiger, en deux ou trois phrases, ce qui constitue l'originalité du texte afin de définir la problématique
Pour la séance 7, lire les chapitres 6 et 7.
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littéraire »
tableau préparé par les élèves en modules
‐ leur montrer comment opérer des re‐groupements dans la colonne « interpré‐tations » pour bâtir un plan B)d)
En modules, la semaine suivante, le plan sera détaillé et ils commenceront à rédiger le commentaire (cf. annexe 7)
A l'issue de ce travail une fiche pour relire le commentaire est distribuée.
Pour un EIP, une autre démarche peut être proposée. Elle est détaillée à la fin de la présentation de la séquence.
‐ Relevez tout ce qui permet de compléter le portrait de Laurent
‐ questionnaire pour préparer la lecture analy‐tique de l'extrait 3 B) b).
7 Extrait 3 Lecture analytique de l'extrait 3 : Comment cet extrait explique‐t‐il et révèle‐t‐il, la personnalité de Thérèse ?
Pour la séance 8, lire l'extrait de Phèdre (An‐nexe 2)
8 Extrait 3
Extrait de Phèdre
‐ Comparaison entre les textes.En quoi la manière dont Thérèse vit son amour pour Laurent en fait‐elle un per‐sonnage tragique ?
‐ Exposé : «Zola, sa vie, son œuvre »
Pour la séance 9, lire les chapitres 8, 9, 10 et 11. Préparer des questions sur ces chapitres pour les autres.
Questionnaire pour préparer la lecture analy‐tique de l'extrait 4 (B) b)
9 Extrait 4 ‐ lecture analytique: Quel rôle jouent les descriptions du paysage dans cette scène d'action ?
‐ proposition d'un plan pour récapituler toute les remarques
Pour la séance 10, rédiger un paragraphe au choix.
Pour la séance 11 : avoir lu les chapitres 12 à 21
10 Extraits du DVD : « la naissance de l'im‐pressionnisme »
Arte vidéo. Palettes
Exposés sur Zola et la peinture
complétés par des extraits du DVD ‐ les paragraphes sont relevés.
11 Extrait 5 Lecture analytique de l'extrait : En quoi cet extrait constitue‐t‐il un bilan de l'expé‐rience menée par Zola dans Thérèse Ra‐quin ?
Pour la séance 12 finir la lecture de l'œuvre.
12 Extrait 6 Fin du film de Marcel Carné
Comparaison de la fin du livre et de la fin du roman : en quoi sont‐elles tragiques, malgré leurs différences ?
13 Bilan et échange autour de l'œuvre et du naturalisme. Zola a‐t‐il atteint les objectifs qu'ils s'étaient fixés dans la préface ? Que pensez‐vous de sa démarche de ro‐mancier ? Fiche sur les caractéristiques du natura‐lisme en s'appuyant sur Thérèse Raquin.
14 et 15 Présentation orale des livres proposés pour prolonger la réflexion autour des liens entre sciences et littérature.
16 Evaluation de fin de séquence en temps limité
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B) PEDAGOGIE
a) comment préparer et présenter un exposé ?
‐Quel que soit l'exposé choisi, il faut identifier clairement le thème et l'objectif : que dois‐je trans‐mettre ?
‐Au cours de la préparation de l'exposé, va également se poser la question de savoir comment je vais présenter les informations à mes camarades ? Est‐ce que je dois prévoir des supports pour faire pas‐ser certaines informations ?
1. La recherche documentaire
Quand j'ai bien défini le thème de ma recherche, je vais chercher des documents. ‐ Commencer par le CDI (aide possible du documentaliste)
Collecter plusieurs documents et prendre des notes à partir de ces documents. Consacrer une feuille à chaque document et, après la consultation du premier document, ne noter que les informations nouvelles apportées par les autres documents. Je ne note que ce que je comprends.
‐ Je peux compléter mes recherches en utilisant Internet Attention à la fiabilité des sources ! Ne pas copier n'importe quelle image !
2. l'organisation Quand j'ai suffisamment d'informations, je vais essayer de les classer en opérant des regroupements. Mon exposé doit être structuré. Il faudra pouvoir indiquer un plan à vos camarades. Si je veux projeter un powerpoint, passer un extrait de film, je pense à prévenir le professeur pour qu'il prévoit les moyens techniques nécessaires !
3. la présentation Je m'entraine à présenter les informations sans les lire, en imaginant mon auditoire. Je peux m'enregistrer pour pouvoir mieux me corriger.
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b) Questionnaires permettant de préparer les séances
Les questionnaires sont lus en classe. Les élèves y répondent chez eux.
EIP : Ces questionnaires sont l'occasion de mener un travail spécifique sur le lecture des consignes et sur le développement organisé et précis d'une réponse. Ce travail peut être effectué en Accompagne‐ment Personnalisé et peut concerner plusieurs élèves ‐ bien s'assurer de sa compréhension de la consigne ‐ l'aider pour la recherche d'éléments précis pour justifier les réponses : lui faire mettre en évi‐dence ce sur quoi il va s'appuyer pour répondre (utilisation de la couleur) Pour ne pas rendre ce travail fastidieux, il est possible de lui demander de faire un repérage précis et de donner une réponse argumentée à deux questions. Lui proposer également de formuler des questions sur des aspects du texte qui ont retenu son at‐tention, qu'il pourra poser en complément de celles qui ont été imaginées par l'enseignant.
Questionnaire pour l'étude des extraits de la préface à Thérèse Raquin
Extrait 1 a) Reformulez la première phrase du texte en faisant bien apparaître ce que le romancier écarte
comme d'objet d'étude. b) Comment sont définis les personnages ? Citez précisément le texte. c) Relevez dans cet extrait, les termes qui appartiennent au lexique de la science. d) Trouvez une formule scientifique pour présenter l'expérience que Zola met en place dans
Thérèse Raquin. Extrait 2
a) Comment, dans cet extrait, Zola relie‐t‐il sa démarche de romancier à l'époque à laquelle il vit ? Citez précisément le texte.
b) Comment définit‐il, ici, une fois encore son projet ? Citez précisément le texte.
D’après les deux extraits étudiés, précisez quel est le rôle d'une préface.
Questionnaire :
Extrait de la préface à La Fortune des Rougon
‐extrait de : Introduction à l'étude de la médecine expérimentale
Source : Français. Livre unique seconde. Bordas
a) Expliquez en termes simples le travail que Zola souhaite mener sur les Rougon‐Macquart b) Comment comprenez‐vous l'expression « histoire naturelle et sociale d'une famille » c) Etudiez le champ lexical de la science dans le texte : à quels domaines scientifiques l'auteur
fait‐il référence ? Quel rôle donne‐t‐il à la science dans son projet romanesque ? d) Comparez les méthodes de Zola et de Claude Bernard. En quoi sont‐elles proches ?
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Questionnaire pour préparer la séance 3 Extrait 1
1) Quel est le lieu décrit au début du chapitre 1 ? Quelle atmosphère s'en dégage ? Appuyez votre réponse sur des repérages lexicaux.
2) Comment sont présentés les personnages ? Quel point de vue adopte le narrateur pour les présenter ? Pourquoi ?
3) Récapitulez les caractéristiques des trois personnages qui nous sont présentés à partir des chapitres 1 et 2. Vous veillerez à justifier vos affirmations à l'aide de citations précises.
Questionnaire pour préparer la séance 5
Lecture des chapitres 3, 4 et 5
‐Chapitre 3
Vous justifierez vos réponses à l'aide de citations précises.
1) Quelle raison est donnée au départ à Paris ? 2) Quel trait de caractère de Madame Raquin (mère) est souligné dans ce chapitre ? 3) Comment est décrite l'existence des trois personnages à Paris ?
‐Chapitre 4
1) Comment est qualifiée la soirée du jeudi soir ? 2) Quels éléments permettent de percevoir le jugement du narrateur sur ces soirées ? 3) Qui sont les invités du jeudi soir ? Etablissez leur fiche d'identité 4) Quelle est l'attitude de Thérèse pendant ces soirées ? 5) Quel jugement porte‐t‐elle sur les invités ?
Un travail d'illustration des « soirées du jeudi soir » peut être proposé à un jeune doué pour le des‐sin.
Pour préparer la séance 7
Lire les chapitres 6 et 7
Etude de l'extrait 3
1) Relevez toutes les expressions qui témoignent de l'état dans lequel se trouve Thérèse. Com‐
ment les paroles prononcées traduisent‐elles son agitation ? 2) Comment Thérèse décrit‐elle sa vie auprès des Raquin ? Quelles formulations montrent que
le personnage a subi l'éducation reçue ? Comment cette éducation l'a‐t‐elle transformée ? 3) Montrez que ce qu'éprouve Thérèse pour Laurent est contradictoire. 4) Son amour pour Laurent l'apaise‐t‐il ? Justifiiez
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Pour préparer la séance 9
Etude de l'extrait 4
1) Analysez les réactions des trois personnages : Thérèse, Laurent et Camille. 2) Comment se révèle ici le tempérament de Laurent ? 3) Examinez le lexique utilisé dans les descriptions du paysage. Que remarquez‐vous ? A votre
avis, quel rôle jouent ces descriptions dans cette scène ?
Pour préparer la séance 11
1) Lire les chapitres 8 à 21. 2) Préparer des questions pour les autres élèves de la classe 3) Préparez la lecture à haute voix d'un extrait au registre fantastique
Etude de l'extrait 5
1) Cherchez le sens du mot « remords ». Comment sont qualifiés les remords de Laurent ? Comment se manifestent‐ils ?
2) Comment sont définies les épouvantes de Laurent ? D'où vient son mal ? Citez le texte pour justifier.
3) En quoi peut‐on dire que Zola fait ici un premier bilan de l'expérience menée dans Thérèse Raquin. Quels en sont les résultats ?
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c) Initiation au commentaire
La présentation de l'exercice se fait en classe entière. Le travail de rédaction du commentaire à partir du plan proposé se fera en modules.
1. présentation du commentaire : Le commentaire est l'un des exercices d'écriture proposés au baccalauréat. Vous êtes invi‐tés à présenter la lecture personnelle d'un texte littéraire. Il s'agit donc de d'analyser préci‐sément le texte afin de construire un plan qui présente de manière logique un parcours de lecture. A partir de ce plan, il faudra intégralement rédiger le devoir. Première approche
‐ S’imprégner du passage à l’aide de lectures successives avant même de l’analyser. ‐ Commencer par noter les trois mots, les trois termes (noms ou adjectifs) qui correspondent
à vos premières réactions, sensations, impressions de lecture ; puis tentez de les dévelop‐per pour vérifier leur pertinence. Pensez à les classer, à les hiérarchiser.
‐ L’un des buts est de trouver des axes, des hypothèses, des pistes, un projet de lecture per‐sonnel.
‐ Compléter ses premières impressions par une lecture linéaire du texte qui peut s'appuyer sur différents repérages.
2. Distribution d'une fiche « étude du texte littéraire » pour guider la lecture linéaire.
Etude du texte littéraire Pour étudier un texte littéraire à l'oral (lecture analytique) ou à l'écrit (commentaire littéraire), il faut procéder à plusieurs types de repérages et d'analyses. Cette fiche propose différents outils pour effectuer des repérages qui peuvent vous conduire à des interprétations. Mais attention, pour un texte donné, seuls certains outils vous ouvrent des portes ! 1) Prendre connaissance des informations données par le paratexte ‐Quel est le nom de l'auteur ? ‐Quelles sont ses dates ? A quelle époque appartient‐il ? ‐A quel moment le texte a‐t‐il été écrit ? Publié ? ‐Dans quel contexte historique, culturel, littéraire l'œuvre s'inscrit‐elle ? ‐Se rattache‐t‐elle à un mouvement littéraire ? 2) Effectuer une première lecture qui permettra d'en comprendre le sens général et de répondre aux questions suivantes :
‐ A quel genre appartient le texte ? ‐ Quel est le registre dominant ? ‐ Quel est le thème dominant ? ‐ A quel endroit de l'œuvre dont il est extrait le texte se situe‐t‐il ?
3) Analyser la mise en page
‐ Comment est disposé le texte sur la page ? ‐ L'auteur a‐t‐il utilisé une typographie originale à certains endroits ?
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4) Observer la ponctuation 5) Etudier l'énonciation (Qui parle ? A qui ? De quelle manière ? Dans quelles circonstances?) 6) Analyse des procédés lexicaux
‐ champs lexicaux ‐ connotations ‐ jeux sur le sens propre/figuré ‐ vocabulaire spécifique ‐ répétition de certains mots
7) Analyse des procédés grammaticaux
‐ observation des phrases : quelle est leur longueur ? Comment sont‐elles construites (simples ou complexes ? Sont‐elles verbales, nominales ? Sont‐elles déclaratives, ex‐clamatives, interrogatives ?
Quel est l'ordre des mots dans la phrase ?
‐ les verbes : sont‐ils nombreux ? De quelle sorte de verbes s'agit‐il (état, action, ré‐flexion, sentiment) ? A quel mode et à quel temps sont‐ils conjugués ?
‐ les négations ‐ les déterminants ‐ les emplois du singulier et du pluriel ‐ les pronoms ‐ les connecteurs logiques ‐ les paroles rapportées (discours direct, indirect, indirect libre, discours narrativisé) :
8) Analyse des procédés rhétoriques : les figures de style : cf fiche 9) Analyse du rythme et des sonorités Repérer les rimes, les rythmes et les sonorités (allitérations et assonances) Certaines analyses sont également imposées par le genre lui‐même : identification de la thèse, des arguments, de la stratégie argumentative dans les genres de l'argumentation Pour que votre brouillon soit plus clair, vous pouvez construire un tableau
Procédés relevés interprétation
Procédés lexicaux
Procédés grammati‐caux
Procédés rhétoriques
Rythmes et sonorités
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A partir de la colonne « interprétations », il est possible ‐ de déterminer ce qui fait l'intérêt de cet extrait et de formuler une problématique ‐ d'établir un plan en procédant à des regroupements
d) Tableau et plan proposés pour l'étude du texte 2
Tableau établi pour le commentaire de l'extrait 2
Procédés lexicaux
Termes servant à présenter Lau‐rent Champ lexical du regard
‐ un grand gaillard, carré des épaules ‐ ce monsieur‐là ‐ le grand gaillard ‐ le petit Laurent, le fils du père Laurent qui a de si beaux champs de blé ‐ le petit Laurent, qu'elle trouva singulière‐ment grandi ‐ Laurent s'était assis, il souriait paisiblement, ‐voix claire ‐ regards calmes et aisés ‐ il se porte bien, il a étudié, il gagne 1500 francs ‐ il a fait son droit, il a appris la peinture ‐ il se débarrassa de son chapeau, s'installa dans la boutique ‐ un homme ‐ grand, fort, le visage frais ‐ front bas, rude chevelure noire ‐ joues pleines, lèvres rouges ‐ face régulière ‐ beauté sanguine ‐ cou large, court, gras, puissant ‐ grosses mains, doigts carrés ‐ poing charnu, pouvant écraser un bœuf ‐ vrai fils de paysan, allure lourde ‐ dos bombé, mouvements lents et précis ‐ air tranquille et entêté ‐ muscles ronds et développés ‐ chair épaisse et ferme ‐ cou de taureau ‐ regardait ‐ vu ‐ contemplait ‐ arrêta ses regards ‐ considéra ‐ examina ‐ ses yeux rencontraient
‐ répétition du mot « gaillard » : insistance sur l'impression de force que donne le person‐nage cf également « grand », « fort » »cou puis‐sant », « grosses mains », le poing, les « muscles ronds et développés » ‐ « le petit Laurent » : passé commun qui facilite l'entrée dans la famille Raquin Cf. également l'attitude de Laurent qui semble très à l'aise « il se débarrassa de son chapeau s'installa dans la boutique » ‐ position de supériorité sociale : ce « mon‐sieur‐là » « il se porte bien, il a étudié » Admiration de Camille face à la réussite de Laurent ‐ personnage en plein santé : « le visage frais », « les joues pleines », « la chair épaisse et ferme » Laurent est un personnage en pleine santé et qui est éduqué contrairement à Camille ‐ ressemblance avec Thérèse : « front bas », rude chevelure noire » ‐ tempérament sanguin : joues pleines, lèvres rouges, beauté sanguine ‐ animalité du personnage : « cou de tau‐reau », « air tranquille et entêté » Découverte de Laurent par Thérèse : point de vue interne elle l'observe comme une bête curieuse. Elle découvre ce qu'est un homme C'est la première fois où est mentionnée une réaction de Thérèse « éprouvant de petits frissons » Thérèse est fascinée par la puissance, la force du personnage : attirance physique.
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Procédés grammaticaux
‐ordre des mots dans la première phrase ‐proposition relative de la pre‐mière phrase ‐les phrases interrogatives ‐les exclamations ‐les discours
« un jeudi » en début de phrase « qu'il poussa dans la boutique d'un geste familier » « Tu ne reconnais pas ...Jeufosse » « Comment ! » «c'est si vaste...cette administra‐tion » « Oh ! Mais lui, il se porte bien... »
Mise en évidence au début de la phrase du jour de la semaine où il se passe quelque chose chez les Ra‐quin mais ce jeudi‐là, l'évènement est inhabituel immédiatement, dans la manière d'introduire Laurent, celui‐ci n'apparaît pas comme un étranger. Questionnement adressé à sa mère, comme un jeu pour lui faire découvrir l'identité de celui qui vient d'entrer Détour par l'enfance qui va provoquer une réaction très maternelle de la part de Mme Raquin : Laurent est traité de manière infantilisante « cajoleries toutes mater‐nelles » Enthousiasme et admiration de Camille Il admire Laurent qui est éduqué et gagne plus d'argent que lui. Analyse menée dans le cadre du 3)
‐Faire formuler aux élèves des problématiques possibles Exemples de problématique : En quoi l'introduction du personnage de Laurent constitue‐t‐il un évé‐nement important ? Comment l'arrivée de Laurent bouleverse‐t‐elle la famille Raquin ?
Plan proposé
1) Une répartition de la parole significative
1. Camille monopolise la parole (faire apparaître le lien avec sa mère et la manière dont il ignore Thérèse)
2. l'attitude maternelle de Madame Raquin 3. le silence de Thérèse absorbée dans l'observation de Laurent
2) Le personnage de Laurent
1. La présentation de Laurent par Camille (insistance sur la réussite) 2. le regard porté par Thérèse sur Laurent (importance de la force physique) 3. une entrée aisée dans la famille Raquin
3) Un événement important
1. le réveil de Thérèse (intérêt, curiosité, ) 2. Un portrait qui n'est pas innocent ‐ l'opposition avec Camille ‐ la ressemblance avec Camille
3. l'introduction d'un tempérament particulier, dont certains aspects sont inquiétants.
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e) Comment rédiger le commentaire (modules)
Introduction
Elle doit comporter :
‐ une situation du texte : elle présente l'œuvre, l'auteur. Elle peut préciser l'apparte‐nance à un mouvement littéraire, un contexte particulier. Elle donne le genre, le re‐gistre et le thème de l'extrait étudié.
‐ l'annonce de la problématique ‐ l'annonce du plan
Saut de deux lignes
Développement
‐ Annonce de l'idée de la première partie ‐ Annonce de l'idée du premier paragraphe. ‐ développement de cette idée à l'aide d'exemples précis et de citations du texte
A la fin du premier paragraphe, aller à la ligne + alinéa
‐ Annonce de l'idée du second paragraphe ‐ Développement de cette idée à l'aide d'exemples précis et de citations du texte
A la fin du second paragraphe, aller à la ligne +alinéa
‐ Annonce de l'idée du troisième paragraphe ‐ Développement de cette idée à l'aide d'exemples précis et de citations du texte
Saut de ligne
Transition
Je récapitule ce que je viens de montrer et j'annonce ce que je vais développer. Saut de ligne
La seconde et la troisième parties se rédigent de la même manière que la première.
Conclusion
‐ récapituler tout ce qui a été montré en répondant à la problématique de l'introduc‐tion
‐ élargir en faisant des rapprochements avec d'autres textes ou documents, en ou‐vrant sur la suite de l'œuvre ...
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f) Relire le commentaire
Introduction :
‐ J'ai situé le texte. ‐ J'ai annoncé la problématique. ‐ J'ai annoncé le plan
Développement
‐ La présentation est claire : il est facile de distinguer l'introduction, les parties, les pa‐ragraphes, la conclusion.
‐ J'ai annoncé clairement l'idée de chaque partie. ‐ J'ai annoncé l'idée de chaque paragraphe. ‐ J'ai utilisé des articulations logiques. ‐ J'ai cité le texte à l'appui de mes affirmations.
Conclusion :
‐ J'ai récapitulé l'essentiel conformément à la problématique dégagée dans l'introduc‐tion.
‐ J'ai ménagé une ouverture.
g) Autre démarche possible avec un EIP pour l'approche du commentaire
Lui distribuer le commentaire intégralement rédigé. A partir de ce commentaire : ‐ lui faire dessiner la « silhouette » du commentaire pour lui faire prendre conscience de la com‐
position du devoir. ‐ lui faire trouver quelles sont les particularités de chacune de ces parties en ayant sous les yeux
le plan établi en classe ‐ la construction de l'introduction ‐ la composition des parties ‐ la construction des paragraphes (une idée développée par des analyses et des citations) ‐ la construction de la transition ‐ la construction de la conclusion Lui faire formuler clairement l'objectif de l'exercice à partir de ses observations Ce travail peut être mené en modules lorsque le reste de la classe travaille sur la rédaction du com‐mentaire. Lui proposer de rédiger un commentaire à partir du plan établi pour un autre extrait de l'œuvre.
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C) ANNEXES
a) Annexe 1 : Extraits de la préface à la seconde édition de Thérèse Raquin
Extrait 1 :
Dans Thérèse Raquin, j’ai voulu étudier des tempéraments (1) et non des caractères (2). Là est le livre entier. J’ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre(3), entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. Thérèse et Lau‐rent sont des brutes humaines, rien de plus. J’ai cherché à suivre pas à pas dans ces brutes le travail sourd des passions, les poussées de l’instinct, les détraquements cérébraux survenus à la suite d’une crise nerveuse. Les amours de mes deux héros sont le contentement d’un besoin ; le meurtre qu’ils commettent est une conséquence de leur adultère, conséquence qu’ils acceptent comme les loups acceptent l’assassinat des moutons ; enfin, ce que j’ai été obligé d’appeler leurs remords, consiste en un simple désordre organique, et une rébellion du système nerveux tendu à se rompre. L’âme est parfaitement absente, j’en conviens aisément, puisque je l’ai voulu ainsi.
On commence, j’espère, à comprendre que mon but a été un but scientifique avant tout. Lorsque mes deux personnages, Thérèse et Laurent, ont été créés, je me suis plu à me poser et à résoudre certains problèmes : ainsi, j’ai tenté d’expliquer l’union étrange qui peut se produire entre deux tem‐péraments différents, j’ai montré les troubles profonds d’une nature sanguine au contact d’une na‐ture nerveuse. Qu’on lise le roman avec soin, on verra que chaque chapitre est l’étude d’un cas cu‐rieux de physiologie (4). En un mot, je n’ai eu qu’un désir : étant donné un homme puissant et une femme inassouvie, chercher en eux la bête, ne voir même que la bête, les jeter dans un drame vio‐lent, et noter scrupuleusement les sensations et les actes de ces êtres. J’ai simplement fait sur deux corps vivants le travail analytique que les chirurgiens font sur des cadavres.
1. Tempérament : ensemble des caractères physiologiques et morphologiques propres à un in‐dividu
2. caractère : ensemble des signes distinctifs qui forment la personnalité 3. libre arbitre : capacité de juger librement 4. physiologie : science qui étudie le fonctionnement et les propriétés d'un organisme vivant ou
de ses parties.
Extrait 2 :
Il n’y a guère, à notre époque, que deux ou trois hommes qui puissent lire, comprendre et juger un livre. De ceux‐là je consens à recevoir des leçons, persuadé qu’ils ne parleront pas sans avoir pénétré mes intentions et apprécié les résultats de mes efforts. Ils se garderaient bien de prononcer les grands mots vides de moralité et de pudeur littéraire ; ils me reconnaîtraient le droit, en ces temps de liberté dans l’art, de choisir mes sujets où bon me semble, ne me demandant que des œuvres consciencieuses, sachant que la sottise seule nuit à la dignité des lettres. À coup sûr, l’analyse scienti‐fique que j’ai tenté d’appliquer dans Thérèse Raquin ne les surprendrait pas ; ils y retrouveraient la méthode moderne, l’outil d’enquête universelle dont le siècle se sert avec tant de fièvre pour trouer l’avenir. Quelles que dussent être leurs conclusions, ils admettraient mon point de départ, l’étude du tempérament et des modifications profondes de l’organisme sous la pression des milieux et des cir‐
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constances. Je me trouverais en face de véritables juges, d’hommes cherchant de bonne foi la vérité, sans puérilité ni fausse honte, ne croyant pas devoir se montrer écœurés au spectacle de pièces d’anatomie nues et vivantes. L’étude sincère purifie tout, comme le feu. Certes, devant le tribunal que je me plais à rêver en ce moment, mon œuvre serait bien humble ; j’appellerais sur elle toute la sévérité des critiques, je voudrais qu’elle en sortît noire de ratures. Mais au moins j’aurais eu la joie profonde de me voir critiquer pour ce que j’ai tenté de faire, et non pour ce que je n’ai pas fait.
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b) Annexe 2 : Phèdre, Acte I, scène 3, vers 255 à 306
Phèdre est tombée amoureuse d’Hippolyte, son beau‐fils (c’est le fils de son mari Thésée, fils d’Égée et roi d’Athènes). Elle fait cet aveu à Œnone, sa nourrice et confidente…
Œnone Que faites‐vous, Madame ? Et quel mortel ennui
Contre tout votre sang vous anime aujourd’hui ?
Phèdre Puisque Vénus le veut, de ce sang1 déplorable
Je péris la dernière et la plus misérable.
Œnone Aimez‐vous ?
Phèdre De l’amour j’ai toutes les fureurs.
Œnone Pour qui ?
Phèdre Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J’aime… à ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J’aime…
Œnone Qui ?
Phèdre Tu connais ce fils de l'Amazone
Ce Prince si longtemps par moi‐même opprimé ?
Œnone Hippolyte ? Grands Dieux !
Phèdre C’est toi qui l’as nommé !
Œnone Juste ciel ! Tout mon sang dans mes veines se glace !
Ô désespoir ! Ô crime ! Ô déplorable race !
Voyage infortuné ! Rivage malheureux,
Fallait‐il approcher de tes bords dangereux ?
Phèdre Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée
Sous les lois de l’hymen2 je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi,
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir3 et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ;
De victimes moi‐même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.
D’un incurable amour remèdes impuissants !
En vain sur les autels ma main brûlait l’encens :
Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,
J’adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer.
J’offrais tout à ce dieu, que je n’osais nommer.
Je l’évitais partout. Ô comble de misère !
Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.
Contre moi‐même enfin j’osai me révolter : J’excitai mon courage à le persécuter. Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre,
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J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre ;
Je pressai son exil, et mes cris éternels
L’arrachèrent du sein, et des bras paternels. Je respirais, Œnone. Et depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence ;
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Vaines précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui‐même à Trézène amenée,
J’ai revu l’Ennemi que j’avais éloigné :
Ma blessure trop vive aussitôt a saigné. Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée : C’est Vénus toute4 entière à sa proie attachée.
1 Famille. 2 Mariage. 3 Être saisi de froid. 4 On marquait l’accord au XVIIe siècle.
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c) Annexe 3 :
Avant‐propos de la Comédie Humaine d'Honoré de Balzac –
Préface à la Fortune des Rougon d'Émile Zola –
Introduction à l'étude de la médecine expérimentale de Claude Bernard
Extrait 1 : Avant‐propos à la Comédie Humaine (1842) Balzac
Je vis que, sous ce rapport, la Société́ ressemblait à la Nature. La Société ́ ne fait‐elle pas de l'homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d'hommes différents qu'il y a de variétés en zoo‐logie ? Les différences entre un soldat, un ouvrier, un administrateur, un avocat, un oisif, un savant, un homme d'état, un commerçant, un marin, un poète, un pauvre, un prêtre, sont, quoique plus difficiles à saisir, aussi considérables que celles qui distinguent le loup, le lion, l'âne, le corbeau, le requin, le veau marin, la brebis, etc. Il a donc existé, il existera donc de tout temps des Espèces So‐ciales comme il y a des Espèces Zoologiques. Si Buffon a fait un magnifique ouvrage en essayant de représenter dans un livre l'ensemble de la zoologie, n'y avait‐il pas une œuvre de ce genre à faire pour la Société ́ ? Mais la Nature a posé́, pour les variétés animales, des bornes entre lesquelles la Société́ ne devait pas se tenir. Quand Buffon peignait le lion, il achevait la lionne en quelques phrases ; tandis que dans la Société ́ la femme ne se trouve pas toujours être la femelle du mâle. Il peut y avoir deux êtres parfaitement dissemblables dans un ménage. La femme d'un marchand est quelque‐fois digne d'être celle d'un prince, et souvent celle d'un prince ne vaut pas celle d'un artiste. L'Etat Social a des hasards que ne se permet pas la Nature, car il est la Nature plus la Société ́. La description des Espèces Sociales était donc au moins double de celle des Espèces Animales, à ne considérer que les deux sexes. Enfin, entre les animaux, il y a peu de drames, la confusion ne s'y met guère ; ils cou‐rent sus les uns aux autres, voilà tout. Les hommes courent bien aussi les uns sur les autres ; mais leur plus ou moins d'intelligence rend le combat autrement compliqué.
Extrait 2 : Préface à la Fortune des Rougon. Zola. (1871)
Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d'êtres, se comporte dans une société, en s'épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent, au premier coup d'œil, profondément dissemblables, mais que l'analyse montre intimement liés les uns aux autres. L'hérédi‐té a ses lois, comme la pesanteur.
Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit mathématiquement d'un homme à un autre homme. Et quand je tiendrai tous les fils, quand j'aurai entre les mains tout un groupe social, je ferai voir ce groupe à l'œuvre comme, comme acteur d'une époque historique, je le créerai agissant dans la complexité de ses efforts, j'ana‐lyserai à la fois la somme de volonté de chacun de ses membres et la poussée générale de l'en‐semble.
Les Rougon‐Macquart, le groupe, la famille que je me propose d'étudier a pour caractéristique le débordement des appétits, le large soulèvement de notre âge, qui se rue aux jouissances. Physiologi‐quement, ils sont la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race, à la suite d'une première lésion organique, et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations hu‐maines, naturelles et instinctives, dont les produits prennent les noms convenus de vertus et de vices. Historiquement, ils partent du peuple, ils s'irradient dans toute la société contemporaine, ils montent à toutes les situations, par cette impulsion essentiellement moderne que reçoivent les basses classes en marche à travers le corps social, et ils racontent ainsi le second empire à l'aide de leurs drames individuels, du guet‐apens du coup d'état à la trahison de Sedan.
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Depuis trois années, je rassemblais les documents de ce grand ouvrage, et le présent volume était même écrit, lorsque la chute des Bonaparte, dont j'avais besoin comme artiste, et que toujours je trouvais fatalement au bout du drame, sans oser l'espérer si prochaine, est venue me donner le dé‐nouement terrible et nécessaire de mon œuvre. Celle‐ci est, dès aujourd'hui, complète; elle s'agite dans un cercle fini; elle devient le tableau d'un règne mort, d'une étrange époque de folie et de honte.
Cette œuvre, qui formera plusieurs épisodes, est donc, dans ma pensée, l'histoire naturelle et so‐ciale d'une famille sous le second empire. Et le premier épisode : la Fortune des Rougon, doit s'appe‐ler de son titre scientifique : Les Origine.
Extrait 3 Claude Bernard. Introduction à l'étude de la médecine expérimentale
Claude Bernard (1813‐1878) est considéré comme l'un des grands médecins français du XIX siècle. On lui doit notamment l'invention d'une médecine fondée sur l'expérience comme source de toute con‐naissance médicale.
Le savant complet est celui qui embrasse à la fois la théorie et la pratique expérimentale. 1° Il cons‐tate un fait ; 2°à propos de ce fait, une idée naît dans son esprit ; 3°en vue de cette idée, il raisonne, institue une expérience, en imagine et en réalise les conditions matérielles.4° De cette expérience résultent de nouveaux phénomènes qu'il faut observer, et ainsi de suite. L'esprit du savant se trouve en quelque sorte toujours placé entre deux observations : l'une qui sert de point de départ au rai‐sonnement, et l'autre qui lui sert de conclusion. (…) L'observateur et l'expérimentateur répondraient donc à des phases différentes de la recherche expérimentale. L'observateur ne raisonne plus, il cons‐tate ; l'expérimentateur, au contraire, raisonne et se fonde sur les fait acquis pour en imaginer et en provoquer rationnellement d'autres. Mais (...) il semble impossible dans la pratique de les séparer, puisque nous voyons que nécessairement le même investigateur est alternativement observateur et expérimentateur.
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