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Social

Liberté 62 n°856 - Le 10 avril 2009

FAURECIA, BOSAL, IGA, TOYOTA

LES SALARIÉS DE L’AUTOMOBILEDANS LA LUTTE POUR LEUR EMPLOI

La tension sociale à Faurecia Auchel nʼest pas prête de sʼestomper. Après une longue grèvede plus de quinze jours (à lʼappel de la CGT et de FO) et un acquis de 3000 euros, arrachéà la direction à lʼissue dʼâpres négociations, la mobilisation pour sauver lʼemploi est intacte.

II RONIERONIE de circons-tances, la direction deToyota accusait lesgrévistes de FaureciaAuchel de mettre enchômage technique,

lʼusine dʼOnnaing.Aujourdʼhui, les salariés deToyota se mettent en grèvepour exiger le paiement à100% des journées non tra-vaillées, conséquence direc-te de périodes de chômagepartiel. Lʼusine modèledʼOnnaing vantée par lepatronat de lʼAutomobile etles Japonais eux-mêmes estsecouée par une frondelégitime. Les salariés deséquipementiers et desconstructeurs automobilesne sʼen laissent pas conter.Aussi, en quelques jours,ces derniers nʼont quʼun motdʼordre, la lutte pour ladignité et la sauvegarde delʼoutil de travail. OutreFaurecia Auchel, cette lutteconcerne IGA (Hénin-Beaumont, 240 emplois),Bosal (Annezin), Schaeffler(à Calais) et dernierexemple celui de Toyota.

Solidarité à AuchelLe mouvement de solidaritéautour des “Faurecia” adémarré, aussitôt le déclen-chement de la grève, le 5mars dernier. Il nʼa jamaisfaibli. Aujourdʼhui, une asso-ciation “Solidarité envers lessalariés de Faurecia Auchel”a été créée ; cʼest elle quireçoit les subventions etautres aides versées dansce cadre (dont celles duSaziral, du Conseil régional,etc.). Un concert de soutiensʼest déroulé, en présencede 200 personnes, la semai-ne dernière à Lillers. Lasalle du Palace a accueillides groupes (LesMauvaises Langues, LézardMartien) qui ont partagéleurs convictions de lamusique et leurs engage-ments sociaux à un publictrès motivé. Public danslequel, on notait, notam-ment, la présence de JackyHénin, député européen,Daniel Dewalle, maire deHoudain, dʼHervé Poly,secrétaire de la fédérationdu PCF.Tout est chamboulé.Exemple de solidarité et delutte : lorsque les conseillersrégionaux PCF, accompa-gnés de maires du secteur,se rendent au local syndicalpuis au comité dʼentreprisede lʼusine, ils sont immédia-tement à lʼécoute des princi-pales revendications des“Faurecia”. Le “cas dʼécole”voulu par la direction estnon seulement une divisionparmi le personnel maisaussi une opposition entre

les différents sites. Cela nʼapas pris, cela ne prend pas.“Réduction brutale des pro-grammes des construc-teurs”, par ces mots,Faurecia, le premier équipe-mentier automobile français,annonce des lendemainsdifficiles dans toutes sesunités. Récemment, dansune interview à un journaléconomique, le PDG deFaurecia ne parle que derelance sans dire un mot surla situation des salariés quece soit à Auchel ou ailleurs.Particulièrement touché, le

secteur dʼAuchel avec une“baisse de compétitivité”conséquente est pointé dudoigt par la direction.Licenciements prévus etprogrammés, reclassementsannoncés mais qui neconvainquent personne,restructuration en profon-deur, voilà la situationactuelle à Auchel. Des cen-taines emplois sont la cibledirecte dʼune restructurationprofonde dans un domaineoù la crise actuelle fait officede bouclier expiatoire. Larentabilité est revue à labaisse, cette situation neplaît nullement aux action-naires. La parade est habi-tuelle.

Personne nʼest dupe172 reclassements àMarles-les-Mines et 157 àHénin-Beaumont, 180 licen-ciements : ces annonces netrompent personne et per-sonne nʼest dupe, ni à lʼinté-rieur, ni à lʼextérieur du sitede Faurecia Auchel.Christian, syndicaliste CGT,avec 32 ans dʼancienneté(lʼusine a été inaugurée en1978 dans le cadre de lareconversion industrielle de

lʼouest du bassin minier) atout fait dans lʼusine. “Lapolyvalence, nous dit-il, mʼaamenée à connaître toute lastructure de lʼentreprise etsurtout les hommes et lesfemmes, mes camarades detravail avec lesquels lesliens de proximité sont trèsforts. Cela aussi dérange ladirection, cʼest un élémentquʼelle ne pourra jamaiscontrôler, alors la casse delʼemploi prend un sensdirect avec la fin égalementde toute une ambiancesociale. Nous sommes en

révolte car dʼune usine ren-table la direction la transfor-me en usine fantôme pouraider les actionnaires à fairetoujours plus de dividendes.Chaque voiture a besoin deplanches de bord, où vont-elles se faire ? Avec Qui ?Et Comment ?”.À ses côtés, Freddy, 29 ansdʼancienneté, résume sonécoeurement en quelquesmots “nous sommes bradésà moindre coût, la délocali-sation a commencé à voir lejour avec les panneaux deporte programmés pour uneusine en Pologne. Il fallaitnous faire payer au prix fort,notre détermination à sau-ver nos emplois”.

Réévaluer les activités“Réévaluer les activités etproposer des reclassementssur les sites de Marles-les-Mines et dʼHénin-Beaumontnʼest-ce pas une façondéguisée de distiller lesdéparts ? Tout cela nʼestpas sérieux !” Jean-ClaudeDelemotte, syndicaliste àFaurecia-Marles-les-Minesdénonce, lui, des “mises en

concurrence” dans desmêmes entreprises quiaboutissent fatalement àdes licenciements collectifs.Lʼavenir est plombé. Un per-sonnel qualifié nʼintéressepas la direction. Aujourdʼhui,lʼaction soude tout le per-sonnel.Quel avenir pour lʼindustrieautomobile en France ? Lesaspérités du marché, lesimpacts de ce secteurindustriel sur lʼemploi et lesrevendications fondamen-tales des salariés de cette

branche ne sont pas descaractéristiques dʼantago-nisme. Aujourdʼhui, le chô-mage partiel est le prétextetout trouvé pour mettre lessalariés devant un dilemmelourd de conséquences, soitla réduction des produc-tions, soit la liquidation desemplois, de Valeo-Étaples àBridgestone-Béthune et deSTA-Ruitz à PlasticOmnium. Les équipemen-tiers suivent les usines des

constructeurs, les “petitespièces” ont été délocaliséesdans des pays à faible coûtde main dʼœuvre. Les entre-prises veulent être de plusen plus compétitives sur lemarché des pièces automo-biles mais aussi hors auto-mobile.La décision prise par ladirection de Faurecia estlamentable. Elle tue lʼemploiet tout un bassin dʼemploi.Les négociations pour sau-ver ce qui peut lʼêtre sepoursuivent, notamment, àParis, le 15 avril prochain aucours dʼun comité centraldʼentreprise.

Toyota ne promet rienÀ Toyota, commente ÉricPecqueur (secrétaire dusyndicat CGT), de nom-breuses interrogations par-courent les ateliers. “Quelest lʼavenir de ce secteur, siprometteur et annonciateurdʼun avenir radieux ? Noussommes 4000 et 700 intéri-maires et la fermeture pourralentissement de la produc-tion implique la prise decongés imposés. La direc-tion évoque cela et pas àmi-mot : avec des périodesde chômage partiel. “EnFrance, chez Toyota, dit-il,nous travaillons 3H15 parjour pour nos salaires et3H30 pour les actionnaires.Il nʼy a aucune raison defaire la crise actuelle par lessalariés, cela nous le refu-sons catégoriquement. Leserrage de vis actuel chezToyota mais aussi ailleurs,cʼest le début du commen-cement. La catastropheannoncée par tous lesconstructeurs découle de laspéculation. Nous avons ànous opposer - et nous lefaisons - résolument auxpatrons de lʼAutomobile.Pour nous, lʼemploi, lessalaires, les revendicationssont liés.”

Pierre Pirierros

La semaine dernière à Lillers, un concert de solidarité a été organisé pour les Faurecia. On notait aussi la présence d’Alain Bruneel, desélus communistes, des maires (Lillers, Burbure, Marles les Mines, Divion, Calonne Ricouart...)

Eric Pecqueur (Toyota Onnaing) : le groupe fait d’énormes bénéfices et on nous ampute constam-ment nos salaires (photo Liberté 62)

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