Download - «MEET&GREET» CHANT DU GROS Payerpour … · chanter assis où àjouer du piano debout, c’est un exercice peu ac- ... «Locomotive Breath». Sans oublier cettevoix sauvage qui

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LE JOURNAL DU JURA SAMEDI 24 SEPTEMBRE 2011

26 RIFFS HIFI

«MEET & GREET» Une mode qui évolue curieusement

Payer pour rencontrer lesstars, c’est désormais tendancePASCAL VUILLE

La mode est aux «Meet &Greet», ces brèves rencontresqui permettent aux fans ultimesde serrer la pince de leurs idoles.Moyennant finance, of course.

A l’heure où l’industrie du dis-que voit son chiffre d’affaires di-minuer de 25% en moyenne parannée, les groupes de rock n’ontpas mis long avant de générer denouvelles sources de gain. L’aug-mentation massive du prix desplaces de concert en général enest une: 140% depuis 1996, c’estaussi bien que nos primes LA-Mal… L’autre, qui vise les fanspurs et durs en particulier, a faitson apparition en 2004. Cetteannée-là, Gene $immon$, cer-veau de Ki$$, a eu la bonne idéede proposer au bas peuple la pos-sibilité de rencontrer le groupedanssonapparatdudimanche.Acelui qui débourse 1501 francssuisses, il est promis une photoavec Kiss au grand complet, desdédicaces, un T-shirt unique, unpass laminé, un poster limité etune place assise dans les pre-miers rangs. A Bercy, en 2008, ilsétaient près de cent. Faites lecompte…

Que d’avantages...Une démarche originale qui of-

fre parfois d’autres avantages (unset de plectres, une lithographie,des petits fours) et qui a trouvégrâceauprèsd’autresgroupes, sé-

duits par cet argent si facilementet si rapidement amassé. Admi-rer les corps tatoués des MötleyCrüe, c’est possible pour $600.Pour un face-à-face terrifiantavec Alice Cooper, il faut débour-ser 475$. Même les combos surle déclin s’y sont mis: 295$ pourcôtoyer Cinderella (mais qui s’ensouvient, de ceux-là?) ou 175$pour Mr. Big. Les vieilles gloiresqui ont déjà réservé leur placedans un EMS de Floride ne sontpasenreste:approcher lesEaglespour 900$, c’est pas donné. Mais

attendez: le dinner est comprisdans le forfait. Pour les Who, Ae-rosmith, Ozzy Osbourne ou lespré-jurassiques Yes, c’est lamême chanson. Faire une prièreavec Stryper, c’est une bénédic-tion qui coûtera 100$ d’aumône.

Depuis, toutes les dindes de lapop, Rihanna, Britney et Beyon-cé, s’y collent également. Vousavez 800$ en trop? Chouette,c’est justement ce que coûteune photo aux côtés de Christi-na Aguilera. Vous rêvez d’assis-ter au soundcheck de Justin Bie-ber? Crachez 350$ et c’est dansla poche, vous verrez le Bieberlide près.

Vraiment bon, Jovi?Lapalmerevientsanscontesteà

Bon Jovi et son «VIP Crush Pack-age»: pour la modique sommede 1875$, un tour en backstage

permet au fan de voir la loge deBonJovi, laguitaredeBonJovi, lagarderobe de Bon Jovi, la colla-tion de Bon Jovi, la beauty-casede Bon Jovi et même l’urinoirque Bon Jovi a honoré. Mais deBon Jovi, pas de trace. Vousn’imaginiez quand même pasque pour 1875$, vous seriez misen présence de Sa Sainteté, oubien?

Scandaleuse ou génialeScandaleuse et inadmissible

proposition pour les uns, génialepossibilité d’adouber son idole detoujoursenchairetenospourlesautres, une chose est sûre: les«Meet & Greet» et autres «VIPPackages» vont se multiplier àl’avenir. Le comble, c’est que sou-vent ce n’est même pas le vrai fanqui peut s’offrir ça. Parce que, pardéfinition,levraifanestfauché.[

Jennifer Jeanmonod, qui a payé son «VIP Golden Circle Package» le 14 juillet dernier au Letzigrund, a eu droit àun tour en backstage. Elle a frôlé la guitare de Bon Jovi, mais aurait préféré le «frôler» lui... DAVID JEANMONOD

LEO FENDER ET LES PAUL Mais quelle viaule aurait-on dû se farcir sans eux?

Où la guitare tient le rock par le mancheA ma gauche, Leo Fender, gé-

nial inventeur de la Stratocaster.A ma droite, Les Paul, non moinsgénial inventeur de la Les Paul.Deux points communs, ils sontnés en Amérique au début duvingtième siècle et ont radicale-ment changé la face de la musi-que populaire au début des an-nées cinquante.

Un bricoleur de génieLeo Fender, à l’inverse de Les

Paul, n’est pas musicien, maisc’est un bricoleur de génie qui in-vente une guitare sans caisse derésonance, avec un manche visséet des pick-up en suspension surun bout de plastique. Les Paul estun musicien aguerri, qui proposeuneplanchemassivecomportantunmanchedeguitareetdespick-up vissés à même le bois. En1946, il a été la risée des diri-geants de Gibson qui se souvin-rent de lui quand Fender com-mercialisa sa première guitaredès 1948. Toute en finesse et enlutherie, la première Les Paul ap-parut en 1952.

Au même moment, des pion-niers inventaient le rock‘n’roll surles bases d’un blues accéléré. Audébut, cette nouvelle musiqueétait basée sur une instrumenta-tion classique, contrebasse, batte-rie,pianoetsaxophone.FenderetLes Paul allaient bouleverser letableauenpermettantà laguitareélectrique de prendre le leader-ship et de ne plus le lâcher.

Où serait le rock?Imaginons un instant que ces

deux gaillards n’aient pas eu leurbrillante idée, où en serions-nousaujourd’hui et quelle aurait étél’évolution et l’impact du rock surlamusiqueetlasociété?Nul,c’estcertain. D’ailleurs l’histoire ne re-tient qu’un pianiste, et encore untotalement fêlé, point barre. Parcontre, les gratteux se comptentpar milliers.

Reprenons notre évolution. Lepiano, instrument majestueux s’ilen est, est intransportable. Etquasi insonorisable. Quant àchanter assis où à jouer du pianodebout, c’est un exercice peu ac-

cessible. Donc, exit le piano. Lacontrebasse, si elle excelle dans lejazz, voire le big band, elle netientpas ladistancedansuncom-bo rock. Certes, le rockabilly luifait connaître des beaux jours,maisçarestequandmêmelimité.Exit aussi. Quant au sax, difficilede jouer des accords dessus,même au nombre réduit de trois,ou de chanter en jouant. CQFD.Sans nos deux génies, plus demusique aujourd’hui.

Quoique, la technique évo-luant, quelqu’un aurait pu inven-ter un instrument électroniquequi imite tous ces sons et reste fa-cilement transportable. Et pourla batterie, on aurait égalementpu inventer un système qui fonc-tionne tout seul, émet des sons,tient le rythme et ne boit pas debière. Hein, comment dites-vous,un synthé? Une boîte à rythme?Voire même les musiciens rem-placés par un DJ?

Ah,maisc’estpasdurock,dites-vous?

Ouf, juste un cauchemar.[ PIERRE-ALAIN KESSILes Paul: un géant. LDD

LA PLAYLIST DE...Marcello [email protected]

PAUL PERSONNE A l’Ouest, Face A (2011)On était quasiment sans nouvelles de lui depuis 2007 et l’album«Amicalement blues» avec l’écorché Hubert-Felix Thiéfaine. MaisRené-Paul Roux, alias Paul Personne, est de retour. Et doublementpuisqu’il sort cette année «A l’Ouest» en deux parties: «Face A» enjuin et «Face B» en septembre. Du blues, du vrai, simple et efficace,avec des solos de guitare qui s’enchaînent à merveille. A 62 ans, savoix chaude et rocailleuse n’a pas changé. Décidément, un grandnom du blues français, ce Personne.

JETHRO TULL Aqualung (1971)Un disque de chevet. Tout le talent du multi-instrumentiste IanAnderson réuni sur un seul disque: du piano de «Up to me» enpassant par la flûte de «Bourée» de Bach et les guitares enragées de«Locomotive Breath». Sans oublier cette voix sauvage qui fait tremblerles plus petits. L’ère du rock progressif pouvait commencer. Siaujourd’hui le génial Ecossais ne lève plus la jambe sur scène, Ian necesse de tourner. Y’en a point comme lui.

SANTANA Abraxas (1970)Une véritable révolution un an après Woodstock. Le meilleur deCarlos Santana concentré dans un album. Avec notamment la plusbelle reprise de sa carrière sur le «Black Magic Woman», empruntéau répertoire de Fleetwood Mac. Et «Oye Como Va», véritable leçonde percussions. Carlos brille encore de mille feux avec «Samba PaTi» Avec ce son de guitare électrique, unique, magique, qui s’envolehaut, très haut... Indispensable dans toutes les discothèques.

QUEEN Live at Wembley Stadium (2011)Freddie Mercury aurait eu 65 ans le 5 septembre. Il n’y a pas plus belhommage que celui de nous faire revivre le concert de légendeenregistré les 11 et 12 juillet 1986 à Wembley, grâce à un DVD et undouble album. Avec l’une des plus belles voix de la planète rock. [

CHANT DU GROSAprès les très pathétiques faux Pink Floyd,on lui propose d’excellents faux Led Zeppelin!Damned! Après les montres Rolex et les sacs Hermès, voilà que lagalaxie rock se prend de passion pour les contrefaçons. Au Chant duGros, notamment, où on a eu tristement recours aux Australian PinkFloyd, bellâtres même pas beaux, pour tenter de ressusciter pour pastrop cher un mythe par ailleurs bien mité. Tu parles! A ce qu’il paraît,les fans du Floyd ont jugé la performance consternante. Quant auxâmes simples et autres gogos accourus pour le light show, paraît quele feu d’artifice du vendredi soir était encore mieux. Bien fait. Quandon veut faire passer du steak pour du filet...Histoire d’enfoncer le clou, certains esprits forcément psychédéliquesont même asséné que le petit groupe de régionaux qui a reprisrécemment Pink Floyd au Glatz et à L’Union, à Tramelan, était bienmeilleur que nos (quand même) onéreux kangourous. Bon, si le Grosveut néanmoins poursuivre sur cette curieuse lancée, on lui conseilled’engager les Chip’s, lumineux cover band helvète de Clapton. Kessijoue aussi bien que God, voire mieux. Et puis, il lui ressemble commedeux gouttes d’eau. Sûr que certains s’y laisseraient prendre.Mais il y a plus incisif encore. Que diraient les enthousiastes si on leurproposait les faux Led Zeppelin? Sachant que Plant, qui ne peut pluschanter – sauf du country – n’acceptera pas de reformer le groupe, onconseille aux fins dépisteurs du Gros d’écouter Lez (avec un z au lieudu d) Zeppelin. Immense avantage – ou désavantage, c’est selon –,on ne pourra pas les confondre avec les vrais. Tout simplement parcequ’il s’agit de quatre bonnes femmes qui ont notamment reproduit surCD le premier Led Zep. Le meilleur, accessoirement, où les trois quartsdes morceaux signés par les membres du gang originel avaientpourtant été froidement volés à quelques malheureux Blacksignorants ou étourdis. Ceci est une autre histoire.Pour en revenir à nos quatre nanas, il est pour le moins désopilant deles voir imiter avec bonheur cette coterie macho et phallo parexcellence qu’était Led Zep, quand bien même Robert Plant a toutpiqué – c’est une habitude – à une chanteuse, la regrettée JanisJoplin. Alors, les Lez (avec z, on insiste) Zeppelin, au Chant du Gros?Peut-être qu’avec un très bon light show résolument axé sur les effetssombres, certains n’y verraient encore que du feu. Surtout après unbon apéro. Quant au CD de ces demoiselles, rien que pour laperformance vocale, il vaut le détour.[ PIERRE-ALAIN BRENZIKOFER

NOUVEAUTÉDream Theater sans Mike Portnoy: oui, mais...Dans la grande et belle histoire du rock sous ses formes les plusdiverses, «A Dramatic Turn of Events» restera comme le premier albumde Dream Theater sans son batteur, compositeur, stratège et attaché depresse Mike Portnoy. L’œuvre à peine arrivée dans les bacs, elle invite àla réflexion. Sans Portnoy, avec Mike Mangini devant les fûts, rien n’achangé. C’est vrai, pourquoi jouer une note quand on peut en alignerune bonne douzaine? D’accord, c’est du prog-metal virtuose, bienficelé, avec plusieurs fresques à rallonge. Mais bon, au bout du compte,reste cette horrible certitude: «A Dramatic» empeste la redite.[ LK

Le comble, c’est que le vrai fan nepeut pas s’offrir ça. Car, pardéfinition, le vrai fan est fauché...