«MEET&GREET» CHANT DU GROS Payerpour … · chanter assis où àjouer du piano debout, c’est un...

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LE JOURNAL DU JURA SAMEDI 24 SEPTEMBRE 2011 26 RIFFS HIFI «MEET & GREET» Une mode qui évolue curieusement Payer pour rencontrer les stars, c’est désormais tendance PASCAL VUILLE La mode est aux «Meet & Greet», ces brèves rencontres qui permettent aux fans ultimes de serrer la pince de leurs idoles. Moyennant finance, of course. A l’heure où l’industrie du dis- que voit son chiffre d’affaires di- minuer de 25% en moyenne par année, les groupes de rock n’ont pas mis long avant de générer de nouvelles sources de gain. L’aug- mentation massive du prix des places de concert en général en est une: 140% depuis 1996, c’est aussi bien que nos primes LA- Mal… L’autre, qui vise les fans purs et durs en particulier, a fait son apparition en 2004. Cette année-là, Gene $immon$, cer- veau de Ki$$, a eu la bonne idée de proposer au bas peuple la pos- sibilité de rencontrer le groupe dans son apparat du dimanche. A celui qui débourse 1501 francs suisses, il est promis une photo avec Kiss au grand complet, des dédicaces, un T-shirt unique, un pass laminé, un poster limité et une place assise dans les pre- miers rangs. A Bercy, en 2008, ils étaient près de cent. Faites le compte… Que d’avantages... Une démarche originale qui of- fre parfois d’autres avantages (un set de plectres, une lithographie, des petits fours) et qui a trouvé grâce auprès d’autres groupes, sé- duits par cet argent si facilement et si rapidement amassé. Admi- rer les corps tatoués des Mötley Crüe, c’est possible pour $600. Pour un face-à-face terrifiant avec Alice Cooper, il faut débour- ser 475$. Même les combos sur le déclin s’y sont mis: 295$ pour côtoyer Cinderella (mais qui s’en souvient, de ceux-là?) ou 175$ pour Mr. Big. Les vieilles gloires qui ont déjà réservé leur place dans un EMS de Floride ne sont pas en reste: approcher les Eagles pour 900$, c’est pas donné. Mais attendez: le dinner est compris dans le forfait. Pour les Who, Ae- rosmith, Ozzy Osbourne ou les pré-jurassiques Yes, c’est la même chanson. Faire une prière avec Stryper, c’est une bénédic- tion qui coûtera 100$ d’aumône. Depuis, toutes les dindes de la pop, Rihanna, Britney et Beyon- cé, s’y collent également. Vous avez 800$ en trop? Chouette, c’est justement ce que coûte une photo aux côtés de Christi- na Aguilera. Vous rêvez d’assis- ter au soundcheck de Justin Bie- ber? Crachez 350$ et c’est dans la poche, vous verrez le Bieberli de près. Vraiment bon, Jovi? La palme revient sans conteste à Bon Jovi et son «VIP Crush Pack- age»: pour la modique somme de 1875$, un tour en backstage permet au fan de voir la loge de Bon Jovi, la guitare de Bon Jovi, la garderobe de Bon Jovi, la colla- tion de Bon Jovi, la beauty-case de Bon Jovi et même l’urinoir que Bon Jovi a honoré. Mais de Bon Jovi, pas de trace. Vous n’imaginiez quand même pas que pour 1875$, vous seriez mis en présence de Sa Sainteté, ou bien? Scandaleuse ou géniale Scandaleuse et inadmissible proposition pour les uns, géniale possibilité d’adouber son idole de toujours en chair et en os pour les autres, une chose est sûre: les «Meet & Greet» et autres «VIP Packages» vont se multiplier à l’avenir. Le comble, c’est que sou- vent ce n’est même pas le vrai fan qui peut s’offrir ça. Parce que, par définition, le vrai fan est fauché. Jennifer Jeanmonod, qui a payé son «VIP Golden Circle Package» le 14 juillet dernier au Letzigrund, a eu droit à un tour en backstage. Elle a frôlé la guitare de Bon Jovi, mais aurait préféré le «frôler» lui... DAVID JEANMONOD LEO FENDER ET LES PAUL Mais quelle viaule aurait-on dû se farcir sans eux? Où la guitare tient le rock par le manche A ma gauche, Leo Fender, gé- nial inventeur de la Stratocaster. A ma droite, Les Paul, non moins génial inventeur de la Les Paul. Deux points communs, ils sont nés en Amérique au début du vingtième siècle et ont radicale- ment changé la face de la musi- que populaire au début des an- nées cinquante. Un bricoleur de génie Leo Fender, à l’inverse de Les Paul, n’est pas musicien, mais c’est un bricoleur de génie qui in- vente une guitare sans caisse de résonance, avec un manche vissé et des pick-up en suspension sur un bout de plastique. Les Paul est un musicien aguerri, qui propose une planche massive comportant un manche de guitare et des pick- up vissés à même le bois. En 1946, il a été la risée des diri- geants de Gibson qui se souvin- rent de lui quand Fender com- mercialisa sa première guitare dès 1948. Toute en finesse et en lutherie, la première Les Paul ap- parut en 1952. Au même moment, des pion- niers inventaient le rock‘n’roll sur les bases d’un blues accéléré. Au début, cette nouvelle musique était basée sur une instrumenta- tion classique, contrebasse, batte- rie, piano et saxophone. Fender et Les Paul allaient bouleverser le tableau en permettant à la guitare électrique de prendre le leader- ship et de ne plus le lâcher. Où serait le rock? Imaginons un instant que ces deux gaillards n’aient pas eu leur brillante idée, où en serions-nous aujourd’hui et quelle aurait été l’évolution et l’impact du rock sur la musique et la société? Nul, c’est certain. D’ailleurs l’histoire ne re- tient qu’un pianiste, et encore un totalement fêlé, point barre. Par contre, les gratteux se comptent par milliers. Reprenons notre évolution. Le piano, instrument majestueux s’il en est, est intransportable. Et quasi insonorisable. Quant à chanter assis où à jouer du piano debout, c’est un exercice peu ac- cessible. Donc, exit le piano. La contrebasse, si elle excelle dans le jazz, voire le big band, elle ne tient pas la distance dans un com- bo rock. Certes, le rockabilly lui fait connaître des beaux jours, mais ça reste quand même limité. Exit aussi. Quant au sax, difficile de jouer des accords dessus, même au nombre réduit de trois, ou de chanter en jouant. CQFD. Sans nos deux génies, plus de musique aujourd’hui. Quoique, la technique évo- luant, quelqu’un aurait pu inven- ter un instrument électronique qui imite tous ces sons et reste fa- cilement transportable. Et pour la batterie, on aurait également pu inventer un système qui fonc- tionne tout seul, émet des sons, tient le rythme et ne boit pas de bière. Hein, comment dites-vous, un synthé? Une boîte à rythme? Voire même les musiciens rem- placés par un DJ? Ah, mais c’est pas du rock, dites- vous? Ouf, juste un cauchemar. PIERRE-ALAIN KESSI Les Paul: un géant. LDD LA PLAYLIST DE... Marcello Previtali [email protected] PAUL PERSONNE A l’Ouest, Face A (2011) On était quasiment sans nouvelles de lui depuis 2007 et l’album «Amicalement blues» avec l’écorché Hubert-Felix Thiéfaine. Mais René-Paul Roux, alias Paul Personne, est de retour. Et doublement puisqu’il sort cette année «A l’Ouest» en deux parties: «Face A» en juin et «Face B» en septembre. Du blues, du vrai, simple et efficace, avec des solos de guitare qui s’enchaînent à merveille. A 62 ans, sa voix chaude et rocailleuse n’a pas changé. Décidément, un grand nom du blues français, ce Personne. JETHRO TULL Aqualung (1971) Un disque de chevet. Tout le talent du multi-instrumentiste Ian Anderson réuni sur un seul disque: du piano de «Up to me» en passant par la flûte de «Bourée» de Bach et les guitares enragées de «Locomotive Breath». Sans oublier cette voix sauvage qui fait trembler les plus petits. L’ère du rock progressif pouvait commencer. Si aujourd’hui le génial Ecossais ne lève plus la jambe sur scène, Ian ne cesse de tourner. Y’en a point comme lui. SANTANA Abraxas (1970) Une véritable révolution un an après Woodstock. Le meilleur de Carlos Santana concentré dans un album. Avec notamment la plus belle reprise de sa carrière sur le «Black Magic Woman», emprunté au répertoire de Fleetwood Mac. Et «Oye Como Va», véritable leçon de percussions. Carlos brille encore de mille feux avec «Samba Pa Ti» Avec ce son de guitare électrique, unique, magique, qui s’envole haut, très haut... Indispensable dans toutes les discothèques. QUEEN Live at Wembley Stadium (2011) Freddie Mercury aurait eu 65 ans le 5 septembre. Il n’y a pas plus bel hommage que celui de nous faire revivre le concert de légende enregistré les 11 et 12 juillet 1986 à Wembley, grâce à un DVD et un double album. Avec l’une des plus belles voix de la planète rock. CHANT DU GROS Après les très pathétiques faux Pink Floyd, on lui propose d’excellents faux Led Zeppelin! Damned! Après les montres Rolex et les sacs Hermès, voilà que la galaxie rock se prend de passion pour les contrefaçons. Au Chant du Gros, notamment, où on a eu tristement recours aux Australian Pink Floyd, bellâtres même pas beaux, pour tenter de ressusciter pour pas trop cher un mythe par ailleurs bien mité. Tu parles! A ce qu’il paraît, les fans du Floyd ont jugé la performance consternante. Quant aux âmes simples et autres gogos accourus pour le light show, paraît que le feu d’artifice du vendredi soir était encore mieux. Bien fait. Quand on veut faire passer du steak pour du filet... Histoire d’enfoncer le clou, certains esprits forcément psychédéliques ont même asséné que le petit groupe de régionaux qui a repris récemment Pink Floyd au Glatz et à L’Union, à Tramelan, était bien meilleur que nos (quand même) onéreux kangourous. Bon, si le Gros veut néanmoins poursuivre sur cette curieuse lancée, on lui conseille d’engager les Chip’s, lumineux cover band helvète de Clapton. Kessi joue aussi bien que God, voire mieux. Et puis, il lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Sûr que certains s’y laisseraient prendre. Mais il y a plus incisif encore. Que diraient les enthousiastes si on leur proposait les faux Led Zeppelin? Sachant que Plant, qui ne peut plus chanter – sauf du country – n’acceptera pas de reformer le groupe, on conseille aux fins dépisteurs du Gros d’écouter Lez (avec un z au lieu du d) Zeppelin. Immense avantage – ou désavantage, c’est selon –, on ne pourra pas les confondre avec les vrais. Tout simplement parce qu’il s’agit de quatre bonnes femmes qui ont notamment reproduit sur CD le premier Led Zep. Le meilleur, accessoirement, où les trois quarts des morceaux signés par les membres du gang originel avaient pourtant été froidement volés à quelques malheureux Blacks ignorants ou étourdis. Ceci est une autre histoire. Pour en revenir à nos quatre nanas, il est pour le moins désopilant de les voir imiter avec bonheur cette coterie macho et phallo par excellence qu’était Led Zep, quand bien même Robert Plant a tout piqué – c’est une habitude – à une chanteuse, la regrettée Janis Joplin. Alors, les Lez (avec z, on insiste) Zeppelin, au Chant du Gros? Peut-être qu’avec un très bon light show résolument axé sur les effets sombres, certains n’y verraient encore que du feu. Surtout après un bon apéro. Quant au CD de ces demoiselles, rien que pour la performance vocale, il vaut le détour. PIERRE-ALAIN BRENZIKOFER NOUVEAUTÉ Dream Theater sans Mike Portnoy: oui, mais... Dans la grande et belle histoire du rock sous ses formes les plus diverses, «A Dramatic Turn of Events» restera comme le premier album de Dream Theater sans son batteur, compositeur, stratège et attaché de presse Mike Portnoy. L’œuvre à peine arrivée dans les bacs, elle invite à la réflexion. Sans Portnoy, avec Mike Mangini devant les fûts, rien n’a changé. C’est vrai, pourquoi jouer une note quand on peut en aligner une bonne douzaine? D’accord, c’est du prog-metal virtuose, bien ficelé, avec plusieurs fresques à rallonge. Mais bon, au bout du compte, reste cette horrible certitude: «A Dramatic» empeste la redite. LK Le comble, c’est que le vrai fan ne peut pas s’offrir ça. Car, par définition, le vrai fan est fauché...

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LE JOURNAL DU JURA SAMEDI 24 SEPTEMBRE 2011

26 RIFFS HIFI

«MEET & GREET» Une mode qui évolue curieusement

Payer pour rencontrer lesstars, c’est désormais tendancePASCAL VUILLE

La mode est aux «Meet &Greet», ces brèves rencontresqui permettent aux fans ultimesde serrer la pince de leurs idoles.Moyennant finance, of course.

A l’heure où l’industrie du dis-que voit son chiffre d’affaires di-minuer de 25% en moyenne parannée, les groupes de rock n’ontpas mis long avant de générer denouvelles sources de gain. L’aug-mentation massive du prix desplaces de concert en général enest une: 140% depuis 1996, c’estaussi bien que nos primes LA-Mal… L’autre, qui vise les fanspurs et durs en particulier, a faitson apparition en 2004. Cetteannée-là, Gene $immon$, cer-veau de Ki$$, a eu la bonne idéede proposer au bas peuple la pos-sibilité de rencontrer le groupedanssonapparatdudimanche.Acelui qui débourse 1501 francssuisses, il est promis une photoavec Kiss au grand complet, desdédicaces, un T-shirt unique, unpass laminé, un poster limité etune place assise dans les pre-miers rangs. A Bercy, en 2008, ilsétaient près de cent. Faites lecompte…

Que d’avantages...Une démarche originale qui of-

fre parfois d’autres avantages (unset de plectres, une lithographie,des petits fours) et qui a trouvégrâceauprèsd’autresgroupes, sé-

duits par cet argent si facilementet si rapidement amassé. Admi-rer les corps tatoués des MötleyCrüe, c’est possible pour $600.Pour un face-à-face terrifiantavec Alice Cooper, il faut débour-ser 475$. Même les combos surle déclin s’y sont mis: 295$ pourcôtoyer Cinderella (mais qui s’ensouvient, de ceux-là?) ou 175$pour Mr. Big. Les vieilles gloiresqui ont déjà réservé leur placedans un EMS de Floride ne sontpasenreste:approcher lesEaglespour 900$, c’est pas donné. Mais

attendez: le dinner est comprisdans le forfait. Pour les Who, Ae-rosmith, Ozzy Osbourne ou lespré-jurassiques Yes, c’est lamême chanson. Faire une prièreavec Stryper, c’est une bénédic-tion qui coûtera 100$ d’aumône.

Depuis, toutes les dindes de lapop, Rihanna, Britney et Beyon-cé, s’y collent également. Vousavez 800$ en trop? Chouette,c’est justement ce que coûteune photo aux côtés de Christi-na Aguilera. Vous rêvez d’assis-ter au soundcheck de Justin Bie-ber? Crachez 350$ et c’est dansla poche, vous verrez le Bieberlide près.

Vraiment bon, Jovi?Lapalmerevientsanscontesteà

Bon Jovi et son «VIP Crush Pack-age»: pour la modique sommede 1875$, un tour en backstage

permet au fan de voir la loge deBonJovi, laguitaredeBonJovi, lagarderobe de Bon Jovi, la colla-tion de Bon Jovi, la beauty-casede Bon Jovi et même l’urinoirque Bon Jovi a honoré. Mais deBon Jovi, pas de trace. Vousn’imaginiez quand même pasque pour 1875$, vous seriez misen présence de Sa Sainteté, oubien?

Scandaleuse ou génialeScandaleuse et inadmissible

proposition pour les uns, génialepossibilité d’adouber son idole detoujoursenchairetenospourlesautres, une chose est sûre: les«Meet & Greet» et autres «VIPPackages» vont se multiplier àl’avenir. Le comble, c’est que sou-vent ce n’est même pas le vrai fanqui peut s’offrir ça. Parce que, pardéfinition,levraifanestfauché.[

Jennifer Jeanmonod, qui a payé son «VIP Golden Circle Package» le 14 juillet dernier au Letzigrund, a eu droit àun tour en backstage. Elle a frôlé la guitare de Bon Jovi, mais aurait préféré le «frôler» lui... DAVID JEANMONOD

LEO FENDER ET LES PAUL Mais quelle viaule aurait-on dû se farcir sans eux?

Où la guitare tient le rock par le mancheA ma gauche, Leo Fender, gé-

nial inventeur de la Stratocaster.A ma droite, Les Paul, non moinsgénial inventeur de la Les Paul.Deux points communs, ils sontnés en Amérique au début duvingtième siècle et ont radicale-ment changé la face de la musi-que populaire au début des an-nées cinquante.

Un bricoleur de génieLeo Fender, à l’inverse de Les

Paul, n’est pas musicien, maisc’est un bricoleur de génie qui in-vente une guitare sans caisse derésonance, avec un manche visséet des pick-up en suspension surun bout de plastique. Les Paul estun musicien aguerri, qui proposeuneplanchemassivecomportantunmanchedeguitareetdespick-up vissés à même le bois. En1946, il a été la risée des diri-geants de Gibson qui se souvin-rent de lui quand Fender com-mercialisa sa première guitaredès 1948. Toute en finesse et enlutherie, la première Les Paul ap-parut en 1952.

Au même moment, des pion-niers inventaient le rock‘n’roll surles bases d’un blues accéléré. Audébut, cette nouvelle musiqueétait basée sur une instrumenta-tion classique, contrebasse, batte-rie,pianoetsaxophone.FenderetLes Paul allaient bouleverser letableauenpermettantà laguitareélectrique de prendre le leader-ship et de ne plus le lâcher.

Où serait le rock?Imaginons un instant que ces

deux gaillards n’aient pas eu leurbrillante idée, où en serions-nousaujourd’hui et quelle aurait étél’évolution et l’impact du rock surlamusiqueetlasociété?Nul,c’estcertain. D’ailleurs l’histoire ne re-tient qu’un pianiste, et encore untotalement fêlé, point barre. Parcontre, les gratteux se comptentpar milliers.

Reprenons notre évolution. Lepiano, instrument majestueux s’ilen est, est intransportable. Etquasi insonorisable. Quant àchanter assis où à jouer du pianodebout, c’est un exercice peu ac-

cessible. Donc, exit le piano. Lacontrebasse, si elle excelle dans lejazz, voire le big band, elle netientpas ladistancedansuncom-bo rock. Certes, le rockabilly luifait connaître des beaux jours,maisçarestequandmêmelimité.Exit aussi. Quant au sax, difficilede jouer des accords dessus,même au nombre réduit de trois,ou de chanter en jouant. CQFD.Sans nos deux génies, plus demusique aujourd’hui.

Quoique, la technique évo-luant, quelqu’un aurait pu inven-ter un instrument électroniquequi imite tous ces sons et reste fa-cilement transportable. Et pourla batterie, on aurait égalementpu inventer un système qui fonc-tionne tout seul, émet des sons,tient le rythme et ne boit pas debière. Hein, comment dites-vous,un synthé? Une boîte à rythme?Voire même les musiciens rem-placés par un DJ?

Ah,maisc’estpasdurock,dites-vous?

Ouf, juste un cauchemar.[ PIERRE-ALAIN KESSILes Paul: un géant. LDD

LA PLAYLIST DE...Marcello [email protected]

PAUL PERSONNE A l’Ouest, Face A (2011)On était quasiment sans nouvelles de lui depuis 2007 et l’album«Amicalement blues» avec l’écorché Hubert-Felix Thiéfaine. MaisRené-Paul Roux, alias Paul Personne, est de retour. Et doublementpuisqu’il sort cette année «A l’Ouest» en deux parties: «Face A» enjuin et «Face B» en septembre. Du blues, du vrai, simple et efficace,avec des solos de guitare qui s’enchaînent à merveille. A 62 ans, savoix chaude et rocailleuse n’a pas changé. Décidément, un grandnom du blues français, ce Personne.

JETHRO TULL Aqualung (1971)Un disque de chevet. Tout le talent du multi-instrumentiste IanAnderson réuni sur un seul disque: du piano de «Up to me» enpassant par la flûte de «Bourée» de Bach et les guitares enragées de«Locomotive Breath». Sans oublier cette voix sauvage qui fait tremblerles plus petits. L’ère du rock progressif pouvait commencer. Siaujourd’hui le génial Ecossais ne lève plus la jambe sur scène, Ian necesse de tourner. Y’en a point comme lui.

SANTANA Abraxas (1970)Une véritable révolution un an après Woodstock. Le meilleur deCarlos Santana concentré dans un album. Avec notamment la plusbelle reprise de sa carrière sur le «Black Magic Woman», empruntéau répertoire de Fleetwood Mac. Et «Oye Como Va», véritable leçonde percussions. Carlos brille encore de mille feux avec «Samba PaTi» Avec ce son de guitare électrique, unique, magique, qui s’envolehaut, très haut... Indispensable dans toutes les discothèques.

QUEEN Live at Wembley Stadium (2011)Freddie Mercury aurait eu 65 ans le 5 septembre. Il n’y a pas plus belhommage que celui de nous faire revivre le concert de légendeenregistré les 11 et 12 juillet 1986 à Wembley, grâce à un DVD et undouble album. Avec l’une des plus belles voix de la planète rock. [

CHANT DU GROSAprès les très pathétiques faux Pink Floyd,on lui propose d’excellents faux Led Zeppelin!Damned! Après les montres Rolex et les sacs Hermès, voilà que lagalaxie rock se prend de passion pour les contrefaçons. Au Chant duGros, notamment, où on a eu tristement recours aux Australian PinkFloyd, bellâtres même pas beaux, pour tenter de ressusciter pour pastrop cher un mythe par ailleurs bien mité. Tu parles! A ce qu’il paraît,les fans du Floyd ont jugé la performance consternante. Quant auxâmes simples et autres gogos accourus pour le light show, paraît quele feu d’artifice du vendredi soir était encore mieux. Bien fait. Quandon veut faire passer du steak pour du filet...Histoire d’enfoncer le clou, certains esprits forcément psychédéliquesont même asséné que le petit groupe de régionaux qui a reprisrécemment Pink Floyd au Glatz et à L’Union, à Tramelan, était bienmeilleur que nos (quand même) onéreux kangourous. Bon, si le Grosveut néanmoins poursuivre sur cette curieuse lancée, on lui conseilled’engager les Chip’s, lumineux cover band helvète de Clapton. Kessijoue aussi bien que God, voire mieux. Et puis, il lui ressemble commedeux gouttes d’eau. Sûr que certains s’y laisseraient prendre.Mais il y a plus incisif encore. Que diraient les enthousiastes si on leurproposait les faux Led Zeppelin? Sachant que Plant, qui ne peut pluschanter – sauf du country – n’acceptera pas de reformer le groupe, onconseille aux fins dépisteurs du Gros d’écouter Lez (avec un z au lieudu d) Zeppelin. Immense avantage – ou désavantage, c’est selon –,on ne pourra pas les confondre avec les vrais. Tout simplement parcequ’il s’agit de quatre bonnes femmes qui ont notamment reproduit surCD le premier Led Zep. Le meilleur, accessoirement, où les trois quartsdes morceaux signés par les membres du gang originel avaientpourtant été froidement volés à quelques malheureux Blacksignorants ou étourdis. Ceci est une autre histoire.Pour en revenir à nos quatre nanas, il est pour le moins désopilant deles voir imiter avec bonheur cette coterie macho et phallo parexcellence qu’était Led Zep, quand bien même Robert Plant a toutpiqué – c’est une habitude – à une chanteuse, la regrettée JanisJoplin. Alors, les Lez (avec z, on insiste) Zeppelin, au Chant du Gros?Peut-être qu’avec un très bon light show résolument axé sur les effetssombres, certains n’y verraient encore que du feu. Surtout après unbon apéro. Quant au CD de ces demoiselles, rien que pour laperformance vocale, il vaut le détour.[ PIERRE-ALAIN BRENZIKOFER

NOUVEAUTÉDream Theater sans Mike Portnoy: oui, mais...Dans la grande et belle histoire du rock sous ses formes les plusdiverses, «A Dramatic Turn of Events» restera comme le premier albumde Dream Theater sans son batteur, compositeur, stratège et attaché depresse Mike Portnoy. L’œuvre à peine arrivée dans les bacs, elle invite àla réflexion. Sans Portnoy, avec Mike Mangini devant les fûts, rien n’achangé. C’est vrai, pourquoi jouer une note quand on peut en alignerune bonne douzaine? D’accord, c’est du prog-metal virtuose, bienficelé, avec plusieurs fresques à rallonge. Mais bon, au bout du compte,reste cette horrible certitude: «A Dramatic» empeste la redite.[ LK

Le comble, c’est que le vrai fan nepeut pas s’offrir ça. Car, pardéfinition, le vrai fan est fauché...