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ORGANISATION E L UNITE
AFRICAINE
CENTRE
l E ~ U E S
LINGUISTIQUES
ET HISTORIQUES PAR
TRADITION
ORALE
LE JEU
ET
L P ROLE
Manqon NI NG
CELHTO WC/2
Noverttbre 1981
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2
INtRODU TION
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Nommer une science qui s a o ~ e l 1 e l i n ~ u i s t i q u e en parlant
d'une autre qui se di t a n t h r ~ ~ o g i e ,
c 'es t
imrylicitement relever
ce que toutes les sciences
de
l h o ~ ~ e doivent la rvolution
du
langage
Parmi les
dettes contractes
envers
la
l inguist ique,
celle
de
l 'anthropologie
est
d ~
loin la plus i m ~ o r t a n t e . Et,
deouis
que le l inguiste
a
cess
de
s'occuper d'une langue-f ic t ion, l ' an
thropologue
tente
de
s i t u e r nouveau son objet ,
l ' au t re ,
en red
f inissant l 'pistmologie
de ~ a scienceo
C'est a insi que, pour ce
dernier , s 'effectue
le passage de
l 'e thnologie l 'anthropologie,
celle-ci
comprise
comme point
de
dpart
(et , qui sa i t ? ~ o i n t d 'ar
rive)
de
diffrentes
oistm (1) 0
Prcisant le
cham? de l 'anthropologie,
Cl. L E V I - S T R ~ U S S
ins i s ta i t
sur
ce
qui
fa i t
cet te
science
srrioloaie.
Nul,
c r i t - i l ,
une
contestera
que
l ' anthro:,?ologie c o ~ n , t e dans son chaIn??
l;)ro ?re
cer
tains au moins de ces systmes de signes, auxquels sOajoutent beau
coup
d'autresg langage mythique, signes oraux e t
gestuels
dont
se
compose le r i tue l , rgles
de
mariage, systmes
de
~ a r e n t , lois cou
t u m i ~ r e s ,
certaines
modalits des
'c."'anges
conomiques
(
1973,
p.
18 ) . Smiotiques non-linguistiques
ou
pratiques langagires qui
- - - - - - - - - - - - ~ - - - - ~ - -
1.
M.
FOUCAULT met cet te charge
dans
le
terme d'anthropologie;
d'un autre ct avec Cl. LEVI STRAUSS 1 9 a n t h r o ~ o l o g i e cesse
de
se
rduire l ' au t re t rooical . Tmoin,
l est le
seul
chercheur
dont
l 'oeuvre,
applique aux
socits
occidentales
peut rs is te r
(car
cet te
oeuvre
insis te
sur
ce
qU'i l
y
a de
plus universel dans l h o r o m e ~
le
langage). Cela v ~ u t dire quoi?
Que,
simplement,
la
nature
a hor
reur
du
vide, e t que peuple
de
la nature
(u t i l i s , on
se souvient,
par
Freud dans
Totem
e t tabou), a
n'exis te
pas. Parce qu'existp.
le
langage e t ,
s ' i l
es t
l ,
c 'es t lui
qui va
contre la nature, qui
es t contre-natureo C'est
i c i d'ai l leurs
que Lvi-Strauss rencontre
Rousseau,
pour qui, la nature n ' ta i t
qu'une
f ic t ion.
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qui se donnent
comme
l a n ~ ~ ~ aans la
mesure o
el les vr i f ient
ce
que U r r ~ e r t o ECO appelle I
1
hypothse
s ~ i o t i q u e (1972, p. 13) e t que
l 'anthropologie ne peut
sa is i r
qu' condition de se constit.uer
c o ~ -
me
s m i o t i g u ~
(1).
A
ce
niveau-l,
Saussure
e t
Freud
appartiennent
aussi
bien
l thropologie qu. leurs discipl ines respectives
parce que, les premiers, i l s ont essay de s y s t ~ m a t i s e r le langage
sans
que
1
8
homme - objet fondamental de l 'anthropologie -
so i t
exclu de
cette systmatlsaticn
(2) 0 Nous ne
parlons
pas de Freud
de
Totem
e t
Tabou qui cr i t rapidement un l ivre en par t ie contre
K o
Jung,
qui
t ravai l le
sur
des matriaux de
seconde
main ( i l
u t i l i sa i t
i c i Frazer
e t autres
comme, du
reste,
~ a r x ut i l i sa i t
les
conomistes bourgeois),
e t qui baigne
en
plein
darwinisme;
nous
parlons
de
Freud - e t celui-ci
se
donne connatre -
qui
es t tout
1. Nous uti l isons le terme de smiotigue
au l i eu
de smiologie con
formment la
dcision
arrte en Janvier 1969
par
l iAssociation
internationale de
smiotique .
2.
Dans un
sens,
nous disons
la
mme chose que Go
DELEUZE e t
F. GATTARI
lo rsqu i l s donnent la Gnalogie de la morale de
NIETZSCHE
comme
le grand l ivre de l 'e thnologie
moderne
(1972, p:?o
224-225) 0 Et c e s t vraio
Le
primitif ou
le sauvage
n
es t
un tre
qui porte
une
inscript ion dans sa
chair , autrement
il sera i t un
homme sans langage.
Comme
tout tre de langage,
il
es t marquo Com-
mentant
i : ~ i e t z s c h e ,
Deleuze e t
Gattari
crivent:
Toute
la
stu9idit
e t
l i a rb i t ra i re
des
lo is , toute la douleur des
in i t ia t ions ,
tout
l apparei l pervers
de
la
rpression
e t de l 'ducat ion, les fers rou
ges
e t
les procds
atroces
n'ont que ce
sens, dresser
l'homme, le
marquer
dans
sa chair , le rendre capable d a l l iance , le former
dans
la relat ion
crancier-dbiteur qui ,
des
deux
cts, se
trouve
t re
une
affaire
de mmoire (une mmoire
tendue vers l aven i r ) .
Loin
d tre
une apparence que prend l 'change,
la dette es t l e f f e t
im
mdiat ou
le moyen
direct de
l insc r ip t ion
te r r i tor ia le e t
corporel
le . La
det te
dcoule tout droi t
de
l inscr io t iono/
/
Que les in
nocents
subissent
toutes
les marques dans leurs
corps, cela
vient
de
lVautonorrie
respective de
la
voix e t
du
g r a ~ h i s r o e , e t aussi de
l oe i l autonome qui en t i r e pla i s i r . Ce n es t pas parce qu'on
s o u ~ -
onne
c h a c u n ~
d a v a ~ c e ,
dVtre
un
mauvais
dbiteur
fu tu r ;
ce se
ra i t plutt le
contraire
C e : : ; ~
le
mauvais dbiteur qu'on doit
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~
5
le
temps
l a f f t
de ce
qui
fonctionne, du Freud l inguiste
dont
parle e t se rclame
Jo
~ ~ C l ~ l
(1)
e
Cl.
Lvi-Strauss
a
raison
d'crire
qu'"aprs
Rousse \u,
Harx,
Durkheim;
S a U 3 S ~ 1 r e
e t
Freud';,
c es t
l 'ob
j e t autre dvoile
'route
t. 1.Ol:ie de texte es t
t1.11e thorie
de
lecture, mais
qui
renvoie
la
socit
c o ~ ~ e p ~ a t i q u e d r c r i ~ l l r e o
Trans-linguistique,
le
terme
'cri ture
annexe
la parole ou le d i s ~ o u r s e t dtrui t toute
prdominance
de l cr i lJ.re p r o ~ r e m e n t di te sur la l?arole (rat?pelons
que
ce
fut
l
la
p : r o c c u ~ a t i o n
,-les
?remiers
novateurs
grecs
en
l in-
g u i s t i q u e ~
le
dbat SUT. la langue
upurenooo) 0 I l t radui t
donc ic i
une
signification t r s ~ c t u e l l e par quoi, il faut l 'avouer, sGaf
firme
toute alliance
entre
Linguistique
e t (Psychanalyse
d'abord)
Anthropologie: toute pratique de parole (orale cri te) 0
I l nous arr ivera donc
de parler
d 'cr i ture orale e t nous en
tendons bien ne pas tre contradictoire, tant
compris
qu'cr i ture ,
au
sens
large, renvoie
toute
inscription
fa i te aussi
bien sur
la
terre que
sur
la chair,
dans tous
les cas marque
dans
une mmoire,
celle-l
sociale, en la.quelle 1> r o LEROI-GOURH.hl1
voi t le rece";)tacle
des nombres, couleurs e t
vertus,
lments e t plantes ,
bref
tout svs
tme structurant du symbole 0
~ ~ ~ ~ ~
comprendre
COI C .me
s i
les
marques
n'avaient
pas
suffisaroment
"pris"
sur lui ;
comme
s il ta i t ou avait t dmarqu. I l n a fa i t qu'lar
gir
au-del des
l imites permises l car t qui
s ~ a r a i t la voix
d a l -
l iance
e t le corps
de
f i l ia t ion , au
point
qu i l faut
r tabl i r
l qui -
l ibre
par un
surcrot de douleur".
10
RlCe
qu'on
voi t , dans Freud, c es t
un
homme qui es t tout le temt;>s
en
t rain
de
se
dbattre
pour
c h a q u ~
morceau de
son
matriel
l inguis
t ique, d;
~
faire jouer ~ _ e s ? "ticulations Voil Freud
Un
l inguiste".
(
in
F j ~ a r c L i t t ~ a i r . e
1er
Dc.
1966, Interview
de
J . LACAN) 0
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- 6 -
La
t radit ion
orale, en ce qu el le reformule
en
~ e r . m a n e n c e
les
donnes
du
fonctionnement
siqnifiant , pose
e f f e c t i v e ~ e n t tout le
problme de la syntaxe
sociale
f I l Y
a
un
os entre eux:,
t e l le es t la forroule
qu u t i l i
sent les
Nuer pour parler
d un
Blocd Feud une
vendetta)
qui exis te
entre
deux
groupes ou deux uarentages EoEoEo PRITCHARD, 1968,
po
182)0
Qu invoque
cet te dimension
mtaphorique: l h o ~ r n e mort ou
le btai l compensateur qui rompt
l h o s t i l i t ?
Dans
les
langues
orales, le
silence
es t
un lment
de
discours et , partant , a une distr ibut ion dans la chaine
parleo
Une
grammaire
qui gnre le non-mot dpasse la
langue
dans une ponctua
t ion
extra-l inguistique
qui
a valeur
pertinenceo
Historici t aff i r
me
du discours: nIa
structuration des
textes
0 0 0 l ordre
d engendre
ment, dDcriture
des mots,
des noncs, des squences
~ t
en
jeu
une stratgie idologico-culturelle
l l
(D. ~ A I S E R G R U B E R
1974)
0
Si
11homme
contient l no nciat ion,
~ a r
inclusion,
la
seule
tude de l a
langue
digne de
ce nom doit , pour
tre
explica
t ive; rendre formalisable
le procs de
la c o ~ ~ u n i c a t i o n . Ainsi, se
trouve
rvl ce qui apparat encore confusment lorsqu on fa i t
l t a t
des
travaux
les
plus
rcents: l i n t r t
suprieur
du
texte
en tant que
pr-texte
- c es t dire la ~ e r t i n e n c e du rfrent
social
tota l .
Et
c e s t
justement
ce
que
CIo
BREMOND
a
voulu
dire
en
crivant
au
terme
d un
texte sur
la logique des
possibles narrat i fs :
IITechnique
d analyse l i t t ra i re , la
sn ologie
du
rc i t t i r e
sa
possibi l i t e t sa fcondit
de
son
enracinemant
dans
une
anthropolo
gie
l l
(1966)
0
Ds lors , on comprend que
nous
insis tons sur la
notion
de
l ido- logiqueet du schma perscutif cfo
M o
AUGE, 1974 ) .
Contemporain de B. Pascal
e t
de Ro Desaartes, Kocc BARMA
F ~ ~
(1) es t
un
penseur
du KnjoOr(Actuelle Rgion de DIOURBEL
au
Sngal). Bien qu i l
n a i t pas vu
ses rflexions
confies ~
1 . Nous conservons la g r a ~ h i e
wolof
du nomo
En
franais
l convien
drai t
peut-tre d cr i re
KOTq B ~ FALLo
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- 7 -
l c r i t u r e ~ x o c c
est
prsent ~ s l e spr i t de chaque Sngalais,
au
point
d'appartenir un
fonds
mythique
commun
aux Wolof,
Serer,
Peul
e t
Manding. C'est
ainsi
que nous le retrouvons partout aussi
bien
dans
les
cr i t s
laisss
par
les
anciens
administrateurs
(Faidherbe, Beranger-Ferraud,
etc
)
que dans
les textes les Qlus
modernes des crivains sngalais: Birago
DIOP,
Sernbne O U S r W ~ F
Lopold So SENGHOR,
00
La mmoire sociale nous le
rest i tue
comme un sage dfiant
les
pouvoirs,
tournant
en drision
le pouvoir, et , para i t - i l ,
plus
d'un
roi
a
perdu
son
trne
cause e
luio
"DAOU
DEIf1BA engagea avec Kothe une joute in te l lec
tuel le ,
esprant
l 'amener se rendre coupable de lse
majest. Kothe (Koce) sut ne pas sor t i r des
limj.tes
germises
sans
toutefois hsi ter rpondre
au
qarnel (roi
du Kajoor).
"Le damel avait dja diverses reprises
envoy
auprs de Kothe d'ineptes
enfants
pour lOobsder e t
faire
russir
le
dessein
du dame .
Pour l
aT 10rcer, i l s dnigraie lt
devant Kothe les
actes
du
souverain,
mais
tous leurs e ~ -
dients se
noyrent dans
l 'unique sublime
g e r s i f l a ~ e
c i - a ~ r s ,
que
l ' indolent
D OU
D E I ~ A
e t
ses
jeunes
espions pr i rent
pour
un loge suprme. "f '1on enfant, garde-toi bien
de
cri t i
quer les excellentes rgles nouvellement
appliques
aprs
une intel l igente
combinaison.
Une
quit
digne
d'loges
les
guide
" 1) .
~ o c c dclara un jour
que
personne
ne pouvait
l 'amener
men
t i r
par simple
ruse.
Le
roi en eut
vent e t le
f i t
a p ~ e l e r .
"
Le
damel donne l 'ordre de se l l e r son
cheval
e t
tous
les
autres
de
la
capitale
e t
dclara
que
tout
le
monde
lRaccompagnerait pour a l le r voir la l ingure ( la reine-mre),
qui ta i t alle
faire
un sjour
U'DIAKHERE,
sa
capitale-
1 . Ro ROUSSEAU, "Etude sur le Kajoor",Bulletin du Comit d'Etudes
Historiques e t Scientifiques de l'AOF, Avril-Juin 1933; "Etude
sur le Cayor", Bulletin de 1.' IFAN,
t . I I I ,
19410
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- 8 -
Partout
cet
ordre
s 'excutai to
I l sor t i t ,
mit un de ses
pieds l t r i e r e t se
retournant
parla avec ceux qui se
t rouvaient
l ,
faisant
croire qu 'auss i t t l en t re t ien
termin l monterait
cheval
I l
di t
} K o t h e ~ UMonte
cheval
Kothe e t cours vite dire
ma
mre
que c es t
auprs d e l l e que je ~ a s s e r a i le reste de la journe e t
la nui t
suivante. Qu'elle
prpare
b e a u c o u ~ de couscous;
e t to i , ne rentre pas
DIAMATILE
sans r e ~ a s s e r
?rs
de
moi:
je t iens
connatre
s i
mon ordre
a t
bien
t r a n s ~ i s .
Kothe
courut
3
toute
bride,
se
rendit
N' DllHRE,
s acqui t ta f i d l e ~ e n t de sa mission, en disant
Khour
dia
Rouly
( la
reine m ~ r e ) qU'i l avait la iss lV
un
des
pieds
de son f i l s
dans
un des t r ie rs e t l au t re par
terre ,
e t
qU'i l ignorai t lequel des deux re joindrai t
l 'autreo
Aussitt,
Kothe
~ a r t i ,
le roi
di t
desseler
son
cheval e t
publia contre
ordre .
De
retour
au
village,Kocc al la voir le
ro i , qui
lui di t :
Eh
bien
Kothe, r ien n es t d i f f i c i l e un r o i ; je
t a i bien
fa i t
mentir
malgr tes f ires vantardises .
C'est
tout le
contraire,
lu i rpondit Kothe. Aprs avoir
exactement
communiqu
ta
commission ta
mre, je lu i
ai
bien f a i t remarquer
que
j avais la iss
un de tes
pieds
l t r i e r e t l au t re par te r re ,
e t
que
j ignora is
lequel
des
deux
rejoindrai t l 'autreo Tu vois
donc
que
je n a i
pas menti
0
1)
I l
existe dans l 'anthologie l i t trai re-orale wolof d i n n o ~ b r a -
bles
rc i ts
de
ce
type
o
Roce
in terv ient
sans
aucun
recours
quelcon
que. Discours
sujet
J . KRISTEVA, 1975, 1;). 231) ,
mi-chemin
de
l h i s to i re
( le
suje t
y es t si tu
historiquement)
e t du mythe ou du
~ ~ ~ ~ ~
1
R. ROUSSEAU, o o ~ o
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conte (les oprations voqUent
le
t r i cks ter africain) ,
ce
genre
de
rc i t
ne seroble proposer aucune mthode de
penSe. Or nous savons, depuis le Totmisme Aujourd'hui,
que
le bia is
par
le
monde
animal
ou
vgtal
n 'a
presque
pas
d'autre
signification.
Nous avons
dans cette
analyse,
fidie
en cela
l 'enseignement
de V
o
PROPP encore qu ' i l
n 'a i t
dgag
que des rgles valables pour les
contes
merveilleux (europens) 1) , fa i t ressor t i r les fonctions
des diffrentes variantes du mme rc i t . Ceci ne ~ o u v a i t
se faire sans que
soi t
prcise
la s t ra tgie
du
sujet
chez
le
t r iCkster
forme humaineo
Car dans
les
contes
serer ,
peul e t manding,
c 'es t bien
sr Roce en tant
qu'tre nomm e t historiquement dat qui disoarait .
I l
arrive
aussi
que la
femme d i s ~ a r a i s s e o
Ce qui fa i t
cr i re
Lo
KESTELOOT:
IISachez donc que le
mme conte
existe ,
exactement le
mme chez les Toucouleurs/les Peull
mais
sans personnage fminin. C'est l 'enfant
qui
provo-
que la
malfaisance
des
gnies
e t
la
ruine de la familleo
La fell me n 'es t d.onc ic i que le double de l 'enfant o Dans
la part ie I I I nous analysons la position de la
femme
e t
de l 'enfant
dans
le schma du l ignage, position
qui
ne
va pas
sans cel le
des
Vieux. Le s ta tu t de
la
mort claire
celui de la
vieo
Alors, IIsi l 'on s 'abs t ient de toute
. manifestation pour
la
mort d'un enfant, ou pour cel le
d'une femme
enceinte,
par contre,
le
dcs d'un vie i l la rd
es t
entour
de
r i tes
importants , note
C.B.
MA.THON
1971)
1. 10
J ;a i
tent
de prouver
jadis
que
les invariants dans les
contes
merveilleux
sont
les
actes
des
personnanges e t
les variables
les
ex-
cutants de ces acteso
Aussi, la tY90logie e ~
contes merveilleux
e t
l ' tablissement des
~ h m e s ne
pourront
~ t r e
constitus
que sur
les
ac-
tes des personnageso
I l mGest im?ossible d'aff irmer que
cet te loi
con-
cerne toute la l i t tra ture
orale.
I l es t ncessaire,
au
d ~ a r t
de
prciser pour
chaque
genre les variables e t les tnvariants
f V.
PROPP
Actesooo,
Moscou 1969).
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- 10
Cette
part ie prcise
aussi la
formulation tautolo
gique
du concept de signification (1) .
Les parties I I e t V donnent respectivement
les s i -
gnifications
de
l ac t iv i t
1udi1ue
e t
de
l 'ordre de
IDin
version
dans les contes.
1.
"Si
tout
langage
es t
d'abord
une
t o t a l i t
s ign i f i an te ,
l
n'existe
pas,
dans
le langage, des
structures
qui
ne soient
des
structures
de
signification" AoJo GREI -mS, 1964)
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\
r
1
r
\
\
l
1 TEXTE
iIORS
T XT
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- 12 -
NOTATIONS SYMBOLIQUES DES JOUEURS, DES VERITES
ET DES
ELEMENTS - SUJETS :
X : Roi
Rocc
t
JIGSZN S P ~ ~ TE
BUL w60Lu
Aime
ta
femme F) mais ne
lui
fa is
pas
confiance
BUUR
DU MBOKK
Un
ro i
R) n es t pas un
parento
DOOMU
JIITLE DU Do M
Un
enfant
adoptif E) n es t
pas
un
enfant
MAG MAT NAA BA CIM
R ~ ~ W
Les vieux
V)
doivent
tre
gards au
vil lage
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13
Texte franais adapt ar t i r du texte
wolof), dcoup ic i en s ix
squences.
Nous mettons entre-parenthses, chaque
fois qu
8
el le
intervient ,
la
seconde
voix
du conteur ou,
dans
la terminologie l inquistique,
le
commentaire),
qui
insre
celui qui
l ivre le rci t dans le rci t
mm
tout
un arsenal
idoloqique)
ce qui, en un sens,
dt ru i t
la
l inari t structurelle du texte.
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- 14 -
Un matin,
Rocc Barma
FAAL
se
rasa
le
crne
d une faon
tout
fa i t part iculire, en ne laissant que
quatre
touffes de
cheveux
sur
la
t te
;
~ u i s i l se rendit
sur
la place
du
village
pour jouer
au
comme ~ h a b i t u d e . Au cours
du
jeu, le
roi ,
qui
tai t ce
jour-l
son
partenaire, lu i dit
nom
- Eh
bien
Rocc Elles sont jol ies,
tes
touf fes?
Et
Kocc lui rpondit :
-
Certes el les sont jol ies,
de
plus
chaque
touffe
a un
-
Tu
ne
me dis pas leurs noms ?
demanda
le roi .
Kocc :
- Non, tu
ne
le sauras 9as.
Le
roi :
-
Je
ne le
saurai
pas ?
Rocc :
- Non. Et le jour
o ~
tu le sauras,
tu
~ o u r r s me
tuer.
e
roi
:
- Bieno
Un
jour
le roi f i t appeler la
femme
de Kocc, Fatu Kocc,
e t
lu i donna une
pice
de ngalam.
Fatu
Kocc,
tonne,
lu i
di t
:
- Pourquoi me donnez-vous
cela ?
- Roce est
mon parent
e t mon ami, rpondit le
roi .
I l
est donc
normal
que
je
fasse
des
cadeaux
~
sa femme.
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- 15 -
e que
le
roi
f i t
de
plus
en plus, jusqu ce
qu un
jour
Fatu
Kocc
vint
elle-mme
le
rvei l ler .
Celui-ci
lu i
donna
encore
une
pice
de
ngalamo Alors qu e l le ta i t
sur
le
point
de
~ a r t i r
le roi la
f i t p ~ r o c h e r
e t
lu i
ni t :
- Je voudrais que
tu m expliques
les touffes de Kocc.
C es t une bel le coiffure . Et tu sais
que
dans
un
tiays
un roi doi t
tre
par.mi
les
~ e r s o n n e s
qui ont
les
olus bel les choses 0
Je
veux
donc me les fa i re coif fer .
Fatu Kocc l u i d i t
- Tu as raison. La premire touffe
s i g n i f i e ~
Aime
ta
femme
mais ne
lu i fa is
pas
confiance.
La
seconde:
Un
roi
n e s t
pas
un
parent. La troisime: Le
f i l s du ~ r e m i e r
l t de
t a
femme n e s t
pas un f i l s .
Et la quatrime: Les Vieux
doivent t re
gards
au
vi l -
lage.
1.e roi lu i di t :
-
C es t
bien
a
?
- Oui.
- Tu ~ e u x donc ~ a r t i r .
Elle
par t i t .
Le
roi venait
d abuser de sa
confiance)
Le
roi
envoya
aussi t t un de ses suivants chercher Kocc.
e jour- l Kocc avai t donn ses habi ts laver sa femme.
I l por
t a i t le
pantalon de son
f i l s adoptif .
I l
vint
r ~ o n d r e lDappel
u roi .
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- 16 -
Quelques
temps
aprs, i l s
commencrent a
jouer au ~
Kocc commena
le
~ r m i r o n dplaant
un
pion,
l
d i t
:
- Nos
actes
doivent
tre
en
rapport avec l poque que
nous
vivons.
Le
roi f i t son jeu
e t
di t :
-
Un
roi n es t pas un parent.
Kocc
le regarda, joua e t di t :
- Quand on
se
choisi t
un
roi dans le pays e t que tout
le
monde aime ce roi ,
l vaut
mieux l a imer
s i
on veut
la
paix.
Le roi f i t son jeu e t rpondit
:
- Les
Vieux doivent ~ t r gards
dans un
pays.
Kocc
joua
- L homme
n claire que celui qu i l aime.
Et
le
roi
di t
en jouant
-
Un enfant adoptif n es t
pas un
enfanto
Kocc lui di t :
-
Tu as
gagno
- Comment?
di t
le ro i .
-
Tu as gagn.
Kocc
leva e t
ajouta
-
Je maintiens ce que
j avais
dito
Ton
nom es t Faal e t
le
mien galement. Nous sommes
des
parents du
ct paternel .
Tout
ce
que
je
dis
avec
toi
doit tre
respect.
Le
roi
ordonna ses suivants :
-
Allez tuer
Kocc
sur la colline
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- 17 -
Lorsqu i ls se mirent en route vers la coll ine pour tuer
Kocc
le f i l s
de sa
femme accourut e t di t
:
- Roi
- Oui.
- Dites Kocc d enlever mon
pantalon
pour
ne
pas
le
souil ler
de son sang.
Les
Vieux j u s q u e - l ~ silencieux dirent
- Roi 1
- Oui.
-
Si tu tues
Kocc tu
seras t rs malheureux. Car tu
n auras
plus
personne pour
te parler
des
intrigues
du
~ j o o r .
Et
tu ne
le sais
mieux que quiconque i l
v a beaucoup
d i n t r i g u ~ s au
Xajoor.
Ne
le fais
as mettre
mort.
- Appelez-mai Roce di t le
roi .
Lorsque
Kocc fut ramen, l
di t
au r o i :
- Roi
-
Oui.
- Tout ce que j avais di t s es t
vrifio
J avais di t
I l faut aimer la
femme
mais
sans
lui
faire
confiance.
-
C es t
vrai ,
di t
le
roio
e
que
j a i
di t ,
c e s t ta
femme
qui me IV
a
racont.
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18
Quand
tu me faisais
emmener
vers la colline pour me
tuer,
s l i l
y
avait
mon
propre
f i ls ,
i l
aurait t
capable
de
se
sacr i f ier
pour
me
sauver, ou
mourir
avec moi. I l n aura i t ?ar
contre pas
pens
un
pantaion.
C est vrai,
di t
le roi.
Koce ajouta
Clest enfin grce
ax vieux du
vil lage que tu ne
m as
pas tuo Si nous tions
de
vrais parents, de l i n ~ maternelle, tu
n aurais pas ordonn de
me
tuer
cause
de quelques
(malheureuses)
touffes de
cheveux.
u
as raison,
r90ndit
1e roi. Dans
ce cas; c es t
moi
qui avais gagn la
r ~ m i r e
fois au jeu, mais, prsent c es t to i
qui
gagneso
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- 19 -
I I . LES TERRITOIRES LUDIQUES
Les homm s
ne sont jamais plus ing-
nieux que dans
l inven tion
des jeux:
l e spr i t s y trouve son aise l
LEIBNIZ, Lettre
Rmond
de
Mont
mort, 17 janv. 1716)
0
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-
20
.&0
HJEU
v
SLEV
aiLe schma de la langue
es t
en dernire ana
lyse un jeu e t r ien de plus n (1971). Depuis l 'apprhension saus
surienne du langage verbal comme systme smiotique,
t ravers
l8exemple du jeu d'checs,
les
spcial is tes des sciences humaines,
l inguis tes e t anthropologues notamment, ont sans
cesse
largi
le
champ ludique. Pour
Jo
HUIZINGA tout ?rocde
du
jeu
ou
y
renvoie:
inst i tut ions
e t langages rductibles dsormais
un homo
ludens.
rlLa
culture,
dans ses 'Ohases primitives es t joue.
Elle
ne na t
~ a s
du jeu comme un
f ru i t
vivant
qui se
s ~ a r e de
la
~ l n t e
mre, el le
se
dploie
dans
le
jeu
comme
jeu
(1951)
0
I l
importe
de
noter
que
la
comparaison, ds Saussure
e t
poursuivie
mme par
les ~ m n t i c i e n s
modernes (O. DUC
ROT , 1972),
du
langage avec le jeu
n ' es t pas
gre
tu i te : le
fa i t que
chaque
ta t
du jeu
dpend de
l ' t a t ~ s s e t de
la ta t
futur
renvoie certainement
l i m ~ l i c a t i o n
mutuelle
de
la
synchronie
e t
de la diachronie, te l le que cet te
implication
es t r
vle
par
la grammaire gnrative. E. BENVENISTE
voi t
dans le ludus
un
contrepoids
conomique,
act ivi t ,
di t - i l ,
qui trouve
sa f in
en
elle-mme ;
M.
GRIAULE pour sa r;>art
y
relve une
modalit propre
certaines pertinences sociales. Une rvolution cr i t celui-ci
abattra les
cathdrales,
mais
on
ne voi t
pas comment
e l l e empche
r a i t
des
enfants
jouer aux bil les
(ci t
par Ch. BEART 1967).
L'on apprend
chez Co LEVI-STRAUSS que lalaboration du m y ~ h e
es t
assez similaire
cel le
d'un
jeu. D'ai l leurs ,
nous
saisissons l
implicitement
~ ~
vieux
geste
n t h r o ~ c l o g i q u e
qui
consiste
donner
au jeu une
origine
r i tue l le
ou r e l i g i e u s e ~ Le jeu
de
ds, aux Indes
par exemple, se
retrouve dans le
r i tuel di t du
rjasya
o ~ r t i o n
symbolique
destine
confrer au
roi
chance
e t
prosorito Cepen
dant, une pratique rel igieuse ou un r i t e magique ne sont jamais,
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- 21 -
en soi , des jeux. L'extrme importance a t t ~ c h e dans les c iv i l i sa -
tions
anciennes ou primitives, aux fonctions,
l des ~ r t r e s
i c i
des
sorciers ,
es t
connue.
Elle
jus t i f ia i t
maint
privilge
e t
un
prestige
social qu' aucune occupa.tion profal'le
ne
pouvai
t
concurrencer
M.
NEVEUX,
1967).
Ce qui
s ignif ie
que
ce qui s ' labore
dans
cer
taines
oprations r i tuel les
n o b ~ i t nullement cette
loi
du simula
cre
qui
gouverne
toute
~ r a t i q u e ludique, qU'elle
relve,
cel le-c i ,
soi t de l a g o ~ (jeu d ~ comptition) soi t de l ' a l a (jeu de chance).
Effectivement,
au dsordre
de la vie
se substi tue
un ordre
ludique,
auquel
l
faut accepter
l ' i l lus ion (ce terme ne s iqnif iant qu'entre
en
jeu:
in- lusio) , c 'es t --dire
la
f ict ion,
sinon
l
es t irn?ossible
de jouer.
Si
le jeu
es t
autre
chose que
la
ral i t ,
le
joueur
es t
bien sr un autre horo.me.
I l
oublie,
dguise,
dpouille t;>assagre
ment
sa personnalit
pour
en
feindre
un
autre
ll
R.
CALLOIS,
1967).
Entre
deux joueurs, l ' i l lus ion
doit
t re
tota le .
I l n 'es t
tenu c o r e ~ t e
ni
de la hirarchie ni d'aucun
t i t reo
Les
~ r a t i q u ~ s r i tuel les
ne
sont, donc,
~ a s des
jeux
en
ce
qu'e l les relvent d'un s ~ ~ m a pers-
cutif , te l que ce schma a p ~ a r a i t
dans
les
travaux
de
AUGE
(Cf.
,La Construction
du
Honde, 1974) (1). C'est
seulement
dans le
jeu
pro-
prement di t qu'on peut se mesurer avec le roi sans que son t i t r e ne
- - ~ - - ~ - - - - - - - ~ ~ - - -
10
Le
malaki
es t une ins t i tut ion
pratique
au Congo. Au
dpart, l
ta i t une
fte annuelle qui contribuait
~
honorer
les
an
ctres e t
renforcer
les
all iances
e t IQunit du lignage tout en
ser-
vant
d'instrument
rgulateur
de
l 'conomie
(les
biens
accu-
muls tant consomms collectivement).
I l
avait , aussi , un caractre
polit ique; on y rglai t
la succession des hommes o c c u ~ a n t une haute
position
sociale, la transmission de
leurs biens,
leur
succession,
etc
I l
faut remarquer que les relations
conomiques
y taient
joues e t l lmis s en scne . C'ta i t ,
cr i t G.
BALANDIER 1968) un
conomodrame.
Plus
tard, le malaki
sera ut i l i s par
des
hommes qui
occupent un haut
rang
dans le l : t ~ n a g ~ pour gagner prest ige e t
autori t
8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf
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- 22 -
soi t pour
quelque chose
dans le
rsul tat
finalo I l
"semble
(mais
cela demanderait une plus
ample
dmonstration) que
certains
r i tes
(ou part ies de r i tes) peuvent tre
assimils
un j e u ~ espace dl i
mit,
rgles
s t r ic tes ,
oppositions,
etco
Ao
POPOVA, 1970). D'oil
vient alors
(question que, valablement, on
est en droi t
de
poser)
que
le
r i t e ,
comme
pour chercher une
lgit imit,
tente
d s e s ~ r m p n t
de se donner
l 'apparence
d'un jeu ?
i ~ l e m e n t parce
que le jeu, la
tradit ion orale
(les
contes notamment) e t la ~ r a t i q u e ini t ia t ique
(cette dernire,
soulignons-le,
ne
rsume
pas
tout
le r i te)
sont
dtermins par
une
procdure .
inversion
(cf 0:
IV
0 L' Ordre
du
miroir,
po 68)0
A cela
s 'ajoute
videmment la
tentat ive d ' loigner le
r i t e
des bases qui sont
les
siennes vers
des positions a 'gal i t
pureo
La ruse de
la
raison lignagre s ' int rodui t , peut-tre, dan$ cette
dmarche 0
I l
en es t
aussi
du jeu comme d.u mythe: i l
lui
arrive
de
se
dgrader
ilLe ghl-qhl (malinke: di f f ic i le-d i f f ic i le
,
dans quelques vil lages o
l ' Is lam
n 'a
pas pntr,
se joue encore,
jeu
t radit ionnel ,
cosmogonique
comme
tous
les
grands jeux
africains.
Une
vingtaine de joueurs
sont
:;>artags en deux camps
.P.ux deux
bouts
de
la place
les ftiches des deux c a l l 1 ~ S deux
branches
fraichem.ent
coupes
par les prtres , sont susoendues
hauteur
d'horome. Le
di
recteur du
jeu t i r e un
long ~ o i g n a r d
de guerre de
sa gaine et ,
aux
joueurs rassembls autour de lu i ,
crie: Ghl,
ghl1
f
ba
?
dou
f, "en haut
ou
en bas",
.luis,
selon l ' av is des joueurs, le
lance
t rs
haut
ou
t rs
loin.
Les
joueurs
se
bousculent
pour l ' a t t r a
per e t empcher leurs adversaires d'y russir . Celui qui l ' a t t rape
crie: Ghl gh1 y nbolo, nj 'a i le
gh1",
e t
le
jeu s 'arr teo Le
part i qui t i en t
le ~ o i g n a r d va le
cacher sur un de ses
joueurs,
puis,
au
signal
donn
par le directeur,
se
p r c i ~ i t e
sur le ftiche ad
verse
pour le trancher. L a a u t r ~ par t i s 'efforce
de
reconnaitre
e t
de
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- 23 -
dsarmer le porteur
du poignard qui peut,
s il
es t
en
diff icul t ,
le
passer l t
un
de
ses camarades.
La part ie
s iarrte
s i ~ f t i -
che
es t
tranch.
Si
le
poignard
es t
pris l
c e s t
le
par t i
qui
le
t ient qui
devient
l 'agresseur
e t le
jeu
ne cessera que
quand l un
des deux ftiohes sera
tranch.
Vers 1880, SarnDry in t roduis i t ce
jeu, non transform dans
ses
rqles,
mais
compltement dsacralis,
conune
exeroise
m
l i ai re
chez ses
~ o f a s .
Ceux-ci
le
portent au
Sou
dan,
en
Haute
Cte-d'Ivoire,
o
i l
es t
jou i c i
e t
l .
Aussi
long
temps
qu i l
demeura d ~ vieux
sofas, ce turent
eux qui diriqrent
le
jeu e t servirent d arb i t res . Mais ail leurs les
adolescents
jourent
un ghl-ghl o une baguette ta i t
substitUe au poignard.
I l
suff isai t , pour
gagner,
de
toucher d
cette baguette une branche
1
suspendu
au
milieu
de la
place.
Ailleurs encore
il devient jeu de
recherhe
e t
de pOursuites, la baguette tant jete
dans
les brous
sai l les , la nuit . Mmes formules e t mmes
chants
que dans
le
jeu
ancien Enfin
les
peti tes f i l l es de Kankan jouent un
jeu
de cache
tam?on
avec
un noyau de
mangue
qu'el les nomment
sans
raison
qhl,
et elles chantent
ghl, ghl, hosan f ba, dou
f
sans
aucun
rap
port avec
leur jeu. Si
les formules
e t
les
chants subsis tent , tout
utre
souvenir du
jeu
ancien a
disparu
l O
se jouent
les formes
dgrades ( Ch. BE RT , 1967 ) .
L'apparition du
jeu
dans
les
textes oraux
africains appelle
assez souvent une
rfrence cosmologique. C'est
qu i l y a dans
le
jeu quelque chose qui es t au-del,
qui le rvle
en le systmatisant
en tant que langage. La dimension ludique n es t r ien qu'une autre
dimension du
langage. Dfinir
le jeu
comme
une pratique langagire
et, ainsi ,
rendre
possible son axiomatisation a t ravers la consti
tution d'un systme smiotique,
voil
qui
explique
bien l e f fo r t
d'largissement du champ
ludique
Loin donc
que
le jeu
por t t
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- 24 -
l 'ul t ime indice auquel toutes les
ins t i tutions se
ref,reraient,
comme
l 'affirme J . HUIZINGA
i l
serai t en dfinit ive un
langage e t
donc rvl cOmme
systme avec des lois
de
fonctionnement
sui
gene
r is .
En
Afrique comme ail leurs,
le jeu vhicule une
parole
sociale
~ e u x , chaque partie de l'assemblage ludique fa i t symbole
e t parleo Toute opration, fnt-elle
secrte, interroge sa ot09re
smantique.
Le
coup,
le
contre-coup,
ces
questions
e t
rponses
de
la communication ludique
font charge
de
sens.
Pour
le joueur
africain, jouer,
c es t parler .
Ainsi,
lorsqu ' i l dplace un pion, l dplace
une
paroleo
On voit, dans
l in mythe
Krachi recuei l l i par W.
C.ARDINALL
(1931),
des
enfants
p ~ o p d s e r
une
~ a r t i e
de wure
leur
pre
quOils
viennent de
retrouver
I l
s ag i t
de
dvoiller le secret qui
entoure
leUr
naissartce Les
pions,
dans leur
progression, rntaient
l 'histoire de
Nyame, 1e
dieu
du ciel ,
1 ~ o u x dOAKOKO.
Si le
jeu es t
aussi une parole, i l est
permis
de penser
que
vont
se
construire
deux cOr?s ~ a r a l l l e s : un texte
e t
un jeuo
Ds lors, est une v1dence de m ~ m e q u ~ u n e
absence:
dj une
presence faite absence , le mot, couple
modul de la prsence fai te
absence
( d ' o ~ )
nat
l 'univers
de
sens
d'une
langue
on
l 'univers des
choses
viendra
se ranger J . L A C ~ , 1966) 0 Au cours d'un jeu,
l 'univers
de
la chose qui arrive
au
terme d'une parole
non dite ,
ce
ne
peut t re
qu'un
gambit (cf.
supra p.
9 )0
Le rcit ~ e r p t u e un
conflit, le
mme
qu'en lui le jeu
~ o r t e . La
somme des choix
possi
bles, dans
le jeu
ou
le rc i t , es t
videmment
l ie ~
la
ral i t
socio-culturelle. C'est ainsi que le jeu
e t
le
rc i t relvent
d'une
8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf
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- 25 -
assez semblable procdure
de
restric t ions:
certaines socits
afr i -
caines ont des
jeux ou
pratiques
ludiques
diffrents
pour
les
femmes,
les
hommes
e t
les enfants.
Cles.t
dj
la
mme chose, nous
le savons,
que
pour
les contes.
I l arrive
que
dans
un
jeu, t e l le ~ a r
exemple,
l en
existe
des variantes pour chacun.
Pour tout ,
i l
y a
un temps,
un temps du
jeu
comme un temps de
la
parole. Donc, on joue
le jour e t
non
la nuit
on
ne doi t en
aucun
cas, comme chez les
Wolof,
toucher
le
matriel
ludique ni
le faire entrer
dans
les
habi-
tations),
on
ne
l ivre le
rc i t que la
nuit
e t
non le
jour,
~
moins
qu i l
y
a i t
quelque vnement exoeptibrtne1: le
jeu
devient ~ e i n e m e n t
ri tuel ,
on
joue alors la nuit la
mort
d un chef afin d apaiser
l me
du
dfunt,
d loigner les eS9rits
malfaisants
e t de donner la
possibi l i t
aux dieux
e t aux anctres d intervenir dans cette part ie
qui
peut
n t re
pas
ordinaire,
mais
un combat
lec to ra l ;
le
rci t
du
jour,
aussi , se spcial ise en
un
mytho, strictement etiologique.
IIBien qu on
ne puisse tabl i r une
correspondance
bi-univoque
entre les lments
e t les
oprations
des dsux
types
de
confli ts
(texte e t jeu), i l est permis
de
penser que les princiges /du wure/
sont
en
r o ~ s u r e
d expl ic i ter
le
fonctionnement
du
texte-jeu.
En
effe t ,
.certains
rapports de force e t stratgies ludiques sont
s e ~ b l a b l e s
,/
: ceux
du
texte
D
abord
les
phases
du
droulement
de l ac t ion 8ui-
:vent le schma rglementaire d. un jeu de
calculs: ouverture, milieu
- de part ie e t fin de par t ie . La
confronta.tion (entre les
deux adver-
saires)
introduit
une
stratgie
impliquant un
gambit
A.
POPOVA e t
.
M. N I ~ ~ G
1975). Les
phrases
qui
a c c o ~ a g n e n t les c o u ~ s
e t
les contre-
coups, en
un certain
sens le rc i t jou, sont facilement formalisa-
bles dans
un schma de
jeu (cf. diagr,1-p.28)
.sy
dis t inguent
t r ~ s n e t -
1 tement
une ouverture
de
partie
(qui se caractr ise toujours par
une
distanciation ou une opration hors-contexte, ce
qui
xpliqu la
8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf
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-
26
-
:econde formule ~ m i n e m e n t polit ique de Y e t c ~ t t e impression q u ' e l l ~
l d'tre destructure
par
rapport
au
c o ~ s
du
texte) ,
un
milieu
de
'art ie
(qui garde sa continuit, ~ a r c e que reorsentant le
sommet de
1
activit
lUdique) e t
une fin
de
nart ie
(gui;.
cotnme
on
le voi t
~ r a n s p a r a i t r e ~ a n s toutes les recherches
sut.
le
jeu,
n 'exis te pas en
)ratique. Son
existence
dans un schma es t cependant d'une grande
'aleur
heuristique)
Jeu de calculs (: nsystme smiotiqe
qui introduit
dlibr
nent
e t selon des rgles ~ p p r o o r i e s une
interaction
confl ictuelle
antre deux joueurs possdant
un
matriel
q u i ~ o t n t i e l ,
dfini t
\.. POPOVA 1974),
le 1)
peut
tre
considr
juste t i t r e
oomme
le
jeu
nationa1
africain
(Ro
St.
CULIN,
1394)
0
Dans
toutes
les socits
de
l 'Afrique Noite;
ce
type de
jeu
es t pratiqu
aVec
ici
e t l des
Varints
assez tonnantes
0
Ainsi, le
wure
d e u ~ ran
ges
(celui
de
notre texte) ; le
~
quatre
tanges quOon
retrouve
seulement
n zone bntu
e t
nulle
part
ai l leurs d n ~ ie
monde.
i
0
~ l u r e ,
wuri awele,
bao,
chuba
en
Afrique Noire kala
ou
manka1a
dans
les
pays
arabes.
Nous erop10yons
dans
ce
t ravai l
le
terme
de ~
Comme nous parlons
i c i
de la socit wolof, i l est ~ l u s juste d u t i l i -
ser un
terme
wolof. Les
graines
uti l ises dans
le
wur
(des
Caesaloi
nia cri ta en Afrique s i l 'arbuste y existe) sont arypeles d o m ~
lJenfants
;
pour
les
?eup1es
pasteurs qui,
socialement,
parlent
le
bovin
1l
EVANS-PRICHARD, 1968) les graines ut i l ises sont
appeles
ien
sr
vaches
,
ai l leurs en
Afrique
ce
sont
des
femmes
0 Les
cases
du dsignent des
kar: roaisons
0
Contrairement aux checs,
les
graines
ou pions du wur
sont
anonymeso Les checs r ~ r s n t n t
l'homme
dans les
f igur ines ;
le
r e ~ r s e n t e l'homme dans le ta
blier-support
8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf
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-
27
-
(contrairement au deux ranges, les joueurs du quatre
ranges
ont
chacun
un camp, constitu
~ r
deux ranges); le
t rois
ranges
on
les
camps
se
dmarquent
par t i r
d'une
ligne
diagonale
e ~
que jouent seulement
le,s
le t t rs
d E t h i o ~ i e (ce
jeu
est
extrmementdiffi.cile)
(cf. Fig. l , a, h c, d, i p.29)
.La
carte
.
mondiale du recouvre l 'Afrique,
l 'Asie Centrale,
l 'Asie du Sud
e t les
Pays Arabes.
Terme
em9runt au
jeu
d'checs,
le
gambit
est
une ~ a n o e u v r e
_d'ouverture d'un joueur
A,
qui ~ e t radui t
pour B
d'un grand avantage
. e t qui, finalement, s achve par
la
dfaite de B. Observons
ce
pa-
radoxe: ime ta femme mais ne lu i fais pas
confiance, pfoclam
la
prem1re
veri t .
Or Y confiera son secrgt ~ sa fenune. y ?erd, e t
puis
gagne. Telle es t
la
st ratgie
de
gambit.
I l
importe i c i
de
souligner
encore une fois
que
cette stratgie
ranproche
~ e u c o u p Y
du
t r ickster
africain, joueur de tours. Certes, on ~ n t e n d
bien
qua
y
reprsente
un pouvoir t rs fort (cf. IIIo Structure ~ t
significa-
tion, po
33 alors
que le
t r ickster
es t
un
animal
faible e t sans
dfense (supra, p. 9
) .
La thorie des
jeux,
for.mule par des mathmaticiens, a
.
tabl i
un
cri tre
de
rat ional i t pour les jeux de calculs
en
partant
des
stratgies
ou
politiques d'actions optimales qu'on
rencontre
dans
"des
situations conflictuelles cotm?renant 2
ou l
participants
Trois postulats de base dfinissent
le
cadre dans lequel i l faut
entendre
la notion
de
rationa11t:
10 on suppose que
chacune
des
deux
?art ies est ~ a r f a i -
tement
apte
tabl i r , pour
une si tuat ion
donne,
la l i s te eXhaus-
t ive des choix
entre
lesquels
la
dcision doi t t re priseo
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Coups e t
contre
-
coups: X
e t
Y
x
x
x
y
x
y
x
y
x
y
x
y
OtJVERTURE
Eh b ~ e n Kocc Elles
sont
jo l ies
tes touffes .
Nos actes doivent tre en
rappor, :
avec l poque que
nous
Vl vons
Diagrarnme .
- 28 -
J.'. ILIEU
E
PARTIE
FIN E P ~ R T I
Certes,
el les sont jo l ies , mais,
de ?lus chaque
touffe
a un nom 0
Tu
ne I D ~ dis pas leurs
noms ?
Non, tu
ne
le sauras
pas.
Je ne le
saurai
pas ?
7 ~ o n
0 Et
le jour oil tu le sauras,
tu pourras
me
tuer.
Bien.
Un
roi n es t pas un
p a r e n t ~
Quand on se
chois i t
un roi dans
le
~ y s
/
.
0/
l
vaut mieux
l a imer
s i
on veut la
paix.
I l es t toujours bon d avoi r un
vieux
L'homme n c la i r e que celui qu i l
aime
0
Un enfant adoptif n es t
pas
un
f i l s
(abandonne le jeu).
y gagne
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UIG. 1 b
.a c
,.e .
Formes
principales
a.
tablier mankala
II
Dogon) .
b. tablier mankala II
Yoruba)
c.
ta.blier
lIlanlc:ala II
d. tablier ma:nkala
III
Am4arll)
(J;b Q.J
o.
tablier mlkalo. IV
.
-.
._...
ChagQ )
.
-
. 29 .
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31
-
domin le monde e t ses
dif f icul ts . Aussi,
ceux qui
se montraient
trop adroits du vivant du monarque e t ta ient
ainsi
prmaturment
en
comptition
avec
l u i r
-taient- i ls
mis
mort"
(1966).
Un jeu,
par
contre,
comme
le
1;"ei-ch
1
i
(jeu d'encerclement
ou
jeu de g)
a
t toujours ~ r s e n t dans les doctrines des genseu=s
e t s tratges as iat iques . Nous savons
que l tude du wei-chii en
Chine,
Jat?on Core
es t v ie i l l e de
?rs de deux mille
ns
;)lus
dVun
millnaire les cr i t s qui en parlento
Des rapports i n f o ~ . a t i -
gues ont
rvl
que le seul p r e ~ i e r coup d'une par t ie of f ra i t
129 960
combinaisons ?ossibles , e t ~ u e
l 'ensemble
des c o u ~ s envisageables
au
cours d'un
match
s D n o n a i t ~ 14 x 10,778000
Antique jeu
asiat ique,
l le
wei-ch'
i
es t
un
jeu deux p a r t ~ n a i r e s ,
un jeu
sur damier e t
un
jeu
de strat.gie ; c es t - -di re que c es t ,
comme
les checs, un
jeu
purement
in te l lec tue l
dans
lequel
le
~ s r d
e t
l adresse
~ h y s i q u e
ne
jouent
aucun rle
/0
/0 Le damier
revt
la
forme
d'une
s i r n ~ l e
~ r i l l e
carre
const i
tue en rnraJ. ~ . r dix-neuf
l ignes
1.orizontales e t
autant
de l ignes
ver t icales
Gquidistanteso Un
g-ban
de
t a i l l e
habi
tue l le comprend donc
361
intersect ionso Neuf
de
ces
intersect ions
sont marques
conventionnellement
/ . 0/ On joue au '(flei-ch' i avec
des
pions noirs e t
blancs
que l on appelle
indiffrenunent
""ierres"
ou
"hommes l S .A.BOORMAN, 1972).
I l faut
remarquer i c i qu v l
es t
,?lus
frquent,
en Asie, de
marquer
les nions
dans
l eur f o ~ e
e t
non
leur
couleur.
C es t mm l 'une des grandes
diffrences
entre le jeu
d'checs asiatique e t
le
jeu occidentalo
Dans
le
wei-ch
Di, cer ta ins
coups
sont
in te rd i t s ,
t e l
le
ko
(mouvem.ent
nerptuel
de
capture
des
joueurs)
par exemple
(1). Et, dit-on, le but des
joueurs du
wei-ch ' i
10 00.
qu:L es t 'Pourtant
mili ta ire ?ar excellence. Chez tous les s t ra
tges chinois ,
IVallusion
au wei-ch ' i in tervient :
tmoin M O TSE
TOUNG
qui 1
dans
chacun
de
ses t,:xtes
l?oli t iques
e t
mili ta i res
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-
3
-
est moins de
gagner que
d'at te indre l k i , 9
ar
t
de la devinationo
Repertoriant
les jeux de calculs, J . Ro VERNES cr i t : Les tableaux
de
jeux
partags
en
cases se
retrouvent
en
Chine,
non
seulement
avec
le
jeu d c h ~ c s , mais avec le
jeu de
g, dj
dcr i t par
HYDE
en
1694
sous le nom
de jeu
chinois d'encerclement
e t aussi
en
Afriquet o i l s
servent
notamment
au jeu afr icain ~ a r excellence
de
l 'awele
{1967}0 C'est
i n ~ i
que
tous
les
travaux mathmatiques
actuels
sur
ies
jeux font de
leurs objets ces t ro is types de prat i -
que ludique.
Nous
avons tent le long
de
ces
pages
de
donner une ide
du
jeu, e t ce qU i l vhicule en tant
qu
9
ac t ivi t soc i a l e ; in t ro
duction que nous
avonS
juge ut i le avant
l 'analyse propreroent
d i t e ~
celle
de
l o rdre de la polit ique lignagre e t cel le de
l o rdre
moins gnral de l ' inversion (c f .
I I I
e t IV)
0
importants,
a
parl du
wei-ch ' i .
Dans
cet
essai-
qui date de 1938
e t
in t i tu l
Problmes
stratgj_ques de la
guerre des l?artisans
contre le JAPON M O
cr i t :
nooo Ainsi, ces deux types d'encerclement mutuel
ra ;,>l?ellent le
jeu
de w e i - c h i ~
les
caropagnes
e t
l e ~
c o ~ b a t s que
l 'ennemi
mne
contre nous e t
que
nous
menons
contre
lDenneroi
ressemblent la
prise des pions,
e t
les
points d'appui de
lVennerni e t nos
bases de
partisans ressemblent aux yeux sur
1
Vchiquier.
J
a ncessit de
se mnager
des yeux
montre
toute
l ITO?ortance du rle
stratgique
des
bases
d ~ 9 U i
de la g u e r r ~ de partisans
l a r r i re de
1
ennern:. " .
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- 33 -
I I Io
STRUCTURE ET SIGNIFICA.TION
I l
n 'y a
pas d ' autre
~ p r o p r i t i o n
du monde que cel le qui passe par la m
diation des signes L. SEBAG Le
mythe:
code e t message
0
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34
Isoles, les
quatre
vrits dgagent d e ~ relations qui
interrogent
l;organisation
sociale
mme
dont
el les sont
issues.
D une
vrit
l au t re ,
i l
y a un
rapport qui se
cre,
rvlant
presque une
continuit,
donnant
l imp ression
que la
preroire
vrit
s achve dans la deuxime,
la
deuxime dans
la troisime, e t la
troisime dans la quatrime. C est que
ces
vri ts disent un mme
discours qui,
lu i ,
n es t point parpil l .
Discours
vraiment social
en ce
sens que tout l a n g a ~ e f t - i l distant ou
discret ,
y renvoie.
Ainsi, est-on parvenu
cette l imite o tout ce
qui relve dB quel
que signe
rs is te ,
cette
l imite donc on les quatre vri ts disent
ce qui les fa i t systme, les structure , bref prcisent
des
lois
d in te l l ig ib i l i t .
En ce
qui concerne notre
texte , qu est-ce
qu es t une
vr i t ? que d i t - e l l e? Prenons VI. Qu est-ce qu es t ? Oua di t
v
1
?
ime
ta femme mais ne lui
fais
nas confiance, yroclame
VI.
Qui
faut- i l aimer
sans
lui
faire
confiance? C est la
femme. Elle
est
donc
i c i ,
s i l on
veut, notre
lment marqu.
Procdant
de
mme
pour
t
t
1
t' v
2
l
v
3
1 fOl d
u
es
es
ver1
es,
nous auron3 en e r01 ; : e 1 s a op-
tif
v
4
les
Vieux.
Arriv
ce
point
de
l analyse,
un
deuxime
problme se pose e t qui n es t pas sans
valeur.CDest
ce que nous
n o ~ ~ e r o n s
le
d ~ l c e m e n t vers l exn1ici te . Voici
ce
qui
le jus t i f ie :
d abord,
ce
que
nous
donnent
les
lments-sujets (ceux
dont
on
parle:
1
la femme
par exemple dans V ,
e t
ainsi de suite) s e ~ b l e tre dans
certains
cas
incomplet.
Ou bien,
en
termes plus cla i rs ,
l lment
sujet n es t pas
toujours
donn totalement dans l nonciation.
Pourquoi en v
3
, le
seul
e x e ~ p e qU i l
y a
ce propos, cet te marque
de
la
prcision ou
de
l ambigu t?
( i l n es t i c i aucune incompati
bi l i t , les recherches l i t t ra i res e t l inguistiques ont montr
l ambigut
que
peut t ra iner
10 troo-Qrcis)0
Le f i l s
adoptif
8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf
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-
35 . .
doomu
j i i t l ) n es t
pas le
f i l s adopt
par le couple
(et ic i n o u ~
avons la foi du
texte
oriqinal, qui dit : le f i ls-antr ieur: le f i l s -
du-premier-lit-de-la-femme), mais
le f i l s
de la fewme
dont
le ~ r i
de cel le-ci
n es t
que le
beau-pre.
Ce t r a i t
qui
consiste
dsambi-
guIser la parole, la rendre exemplaire dans un
cas rel presa.ue
vers
un autre
ordre
de
la
mtat;>hore
e t
de
la
mtonymie, es t
assez fr-
quent
dans
l cr i tu re
orale
Le f i l s
adootif
parai t plus vrai que
lDenfant,
bien
quaon
ne
s y
trom9t
90int:
c es t
de
laenfant
qu'on
parle dans notre texte (1). Mieux:
quQest-ce
qu i l a entre le f i l s
adoptif ( tel que le di t le ter.me de doomu j i i t l ) e t l e n fa n t? Eh
bien,
il
y le
pre
~ o i t comme
absence
so i t comme prsence) La
femme e t
son
f i l s ,
de manire gnrale
la
femm
e t l enfant ,
c es t
bien l le cour.>le fond.amental. Les cultures non-occidentales,
afr i -
caines notamment, ne s y sont pas
trompes,
qui les
font
relever
d'un gal s ta tu t dans l ins t i tu t ion lignagre
(cf.
s u ~ r a , po 42)
On parle donc de la femme, on
parlera de
son enfant, car c es t nommer
non
peut-tre
un lment identique
mais
deux lments quivalents e t
1. Dans un texte in t i tu l Histoire
de l 'Education ,
prsent comme
son
projet
d'enseignement
au D ~ a r t e m e n t du
h ~
freudien de l 'Uni
versi t Paris VIII,
Do
L PORTE
essayait
de
sa i s i r la
ra l i t
de
l 'enfant
e t la place de
celui-ci
dans lUlaboration
du
Savoiro
Ayant
prcis de quoi es t
fa i t
ce savoir ,
dans
les socits occidentales
aussi bien que non-occidentales, il introduit le nrocs de l ido-
logie scolaire e t le rle de l 'Ecole, avant de ,?oursuivre: revenons
l 'enfant
pour
dire
que
l 'enfant
n es t
pas
un
produit
biologique,
pas
mme une donne historique, mais une
inst i tut ion
1975) 0
Tout
dans
le systme
l ignager ~ r l e aussi de l enfant ,
c o m ~ r i s
comme
ins
tit .ution.
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- 36 -
quipotentiels ,
e t
surtout permutables dans
le
sehma social
(cf.
infra
po 28) .
On aura remarqu que
nous avohs
dj
~ r c i s
que
femme
e t
enfant sont tenus
Dour
des biens changeables dans
les
~ r a -
t iques
ludiques africaines,
chaque socit ( moins d t re pastora
le ,
auquel
cas les pions sont a ~ p e l s vaches) ut i l i sant
le
terme de
f e m m ~
ou enfant, jamais
les
deux.
Ensui
te , le
dT)lace. nent vers l exolic i te p-st ~ u s t i f i
par
l 'exis tence
d'un
ordre
de
l i ~ D l i c i t e .
Ordre qu'on retrouve
jusque
dans
certaines
pratiques
in i t ia t iques
africaines
e t , cDest
ce qui
nous interesse
i c i , dans la l i t t ra ture orale . Dire e t ne
pas
dire (O.
DUCROT
1972),
dire s u f f i s a m m ~ n t ~ o u r
p.tre
entendu e t
ne pas tre subversif ,
cDest
dans ce
rapport
constant entre le sym
bole e t l ' idologie que la parole
nfricaine
traditionnellp.
se
fa i t
sans
se d.faire.
Ce
sp-ns
d.e
la mesure n es t
pas
sans
intent ion, i l
l imite tout acte d'nonciation.
De
qui
l on
pa r l e ? C'est ~ o u r
l avo i r
pose, cette
question,
que nous avons retrouv
les
lments-sujets . e u x i ~ e
ques
t i o n ~ Qu'est-ce
qui
parle
dans
chacune
des quatre
v r i t s?
La
st ra-
tgie
du
sujet
dans
le
rci t
traditionnel africain
se
rvle
9ar
une
certaine discontinuit.
Elle 9art d'un moment de la ~ a r o l e , marqu
par une interruption, une case donne ?our vide e t ~ o u r t a n t oleine du
r : . ~ ~ ( - :
(' '1 n -.:. i.',- 5 i m ~ u n m e n t ,
certes,
3ncore gu'
i c i
i l s 'agisse
d'un largement social , le dcepteur a.fricain,
l ivre
ou araigne
ou autre, ne racontant
jamais
luj.-rnme son
his toi re .
a stratgie
du sujet se rvle i c i autrement que dans un conte avec t r ickstero
En
effe t , dans la
mesure
o notre rc i t
ne fa i t
ta t
d'aucun
symbo
lisme
par le biais du monde a n i ~ a 1 , ce qui sGapplique aux
r ~ c i t s
dans lesquels intervient
le t r icks ter ,
on
peut
considrer comme
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- 37 -
saisissable
le
l ieu social
d on on numre
les
quatre vri ts. Pour
cela; i l
faut
soumettre
les vrits
une preuve de formalisationo
Ainsi avons-nous dcid
de quantifier
par -
ou les vrits
qui
disent,
s i
l on
veut,
une ngation
ou une
existence
du
sujeto
1
Aime
ta femme mais ne lui fais
pas confiance, proclame V
Ce qui es t di t ic i e t ce
qui es t
pertinent,
ce
n es t pas,
on s en
doute,
la
premire proposition, c es t
la
deuxime:
mais
ne lu i
fais pas confiance. C est
el le
la proposition
parlante. Soumises
une
t e l le
graduation,
les
quatre
vrits
donneront:
Immdiatement, se dvoile l a l t r i t de
v
4
A la femme, i l
faut
pas
faire confiance
;
le roi ~ g s t
pas
un 8arent
:
un
f i l s
adoptif
~ e s t
pas un f i l s ; mais
les
vieux doivent tre laisss
au
village. I l n y a aucun doute possible:
cVest
de v
4
que parle Y.
Thoriquement, on
est tent
de
faire
un schma dans lequel
seront
si tues
toutes les quatre vri ts. C est ce que
nous
avons(cf.
diagr.2,p.62).
Partant de l opposit ion X/Y,
considrant
que
les
vieux sont intervenus
en
faveur de Y
e t ,
ainsi , contrebalancer le
pouvoir royal, un t e l schma se just i f ie . Opposition donc d un ct
e t
association de l au t re . La relat ion synchronique Femme-Enfant
appelle
une
alliance.
Tous
les
lments semblent
nous
donner
raison
dans
ce s
c..l1ma.
LEVI-STRAUSS s e s t beaucoup interrog dans ses travaux
sur
les aspects
apparents
du mythe. I l en es t i c i du mythe
comme du
conte,
bref du rci t
traditionnel
en gnral.
On
commence
par
poser le
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- 38 -
principe
qu un
mythe ne se rduit jamais son a p ~ a r e n c e Si diver
ses qu e l les puissent tre , ces apparences recouvrent des structures
moins nombreuses
sans doute,
mais
aussi plus
rel les .
Sans
qu on
a i t
le droi t de
rien
leur
soustraire ou leur
ajouter , ces structures
offrent
le
caractre d objets absolus: matrices
d engendrement
par
dformations
successives
de
types qu i l es t
possible
d ordonner en
sries, e t
qui doivent
permettre de
retrouver jusqu aux
moindres
nuances de chaque mythe concret pris dans son individuali
t l
Co
LEVI-STRAUSS, 1971, p.
33
) . La donne ~ r m i r n es t jamais la
bonne e t l axiomatisation qu on ralise grce cette donne ~ r e -
mire ne rencontre
pas
le vcu social .
I l se
trouve
qu en ce qui concerne notre
texte , nous
avons pu
connatre
l emplacement
des quatre touffes sur la t te de
y :
VI es t
droite
;
v
2
9 a ~ c h e
;
v
3
e s ~
d ~ r r i T e
vI
7
v
4
es t
derrire v
2
(N G. Do GUEYE, 1967). Ce que
.cela
d o n n e ~ f . d i a g r . 3 , p . 6 2 )
ne coIncide nullement avec notre schma de base ( cf . diagro 2 ) ,
eut-on apport les transformations ncessaires ( c f . diagr. 4 )
Nous avons donc procd au raisonnement suivant:
la posit ion
des
touffes sur la
t te
de Y n es t pas conforme au modle
thorique
esquiss.
Ce
modle,
le
soulignerons-nous suffisamment, n t a i t pour
nous qu un
s ~ p l
postulat
de t ravai l . Nous avons, regardant de plus
prs la position des touffes ( 9fo diagro 3),
remarqu
qu on
n y
a
tenu compte que des relat ions, te l les
q u ~ cel les-ci
sont
donnes
dans l ins t i tu t ion l iqnagre. Vieux/Roi:
la
relat ion
exis te e t
notre
texte
l i l lu s t r e
par
une
opposition,
arrt
de mort
royal
e t
contre-arrt des Vieux
Enfant/Fenune :
la re la t ion
es t
encore
plus
nette, femme e t
enfant avons-nous
di t
partagent presque le mme
s ta-
tu t dans
l organ isation sociale.
I l faut noter que
la
re la t ion
Vieux/Roi
es t marque par ~ opposition mais aussi par
une
all iance
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- ~ -
dingo
v
ENFAN T
r
Il
FEMMB
1
VI UX
ENFAltT
diag 3
.
ROI
FEfeUJ1B
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V]l UX
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..
f
~
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J:
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......... . . ~ ....... .. ... -.. .
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1
1
RdI
40
dlag. 4
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ENFAB f
F M
J : . - - ~ - - - , - - - ~ E y
F
\
\
.
,
,
41 .:
diag .
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-
42
-
dans la direction
des
hommesQ L'all iance Femme/Enfant, est -el le au
mme
t i t r e
fai te
d'opposi t ion?
Ni
l 'organisation sociale
ni
notre
texte
ne donnent
pour existante une te l le
oppositiono
Vieux/Roi,
Femme/Enfant,
deux types
de relations diffrentes dans
leurs
opra
t ions e t leurs procdureso Au surplus, le schma perscutif s ins
cr i t plus nettement i c i car i l se dessine une
relat ion
majeure entre
l a l l iance des pouvoirs e t l a l l iance
Femme/Enfant (
cf .diagr .5) .
Mais ce nDest pas aussi simple. Car,
m ~ m
dans le cas d'une all iance
des pouvoirs, l a l l ianc e Femme/Enfant
ne peroit
pas
en
bloc
le
Pou
voir mais fera toujours
la
dissociation entre
le
pouvoir familial
e t clanique des Vieux e t le pouvoir
polit ique
du
Roi
parce que,
prcisment, el le les
reoi t
diffremment
(
cf . diagr. 6). Ainsi,
sonunes-nous
arrivs
au
te r r i to i re
au-del duquel nIa structure es t
absente J U ECO 1972 ) ,
cette
structure zro, qui, rvle
elle-mme,
met
un terme ses accomplissements
0
Structure non
structure
en
laquelle, encore,
vi t cette
logique
des oppositions
et
des corrlations, des
exclusions e t des inclusions, des compati
bi l i ts
e t
des incompatibil i ts, qui explique les lo is de l 'associa
tion,
non
le
contraire
( CIo LEVI-STRAUSS).
Entre
Roi R) e t Vieux (V),
i l
Y
a,
avons-nous
di t une
opposition qui
peut,
lorsqu i l
s ag i t
de
s 'en
prendre
l a l l i ance
Enfant/Femme ( E v F ) , se ral iser en une allianceo I l n'empche
que
l 'opposit ion entre
R e t V demeure comme presque, un confl i t
perptuel.
Ce
qu i l y
a
dDintressant,
c es t
de
voir
comment parei l
lement que dans les pratiques ludiques E v F
sont
uti l iss
en tant
que
pions,
en tant qu'instruments.
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- 43 -
Le
conf l i t
es t perptuel
entre
les deux pouvoirs entre
R e t
Vo
Perptuelle
galement l u t i l i sa t ion qui es t
fa i te de E v F.
Opposition e t corr1ation, fermeture e t
ouverture,
ainsi s tab1is -
sent en
t ro is
stades les grandes all iances
du
systme lignager
:
R V / E
v
F
o
b
R E v
I
V ;
c
V E
v
I
R
; (
cfo
diagr.
7,
p.
64).
Cependant, ce n es t pas montrer son incohrence par
rapport au
vcu
social
qu on se dlivre
de notre schma
de base
(cf.
diagro 2). Car,
d oa vient
que notre t r iangle (qu inaugurent
les
diagro 6 e t 7 ) soi t absent de l non ciat ion,
cgest--dire
pourquoi
les
quatre
vrits alors
que t ro is eussent
t ncessaires, d autant
plus, on
l a
vu, quGelles rendraient
la
mme leon socia le?
Pourquoi
runir dans
le s ta tu t social
la femme e t l enfant e t les sparer
dans
lDnumration des quatre vr i t s? A
cela,
i l y a deux rponses
qui, toutes, vont
ensemble
:
a) l faut respecter un
ordre
encore plus
rigoureux
e t
auquel
on
es t tenu
dGencore
plus
de
f i d l i t :
le
symboliqueo Car
le symbole n a pas besoin de l homme pour se faire alors gue l homme
a besoin du symbole pour
tre .
Et, on le sa i t depuis
Freud
que tout
procs d ident if icat ion
passe
par le symbolismeo G. CALAME GRIAULE
rappelle
le
symbolisme
du
nombre 8 ( 2
fois
4 )
chez
les
Dogon
en
prcisant qu i l reprsente un nombre
exclusivement
fminin
(1965,
p.
198).
Dans
d autres
socits africaines le mme rapport se retrou-
ve. La
frquence du
nombre 4
dans
certains gestes r i tue ls es t rv
lat r ice.
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-
44
-
b
dissocier
i 'enfant de la femme, c es t d'une
certaine
manire
une
tentative
de
valoriSer
le
preD
Et
on
sa i t
que le
dis
cours
du lignage
est vritblement
un
discours phall1queo C1est
un
discours
qui
se
fa i t
par t i r
de
ce qui
est
p r e ~ i e r l 'anctre
ou
son doublet: le
rb pour les
Wolof,
le panqoie
pour
les
Sere r ) .
Et l 'anctre,
c es t le pre ort
ORTIGUES,
1966). On
le voit
donc
quVau niveau des structures imaginaire e t syrobolique
se
fa i t tout
le procs
de la culture.
Cette apparence dU rci t pour laquei1e tout analyste prouve
quelque suspicion
encore que
fascin par el le , cet aspect
premier,
semblable
du dj -donn e t
qui, la moindre observation, l ivre
ses couches de transparence,
c es t
bien
la face
non
cache
du
symbole - celui-ci , on sien doute, compris comme
tant ce
qui
n es t
pas
maltris
dans
le
savoir
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45
IV L ORDRE
DU
r1IROIR
Well, in 2E : country said
Alice
panting
a
l i t t l e
you'o generally qet
to
somewhere
else i f
you
ran
very fast
for a
long time,
as
~ e o v e been doing
0
liA slow
sort of country
1"
said
the
Queen. "Now
l'tere,
vou see,
t takes aIl the
-
running
you
can
CO,
to
keep
in
the
s a ~ e
place. I f you want to ~ e t somewhere else,
you must run a t least twice as fast as
that
1 .
Lewis
C A R ~ O L L
Throuqh
the Lookinq-
glass.
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- 46 -
Dans le systme lignager,
l y
a
au moins
t ro is domaines
oQ
ne
joue
plus
la
hirarchie
des
rapports,
e t
o ~
l es t
logique
de
le
penser, tout semble maintenu
pour
faire c o n t r e ~ o i d s ce
qu i l y
a
de plus despotique dans l 'organisation socialeo
Le
jeu
es t
gouvern
par
une
procdure d'inversion: la ra l i t y cde la
place une espce de
f ic t ion
ludique. C'est
l ent re
d.e
jeu, c es t
l il lusion .
On peut observer, par ai l leurs ,
qu
le domaine ludique
couvre
les
all iances
plaisanterie . En
effe t , l SP
met
en
place
i c i aussi un
ordre ~ r o p r e qui
s e ~ b l e
ne r ien avoir nvec celui
q.ui
gouverne la vie sociale.
D. PAULME note
que les relations
pla i-
santerie sont marques par
l 'ambivalence:
l in terdic t ion
de s 'offen-
ser de
la plus
grOSSire insulte rend manifeste
l ' impossibil i t
d'un
confli t (1968). Cette ambivalence
revient
sous l.a forme ( une
cif ic i t dj reconnue
au
jeu
l a l l iance
e t le
confl i t .
A l 'or igine des relations ,1aisanter ie, i l y a
sans
aucun
doute le
pacte de sang qui
scel la i t
un
l ien
e t fa i sa i t
d'un
frre de sang un al l i
s u p ~ l m e n t a i r e
(1)0
1. Sur
la fraterni t
de
sang
e t les relations
plaisanterie en
Afrique:
EVANS PRITCHARD,
E .E . , Zande
blood
brotherb.coo ,
Africa
(VI,
1933: 469-401; PAULME, D.
a Parent
plaisanteries
e t
alliance par le
sang ,
Africa , XII , 1939
g
433
444 e t
h Pacte de
sang, classes d'ge e t
castes en
Afrique Noire ,
Archives
Europen
nes de Sociologie, t . IX, n
l ,
19681 ~ D C L I F F E - B R O H N ~ , On
Joking Relationships , Africa,
13: 195-210,
1949.
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- 47
~
Chez les Wolof, on trouve un type
de
relat ions 9laisan-
te r ie , ~ entre des personnes portant des noms diffrents qui
s inscr ient en
opposition
dans
un indicateur socio-culturel
(les
noms Niang
e t Diagne par exemple) (1) c Entre
des personnes apparte-
nant deux socits
diffrentes
e t voisines on
trouve
un autre tY'Pe
de relation
plaisanter ie
(cette forme ne relevant
plus
alors du
kaal) entre Peul e t Lebu par. exemple
I l
importe de prciser
que
ce
second
type de relat ion8
plai:::;a:1terie
n oei l e s t pas
moins
du
kaa1
en
ce
sens
qu i l dpend larg-e:nent lu i
?ussi
,de l
ndica. teur
de
noms
qui gouverne
l e
~ 2 _ a l
(chaque SOCj.8
t ayant D: co::pus de noms qui lu i
est propre) . La bravoure 1 la g o u r ~ n a . n d i s e la lchet ,
b r e f la dme-
sure en tout , t e l sont
l es
~ ~ m e s mis
en b:i'.'anle
dans le
kaalo
La relat ion
de
pal-ent
= > J . a i s ? ~ n t e r i e ~ x i s t e
galement
chez les Wolof. Celle qu i l y Et
entra
consi.ns
c: :."'oiss
If/air d t re
mise en
scne :
l a f i l l e ~ e
J oncle
tal." .t
d e s t i n : ~
devenir l a fenune
du
neveu
de son pre
rI s tab l i t aussi
entre
neveu utr in e t
le
f i ls de son oncle une forme de relat ion ~ l a i s a n t e r i e assez r v la -
trice En fa i t ,
ce
f i l s de l 'oncle e s t j a l o u ~ - : des traitemen
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