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    ORGANISATION E L UNITE

    AFRICAINE

    CENTRE

    l E ~ U E S

    LINGUISTIQUES

    ET HISTORIQUES PAR

    TRADITION

    ORALE

    LE JEU

    ET

    L P ROLE

    Manqon NI NG

    CELHTO WC/2

    Noverttbre 1981

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    INtRODU TION

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    - 3 -

    Nommer une science qui s a o ~ e l 1 e l i n ~ u i s t i q u e en parlant

    d'une autre qui se di t a n t h r ~ ~ o g i e ,

    c 'es t

    imrylicitement relever

    ce que toutes les sciences

    de

    l h o ~ ~ e doivent la rvolution

    du

    langage

    Parmi les

    dettes contractes

    envers

    la

    l inguist ique,

    celle

    de

    l 'anthropologie

    est

    d ~

    loin la plus i m ~ o r t a n t e . Et,

    deouis

    que le l inguiste

    a

    cess

    de

    s'occuper d'une langue-f ic t ion, l ' an

    thropologue

    tente

    de

    s i t u e r nouveau son objet ,

    l ' au t re ,

    en red

    f inissant l 'pistmologie

    de ~ a scienceo

    C'est a insi que, pour ce

    dernier , s 'effectue

    le passage de

    l 'e thnologie l 'anthropologie,

    celle-ci

    comprise

    comme point

    de

    dpart

    (et , qui sa i t ? ~ o i n t d 'ar

    rive)

    de

    diffrentes

    oistm (1) 0

    Prcisant le

    cham? de l 'anthropologie,

    Cl. L E V I - S T R ~ U S S

    ins i s ta i t

    sur

    ce

    qui

    fa i t

    cet te

    science

    srrioloaie.

    Nul,

    c r i t - i l ,

    une

    contestera

    que

    l ' anthro:,?ologie c o ~ n , t e dans son chaIn??

    l;)ro ?re

    cer

    tains au moins de ces systmes de signes, auxquels sOajoutent beau

    coup

    d'autresg langage mythique, signes oraux e t

    gestuels

    dont

    se

    compose le r i tue l , rgles

    de

    mariage, systmes

    de

    ~ a r e n t , lois cou

    t u m i ~ r e s ,

    certaines

    modalits des

    'c."'anges

    conomiques

    (

    1973,

    p.

    18 ) . Smiotiques non-linguistiques

    ou

    pratiques langagires qui

    - - - - - - - - - - - - ~ - - - - ~ - -

    1.

    M.

    FOUCAULT met cet te charge

    dans

    le

    terme d'anthropologie;

    d'un autre ct avec Cl. LEVI STRAUSS 1 9 a n t h r o ~ o l o g i e cesse

    de

    se

    rduire l ' au t re t rooical . Tmoin,

    l est le

    seul

    chercheur

    dont

    l 'oeuvre,

    applique aux

    socits

    occidentales

    peut rs is te r

    (car

    cet te

    oeuvre

    insis te

    sur

    ce

    qU'i l

    y

    a de

    plus universel dans l h o r o m e ~

    le

    langage). Cela v ~ u t dire quoi?

    Que,

    simplement,

    la

    nature

    a hor

    reur

    du

    vide, e t que peuple

    de

    la nature

    (u t i l i s , on

    se souvient,

    par

    Freud dans

    Totem

    e t tabou), a

    n'exis te

    pas. Parce qu'existp.

    le

    langage e t ,

    s ' i l

    es t

    l ,

    c 'es t lui

    qui va

    contre la nature, qui

    es t contre-natureo C'est

    i c i d'ai l leurs

    que Lvi-Strauss rencontre

    Rousseau,

    pour qui, la nature n ' ta i t

    qu'une

    f ic t ion.

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    - 4 -

    qui se donnent

    comme

    l a n ~ ~ ~ aans la

    mesure o

    el les vr i f ient

    ce

    que U r r ~ e r t o ECO appelle I

    1

    hypothse

    s ~ i o t i q u e (1972, p. 13) e t que

    l 'anthropologie ne peut

    sa is i r

    qu' condition de se constit.uer

    c o ~ -

    me

    s m i o t i g u ~

    (1).

    A

    ce

    niveau-l,

    Saussure

    e t

    Freud

    appartiennent

    aussi

    bien

    l thropologie qu. leurs discipl ines respectives

    parce que, les premiers, i l s ont essay de s y s t ~ m a t i s e r le langage

    sans

    que

    1

    8

    homme - objet fondamental de l 'anthropologie -

    so i t

    exclu de

    cette systmatlsaticn

    (2) 0 Nous ne

    parlons

    pas de Freud

    de

    Totem

    e t

    Tabou qui cr i t rapidement un l ivre en par t ie contre

    K o

    Jung,

    qui

    t ravai l le

    sur

    des matriaux de

    seconde

    main ( i l

    u t i l i sa i t

    i c i Frazer

    e t autres

    comme, du

    reste,

    ~ a r x ut i l i sa i t

    les

    conomistes bourgeois),

    e t qui baigne

    en

    plein

    darwinisme;

    nous

    parlons

    de

    Freud - e t celui-ci

    se

    donne connatre -

    qui

    es t tout

    1. Nous uti l isons le terme de smiotigue

    au l i eu

    de smiologie con

    formment la

    dcision

    arrte en Janvier 1969

    par

    l iAssociation

    internationale de

    smiotique .

    2.

    Dans un

    sens,

    nous disons

    la

    mme chose que Go

    DELEUZE e t

    F. GATTARI

    lo rsqu i l s donnent la Gnalogie de la morale de

    NIETZSCHE

    comme

    le grand l ivre de l 'e thnologie

    moderne

    (1972, p:?o

    224-225) 0 Et c e s t vraio

    Le

    primitif ou

    le sauvage

    n

    es t

    un tre

    qui porte

    une

    inscript ion dans sa

    chair , autrement

    il sera i t un

    homme sans langage.

    Comme

    tout tre de langage,

    il

    es t marquo Com-

    mentant

    i : ~ i e t z s c h e ,

    Deleuze e t

    Gattari

    crivent:

    Toute

    la

    stu9idit

    e t

    l i a rb i t ra i re

    des

    lo is , toute la douleur des

    in i t ia t ions ,

    tout

    l apparei l pervers

    de

    la

    rpression

    e t de l 'ducat ion, les fers rou

    ges

    e t

    les procds

    atroces

    n'ont que ce

    sens, dresser

    l'homme, le

    marquer

    dans

    sa chair , le rendre capable d a l l iance , le former

    dans

    la relat ion

    crancier-dbiteur qui ,

    des

    deux

    cts, se

    trouve

    t re

    une

    affaire

    de mmoire (une mmoire

    tendue vers l aven i r ) .

    Loin

    d tre

    une apparence que prend l 'change,

    la dette es t l e f f e t

    im

    mdiat ou

    le moyen

    direct de

    l insc r ip t ion

    te r r i tor ia le e t

    corporel

    le . La

    det te

    dcoule tout droi t

    de

    l inscr io t iono/

    /

    Que les in

    nocents

    subissent

    toutes

    les marques dans leurs

    corps, cela

    vient

    de

    lVautonorrie

    respective de

    la

    voix e t

    du

    g r a ~ h i s r o e , e t aussi de

    l oe i l autonome qui en t i r e pla i s i r . Ce n es t pas parce qu'on

    s o u ~ -

    onne

    c h a c u n ~

    d a v a ~ c e ,

    dVtre

    un

    mauvais

    dbiteur

    fu tu r ;

    ce se

    ra i t plutt le

    contraire

    C e : : ; ~

    le

    mauvais dbiteur qu'on doit

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    ~

    5

    le

    temps

    l a f f t

    de ce

    qui

    fonctionne, du Freud l inguiste

    dont

    parle e t se rclame

    Jo

    ~ ~ C l ~ l

    (1)

    e

    Cl.

    Lvi-Strauss

    a

    raison

    d'crire

    qu'"aprs

    Rousse \u,

    Harx,

    Durkheim;

    S a U 3 S ~ 1 r e

    e t

    Freud';,

    c es t

    l 'ob

    j e t autre dvoile

    'route

    t. 1.Ol:ie de texte es t

    t1.11e thorie

    de

    lecture, mais

    qui

    renvoie

    la

    socit

    c o ~ ~ e p ~ a t i q u e d r c r i ~ l l r e o

    Trans-linguistique,

    le

    terme

    'cri ture

    annexe

    la parole ou le d i s ~ o u r s e t dtrui t toute

    prdominance

    de l cr i lJ.re p r o ~ r e m e n t di te sur la l?arole (rat?pelons

    que

    ce

    fut

    l

    la

    p : r o c c u ~ a t i o n

    ,-les

    ?remiers

    novateurs

    grecs

    en

    l in-

    g u i s t i q u e ~

    le

    dbat SUT. la langue

    upurenooo) 0 I l t radui t

    donc ic i

    une

    signification t r s ~ c t u e l l e par quoi, il faut l 'avouer, sGaf

    firme

    toute alliance

    entre

    Linguistique

    e t (Psychanalyse

    d'abord)

    Anthropologie: toute pratique de parole (orale cri te) 0

    I l nous arr ivera donc

    de parler

    d 'cr i ture orale e t nous en

    tendons bien ne pas tre contradictoire, tant

    compris

    qu'cr i ture ,

    au

    sens

    large, renvoie

    toute

    inscription

    fa i te aussi

    bien sur

    la

    terre que

    sur

    la chair,

    dans tous

    les cas marque

    dans

    une mmoire,

    celle-l

    sociale, en la.quelle 1> r o LEROI-GOURH.hl1

    voi t le rece";)tacle

    des nombres, couleurs e t

    vertus,

    lments e t plantes ,

    bref

    tout svs

    tme structurant du symbole 0

    ~ ~ ~ ~ ~

    comprendre

    COI C .me

    s i

    les

    marques

    n'avaient

    pas

    suffisaroment

    "pris"

    sur lui ;

    comme

    s il ta i t ou avait t dmarqu. I l n a fa i t qu'lar

    gir

    au-del des

    l imites permises l car t qui

    s ~ a r a i t la voix

    d a l -

    l iance

    e t le corps

    de

    f i l ia t ion , au

    point

    qu i l faut

    r tabl i r

    l qui -

    l ibre

    par un

    surcrot de douleur".

    10

    RlCe

    qu'on

    voi t , dans Freud, c es t

    un

    homme qui es t tout le temt;>s

    en

    t rain

    de

    se

    dbattre

    pour

    c h a q u ~

    morceau de

    son

    matriel

    l inguis

    t ique, d;

    ~

    faire jouer ~ _ e s ? "ticulations Voil Freud

    Un

    l inguiste".

    (

    in

    F j ~ a r c L i t t ~ a i r . e

    1er

    Dc.

    1966, Interview

    de

    J . LACAN) 0

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    - 6 -

    La

    t radit ion

    orale, en ce qu el le reformule

    en

    ~ e r . m a n e n c e

    les

    donnes

    du

    fonctionnement

    siqnifiant , pose

    e f f e c t i v e ~ e n t tout le

    problme de la syntaxe

    sociale

    f I l Y

    a

    un

    os entre eux:,

    t e l le es t la forroule

    qu u t i l i

    sent les

    Nuer pour parler

    d un

    Blocd Feud une

    vendetta)

    qui exis te

    entre

    deux

    groupes ou deux uarentages EoEoEo PRITCHARD, 1968,

    po

    182)0

    Qu invoque

    cet te dimension

    mtaphorique: l h o ~ r n e mort ou

    le btai l compensateur qui rompt

    l h o s t i l i t ?

    Dans

    les

    langues

    orales, le

    silence

    es t

    un lment

    de

    discours et , partant , a une distr ibut ion dans la chaine

    parleo

    Une

    grammaire

    qui gnre le non-mot dpasse la

    langue

    dans une ponctua

    t ion

    extra-l inguistique

    qui

    a valeur

    pertinenceo

    Historici t aff i r

    me

    du discours: nIa

    structuration des

    textes

    0 0 0 l ordre

    d engendre

    ment, dDcriture

    des mots,

    des noncs, des squences

    ~ t

    en

    jeu

    une stratgie idologico-culturelle

    l l

    (D. ~ A I S E R G R U B E R

    1974)

    0

    Si

    11homme

    contient l no nciat ion,

    ~ a r

    inclusion,

    la

    seule

    tude de l a

    langue

    digne de

    ce nom doit , pour

    tre

    explica

    t ive; rendre formalisable

    le procs de

    la c o ~ ~ u n i c a t i o n . Ainsi, se

    trouve

    rvl ce qui apparat encore confusment lorsqu on fa i t

    l t a t

    des

    travaux

    les

    plus

    rcents: l i n t r t

    suprieur

    du

    texte

    en tant que

    pr-texte

    - c es t dire la ~ e r t i n e n c e du rfrent

    social

    tota l .

    Et

    c e s t

    justement

    ce

    que

    CIo

    BREMOND

    a

    voulu

    dire

    en

    crivant

    au

    terme

    d un

    texte sur

    la logique des

    possibles narrat i fs :

    IITechnique

    d analyse l i t t ra i re , la

    sn ologie

    du

    rc i t t i r e

    sa

    possibi l i t e t sa fcondit

    de

    son

    enracinemant

    dans

    une

    anthropolo

    gie

    l l

    (1966)

    0

    Ds lors , on comprend que

    nous

    insis tons sur la

    notion

    de

    l ido- logiqueet du schma perscutif cfo

    M o

    AUGE, 1974 ) .

    Contemporain de B. Pascal

    e t

    de Ro Desaartes, Kocc BARMA

    F ~ ~

    (1) es t

    un

    penseur

    du KnjoOr(Actuelle Rgion de DIOURBEL

    au

    Sngal). Bien qu i l

    n a i t pas vu

    ses rflexions

    confies ~

    1 . Nous conservons la g r a ~ h i e

    wolof

    du nomo

    En

    franais

    l convien

    drai t

    peut-tre d cr i re

    KOTq B ~ FALLo

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    - 7 -

    l c r i t u r e ~ x o c c

    est

    prsent ~ s l e spr i t de chaque Sngalais,

    au

    point

    d'appartenir un

    fonds

    mythique

    commun

    aux Wolof,

    Serer,

    Peul

    e t

    Manding. C'est

    ainsi

    que nous le retrouvons partout aussi

    bien

    dans

    les

    cr i t s

    laisss

    par

    les

    anciens

    administrateurs

    (Faidherbe, Beranger-Ferraud,

    etc

    )

    que dans

    les textes les Qlus

    modernes des crivains sngalais: Birago

    DIOP,

    Sernbne O U S r W ~ F

    Lopold So SENGHOR,

    00

    La mmoire sociale nous le

    rest i tue

    comme un sage dfiant

    les

    pouvoirs,

    tournant

    en drision

    le pouvoir, et , para i t - i l ,

    plus

    d'un

    roi

    a

    perdu

    son

    trne

    cause e

    luio

    "DAOU

    DEIf1BA engagea avec Kothe une joute in te l lec

    tuel le ,

    esprant

    l 'amener se rendre coupable de lse

    majest. Kothe (Koce) sut ne pas sor t i r des

    limj.tes

    germises

    sans

    toutefois hsi ter rpondre

    au

    qarnel (roi

    du Kajoor).

    "Le damel avait dja diverses reprises

    envoy

    auprs de Kothe d'ineptes

    enfants

    pour lOobsder e t

    faire

    russir

    le

    dessein

    du dame .

    Pour l

    aT 10rcer, i l s dnigraie lt

    devant Kothe les

    actes

    du

    souverain,

    mais

    tous leurs e ~ -

    dients se

    noyrent dans

    l 'unique sublime

    g e r s i f l a ~ e

    c i - a ~ r s ,

    que

    l ' indolent

    D OU

    D E I ~ A

    e t

    ses

    jeunes

    espions pr i rent

    pour

    un loge suprme. "f '1on enfant, garde-toi bien

    de

    cri t i

    quer les excellentes rgles nouvellement

    appliques

    aprs

    une intel l igente

    combinaison.

    Une

    quit

    digne

    d'loges

    les

    guide

    " 1) .

    ~ o c c dclara un jour

    que

    personne

    ne pouvait

    l 'amener

    men

    t i r

    par simple

    ruse.

    Le

    roi en eut

    vent e t le

    f i t

    a p ~ e l e r .

    "

    Le

    damel donne l 'ordre de se l l e r son

    cheval

    e t

    tous

    les

    autres

    de

    la

    capitale

    e t

    dclara

    que

    tout

    le

    monde

    lRaccompagnerait pour a l le r voir la l ingure ( la reine-mre),

    qui ta i t alle

    faire

    un sjour

    U'DIAKHERE,

    sa

    capitale-

    1 . Ro ROUSSEAU, "Etude sur le Kajoor",Bulletin du Comit d'Etudes

    Historiques e t Scientifiques de l'AOF, Avril-Juin 1933; "Etude

    sur le Cayor", Bulletin de 1.' IFAN,

    t . I I I ,

    19410

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    9/60

    - 8 -

    Partout

    cet

    ordre

    s 'excutai to

    I l sor t i t ,

    mit un de ses

    pieds l t r i e r e t se

    retournant

    parla avec ceux qui se

    t rouvaient

    l ,

    faisant

    croire qu 'auss i t t l en t re t ien

    termin l monterait

    cheval

    I l

    di t

    } K o t h e ~ UMonte

    cheval

    Kothe e t cours vite dire

    ma

    mre

    que c es t

    auprs d e l l e que je ~ a s s e r a i le reste de la journe e t

    la nui t

    suivante. Qu'elle

    prpare

    b e a u c o u ~ de couscous;

    e t to i , ne rentre pas

    DIAMATILE

    sans r e ~ a s s e r

    ?rs

    de

    moi:

    je t iens

    connatre

    s i

    mon ordre

    a t

    bien

    t r a n s ~ i s .

    Kothe

    courut

    3

    toute

    bride,

    se

    rendit

    N' DllHRE,

    s acqui t ta f i d l e ~ e n t de sa mission, en disant

    Khour

    dia

    Rouly

    ( la

    reine m ~ r e ) qU'i l avait la iss lV

    un

    des

    pieds

    de son f i l s

    dans

    un des t r ie rs e t l au t re par

    terre ,

    e t

    qU'i l ignorai t lequel des deux re joindrai t

    l 'autreo

    Aussitt,

    Kothe

    ~ a r t i ,

    le roi

    di t

    desseler

    son

    cheval e t

    publia contre

    ordre .

    De

    retour

    au

    village,Kocc al la voir le

    ro i , qui

    lui di t :

    Eh

    bien

    Kothe, r ien n es t d i f f i c i l e un r o i ; je

    t a i bien

    fa i t

    mentir

    malgr tes f ires vantardises .

    C'est

    tout le

    contraire,

    lu i rpondit Kothe. Aprs avoir

    exactement

    communiqu

    ta

    commission ta

    mre, je lu i

    ai

    bien f a i t remarquer

    que

    j avais la iss

    un de tes

    pieds

    l t r i e r e t l au t re par te r re ,

    e t

    que

    j ignora is

    lequel

    des

    deux

    rejoindrai t l 'autreo Tu vois

    donc

    que

    je n a i

    pas menti

    0

    1)

    I l

    existe dans l 'anthologie l i t trai re-orale wolof d i n n o ~ b r a -

    bles

    rc i ts

    de

    ce

    type

    o

    Roce

    in terv ient

    sans

    aucun

    recours

    quelcon

    que. Discours

    sujet

    J . KRISTEVA, 1975, 1;). 231) ,

    mi-chemin

    de

    l h i s to i re

    ( le

    suje t

    y es t si tu

    historiquement)

    e t du mythe ou du

    ~ ~ ~ ~ ~

    1

    R. ROUSSEAU, o o ~ o

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    10/60

    - 9 -

    conte (les oprations voqUent

    le

    t r i cks ter africain) ,

    ce

    genre

    de

    rc i t

    ne seroble proposer aucune mthode de

    penSe. Or nous savons, depuis le Totmisme Aujourd'hui,

    que

    le bia is

    par

    le

    monde

    animal

    ou

    vgtal

    n 'a

    presque

    pas

    d'autre

    signification.

    Nous avons

    dans cette

    analyse,

    fidie

    en cela

    l 'enseignement

    de V

    o

    PROPP encore qu ' i l

    n 'a i t

    dgag

    que des rgles valables pour les

    contes

    merveilleux (europens) 1) , fa i t ressor t i r les fonctions

    des diffrentes variantes du mme rc i t . Ceci ne ~ o u v a i t

    se faire sans que

    soi t

    prcise

    la s t ra tgie

    du

    sujet

    chez

    le

    t r iCkster

    forme humaineo

    Car dans

    les

    contes

    serer ,

    peul e t manding,

    c 'es t bien

    sr Roce en tant

    qu'tre nomm e t historiquement dat qui disoarait .

    I l

    arrive

    aussi

    que la

    femme d i s ~ a r a i s s e o

    Ce qui fa i t

    cr i re

    Lo

    KESTELOOT:

    IISachez donc que le

    mme conte

    existe ,

    exactement le

    mme chez les Toucouleurs/les Peull

    mais

    sans personnage fminin. C'est l 'enfant

    qui

    provo-

    que la

    malfaisance

    des

    gnies

    e t

    la

    ruine de la familleo

    La fell me n 'es t d.onc ic i que le double de l 'enfant o Dans

    la part ie I I I nous analysons la position de la

    femme

    e t

    de l 'enfant

    dans

    le schma du l ignage, position

    qui

    ne

    va pas

    sans cel le

    des

    Vieux. Le s ta tu t de

    la

    mort claire

    celui de la

    vieo

    Alors, IIsi l 'on s 'abs t ient de toute

    . manifestation pour

    la

    mort d'un enfant, ou pour cel le

    d'une femme

    enceinte,

    par contre,

    le

    dcs d'un vie i l la rd

    es t

    entour

    de

    r i tes

    importants , note

    C.B.

    MA.THON

    1971)

    1. 10

    J ;a i

    tent

    de prouver

    jadis

    que

    les invariants dans les

    contes

    merveilleux

    sont

    les

    actes

    des

    personnanges e t

    les variables

    les

    ex-

    cutants de ces acteso

    Aussi, la tY90logie e ~

    contes merveilleux

    e t

    l ' tablissement des

    ~ h m e s ne

    pourront

    ~ t r e

    constitus

    que sur

    les

    ac-

    tes des personnageso

    I l mGest im?ossible d'aff irmer que

    cet te loi

    con-

    cerne toute la l i t tra ture

    orale.

    I l es t ncessaire,

    au

    d ~ a r t

    de

    prciser pour

    chaque

    genre les variables e t les tnvariants

    f V.

    PROPP

    Actesooo,

    Moscou 1969).

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    11/60

    - 10

    Cette

    part ie prcise

    aussi la

    formulation tautolo

    gique

    du concept de signification (1) .

    Les parties I I e t V donnent respectivement

    les s i -

    gnifications

    de

    l ac t iv i t

    1udi1ue

    e t

    de

    l 'ordre de

    IDin

    version

    dans les contes.

    1.

    "Si

    tout

    langage

    es t

    d'abord

    une

    t o t a l i t

    s ign i f i an te ,

    l

    n'existe

    pas,

    dans

    le langage, des

    structures

    qui

    ne soient

    des

    structures

    de

    signification" AoJo GREI -mS, 1964)

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    \

    r

    1

    r

    \

    \

    l

    1 TEXTE

    iIORS

    T XT

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    13/60

    - 12 -

    NOTATIONS SYMBOLIQUES DES JOUEURS, DES VERITES

    ET DES

    ELEMENTS - SUJETS :

    X : Roi

    Rocc

    t

    JIGSZN S P ~ ~ TE

    BUL w60Lu

    Aime

    ta

    femme F) mais ne

    lui

    fa is

    pas

    confiance

    BUUR

    DU MBOKK

    Un

    ro i

    R) n es t pas un

    parento

    DOOMU

    JIITLE DU Do M

    Un

    enfant

    adoptif E) n es t

    pas

    un

    enfant

    MAG MAT NAA BA CIM

    R ~ ~ W

    Les vieux

    V)

    doivent

    tre

    gards au

    vil lage

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    13

    Texte franais adapt ar t i r du texte

    wolof), dcoup ic i en s ix

    squences.

    Nous mettons entre-parenthses, chaque

    fois qu

    8

    el le

    intervient ,

    la

    seconde

    voix

    du conteur ou,

    dans

    la terminologie l inquistique,

    le

    commentaire),

    qui

    insre

    celui qui

    l ivre le rci t dans le rci t

    mm

    tout

    un arsenal

    idoloqique)

    ce qui, en un sens,

    dt ru i t

    la

    l inari t structurelle du texte.

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    15/60

    - 14 -

    Un matin,

    Rocc Barma

    FAAL

    se

    rasa

    le

    crne

    d une faon

    tout

    fa i t part iculire, en ne laissant que

    quatre

    touffes de

    cheveux

    sur

    la

    t te

    ;

    ~ u i s i l se rendit

    sur

    la place

    du

    village

    pour jouer

    au

    comme ~ h a b i t u d e . Au cours

    du

    jeu, le

    roi ,

    qui

    tai t ce

    jour-l

    son

    partenaire, lu i dit

    nom

    - Eh

    bien

    Rocc Elles sont jol ies,

    tes

    touf fes?

    Et

    Kocc lui rpondit :

    -

    Certes el les sont jol ies,

    de

    plus

    chaque

    touffe

    a un

    -

    Tu

    ne

    me dis pas leurs noms ?

    demanda

    le roi .

    Kocc :

    - Non, tu

    ne

    le sauras 9as.

    Le

    roi :

    -

    Je

    ne le

    saurai

    pas ?

    Rocc :

    - Non. Et le jour

    o ~

    tu le sauras,

    tu

    ~ o u r r s me

    tuer.

    e

    roi

    :

    - Bieno

    Un

    jour

    le roi f i t appeler la

    femme

    de Kocc, Fatu Kocc,

    e t

    lu i donna une

    pice

    de ngalam.

    Fatu

    Kocc,

    tonne,

    lu i

    di t

    :

    - Pourquoi me donnez-vous

    cela ?

    - Roce est

    mon parent

    e t mon ami, rpondit le

    roi .

    I l

    est donc

    normal

    que

    je

    fasse

    des

    cadeaux

    ~

    sa femme.

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    16/60

    - 15 -

    e que

    le

    roi

    f i t

    de

    plus

    en plus, jusqu ce

    qu un

    jour

    Fatu

    Kocc

    vint

    elle-mme

    le

    rvei l ler .

    Celui-ci

    lu i

    donna

    encore

    une

    pice

    de

    ngalamo Alors qu e l le ta i t

    sur

    le

    point

    de

    ~ a r t i r

    le roi la

    f i t p ~ r o c h e r

    e t

    lu i

    ni t :

    - Je voudrais que

    tu m expliques

    les touffes de Kocc.

    C es t une bel le coiffure . Et tu sais

    que

    dans

    un

    tiays

    un roi doi t

    tre

    par.mi

    les

    ~ e r s o n n e s

    qui ont

    les

    olus bel les choses 0

    Je

    veux

    donc me les fa i re coif fer .

    Fatu Kocc l u i d i t

    - Tu as raison. La premire touffe

    s i g n i f i e ~

    Aime

    ta

    femme

    mais ne

    lu i fa is

    pas

    confiance.

    La

    seconde:

    Un

    roi

    n e s t

    pas

    un

    parent. La troisime: Le

    f i l s du ~ r e m i e r

    l t de

    t a

    femme n e s t

    pas un f i l s .

    Et la quatrime: Les Vieux

    doivent t re

    gards

    au

    vi l -

    lage.

    1.e roi lu i di t :

    -

    C es t

    bien

    a

    ?

    - Oui.

    - Tu ~ e u x donc ~ a r t i r .

    Elle

    par t i t .

    Le

    roi venait

    d abuser de sa

    confiance)

    Le

    roi

    envoya

    aussi t t un de ses suivants chercher Kocc.

    e jour- l Kocc avai t donn ses habi ts laver sa femme.

    I l por

    t a i t le

    pantalon de son

    f i l s adoptif .

    I l

    vint

    r ~ o n d r e lDappel

    u roi .

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    17/60

    - 16 -

    Quelques

    temps

    aprs, i l s

    commencrent a

    jouer au ~

    Kocc commena

    le

    ~ r m i r o n dplaant

    un

    pion,

    l

    d i t

    :

    - Nos

    actes

    doivent

    tre

    en

    rapport avec l poque que

    nous

    vivons.

    Le

    roi f i t son jeu

    e t

    di t :

    -

    Un

    roi n es t pas un parent.

    Kocc

    le regarda, joua e t di t :

    - Quand on

    se

    choisi t

    un

    roi dans le pays e t que tout

    le

    monde aime ce roi ,

    l vaut

    mieux l a imer

    s i

    on veut

    la

    paix.

    Le roi f i t son jeu e t rpondit

    :

    - Les

    Vieux doivent ~ t r gards

    dans un

    pays.

    Kocc

    joua

    - L homme

    n claire que celui qu i l aime.

    Et

    le

    roi

    di t

    en jouant

    -

    Un enfant adoptif n es t

    pas un

    enfanto

    Kocc lui di t :

    -

    Tu as

    gagno

    - Comment?

    di t

    le ro i .

    -

    Tu as gagn.

    Kocc

    leva e t

    ajouta

    -

    Je maintiens ce que

    j avais

    dito

    Ton

    nom es t Faal e t

    le

    mien galement. Nous sommes

    des

    parents du

    ct paternel .

    Tout

    ce

    que

    je

    dis

    avec

    toi

    doit tre

    respect.

    Le

    roi

    ordonna ses suivants :

    -

    Allez tuer

    Kocc

    sur la colline

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    18/60

    - 17 -

    Lorsqu i ls se mirent en route vers la coll ine pour tuer

    Kocc

    le f i l s

    de sa

    femme accourut e t di t

    :

    - Roi

    - Oui.

    - Dites Kocc d enlever mon

    pantalon

    pour

    ne

    pas

    le

    souil ler

    de son sang.

    Les

    Vieux j u s q u e - l ~ silencieux dirent

    - Roi 1

    - Oui.

    -

    Si tu tues

    Kocc tu

    seras t rs malheureux. Car tu

    n auras

    plus

    personne pour

    te parler

    des

    intrigues

    du

    ~ j o o r .

    Et

    tu ne

    le sais

    mieux que quiconque i l

    v a beaucoup

    d i n t r i g u ~ s au

    Xajoor.

    Ne

    le fais

    as mettre

    mort.

    - Appelez-mai Roce di t le

    roi .

    Lorsque

    Kocc fut ramen, l

    di t

    au r o i :

    - Roi

    -

    Oui.

    - Tout ce que j avais di t s es t

    vrifio

    J avais di t

    I l faut aimer la

    femme

    mais

    sans

    lui

    faire

    confiance.

    -

    C es t

    vrai ,

    di t

    le

    roio

    e

    que

    j a i

    di t ,

    c e s t ta

    femme

    qui me IV

    a

    racont.

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    19/60

    18

    Quand

    tu me faisais

    emmener

    vers la colline pour me

    tuer,

    s l i l

    y

    avait

    mon

    propre

    f i ls ,

    i l

    aurait t

    capable

    de

    se

    sacr i f ier

    pour

    me

    sauver, ou

    mourir

    avec moi. I l n aura i t ?ar

    contre pas

    pens

    un

    pantaion.

    C est vrai,

    di t

    le roi.

    Koce ajouta

    Clest enfin grce

    ax vieux du

    vil lage que tu ne

    m as

    pas tuo Si nous tions

    de

    vrais parents, de l i n ~ maternelle, tu

    n aurais pas ordonn de

    me

    tuer

    cause

    de quelques

    (malheureuses)

    touffes de

    cheveux.

    u

    as raison,

    r90ndit

    1e roi. Dans

    ce cas; c es t

    moi

    qui avais gagn la

    r ~ m i r e

    fois au jeu, mais, prsent c es t to i

    qui

    gagneso

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    20/60

    - 19 -

    I I . LES TERRITOIRES LUDIQUES

    Les homm s

    ne sont jamais plus ing-

    nieux que dans

    l inven tion

    des jeux:

    l e spr i t s y trouve son aise l

    LEIBNIZ, Lettre

    Rmond

    de

    Mont

    mort, 17 janv. 1716)

    0

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    21/60

    -

    20

    .&0

    HJEU

    v

    SLEV

    aiLe schma de la langue

    es t

    en dernire ana

    lyse un jeu e t r ien de plus n (1971). Depuis l 'apprhension saus

    surienne du langage verbal comme systme smiotique,

    t ravers

    l8exemple du jeu d'checs,

    les

    spcial is tes des sciences humaines,

    l inguis tes e t anthropologues notamment, ont sans

    cesse

    largi

    le

    champ ludique. Pour

    Jo

    HUIZINGA tout ?rocde

    du

    jeu

    ou

    y

    renvoie:

    inst i tut ions

    e t langages rductibles dsormais

    un homo

    ludens.

    rlLa

    culture,

    dans ses 'Ohases primitives es t joue.

    Elle

    ne na t

    ~ a s

    du jeu comme un

    f ru i t

    vivant

    qui se

    s ~ a r e de

    la

    ~ l n t e

    mre, el le

    se

    dploie

    dans

    le

    jeu

    comme

    jeu

    (1951)

    0

    I l

    importe

    de

    noter

    que

    la

    comparaison, ds Saussure

    e t

    poursuivie

    mme par

    les ~ m n t i c i e n s

    modernes (O. DUC

    ROT , 1972),

    du

    langage avec le jeu

    n ' es t pas

    gre

    tu i te : le

    fa i t que

    chaque

    ta t

    du jeu

    dpend de

    l ' t a t ~ s s e t de

    la ta t

    futur

    renvoie certainement

    l i m ~ l i c a t i o n

    mutuelle

    de

    la

    synchronie

    e t

    de la diachronie, te l le que cet te

    implication

    es t r

    vle

    par

    la grammaire gnrative. E. BENVENISTE

    voi t

    dans le ludus

    un

    contrepoids

    conomique,

    act ivi t ,

    di t - i l ,

    qui trouve

    sa f in

    en

    elle-mme ;

    M.

    GRIAULE pour sa r;>art

    y

    relve une

    modalit propre

    certaines pertinences sociales. Une rvolution cr i t celui-ci

    abattra les

    cathdrales,

    mais

    on

    ne voi t

    pas comment

    e l l e empche

    r a i t

    des

    enfants

    jouer aux bil les

    (ci t

    par Ch. BEART 1967).

    L'on apprend

    chez Co LEVI-STRAUSS que lalaboration du m y ~ h e

    es t

    assez similaire

    cel le

    d'un

    jeu. D'ai l leurs ,

    nous

    saisissons l

    implicitement

    ~ ~

    vieux

    geste

    n t h r o ~ c l o g i q u e

    qui

    consiste

    donner

    au jeu une

    origine

    r i tue l le

    ou r e l i g i e u s e ~ Le jeu

    de

    ds, aux Indes

    par exemple, se

    retrouve dans le

    r i tuel di t du

    rjasya

    o ~ r t i o n

    symbolique

    destine

    confrer au

    roi

    chance

    e t

    prosorito Cepen

    dant, une pratique rel igieuse ou un r i t e magique ne sont jamais,

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    22/60

    - 21 -

    en soi , des jeux. L'extrme importance a t t ~ c h e dans les c iv i l i sa -

    tions

    anciennes ou primitives, aux fonctions,

    l des ~ r t r e s

    i c i

    des

    sorciers ,

    es t

    connue.

    Elle

    jus t i f ia i t

    maint

    privilge

    e t

    un

    prestige

    social qu' aucune occupa.tion profal'le

    ne

    pouvai

    t

    concurrencer

    M.

    NEVEUX,

    1967).

    Ce qui

    s ignif ie

    que

    ce qui s ' labore

    dans

    cer

    taines

    oprations r i tuel les

    n o b ~ i t nullement cette

    loi

    du simula

    cre

    qui

    gouverne

    toute

    ~ r a t i q u e ludique, qU'elle

    relve,

    cel le-c i ,

    soi t de l a g o ~ (jeu d ~ comptition) soi t de l ' a l a (jeu de chance).

    Effectivement,

    au dsordre

    de la vie

    se substi tue

    un ordre

    ludique,

    auquel

    l

    faut accepter

    l ' i l lus ion (ce terme ne s iqnif iant qu'entre

    en

    jeu:

    in- lusio) , c 'es t --dire

    la

    f ict ion,

    sinon

    l

    es t irn?ossible

    de jouer.

    Si

    le jeu

    es t

    autre

    chose que

    la

    ral i t ,

    le

    joueur

    es t

    bien sr un autre horo.me.

    I l

    oublie,

    dguise,

    dpouille t;>assagre

    ment

    sa personnalit

    pour

    en

    feindre

    un

    autre

    ll

    R.

    CALLOIS,

    1967).

    Entre

    deux joueurs, l ' i l lus ion

    doit

    t re

    tota le .

    I l n 'es t

    tenu c o r e ~ t e

    ni

    de la hirarchie ni d'aucun

    t i t reo

    Les

    ~ r a t i q u ~ s r i tuel les

    ne

    sont, donc,

    ~ a s des

    jeux

    en

    ce

    qu'e l les relvent d'un s ~ ~ m a pers-

    cutif , te l que ce schma a p ~ a r a i t

    dans

    les

    travaux

    de

    AUGE

    (Cf.

    ,La Construction

    du

    Honde, 1974) (1). C'est

    seulement

    dans le

    jeu

    pro-

    prement di t qu'on peut se mesurer avec le roi sans que son t i t r e ne

    - - ~ - - ~ - - - - - - - ~ ~ - - -

    10

    Le

    malaki

    es t une ins t i tut ion

    pratique

    au Congo. Au

    dpart, l

    ta i t une

    fte annuelle qui contribuait

    ~

    honorer

    les

    an

    ctres e t

    renforcer

    les

    all iances

    e t IQunit du lignage tout en

    ser-

    vant

    d'instrument

    rgulateur

    de

    l 'conomie

    (les

    biens

    accu-

    muls tant consomms collectivement).

    I l

    avait , aussi , un caractre

    polit ique; on y rglai t

    la succession des hommes o c c u ~ a n t une haute

    position

    sociale, la transmission de

    leurs biens,

    leur

    succession,

    etc

    I l

    faut remarquer que les relations

    conomiques

    y taient

    joues e t l lmis s en scne . C'ta i t ,

    cr i t G.

    BALANDIER 1968) un

    conomodrame.

    Plus

    tard, le malaki

    sera ut i l i s par

    des

    hommes qui

    occupent un haut

    rang

    dans le l : t ~ n a g ~ pour gagner prest ige e t

    autori t

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    23/60

    - 22 -

    soi t pour

    quelque chose

    dans le

    rsul tat

    finalo I l

    "semble

    (mais

    cela demanderait une plus

    ample

    dmonstration) que

    certains

    r i tes

    (ou part ies de r i tes) peuvent tre

    assimils

    un j e u ~ espace dl i

    mit,

    rgles

    s t r ic tes ,

    oppositions,

    etco

    Ao

    POPOVA, 1970). D'oil

    vient alors

    (question que, valablement, on

    est en droi t

    de

    poser)

    que

    le

    r i t e ,

    comme

    pour chercher une

    lgit imit,

    tente

    d s e s ~ r m p n t

    de se donner

    l 'apparence

    d'un jeu ?

    i ~ l e m e n t parce

    que le jeu, la

    tradit ion orale

    (les

    contes notamment) e t la ~ r a t i q u e ini t ia t ique

    (cette dernire,

    soulignons-le,

    ne

    rsume

    pas

    tout

    le r i te)

    sont

    dtermins par

    une

    procdure .

    inversion

    (cf 0:

    IV

    0 L' Ordre

    du

    miroir,

    po 68)0

    A cela

    s 'ajoute

    videmment la

    tentat ive d ' loigner le

    r i t e

    des bases qui sont

    les

    siennes vers

    des positions a 'gal i t

    pureo

    La ruse de

    la

    raison lignagre s ' int rodui t , peut-tre, dan$ cette

    dmarche 0

    I l

    en es t

    aussi

    du jeu comme d.u mythe: i l

    lui

    arrive

    de

    se

    dgrader

    ilLe ghl-qhl (malinke: di f f ic i le-d i f f ic i le

    ,

    dans quelques vil lages o

    l ' Is lam

    n 'a

    pas pntr,

    se joue encore,

    jeu

    t radit ionnel ,

    cosmogonique

    comme

    tous

    les

    grands jeux

    africains.

    Une

    vingtaine de joueurs

    sont

    :;>artags en deux camps

    .P.ux deux

    bouts

    de

    la place

    les ftiches des deux c a l l 1 ~ S deux

    branches

    fraichem.ent

    coupes

    par les prtres , sont susoendues

    hauteur

    d'horome. Le

    di

    recteur du

    jeu t i r e un

    long ~ o i g n a r d

    de guerre de

    sa gaine et ,

    aux

    joueurs rassembls autour de lu i ,

    crie: Ghl,

    ghl1

    f

    ba

    ?

    dou

    f, "en haut

    ou

    en bas",

    .luis,

    selon l ' av is des joueurs, le

    lance

    t rs

    haut

    ou

    t rs

    loin.

    Les

    joueurs

    se

    bousculent

    pour l ' a t t r a

    per e t empcher leurs adversaires d'y russir . Celui qui l ' a t t rape

    crie: Ghl gh1 y nbolo, nj 'a i le

    gh1",

    e t

    le

    jeu s 'arr teo Le

    part i qui t i en t

    le ~ o i g n a r d va le

    cacher sur un de ses

    joueurs,

    puis,

    au

    signal

    donn

    par le directeur,

    se

    p r c i ~ i t e

    sur le ftiche ad

    verse

    pour le trancher. L a a u t r ~ par t i s 'efforce

    de

    reconnaitre

    e t

    de

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    24/60

    - 23 -

    dsarmer le porteur

    du poignard qui peut,

    s il

    es t

    en

    diff icul t ,

    le

    passer l t

    un

    de

    ses camarades.

    La part ie

    s iarrte

    s i ~ f t i -

    che

    es t

    tranch.

    Si

    le

    poignard

    es t

    pris l

    c e s t

    le

    par t i

    qui

    le

    t ient qui

    devient

    l 'agresseur

    e t le

    jeu

    ne cessera que

    quand l un

    des deux ftiohes sera

    tranch.

    Vers 1880, SarnDry in t roduis i t ce

    jeu, non transform dans

    ses

    rqles,

    mais

    compltement dsacralis,

    conune

    exeroise

    m

    l i ai re

    chez ses

    ~ o f a s .

    Ceux-ci

    le

    portent au

    Sou

    dan,

    en

    Haute

    Cte-d'Ivoire,

    o

    i l

    es t

    jou i c i

    e t

    l .

    Aussi

    long

    temps

    qu i l

    demeura d ~ vieux

    sofas, ce turent

    eux qui diriqrent

    le

    jeu e t servirent d arb i t res . Mais ail leurs les

    adolescents

    jourent

    un ghl-ghl o une baguette ta i t

    substitUe au poignard.

    I l

    suff isai t , pour

    gagner,

    de

    toucher d

    cette baguette une branche

    1

    suspendu

    au

    milieu

    de la

    place.

    Ailleurs encore

    il devient jeu de

    recherhe

    e t

    de pOursuites, la baguette tant jete

    dans

    les brous

    sai l les , la nuit . Mmes formules e t mmes

    chants

    que dans

    le

    jeu

    ancien Enfin

    les

    peti tes f i l l es de Kankan jouent un

    jeu

    de cache

    tam?on

    avec

    un noyau de

    mangue

    qu'el les nomment

    sans

    raison

    qhl,

    et elles chantent

    ghl, ghl, hosan f ba, dou

    f

    sans

    aucun

    rap

    port avec

    leur jeu. Si

    les formules

    e t

    les

    chants subsis tent , tout

    utre

    souvenir du

    jeu

    ancien a

    disparu

    l O

    se jouent

    les formes

    dgrades ( Ch. BE RT , 1967 ) .

    L'apparition du

    jeu

    dans

    les

    textes oraux

    africains appelle

    assez souvent une

    rfrence cosmologique. C'est

    qu i l y a dans

    le

    jeu quelque chose qui es t au-del,

    qui le rvle

    en le systmatisant

    en tant que langage. La dimension ludique n es t r ien qu'une autre

    dimension du

    langage. Dfinir

    le jeu

    comme

    une pratique langagire

    et, ainsi ,

    rendre

    possible son axiomatisation a t ravers la consti

    tution d'un systme smiotique,

    voil

    qui

    explique

    bien l e f fo r t

    d'largissement du champ

    ludique

    Loin donc

    que

    le jeu

    por t t

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    25/60

    - 24 -

    l 'ul t ime indice auquel toutes les

    ins t i tutions se

    ref,reraient,

    comme

    l 'affirme J . HUIZINGA

    i l

    serai t en dfinit ive un

    langage e t

    donc rvl cOmme

    systme avec des lois

    de

    fonctionnement

    sui

    gene

    r is .

    En

    Afrique comme ail leurs,

    le jeu vhicule une

    parole

    sociale

    ~ e u x , chaque partie de l'assemblage ludique fa i t symbole

    e t parleo Toute opration, fnt-elle

    secrte, interroge sa ot09re

    smantique.

    Le

    coup,

    le

    contre-coup,

    ces

    questions

    e t

    rponses

    de

    la communication ludique

    font charge

    de

    sens.

    Pour

    le joueur

    africain, jouer,

    c es t parler .

    Ainsi,

    lorsqu ' i l dplace un pion, l dplace

    une

    paroleo

    On voit, dans

    l in mythe

    Krachi recuei l l i par W.

    C.ARDINALL

    (1931),

    des

    enfants

    p ~ o p d s e r

    une

    ~ a r t i e

    de wure

    leur

    pre

    quOils

    viennent de

    retrouver

    I l

    s ag i t

    de

    dvoiller le secret qui

    entoure

    leUr

    naissartce Les

    pions,

    dans leur

    progression, rntaient

    l 'histoire de

    Nyame, 1e

    dieu

    du ciel ,

    1 ~ o u x dOAKOKO.

    Si le

    jeu es t

    aussi une parole, i l est

    permis

    de penser

    que

    vont

    se

    construire

    deux cOr?s ~ a r a l l l e s : un texte

    e t

    un jeuo

    Ds lors, est une v1dence de m ~ m e q u ~ u n e

    absence:

    dj une

    presence faite absence , le mot, couple

    modul de la prsence fai te

    absence

    ( d ' o ~ )

    nat

    l 'univers

    de

    sens

    d'une

    langue

    on

    l 'univers des

    choses

    viendra

    se ranger J . L A C ~ , 1966) 0 Au cours d'un jeu,

    l 'univers

    de

    la chose qui arrive

    au

    terme d'une parole

    non dite ,

    ce

    ne

    peut t re

    qu'un

    gambit (cf.

    supra p.

    9 )0

    Le rcit ~ e r p t u e un

    conflit, le

    mme

    qu'en lui le jeu

    ~ o r t e . La

    somme des choix

    possi

    bles, dans

    le jeu

    ou

    le rc i t , es t

    videmment

    l ie ~

    la

    ral i t

    socio-culturelle. C'est ainsi que le jeu

    e t

    le

    rc i t relvent

    d'une

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    26/60

    - 25 -

    assez semblable procdure

    de

    restric t ions:

    certaines socits

    afr i -

    caines ont des

    jeux ou

    pratiques

    ludiques

    diffrents

    pour

    les

    femmes,

    les

    hommes

    e t

    les enfants.

    Cles.t

    dj

    la

    mme chose, nous

    le savons,

    que

    pour

    les contes.

    I l arrive

    que

    dans

    un

    jeu, t e l le ~ a r

    exemple,

    l en

    existe

    des variantes pour chacun.

    Pour tout ,

    i l

    y a

    un temps,

    un temps du

    jeu

    comme un temps de

    la

    parole. Donc, on joue

    le jour e t

    non

    la nuit

    on

    ne doi t en

    aucun

    cas, comme chez les

    Wolof,

    toucher

    le

    matriel

    ludique ni

    le faire entrer

    dans

    les

    habi-

    tations),

    on

    ne

    l ivre le

    rc i t que la

    nuit

    e t

    non le

    jour,

    ~

    moins

    qu i l

    y

    a i t

    quelque vnement exoeptibrtne1: le

    jeu

    devient ~ e i n e m e n t

    ri tuel ,

    on

    joue alors la nuit la

    mort

    d un chef afin d apaiser

    l me

    du

    dfunt,

    d loigner les eS9rits

    malfaisants

    e t de donner la

    possibi l i t

    aux dieux

    e t aux anctres d intervenir dans cette part ie

    qui

    peut

    n t re

    pas

    ordinaire,

    mais

    un combat

    lec to ra l ;

    le

    rci t

    du

    jour,

    aussi , se spcial ise en

    un

    mytho, strictement etiologique.

    IIBien qu on

    ne puisse tabl i r une

    correspondance

    bi-univoque

    entre les lments

    e t les

    oprations

    des dsux

    types

    de

    confli ts

    (texte e t jeu), i l est permis

    de

    penser que les princiges /du wure/

    sont

    en

    r o ~ s u r e

    d expl ic i ter

    le

    fonctionnement

    du

    texte-jeu.

    En

    effe t ,

    .certains

    rapports de force e t stratgies ludiques sont

    s e ~ b l a b l e s

    ,/

    : ceux

    du

    texte

    D

    abord

    les

    phases

    du

    droulement

    de l ac t ion 8ui-

    :vent le schma rglementaire d. un jeu de

    calculs: ouverture, milieu

    - de part ie e t fin de par t ie . La

    confronta.tion (entre les

    deux adver-

    saires)

    introduit

    une

    stratgie

    impliquant un

    gambit

    A.

    POPOVA e t

    .

    M. N I ~ ~ G

    1975). Les

    phrases

    qui

    a c c o ~ a g n e n t les c o u ~ s

    e t

    les contre-

    coups, en

    un certain

    sens le rc i t jou, sont facilement formalisa-

    bles dans

    un schma de

    jeu (cf. diagr,1-p.28)

    .sy

    dis t inguent

    t r ~ s n e t -

    1 tement

    une ouverture

    de

    partie

    (qui se caractr ise toujours par

    une

    distanciation ou une opration hors-contexte, ce

    qui

    xpliqu la

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    27/60

    -

    26

    -

    :econde formule ~ m i n e m e n t polit ique de Y e t c ~ t t e impression q u ' e l l ~

    l d'tre destructure

    par

    rapport

    au

    c o ~ s

    du

    texte) ,

    un

    milieu

    de

    'art ie

    (qui garde sa continuit, ~ a r c e que reorsentant le

    sommet de

    1

    activit

    lUdique) e t

    une fin

    de

    nart ie

    (gui;.

    cotnme

    on

    le voi t

    ~ r a n s p a r a i t r e ~ a n s toutes les recherches

    sut.

    le

    jeu,

    n 'exis te pas en

    )ratique. Son

    existence

    dans un schma es t cependant d'une grande

    'aleur

    heuristique)

    Jeu de calculs (: nsystme smiotiqe

    qui introduit

    dlibr

    nent

    e t selon des rgles ~ p p r o o r i e s une

    interaction

    confl ictuelle

    antre deux joueurs possdant

    un

    matriel

    q u i ~ o t n t i e l ,

    dfini t

    \.. POPOVA 1974),

    le 1)

    peut

    tre

    considr

    juste t i t r e

    oomme

    le

    jeu

    nationa1

    africain

    (Ro

    St.

    CULIN,

    1394)

    0

    Dans

    toutes

    les socits

    de

    l 'Afrique Noite;

    ce

    type de

    jeu

    es t pratiqu

    aVec

    ici

    e t l des

    Varints

    assez tonnantes

    0

    Ainsi, le

    wure

    d e u ~ ran

    ges

    (celui

    de

    notre texte) ; le

    ~

    quatre

    tanges quOon

    retrouve

    seulement

    n zone bntu

    e t

    nulle

    part

    ai l leurs d n ~ ie

    monde.

    i

    0

    ~ l u r e ,

    wuri awele,

    bao,

    chuba

    en

    Afrique Noire kala

    ou

    manka1a

    dans

    les

    pays

    arabes.

    Nous erop10yons

    dans

    ce

    t ravai l

    le

    terme

    de ~

    Comme nous parlons

    i c i

    de la socit wolof, i l est ~ l u s juste d u t i l i -

    ser un

    terme

    wolof. Les

    graines

    uti l ises dans

    le

    wur

    (des

    Caesaloi

    nia cri ta en Afrique s i l 'arbuste y existe) sont arypeles d o m ~

    lJenfants

    ;

    pour

    les

    ?eup1es

    pasteurs qui,

    socialement,

    parlent

    le

    bovin

    1l

    EVANS-PRICHARD, 1968) les graines ut i l ises sont

    appeles

    ien

    sr

    vaches

    ,

    ai l leurs en

    Afrique

    ce

    sont

    des

    femmes

    0 Les

    cases

    du dsignent des

    kar: roaisons

    0

    Contrairement aux checs,

    les

    graines

    ou pions du wur

    sont

    anonymeso Les checs r ~ r s n t n t

    l'homme

    dans les

    f igur ines ;

    le

    r e ~ r s e n t e l'homme dans le ta

    blier-support

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    28/60

    -

    27

    -

    (contrairement au deux ranges, les joueurs du quatre

    ranges

    ont

    chacun

    un camp, constitu

    ~ r

    deux ranges); le

    t rois

    ranges

    on

    les

    camps

    se

    dmarquent

    par t i r

    d'une

    ligne

    diagonale

    e ~

    que jouent seulement

    le,s

    le t t rs

    d E t h i o ~ i e (ce

    jeu

    est

    extrmementdiffi.cile)

    (cf. Fig. l , a, h c, d, i p.29)

    .La

    carte

    .

    mondiale du recouvre l 'Afrique,

    l 'Asie Centrale,

    l 'Asie du Sud

    e t les

    Pays Arabes.

    Terme

    em9runt au

    jeu

    d'checs,

    le

    gambit

    est

    une ~ a n o e u v r e

    _d'ouverture d'un joueur

    A,

    qui ~ e t radui t

    pour B

    d'un grand avantage

    . e t qui, finalement, s achve par

    la

    dfaite de B. Observons

    ce

    pa-

    radoxe: ime ta femme mais ne lu i fais pas

    confiance, pfoclam

    la

    prem1re

    veri t .

    Or Y confiera son secrgt ~ sa fenune. y ?erd, e t

    puis

    gagne. Telle es t

    la

    st ratgie

    de

    gambit.

    I l

    importe i c i

    de

    souligner

    encore une fois

    que

    cette stratgie

    ranproche

    ~ e u c o u p Y

    du

    t r ickster

    africain, joueur de tours. Certes, on ~ n t e n d

    bien

    qua

    y

    reprsente

    un pouvoir t rs fort (cf. IIIo Structure ~ t

    significa-

    tion, po

    33 alors

    que le

    t r ickster

    es t

    un

    animal

    faible e t sans

    dfense (supra, p. 9

    ) .

    La thorie des

    jeux,

    for.mule par des mathmaticiens, a

    .

    tabl i

    un

    cri tre

    de

    rat ional i t pour les jeux de calculs

    en

    partant

    des

    stratgies

    ou

    politiques d'actions optimales qu'on

    rencontre

    dans

    "des

    situations conflictuelles cotm?renant 2

    ou l

    participants

    Trois postulats de base dfinissent

    le

    cadre dans lequel i l faut

    entendre

    la notion

    de

    rationa11t:

    10 on suppose que

    chacune

    des

    deux

    ?art ies est ~ a r f a i -

    tement

    apte

    tabl i r , pour

    une si tuat ion

    donne,

    la l i s te eXhaus-

    t ive des choix

    entre

    lesquels

    la

    dcision doi t t re priseo

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    29/60

    Coups e t

    contre

    -

    coups: X

    e t

    Y

    x

    x

    x

    y

    x

    y

    x

    y

    x

    y

    x

    y

    OtJVERTURE

    Eh b ~ e n Kocc Elles

    sont

    jo l ies

    tes touffes .

    Nos actes doivent tre en

    rappor, :

    avec l poque que

    nous

    Vl vons

    Diagrarnme .

    - 28 -

    J.'. ILIEU

    E

    PARTIE

    FIN E P ~ R T I

    Certes,

    el les sont jo l ies , mais,

    de ?lus chaque

    touffe

    a un nom 0

    Tu

    ne I D ~ dis pas leurs

    noms ?

    Non, tu

    ne

    le sauras

    pas.

    Je ne le

    saurai

    pas ?

    7 ~ o n

    0 Et

    le jour oil tu le sauras,

    tu pourras

    me

    tuer.

    Bien.

    Un

    roi n es t pas un

    p a r e n t ~

    Quand on se

    chois i t

    un roi dans

    le

    ~ y s

    /

    .

    0/

    l

    vaut mieux

    l a imer

    s i

    on veut la

    paix.

    I l es t toujours bon d avoi r un

    vieux

    L'homme n c la i r e que celui qu i l

    aime

    0

    Un enfant adoptif n es t

    pas

    un

    f i l s

    (abandonne le jeu).

    y gagne

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    30/60

    UIG. 1 b

    .a c

    ,.e .

    Formes

    principales

    a.

    tablier mankala

    II

    Dogon) .

    b. tablier mankala II

    Yoruba)

    c.

    ta.blier

    lIlanlc:ala II

    d. tablier ma:nkala

    III

    Am4arll)

    (J;b Q.J

    o.

    tablier mlkalo. IV

    .

    -.

    ._...

    ChagQ )

    .

    -

    . 29 .

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    31/60

    31

    -

    domin le monde e t ses

    dif f icul ts . Aussi,

    ceux qui

    se montraient

    trop adroits du vivant du monarque e t ta ient

    ainsi

    prmaturment

    en

    comptition

    avec

    l u i r

    -taient- i ls

    mis

    mort"

    (1966).

    Un jeu,

    par

    contre,

    comme

    le

    1;"ei-ch

    1

    i

    (jeu d'encerclement

    ou

    jeu de g)

    a

    t toujours ~ r s e n t dans les doctrines des genseu=s

    e t s tratges as iat iques . Nous savons

    que l tude du wei-chii en

    Chine,

    Jat?on Core

    es t v ie i l l e de

    ?rs de deux mille

    ns

    ;)lus

    dVun

    millnaire les cr i t s qui en parlento

    Des rapports i n f o ~ . a t i -

    gues ont

    rvl

    que le seul p r e ~ i e r coup d'une par t ie of f ra i t

    129 960

    combinaisons ?ossibles , e t ~ u e

    l 'ensemble

    des c o u ~ s envisageables

    au

    cours d'un

    match

    s D n o n a i t ~ 14 x 10,778000

    Antique jeu

    asiat ique,

    l le

    wei-ch'

    i

    es t

    un

    jeu deux p a r t ~ n a i r e s ,

    un jeu

    sur damier e t

    un

    jeu

    de strat.gie ; c es t - -di re que c es t ,

    comme

    les checs, un

    jeu

    purement

    in te l lec tue l

    dans

    lequel

    le

    ~ s r d

    e t

    l adresse

    ~ h y s i q u e

    ne

    jouent

    aucun rle

    /0

    /0 Le damier

    revt

    la

    forme

    d'une

    s i r n ~ l e

    ~ r i l l e

    carre

    const i

    tue en rnraJ. ~ . r dix-neuf

    l ignes

    1.orizontales e t

    autant

    de l ignes

    ver t icales

    Gquidistanteso Un

    g-ban

    de

    t a i l l e

    habi

    tue l le comprend donc

    361

    intersect ionso Neuf

    de

    ces

    intersect ions

    sont marques

    conventionnellement

    / . 0/ On joue au '(flei-ch' i avec

    des

    pions noirs e t

    blancs

    que l on appelle

    indiffrenunent

    ""ierres"

    ou

    "hommes l S .A.BOORMAN, 1972).

    I l faut

    remarquer i c i qu v l

    es t

    ,?lus

    frquent,

    en Asie, de

    marquer

    les nions

    dans

    l eur f o ~ e

    e t

    non

    leur

    couleur.

    C es t mm l 'une des grandes

    diffrences

    entre le jeu

    d'checs asiatique e t

    le

    jeu occidentalo

    Dans

    le

    wei-ch

    Di, cer ta ins

    coups

    sont

    in te rd i t s ,

    t e l

    le

    ko

    (mouvem.ent

    nerptuel

    de

    capture

    des

    joueurs)

    par exemple

    (1). Et, dit-on, le but des

    joueurs du

    wei-ch ' i

    10 00.

    qu:L es t 'Pourtant

    mili ta ire ?ar excellence. Chez tous les s t ra

    tges chinois ,

    IVallusion

    au wei-ch ' i in tervient :

    tmoin M O TSE

    TOUNG

    qui 1

    dans

    chacun

    de

    ses t,:xtes

    l?oli t iques

    e t

    mili ta i res

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    32/60

    -

    3

    -

    est moins de

    gagner que

    d'at te indre l k i , 9

    ar

    t

    de la devinationo

    Repertoriant

    les jeux de calculs, J . Ro VERNES cr i t : Les tableaux

    de

    jeux

    partags

    en

    cases se

    retrouvent

    en

    Chine,

    non

    seulement

    avec

    le

    jeu d c h ~ c s , mais avec le

    jeu de

    g, dj

    dcr i t par

    HYDE

    en

    1694

    sous le nom

    de jeu

    chinois d'encerclement

    e t aussi

    en

    Afriquet o i l s

    servent

    notamment

    au jeu afr icain ~ a r excellence

    de

    l 'awele

    {1967}0 C'est

    i n ~ i

    que

    tous

    les

    travaux mathmatiques

    actuels

    sur

    ies

    jeux font de

    leurs objets ces t ro is types de prat i -

    que ludique.

    Nous

    avons tent le long

    de

    ces

    pages

    de

    donner une ide

    du

    jeu, e t ce qU i l vhicule en tant

    qu

    9

    ac t ivi t soc i a l e ; in t ro

    duction que nous

    avonS

    juge ut i le avant

    l 'analyse propreroent

    d i t e ~

    celle

    de

    l o rdre de la polit ique lignagre e t cel le de

    l o rdre

    moins gnral de l ' inversion (c f .

    I I I

    e t IV)

    0

    importants,

    a

    parl du

    wei-ch ' i .

    Dans

    cet

    essai-

    qui date de 1938

    e t

    in t i tu l

    Problmes

    stratgj_ques de la

    guerre des l?artisans

    contre le JAPON M O

    cr i t :

    nooo Ainsi, ces deux types d'encerclement mutuel

    ra ;,>l?ellent le

    jeu

    de w e i - c h i ~

    les

    caropagnes

    e t

    l e ~

    c o ~ b a t s que

    l 'ennemi

    mne

    contre nous e t

    que

    nous

    menons

    contre

    lDenneroi

    ressemblent la

    prise des pions,

    e t

    les

    points d'appui de

    lVennerni e t nos

    bases de

    partisans ressemblent aux yeux sur

    1

    Vchiquier.

    J

    a ncessit de

    se mnager

    des yeux

    montre

    toute

    l ITO?ortance du rle

    stratgique

    des

    bases

    d ~ 9 U i

    de la g u e r r ~ de partisans

    l a r r i re de

    1

    ennern:. " .

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    33/60

    - 33 -

    I I Io

    STRUCTURE ET SIGNIFICA.TION

    I l

    n 'y a

    pas d ' autre

    ~ p r o p r i t i o n

    du monde que cel le qui passe par la m

    diation des signes L. SEBAG Le

    mythe:

    code e t message

    0

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    34/60

    34

    Isoles, les

    quatre

    vrits dgagent d e ~ relations qui

    interrogent

    l;organisation

    sociale

    mme

    dont

    el les sont

    issues.

    D une

    vrit

    l au t re ,

    i l

    y a un

    rapport qui se

    cre,

    rvlant

    presque une

    continuit,

    donnant

    l imp ression

    que la

    preroire

    vrit

    s achve dans la deuxime,

    la

    deuxime dans

    la troisime, e t la

    troisime dans la quatrime. C est que

    ces

    vri ts disent un mme

    discours qui,

    lu i ,

    n es t point parpil l .

    Discours

    vraiment social

    en ce

    sens que tout l a n g a ~ e f t - i l distant ou

    discret ,

    y renvoie.

    Ainsi, est-on parvenu

    cette l imite o tout ce

    qui relve dB quel

    que signe

    rs is te ,

    cette

    l imite donc on les quatre vri ts disent

    ce qui les fa i t systme, les structure , bref prcisent

    des

    lois

    d in te l l ig ib i l i t .

    En ce

    qui concerne notre

    texte , qu est-ce

    qu es t une

    vr i t ? que d i t - e l l e? Prenons VI. Qu est-ce qu es t ? Oua di t

    v

    1

    ?

    ime

    ta femme mais ne lui

    fais

    nas confiance, yroclame

    VI.

    Qui

    faut- i l aimer

    sans

    lui

    faire

    confiance? C est la

    femme. Elle

    est

    donc

    i c i ,

    s i l on

    veut, notre

    lment marqu.

    Procdant

    de

    mme

    pour

    t

    t

    1

    t' v

    2

    l

    v

    3

    1 fOl d

    u

    es

    es

    ver1

    es,

    nous auron3 en e r01 ; : e 1 s a op-

    tif

    v

    4

    les

    Vieux.

    Arriv

    ce

    point

    de

    l analyse,

    un

    deuxime

    problme se pose e t qui n es t pas sans

    valeur.CDest

    ce que nous

    n o ~ ~ e r o n s

    le

    d ~ l c e m e n t vers l exn1ici te . Voici

    ce

    qui

    le jus t i f ie :

    d abord,

    ce

    que

    nous

    donnent

    les

    lments-sujets (ceux

    dont

    on

    parle:

    1

    la femme

    par exemple dans V ,

    e t

    ainsi de suite) s e ~ b l e tre dans

    certains

    cas

    incomplet.

    Ou bien,

    en

    termes plus cla i rs ,

    l lment

    sujet n es t pas

    toujours

    donn totalement dans l nonciation.

    Pourquoi en v

    3

    , le

    seul

    e x e ~ p e qU i l

    y a

    ce propos, cet te marque

    de

    la

    prcision ou

    de

    l ambigu t?

    ( i l n es t i c i aucune incompati

    bi l i t , les recherches l i t t ra i res e t l inguistiques ont montr

    l ambigut

    que

    peut t ra iner

    10 troo-Qrcis)0

    Le f i l s

    adoptif

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    35/60

    -

    35 . .

    doomu

    j i i t l ) n es t

    pas le

    f i l s adopt

    par le couple

    (et ic i n o u ~

    avons la foi du

    texte

    oriqinal, qui dit : le f i ls-antr ieur: le f i l s -

    du-premier-lit-de-la-femme), mais

    le f i l s

    de la fewme

    dont

    le ~ r i

    de cel le-ci

    n es t

    que le

    beau-pre.

    Ce t r a i t

    qui

    consiste

    dsambi-

    guIser la parole, la rendre exemplaire dans un

    cas rel presa.ue

    vers

    un autre

    ordre

    de

    la

    mtat;>hore

    e t

    de

    la

    mtonymie, es t

    assez fr-

    quent

    dans

    l cr i tu re

    orale

    Le f i l s

    adootif

    parai t plus vrai que

    lDenfant,

    bien

    quaon

    ne

    s y

    trom9t

    90int:

    c es t

    de

    laenfant

    qu'on

    parle dans notre texte (1). Mieux:

    quQest-ce

    qu i l a entre le f i l s

    adoptif ( tel que le di t le ter.me de doomu j i i t l ) e t l e n fa n t? Eh

    bien,

    il

    y le

    pre

    ~ o i t comme

    absence

    so i t comme prsence) La

    femme e t

    son

    f i l s ,

    de manire gnrale

    la

    femm

    e t l enfant ,

    c es t

    bien l le cour.>le fond.amental. Les cultures non-occidentales,

    afr i -

    caines notamment, ne s y sont pas

    trompes,

    qui les

    font

    relever

    d'un gal s ta tu t dans l ins t i tu t ion lignagre

    (cf.

    s u ~ r a , po 42)

    On parle donc de la femme, on

    parlera de

    son enfant, car c es t nommer

    non

    peut-tre

    un lment identique

    mais

    deux lments quivalents e t

    1. Dans un texte in t i tu l Histoire

    de l 'Education ,

    prsent comme

    son

    projet

    d'enseignement

    au D ~ a r t e m e n t du

    h ~

    freudien de l 'Uni

    versi t Paris VIII,

    Do

    L PORTE

    essayait

    de

    sa i s i r la

    ra l i t

    de

    l 'enfant

    e t la place de

    celui-ci

    dans lUlaboration

    du

    Savoiro

    Ayant

    prcis de quoi es t

    fa i t

    ce savoir ,

    dans

    les socits occidentales

    aussi bien que non-occidentales, il introduit le nrocs de l ido-

    logie scolaire e t le rle de l 'Ecole, avant de ,?oursuivre: revenons

    l 'enfant

    pour

    dire

    que

    l 'enfant

    n es t

    pas

    un

    produit

    biologique,

    pas

    mme une donne historique, mais une

    inst i tut ion

    1975) 0

    Tout

    dans

    le systme

    l ignager ~ r l e aussi de l enfant ,

    c o m ~ r i s

    comme

    ins

    tit .ution.

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    36/60

    - 36 -

    quipotentiels ,

    e t

    surtout permutables dans

    le

    sehma social

    (cf.

    infra

    po 28) .

    On aura remarqu que

    nous avohs

    dj

    ~ r c i s

    que

    femme

    e t

    enfant sont tenus

    Dour

    des biens changeables dans

    les

    ~ r a -

    t iques

    ludiques africaines,

    chaque socit ( moins d t re pastora

    le ,

    auquel

    cas les pions sont a ~ p e l s vaches) ut i l i sant

    le

    terme de

    f e m m ~

    ou enfant, jamais

    les

    deux.

    Ensui

    te , le

    dT)lace. nent vers l exolic i te p-st ~ u s t i f i

    par

    l 'exis tence

    d'un

    ordre

    de

    l i ~ D l i c i t e .

    Ordre qu'on retrouve

    jusque

    dans

    certaines

    pratiques

    in i t ia t iques

    africaines

    e t , cDest

    ce qui

    nous interesse

    i c i , dans la l i t t ra ture orale . Dire e t ne

    pas

    dire (O.

    DUCROT

    1972),

    dire s u f f i s a m m ~ n t ~ o u r

    p.tre

    entendu e t

    ne pas tre subversif ,

    cDest

    dans ce

    rapport

    constant entre le sym

    bole e t l ' idologie que la parole

    nfricaine

    traditionnellp.

    se

    fa i t

    sans

    se d.faire.

    Ce

    sp-ns

    d.e

    la mesure n es t

    pas

    sans

    intent ion, i l

    l imite tout acte d'nonciation.

    De

    qui

    l on

    pa r l e ? C'est ~ o u r

    l avo i r

    pose, cette

    question,

    que nous avons retrouv

    les

    lments-sujets . e u x i ~ e

    ques

    t i o n ~ Qu'est-ce

    qui

    parle

    dans

    chacune

    des quatre

    v r i t s?

    La

    st ra-

    tgie

    du

    sujet

    dans

    le

    rci t

    traditionnel africain

    se

    rvle

    9ar

    une

    certaine discontinuit.

    Elle 9art d'un moment de la ~ a r o l e , marqu

    par une interruption, une case donne ?our vide e t ~ o u r t a n t oleine du

    r : . ~ ~ ( - :

    (' '1 n -.:. i.',- 5 i m ~ u n m e n t ,

    certes,

    3ncore gu'

    i c i

    i l s 'agisse

    d'un largement social , le dcepteur a.fricain,

    l ivre

    ou araigne

    ou autre, ne racontant

    jamais

    luj.-rnme son

    his toi re .

    a stratgie

    du sujet se rvle i c i autrement que dans un conte avec t r ickstero

    En

    effe t , dans la

    mesure

    o notre rc i t

    ne fa i t

    ta t

    d'aucun

    symbo

    lisme

    par le biais du monde a n i ~ a 1 , ce qui sGapplique aux

    r ~ c i t s

    dans lesquels intervient

    le t r icks ter ,

    on

    peut

    considrer comme

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    37/60

    - 37 -

    saisissable

    le

    l ieu social

    d on on numre

    les

    quatre vri ts. Pour

    cela; i l

    faut

    soumettre

    les vrits

    une preuve de formalisationo

    Ainsi avons-nous dcid

    de quantifier

    par -

    ou les vrits

    qui

    disent,

    s i

    l on

    veut,

    une ngation

    ou une

    existence

    du

    sujeto

    1

    Aime

    ta femme mais ne lui fais

    pas confiance, proclame V

    Ce qui es t di t ic i e t ce

    qui es t

    pertinent,

    ce

    n es t pas,

    on s en

    doute,

    la

    premire proposition, c es t

    la

    deuxime:

    mais

    ne lu i

    fais pas confiance. C est

    el le

    la proposition

    parlante. Soumises

    une

    t e l le

    graduation,

    les

    quatre

    vrits

    donneront:

    Immdiatement, se dvoile l a l t r i t de

    v

    4

    A la femme, i l

    faut

    pas

    faire confiance

    ;

    le roi ~ g s t

    pas

    un 8arent

    :

    un

    f i l s

    adoptif

    ~ e s t

    pas un f i l s ; mais

    les

    vieux doivent tre laisss

    au

    village. I l n y a aucun doute possible:

    cVest

    de v

    4

    que parle Y.

    Thoriquement, on

    est tent

    de

    faire

    un schma dans lequel

    seront

    si tues

    toutes les quatre vri ts. C est ce que

    nous

    avons(cf.

    diagr.2,p.62).

    Partant de l opposit ion X/Y,

    considrant

    que

    les

    vieux sont intervenus

    en

    faveur de Y

    e t ,

    ainsi , contrebalancer le

    pouvoir royal, un t e l schma se just i f ie . Opposition donc d un ct

    e t

    association de l au t re . La relat ion synchronique Femme-Enfant

    appelle

    une

    alliance.

    Tous

    les

    lments semblent

    nous

    donner

    raison

    dans

    ce s

    c..l1ma.

    LEVI-STRAUSS s e s t beaucoup interrog dans ses travaux

    sur

    les aspects

    apparents

    du mythe. I l en es t i c i du mythe

    comme du

    conte,

    bref du rci t

    traditionnel

    en gnral.

    On

    commence

    par

    poser le

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    38/60

    - 38 -

    principe

    qu un

    mythe ne se rduit jamais son a p ~ a r e n c e Si diver

    ses qu e l les puissent tre , ces apparences recouvrent des structures

    moins nombreuses

    sans doute,

    mais

    aussi plus

    rel les .

    Sans

    qu on

    a i t

    le droi t de

    rien

    leur

    soustraire ou leur

    ajouter , ces structures

    offrent

    le

    caractre d objets absolus: matrices

    d engendrement

    par

    dformations

    successives

    de

    types qu i l es t

    possible

    d ordonner en

    sries, e t

    qui doivent

    permettre de

    retrouver jusqu aux

    moindres

    nuances de chaque mythe concret pris dans son individuali

    t l

    Co

    LEVI-STRAUSS, 1971, p.

    33

    ) . La donne ~ r m i r n es t jamais la

    bonne e t l axiomatisation qu on ralise grce cette donne ~ r e -

    mire ne rencontre

    pas

    le vcu social .

    I l se

    trouve

    qu en ce qui concerne notre

    texte , nous

    avons pu

    connatre

    l emplacement

    des quatre touffes sur la t te de

    y :

    VI es t

    droite

    ;

    v

    2

    9 a ~ c h e

    ;

    v

    3

    e s ~

    d ~ r r i T e

    vI

    7

    v

    4

    es t

    derrire v

    2

    (N G. Do GUEYE, 1967). Ce que

    .cela

    d o n n e ~ f . d i a g r . 3 , p . 6 2 )

    ne coIncide nullement avec notre schma de base ( cf . diagro 2 ) ,

    eut-on apport les transformations ncessaires ( c f . diagr. 4 )

    Nous avons donc procd au raisonnement suivant:

    la posit ion

    des

    touffes sur la

    t te

    de Y n es t pas conforme au modle

    thorique

    esquiss.

    Ce

    modle,

    le

    soulignerons-nous suffisamment, n t a i t pour

    nous qu un

    s ~ p l

    postulat

    de t ravai l . Nous avons, regardant de plus

    prs la position des touffes ( 9fo diagro 3),

    remarqu

    qu on

    n y

    a

    tenu compte que des relat ions, te l les

    q u ~ cel les-ci

    sont

    donnes

    dans l ins t i tu t ion l iqnagre. Vieux/Roi:

    la

    relat ion

    exis te e t

    notre

    texte

    l i l lu s t r e

    par

    une

    opposition,

    arrt

    de mort

    royal

    e t

    contre-arrt des Vieux

    Enfant/Fenune :

    la re la t ion

    es t

    encore

    plus

    nette, femme e t

    enfant avons-nous

    di t

    partagent presque le mme

    s ta-

    tu t dans

    l organ isation sociale.

    I l faut noter que

    la

    re la t ion

    Vieux/Roi

    es t marque par ~ opposition mais aussi par

    une

    all iance

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    39/60

    - ~ -

    dingo

    v

    ENFAN T

    r

    Il

    FEMMB

    1

    VI UX

    ENFAltT

    diag 3

    .

    ROI

    FEfeUJ1B

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    40/60

    V]l UX

    .. 1 .....

    ..

    f

    ~

    --.-

    ...

    r

    j

    f

    fi

    l

    J:

    l .

    ......... . . ~ ....... .. ... -.. .

    RO:(

    pm

    f IE

    1 ..

    :

    f

    ...... ..............

    l

    .

    1

    1

    RdI

    40

    dlag. 4

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    41/60

    ENFAB f

    F M

    J : . - - ~ - - - , - - - ~ E y

    F

    \

    \

    .

    ,

    ,

    41 .:

    diag .

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    42/60

    -

    42

    -

    dans la direction

    des

    hommesQ L'all iance Femme/Enfant, est -el le au

    mme

    t i t r e

    fai te

    d'opposi t ion?

    Ni

    l 'organisation sociale

    ni

    notre

    texte

    ne donnent

    pour existante une te l le

    oppositiono

    Vieux/Roi,

    Femme/Enfant,

    deux types

    de relations diffrentes dans

    leurs

    opra

    t ions e t leurs procdureso Au surplus, le schma perscutif s ins

    cr i t plus nettement i c i car i l se dessine une

    relat ion

    majeure entre

    l a l l iance des pouvoirs e t l a l l iance

    Femme/Enfant (

    cf .diagr .5) .

    Mais ce nDest pas aussi simple. Car,

    m ~ m

    dans le cas d'une all iance

    des pouvoirs, l a l l ianc e Femme/Enfant

    ne peroit

    pas

    en

    bloc

    le

    Pou

    voir mais fera toujours

    la

    dissociation entre

    le

    pouvoir familial

    e t clanique des Vieux e t le pouvoir

    polit ique

    du

    Roi

    parce que,

    prcisment, el le les

    reoi t

    diffremment

    (

    cf . diagr. 6). Ainsi,

    sonunes-nous

    arrivs

    au

    te r r i to i re

    au-del duquel nIa structure es t

    absente J U ECO 1972 ) ,

    cette

    structure zro, qui, rvle

    elle-mme,

    met

    un terme ses accomplissements

    0

    Structure non

    structure

    en

    laquelle, encore,

    vi t cette

    logique

    des oppositions

    et

    des corrlations, des

    exclusions e t des inclusions, des compati

    bi l i ts

    e t

    des incompatibil i ts, qui explique les lo is de l 'associa

    tion,

    non

    le

    contraire

    ( CIo LEVI-STRAUSS).

    Entre

    Roi R) e t Vieux (V),

    i l

    Y

    a,

    avons-nous

    di t une

    opposition qui

    peut,

    lorsqu i l

    s ag i t

    de

    s 'en

    prendre

    l a l l i ance

    Enfant/Femme ( E v F ) , se ral iser en une allianceo I l n'empche

    que

    l 'opposit ion entre

    R e t V demeure comme presque, un confl i t

    perptuel.

    Ce

    qu i l y

    a

    dDintressant,

    c es t

    de

    voir

    comment parei l

    lement que dans les pratiques ludiques E v F

    sont

    uti l iss

    en tant

    que

    pions,

    en tant qu'instruments.

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

    43/60

    - 43 -

    Le

    conf l i t

    es t perptuel

    entre

    les deux pouvoirs entre

    R e t

    Vo

    Perptuelle

    galement l u t i l i sa t ion qui es t

    fa i te de E v F.

    Opposition e t corr1ation, fermeture e t

    ouverture,

    ainsi s tab1is -

    sent en

    t ro is

    stades les grandes all iances

    du

    systme lignager

    :

    R V / E

    v

    F

    o

    b

    R E v

    I

    V ;

    c

    V E

    v

    I

    R

    ; (

    cfo

    diagr.

    7,

    p.

    64).

    Cependant, ce n es t pas montrer son incohrence par

    rapport au

    vcu

    social

    qu on se dlivre

    de notre schma

    de base

    (cf.

    diagro 2). Car,

    d oa vient

    que notre t r iangle (qu inaugurent

    les

    diagro 6 e t 7 ) soi t absent de l non ciat ion,

    cgest--dire

    pourquoi

    les

    quatre

    vrits alors

    que t ro is eussent

    t ncessaires, d autant

    plus, on

    l a

    vu, quGelles rendraient

    la

    mme leon socia le?

    Pourquoi

    runir dans

    le s ta tu t social

    la femme e t l enfant e t les sparer

    dans

    lDnumration des quatre vr i t s? A

    cela,

    i l y a deux rponses

    qui, toutes, vont

    ensemble

    :

    a) l faut respecter un

    ordre

    encore plus

    rigoureux

    e t

    auquel

    on

    es t tenu

    dGencore

    plus

    de

    f i d l i t :

    le

    symboliqueo Car

    le symbole n a pas besoin de l homme pour se faire alors gue l homme

    a besoin du symbole pour

    tre .

    Et, on le sa i t depuis

    Freud

    que tout

    procs d ident if icat ion

    passe

    par le symbolismeo G. CALAME GRIAULE

    rappelle

    le

    symbolisme

    du

    nombre 8 ( 2

    fois

    4 )

    chez

    les

    Dogon

    en

    prcisant qu i l reprsente un nombre

    exclusivement

    fminin

    (1965,

    p.

    198).

    Dans

    d autres

    socits africaines le mme rapport se retrou-

    ve. La

    frquence du

    nombre 4

    dans

    certains gestes r i tue ls es t rv

    lat r ice.

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    44/60

    -

    44

    -

    b

    dissocier

    i 'enfant de la femme, c es t d'une

    certaine

    manire

    une

    tentative

    de

    valoriSer

    le

    preD

    Et

    on

    sa i t

    que le

    dis

    cours

    du lignage

    est vritblement

    un

    discours phall1queo C1est

    un

    discours

    qui

    se

    fa i t

    par t i r

    de

    ce qui

    est

    p r e ~ i e r l 'anctre

    ou

    son doublet: le

    rb pour les

    Wolof,

    le panqoie

    pour

    les

    Sere r ) .

    Et l 'anctre,

    c es t le pre ort

    ORTIGUES,

    1966). On

    le voit

    donc

    quVau niveau des structures imaginaire e t syrobolique

    se

    fa i t tout

    le procs

    de la culture.

    Cette apparence dU rci t pour laquei1e tout analyste prouve

    quelque suspicion

    encore que

    fascin par el le , cet aspect

    premier,

    semblable

    du dj -donn e t

    qui, la moindre observation, l ivre

    ses couches de transparence,

    c es t

    bien

    la face

    non

    cache

    du

    symbole - celui-ci , on sien doute, compris comme

    tant ce

    qui

    n es t

    pas

    maltris

    dans

    le

    savoir

  • 8/11/2019 LE JEU ET LA PAROLE.pdf

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    45

    IV L ORDRE

    DU

    r1IROIR

    Well, in 2E : country said

    Alice

    panting

    a

    l i t t l e

    you'o generally qet

    to

    somewhere

    else i f

    you

    ran

    very fast

    for a

    long time,

    as

    ~ e o v e been doing

    0

    liA slow

    sort of country

    1"

    said

    the

    Queen. "Now

    l'tere,

    vou see,

    t takes aIl the

    -

    running

    you

    can

    CO,

    to

    keep

    in

    the

    s a ~ e

    place. I f you want to ~ e t somewhere else,

    you must run a t least twice as fast as

    that

    1 .

    Lewis

    C A R ~ O L L

    Throuqh

    the Lookinq-

    glass.

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    46/60

    - 46 -

    Dans le systme lignager,

    l y

    a

    au moins

    t ro is domaines

    oQ

    ne

    joue

    plus

    la

    hirarchie

    des

    rapports,

    e t

    o ~

    l es t

    logique

    de

    le

    penser, tout semble maintenu

    pour

    faire c o n t r e ~ o i d s ce

    qu i l y

    a

    de plus despotique dans l 'organisation socialeo

    Le

    jeu

    es t

    gouvern

    par

    une

    procdure d'inversion: la ra l i t y cde la

    place une espce de

    f ic t ion

    ludique. C'est

    l ent re

    d.e

    jeu, c es t

    l il lusion .

    On peut observer, par ai l leurs ,

    qu

    le domaine ludique

    couvre

    les

    all iances

    plaisanterie . En

    effe t , l SP

    met

    en

    place

    i c i aussi un

    ordre ~ r o p r e qui

    s e ~ b l e

    ne r ien avoir nvec celui

    q.ui

    gouverne la vie sociale.

    D. PAULME note

    que les relations

    pla i-

    santerie sont marques par

    l 'ambivalence:

    l in terdic t ion

    de s 'offen-

    ser de

    la plus

    grOSSire insulte rend manifeste

    l ' impossibil i t

    d'un

    confli t (1968). Cette ambivalence

    revient

    sous l.a forme ( une

    cif ic i t dj reconnue

    au

    jeu

    l a l l iance

    e t le

    confl i t .

    A l 'or igine des relations ,1aisanter ie, i l y a

    sans

    aucun

    doute le

    pacte de sang qui

    scel la i t

    un

    l ien

    e t fa i sa i t

    d'un

    frre de sang un al l i

    s u p ~ l m e n t a i r e

    (1)0

    1. Sur

    la fraterni t

    de

    sang

    e t les relations

    plaisanterie en

    Afrique:

    EVANS PRITCHARD,

    E .E . , Zande

    blood

    brotherb.coo ,

    Africa

    (VI,

    1933: 469-401; PAULME, D.

    a Parent

    plaisanteries

    e t

    alliance par le

    sang ,

    Africa , XII , 1939

    g

    433

    444 e t

    h Pacte de

    sang, classes d'ge e t

    castes en

    Afrique Noire ,

    Archives

    Europen

    nes de Sociologie, t . IX, n

    l ,

    19681 ~ D C L I F F E - B R O H N ~ , On

    Joking Relationships , Africa,

    13: 195-210,

    1949.

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    - 47

    ~

    Chez les Wolof, on trouve un type

    de

    relat ions 9laisan-

    te r ie , ~ entre des personnes portant des noms diffrents qui

    s inscr ient en

    opposition

    dans

    un indicateur socio-culturel

    (les

    noms Niang

    e t Diagne par exemple) (1) c Entre

    des personnes apparte-

    nant deux socits

    diffrentes

    e t voisines on

    trouve

    un autre tY'Pe

    de relation

    plaisanter ie

    (cette forme ne relevant

    plus

    alors du

    kaal) entre Peul e t Lebu par. exemple

    I l

    importe de prciser

    que

    ce

    second

    type de relat ion8

    plai:::;a:1terie

    n oei l e s t pas

    moins

    du

    kaa1

    en

    ce

    sens

    qu i l dpend larg-e:nent lu i

    ?ussi

    ,de l

    ndica. teur

    de

    noms

    qui gouverne

    l e

    ~ 2 _ a l

    (chaque SOCj.8

    t ayant D: co::pus de noms qui lu i

    est propre) . La bravoure 1 la g o u r ~ n a . n d i s e la lchet ,

    b r e f la dme-

    sure en tout , t e l sont

    l es

    ~ ~ m e s mis

    en b:i'.'anle

    dans le

    kaalo

    La relat ion

    de

    pal-ent

    = > J . a i s ? ~ n t e r i e ~ x i s t e

    galement

    chez les Wolof. Celle qu i l y Et

    entra

    consi.ns

    c: :."'oiss

    If/air d t re

    mise en

    scne :

    l a f i l l e ~ e

    J oncle

    tal." .t

    d e s t i n : ~

    devenir l a fenune

    du

    neveu

    de son pre

    rI s tab l i t aussi

    entre

    neveu utr in e t

    le

    f i ls de son oncle une forme de relat ion ~ l a i s a n t e r i e assez r v la -

    trice En fa i t ,

    ce

    f i l s de l 'oncle e s t j a l o u ~ - : des traitemen