Institut Régional de Formation aux Métiers de la Rééducation et Réadaptation
Pays de la Loire.
54, Rue de la Baugerie – 44230 SAINT-‐SÉBASTIEN SUR LOIRE
La pratique de l’activité physique pendant la grossesse
et l’information des femmes enceintes :
quelle est la place du masseur-‐kinésithérapeute ?
Enquête par questionnaire.
Camille JAFFREZIC
Mémoire UE28 Semestre 8
Année scolaire 2019-‐2020
REGION DES PAYS DE LA LOIRE
AVERTISSEMENT
Les mémoires des étudiants de l’Institut Régional de Formation aux Métiers de la Rééducation et de
la Réadaptation sont réalisés au cours de la dernière année de formation MK.
Ils réclament une lecture critique. Les opinions exprimées n’engagent que les auteurs. Ces travaux ne
peuvent faire l’objet d’une publication, en tout ou partie, sans l’accord des auteurs et de l’IFM3R.
Remerciements
A ma directrice de mémoire, Madame L. pour m’avoir soutenue tout au long de ce mémoire et avoir sollicité autour d’elles de nombreuses personne pour m’aider sur les points clés de ce travail.
A mon entraîneur et à mon groupe d’athlétisme. Merci de m’avoir aidé à acquérir la ténacité et la motivation nécessaires dans le sport, je les ai transposées le travail grâce à vous (et se défouler après avoir écrit son mémoire toute la journée ça fait du bien !).
A mes colocataires et aux copines de T.S. avec qui nous avons tout partagé pendant quatre ans, rattrapages comme réussites. A toutes ces heures de révision ensemble ; sans vous je n’aurais jamais eu une telle motivation.
A Matthieu qui a également vécu ces quatre années avec moi, et qui a toujours su me soutenir et m’épauler.
A mes parents, Claire et Emilie qui ont sacrifié beaucoup pour que je puisse aller au bout du concours PACES. Je n’aurais jamais réussi sans vous.
A Monsieur C., Monsieur L.S., Monsieur N. et monsieur T., pour leur aide sur la partie statistique de ce travail.
Et bien sûr, à toutes les femmes qui ont pris le temps de répondre à mon questionnaire, de partager leurs expériences et leurs conseils avec moi, elles m’ont permis de me rendre compte de la beauté mais également des difficultés d’une grossesse. Je garderai toujours en souvenir les belles conversations que j’ai pu avoir avec elles.
Résumé
Introduction. Les femmes enceintes sont de plus en plus actives, ce qui nous amène à nous
demander quelles sont les recommandations établies sur la pratique de l’activité physique
pendant la grossesse. La dernière « guideline » canadienne parue en 2019 fait état de
bénéfices à continuer de faire au minimum 150 minutes d’activité physique par semaines.
Cependant elle explique également que seules 15% des femmes le font vraiment. L’objectif
de ce mémoire est donc de comprendre pourquoi il y a un écart entre ces recommandations
et leur mise en pratique.
Méthode. Nous avons réalisé une enquête par questionnaire à destination des femmes
enceintes et en projet de grossesse afin de sonder l’état de leurs connaissances et des
informations reçues sur le sujet. Nous l’avons distribué à des patientes de cabinets libéraux
et à des groupes de femmes enceintes sur internet. Nous avons récolté 290 réponses, parmi
lesquelles 208 ont été sélectionnées pour l’inclusion.
Résultats. Les résultats montrent que les femmes croient aux bénéfices du sport pendant la
grossesse, mais ne sont pas assez conscientes des risques encourus. Les principales causes
d’arrêt du sport sont le manque d’information, de temps, de motivation, la fatigue et les
douleurs, ainsi que la peur des conséquences néfastes.
Discussion. La mise en place de moyens d’informations ludiques et visuels semble
pertinente. Pour la prise en charge il semble également intéressant d’insister sur la
communication interprofessionnelle ainsi que sur un encadrement personnalisé et adapté à
chaque patiente.
Conclusion. Il apparaît nécessaire de réaliser des études à plus grande échelle pour que les
résultats soient davantage représentatifs de la population générale.
Mots clés
-‐ Activité physique
-‐ Enquête par questionnaire
-‐ Grossesse
-‐ Information/prévention
Abstract
Introduction. Pregnant women are becoming more and more active, which leads us to ask
what are the established recommendations for physical activity during pregnancy. The latest
Canadian guideline published in 2019 states that there are benefits of continuing to be
physically active for at least 150 minutes per week. However, it also explains that only 15%
of women actually do that. The objective of this presentation is now to understand why
there is a gap between these recommendations and their implementation.
Method. We carried out a questionnaire survey aimed at pregnant women and women
planning to become pregnant in order to investigate the state of their knowledge and the
information received on the subject. We gave it to patients in private practices and to
groups of pregnant women on the internet. We collected 290 responses, of which 208 were
selected for inclusion.
Results. The results show that women believe in the benefits of sport during pregnancy, but
are not enough aware of the risks involved. The main reasons for stopping sport are lack of
information, time, motivation, fatigue and pain, as well as fear of negative consequences.
Discussion. The development of ludic and visual means of information seems to be
pertinent. For the management it also seems interesting to insist on interprofessional
communication and on a personalised and adapted supervision for each patient.
Conclusion. It seems necessary to carry out studies on a larger scale so that the results are
more representative of the general population.
Key words
-‐ Pregnancy
-‐ Physical activity
-‐ Questionnaire
-‐ Information/prevention
Sommaire
1 -‐ Introduction .................................................................................................................. 1
2. La pratique d’une activité physique pendant la grossesse .............................................. 2
2.1 La grossesse ........................................................................................................... 2
2.2 L’activité physique et les recommandations ........................................................... 8
3. Problématisation et hypothèses ................................................................................... 21
3.1 Problématique et question de recherche ............................................................. 21
3.2 Hypothèses. ......................................................................................................... 21
4. Méthode : enquête par questionnaire .......................................................................... 22
4.1 Objectifs du questionnaire ................................................................................... 22
4.2 Inclusion et critère PICO ....................................................................................... 23
4.3 Diffusion et choix de la plateforme. ..................................................................... 23
4.4 Les thèmes du questionnaire. .............................................................................. 24
5. Résultats ...................................................................................................................... 25
5.1 Sélection des populations. ................................................................................... 26
5.2 Résultats des réponses au questionnaire. ............................................................ 28
5.3 Résultats des réponses en lien avec les hypothèses. ............................................. 30
6. Discussion .................................................................................................................... 35
6.1 Analyse et perspectives ........................................................................................ 35
6.2 Limites du travail ................................................................................................. 47
7. Conclusion .................................................................................................................... 50
Références bibliographiques et autres sources ................................................................. 53
Annexe I – Questionnaire .................................................................................................... I
Annexe II – Echelle PARmed-‐X for pregnancy .................................................................... IV
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1 -‐ Introduction
Chaque année en France, l’INSEE (institut national de la statistique et des études économiques) recense entre sept-‐cent et huit-‐cent mille naissances (758 000 pour l’année 2018) ; les femmes enceintes constituent donc une importante partie de la population. Le taux de natalité pour l’année 2018 est de 11,3 pour 1000 habitants (1). L’âge moyen auquel les femmes ont leur premier enfant est de 28,5 ans en 2015, mais on observe une augmentation de ce chiffre chaque année. Toutes naissances confondues (premier enfant ou non), l’âge moyen d’une femme enceinte est de 30,6 ans (2). Le nombre moyen d’enfant par femme est de 1,87.
En tant que masseur kinésithérapeute nous sommes régulièrement amenés à prendre en charge des femmes enceintes, notamment en cabinet libéral. Avec l’évolution des mentalités, les femmes continuent maintenant à avoir une vie active durant leur grossesse (3). En 2016 74% des femmes enceintes étaient salariées, contre 53% en 1972 (4). Les femmes sont actives et veulent le rester, ce qui attire notre attention sur un point précis : le sport. En effet quelles sont les recommandations concernant l’activité physique chez la femme enceinte ? Ce sujet est controversé : la femme enceinte est souvent considérée comme une personne fragile, dont la moindre action peut avoir des conséquences négatives sur l’enfant qu’elle porte.
De ce fait, nous nous retrouvons démunis quand il s’agit de formuler des recommandations sur le maintien du sport pendant une grossesse. C’est ce qui nous amène à rechercher s’il existe un consensus sur ce sujet. Il s’agit d’avoir un discours très mesuré en s’appuyant sur les données de la littérature, ainsi que sur notre expérience et celle de nos patients, dans une démarche basée sur l’ « evidence-‐based pratice » (EBP) (5).
Les guidelines du monde entier se rejoignent sur les bénéfices de l’activité physique pendant la grossesse, avec certaines précautions et sous certaines conditions. Cette activité doit par exemple être réalisée minimum 150 minutes par semaines pour en éprouver les bénéfices (6). Ces recommandations sont récentes (début 2019), ce qui explique que les professionnels de santé ne soient pas tous au courant de ces dernières, ou ne les aient pas encore intégrées dans leur pratique.
Notre travail débutera par un cadre conceptuel exposant des généralités sur la grossesse et le sport. Puis sera présenté un historique des recommandations, de ce qui se faisait anciennement jusqu’à nos jours. Nous verrons les risques et les bénéfices qui découlent de la pratique de l’activité physique pendant la grossesse. Enfin, nous aborderons la place du kinésithérapeute dans l’accompagnement de la femme enceinte.
Après le cadre posé, nous verrons qu’une problématique émerge de nos investigations. Compte tenu des nombreux bénéfices qui peuvent découler de la pratique de l’activité physique pendant une grossesse sur la santé des mamans, de leurs bébés, et des
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recommandations actuelles, quels sont les facteurs qui expliquent que les femmes enceintes ne soient que 15% à effectuer le minimum recommandé ?
Afin de répondre à notre problématique, nous choisirons une question de recherche. Nous nous demanderons Quel est l’état actuel des connaissances et l’information des femmes enceintes ou en projet de grossesse sur les recommandations de pratique physique pendant la grossesse ?
Cette question servira de base pour formuler nos hypothèses à partir desquelles nous élaborerons un questionnaire à destination des femmes enceintes ou en projet de grossesse. Cela permettra de recueillir leurs connaissances sur ce thème, et aussi d’analyser les freins ou obstacles à cette pratique pour comprendre comment nous pourrions les encadrer et les accompagner au mieux sur cette voie.
Après avoir répondu à nos hypothèses, nous analyserons nos résultats et évoquerons différentes perspectives. Enfin, nous mettrons en lumière les biais et les limites de ce travail, puis conclurons sur les perspectives professionnelles qu’il soulève.
2. La pratique d’une activité physique pendant la grossesse
2.1 La grossesse
2.1.1 Généralités et évolutions physiologiques
La grossesse ou période de gravidité est définie dans le Larousse de la langue française comme « l’ensemble des phénomènes se déroulant entre la fécondation et l’accouchement, durant lesquels l’embryon, puis le fœtus se développe dans l’utérus maternel » (7). La transition entre embryon et fœtus se fait à la fin de la sixième semaine (8).
La fécondation est le phénomène à l’origine de la grossesse. Le blastocyste ainsi formé par la réunion des gamètes s’implantera dans l’utérus, et se différenciera en couches cellulaires distinctes, donnant chacune une partie distincte du futur embryon. Par ailleurs, le placenta se formera à partir d’une des divisions du blastocyste implantée dans l’utérus, aux alentours du 2-‐3ème mois. Le placenta est essentiel pour les échanges (oxygène, nutriments) entre la mère et son bébé via le cordon ombilical. Il permet entre autres de protéger le fœtus des agressions extérieures comme certains virus (9).
Durant la grossesse, on compte en semaines d’aménorrhée (SA). L’aménorrhée (10) est définie comme l’absence de règles et un bébé est considéré comme étant né à terme à partir de 37 SA (avant, il est dit prématuré), et peut naître n’importe quand dans la période qui va de 37 à 42 SA. Les 42 semaines sont divisées en trois périodes appelées trimestres, durant lesquels le fœtus va franchir toutes les étapes de sa maturation. A la fin du premier trimestre il mesure environ 8,5cm, et à la fin du troisième il fera en moyenne 50cm (8).
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La naissance intervient en moyenne 266 jours après la fécondation et 280 jours après l’arrêt des dernières règles (11).
Durant la grossesse, nous observons de nombreuses modifications physiologiques, qui sont de différente nature : ostéo-‐articulaire, musculaire, digestive, nerveuse, neurovégétative (12). Cependant il est important de signifier que la grossesse n’est pas une pathologie.
Tout d’abord, les femmes prennent du poids, usuellement entre 9 et 15kg. A la fin du premier trimestre, en général, une femme n’aura pas pris plus de 2kg. En revanche pendant les deux derniers trimestres elle prendra entre 225g et 500g par semaine, selon son poids avant la grossesse. Plus une femme a un petit poids avant la grossesse plus elle prendra de poids pendant celle-‐ci. Ce poids correspond à celui du bébé mais également des annexes (placenta, utérus, graisse qui s’accumule au niveau des fesses, des seins, liquide amniotique…) (8). Le poids du ventre vers l’avant modifie la répartition des contraintes, plaçant davantage de charges sur les articulations (sur le rachis comme sur les articulations des membres inférieurs) (13).
Le fœtus est contenu dans l’utérus maternel, qui repose sur le périnée, structure musculo-‐tendino-‐ligamentaire formant un « hamac » (figure 1 (11)). Le périnée se distend pendant la grossesse avec l’augmentation de volume des organes pelviens (14).
Concernant les muscles abdominaux, pendant la période de gravidité les muscles grands droits s’écartent pour laisser le bébé se développer (figure 2 (11)). Au niveau de la ligne blanche ils s’allongent sur le thorax et fabriquent environ 15cm de fibre musculaire pour revenir ensuite à leur place après la grossesse (cela prend 6 semaines en moyenne). Dans certains cas, on risque un diastasis ou une hernie, si les grands droits s’écartent trop, mais c’est une situation classique chez les femmes enceintes et dans la plupart des cas réversible durant la période de cicatrisation de 6 semaines (15). Cela reste cependant un facteur de risque de troubles pelvi-‐périnéaux, il faut donc y être attentif (16).
Figure 2 : Les muscles de la paroi abdominale Figure 1 : Le périnée : couche profonde et superficielle
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On observe logiquement un déplacement du centre de gravité du corps vers l’avant, entraînant une antéversion du bassin (de 5° environ) et une augmentation de la lordose lombaire, du fait de l’augmentation du volume du ventre et de la poitrine. L’élargissement de la poitrine entraîne aussi une augmentation de la lordose cervicale et une abduction des épaules. On note aussi une diminution de l’éversion de cheville lors de la marche et l’affaissement de la voûte plantaire. C’est une compensation du corps pour tenter d’éviter les chutes. En effet 26,8% des femmes chutent pendant la grossesse (12,17).
Sur le plan des grandes fonctions, au niveau vasculaire il y a une augmentation du débit cardiaque (+40%) et de la fréquence cardiaque (+10%) (ou 10 bpm selon les sources (8)), du volume cardiaque, du volume d’éjection, une vasodilatation périphérique avec diminution des résistances périphériques, une hypotension, une rétention d’eau et de sels, une augmentation de la consommation d’oxygène avec une consommation d’énergie supérieure pour une même activité, une dilatation des uretères et des reins avec augmentation de la filtration rénale (18).
De même, la prise de poids engendre des modifications veineuses, avec une tendance à la stase pouvant engendrer des hémorroïdes ou des troubles veineux tels que les varices (12).
La compression des organes digestifs tels que le foie, l’estomac et l’intestin, associée aux remaniements posturaux entraînent des nausées, vomissements, reflux, et du dégoût pour certains aliments (12).
Des douleurs interviennent au cours de la grossesse et les douleurs utérines en font partie. Nous distinguons deux périodes : pendant les deux premiers mois elles sont, selon des études, davantage liées au col utérin et à ses attaches ligamentaires par les modifications morphologiques que nous avons vues. En revanche pendant les sept derniers mois, celles-‐ci viennent plus du corps utérin, entraînant des douleurs musculaires, une compression rénale ainsi que des troncs aortiques et cave à l’origine de problèmes de tension, de malaises (12, 19).
50% des femmes ont également des douleurs de type lombalgie ou douleurs de la ceinture pelvienne pendant la grossesse, et pour 25% de ces femmes elles subsistent encore un an après leur accouchement. Une femme sur 10 qui a éprouvé des douleurs lombaires durant sa grossesse a de sévères conséquences 11 ans après (20).
Une synthèse des modifications physiologiques intervenant pendant la grossesse est représentée ci dessous (Figure 3), mais n’est pas exhaustive (8, 12, 17, 18 et 19).
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L’accouchement se déroule en trois parties : tout d’abord la dilatation précoce, puis tardive, grâce aux contractions, qui se terminent quand le col de l’utérus est dilaté à 10cm environ. Cette phase peut durer jusqu’à 12 heures. La deuxième étape c’est l’expulsion du bébé, durant laquelle les contractions s’intensifient et la maman pousse avec ses muscles abdominaux pour expulser son enfant. La dernière phase c’est l’expulsion du placenta. Les contractions reprennent et le placenta de décolle en 15 minutes de la paroi. Puis le cordon ombilical est coupé (11).
Après la grossesse on entre dans une phase appelée post-‐partum : cela correspond à une période de 6 semaines après l’accouchement (21).
La plupart des modifications physiologiques subsistent 4 à 6 semaines après l’accouchement (22).
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Augmentation!des!paramètres)cardiaques!(consommation)d’O2)
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Extension)occipitale!(céphalées,)névralgies…)!
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Affaissement)des)arches)du)pied!–!arche!interne!en!
particulier!(douleurs,)jambes)lourdes…)!
Augmentation!de!la)cyphose)thoracique!(douleurs)costales,)problèmes)
respiratoires,)digestifs…)!
Figure 3 : modifications physiologiques durant la grossesse
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2.1.2 La place du MK dans la prise en charge de la femme enceinte
Pour l’OMS il est indispensable que les femmes enceintes soient suivies pendant leur grossesse et après, par des professionnels de santé, du fait des risques sanitaires auxquels la femme est exposée (23).
En tant que masseur-‐kinésithérapeute, nous sommes amenés à prendre en charge des patientes enceintes principalement pour des douleurs lombaires ou de la ceinture pelvienne (20). Cela doit permettre d’aborder avec ces patientes d’autres aspects comme la prévention des complications de l’accouchement ou du post partum.
2.1.2.1 Prévention des complications dans le post-‐partum
Dans le cadre de cette prise en charge, il existe des recommandations. Le massage périnéal pendant la grossesse doit être encouragé (Grade B). Cela permet de diminuer le taux d’épisiotomie (niveau preuve 1) et les douleurs périnéales ainsi que l’incontinence aux gaz après l’accouchement (niveau preuve 2). En revanche cela ne permet pas de diminuer les lésions obstétricales (niveau preuve 1) ni l’incontinence urinaire (niveau preuve 2). Ce qui semble être efficace est un massage périnéal pratiqué par la femme ou le partenaire, au minimum trois fois par semaine, initié à 34 semaines de grossesse (36 SA) (24). Nous devons donc encourager nos patientes dans cette voie et leur montrer comment faire pour réaliser ce massage.
Le « pelvic-‐floor Muscle Training », en abréviation PFMT, est une méthode de renforcement des muscles du plancher pelvien qui consiste en des contractions répétées du périnée. Elle s’inspire des exercices de Kegel, décrits en 1948 et appelés ainsi du nom de leur auteur, monsieur Kegel (25). Cela permet d’augmenter plusieurs paramètres : la force, l’endurance, la puissance et la relaxation de ces muscles. En 2018 les auteurs d’une revue de littérature de la Cochrane proposent ces exercices en traitement de l’incontinence urinaire (IU). En effet, la femme enceinte est à haut risque de développer une incontinence et ce de manière exponentielle au fur et à mesure de la grossesse (26). Le niveau de preuve est cependant modéré (27). Ces exercices diminueraient l’incidence de l’IU en post-‐partum entre 3 et 6 mois mais pas à 12 mois, donc l’effet à long terme ne serait pas probant (niveau de preuve 2) (24).
Certains dispositifs ont été proposés pour prévenir les LOSA (lésions obstétricales du sphincter anal) mais une étude menée sur ce sujet montre qu’il n’est pas recommandé de les utiliser (24). Cela est donc à déconseiller à nos patientes. Pour prévenir les lésions du sphincter anal et périnéales pendant l’accouchement, il n’est pas non plus recommandé de pratiquer des exercices de renforcement des muscles du plancher pelvien pendant la grossesse (Grade B) (24).
Le renforcement des muscles du plancher pelvien pendant la grossesse a donc pour but de permettre un bon soutien du bébé et des viscères par le périnée (15) et ne permet pas de
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réduire les complications liés à l’accouchement. C’est ce qu’il faut expliquer à nos patientes. Cela permettra éventuellement une réduction de l’IU mais avec une absence d’effets durables démontrés.
2.1.2.2 Soulagement des douleurs ostéo-‐articulaires
Nous avons vu précédemment que les femmes enceintes étaient extrêmement touchées par les douleurs lombaires et pelviennes.
Le masseur kinésithérapeute a un rôle au niveau ostéo-‐articulaire dans l’accompagnement des patientes qui souffrent régulièrement de lombalgies. Une étude de 2020 réalisée par Da Fonseca Pires et ses collaborateurs a montré que la diminution de la douleur était associée avec une meilleure perception des amplitudes de mouvement dans le cadre d’une prise en charge kinésithérapique de 12 semaines minimum (28). Cependant cette étude n’a pas été réalisée sur des femmes enceintes.
Un article de Hu et ses collaborateurs publié en 2020 traite de l’impact de l’exercice sur les douleurs lombaires et de la ceinture pelvienne chez les femmes enceintes. Il stipule que combiner des exercices physiques comme le yoga, le pilâtes, les exercices sur ballon de Klein, avec de la thérapie manuelle permettrait davantage de réduire ces douleurs que de la thérapie manuelle seule (29).
Nous pouvons proposer de la thérapie manuelle et de l’exercice physique aux femmes enceintes souffrant de ce type de douleurs.
2.1.2.3 Conseil et accompagnement
Le kinésithérapeute un rôle préventif (30) sur d’autres points auprès des femmes enceintes ; ce travail écrit s’intéresse aux bénéfices de l’activité physique durant la grossesse et place le kinésithérapeute comme un des acteurs pouvant participer à cet accompagnement.
En effet, le kinésithérapeute en tant que personnel de santé voyant régulièrement les patientes, est totalement apte à accompagner les femmes enceintes dans leur pratique physique pendant la grossesse, et de les conseiller. En effet, il possède non seulement des connaissances sportives et médicales, mais a également une expertise sur le plan ostéo-‐articulaire notamment pour les problématiques de statique. Il pourra ainsi utiliser ses compétences de prévention, surveillance et éducation pour assurer le suivi des femmes enceintes du début à la fin de leur grossesse (17).
Sarah Haag, physiothérapiste exerçant à Chicago et spécialisée dans la santé féminine, explique dans ses cours sur la douleur durant la grossesse que les femmes enceintes sont des personnes comme les autres. Il faut les traiter comme telles et ne pas leur tenir des propos qui pourraient les stresser car elles sont capables d’avoir des occupations très variées. Notre rôle en tant que kinésithérapeute est de les aider à faire les activités qui leur
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permettent de se sentir mieux et de les aider à bouger, et de ne pas les traiter comme des personnes malades (31).
2.2 L’activité physique et les recommandations
2.2.1 Le sport, les femmes et le problème de la sédentarité
L’activité physique se définit comme « tout mouvement du corps produit par les muscles squelettiques et qui induisent une augmentation de l’énergie dépensée par rapport au repos » (21). En ce sens, elle est à différencier du sport pour lequel intervient une notion réglementaire et où le cadre est plus strict que pour l’activité physique. Dans notre travail écrit nous nous intéressons à l’activité physique au sens large, en y incluant le sport, mais également d’autres pratiques telles que la marche ou simplement le fait d’être régulièrement en mouvement.
Une enquête réalisée par l’institut national du sport et de la performance (INSEP), sur 6575 français de 15 à 75 ans, montre que 48% des sportifs sont des femmes Les 5 principaux sports pratiqués sont (par ordre d’importance) : marche, natation, vélo, gymnastique, footing (32).
Indépendamment du sexe de la personne, l’organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de pratiquer 150 minutes d’activité physique par semaine pour être en bonne santé, et pour ressentir de réels bénéfices il faut que cela soit 150 minutes d’intensité élevée comme du cardio, ou 300 minutes d’intensité modérée par exemple de la marche. Le sport permet d’améliorer l’endurance cardio-‐respiratoire, d’entretenir la musculature ainsi que le capital osseux. Il permet également de réduire le risque de pathologies non transmissibles. Enfin, il permet un bien-‐être moral en diminuant le risque de dépression et permet une augmentation de l’estime de soi (33).
22% des femmes de 15 à 75 ans déclarent ne pas pratiquer d’activité physique (contre 12% des hommes) (32). Les femmes sont donc moins actives que les hommes. Cela s’explique notamment par l’histoire, au cours de laquelle les femmes avaient une place mineure dans le sport, considérées comme fragiles. Ce n’est qu’en 1972 avec la parution aux Etats-‐Unis du titre IX des amendements éducatifs que les femmes ont commencé à bénéficier de plus d’opportunités sur le plan sportif (34).
Le manque d’activité physique, par la sédentarité qu’il sous-‐tend, est le quatrième facteur de risque de pathologies non transmissibles et le deuxième facteur de risque évitable après le tabac. La sédentarité est caractérisée par des périodes prolongées de très faible dépense énergétique et est corrélée avec une plus grande mortalité. Au delà de 7 heures par jour passées en position assise ou 3 heures devant la télévision, on entre dans la sédentarité, mais cela n’est plus vrai si on fait plus d’une heure d’activité physique par jour (35). Cela constitue donc un problème majeur de santé publique.
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Suite à nos diverses investigations, le sport semble être bénéfique pour la santé et est même fortement recommandé pour éviter la sédentarité entre autres. Qu’en est-‐il pendant la grossesse ?
2.2.2 Historique des recommandations de 1950 à nos jours.
2.2.2.1 Les prémices des recherches.
Une synthèse des recommandations d’activité physique pendant la grossesse depuis 1950 a été publiée par Kehler et Heinrich. Elle identifie différents courants de pensée (3).
En 1950 l’opinion populaire est que les femmes doivent éviter au maximum la fatigue et l’exercice physique en partant du principe que la femme enceinte est une personne fragile et doit être protégée. Ces affirmations ne se basent pas sur bon nombre de preuves scientifiques. Le corps médical décourage de faire des exercices dits « violents », comme le cyclisme, la natation, le tennis, l’équitation. Ils recommandent en revanche de la marche lente et du travail de ménage et de cuisine dans la maison. Ces recommandations n’ont pas été remises en question pendant des années.
En 1960 les mentalités évoluent : il n’y a plus de limitations à la pratique des sports « violents » ; les sports cités précédemment ne sont plus considérés comme tels à l’exception de l’équitation, et plus de recherche d’évitement de la fatigue. C’est le début d’un changement des mentalités, avec une remise en question du mode de pensée de la médecine de l’époque.
En 1970 on assiste à un boom du fitness et de l’exercice pendant la grossesse. Quelques bénéfices commencent à émerger dans la littérature. C’est la sortie du livre grand public de Jane Fonda : « Jane Fonda's Workout Book for Pregnancy, Birth and Recovery » (livre d’exercice pour la grossesse, la naissance et la récupération), le premier livre à paraître sur le sujet (36).
Les années 1980 marquent une meilleure compréhension et la tentative de formulation de recommandations avec études à l’appui. A cette époque, la pratique de la course à pied est totalement controversée.
2.2.2.2 Les débuts des bénéfices avéré
Dans les années 90 l’ensemble du corps médical se met d’accord pour dire que l’exercice physique modéré est bénéfique. C’est l’apparition des premières guidelines surtout au Canada et aux Etats-‐Unis. Il n’y a toujours pas de standards, mais de nombreuses études. Entre autres, celle de Riemann et al (37) met en lumière les recommandations suivantes :
-‐ Informer son médecin que l’on est une athlète. -‐ Continuer à s’entraîner régulièrement durant la grossesse, environ 3 fois par
semaine.
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-‐ Le rythme cardiaque maximal ne doit pas excéder 140-‐150 bpm. -‐ Eviter les hautes températures et la déshydratation. -‐ Stopper l’entraînement si l’on ressent de la douleur, si on saigne, si on est fatigué ou
si on a un autre problème, et contacter son médecin. -‐ Ne pas faire d’entraînement de force au maximum des capacités ni d’entraînement
isométrique. -‐ Pas de sports de contact. -‐ Ne pas se mettre en position allongée pour s’entraîner après le premier trimestre
(car il y a des risques de compression de la veine cave inférieure). -‐ Pas de compétitions sportives. -‐ S’échauffer et faire un retour au calme après la séance. Eviter les mouvements
articulaires soudains et dans toute l’amplitude. -‐ Le vélo et la natation sont recommandés. -‐ Ne pas s’entraîner si on a une infection, de la fièvre ou si on est fatigués.
En 2000 des guidelines australiennes voient le jour et définissent de nombreux bénéfices à l’activité physique pendant la grossesse, mais il demeure encore beaucoup de contradictions par exemple sur les anomalies de fermeture du tube neural, le poids de naissance où les avis sont très largement partagés (3).
En 2005, La haute autorité de santé explique que « commencer ou continuer une activité sportive modérée pendant la grossesse est possible. Les femmes enceintes doivent être averties des dangers éventuels de certains sports, comme les sports de contact, les sports violents et les jeux de raquettes, des chutes et de trop grandes contraintes sur les articulations. Pour exemple, la pratique de l’aérobic : « le cardio », est déconseillé car il entraîne une augmentation du risque d’accouchement prématuré (grade A). La plongée sous-‐marine est contre-‐indiquée en raison du risque de malformations fœtales ou d’accidents de décompression (grade C) » (38).
Le Docteur Martine Duclos, est une référence en terme de recommandations d’activité physique pendant la grossesse, et notamment parce qu’elle est une des premières à en étudier les bénéfices. Dans son livre de 2009, elle stipule que les femmes ayant une activité physique avant la grossesse doivent être encouragées à poursuivre un volume de 50% ou plus que le volume antérieur. Concernant les femmes sédentaires, celles-‐ci doivent faire de l’activité physique pour arriver au moins à 20-‐30 minutes de marche 3 à 5 fois par semaine. Les sports les plus recommandés sont la marche et la natation. En revanche les sports de contact ou à risque de chute tels que le ski, l’équitation sont contre-‐indiqués. La randonnée en montagne jusqu’à 2000m d’altitude est possible, et plus pour les femmes acclimatées. Pour les grossesses à faible risque, c’est à dire sans contre indications préalables, (voir 2.2.3 bénéfices et risques de l’activité physique pendant la grossesse) on doit cesser l’activité si on a des fuites de liquide amniotique, des contractions, de la dyspnée, des céphalées, des vertiges, des douleurs thoraciques ou une douleur et gonflement du mollet. Au premier
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trimestre on ne doit pas arrêter le sport sauf si on pratique un sport à risque de traumatisme. L’arrêt des compétitions se fera entre 8 et 12 semaines, et non plus dès le début de la grossesse.
Au deuxième trimestre il faut limiter les efforts importants.
Au troisième trimestre le repos est préconisé (hors sportives de haut niveau avec suivi médical adapté).
La reprise est possible à 45 jours, et 3-‐4 mois après l’accouchement on peut reprendre l’entraînement intense mais de manière individualisée et progressive. Il n’existe pas de risque d’éventration dans le cas des césariennes (ce mode d’accouchement constitue 20% des naissances), en revanche, dans le cas d’une épisiotomie la reprise doit être adaptée (22).
La même année, sort le livre de Bernadette de Gasquet, médecin et professeur de yoga française, une référence encore de nos jours en matière de travail abdominal et de natalité. Elle propose une sollicitation douce des abdominaux pendant la grossesse pour les conserver et notamment le transverse. Celui-‐ci va permettre d’éviter les maux de dos pendant la grossesse, et faciliter la poussée pendant l’accouchement. C’est littéralement le muscle de l’éjection du bébé ; la contraction du périnée entraîne d’ailleurs une contraction réflexe du transverse. Elle préconise d’effectuer des exercices de dos plat, dos creux et dos rond par exemple, en engageant son transverse, et en se basant sur un type de respiration dite hypopressive. Elle propose également d’effectuer des étirements pour permettre la remontée du diaphragme et la détente du périnée, ce qui va constituer une aide à la préparation à la poussée. Le principe est le suivant : quand on s’étire, on expire en même temps sur l’effort et on contracte le transverse. Après l’accouchement il est important également de renforcer le transverse et les muscles profonds (15).
Par la suite d’autres études sont faites. En 2013 un article de C. Maitre insiste sur les bénéfices du sport sur la santé maternelle et fœtale, en particulier en terme de prévention du diabète gestationnel et du surpoids. L’étude met en lumière le fait que la meilleure période pour débuter l’exercice physique reste le second trimestre car les nausées, vomissements et fatigue du premier trimestre sont terminées et les limites physiques du 3ème trimestre ne sont pas encore là. Par contre il n’y a pas de moment particulier pour cesser l’activité physique (39).
En 2014, un autre article s’intéresse à la fréquence cardiaque. Si la femme est active l’exercice physique ne doit pas dépasser 1h à la fréquence cardiaque maximale, et 30 minutes si elle n’est pas active. Il est recommandé de ne pas enchaîner deux jours de sport consécutifs (18).
En 2015, le collège américain des obstétriciens et gynécologues (ACOG) se concerte sur le sujet. Ils préconisent d’utiliser le « talk test » comme outil pour savoir si une activité physique est adaptée : la femme doit pouvoir être capable de soutenir une conversation
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pour savoir que l’effort n’est pas trop important pour elle (31,40).
Une étude de 2011 stipule que quand la conversation devient difficile à maintenir, cela correspond sensiblement au dépassement du seuil ventilatoire (41). C’est donc un indicateur facile à expliquer à ses patientes.
Par ailleurs l’ACOG explique que certaines positions de yoga qui incluent un passage en décubitus dorsal ne sont pas possible car induisent un risque de 10 à 20% d’hypotension artérielle et une diminution du retour veineux (40). Il faut donc faire attention à cela lors de sa pratique.
A cette période, les recommandations américaine et canadienne sont déjà les plus complètes (18), elles clarifient les temps de pratique possible de différents sports :
-‐ Marche 30 minutes par jour pendant toute la durée de la grossesse -‐ Vélo au maximum 2h par séance et 7h par semaine -‐ Natation jusqu’à 14h par semaine et jusqu’à 2h par séance. La natation augmente
l’index de liquide amniotique, réduit l’effet de la gravité, permet une meilleure dissipation de la chaleur corporelle, une diminution de l’incidence et de l’importance des œdèmes et soulage les lombalgies.
-‐ Gym douce : de 30 à 60 minutes, 3 à 5 fois par semaines. -‐ Course à pied : si pratique antérieure à la grossesse, jusqu’à 4 fois par semaine 20 à
50 minutes.
En 2017, les recommandations américaines préconisent 20 à 30 minutes d’activité physique tous les jours de la semaine (42). Ils sont les premiers à autoriser la pratique quotidienne du sport.
En 2018, une revue de Holt et Holden synthétise les connaissances sur la pratique de l’aérobie pendant la grossesse via l’analyse du triathlon (natation, vélo et course à pied enchaînés). Elle conclut que cette pratique peut être maintenue pendant toute la durée de la grossesse mais qu’il ne faut pas excéder 90% de la fréquence cardiaque maximale lors de l’effort, et qu’aucun paramètre fœtal n’est modifié à l’exception du poids de naissance plus faible (13).
Par ailleurs, les auteurs de cette revue préconisent en cas de poursuite de la pratique sportive, d’adapter ses calories et manger 300 kcal/jour de plus au premier trimestre et 450 pour le second et dernier trimestre. Enfin, ils concluent qu’il est intéressant de maintenir un programme sportif dans le but d’un retour au sport plus rapide en post partum (13).
2.2.2.3 Les recommandations actuelles
En 2019, de nouvelles recommandations canadiennes voient le jour, et c’est sur elles que l’on se base actuellement (43). Celles-‐ci mettent en lumière de nouveaux points : (6)
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1 -‐ Intérêt du sport pendant la grossesse pour les femmes inactives avant (recommandation forte, niveau modéré de preuve), femmes avec diabète gestationnel (faible recommandation, faible niveau de preuve), femmes en surpoids ou obèses, IMC > ou = à 25 avant la grossesse (forte recommandation, faible niveau de preuve).
2 -‐ Les femmes enceintes devraient faire au moins 150 minutes d’activité physique modérée toutes les semaines pour en voir les bénéfices physiques et réduire les complications liées à la grossesse (forte recommandation, niveau de preuve modéré).
A noter qu’une activité physique modérée est une activité pendant laquelle il est possible de parler mais pas de chanter (38).
3 – Il faudrait faire minimum 3 jours d’activité physique par semaines, mais être active tous les jours (recommandation forte, niveau de preuve modéré).
4 -‐ Les femmes enceintes devraient incorporer à leur entraînement des exercices aerobic « cardio » et un travail en résistance pour avoir de plus grands bénéfices. Ajouter du yoga et/ou du stretching doux peut aussi être bénéfique (recommandation forte, haut niveau de preuve).
5-‐ Des exercices de renforcement des muscles du pelvis (PFMT, Kegel exercises) peuvent réduire les risques d’incontinence urinaire dans le post partum. Il faut suivre des instructions sur la technique précise pour en avoir les bénéfices (faible recommandation, niveau de preuve faible).
6-‐ Les femmes enceintes qui ont des maux de tête ou des nausées quand elles sont allongées lors de l’exercice devraient éviter la position décubitus dorsal (faible recommandation, très faible niveau de preuve).
Sans contre-‐indications, les guidelines du monde entier encouragent les femmes à faire de l’activité physique en prénatal. Cependant, moins de 15% d’entre elles font le minimum de 150 minutes d’activité physique par semaine (6, 42, 44). A ce jour, pour un adulte de 18 à 64 ans, il est recommandé par l’organisation mondiale de la santé (OMS), de pratiquer au moins 150 minutes d’activité physique par semaine (33). Une femme qui se conforme donc à ces conseils n’aura qu’à maintenir cela pendant sa grossesse puisque l’on retrouve dans les recommandations ces 150 minutes d’activité physique nécessaires par semaine.
Un article de Lassiaille et Lagniaux, kinésithérapeutes du sport, stipule que le plus important est d’évaluer précocement et régulièrement les femmes enceintes avec les mêmes échelles tout au long de leur grossesse. Les conseils que nous pouvons leur donner sont d’éviter de s’entraîner à plus de 38 degrés de chaleur corporelle, d’éviter l’entraînement à haute intensité, de ne pas soulever de poids trop lourds de manière répétée et surtout au cours du premier trimestre, et d’adapter la pratique de sports à impact (tennis, course à pied, volley). Enfin, il faut informer l’athlète d’être très attentive à ses sensations (17).
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En 2019, l’organisme de formation pour professionnels de santé « la clinique du coureur », qui s’adresse aux sportifs de tous les niveaux de pratique, s’intéresse spécifiquement à la course à pied pendant la grossesse. Ils ne placent pas ce sport dans la catégorie des sports à impact, qui eux sont déconseillés pendant la grossesse. Cependant, pour eux il faut respecter certaines conditions : un bon schéma de course (cadence élevée, limitation du déplacement de corps vers le haut, attaque médio-‐pied/avant pied, peu de bruit à l’impact au sol), bon choix de chaussures (plutôt minimalistes), et enfin volume de course adapté (conforme aux habitudes antérieures) (45).
Les sportives de haut niveau sont un cas à part. 38,4% des sportives de haut niveau sont des femmes (46). Chez cette population, bien souvent on observe la peur d’une baisse des performances et d’une prise de poids, ce qui repousse souvent l’âge de la première grossesse à 30 ans. Pour ces femmes il faut éviter de prendre trop de poids (pas plus de 16kg), ainsi que maintenir des activités physiques durant toute la grossesse, avec des recommandations différentes pour ces sportives particulières. Par exemple elles pourront continuer l’équitation si c’est leur sport principal, alors que c’est contre-‐indiqué pour les femmes non sportives de haut niveau. Les femmes pourront atteindre de nouveau leur meilleur niveau 6 mois après l’accouchement et le retour au sport de haut niveau se fera souvent 1 an après l’accouchement (39). Garder un niveau élevé de pratique physique pendant la grossesse ne présente pas de conséquences négatives pour le fœtus ni pour la femme elle-‐même (22).
En résumé les principales recommandations qui émergent de nos recherches sont les suivantes (tableau I).
Tableau I : synthèse des recommandations du sport pendant la grossesse
Continuer ou commencer une activité physique est possible et même recommandé : 150 minutes par semaines. Continuer d’être active même les jours sans sport.
Pour les abdominaux : faire des exercices d’engagement du muscle transverse et des muscles profonds, type pilâtes
Pour le périnée : faire des exercices de renforcement des muscles du plancher pelvien
Faire des étirements doux
Bien s’échauffer et faire un retour au calme si on fait un exercice cardio. Ne pas enchaîner deux jours de sport si possible.
Les sports adaptés sont par exemple la marche, la nage, le vélo stationnaire, le yoga, le pilâtes.
On doit être capable de tenir une conversation pendant l’exercice physique. Ne jamais dépasser 90% de la fréquence cardiaque maximale, pas plus de 38 degrés de chaleur corporelle.
Pendant l’activité physique rester attentive à ses sensations, se faire accompagner si c’est possible.
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Maintenant que nous connaissons les recommandations d’activité physique pendant la grossesse, nous allons nous intéresser aux bénéfices et aux risques qui en découlent.
2.2.3 Bénéfices et risques de l’activité physique pendant la grossesse
2.2.3.1 Bénéfices :
En terme de bénéfices physiques, faire du sport pendant sa grossesse permet une diminution de la sévérité des douleurs lombaires et de la ceinture pelvienne. En revanche, cela ne permet pas de diminuer la prévalence de ces symptômes. C’est ce qu’a révélé une méta analyse de niveau de preuve modéré (20). L’activité physique permet également une augmentation de la masse et de la tonicité musculaire, ainsi qu’une diminution des douleurs articulaires (18). Enfin, pendant la grossesse on a un gain de performance dans les sports d’endurance de 10-‐20% pendant les 3 premiers mois. Dans un premier temps on est donc plus performant ; ensuite les besoins du bébé, la prise de poids, les modifications de la statique pelvienne peuvent limiter les mouvements, s’accompagnant d’une diminution de ce niveau (22). Cette diminution n’est pas permanente, au contraire, puisque 70 à 80% des athlètes ayant eu un enfant améliorent leurs performances dans les deux ans suivant l’accouchement (47).
De nombreux bénéfiques psychiques sont également retrouvés. On observe une moindre incidence de la dépression post-‐partum (18,22,39) une augmentation de l’estime de soi (22), un accouchement perçu comme « plus facile » (22), une amélioration du bien être global (22). Cela permet également de diminuer le stress, qui est reconnu comme augmenté chez les femmes enceintes, surtout primipares c’est à dire pour lesquelles c’est le premier enfant (18,43). Cela permet de regagner un surplus d’énergie, un bien-‐être émotionnel et de la bonne humeur à chaque séance ainsi que de diminuer la fatigue (18). Les activités de loisirs et de la vie quotidienne sont plus faciles à effectuer (18).
D’autres avantages sont à noter sur le plan de la diététique. Les études montrent un taux plus faible de diabète gestationnel dès 3h d’activité physique par semaine (22,39,42,49). Il y a une moindre incidence de la prise de poids (39,42,22), une perte de poids plus rapide en post partum (22), ainsi qu’une gestion du poids plus facile (18). Cela permet également une lutte contre la constipation (8,22). Enfin, le sport n’a pas d’impact négatif sur la qualité ni sur la quantité du lait maternel s’il est pratiqué de manière modérée (22). Au contraire, pour un entraînement à 70% de la fréquence cardiaque maximale, sur une durée supérieure à 45 minutes, on observe une meilleure qualité de lait, avec un volume plus conséquent produit. Cette relation n’est pas valable pour un exercice à la fréquence cardiaque maximale. En effet dans ce cas la qualité du lait diminue car il se charge d’acide lactique (de 0,67mmol/L à 2,97 mmol.L) ce qui diminue son acceptation par le bébé (13).
Sur le plan cardiaque et respiratoire on observe une diminution du risque de pré-‐éclampsie ou hypertension artérielle de grossesse pour une activité physique modérée (22,39,42). Cela permet l’amélioration du retour veineux (22), ainsi que de la circulation sanguine (18).
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D’autres effets sont retrouvés au niveau de l’appareil cardiovasculaire : une amélioration des fonctions systolique et diastolique, une diminution de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle au repos et, de ce fait, une meilleure adaptation de la fréquence cardiaque lors de l’effort et du stress (18). Pour les fonctions respiratoires, la VO2 max est augmentée (39). La VO2 max correspond à la quantité d’oxygène qu’un individu consomme en une minute pour produire de l’énergie.
Lors de son accouchement, la femme pourra également tirer des bénéfices de sa pratique sportive. En effet, l’augmentation de la VO2 max donc nous venons de parler permet de réduire la durée du travail (39). Comme nous l’avons vu dans les bénéfices psychiques, l’accouchement est également perçu comme « plus facile » par les femmes sportives (22). Enfin, on observe une moindre incidence des césariennes pour ces dernières (42).
Le sport n’a pas que des bénéfices pour la femme, en effet, le sport est également bon pour le fœtus qu’elle porte. Tout d’abord cela a une influence positive sur les indices anatomiques de capacité fonctionnelle du fœtus et sur la croissance placentaire (43). Faire du sport permet aussi une diminution de 20 à 30% des anomalies de fermeture du tube neural chez le bébé, par adaptation à l’augmentation de la chaleur (hyperthermie) (22). Autre élément, les bébés naissent avec un plus petit poids de naissance par diminution de la masse grasse, même si la nutrition pendant la grossesse influence largement ce paramètre (22,50). En moyenne, les bébés naissent 400 g plus légers quand leur mère a fait du sport pendant sa grossesse (13). Une étude de Mc Millan et al, datant d’août 2019 montre également que les bébés nés de mères qui faisaient 50 minutes d’intensité modérée d’exercice aérobic trois fois par semaines pendant leur grossesse ont un meilleur score moteur (Gross Motor Quotient) que ceux qui sont nés de mères qui n’en faisaient pas. Avoir un score élevé à ces tests moteurs et du développement veut souvent dire que l’enfant va continuer à se développer à un niveau plus avancé. La recherche a été faite sur un groupe de 60 femmes enceintes en bonne santé entre 18 et 35 ans sans grossesse à risque. Il y a deux groupes : le groupe d’exercice et le groupe sans exercice. Les résultats de l’étude montrent qu’une activation précoce et régulière des motoneurones chez les enfants permettrait d’augmenter la qualité de l’activité physique dans leur vie future (50). Enfin, l’activité physique est un des facteurs de risque modifiable de l’obésité infantile ; pratiquer une activité physique pendant sa grossesse peut potentiellement réduire ce risque pour les enfants. Les bénéfices ne sont pas totalement expliqués. Cela pourrait se traduire par la relaxation d’hormones maternelles dans le sang fœtal (50).
En résumé, les principaux bénéfices à la pratique de l’activité physique sont énoncés dans le tableau suivant (Tableau II):
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Tableau II : résumé des bénéfices du sport pendant la grossesse
Bénéfices physiques
Bénéfices psychiques
Diététique Cardiaque et respiratoire
Accouchement Foetus
Diminution des douleurs lombo pelviennes et articulaires
Moral augmenté, bonne humeur, diminution du
stress
Diminution du diabète
gestationnel
Diminution de l’hypertension
artérielle
Diminution du temps de travail
Meilleure croissance
Augmentation de la masse musculaire
Diminution de la dépression post
partum, diminution de la fatigue
Moindre incidence de la prise de poids, Perte de poids plus rapide en post
partum
Augmentation des paramètres respiratoires (VO2max)
Accouchement plus facile
Bébés avec plus petit poids : moins de gras, autant de
muscle.
Amélioration du bien être
Meilleure qualité du lait maternel si activité 70% FCM
Amélioration du retour veineux,
meilleure circulation sanguine
Moindre incidence des césariennes
Moins d’anomalies de fermeture du tube neural
Augmentation de l’estime de soi, de l’énergie, meilleur
sommeil
Lutte contre la constipation
Meilleure adaptation
cardiaque lors de l’effort et du stress
Prévention de l’obésité infantile
2.2.3.2 Précautions à prendre avant d’initier une activité physique.
Il existe des contre indications à la pratique de l’activité physique pendant la grossesse, qui induisent des risques pour le bébé et la mère. Il ne faut pas faire de sport si l’on présente les facteurs suivants : rupture des membranes, travail pré-‐terme, perte de liquide amniotique, retard de croissance intra-‐utérin, béance cervico-‐isthmique-‐cerclage, métrorragies, hypertension gravidique et pré-‐éclampsie, grossesse multiple supérieure à 3 fœtus ou gémellaire (jumeaux) après la 28ème semaine d’aménorrhée, maladies cardiovasculaires et/ou pulmonaires graves, antécédents de prématurité, anémie sévère (hémoglobine inférieure à 10g/L) ou malnutrition (22).
Par ailleurs, il existe un guide, le physical Activity Readiness Medical Examination for Pregnancy (Annexe II), qui permet de statuer sur l’état de santé d’une femme enceinte pour effectuer une activité physique (17,51). Il a été réalisé par la « Canadian Society for Exercice Physiology » (CSEP). En tant que masseur kinésithérapeute il est possible d’utiliser ce guide pour évaluer les risques d’une telle pratique. Ce questionnaire prend en compte la santé générale, vérifie que la femme ne présente pas de facteurs de risques (cités ci dessus), pose des questions sur la pratique avant la grossesse, le niveau d’activité/de sédentarité de la femme, demande si elle fume/boit de l’alcool, et rappelle les contre-‐indications absolues. Puis il est expliqué un modèle pour la pratique optimale selon l’acronyme FITT :
-‐ « Frequency » : fréquence. Commencer par 3 fois par semaines, puis évoluer vers 4 fois.
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-‐ « Intensity » : intensité. S’exercer dans une zone cardiaque adaptée. L’échelle donne des zones de fréquence cardiaque pour une femme en fonction de son âge et de son niveau de pratique antérieur.
-‐ « Time » : durée. La durée doit être de 15 minutes même si cela veut dire réduire l’intensité ou faire des pauses.
-‐ « Type » : type. Faire des exercices d’endurance avec faible impact et ne pas porter de poids.
Le questionnaire se termine par des conseils d’hygiène de vie et recueille le nom et les coordonnées du patient. Le médecin signe ensuite cette feuille et autorise ainsi la pratique du sport à sa patiente, sans risques.
Ayant vérifié l’absence de contre indications absolues et rempli le formulaire de pratique d’activité physique (PARmed-‐X FOR PREGNANCY) avec le médecin traitant, le kinésithérapeute peut être certain que la pratique sportive est possible pour sa patiente enceinte, à priori sans risques.
Une dernière précaution à prendre est de s’assurer que l’on pratique uniquement par envie et sans recherche de performance. C’est le point sur lequel insiste Suzanne Cariant, coach diplômée de la fédération française d’athlétisme (FFA). Certaines femmes enceintes confessent par exemple faire du sport pour ne pas prendre trop de poids, or nous avons vu que la prise de poids est normale et physiologique. Le sport peut cependant aider à ne pas en prendre trop, mais cela n’est pas le but recherché initialement (52).
2.2.3.3 Risques
Il existe des sports dangereux qui augmentent les risques encourus par la femme enceinte qui les pratique. En raison de risques de traumatisme abdominal, les sports de contact et l’équitation sont interdits (22). La pratique du cyclisme en position de compétition (c’est à dire relativement couché sur son vélo) doit être contrôlée car il existe un risque de compression de l’aorte et de la veine cave pour des efforts longs (13). Pour ce qui est de la musculation, les femmes qui portent des charges supérieures à 20kg plus de 10 fois par jours ont plus de risques d’accouchement prématuré (17).
Par ailleurs, l’augmentation de la laxité ligamentaire (progestérone) physiologique qui entraîne une souplesse qui peut augmenter les risques d’entorses, luxations, dorso-‐lombalgie et syndromes fémoro-‐patellaires (13,22). Il est donc primordial d’exercer une activité physique en tenant compte de ce paramètre, par exemple si l’on fait du stretching ou du yoga.
Une femme très active avant sa grossesse a plus de risques de développer une incontinence urinaire en étant enceinte et en post-‐partum (26).
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La durée de pratique doit être raisonnable. En effet, pour une activité physique du premier trimestre supérieure à 4h30 par semaine, on note une augmentation légère du risque de pré-‐éclampsie (hypertension artérielle de grossesse) (39). Par ailleurs, l’étude de Riemann citée précédemment montre que le risque de fausse-‐couche est significativement plus important chez les femmes effectuant plus de 7h de sport/semaine pendant les 18 premières semaines de grossesse et est encore majoré s’il s’agit de sports collectifs, de course à pied ou de sports de contact. Passé 5 mois de grossesse, cette relation n’est plus valable (37).
Il faut aussi faire attention à l’intensité de la pratique ; pour des exercices dépassant 90% de VO2 max il y a un risque de bradychardie fœtale (la fréquence cardiaque de l’enfant descend à moins de 110 bpm), à cause de la réduction du débit utérin ce qui peut provoquer une acidose fœtale (13,17). Pour une intensité moyenne, le fœtus s’adapte en augmentant en moyenne de 10 bpm sa fréquence cardiaque et observe un retour à la normale à la fin de l’exercice (22,37). La bradycardie fœtale intervient donc pour un exercice d’intensité trop élevé.
Il y a également une diminution de la perfusion placentaire (jusqu’à 50%). Cela entraîne une augmentation du volume du placenta par production de « Vascular endothelial growth factor » (VEGF), traduite par « hormone de prolifération vasculaire endothéliale », mais cela est sans risques pour le bébé et pour la maman (13).
Pour une température supérieure à 39 degrés dans les premières semaines de grossesse, les risques d’anomalies fœtales sont augmentées, puis les capacités de thermorégulation s’améliorent au fur et à mesure de la grossesse (17). Par ailleurs, pour les exercices en piscine, la température de l’eau doit être adaptée (33,5 à 35,5 degrés) sinon la thermorégulation ne se fera pas correctement (13).
D’autres études montrent à l’inverse que l’hyperthermie engendrée par l’exercice physique n’aurait aucun impact sur le fœtus, qui modifie ses mécanismes de thermorégulation (22,39). On noterait même une diminution de 20 à 30% des anomalies de fermeture du tube neural chez le bébé, par adaptation à l’augmentation de la chaleur comme nous l’avons vu précédemment (22). Il s’agit donc de prendre en compte toutes ces recommandations et d’appliquer le principe de précaution en ne faisant pas d’exercice physique trop intense au début de la grossesse.
Concernant la croissance du bébé, il n’existe pas d’augmentation du risque de malformations, de retard, d’hypotrophie, ni d’interruptions de grossesse (22).
Les principaux risques sont résumés dans le tableau suivant (Tableau III) :
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Tableau III : résumé des principaux risques au sport pendant la grossesse
Traumatisme abdominal
Entorses, luxations, dorso-‐
lombalgies
Augmentation tension
artérielle de grossesse (pré-‐
éclampsie)
Bradycardie fœtale, acidose fœtale
Anomalie fœtale
(potentiellement)
Risque de fausse couche
Accouchement prématuré
Incontinence urinaire
Si Car Si Si Si Si Si Car
Sport de contact, chutes
Imprégnation hormonale
physiologique
Activité physique élevée au premier trimestre
Exercice physique intense
Température corporelle trop élevée dans les
premières semaines de grossesse
Plus de 7 heures de sport par semaine pendant
les premiers mois de grossesse
Port de charges trop
importantes, trop souvent
Risque plus élevé chez les femmes très actives avant une grossesse
Equitation Augmentation laxité
ligamentaire
Une revue de littérature datant de 2017 estime que les risques liés à la pratique du sport pendant la grossesse sont peu fréquents, et de gravité mineure. Cependant il y a une pénurie d’études sur ce sujet (53).
Cette étude souligne également que les femmes accompagnées et encadrées par des professionnels compétents s’exposent moins aux risques que les autres (53).
2.2.4 L’information et l’accompagnement des femmes enceintes
Malgré tous les bienfaits et le peu de risques énoncés à la pratique du sport pendant la grossesse, les femmes enceintes ne sont que 15% à effectuer les 150 minutes d’activité physique recommandées par semaines (6,44).
Dans une étude de 2017 ont été identifiés quatre principaux freins à cette pratique : la crainte de faire une fausse couche ou un accouchement prématuré, la fatigue, la peur des conséquences pour le fœtus notamment en cas de chute (18,53) et le manque d’information sur le sujet. Par ailleurs, 58 % des femmes ont affirmé n’avoir reçu aucune information concernant l’activité possible en cours de grossesse. Pour les femmes ayant reçu une information, elle leur a été transmise par les professionnels de santé ou elles ont fait leurs propres recherches sur internet, dans la littérature, ou posé des questions autour d’elles. Cela montre bien que le professionnel de santé est un vecteur important de l’information à ce propos (54).
Dans le décret de compétence des masseurs-‐kinésithérapeutes (30) l’article 11 stipule que l’un des rôles du MK est l’entraînement d’un sportif sur le terrain et l’élaboration de son
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programme. Le MK fait partie d’une triade avec le médecin-‐préparateur physique, il est donc très impliqué dans la prise en charge du sportif (55). Le kinésithérapeute a également un devoir de conseil.
Comme nous l’avons vu, le MK peut utiliser le PARmed-‐X-‐for pregnancy (Annexe II) pour évaluer l’état de santé et la forme physique de ses patientes. Il pourra ensuite compléter son bilan par une analyse de la marche, de la course et du geste technique, ainsi que par un bilan de la douleur et des limitations (17).
3. Problématisation et hypothèses
3.1 Problématique et question de recherche
Suite à nos recherches, nous avons mis en lumière de nombreux bienfaits à l’activité physique pendant la grossesse sur les femmes ainsi que sur leurs bébés, et des risques peu fréquents. Ces risques sont encore moins élevés si la femme enceinte est correctement encadrée par un professionnel de santé. Nous avons ensuite vu que les femmes n’étaient pas assez au courant des recommandations, et que seules 15% d’entre elles faisaient le minimum conseillé. Des études tentent d’expliquer les raisons de ce décalage, et ce qui semble en ressortir est un manque d’information et de la peur véhiculée par de nombreuses croyances sur le sujet. Les femmes ont aussi bien souvent une incapacité à gérer les modifications physiologiques qui vont avec la grossesse et à adapter leur pratique à leur nouveau fonctionnement.
Ces recherches nous permettent de mettre en évidence une problématique :
Compte tenu des nombreux bénéfices qui peuvent découler de la pratique de l’activité physique pendant une grossesse sur la santé des mamans, de leurs bébés, et des recommandations actuelles, quels sont les facteurs qui expliquent que les femmes enceintes ne soient que 15% à effectuer le minimum recommandé ?
Nous établissons ensuite une question de recherche afin de nous permettre de répondre à notre problématique. Cette question est la suivante : Quel est l’état actuel des connaissances et l’information des femmes enceintes ou en projet de grossesse sur les recommandations de pratique physique pendant la grossesse ?
Nous proposons ci dessous des hypothèses de réponse à ce questionnement.
3.2 Hypothèses.
Suite à l’élaboration de notre question de recherche nous avons mis en place des hypothèses selon trois thèmes principaux :
Thème 1 : Croyances et obstacles au maintien du sport pendant la grossesse.
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H1 : Les femmes en désir de maternité, par rapport aux femmes enceintes, pensent que le sport est facile à maintenir pendant la grossesse.
H2 : Plus une femme était sportive avant sa grossesse plus elle le reste pendant.
H3 : En règle générale, les femmes pensent qu’il y a plus de risques que de bénéfices à faire du sport pendant la grossesse, seules les femmes sportives antérieurement jugent que ce rapport penche du côté du bénéfice.
H4 : Les principales causes d’arrêt du sport sont le manque d’information, de temps, de motivation, la fatigue et les douleurs ou la peur des conséquences néfastes.
Thème 2 : Information sur le maintien du sport pendant la grossesse.
H5 : Les femmes enceintes sont mieux informées sur les recommandations que les femmes en désir de grossesse.
H6 : Globalement les professionnels de santé ne parlent pas à leurs patientes des possibilités de maintien du sport pendant la grossesse. Parmi ceux qui abordent malgré tout cette question, certains praticiens en parlent plus que d’autres.
H7 : Les femmes enceintes ayant une pratique sportive antérieure à la grossesse sont davantage sensibilisées à ce sujet par un professionnel de santé que les femmes non sportives.
Thème 3 : Intérêt d’un livret d’information.
H8 : La mise en place d’un livret d’information sur ce thème intéresserait les femmes enceintes ou en projet de grossesse, et davantage celles qui sont sportives.
4. Méthode : enquête par questionnaire
4.1 Objectifs du questionnaire
La méthode choisie pour ce travail est une enquête par questionnaire (56). Celle-‐ci vise à recueillir les connaissances des femmes sur l’activité physique pendant la grossesse, leurs attentes, leurs doutes et à mieux comprendre l’état actuel de la prise en charge à ce sujet. Selon leur décret de compétence, les masseurs-‐kinésithérapeutes (compétence 13) : « particip(ent) à différentes actions d’éducation, de prévention, de dépistage, de formation et d’encadrement » (30). Les intérêts de ce questionnaire sont d’évaluer le temps de pratique sportive des femmes pendant leur grossesse ainsi que leurs connaissances sur le sujet. Nous allons voir également s’il serait pertinent de mettre en place un livret d’information sur la pratique de l’activité physique pendant la grossesse.
Le questionnaire a été proposé initialement à une femme enceinte (20 SA au moment du remplissage du questionnaire), et une kinésithérapeute travaillant avec des femmes
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enceintes pour effectuer le « pré-‐test ». Cela a permis de modifier l’ordre de certaines questions, et de rendre facultative la réponse à l’une des questions obligatoires.
Ce questionnaire comprend uniquement des questions qualitatives. Les réponses permettront d’affirmer ou d’infirmer nos différentes hypothèses.
4.2 Inclusion et critère PICO
Notre question de recherche a été élaborée à partir de critères PICO. L’acronyme P correspond au patient, à la population à laquelle va s’adresser le questionnaire. Le I concerne l’intervention : sur quelle action de prévention reposent nos recherches. Le C représente la comparaison : sur quoi on se base pour comparer notre population, les références en la matière. Enfin, le O représente l’outcome, c’est à dire quelle est l’issue recherchée de notre travail, quel résultat on cherche à produire. Les critères PICO sont les suivants (57) :
P : Les femmes de 18 à 40 ans, enceintes ou en désir de grossesse, sportives ou non.
I : Les connaissances et la pratique de l’activité physique pendant la grossesse.
C : Les nouvelles guidelines sur la pratique de l’activité physique pendant la grossesse.
O : Moyen d’aider les femmes enceintes à effectuer le minimum d’activité physique recommandé et assurer leur suivi sportif tout au long de leur grossesse.
4.3 Diffusion et choix de la plateforme.
Le questionnaire a été réalisé via la plateforme Google Forms®.
Il a initialement été transmis par e-‐mail à quatre MK travaillant en libéral à Nantes et prenant en charge des femmes enceintes, ainsi qu’à une clinique, également de la région nantaise. Seules deux praticiennes ont accepté de transmettre le questionnaire à leurs patientes, et nous avons eu cinq réponses au format papier suite à cette investigation. Elles ont été retransmises manuellement sur Google Forms®, par la suite.
Au vu du faible nombre de réponses, ainsi que de l’envie que nous avions d’inclure les femmes en désir de grossesse (nous ne les voyons pas forcément en kinésithérapie) nous avons alors opté pour une seconde solution : la collecte de données via les réseaux sociaux avec la transmission du questionnaire en ligne à des groupes de femmes enceintes. Concernant la collecte de données en ligne, le rapport de recherche d’un article de Larose datant de 2013 (58), stipule que « s’il y a, certes, plusieurs sources de biais à craindre, les travaux récents tendent à démontrer qu’avec la généralisation de l’accès à la toile ainsi qu’au courrier électronique dans les pays industrialisés, l’écart entre taux de réponse et profil des répondantes et répondants selon que l’on mène des enquêtes « via les moyens traditionnels » ou les médias électronique tend à s’amenuiser, voire disparaître. ». Ainsi, via
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ce mode de diffusion, nous avions obtenu 290 réponses à notre questionnaire (soit 285 de plus), à la date de clôture (le 6 Janvier 2020). Les moyens électroniques que nous avons utilisés pour la diffusion sont : les mails, et le réseau social « facebook ».
4.4 Les thèmes du questionnaire.
Tout d’abord pour introduire notre questionnaire nous expliquons dans quel contexte il a été élaboré, et son thème principal par le paragraphe suivant : « Ce questionnaire s’adresse aux femmes enceintes ou en projet de grossesse et a été réalisé dans le cadre d’un travail de fin d’études en masso-‐kinésithérapie à l’IFM3R. Il traite de l’activité physique pendant la grossesse, de l’information et de la pratique des femmes sur ce sujet ».
En ouvrant le fichier, le texte initial qui s’affiche est le suivant :
Ce questionnaire s'intéresse à la pratique de l'activité sportive pendant la grossesse et vise à recueillir des données sur l'état des connaissances et des pratiques actuelles sur ce sujet. Il s’adresse à des femmes enceintes ou désireuses de grossesse, et exclut les grossesses dites « à risques ».
Il est ANONYME et PRIVÉ (pas de collecte de données personnelles).
Le questionnaire est ensuite constitué de 18 questions (Annexe I).
4.4.1 Questions générales
La question 1 permet d’emblée d’éliminer les femmes qui présenteraient des contre-‐indications à la pratique de l’activité physique pendant la grossesse (49).
La question 2 demande l’âge du sujet. La femme sera exclue de l’analyse si elle a plus de 40 ans car une grossesse dite tardive augmente les risques de pré-‐éclampsie, ce qui constitue une contre indication à la pratique de l’activité physique pendant la grossesse (21).
4.4.2 Etat des lieux de la pratique physique hors période de grossesse
La question 3 s’intéresse au niveau de pratique d’activité physique des femmes interrogées, en règle générale (hors du cadre de la grossesse). Pour cela, nous nous basons sur les recommandations d’activité physique de l’OMS (33).
La question 4 se base sur l’étude de l’INSEP des pratiques sportives des français (32), pour connaître les sports pratiqués par les sujets. 21 sports ou activités physiques sont proposées, ainsi qu’un choix « autre ».
La question 5 permet, à titre indicatif, de déterminer quel est le niveau d’activité physique de la personne, avec des catégories de temps moyen sur une année. Les femmes peuvent se situer dans 5 catégories (la dernière et la plus élevée étant plus de 2 heures par jour).
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4.4.3 La pratique de l’activité physique pendant la grossesse
La question 6 nous permet d’exclure les femmes qui ne sont pas enceintes de notre étude, sauf si elles sont en désir de grossesse (question 7).
La question 7 permet d’exclure les femmes qui ne sont ni enceintes ni en désir de grossesse.
La question 8 interroge l’avis des femmes sur la compatibilité de l’activité physique et de la grossesse.
La question 9 pose la question de la place des soignants et la question 10 vient étayer cela en demandant aux sujets si leur médecin, leur sage femme, leur kiné ou un autre professionnel de santé leur a déjà parlé d’activité physique pendant la grossesse.
La question 11 interroge les femmes sur le maintien ou non de l’activité physique pendant leur grossesse. La question 12 vient ensuite interroger les raisons d’une interruption en se basant sur ce qui est indiqué dans la littérature comme motif majeur (42,54) : manque d’informations, peur des conséquences néfastes, manque de temps, manque de motivation, ou autres (elles peuvent alors préciser les motifs). Cette catégorie « autres » est volontairement ouverte, pour tenter de voir si de nouvelles croyances émergent, autres que celles que nous avons pu trouver dans la littérature.
La question 13 demande aux femmes s’il y a des bénéfices selon elles, à continuer l’activité physique pendant sa grossesse, tandis que la question 14 les interroge sur les risques. Enfin, la question 15 leur fait évaluer le rapport bénéfices/risques de l’activité physique pendant la grossesse.
4.4.4 Elaboration d’un livret d’information
La question 16 interroge les participantes sur l’intérêt qu’elles trouveraient à l’élaboration d’un livret d’informations à ce sujet.
La question 17 propose des thèmes pour le livret en demandant aux femmes si cela les intéresserait : anatomie de la femme, physiologie de la femme enceinte, recommandations sportives pendant la grossesse, contres indications au sport, bénéfices et risques, suivi médical, ou autre. De même que pour la question 12, cette question est ouverte pour laisser les participantes s’exprimer librement sur le sujet.
Enfin, la question 18 est un espace pour que les femmes posent les questions qui leur viennent sur ce thème.
5. Résultats
Les personnes ayant répondu au questionnaire sont toutes des femmes de 20 à 47 ans, en projet de grossesse ou non, enceintes ou non au moment du remplissage du questionnaire.
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5.1 Sélection des populations.
Nous avons eu 290 réponses au questionnaire. La moyenne d’âge des femmes est de 29,66 ans et la médiane de 30 ans. Le mode est également de 30 ans. Ces données correspondent à l’âge moyen des femmes enceintes selon les données de l’INSEE ce qui montre que nos résultats sont représentatifs de la population française de femmes enceintes en terme d’âge.
La première question interroge les femmes pour savoir si elles ont une ou des contre-‐indications à la pratique du sport pendant la grossesse. Les 19 femmes ayant répondu positivement à cette question ont été exclues (49).
Ensuite nous avons exclu 4 autres réponses car les femmes avaient plus de 40 ans, ce qui constitue une grossesse à risque et la pratique de l’activité physique n’est pas recommandée dans ce cas (21). Les femmes sélectionnées ont donc toutes entre 20 et 40 ans.
A la question 3 nous cherchons à déterminer si les femmes font le minimum d’activité physique recommandé par l’OMS en dehors de toute grossesse, 150 minutes par semaines. 47 d’entre elles ne sont pas dans ce cas, et rentrent dans la population « non sportives avant la grossesse » tandis que 220 certifient le contraire et rentrent dans la population « sportives avant la grossesse ».
Sur les 47 qui ne sont pas sportives 36 sont enceintes et 11 ne le sont pas, ce qui permet de définir deux nouvelles populations « non sportives et enceintes » ou « non sportives et non enceintes ». Nous en avons ensuite exclues 5 femmes qui n’étaient ni enceintes ni en projet de maternité. Au final 6 femmes font partie de la population « non sportives et non enceintes mais en projet de maternité », et 36 font partie de la population « non sportives et enceintes ».
Sur les 220 femmes sportives, 132 sont enceintes et 88 ne le sont pas, ce qui permet de définir deux populations : « sportives enceintes » et « sportives non enceintes ». Nous en avons exclues 54 qui n’étaient ni enceintes ni en projet de maternité. Au final 34 femmes font partie de la population « sportives non enceintes mais en projet de maternité » et 132 de la catégorie « enceintes et sportives ».
Nous avons donc :
-‐ 208 femmes sélectionnées. -‐ 168 femmes enceintes -‐ 40 en projet de maternité -‐ 42 non sportives -‐ 166 sportives
Le processus de sélection est repris dans un diagramme (Figure 4), et le nombre de femmes dans chaque populations est repris dans le tableau suivant (Tableau IV) :
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Figure 4 : processus de sélection de l’échantillon et répartition des populations
Tableau IV : Répartition des populations
Femmes enceintes Femmes non enceintes mais projet de maternité
TOTAL
Femmes sportives 132 = P1 34 = P3 166
Femmes non sportives
36 = P2 6 = P4 43
TOTAL 168 40 208
!290!réponses!
Contre.indications!à!la!pratique!de!l’activité!physique!pendant!la!grossesse!?!
Oui!:!19!Non!:!271!
Age!?!
>!40!ans!:!4!Entre!20!et!40!ans!:!267!
Activité!physique!supérieure!à!150!minutes!par!semaine!?!
Non!:!47! Oui!:!220!
Enceinte!?! Enceinte!?!
Oui!:!36!
En!projet!:!6!
Non!:!5!
Oui!:!132!Non!:!54!
En!projet!:!34!
EXCLUSION*
EXCLUSION*
EXCLUSION*
EXCLUSION*
Population*P2*
Population*P4*Population*P3*
Population*P1*
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5.2 Résultats des réponses au questionnaire.
Nous allons maintenant décrire les réponses des femmes incluses dans notre étude.
Question 1 : 100% des femmes incluses indiquent ne présenter aucune contre-‐indication à la pratique de l’activité physique pendant la grossesse.
Question 2 : les femmes sélectionnées ont une moyenne de 29,4 ans, et la médiane et le mode sont de 30 ans.
Question 3 : 20,2% des femmes ne sont pas sportives (moins de 150 minutes d’activité physique par semaine) contre 79,8% qui sont sportives.
Question 4 : 48,3% des femmes ayant répondu à cette question indiquent pratiquer de la course à pied et/ou de l’athlétisme, 27% de la musculation et/ou du renforcement musculaire, 27,5% de la randonnée et 26,4% de la natation. La répartition exacte sport par sport est indiquée ci dessous (figure 5). A noter que cette question est à choix multiples.
Figure 5 : Répartition des sports pratiqués par les femmes de l’étude
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Question 5 : Les femmes non sportives représentent 20% de la population (20,2%) et les femmes sportives sont 80% (79,8%). Ces dernières se répartissent de la manière suivante (Figure 6) : 43% font entre 150 minutes et 300 minutes d’activité physique par semaines, 25% entre 300 et 420 minutes et 12% entre 420 et 840 minutes. Aucunes ne fait plus de 840 minutes par semaines.
Question 6 et 7 : Les femmes de notre étude sont enceintes dans 80,8% des cas, et 19,2% sont en projet de maternité. Pour 44,6% des 168 femmes enceintes c’est leur premier enfant et 55,4 ont déjà eu des enfants auparavant.
Question 8 : pour 87,5% de femmes de notre étude, le sport est compatible avec la grossesse.
Question 9 et 10 : Dans 62% des cas les femmes ont déjà abordé le sujet du sport pendant la grossesse avec un professionnel de santé. Dans 55% des cas c’est le médecin qui leur en a parlé, dans 55,7% une sage femme et dans 34,4% le kiné (dans 3,1% des cas, un autre professionnel de santé leur en a parlé). A noter que cette question est à choix multiples donc les participantes pouvaient sélectionner plusieurs praticiens différents.
Question 11 : sur les 168 femmes enceintes de notre étude 76,2% continuent le sport pendant leur grossesse (128 femmes) contre 23,8% qui arrêtent (40 femmes).
Question 12 : Les femmes justifient le fait d’avoir des difficultés à faire du sport pour les raisons suivantes (Figure 7):
12 %
25 %
43 %
20 %
Moins de 150 minutes par semaines (moins de 20 minutes par jour)Entre 150 et 300 minutes (20 à 40 minutes par jour)Entre 300 et 420 minutes (40 minutes à 1h par jour)Entre 420 et 840 minutes (1h à 2h par jour)Supérieur à 840 minutes (plus de 2h par jour)
Figure 6 : Répartition du temps de pratique sportive des femmes de l’étude
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Nous avons obtenu 53 réponses à cette question (certaines ont répondu plusieurs items car c’était une question à choix multiples). Les 40 femmes ne faisant plus de sport pendant la grossesse ont répondu à la question, mais également 13 autres femmes ayant maintenu le sport mais éprouvant des difficultés.
Les autres raisons évoquées sont les nausées (raison citée trois fois), les crampes (raison citée une fois) et les malaises (raison citée une fois).
Question 13, 14 et 15 : 98,6% des femmes pensent qu’il y a des bénéfices à continuer le sport pendant leur grossesse et 33,2% pensent qu’il y a des risques. Enfin 87,9% pensent que le rapport bénéfice risque penche du côté du bénéfice.
Question 16 : 87,5% des femmes seraient intéressées par un livret d’information sur l’activité physique pendant la grossesse.
Les questions 17 et 18 sont des questions ouvertes sur lesquelles les femmes peuvent s’exprimer afin de donner leur avis sur le contenu du livret, elles seront développées en discussion (voir partie 6.1.5).
5.3 Résultats des réponses en lien avec les hypothèses.
Le test que nous allons maintenant utiliser pour certaines de nos hypothèses s’appelle le test de Khi2. Il permet de déterminer l’indépendance entre deux variables aléatoires, ce qui confirmera ou infirmera nos hypothèses de manière statistique. Ce test permet de comparer des données qualitatives, comme celles recueillies par notre questionnaire. Il sera utilisé en complément des données descriptives brutes énoncées ci dessus.
La condition d’application de ce test est que les effectifs théoriques calculés soient tous strictement supérieurs à 5. Le nombre de paramètres des variables doit également être compris entre 2 et 20.
Figure 7 : Répartition des raisons de l’arrêt ou aux difficultés de pratique sportive des femmes de l’étude.
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H1 : Les femmes en désir de maternité, par rapport aux femmes enceintes, pensent que le sport est facile à maintenir pendant la grossesse (questions 6, 7 et 8, Tableau V).
La question 8 concerne l’idée qu’ont les femmes de la compatibilité entre sport et grossesse. Nous avons vu que 87,5% d’entre elles considéraient que cela état compatible. Nous avons comparé nos différentes populations : femmes enceintes et femmes en projet de grossesse.
Tableau V : KHI2 hypothèse 1
Enceintes Projet de grossesse TOTAL
Compatibilité sport grossesse OUI
162 20 182
Compatibilité sport grossesse NON
6 20 26
TOTAL 168 40 208
Le résultat du test de Khi2 est supérieur à la valeur de la table définie pour un seuil α = 5% et pour 1ddl (degré de liberté), et la p-‐value est inférieure à 0,05, nous pouvons rejeter l’hypothèses nulle H0. Nous avons donc une corrélation entre les variables suivantes grossesse et compatibilité avec le sport, avec un risque de 5% de se tromper. Nous pouvons conclure que les femmes enceintes pensent davantage que le sport est compatible avec une grossesse par rapport aux femmes en désir de maternité. Notre hypothèse est donc rejetée.
H2 : Plus une femme était sportive avant sa grossesse plus elle le reste pendant (question 3, 5 et 11, Tableau VI).
Nous allons interroger la population P1 et P2 pour savoir si les femmes enceintes sportives (P1) font davantage de sport pendant leur grossesse que la population des femmes enceintes non sportives (P2).
Tableau VI : KHI2 hypothèse 2
Femme enceinte, sportive avant la
grossesse
Femme enceinte non sportive avant la
grossesse
TOTAL
Pratique de l’AP pendant la grossesse
108 20 128
Pas de pratique de l’AP pendant sa
grossesse
24 16 40
TOTAL 132 36 168
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Pour les 168 femmes enceintes que nous intégrons dans notre population, nous souhaitons savoir si être sportive avant la grossesse influence positivement le fait de rester sportive durant celle-‐ci. Autrement dit, est-‐ce que les femmes sportives avant d’être enceintes le restent davantage en étant enceintes ?
Le résultat du test de Khi2 est supérieur à la valeur de la table définie pour un seuil α = 5% et pour 1ddl (degré de liberté), et la p-‐value est inférieure à 0,05, nous pouvons donc rejeter l’hypothèses nulle H0. Il y a une corrélation entre la pratique du sport pendant la grossesse et le passé sportif d’une femme. Cela veut dire que les femmes sportives continuent davantage à l’être pendant leur grossesse. Notre hypothèse est validée.
H3 : En règle générale, les femmes pensent qu’il y a plus de risques que de bénéfices à faire du sport pendant la grossesse, seules les femmes sportives antérieurement jugent que ce rapport penche du côté du bénéfice (question 3, 13, 14 et 15, Tableau VII).
Comme vu précédemment, 98,6% (question 13) des femmes pensent qu’il y a des bénéfices à continuer le sport pendant leur grossesse soit la quasi totalité. Seulement 33,2% pensent qu’il y a des risques (question 14). 87,9% pensent que le rapport bénéfice risque penche du côté du bénéfice (question 15).
Nous allons maintenant interroger nos différentes populations : femmes sportives (P1 et P3) et femmes non sportives (P2 et P4) :
Tableau VII : KHI2 hypothèse 3
Sportives Non sportives TOTAL
Plus de bénéfices à l’AP
154 29 183
Plus de risques à l’AP 12 13 25
TOTAL 166 42 208
Le résultat du test de Khi2 est supérieur à la valeur de la table définie pour un seuil α = 5% et pour 1ddl (degré de liberté), et la p-‐value est inférieure à 0,05 : nous pouvons rejeter l’hypothèse nulle H0. Il y a une corrélation entre la pratique du sport et la croyance plus forte que continuer cette pratique sera moins risquée, par rapport aux femmes non sportives. Autrement dit être sportive avant une grossesse fait que les femmes croient davantage aux bénéfices du sport durant la grossesse.
Notre hypothèse n’est que partiellement validée.
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H4 : Les principales causes d’arrêt du sport sont le manque d’information, de temps, de motivation, la fatigue et les douleurs ou la peur des conséquences néfastes (question 12, Tableau VIII).
Parmi les 40 femmes ne faisant pas ou plus de sport pendant leur grossesse 100% d’entre elles évoquent l’une des raisons précédentes pour justifier de leur arrêt sportif.
Par ailleurs, 13 autres femmes sur les 128 ayant continué le sport pendant la grossesse (ce qui représente 10,1% de cette population) ont également coché au moins l’une des cases, pour signifier que même en continuant le sport, elles éprouvaient des difficultés.
Nous cherchons à savoir s’il y a une corrélation entre le fait d’arrêter le sport et les raisons évoquées à la question 12.
Tableau VIII : KHI2 hypothèse 4
Evocation d’au moins une des raisons pour justifier l’arrêt ou les difficultés
Pas de réponse à cette question
TOTAL
Femmes enceintes ayant continué le sport pendant
la grossesse
13 115 128
Femmes enceintes n’ayant pas continué le
sport pendant la grossesse
40 0 40
TOTAL 53 115 168
Le résultat du test de Khi2 est supérieur à la valeur de la table définie pour un seuil α = 5% et pour 1ddl (degré de liberté), et la p-‐value est inférieure à 0,05, nous pouvons donc rejeter l’hypothèses nulle H0. Il y a une corrélation entre l’arrêt de la pratique sportive pendant la grossesse et le fait de cocher au moins l’un des 5 items à la question 12. Les principales causes d’arrêt de sport sont bien les 5 possibilités envisagées. L’hypothèse est validée.
H5 : Les femmes enceintes sont mieux informées sur les recommandations que les femmes en désir de grossesse (questions 6, 7 et 9, Tableau IX).
Tableau IX : KHI2 hypothèse 5
Femmes enceintes Femmes en projet de grossesse
TOTAL
Sensibilisées 120 10 130
Non sensibilisées 48 30 78
TOTAL 168 40 208
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Le résultat du test de Khi2 est supérieur à la valeur de la table définie pour un seuil α = 5% et pour 1ddl (degré de liberté), et la p-‐value est inférieure à 0,05 : nous pouvons donc rejeter l’hypothèse nulle H0. Il y a donc une corrélation entre le fait d’être enceinte et le fait d’être mieux informée des possibilités de maintien du sport pendant la grossesse. Notre hypothèse est donc validée.
H6 : Globalement les professionnels de santé ne parlent pas à leurs patientes des possibilités de maintien du sport pendant la grossesse (question 9). Parmi ceux qui abordent malgré tout cette question, certains praticiens en parlent plus que d’autres (question 10).
Cette hypothèse concerne les femmes enceintes et en projet de grossesse.
A la question 9 seules 38% des femmes ont répondu n’avoir jamais discuté de la grossesse et du sport avec un professionnel de santé, ce qui représente seulement un peu plus d’un tiers d’entre elles. Cela veut dire que la première partie de notre hypothèse est considérée comme rejetée : 62% des femmes ont déjà abordé le sujet, les praticiens abordent donc cette question dans la majorité des cas.
Concernant la proportion de praticiens abordant le sujet, nous avons obtenu 131 réponses à la question 10 pour 129 femmes y ayant répondu. Etant donné que cette question était à choix multiples il est normal d’obtenir plus de réponses que de participantes. 55% du temps quand le sujet est abordé il s’agit du médecin, 55,7% la sage femme et 34,4% le kinésithérapeute. Dans 3,1% des cas il s’agit d’un professionnel de santé.
Cela veut dire que dans plus de la moitié des cas, le médecin et la sage femme abordent ce sujet, et dans un tiers des cas le kinésithérapeute. Certains professionnels abordent davantage ce sujet que d’autres.
L’hypothèse 6 est donc partiellement validée.
H7 : Les femmes enceintes ayant une pratique sportive antérieure à la grossesse sont davantage sensibilisées à ce sujet par un professionnel de santé que les femmes non sportives (question 3, 6 et 9, Tableau X).
Tableau X : KHI2 hypothèse 7
Femmes enceintes sportives
Femmes enceintes non sportives
TOTAL
Sensibilisation par un professionnel de
santé
96 24 120
Pas de sensibilisation 36 12 48
TOTAL 132 36 168
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Le résultat du test de Khi2 est inférieur à la valeur de la table définie pour un seuil α = 5% et pour 1ddl (degré de liberté), et la p-‐value est supérieure à 0,05 : nous ne pouvons pas rejeter l’hypothèse nulle H0. Cela veut dire que les femmes ne sont pas plus informées sur la pratique du sport pendant la grossesse si elles ont une pratique sportive antérieure, par rapport aux femmes non sportives. Notre hypothèse est rejetée.
H8 : La mise en place d’un livret d’information sur ce thème intéresserait les femmes enceintes ou en projet de grossesse, et davantage celles qui sont sportives (question 16, Tableau XI).
87,5% des femmes interrogées seraient intéressées par la mise en place d’un livret d’information sur l’activité physique pendant la grossesse, en revanche, nous cherchons à savoir s’il existe une corrélation entre un profil sportif et un intérêt pour ce livret.
Tableau XI : KHI2 hypothèse 8
Femmes sportives Femmes non sportives
TOTAL
Intéressées par un livret
154 28 182
Pas intéressées par un livret
12 14 26
TOTAL 166 42 208
Le résultat du test de Khi2 est supérieur à la valeur de la table définie pour un seuil α = 5% et pour 1ddl (degré de liberté), et la p-‐value est inférieure à 0,05 : nous pouvons rejeter l’hypothèse nulle H0. Il y a une corrélation entre un profil sportif et l’intérêt pour un livret d’information sur le sport pendant la grossesse. Nous pouvons donc valider notre hypothèse.
6. Discussion
6.1 Analyse et perspectives
6.1.1 Analyse
Nous allons maintenant analyser nos résultats en utilisant les réponses du questionnaire et des hypothèses.
Nous avions posé précédemment la problématique suivante : « Compte tenu des nombreux bénéfices qui peuvent découler de la pratique de l’activité physique pendant une grossesse sur la santé des mamans, de leurs bébés, et des recommandations actuelles, quels sont les facteurs qui expliquent que les femmes enceintes ne soient que 15% à effectuer le minimum recommandé ? ».
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Nous pouvons apporter des éléments de réponse à cette problématique.
Préambule sur la population étudiée :
Tout d’abord, il est important de garder à l’esprit que notre population est majoritairement sportive hors grossesse, à presque 80% (question 3).
Nous remarquons que les femmes sélectionnées ont un profil relativement proche de celui de la population générale. En effet, si on se réfère aux données de l’INSEP 22% des femmes affirment ne pas faire de sport (32). Selon les recommandations de l’OMS nous avons défini une femme sportive comme faisant plus de 150 minutes d’activité physique par semaine, en moyenne (59). Sur les 208 femmes de l’étude, nous avons 20,2% de non sportives ce qui est proche du taux de l’INSEP.
En revanche, les résultats de la question 4 (type de sport pratiqué) et 5 (temps de pratique antérieure à la grossesse) n’ont pas été exploités. Nous n’avons pas trouvé de littérature pour classer nos sujets selon leur temps de pratique quotidienne, car cela est considéré comme très compliqué à faire (60). En effet, de trop nombreux paramètres tels que le ou les sport(s), l’intensité ou la fréquence entrent en jeu dans cette classification. Ces catégories nous permettent simplement de savoir qu’environ 20% des femmes de notre étude font moins de 150 minutes d’activité physique par semaine, environ 43% en font entre 150 et 300 minutes, 25% entre 300 et 420 minutes et seulement 12% en font davantage. Pour la majorité de nos sujets, la pratique de l’activité physique se situe entre pas de sport du tout et 1 heure par jour, rarement davantage. Le profil des femmes de cette étude est donc celui de personnes modérément sportives mais globalement actives.
D’autre part, 48,3% des femmes affirment pratiquer la course à pied ou l’athlétisme soit près de la moitié des femmes de l’étude, 29,8% du yoga ou du pilâtes, 27,5% de la marche, 27% du renforcement musculaire et 26,4% la natation, soit plus d’un quart d’entre elles. Dans son dernier bilan, l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire (INJEP), fait état de 40% de français pratiquant de la course et de la marche, de 22% d’activités de forme et de 20% d’activités aquatiques (60). Nous retrouvons globalement les tendances de la population française en terme de pourcentage de pratique, dans celle des femmes de notre étude.
Par ailleurs, nous n’obtenons pas les 15% de femmes continuant le sport en étant enceintes annoncé dans notre problématique, puisque nous avons 76,2% de femmes enceintes pratiquantes (question 11) (32). On peut ici supposer que les femmes enceintes continuant le sport se sont senties davantage touchées par ce sujet et ont plus facilement répondu au questionnaire. Une autre explication possible serait que les femmes incluses dans notre étude sont des femmes davantage soucieuses de leur santé puisqu’elles sont présentes sur des groupes de femmes enceintes ou consultent un kinésithérapeute pour leurs douleurs par exemple. Ainsi, elles sont peut-‐être mieux prévenues des bénéfices, des risques et des aménagements pour la pratique d’une activité physique durant la grossesse. Cela peut
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également s’expliquer par le fait que nous avons une majorité de femmes ayant déjà eu des enfants par le passé (question 6), et pour lesquelles cette grossesse n’est donc pas la première (plus de 55% de femmes). Elles ont donc pu davantage se renseigner sur le sport pendant la grossesse.
Conditions de réalisation de l’étude d’Evenson et Wen:
Une autre explication à cette différence entre la pratique observée dans notre étude et celle d’Evenson et Wen, est que cette dernière comporte des biais. En effet, le temps d’activité physique des femmes de l’étude a été mesuré avec un accéléromètre. Cet appareil bien que fiable pour quantifier le temps d’activité physique, ne prend par exemple pas en compte le temps de pratique dans l’eau, or cela est très indiqué pendant la grossesse (voir partie 6.1.3). 26,4% des femmes de notre étude affirment faire de la natation (question 4). Par ailleurs, cet appareil a été porté par les femmes durant une semaine de grossesse seulement. Enfin, l’étude ne comprenait pas énormément de sujets (359 pour une période de tests qui a pourtant duré 3 ans) (44).
La thèse du professeur Quidu, à paraître en 2020 dans la revue « Implications philosophiques » montre les limites de la quantification numérique de l’activité physique. Le fait de se savoir « tracké » sur son activité physique apparaît comme anxiogène et fausse le recueil des données (61).
L’étude d’Evenson et Wen est la seule citée par la Guideline canadienne de 2019 pour la quantification de l’activité physique des femmes enceintes. Or d’autres enquêtes menées en Suisse, France et au Portugal font toutes état de davantage de pratique physique pendant la grossesse que ce qui est montré dans l’étude, avec toutefois des difficultés à quantifier objectivement l’activité physique (53). Entre autres, les auteurs se sont parfois heurtés à des problèmes dans le choix de leur outil de mesure. Pour ce qui est de notre travail, nous avons décidé d’interroger les femmes sur leur pratique mais nous ne pouvons pas être certains que c’est ce qu’elles font réellement.
Tous ces éléments nous amènent à penser qu’il serait intéressant de mener une étude sur le long terme, dans laquelle les femmes enceintes seraient suivies toute leur grossesse. Leur activité physique serait mesurée au moyen de diverses méthodes : objectives comme dans l’étude d’Evenson et Wen, et plus subjectives comme dans notre travail. Croiser les données obtenues pourrait permettre d’obtenir une mesure plus fiable de cette activité.
Méconnaissance des bénéfices et des risques ?
Le manque de sport pendant la grossesse décrit dans la littérature pourrait s’expliquer par le fait que les femmes enceintes ne soient pas au courant des bénéfices qui en découlent. Or elles en sont bien conscientes ; elles en sont même davantage conscientes que les femmes en projet de grossesse (H1). Les femmes enceintes se rendent probablement compte des bienfaits du sport pendant leur grossesse, ou commencent à pratiquer une activité physique
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car elles se rendent compte que cela est recommandé. Par ailleurs elles sont 98,6% à penser que le sport est bénéfique (question 13). Autre point, elles pensent qu’il y a plus de bénéfices que de risques à faire du sport pendant la grossesse puisque 87,9% d’entre elles pensent que le rapport bénéfice/risque penche du côté du bénéfice (question 15). Le fait d’être sportive avant sa grossesse accentue encore cette croyance (H3).
Une autre explication à la crainte de s’engager dans une pratique physique serait la méconnaissance des risques. Notre étude a montré que cela était bien le cas puisque seules 33,2% des femmes en sont conscientes (question 14, H3).
Difficultés à commencer la pratique pour une femme non sportive ?
Le manque de pratique physique pourrait également s’expliquer par le fait que majoritairement les femmes restent sportives quand elles l’étaient avant d’être enceintes (H2), et ont moins de facilités à commencer le sport si elles n’en faisaient pas avant. Cependant, quand nous comparons les données de la question 3 et de la question 11 nous nous apercevons que 24 femmes sportives avant la grossesse ont arrêté de faire du sport pendant la grossesse, ce qui représente 14,4% d’entre elles. A contrario 20 femmes non sportives avant la grossesse ont commencé le sport en étant enceintes, ce qui cette fois représente 47,6% de cette population. Il y a donc une plus grande proportion de femmes ayant commencé le sport à l’occasion de leur grossesse. Très peu de femmes sportives avant la grossesse arrêtent le sport en étant enceintes, tandis que presque la moitié des femmes non sportives commencent à faire du sport. Les femmes non sportives ont certes plus de difficultés à s’engager dans une pratique sportive, mais elles sont tout de même un grand nombre à le faire, presque la moitié d’entre elles.
Manque de temps et de motivation ?
26 femmes enceintes ont évoqué le manque de temps et de motivation comme raison d’arrêter ou de ne pas commencer le sport (question 12). Cela représente 49% de la population décrite ci dessus. C’est donc une des raisons les plus évoquées (H4).
Fatigue, douleurs ?
44 femmes enceintes ont répondu que des douleurs ou de la fatigue les empêchaient de faire du sport (question 12), ce qui représente 83% de notre population. C’est la raison la plus citée pour justifier de ne pas pratiquer de sport (H4). Or, comme nous l’avons vu précédemment le sport associé à de la thérapie manuelle réduit les douleurs lombaires (voir partie 2.1.2.2).
Peur des conséquences néfastes ?
19 femmes enceintes ont répondu qu’elles avaient peur d’éventuelles conséquences néfastes si elles faisaient du sport (question 12), ce qui représente 35,8% de notre
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population. Cela montre que les femmes n’ont pas toujours connaissance des risques (H3, question 14) ce qui peut parfois leur fait peur (question 12).
Manque d’information ?
Un défaut ou un manque d’information pourrait expliquer un manque de pratique. 10 femmes enceintes ont évoqué le manque d’information comme raison à leur non pratique sportive (question 12). Cela représente 18,9% des femmes ayant répondu à cette question. Elle s’adressait aux 40 femmes enceintes expliquant ne pas pratiquer de sport pendant leur grossesse (question 11), mais également à celles éprouvant des difficultés à le faire, au nombre de 13. Le manque d’information fait partie des raisons les plus citées (H4).
Il est à noter que les femmes enceintes sont davantage informées sur le sujet par rapport aux femmes en projet de grossesse (H5). L’information des femmes enceintes durant leur grossesse intervient tardivement. Cela explique certainement pourquoi elles ne commencent pas à pratiquer. Si on leur en avait parlé avant elles auraient peut-‐être été davantage partantes.
Cela pourrait aussi s’expliquer par le fait qu’on aborderait plus facilement le sujet avec des femmes sportives. Or cela n’est pas le cas : les femmes sportives ne sont pas mieux informées que les femmes non sportives sur le sport pendant la grossesse (H7). Nous ne devons pas penser que puisqu’une de nos patientes est déjà sportive elle est mieux informée que les autres.
Pour ce qui est de l’information des femmes par les professionnels de santé, ils semblent aborder la question assez largement (H6, question 9), dans 62% des cas. Dans l’enquête par questionnaire de Popot datant de 2017, les femmes interrogées (n=120) avaient rapporté que le sujet était abordé dans seulement 22% des cas (54). Cela peut être attribué aux nouvelles recommandations mise en place entre temps dont ont pris conscience les professionnels de santé. Cependant, les résultats des hypothèses de notre travail montrent que les femmes n’en tirent pas toujours les bonnes informations (H3). La tendance montre également que le médecin et la sage femme en parlent plus que le kiné ou les autres professionnels de santé. Cependant même s’ils en parlent plus, cela reste seulement la moitié d’entre aux (question 10). Dans la majorité des cas, le sujet est abordé, mais c’est encore insuffisant.
Manque d’accord dans les recommandations ?
Cependant, les dernières recommandations sur le sport pendant la grossesse en France datent de 2005, tandis que les guidelines du monde entier se mettent à jour régulièrement. De ce fait, il est parfois compliqué d’agir quand nous recevons des injonctions contradictoires. En outre, la haute autorité de santé préconise de ne pas effectuer d’exercices de cardio, tandis que la dernière guideline canadienne encourage cette pratique (6,38).
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La transmission d’informations au professionnel de santé, et du professionnel au patient semble compliquée pour ce sujet.
Pertinence des moyens d’information ?
Les moyens d’information ne sont pas accessibles à la majeure partie de la population. En effet, les recommandations sont en anglais, et difficilement compréhensibles pour la population générale non initiée à la lecture d’articles scientifiques. Notre projet de réaliser un livret d’information à destination des femmes enceintes a rencontré un grand engouement (question 16), sachant que les femmes sportives de notre étude manifestent encore plus d’intérêt que les non sportives pour sa réalisation (H8). Il existe trop peu de travaux de vulgarisation médicale sur ce sujet, certainement car les recommandations sont récentes.
Cette analyse de nos résultats est résumée ci dessous (Tableau XII). C’est sur cette analyse que nous allons nous baser pour mettre en œuvre des moyens de transmission et d’information les plus adaptés possibles.
Tableau XII : Résumé des réponses à la problématique principale.
Quels sont les facteurs qui expliquent que les femmes enceintes ne soient que 15% à effectuer le minimum d’activité physique recommandé pendant la grossesse ?
Méconnaissance des risques encourus (deux tiers des cas), peur des conséquences néfastes (un tiers des cas).
Plus de difficultés pour une femme non sportive de commencer le sport que pour une femme sportive de continuer.
Manque, défaut et retard d’information par les professionnels de santé.
Manque de temps, de motivation (dans la moitié des cas).
Fatigue et douleurs (grande majorité des cas).
Recommandations en désaccord les unes avec les autres.
Moyens d’information non pertinents.
Chiffre 15% à prendre avec du recul.
Pour faire en sorte que les femmes enceintes tiennent compte des recommandations, nous pouvons agir à trois niveaux différents pour la prévention. Primaire, secondaire et tertiaire.
Perspectives :
Un article de Faucon et Troussard datant de 2019, traite de l’intérêt de la prévention en santé. Ils définissent la prévention comme « l’ensemble des mesures cherchant à réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents ou des handicaps » (62). Ici nous n’avons pas affaire à l’un de ces trois cas, mais nous cherchons à instaurer chez une population de
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femmes enceintes la mise en place d’un comportement protecteur : la pratique de l’activité physique, afin de prévenir la survenue de complications, ou de favoriser l’apparition de bénéfices physiques et/ou psychiques.
La prévention est répartie en trois niveaux, selon une classification faite par l’OMS : primaire, secondaire et tertiaire. La prévention primaire permet de modifier l’incidence d’un comportement avant que celui-‐ci n’ait lieu, donc cela concerne tout ce qui est fait en amont (prévenir les femmes avant leur grossesse que l’activité physique est bonne pour la santé). La prévention secondaire agit au sein d’une population idéalement à un stade précoce (ici tenter de modifier les comportements des femmes enceintes pour les inciter à faire du sport). La prévention tertiaire permet enfin de réduire les complications et les risques (cela peut être en incitant les femmes à faire de la rééducation abdominale et périnéale après leur accouchement pour limiter le déconditionnement, et à leur expliquer qu’une activité physique est bénéfique pendant la grossesse, dans le cadre d’un nouveau projet de maternité) (62). Dans la partie suivante nous allons proposer des pistes d’application de prévention du sport pendant la grossesse. Pour cela nous allons nous appuyer sur les hypothèses et les résultats que nous avons mis en évidence via notre questionnaire.
6.1.2 Prévention primaire par les soignants.
Afin de mettre en œuvre une prévention primaire, nous devons cibler une population de femmes qui ne soient pas encore enceinte. L’objectif est de répandre plus largement le message que le sport pendant la grossesse est bénéfique, même si bien entendu le sujet sera plus aisé à aborder avec des femmes en projet de grossesse.
Nous avons imaginé une stratégie de prévention primaire par la sensibilisation dans les salles d’attente des cabinets médicaux. En effet, comme nous le verrons dans la partie 6.1.5, certaines femmes de notre étude ont suggéré la mise en place d’une affiche de prévention comme moyen d’attirer l’attention. Cette affiche pourrait être mise dans la salle d’attente des cabinets, des laboratoires, des hôpitaux voire même des facultés de médecine, ou des écoles paramédicales. Elle servirait de point de départ à des conversations avec nos patients sur le sujet, et permettrait de déconstruire certaines croyances (comme celle que le sport est proscrit pendant la grossesse) chez les patients comme chez les praticiens.
La méthode de sensibilisation par poster est un moyen simple et peu coûteux de faire passer un message en santé. La campagne du ministère de la santé datant de l’an 2000 « les antibiotiques c’est pas automatique » a entre autres permis une généralisation du message, et ses effets perdurent encore vingt ans après (63).
Une campagne d’affiches réalisée aux USA et soutenue par les instituts nationaux de santé a comparé le taux de prescriptions inappropriées d’antibiotiques pendant douze semaines pour les personnes âgées. Ce taux est passé de 45,3% à 33,7% dans les cabinets ayant mis des posters dans leurs salles d’attente, contre 42,8% à 52,7% dans les cabinets placebos (c’est à dire sans posters). Cela semble donc être un moyen efficace de faire passer un
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message, mais il est à noter que cette étude n’impliquait que 14 prescripteurs et 954 patients car c’était une étude pilote (63).
Par ailleurs, c’est un outil intéressant mais sur lequel les gens s’attardent en moyenne 30 secondes, et jamais plus de 5 minutes. Inutile de penser transmettre l’intégralité du contenu important avec cet unique poster (64). Cependant c’est un point de départ qui peut intéresser les gens et les inciter à se documenter sur le sujet ou à nous poser des questions.
Comme corollaire au livret de prévention que nous prévoyons de réaliser, il pourrait donc être intéressant de réaliser une affiche avec les messages forts que nous souhaiterions faire passer sur la pratique de l’activité physique durant la grossesse, afin de l’utiliser comme moyen de prévention primaire.
6.1.3 Prévention secondaire
6.1.3.1 L’intérêt de la balnéothérapie
Pour ce qui est de la prévention secondaire, nous cherchons à aider les femmes déjà enceintes à commencer ou continuer leur pratique sportive de manière encadrée. La balnéothérapie apparaît alors comme un outil approprié, d’autant plus que 98% des femmes de l’étude de Popot ont rapporté que c’était la pratique la plus adaptée pendant la grossesse (54). Cette idée est très largement répandue dans la population.
En tant que kinésithérapeute, la balnéothérapie entre dans notre champ de compétences et est définie par la « Chartered Society of Physiotherapists » comme « un programme de thérapie utilisant les propriétés de l'eau, conçu par un physiothérapeute qualifié, pour améliorer la fonction, idéalement dans une piscine spécialement conçue et chauffée » (65).
Un article de G.Kemoun et ses collaborateurs publié dans la revue « Kinésithérapie-‐Médecine physique-‐Réadaptation » traite de l’hydrokinésithérapie et en explique les bénéfices ainsi que les précautions à prendre (65). La rééducation en balnéothérapie permet la diminution ressentie du poids de corps par la poussée d’Archimède. Celle-‐ci s’exprime par la relation :
FA = d x V
(FA = poussée d’Archimède, d = densité du liquide, V = volume)
L’eau a également la propriété d’offrir une résistance au poids, proportionnelle à la surface du corps, et à la vitesse de déplacement de celui-‐ci. C’est un milieu qui permet d’offrir la résistance nécessaire par addition de palmes, frites (65).
Les avantages de la balnéothérapie au niveau psychologique pour le patient sont nombreux. Premièrement, la facilitation des mouvements améliore l’image de soi. D’autre part, les séances sont souvent réalisées en groupe, et cela permet d’entraîner une émulation très intéressante (65).
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La balnéothérapie est particulièrement intéressante pour traiter les lombalgies, ainsi que pour la mobilité, les étirements, le renforcement musculaire et la proprioception. Pour les femmes enceintes souffrant du dos et ayant arrêté le sport pour ce motif, cela est donc indiqué (65). Une synthèse de revues de la littérature parue en 2012 identifie l’impact de la balnéothérapie sur le système musculo-‐squelettique des patients. Cette étude prouve que la balnéothérapie est aussi efficace que d’autres techniques masso-‐kinésithérapiques pour réduire la douleur chez des femmes enceintes ayant des lombalgies (66). De plus, une revue systématique incluant 7 études différentes montre que par rapport à des exercices prénataux simples, la balnéothérapie aide davantage à réduire les lombalgies chez les femmes enceintes (67). Cela permet également un travail sur les troubles circulatoires et les blocages respiratoires pouvant survenir durant la grossesse (65). Enfin, concernant les lésions obstétricales, une étude contrôlée randomisée espagnole datant de début 2019 a été effectuée en comparant deux groupes de femmes enceintes. Tous les groupes faisaient une routine d’exercices prénataux mais le groupe contrôle ne faisait pas d’exercice en piscine, tandis que le groupe test faisait 3 séances de balnéothérapie par semaines. Les résultats de cette étude montrent que les femmes du groupe test ont présenté un moins grand nombre de lésions périnéales (lacérations du périnée et épisiotomie entre autres) que les femmes du groupe contrôle. Les exercices en piscine permettraient donc de prévenir la survenue de lésions obstétricales (68).
Pour ce qui est de la grossesse le renforcement musculaire en piscine est préconisé, en pré et post natal. Cela va permettre de préparer l’accouchement par des efforts de poussée dans l’eau, ainsi qu’une prise de conscience de son corps. Dans un second temps cela permet le renforcement musculaire doux. Cependant il est important que la température minimum à 30 degrés (et idéalement 33,5° (13)) et que l’environnement soit calme (65).
La balnéothérapie permet donc de proposer une routine à nos patientes, de les encadrer, de les motiver, et d’aider à diminuer leurs douleurs lombaires ainsi que de leur permettre de se mouvoir plus facilement qu’hors de l’eau. Cela semble également particulièrement adapté pour les femmes non sportives afin de leur faire commencer une activité physique.
6.1.3.2 L’intérêt de la mise en place d’une séance d’information avec plusieurs professionnels de santé
Il pourrait être intéressant de faire intervenir divers acteurs de santé dans l’accompagnement et l’encadrement des femmes enceintes sur la pratique de l’activité physique. En effet, nous avons vu que si les professionnels de santé abordaient le sujet du sport et de la grossesse relativement souvent, les femmes ne semblent pas en tirer les informations suffisantes. Certaines arrêtent tout simplement de faire du sport, et un grand nombre déclarent éprouver des difficultés à le maintenir, car ne trouvant pas les bons ajustements (notamment pour ce qui est de la fatigue et des douleurs lombo-‐pelviennes).
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Cette séance pourrait aussi permettre de prévenir des risques encourus par la pratique du sport pendant la grossesse, risques que les femmes de notre étude nous ont souvent rapporté ne pas connaître ou en tout cas pas suffisamment.
En mettant en commun nos compétences cela pourrait donc être un moyen d’apporter l’information la plus claire et précise possible aux femmes enceintes. Le gynécologue a toutes les compétences en matière d’obstétrique, sur la grossesse et l’accouchement. La sage femme également. Le kinésithérapeute peut apporter ses connaissances en termes d’anatomie, de physiologie de la femme enceinte, ainsi que ses compétences d’encadrement du sportif. Cela peut également être le cas pour un APA-‐S (titulaire d’un diplôme en Activité Physique Adaptée et Santé). Enfin il pourrait être intéressant d’associer le médecin généraliste à cette séance car il a un point de vue global sur la santé de sa patiente, et la suit souvent depuis des années.
La haute autorité de santé en mai 2019 a statué sur le fait que le travail en équipe s’inscrivait dans les valeurs des métiers de la santé. Elle insiste sur la nécessité d’être efficace pour produire des soins de qualité, et sur l’inclusion du patient dans le projet de soin. L’efficacité de cette équipe passe par l’élaboration d’objectifs précis, en accord avec le patient, qui est acteur de sa santé. L’équipe doit être composée au minimum de deux professionnels de santé (69).
Par ailleurs la loi du 4 mars 2002 relative au droit des malades et à la qualité du système de santé donne un nouveau cadre à ce dernier, relatant que : « Les professionnels, les établissements et réseaux de santé […] et les autorités sanitaires contribuent, avec les usagers, à développer les préventions, à garantir l’égal accès de chaque personne aux soins nécessités par son état de santé et à assurer la continuité des soins de la meilleure sécurité sanitaire possible ». En pratique cela doit permettre à toutes les femmes enceintes l’égal accès à la prévention, le repérage des situations à risque, le dépistage, l’accompagnement avant pendant et après la grossesse par tous les professionnels de santé. Pour ces praticiens une collaboration étroite est encouragée, ainsi que des formations pluridisciplinaires et un partage d’informations, tout comme l’évaluation régulière et conjointe de leurs pratiques professionnelles (70).
Le cadre propice au déroulement de cette séance semble être l’hôpital ou la clinique dans laquelle la femme enceinte a prévu d’accoucher. Cela permettrait de solliciter des équipes qui ont déjà l’habitude de travailler ensembles (à l’exception du médecin traitant mais qui pourra être consulté et à qui on pourra expliquer le contenu de cette séance). Cela supposerait que la femme s’y rende largement avant son accouchement mais cela pourrait lui permettre de connaître les lieux. Sinon, cela pourrait être par visioconférence comme cela se fait de plus en plus.
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On retrouve beaucoup d’ateliers mis en place dans les hôpitaux, sur des sujets divers. Le sujet du sport pendant la grossesse pourrait y être abordé, quitte à faire intervenir plusieurs femmes enceintes afin de créer une émulation de groupe.
6.1.3.3 L’intérêt de la mise en place d’un livret d’information
La question 17 du questionnaire ne rentre pas dans le cadre de notre analyse statistique, mais constitue une ouverture, afin de connaître les thèmes d’intérêt pour le contenu d’un éventuel livret d’information.
Pour la première partie de la question nous avons obtenu 49,2% d’intérêt pour une partie sur la connaissance des modifications anatomiques du corps de la femme, 55,9% pour les modifications physiologiques du corps, 92,3% pour la connaissance des recommandations sportives durant la grossesse, 70,3% pour les contre-‐indications et 82,6% pour les bénéfices.
Sur la seconde partie de la question les femmes pouvaient donner librement des idées pour le contenu et la forme du livret. Quelques idées principales ont émergé de leurs réponses.
Pour commencer, beaucoup de sujets pensent qu’il faudrait une mise en page ludique, format A5, avec des couleurs vives, ainsi qu’un rapport égal entre photos et textes. Il faudrait aussi privilégier l’utilisation de mots simples.
Certaines personnes suggèrent que dématérialiser le livret, c’est à dire le rendre accessible sur internet, voire même créer une application, serait pertinent. Comme autre moyen d’information suggéré, certains parlent d’une affiche à coller dans les cabinets médicaux (voir point 6.1.2 : prévention primaire par les soignants).
Concernant les précisions à apporter au début du livret, les femmes trouvent nécessaire de bien expliquer que chacune est différente, et de ne pas avoir un ton trop moralisateur. Il pourrait être intéressant d‘aborder aussi l’aspect psychologique, dédramatiser le sport et en expliquer les bienfaits, avec des idées pour adapter sa pratique si on ne se sent pas bien, ou si on a des douleurs type sciatalgie, pubalgie.
Pour les exercices proposés, beaucoup suggèrent la mise en place d’une routine en proposant différents exercices, à adapter (chacune choisit deux ou trois exercices quotidiens parmi les propositions). Il paraît important de notifier la fréquence d’exercice, les adaptations nécessaires notamment au niveau des stades de la grossesse, et donner des explications précises pour réaliser les mouvements.
Le livret pourrait se terminer par des témoignages de femmes enceintes, et des adresses d’applications pour continuer le sport pendant la grossesse par exemple.
Nous avons également interrogé des professionnels de santé pour qu’ils nous fassent leurs suggestions de praticiens sur ce livret. Bien souvent, ils nous ont expliqué que ce livret ne pourrait pas se substituer à la relation patient/soigné. Il faudrait pouvoir proposer ce livret à
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nos patients mais en le lisant avec eux et en leur réexpliquant les exercices, et les corriger régulièrement sur leur mise en oeuvre. Le livret doit être un outil pour que les femmes continuent le sport en dehors de leurs séances de kinésithérapie, mais ne doit pas être donné sans les explications d’un professionnel de santé. Pour ce faire, quelques uns des praticiens ont suggéré de rajouter une notice d’utilisation à l’intention des professionnels de santé. Cette notice pourrait également contenir des pistes de réponses aux questions principales des femmes enceintes : quels sont les risques, a-‐t-‐on le droit de faire des abdominaux, des sauts ?
Un kinésithérapeute nous a suggéré d’inclure dans le livret des exercices de renforcement des membres supérieurs. En effet, il a constaté dans l’exercice de son métier que les femmes enceintes qu’il voyait en rééducation post-‐partum présentaient bien souvent des troubles musculo-‐squelettiques des membres supérieurs car elles n’étaient pas préparées à porter leur bébé dans leurs bras si fréquemment.
Nous n’avons pas trouvé de littérature sur le fait que les femmes non habituées au port de charge étaient plus à risque de développer des troubles musculo-‐squelettiques que les autres, hormis pour les tendinopathies de de Quervain. Cette tendinopathie est directement attribuable au portage de son enfant, qui fait intervenir une extension pouce-‐index de manière répétée, associée avec un terrain hormonal prédisposant (71,72). Les femmes en post partum doivent absolument être éduquées au portage de leur bébé (73). En outre, changer son enfant de bras, transférer son poids sur les avant bras plutôt que sur les mains, favoriser un système de portage différent (porte bébé), ou encore soutenir son bébé sous les fesses et pas sous les bras, permet de diminuer l’occurrence de cette tendinopathie (71). Ce point nous semble donc important à intégrer au livret d’information entre autres.
6.1.4 Prévention tertiaire : Le sport en post-‐partum
Enfin, nous allons aborder la prévention tertiaire. Elle concerne les femmes ayant accouché, afin de leur proposer une reprise très douce, adaptée, et un re-‐conditionnement à l’effort adapté. Tout d’abord, après un accouchement par césarienne ou par voie basse les modalités de reprise ne seront pas les mêmes (73).
La reprise du sport en post-‐partum doit être progressive (22) et doit surtout tenir compte du fait que les femmes sont nombreuses à avoir été sédentaires pendant leur grossesse, notamment à la fin de celle-‐ci. De plus, l’utilisation de forceps, de ventouses ou une césarienne peuvent léser davantage le périnée, ce qui justifie d’écouter davantage son corps et de faire attention à d’éventuelles lésions uro-‐gynécologiques (fuites urinaires, inconfort périnéal à l’exercice). De plus, chez la femme allaitante il est important de noter que l’imprégnation hormonale persiste, entraînant une laxité ligamentaire et favorisant les risques de blessures. Il faut également avoir terminé la rééducation périnéale et abdominale pour reprendre le sport. L’entraînement est donc à reprendre progressivement, en suivant un programme individualisé (49,67,74). La femme en postpartum doit être considérée
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comme une nouvelle patiente, avec des paramètres physiques différents d’avant sa grossesse (72). En tant que kinésithérapeute nous avons un rôle à jouer sur l’observance des femmes à terminer leur rééducation périnéale et abdominale avant de reprendre le sport comme elles le faisaient avant leur grossesse.
6.2 Limites du travail
Il existe certains biais à notre travail, et en analysant les données recueillies, nous avons relevé d’autres limites que nous n’avions pas envisagées en construisant le questionnaire.
6.2.1 Recueil des données
Tout d’abord, le questionnaire a été réalisé via Google Forms®, une plateforme qui permet d’anonymiser les données mais qui recueille l’adresse URL de ses utilisateurs, contrairement à la plateforme LimeSurvey mise à disposition des étudiants à la fin du mois d’Octobre. Toutefois, le but de ce questionnaire était de recevoir le plus grand nombre de réponses pour rendre compte au maximum des attentes des femmes sur le sujet. Il a donc été transmis très rapidement par rapport au timing habituel (début octobre 2019). Les adresses URL ayant déjà été collectées, la retranscription manuelle des données était donc inutile et fastidieuse. Nous avons discuté de cela avec deux experts qui étaient également de cet avis.
Ensuite le choix de nos sujets a été faite sur des groupes de femmes enceintes ou en projet de grossesse, et dans des cabinets libéraux accueillant des femmes enceintes. Nous supposons, à ce titre, que nous avons affaire à une population avertie, et qui s’intéresse tout particulièrement à sa santé ainsi qu’à celle de son futur bébé. Les femmes sélectionnées sont sur des groupes qui traitent entre autres de ce sujet, donc cela n’est pas représentatif de toutes les femmes. Ceci constitue un biais de sélection ainsi qu’un biais de volontariat. En effet, nous pouvons supposer que les femmes ayant des conduites à risque pendant leur grossesse ou ne s’intéressant pas au sujet n’auront certainement pas pris le temps de remplir notre questionnaire.
Il aurait été certainement judicieux d’appeler le questionnaire autrement, par exemple « que pensez-‐vous de la pratique du sport pendant la grossesse ? ». Sous forme de question cela aurait été moins moralisateur que le simple titre « grossesse et activité physique ».
Nous ne savons pas précisément à qui a été proposé ce questionnaire puisque les groupes sur les réseaux sociaux sont ouverts à un large public. Il n’est donc pas possible de savoir s’il y a des biais sociaux, démographiques ou autres puisque l’on ne connaît pas le profil des femmes qui y ont répondu, ni le nombre exact auquel le questionnaire a été proposé. Nous supposons donc que nos résultats seront légèrement biaisés et que les femmes incluses dans notre étude seront sûrement davantage au fait des recommandations d’activité physique.
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Par ailleurs l’utilisation de l’outil « questionnaire » en lui-‐même a ses limites. En effet, il permet de recueillir un grand nombre d’avis mais sans suivi puisque les réponses constituent un point de vue à un instant précis et sans notion de suivi au long de la grossesse. D’autre part les questions sont qualitatives et donc sujettes à interprétation de la part des participantes. Il serait intéressant de corréler les résultats avec une quantification objective de l’activité physique, et de le faire sur un plus grand nombre de participantes. Des enquêtes par entretiens de professionnels de santé pourraient également être intéressantes à mettre en œuvre afin de se rendre compte de leurs connaissances et de leur manière des les transmettre à leurs patientes. En résumé pour traiter tous les aspects du sujet des recherches supplémentaires seraient nécessaires.
Notre questionnaire est en français, ce qui exclut automatiquement les femmes ne parlant pas cette langue. Pour que nos résultats soient représentatifs de la population, il aurait fallu que celui-‐ci soit en anglais, et éventuellement traduit en français par la suite.
6.2.2 Formulation du questionnaire
Dans la formulation de nos questions, certains points auraient mérité un éclaircissement ou des précisions.
Sur la question des sports pratiqués par les femmes interrogées : question 4, nous pensions avoir sélectionné la majorité de ceux qui étaient pratiqués, or nous avons obtenu 16,3% de réponses « autres », ce qui veut dire que nous avons probablement oublié des sports largement pratiqués. En confrontant cela avec les données du dernier bilan de l’INJEP, nous ne retrouvons pas de sport majeur oublié par notre questionnaire. En revanche, certains sports sont désignés différemment, par exemple le renforcement est appelé « sport de forme », ce qui est un terme plus large (60). Il aurait été intéressant d’élargir les catégories, pour éviter que certaines personnes ne retrouvent le sport qu’elles pratiquent dans aucune d’elles.
La question 7 interroge les femmes pour savoir si elles sont en projet de grossesse. Notre étude ne comporte que 19,2% de femmes en projet de maternité, contre 80,8% de femmes enceintes. Peut-‐être que cette différence vient de la formulation de la question. Il aurait été intéressant d’élargir cette question. En effet nous ne cherchions pas ici à savoir si elles voulaient avoir un enfant dans un futur proche, mais si cela faisait partie de leur projet à moyen terme (cela peut être jusqu’à quelques années). Autre point important : cette question intervient trop tard dans notre questionnaire. En effet l’exclusion des femmes qui ne sont ni enceintes ni en projet de grossesse se fait sur cette question, qui aurait dû être placée après la question 3 sur la pratique du sport.
Concernant la question numéro 10, nous demandons à nos sujets quels sont les professionnels de santé qui leur ont parlé de l’activité physique pendant la grossesse. Nous n’avons pas différencié « médecin généraliste » et « médecin gynécologue » mais avons regroupé ces deux métiers dans le groupe médecin ce qui constituent un biais de notre part.
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En effet, la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM) stipule que « Les médecins gynécologues ont pour compétences le suivi gynécologique régulier tout au long de la vie de la femme (…) un suivi de la grossesse normale et pathologique, le suivi post natal (…) ainsi que la prévention, et l’éducation à la santé » (75). Ils représentent donc l’un des acteurs de santé les plus concernés par ces problématiques, et il aurait été intéressant d’opérer une distinction entre ces deux types de professionnels.
Par ailleurs pour cette même question, dans 30% des cas les femmes expliquent que leur kinésithérapeute leur a parlé de sport pendant la grossesse, or si chaque femme a en principe un suivi médical pendant sa grossesse, il n’en est pas de même pour le suivi kinésithérapique. Il est impossible de déterminer combien de femmes enceintes sont suivies par un kinésithérapeute dans le cadre de leur grossesse, donc le chiffre 30% ne représente pas le nombre de professionnels qui en parlent. Cela ne permet pas de connaître notre rôle dans la prévention actuelle. 30% est en revanche déjà un bon chiffre, donc on peut supposer que davantage que praticiens abordent le sujet avec leur patiente. Il aurait été intéressant de formuler la question comme cela : « si vous avez un suivi en kinésithérapie, ce professionnel de santé vous a-‐t-‐il déjà parlé d’activité physique pendant la grossesse ? ».
Enfin, nous nous sommes aperçus qu’il manquait une précision dans les questions. Il aurait en effet été intéressant de rajouter la question suivante : « avez-‐vous connaissance des nouvelles recommandations canadiennes énoncées en 2019 sur la pratique de l’activité physique pendant la grossesse ? ». En effet, la question 8 permet de savoir l’avis des femmes sur ce sujet, et la question 9 de savoir si un professionnel de santé leur en a parlé. Or nous ne savons pas quelle est la nature de l’information qui leur a été fournie et la grande majorité des femmes n’ayant pas connaissance des risques encourus montre que celle-‐ci n’est pas toujours en adéquation avec ces recommandations. La limite de cette question est que les patients lisent peu souvent la littérature scientifique, et que si un praticien leur en parle il ne cite pas nécessairement ses sources.
Ces manques de précision ou de clarté dans la formulation du questionnaire montrent qu’il aurait été intéressant d’effectuer une phase de test plus longue et de proposer le questionnaire à davantage de personnes. La méthodologie de l’enquête par questionnaire du professeur Vilatte s’appuie sur un exemple ayant recueilli un grand succès. Ce questionnaire a été réécrit 6 fois et a fait l’objet de 2 pré-‐tests (56).
6.2.3 Sélection de la population étudiée
Lors de la sélection de nos sujets, nous avons réparti nos sujets dans 2 groupes distincts en fonction de leur pratique sportive. Or la distinction s’est faite arbitrairement sur l’unique fait que les 150 minutes d’activité physiques par semaines préconisées par l’OMS, et la CSEP (Canadien Society for Exercice Physiology) étaient le minimum à effectuer. Nous aurions pu apporter davantage de précisions comme la profession (afin de savoir si les femmes présentaient davantage un profil sédentaire ou plutôt actif de base). La difficulté de ces
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opérations aurait été de trier tous les profils selon de nombreux critères et de déterminer nous-‐mêmes si une femme avait un profil sportif ou non. C’est d’une part relativement arbitraire et opérateur-‐dépendant, et d’autre part très fastidieux au vu du grand nombre de réponses que nous avons obtenu. Nous avons donc pris le parti de classer les femmes selon ce point, mais nous sommes conscients que cela peut amener des imprécisions dans nos résultats.
Par ailleurs, nous avons décidé d’exclure les femmes ni enceintes ni en projet de grossesse, les femmes de plus de 40 ans et les femmes présentant des contre indications car leur avis ne devait pas venir « perturber » notre analyse. Il aurait peut-‐être été intéressant d’exploiter les données de ces divers groupes pour connaître le point de vue des femmes en grossesse à risque (plus de 40 ans ou présentant des contre-‐indications) et le point de vue de femmes qui à priori ne sont pas concernées par le sujet (pas enceintes, pas de projet de grossesse), afin de comparer les données obtenues à celles de la population générale. Dans ce cas il aurait fallu que notre questionnaire s’adresse même aux hommes afin de recueillir l’avis global sur ce sujet, les idées reçues, afin de voir si être enceinte ou en projet de maternité modifiait la vision de la pratique du sport pendant la grossesse. En effet, nous avons identifié lors d’échanges avec des femmes enceintes que la plupart des préjugés sur cette pratique venaient de personnes non directement concernées : personnes plus âgées, hommes, ou femmes n’ayant pas d’enfants. Ce travail serait cependant sorti du cadre de notre problématique et de notre question de recherche mais il pourrait faire l’objet d’un travail parallèle.
7. Conclusion
La réalisation de ce travail est l’aboutissement de deux années de recherches et de questionnement sur la pratique du sport pendant la grossesse, ainsi que des notions qui s’y rapportent. Tout au long de sa réalisation, nous avons acquis une méthodologie de travail beaucoup plus structurée qu’auparavant. Cela nous aura également permis de nous initier à la recherche scientifique, ainsi qu’à l’élaboration de questionnaire et l’analyse statistique de données. Cela nous servira assurément dans notre futur métier, pour lequel il est primordial de se former continuellement ainsi que d’avoir un regard critique sur ce que nous lisons.
Les recommandations pour la pratique de l’activité physique durant la grossesse n’ont cessé d’évoluer et évolueront certainement encore dans les prochaines années. Pour le moment les recommandations semblent majoritairement s’accordent sur le fait qu’avec certaines précautions et de manière adaptée, il est possible et même bénéfique de continuer sa pratique. Il est même encouragé de commencer le sport pendant la grossesse, même pour quelqu’un de sédentaire antérieurement.
Nous avons interrogé 208 femmes enceintes et en projet de grossesse afin de comprendre pourquoi le sport n’était pas davantage pratiqué par les femmes enceintes, en dépit de ses nombreux bénéfices. Nous avons identifié certains freins comme la fatigue, les douleurs
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lombo-‐pelviennes, le manque d’information ou encore la méconnaissance des risques encourus. Cela nous a permis de proposer des pistes afin d’aider les femmes à maintenir une activité physique, selon trois niveaux de prévention.
En terme de prévention primaire, des affiches pourraient être réalisées et collées dans les salles d’attente de cabinets médicaux ou facultés de médecine. Cela apparaît comme un bon moyen de sensibilisation, et à bas coût.
Pour ce qui est de la prévention secondaire, nous avons proposé de fédérer des groupes de femmes enceintes autour de la pratique régulière de séances de renforcement musculaire et de préparation à l’accouchement dans l’eau. Nous avons également eu l’idée de mettre en place des séances pluridisciplinaires/des groupes de parole dans les hôpitaux, les cliniques, ou à distance en visio-‐conférence afin de sensibiliser les femmes enceintes à cette thématique et de les encadrer. Enfin, la mise en place d’un livret d’information est également un moyen qui s’offre à nous pour que les femmes soient actrices de leur pratique tout en gardant un lien avec leur thérapeute en dehors des séances.
Pour terminer, la prévention tertiaire effectuée dans le post-‐partum permettrait que les femmes ne reprennent pas le sport trop tôt, et soient encadrées pour le faire, surtout pour celles qui seraient restées sédentaires durant leur grossesse.
Ce travail écrit nous a permis de travailler sur la relation patient-‐soignant, et nous avons pris conscience de l’importance de celle-‐ci. Faire adhérer un patient à un projet thérapeutique est complexe, et nécessite de comprendre ce qui peut freiner le patient, ses motivations, ses doutes, ses craintes. Il faut également être capable de faire de la vulgarisation médicale et scientifique pour expliquer à nos patients les bienfaits de telle ou telle pratique. C’est un aspect très important du métier. Un praticien pourra être excellemment bien documenté et formé sur un sujet, s’il ne crée pas de relation de confiance avec son patient, et s’il ne lui explique pas pourquoi il sera bénéfique de mettre en place telle ou telle technique, le patient n’aura pas la même conviction ni la même envie de s’investir dans sa rééducation.
Un autre point important que nous avons remarqué à l’écriture de ce travail c’est l’importance de la pondération de ses propos, et de l’adaptation de son discours à chaque patient. Dans notre cas, chaque femme enceinte est très différente. Il faudra par exemple freiner une sportive chevronnée, tandis qu’il faudra motiver une personne sédentaire pour que les deux éprouvent les bienfaits de la pratique d’une activité physique sur leur santé et celle de leur bébé. Les risques encourus par ces deux types de femmes ne seront pas les mêmes. Voilà pourquoi nous devons effectuer un bilan précis, laisser s’exprimer notre patient pour comprendre ses doutes, ses craintes, ses envies et attentes. En outre, pour les thèmes sujets à de nombreux débats comme celui sur lequel nous travaillons, il paraît essentiel d’avoir des propos très mesurés, de toujours aborder la question des risques, et d’expliquer les adaptations nécessaires (ne pas dépasser une certaine température corporelle, une certaine fréquence cardiaque, expliquer les contre-‐indications absolues, et
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les sports interdits ainsi que les aménagements à faire dans sa pratique et les moyens d’évaluation de celle-‐ci).
Nous avons énormément appris de ce travail, sur la grossesse et la maternité. Sans avoir la prétention de comprendre tous ces phénomènes de l’intérieur, nous pensons maintenant mieux saisir les doutes et les questions de ces femmes. Nous retirons de ce travail un enrichissement personnel très important, et sommes impatients de travailler au contact de femmes enceintes.
Ce travail nous a donné l’envie de continuer à nous former sur cette thématique, et de manière générale la thématique de la natalité et de l’accompagnement des femmes enceintes et en post-‐partum.
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IFM3R-IFMK 2019/2020 Mémoire – UE28 Camille JAFFREZIC
I
Annexe I – Questionnaire
L'activité physique pendant la grossesse
Ce questionnaire s'intéresse à la pratique de l'activité sportive pendant la grossesse et vise à recueillir des données sur l'état des connaissances et des pratiques actuelles sur ce sujet. Il s’adresse à des femmes enceintes ou désireuses de grossesse, et exclut les grossesses dites « à risques ». Il est ANONYME et PRIVÉ (pas de collecte de données personnelles) *Obligatoire 1 – Je certifie ne présenter aucunes contre-‐indications à la pratique du sport pendant la grossesse (ci-‐dessous). * Rupture des membranes, travail pré-‐terme/menace d'accouchement prématuré, perte de liquide amniotique, retard de croissance intra-‐utérin, béance cervico-‐isthmique-‐cerclage, métrorragies, hypertension gravidique et pré-‐éclampsie, grossesse multiple > 3 fœtus ou gémellaire (jumeaux) après la 28ème semaine d’aménorrhée, maladies cardiovasculaires et/ou pulmonaires graves, antécédents de prématurité, anémie sévère (hémoglobine < 10g/L) ou malnutrition. Une seule réponse possible. ☐ Oui ☐ Non 2 -‐ Quel est votre âge ? * ___________ 3 – En règle générale, (hors grossesse) pratiquez-‐vous une activité physique régulière (au minimum 150 minutes par semaine) ? * Une seule réponse possible. ☐ Oui ☐ Non 4 -‐ Si oui, quelle(s) activité(s) ? Plusieurs réponses possibles. ☐ Course à pied, athlétisme ☐ Natation ☐ Vélo de route ☐ VTT ☐ Danse ☐ Musculation (en salle, renfo) ☐ Equitation ☐ Yoga/pilates ☐ Gymnastique ☐ Sport de raquettes ☐ Sport de combat ☐ Sport collectif de ballon ☐ Ski
☐ Plongée ☐ Sports mécaniques ☐ Voile, kayak, kite-‐surf, planche à voile... ☐ Golf ☐ Marche (randonnée, marche nordique...) ☐ Tir (arc, carabine...) ☐ Pétanque ☐ Chasse/pêche
☐ Autre
IFM3R-IFMK 2019/2020 Mémoire – UE28 Camille JAFFREZIC
II
5 – En moyenne sur une année (hors grossesse), quel est votre temps de pratique d’activité physique par semaine ? * Une seule réponse possible. ☐ Moins de 150 minutes par semaine (moins de 20 minutes par jour) ☐ Entre 150 et 300 minutes (20 à 40 minutes par jour) ☐ Entre 300 et 420 minutes (40 minutes à 1h par jour) ☐ Entre 420 minutes et 840 minutes (1h à 2h par jour) ☐ Supérieur à 840 minutes (plus de 2h par jour) 6 -‐ Etes-‐vous actuellement enceinte ? * Plusieurs réponses possibles. ☐ Oui ☐ Non ☐ C'est mon premier enfant ☐ J'ai déjà eu des enfants 7 -‐ Si "Non" êtes vous en désir de grossesse ? Une seule réponse possible. ☐ Oui ☐ Non 8 -‐ Grossesse et activité physique pour vous est-‐ce compatible ? * Une seule réponse possible. ☐ Oui ☐ Non 9 -‐ Un professionnel de santé vous a-‐t-‐il déjà parlé de l'activité physique pendant la grossesse ? * Une seule réponse possible. ☐ Oui ☐ Non 10 -‐ Si oui quel(s) était/ent ce(s) professionnel(s) de santé ? Plusieurs réponses possibles. ☐ Médecin ☐ Sage femme ☐ Kinésithérapeute ☐ Autre 11 -‐ Si vous êtes enceinte, faites-‐vous du sport (plus de 150 minutes par semaine) ? Une seule réponse possible. ☐ Oui ☐ Non
IFM3R-IFMK 2019/2020 Mémoire – UE28 Camille JAFFREZIC
III
12 -‐ Si "Non" ou si vous éprouvez des difficultés, pourquoi ? Plusieurs réponses possibles. ☐ Manque d'information sur le sujet ☐ Peur d'éventuelles conséquences néfastes ☐ Manque de temps ☐ Manque de motivation ☐ Douleurs ou fatigue liées à la grossesse ... ou autre ! ____________ 13 -‐ Selon vous y a-‐t-‐il des bénéfices à continuer le sport pendant la grossesse ? * Une seule réponse possible. ☐ Oui ☐ Non 14-‐ Selon-‐vous, y a-‐t-‐il des risques à poursuivre l’activité physique pendant la grossesse ? (Hors grossesse à risque et sports contre-‐indiqués : sports de combat, plongée, sports à risque de chute tels que le ski, l’équitation) * Une seule réponse possible. ☐ Oui ☐ Non 15 – Si vous deviez évaluer le rapport bénéfice/risque à pratiquer le sport pendant sa grossesse, diriez-‐vous... * Une seule réponse possible. ☐ Qu'il y a plus de bénéfices ☐ Qu'il y a plus de risques 16 – Seriez-‐vous intéressées par un livret d’information sur l'activité physique pendant la grossesse ? * Une seule réponse possible. ☐ Oui ☐ Non 17 -‐ Avez-‐vous des thèmes d'interêt pour le contenu de ce livret ? Plusieurs réponses possibles. ☐ Anatomie de la femme (périnée...) ☐ Physiologie de la femme enceinte (hormones, modification du schéma corporel...) ☐ Recommandations sportives durant la grossesse (fréquence, quelles activités...) ☐ Contre-‐indications au sport pendant la grossesse ☐ Bénéfices et risques du sport pendant la grossesse ☐ Suivi médical (numéros à appeler si questions ou urgence, applications, que faire...) ... des idées à proposer pour ce livret ? (format, couleurs, illustrations, contenu...) _____________
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IV
Annexe II – Echelle PARmed-‐X for pregnancy
IFM3R-IFMK 2019/2020 Mémoire – UE28 Camille JAFFREZIC
V
ABSOLUTE CONTRAINDICATIONS
RATING OF PERCIEVED EXERTION (RPE)
RELATIVE CONTRAINDICATIONS
Does the patient have:
1 Ruptured membranes, premature labour?
2 Persistent second or third trimester bleeding/ placenta previa?
3 Pregnancy-induced hypertension or pre-eclampsia?
4 Incompetent cervix?
5 Evidence of intrauterine growth restriction?
6 High-order pregnancy (e.g., triplets)?
7 Uncontrolled Type I diabetes, hypertension or thyroid disease, other serious cardiovascular, respiratory or systemic disorder?
Does the patient have:
1 History of spontaneous abortion or premature labour in previous pregnancies
2 Mild/moderate cardiovascular or respiratory disease (e.g., chronic hypertension, asthma)?
3 Anemia or iron deficiency? (Hb < 100 g/L)?
4 Malnutrition or eating disorder (anorexia, bulimia)?
5 Twin pregnancy after 28th week?
6 Other significant medical condition? Please specify:
Y N
CCONTRAINDICATIONS TO EXERCISE
PRESCRIPTION FOR AEROBIC ACTIVITY
To be completed by your health care provider
Y N
Note: Risk may exceed benefits of regular physical activity. The decision to be physically active or not should be made with qualified medical advice.
PHYSICAL ACTIVITY RECOMMENDATION Recommended/Approved Contraindicated
RATE OF PROGRESSION: The best time to progress is during the second trimester since risks and discomforts of pregnancy are lowest at that time. Aerobic exercise should be increased gradually during the second trimester from a minimum of 15 minutes per session, 3 times per week (at the appropriate target heart rate or RPE to a maximum of approximately 30 minutes per session, 4 times per week (at the appropriate target heart rate or RPE).
WARM-UP/COOL-DOWN: Aerobic activity should be preceded by a brief (10-15 min.) warm-up and followed by a short (10-15 min.) cool-down. Low intensity calesthenics, stretching and relaxation exercises should be included in the warm-up/cool-down.
The original PARmed-X for PREGNANCY was developed by L.A. Wolfe, Ph.D., Queen’s University and updated by Dr. M.F. Mottola, Ph.D., University of Western Ontario.
No changes permitted. Translation and reproduction in its entirety is encouraged.
Disponible en français sous le titre «Examination medicale sur l’aptitude à l’activité physique pour les femmes enceintes (X-AAP pour les femmes enceintes)»
Additional copies of the PARmed-X for PREGNANCY, can be downloaded from Canadian Society for Exercise Physiology www.csep.ca/forms
“TALK TEST”: A final check to avoid overexertion is to use the “talk test”. The exercise intensity is excessive if you cannot carry on a verbal conversation while exercising.
PRESCRIPTION/MONITORING OF INTENSITY: The best way to prescribe and monitor exercise is by combining the heart rate and rating of perceived exertion (RPE) methods.
Target HR ranges were derived from peak exercise tests in medically prescreened low-risk women who were pregnant. (Mottola et al., 2006; Davenport et al., 2008).
Check the accuracy of your heart rate target zone by comparing it to the scale below. A range of about 12-14 (somewhat hard) is appropriate for most pregnant women.
Very, very light
Somewhat light
Somewhat hard
Very hard
Fairly light
Hard Very, very hard
FREQUENCYBegin at 3 times per week and progress to four times per week
INTENSITYExercise within an appropriate RPE range and/or target heart rate zone
TIMEAttempt 15 minutes, even if it means reducing the intensity. Rest intervals may be helpful
TYPENon weight-bearing or low-impact endurance exercise using large muscle groups (e.g., walking, stationary cycling, swimming, aquatic exercises, low impact aerobics)
I
F
7 86 9 1110 1312 15 1614 17 18 19 20
T
T
HEART RATE RANGES FOR PREGNANT WOMEN
MATERNAL AGEFITNESS LEVEL
OR BMIHEART RATE RANGE
(beats/minute)
Less than 20 – 140-155
20-29 LowActive
FitBMI > 25kg m-2
129-144135-150145-160102-124
30-39 LowActive
FitBMI > 25kg m-2
128-144130-145140-156101-120
© 2015, Canadian Society for Exercise Physiology
IFM3R-IFMK 2019/2020 Mémoire – UE28 Camille JAFFREZIC
VI
PRESCRIPTION FOR MUSCULAR CONDITIONING
PARMED-X FOR PREGNANCY – HEALTH EVALUATION FORM
It is important to condition all major muscle groups during both prenatal and postnatal periods.
CATEGORY PURPOSE EXAMPLE
Upper back Promotion of good posture Shoulder shrugs, shoulder blade pinch
Lower back Promotion of good posture Modified standing opposite leg & arm lifts
Abdomen Promotion of good posture, prevent low-back pain, prevent diastasis recti, strengthen muscles of labour
Abdominal tightening, abdominal curl-ups, head raises lying on side or standing position
Pelvic floor (“Kegels”) Promotion of good bladder control, prevention of urinary incontinence
“Wave”, “elevator”
Upper body Improve muscular support for breasts Shoulder rotations, modified push-ups against a wall
Buttocks, lower limbs Facilitation of weight-bearing, prevention of varicose veins
Buttocks squeeze, standing leg lifts, heel raises
VARIABLE EFFECTS OF PREGNANCY EXERCISE MODIFICATIONS
Body position • in the supine position (lying on the back), the enlarged uterus may either decrease the flow of blood returning from the lower half of the body as it presses on a major vein (inferior vena cava) or it may decrease flow to a major artery (abdominal aorta)
• past 4 months of gestation, exercises normally done in the supine position should be altered
• such exercises should be done side lying or standing
Joint laxity • ligaments become relaxed due to increasing hormone levels• joints may be prone to injury
• avoid rapid changes in direction and bouncing during exercises• stretching should be performed with controlled movements
Abdominal muscles • presence of a rippling (bulging) of connective tissue along the midline of the pregnant abdomen (diastasis recti) may be seen during abdominal exercise
• abdominal exercises are not recommended if diastasis recti develops
Posture • increasing weight of enlarged breasts and uterus may cause a forward shift in the centre of gravity and may increase the arch in the lower back
• this may also cause shoulders to slump forward
• emphasis on correct posture and neutral pelvic alignment. Neutral pelvic alignment is found by bending the knees, feet shoulder width apart, and aligning the pelvis between accentuated lordosis and the posterior pelvic tilt position.
Precautions for resistance exercise
• emphasis must be placed on continuous breathing throughout exercise• exhale on exertion, inhale on relaxation using high repetitions and low weights• Valsalva Manoevre (holding breath while working against a resistance) causes a change in blood pressure and therefore
should be avoided• avoid exercise in supine position past 4 months gestation
EXAMPLES OF MUSCULAR STRENGTHENING EXERCISES
PRECAUTIONS FOR MUSCULAR CONDITIONING DURING PREGNANCY
WARM-UPS & COOL DOWN:Range of Motion: neck, shoulder girdle, back, arms, hips, knees, ankles, etc.
Static Stretching: all major muscle groups
(Do not over stretch!)
I, (please print patient’s name), have discussed my plans to participate in physical activity during my current pregnancy with my health care provider and I have obtained his/her approval to begin participation.
PATIENTS SIGNATURE
NAME OF HEALTH CARE PROVIDER HEALTH CARE PROVIDER’S COMMENTS:
ADDRESS
PHONE
HEALTH CARE PROVIDER’S SIGNATURE
DATE
�(to be completed and given to the prenatal fitness professional after obtaining medical clearance to exercise)
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VII
ADVICE FOR ACTIVE LIVING DURING PREGNANCY
Pregnancy is a time when women can make beneficial changes in their health habits to protect and promote the healthy development of their unborn babies. These changes include adopting improved eating habits, abstinence from smoking and alcohol intake, and participating in regular moderate physical activity. Since all of these changes can be carried over into the postnatal period and beyond, pregnancy is a very good time to adopt healthy lifestyle habits that are permanent by integrating physical activity with enjoyable healthy eating and a positive self and body image.
For more detailed information and advice about pre- and postnatal exercise, you may wish to obtain a copy of a booklet entitled Active Living During Pregnancy: Physical Activity Guidelines for Mother and Baby © 1999. Available from the Canadian Society for Exercise Physiology, www.csep.ca. Cost: $11.95
Public Health Agency of Canada. The sensible guide to a healthy pregnancy. Minister of Health, 2012. Ottawa, Ontario K1A 0K9. http://www.phac-aspc.gc.ca/hp-gs/guide/assets/pdf/hpguide-eng.pdf. HC Pub.: 5830 Cat.: HP5-33/2012E. 1 800 O-Canada (1-800-622-6232) TTY: 1-800-926-9105.
Davenport MH. Charlesworth S. Vanderspank D. Sopper MM. Mottola MF. Development and validation of exercise target heart rate zones for overweight and obese pregnant women. Appl Physiol Nutr Metab. 2008; 33(5): 984-9.
Davies GAL. Wolfe LA. Mottola MF. MacKinnon C. Joint SOGC / CSEP Clinical Practice Guidelines: Exercise in Pregnancy and the Postpartum Period. Can J Appl Physiol. 2003; 28(3): 329-341.
Mottola MF, Davenport MH, Brun CR, Inglis SD, Charlesworth S, Sopper MM. VO 2 peak prediction and exercise prescription for pregnant women. Med Sci Sports Exerc. 2006 Aug; 38(8):1389-95.PMID: 16888450
ACTIVE LIVING
SAFETY CONSIDERATIONS
HEALTHY EATING POSITIVE SELF AND BODY IMAGE
• see your doctor before increasing your activity level during pregnancy
• exercise regularly but don’t overexert
• exercise with a pregnant friend or join a prenatal exercise program
• follow FITT principles modified for pregnant women
• know safety considerations for exercise in pregnancy
• Avoid exercise in warm/humid environments, especially during the 1st trimester
• Avoid isometric exercise or straining while holding your breath
• Maintain adequate nutrition and hydration – drink liquids before and after exercise
• Avoid exercise while lying on your back past the 4th month of pregnancy
• Avoid activities which involve physical contact or danger of falling
• Know your limits – pregnancy is not a good time to train for athletic competition
• Know the reasons to stop exercise and consult a qualified health care provider immediately if they occur
REASONS TO STOP EXERCISE AND CONSULT YOUR HEALTH CARE PROVIDER
• Excessive shortness of breath
• Chest pain
• Painful uterine contractions (more than 6-8 per hour)
• Vaginal bleeding
• Any “gush” of fluid from vagina (suggesting premature rupture of the membranes)
• Dizziness or faintness
• the need for calories is higher (about 300 more per day) than before pregnancy
• follow Canada’s Food Guide to Healthy Eating and choose healthy foods from the following groups: whole grain or enriched bread or cereal, fruits and vegetables, milk and milk products, meat, fish, poultry and alternatives
• drink 6-8 glasses of fluid, including water, each day
• salt intake should not be restricted
• limit caffeine intake i.e., coffee, tea, chocolate, and cola drinks
• dieting to lose weight is not recommended during pregnancy
• remember that it is normal to gain weight during pregnancy
• accept that your body shape will change during pregnancy
• enjoy your pregnancy as a unique and meaningful experience
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