LA TOILETTE
dE nAIssAncELInTImE
Contact presse :Claudine Colin Communication Christelle Maureau28 rue de Svign 75004 Paris Tl : 01 42 72 60 0106 45 71 58 92 [email protected]
Muse Marmottan Monet12 fvrier 05 juillet2015
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Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 2Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 2
sommaire
03 I - Avant propos Patrick de Carolis Directeur du muse Marmottan Monet
04 II - Communiqu de presse
06 III - Introduction des commissaires Georges Vigarello, historien
Nadeije Laneyrie-Dagen, historienne de lart
10 IV - Parcours de lexposition
19 V - Visuels disponibles pour la presse
22 VI - Autour de lexposition
23 VII - Commissariat
24 VIII - Le muse Marmottan Monet
26 IX - Informations pratiques
33Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse
Connu dans le monde entier pour la richesse de ses fonds Monet
et Berthe Morisot, le muse Marmottan Monet a, pour clbrer ses
quatre-vingts ans en 2014, organis deux expositions denvergure : Les
impressionnistes en priv. Cent chefs-duvre de collections particu-
lires et Impression, soleil levant. Lhistoire vraie du chef-duvre de
Claude Monet. Les collections du muse ne se limitent cependant pas
lart de la fin du xixe sicle. Elles refltent les gots clectiques de
notre fondateur, Paul Marmottan, et de lensemble de nos donateurs.
Tmoignages de ces passions prives, la moiti des uvres conser-ves appartiennent des priodes varies et schelonnent du xiiie
au xxe. Vitrail provenant de la cathdrale de Soissons, polyptique du Matre de Cesi, Cassone de lcole de Ferrare, sculptures en bois polychromes de lcole de Malines et tapisseries de Bruxelles offrent un aperu de lart du Moyen-Age et de la Renaissance runis autour dune des premires collections denluminures de France. Le muse possde galement plusieurs pices du xviie et du xviiie dont Le Fumeur de pipe (1623) de Dirck van Baburen et Vues du chteau et du parc de Raincy (1780) de Carmontelle. Lart du Consulat lEmpire est reprsent sous toutes ses formes. Peintures de Pajou, Fabre et surtout Boilly dont le muse possde une remarquable suite de portraits marbres de lcole de Canova et Bartolini, mobiliers de Jacob-Desmalter et bronzes de Thomire constituent le dcor de lhtel particulier de Marmottan. Aux cts de tableaux de Corot, Caillebotte, Gauguin, Manet, Pissarro, Sisley qui le compltent aujourdhui, un Chagall, La fiance au visage bleu, illustre louverture du muse Marmottan Monet toutes les formes dart et toutes les poques.
Nous souhaitons en 2015 rendre compte de cette richesse dans une exposition runissant des uvres du xve sicle nos jours qui tmoignent dun aspect de notre histoire et de notre culture. Lexposition La Toilette. Naissance de lintime sinscrit dans cette perspective. Une centaine duvres tenture, peintures, sculptures, photographies, gravures dcrivent une pratique nouvelle la toilette lvolution de rituels corporels et lapparition, terme, dun espace ddi. Un lieu se ferme, des gestes sinventent, lindividu sapproprie un temps nappartenant qu lui. Le parcours aborde galement limpact de ce thme nouveau sur les arts, la fin du xixe sicle, avec notamment la naissance du nu moderne. Le xxe sicle marque un tournant. Le thme de la toilette offre aux avant-gardes loccasion de rendre compte, par des formes dstructures, de souffrances intimes et collectives. Il questionne la socit de consommation. Le xxie sicle sinter-roge sur la collusion de notions telles quintimit et exhibition.
Cette manifestation naurait pas vu voir le jour sans le concours et le soutien dimportants muses franais et trangers ainsi que celui de nombreux collectionneurs. Quils en soient ici remercis. Ma gratitude va galement aux commissaires de lexposition, Georges Vigarello et Nadeije Laneyrie-Dagen pour leur remarquable contribution et leur engagement sans faille au service dun projet qui conjugue histoire de lart et histoire de la culture et opre le mariage de lmotion et de la connaissance.
Patrick de Carolis
Directeur du muse Marmottan Monet
I avant-propos
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 4Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 4
Aprs avoir clbr les quatre-vingts ans de louverture du muse au public travers les deux
expositions temporaires Les Impressionnistes en priv et Impression, soleil levant , le muse
Marmottan Monet prsente du 12 fvrier au 5 juillet 2015 la premire exposition jamais ddie au
thme de La Toilette et La Naissance de lIntime. Lexposition runit des uvres dartistes majeurs
du xve sicle aujourdhui, concernant les rites de la propret, leurs espaces et leurs gestuelles.
Cest la premire fois quun tel sujet, unique et incontournable, est prsent sous forme
dexposition. Dans ces uvres qui refltent des pratiques quotidiennes quon pourrait croire
banales, le public dcouvrira des plaisirs et des surprises dune profondeur peu attendue.
Des muses prestigieux et des collections internationales se sont associs avec enthou-
siasme cette entreprise et ont consenti des prts majeurs, parmi lesquels des suites de
peintures qui navaient jamais t montres depuis leur cration. Une centaine de tableaux,
des sculptures, des estampes, des photographies et des images animes ( chronophoto-
graphies ) permettent de proposer un parcours dexception.
Lexposition souvre sur un ensemble exceptionnel de gravures de Drer, de Primatice, de
peintures de lEcole de Fontainebleau, parmi lesquels un Clouet, lexceptionnelle Femme
la puce de Georges de La Tour, un ensemble unique et tonnant de Franois Boucher, mon-
trant linvention de gestes et de lieux spcifiques de toilette dans lEurope dAncien Rgime.
I I communiqu de presse
Anonyme (Ecole de Fontainebleau),
Portrait prsum de Gabrielle dEstres et la duchesse de
Villars au bain, fin xvie sicle, Montpellier, Muse
LanguedocienCe tableau est une variation
daprs un original, au Louvre, qui reprsente Gabrielle
dEstres, favorite dHenri IV, et sa sur. Les deux femmes sont au bain, une cuve couverte dun
drap, isole par des courtines. A larrire-plan, une nourrice
allaite : le bain est sans doute li des relevailles. La volont de distinction est marque : le
buste demeure droit, membres immobiles, visage fard, loin de
toute attitude de nettoiement. Les chemises que portent les baigneuses accentuent cette
exigence de retenue, alors mme que la cuve mle les corps.
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 5
Dans la deuxime partie de lexposition, le visiteur dcouvrira quavec le xixe sicle saffirme
un renouvellement en profondeur des outils et des modes de la propret. Lapparition du
cabinet de toilette, celle dun usage plus diversifi et abondant de leau inspirent Manet,
Berthe Morisot, Degas, Toulouse Lautrec et encore dautres artistes, et non des moindres,
des scnes indites de femmes se dbarbouillant dans un tub ou une cuve de fortune. Les
gestuelles sont bouleverses, lespace est dfinitivement clos et livr une totale intimit,
une forme dentretien entre soi et soi se lit dans ces uvres, do se dgage une profonde
impression dintimit et de modernit.
La dernire partie de lexposition livre au visiteur limage la fois familire et dconcertante de
salles de bains modernes et fonctionnelles qui sont aussi, avec Pierre Bonnard, des espaces
o il est permis, lcart du regard des autres et du bruit de la ville, de sabandonner et de rver.
Commissariat de lexposition
Georges Vigarello, historien
Nadeije Laneyrie-Dagen, historienne de lart
u communique de presse
Alain Jacquet, Gaby dEstres, 1965,
Paris, galerie ValloisJacquet est un reprsentant
du Mecart, qui se consacre la production dimages par des procds de report mcaniques.
La source de ses srigraphies est non le rel, mais lhistoire
de lart elle-mme. Jacquet sapproprie ici la Gabrielle
dEstres au bain avec la duchesse de Villars de lEcole
de Fontainebleau (salle 1). Il ne se contente pas, cependant,
de reprendre loriginal ; il le maquille en photo publicitaire,
vaguement inquitante. Cette modernisation se traduit
dans le titre, o le prnom de la favorite dHenri IV est
amricanis en Gaby .
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 6Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 6
Pays-Bas du Sud, Le Bain, tenture de la vie seigneuriale,
vers 1500, Paris, muse de Cluny - Muse national
du Moyen AgeCette tapisserie est exemplaire
dune conception du bain au commencement de la
Renaissance : un bain qui se prend lt, dans un jardin.
Une noble jeune fille prpare son corps, peut-tre une nuit
nuptiale : on lenvironne de musique, on lui porte bijoux et
friandises. Elle neffectue aucun geste de nettoiement,
jug trop prosaque, mais demeure immobile, nue
jusqu mi-corps, quasi-idelle dans sa perfection. Le bain
confine au rve : hymne la beaut, la fminit. Lespace
est utopique, ouvert tous vents, la nature prolifique,
sature de couleurs.
Une tapisserie du muse de Cluny, un des lments de la tenture des pisodes de la vie
seigneuriale, au xvie sicle, illustre un bain somptueux : des domestiques sempressent
auprs de la baigneuse, une nature luxuriante entoure la cuve de pierre, les instruments de
musique, les parfums, les couleurs voquent lalerte des sens. Le bain serait plnitude,
plaisir, loccasion de reprsenter le nu aussi, un corps fin et dli triomphant dans un dcor
sublim. Cette image est particulire, quasi irrelle dans sa perfection : aucun cadre quoti-
dien ny est indiqu, aucun geste dablution ou dentretien. Elle rejoint une tradition : celle
qui, vers 1500, reprsente des femmes au bain, au milieu dune nature prolifique associant
fontaines et ciels, liquides et fleurs, linges et chairs, et campant des corps hiratiques, affir-
ms en majest. Cest le nu, vrai dire, qui est ici clbr, lidal des formes, leur achvement,
et moins la gestuelle toute prosaque de lablution. Le bain nest que prtexte. La scne
gagne en idalit ce quelle perd en ralit, le recours frquent aux personnages de la Bible
introduction des commissairesI I I
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 7
ou ceux de la mythologie permet de saffranchir des codes vestimentaires, tout en dvoilant
ce que le quotidien peut cacher. Le peintre rvle le dessous , celui des lignes parfaites
offertes au regard du spectateur : dmarche marquante dans une poque o le profane
prend une importance plus considrable et o Vnus tend insensiblement concurrencer la
Vierge. Do ces corps aux carnations laiteuses, dlicates, aux formes magnifies, dont les
Suzanne au bain de Tintoret, au xvie sicle, celle du Louvre ou celle du Kunsthistorisches
Museum de Vienne, demeurent un exemple privilgi. Une manire de faire exister la beaut
dans une Renaissance sinterrogeant comme jamais sur lexcellence physique. Une manire
de faire exister la pudeur aussi, celle de Suzanne surprise par les vieillards , par exemple, ou
celle Bethsabe au bain entrevue par David, symbolisant dans leurs expressions et leurs
voilements toute la dlicatesse attendue du fminin. La scne traditionnelle du bain vise
ainsi le corps plus que la pratique, la beaut, la pudeur, plus que lablution.
Au-del de ce bain prtexte exploit par les peintres, limmersion dans une cuve ou la
frquentation des tuves demeurent, quoi quil en soit, des pratiques rares au dbut de
notre modernit. Non que soient absentes les baigneries dans quelques grands chteaux.
Non que soient absentes les remarques sur les effets hyginiques du bain dans quelques
grands traits de sant. Mais, outre la raret de leau dans les villes et les logements du xvie
et du xviie sicle, une crainte existe son gard. Le sjour dans le liquide, sa chaleur cense
ouvrir les pores deviennent autant de gages de fragilit. Le corps pourrait y tre offert au
venin , celui de la peste en particulier. Aussi les remarques saccumulent-elles depuis la
fin du Moyen ge, qui stigmatisent et rarfient lusage de leau : Pour le bain, sont alors les
veines ouvertes, si bien que leau pourrait aller dans les principaux membres du corps et
mettre leur vertu nant affirme un trait du xve sicle sur le rgime de sant. La pratique,
de fait, nest autre que limite.
Prcieuses en revanche demeurent de telles reprsentations dun bain quasi mythologique
au dbut de notre modernit. Leur tmoignage sur lidal de la beaut physique et la perfec-
tion des lignes sassocie encore au tmoignage sur une vision de lintime. Elles jouent avec
le couvert et le dcouvert , le cach et son secret. Elles circonscrivent une intimit faite
de parement, de voilement. Le vtement protge. Il est frontire . Lintimit samorce ici
aux limites du corps, dsignant un intrieur que ltoffe doit recouvrir, tout en affirmant
une dcisive part de mystre et dappartenance soi.
Plus importantes, plus ralistes aussi, sont les scnes de toilette : la femme assise devant
son miroir, vrifiant son teint, appliquant sa poudre, ajustant ses cheveux. Elles rvlent,
avec le monde moderne, limportance croissante donne la tenue, aux atours, au paratre.
Elles montrent que saccentuent les normes au point de devenir objets dillustrations : celles,
en particulier, qui psent sur lallure, la prsentation de soi. Elles disent, aussi, la part minime
prise par leau dans de telles oprations matinales, pratiques sches autrement dit, o le
linge, le parfum, les onguents sont les principaux outils du nettoiement, alors mme que les
mains sont simplement et furtivement asperges. Plus encore, elles tmoignent de tol-
rances sociales que lon a oublies aujourdhui : la femme la toilette est dautant plus
u introduction des commissaires
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 8
aisment montre par les peintres et graveurs que ce moment est pens comme un spectacle.
Lunivers de la chambre, du boudoir, peut tre occup par des domestiques, des proches,
des visiteurs. Lart de la conversation peut sy dployer, comme lart de lchange ou de la
sociabilit. Aucune prsence de lintime tel que nous lentendons aujourdhui. La femme se
farde, sarrange, shabille devant dautres, mme si, bien sr, elle ne dvoile en rien sa
nudit, dernier rempart de son intimit.
Cest bien la profonde transformation de cette image que dvoile lhistoire de la toilette,
travers tableaux et estampes. Cest elle quillustre la prsente exposition : un thme jusquici
peu tudi, qui na pas encore fait lobjet dun projet semblable. Lespace de la toilette change
par exemple avec le xviiie sicle. La scne se privatise. Le lieu se fait plus rserv . Leau de
surcrot sy banalise, sy normalise . Loin des frayeurs du pass naissent des pratiques
dablution qui rendent moins tolrable le regard tranger. Le recours au bidet, le lavement
des parties intimes, celui des pieds ou dautres parties du corps peuvent encore se faire en
prsence de domestiques, ils ne seffectuent plus devant des visiteurs venus du dehors. Le
moment de la toilette, ainsi, se ddouble : le premier devient celui dune nouvelle intimit
sappliquant aux ablutions, le second reste celui dune sociabilit correspondant lajuste-
ment et lart de quelque ultime apprt.
Ce second moment lui-mme, celui, tout social jusque-l, de lhabillement, se transforme
son tour. A la fin du xviiie sicle, il ne tolre plus les visites trangres. Peu aprs 1800,
Mme de Genlis, dans son Dictionnaire des tiquettes, stonne mme quune telle situation
ait pu auparavant exister. Cest lensemble de la scne de toilette qui ds lors se privatise, cest
son cadre aussi qui, abandonn aux illustrations du coquin , voire du grivois , sefface
du grand genre pictural. Cest lespace surtout qui se ferme, celui de la chambre, celui du
cabinet de toilette, dont la formule se diffuse insensiblement dans le monde bourgeois.
Lindividu sy affirme, sy retrouve, sy abandonne. Il dploie des gestes qui nappartiennent
qu lui. De la sorte, le dispositif se transforme : il devient celui du sujet avec ses instru-
ments propres, sa nouvelle intimit. Cette conqute , autant le dire, participe dun affran-
chissement plus large. Elle le symbolise mme. Cest que la culture du xviiie sicle accentue
lespace priv autour de pratiques indites dont la lecture de for priv , solitaire, retire,
est lexemple le plus marquant.
Une telle dynamique de privatisation ne peut que se poursuivre et saccentuer avec le
xixe sicle. Cest bientt la domesticit elle-mme qui, dans de telles scnes, est moins tolre.
Do ces images totalement renouveles dont senchantent les graveurs : celles de portes se
fermant, de verrous se tirant, pour mieux assurer une intimit de lentre-soi. Seuls y sont
censs exister des gestes chappant tout regard. Seuls sy imposent lisolement, latten-
tion toute personnalise. Phase dcisive o sinvente lexigence dintimit absolue qui est la
ntre. Une exigence, chacun le comprend, qui nest pas seulement spatiale, mais qui influe
sur les attitudes, les comportements, les outils. Sur la psychologie aussi, lindividu existant
dsormais face lui-mme, studiant selon une libert dont il est seul fixer les limites.
u introduction des commissaires
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 9
u introduction des commissaires
Cest ds lors le xixe sicle, avec une large diffusion du cabinet de toilette et, la fin de la
priode, celle dune salle de bains alimente par une eau atteignant pour le premire fois
tous les tages, qui fait dfinitivement exister la situation nouvelle ; espace totalement indit,
fortement rserv une lite dabord, irrmdiablement tendu dautres franges sociales
ensuite. Cest, du coup, le secret lui-mme qui se redploie, se complexifie, sapprofondit.
Cest ce secret galement qui devient une nouvelle proccupation du peintre, une fois la
culture picturale engage, dans le dernier tiers du xixe sicle, dans un ralisme sensible aux
thmes du quotidien, une fois aussi la lgitimit croissante accorde au plaisir, au dsir, auto-
risant restituer leur mystre et leur force aux images de lintimit. Ce qui, en renouvelant
les reprsentations de la toilette et du bain, renouvelle alors les reprsentations de la nudit
elle-mme. Non plus simplement le dessous cens restituer des zones, les lignes physiques
qui dordinaire ne se voient pas, mais le dessous cens restituer des actes, le fourmillement
de vie, de gestes, de contacts entre soi et soi, jugs dautant plus captivants quils simposent
au cur du cach. La scne de la toilette et du bain bascule ds lors vers une dynamique
indite : dbauche de mouvements, jeux dponges, frottements divers, coulement de
leau sur les chairs. Le nu lui-mme nest plus celui, acadmique, du corps parfait, mais
celui, tout prosaque, du quotidien : les gestes secrets lemportent sur lidal du trait.
Phase ultime : au xxe sicle, les corps presque entirement immergs dans les modernes
baignoires sabandonnent leau au-del de tout lavage ou de toute pratique dentretien,
livrs au plaisir psychologique autant que physique dune solitude dans le fluide tide,
milieu accueillant et moelleux. Intimit rflexive ds lors, quasi mditative aussi, qui fait de
leau et du bain loccasion dun total retour sur soi, accompagnant le triomphe dun indivi-
dualisme dun nouveau genre. Il nest jusquau regard assur des femmes surprises dans
leur bain, dans les uvres les plus rcentes, regard assum et fier, qui montre que lentre-
prise du photographe et du peintre ne saurait dfinitivement plus prtendre manipuler
limage de celui et surtout de celle qui, dans le moment de la toilette, veut tre seule.
Immense parcours o lintimit, dabord limite aux marges de lhabit, a construit avec luni-
vers moderne un espace instrument, spcifique, et des gestes particuliers o cette mme
intimit, dabord surprise par le regard tranger, a acquis suffisamment dassurance pour
mettre, aujourdhui, ce mme regard au dfi.
Georges Vigarello Nadeije Laneyrie-Dagen
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 10Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 10
Les changements majeurs des pratiques dhygine et dentretien de soi dans notre histoire
occidentale ne se limitent pas la conqute du propre . Elles sont davantage. Elles contri-
buent un approfondissement de l intime . Elles accroissent, autrement dit, la place accor-
de ce qui est priv, personnel, ce qui est au plus secret de chacun. Elles enrichissent
et spcifient ce qui se fait entre soi et soi. Lindividu y gagne une affirmation et une autono-
mie nappartenant qu lui. Les arts visuels le montrent, qui non seulement dshabillent
les corps, mais les rvlent se livrant des pratiques dhygine et de beaut de plus en
plus prcises, de plus en plus privs, dans des espaces qui, progressivement, isolent et
dissimulent ceux qui les accomplissent. Cette dynamique se traduit par une conqute
de lespace, une transformation du regard sur lintime, une conqute de gestes aussi, tou-
jours plus nombreux.
1 | Le bain amoureux de la RenaissanceDurant la Renaissance, les bains publics, si frquents
au Moyen Age, achvent de disparatre. Leau, dont
le partage constituait une occasion festive, est regar-
de avec mfiance, comme un vecteur possible de
maladies. Cest dans llite sociale seulement quon
continue se baigner : dans quelques prestigieux
appartements des bains des chteaux, ou, en
particulier pour les femmes, dans le retrait de la
chambre. Les dames au bain ou dames la
toilette peintes par lEcole de Fontainebleau, en
France la fin du xvie sicle, tmoignent de cette
volont de fermeture nouvelle. Le rite reprsent
nest pas simplement hyginique : les reprsen-
tations sont lies des pratiques amoureuses ou
symboliques de la fcondit. Par ailleurs, les lieux
eux-mmes sont indcis, avec des ouvertures
multiples ; les baignoires tolrent la prsence de
plusieurs personnes ; et les femmes qui sy baignent
acceptent le voisinage dadultes de leur sexe, et
denfants y compris grands.
parcours de lexposition IV
Anonyme, Ecole de Fontainebleau, Vnus au miroir,
seconde moiti du xvie sicle, Mcon, Muse des Ursulines.
La toilette est une danse rituelle : le corps se meut sans se dplacer, en gestes chaque jour identiques. Cette danse ne peut tre vue que par celui qui laccomplit. Lartiste
qui la reprsente feint de ntre pas l. Au xvie sicle, le peintre
qui montre la dame nue, au corps idal ( Vnus ), en train
de se contempler dans un miroir, fixe son attitude dans une
chor graphie aussi lgante quartificielle. Au crpuscule
du xixe, lAmricain Muybridge, promoteur de la chrono photo-graphie, fige avec son objectif
les mouvements rels dun corps moins gracieux, avant de
les restituer dynamiquement grce un instrument nomm
praxinoscope .
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 11
Abraham Bosse (daprs), La Vue (femme sa toilette),
aprs 1635, Tours, muse des Beaux-Arts
A son lever, une femme dument coiffe, vrifie ses apprts au reflet du miroir.
Image symbolique de la toilette classique : le recouvrement du
corps suggre labsence dablution ; les objets de
toilette , ventail, coussin, botes diverses, confirment les
gestes dentretien ; comme le linge blanc, dlicatement tenu
par la servante, indiquant la toilette sche . Lieu clos
enfin, mais non totalement isol , puisquun jeune
homme, install la fentre, observe le ciel avec une lunette,
quelques pas du lit.
2 | La toilette classique Toilette sche, toilette sociale
Au xviie sicle, le bain disparat des pratiques et des reprsentations. Le geste quotidien de
propret se passe de leau, qui est rare, de mauvaise qualit, et dont on pense quelle peut
faciliter dsordres ou contagions. Jean-Baptiste de la Salle le confirme encore, au tout
dbut du sicle suivant : Il est de la propret de se nettoyer tous les matins le visage avec
un linge blanc pour le dcrasser. Il est moins bien de se laver avec de leau car cela rend
le visage susceptible de froid en hiver et de hle en t . A dfaut dablutions, qui se
rduisent le plus souvent aux mains, les gestes, cods, portent sur la coiffure, le fard,
lhabillage. Le lieu archtypal est la chambre, et plus prcisment une table : rserve cet
usage, elle est couverte dun tapis auquel se superpose un linge fin la toilette propre-
ment dite - sur lequel sont disposs miroir et onguents. Cette toilette peut-tre occasion
sociale : la femme nest pas seule, mais une promiscuit existe. Elle admet les domes-
tiques, et des visiteurs y compris de lautre sexe.
u parcours de lexposition
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 12
u parcours de lexposition
3 | Illustres solitairesDans le nord de lEurope au xviie sicle, la toilette fournit loccasion de reprsentations moins
normes quen France. Le nu rsiste mais, sous linfluence au moins indirecte du carava-
gisme, se charge dun ralisme nouveau : les modles, alors, sont des servantes ou peut-tre les
compagnes des peintres. De jeunes bourgeoises, aussi, des coquettes, se parent devant leur
miroir. Leau, toujours, est la grande absente de ces toilettes. Les cadrages serrs renforcent
limpression dintimit, soit que la femme, une domestique soit renvoye sa solitude (La Tour),
soit que le soin de se faire belle lisole du reste du monde (Rgnier).
4 | Les Lumires : ablutions partielles, discrtions et indiscrtionsAvec le retour progressif de leau, au xviiie sicle, la diversit
de gestes intimes que les ablutions induisent rend ncessaire
lexistence dune pratique plus rserve . Des accessoires
sinventent, comme le pdiluve ou le bidet, trs loin encore
de quelque banalisation de la baignoire. Sensibilit nouvelle,
une phase discrte de la toilette simpose, qui admet encore
la prsence de domestiques du mme sexe. Les moments
de lentretien de soi se scindent, orchestrant cette premire
toilette, prive , et une seconde qui demeure sociale. La
promiscuit auparavant tolre ne lest plus. Reste que la
configuration de la maison, qui ne comprend pas encore
despaces spcialiss, et la nouveaut mme des rites dablu-
tion, dterminent accidents et indiscrtions cultives : lintrus qui entre par mgarde, le
voyeur qui sapplique observer ce quil ne devrait apercevoir, la porte entrebille o se
cache peut-tre quelquun, deviennent les motifs obligs des uvres.
Georges de La Tour, La Femme la puce, 1638,
Nancy, Muse LorrainLe Lorrain la Tour pratique une
peinture aux couleurs sombres, aux figures empreintes de
ralisme, o les objets sont modestes, les gestes retenus.
Au xviie sicle, la raret des ablutions favorise la vermine.
Dans llite de la socit, le changement du linge est cens prvenir linvasion des poux et
des puces. Un tel luxe est inaccessible pour cette femme,
certainement une humble servante, rduite chercher sur
elle les bestioles et les craser. Le thme, trivial, est
trait avec un recueillement qui le hausse au sublime.
Nicolas Rgnier, Jeune femme la toilette, circa 1626,
Lyon, Muse des Beaux-ArtsLa scne semble classique :
miroir, parfums, onguents, fards, peigne ou bijoux, encombrent
une table fastueuse, comme lest ltoffe de la dame. Objets
fragiles aussi, telle la beaut. La peinture srieuse du xviie
sicle se plaira inverser lapparence : rappeler quelque
dclin possible sous lesthtique triomphante, souligner l uvre
du Diable sous lexcs dattention, rappeler limmondice de la chair, comme le fait ce qui semble tre un pot de chambre
install derrire le miroir.
Franois Eisen, Jeune femme sa toilette, 1742,
Abbeville, Muse dAbeilleCette scne apparemment
anodine est en ralit assez ose. Un bourdalou, autrement dit le pot de chambre adapt
lanatomie des dames, figure au premier plan, et le chien sen
approche pour le renifler. Une servante, en arrire, remplit un
bidet : dans les annes 1740, cest un meuble nouveau et
de rputation assez leste. La matresse, rose encore des plaisirs de la nuit, va procder
sa toilette intime. La servante, sans doute, lassistera; mais on carte une fillette dont le regard innocent doit ignorer
ces pratiques.
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 13
Au xviiie sicle, les espaces se particularisent. Les dames ont leur boudoir, les messieurs leur cabinet priv, qui deviendra le fumoir. Dans ces pices, les tableaux qui ornent les murs sont volontiers licencieux. Les plus libertins sont cachs : par un rideau (vitrine mme salle : Monument du costume) ; ou par un autre tableau, comme ce sera le cas pour lOrigine du monde de Courbet. Pour le
financier Randon de Boisset, Boucher a peint ces quatre peintures de sorte ce quelles forment couvertes (les tableaux trop oss pour tre montr en permanence) et dcouvertes (les versions qui cachent les autres). Les dames qui, respectivement en vert et en rose, accompagnent un enfant et jouent avec un chien, dissimulent, lune, la mme se relevant dune chaise perce
(visible gauche), lautre, la mme pissant dans un bourdalou. En arrire de cette dernire, un voyeur jouit de ce quil aperoit, srement dans un miroir. La trivialit des sujets, dans les couvertes (jusquau chien qui renifle la dame), est adoucie par le dploiement virtuose des rubans et dentelles, par la subtilit des couleurs et par la nacre des chairs.
1. Franois Boucher, La Gimblette, 1742 ?
Ou annes 1760 ? Karlsruhe, Staatliche
Kunsthalle Karlsruhe
2. Franois Boucher, La jupe releve, 1742 ?
Ou annes 1760 ? Collection particulire
3. Franois Boucher, Lenfant gt, 1742 ?
Ou annes 1760 ? Karlsruhe, Staatliche
Kunsthalle Karlsruhe
4. Franois Boucher, Lil indiscret
ou La Femme qui pisse, 1742 ?
Ou annes 1760 ? Collection particulire
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Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 14
5 | Aprs 1800, la clture de lespaceAu dbut du xixe sicle, la notion de ce qui est priv change profondment. Madame de
Genlis, auteure du Dictionnaire des tiquettes (1818), lcrit : Il faut avouer quil y avait
quelquefois des choses de trs mauvais got... Par exemple la coutume parmi les femmes
de shabiller devant des hommes et celle de se faire peindre sa toilette . Admise aupara-
vant, la prsence dautrui, visiteur ou mme domestique, nest dsormais plus accepte,
et celui ou celle qui se lave ferme soigneusement la porte tout regard. Orchestrant ce
drobement , les peintres, qui aspirent au mme moment un surcrot de grandeur,
rompent avec les thmes libertins du sicle prcdant et bornent leur reprsentation des
gestes intimes aux apprts de la coiffure ou du vtement. Seule la gravure, mdium popu-
laire qui prospre grce la presse illustre, ose encore traiter des corps. Encore le fait-elle
avec un rotisme discret : elle suggre et ironise, plutt quelle ne montre.
6 | Fin xixe sicle : spcialisation du lieu et corps nouveau de la baigneuse
Dans le troisime quart du xixe sicle, les villes, en Angleterre dabord et ensuite seulement
en France, se lancent la conqute de leau . Il faut du temps pour que l eau courante
soit distribue dans tous les immeubles, et plus encore pour quelle accde aux tages et
tous les logements. Mais leau, quoiquil en soit, devient un bien plus accessible, et la pra-
tique dablutions quotidiennes, une exigence hyginique. La femme la toilette , alors,
redevient un thme pictural. Le genre du nu sen trouve renouvel : les corps nouveaux sont
imparfaits, parfois lourds, vieillissants, ou adolescents, trop aigus, aux antipodes des anato-
mies idales du nu acadmique. Les gestes sont neufs, quelquefois brusques, sans ll-
gance, non plus, des poses traditionnelles, et, voquant humeurs et odeurs, ils dgagent
une sensualit plus animale. Le dcor, celui, intime de la chambre ou du cabinet de toilette
encombr de brocs et de bassines, est trivial, et moderne pour cela.
u parcours de lexposition
Edouard Manet, Femme nue se coiffant,
1879, collection particulireLe modle de Manet est cadr
en haut des cuisses. La femme nue a gard un bracelet et on
souponne une jarretelle elle a enfil ses bas : situation
discrtement scabreuse. La silhouette est lourde : alors que
le buste est droit, un pli se marque au-dessus du nombril,
la chair retombe sous le bras lev. Le dcor, bauch, montre
un rideau protgeant un lit o on entrevoit des coussins. Le
moment saisi, videmment intime, est charg dune
sensualit que la touche exalte, en vitant le fini dune
peinture longuement travaille.
Thophile Alexandre Steinlen, Le bain, 1902, Muse cantonal
des Beaux-Arts de Lausanne
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 15
7 | La toilette dans tous ses tats modernes
A la fin du xixe sicle, Degas accomplit une nouvelle rvolution dans la reprsentation de la
toilette. Thmes et accessoires ne sont pas neufs : la femme dans toutes les poses possibles,
la bassine et le broc dans la chambre ou le cabinet de toilette, puis la baignoire de la salle de
bain. Mais le traitement est indit, par les points de vue (bas ou plongeants) et cadrages
(resserrs sur les corps) et par le traitement des surfaces et des couleurs qui, en particulier
dans les pastels, voque la sensation que procurent une chair vivante, une douce chevelure,
et la volupt de toucher serviettes, tapis et autres tissus. Aprs 1900, Pierre Bonnard reprend
cette stratgie dincarnation par la couleur. Le dcor volue au fil du temps : Marthe, sa com-
pagne, est au tub, puis dans la salle de bain. Un rapport nouveau, cependant, stablit entre
la femme et la toilette. Il sagit moins de se laver que de ressentir, moins de se parer que
de soublier, ou plutt de se retrouver. La salle de bain devient refuge contre le monde, la
toilette, un temps o le temps nexiste plus.
u parcours de lexposition
Edgard Degas, Aprs le bain, femme nue couche, 1885-90,
Suisse, Collection NahmadLe pastel fournit Degas le
moyen idal pour voquer la sensualit du corps fminin. Il
dessine avec la couleur, lcrase, la pose en stries, en taches,
transforme les pulvrulences en vibrations : il malaxe et il caresse, comme il toucherait et caresserait le corps. Allonge sur sa serviette mme le sol, sur un tapis quon
prsume doux, entre bassine et jet de lit, la baigneuse, aprs le
tub, sabandonne au sommeil, ses mules, simples taches rouges,
jetes prs dun peignoir ou dun drap de bain derrire elle.
Edgard Degas, Femme dans son bain spongeant la jambe, vers 1883, Paris, muse dOrsay
Pierre Bonnard, Nu dans la baignoire, collection particulire
Au milieu des annes 1920, Bonnard peint ses premires
baignoires , lhuile et chelle 1/1, ou la gouache et dans un
format modeste, comme ici. Les nus glisse dans leau, avec une
langueur indite.. Immerg presque entirement, le corps se
fond, se dissout dans les couleurs et les distorsions de lespace,
reprend forme dans la lumire. Leau change dimage. Elle nest plus hygine mais dtente
lacception psychologique du mot date du xxe sicle.
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 16
Frantiek Kupka, Le rouge lvres, 1908,
Paris, muse national dArt moderne Centre
Georges PompidouCe tableau voque la Gigolette
en rouge, une toile de Kupka peinte la mme anne : il sagit dune fille des rues. Il en existe une autre version, Le Rouge
lvres II. De tels tableaux appartiennent la jeunesse de Kupka, dont le langage volue ensuite vers labstraction. Dj
outrageusement farde, la femme redessine sa bouche
avec du rouge. Autant que le sujet, une femme tendue dans leffort du maquillage, cest la
combinaison des couleurs, inspire des Fauves , le vert
du cou, le blanc de la peau poudre, le rouge outrancier
des lvres, qui intresse Kupka.
Fernand Lger, Les femmes la toilette, 1920,
Suisse, Collection NahmadEn 1920, Lger, rendu la vie civile et remis dune infection
pulmonaire, peint huit toiles sur le thme des femmes se
regardant dans leur miroir. La jubilation qui se lit dans ce
tableau est la mesure du plaisir que le peintre prouve
retrouver les joies du quotidien. Alors que dautres artistes sont
tents par un retour lordre , il reste fidle lthique moderne et traite ce sujet par la gomtrie (lignes droites, cylindres, arcs de
cercle indiquant chevelures et pots onguents), des aplats de
couleur, et fragmentant les corps et les objets.
8 | Avant-gardes : le nu fminin, un problme formel ?Au commencement du xxe sicle, le nu fminin
constitue pour les artistes des avant-gardes un
dfi : comment traiter le corps, la sensualit de la
femme, dans un langage qui ne soit pas simple-
ment imitatif ? Le problme sest impos en pre-
mier lieu Czanne, qui a choisi de peindre dans
la nature des baigneuses qui ne soient plus des
nymphes : hardiesse radicale. Picasso, dessinateur
compulsif, croque dans sa maison les femmes,
ses compagnes successives, dans la situation
du bain. Le travail graphique tient de lexercice.
Il tmoigne que le peintre explore, non pas au fil
des annes mais ventuellement le mme jour
et parfois dans une seule matine, une varit de solutions : expriences qui vont dune
approche raliste, traits appuys, corps videmment pesants et que lombre rend plastiques,
une ligne inspire du trait classique , ou encore dlibrment schmatique, qui dconstruit
et reconstruit les corps en soulignant leur structure et leurs articulations.
Chez les peintres modernes dans la premire moiti du xxe sicle, la question formelle prime
sur celle du motif. Il ne sagit plus de reprsenter le corps de la femme ni ses occupations de
toilette telles quils sont , mais de traiter ces motifs de sorte ce quils provoquent une
motion qui dpasse celle du regard pntrant par effraction dans un lieu o il ne devrait
pas entrer. Aux courbes associes au nu fminin, aux roses et aux bleuts qui rendaient sa
carnation ou construisaient le dcor, se substitue une gomtrie qui admet droites et angles
(Kapek), et des couleurs qui jouent des dissonances (Kupka), recourent aux primaires (Lger)
ou font usage des noirs et des gris (Lam).
u parcours de lexposition
Pablo Picasso, Femme la montre, 30 avril 1936,
Paris, muse PicassoLe modle est habill et
dshabill (un sein surgit, sous la robe se voit le corps), une
guirlande de fleurs demi fixe retombe mollement, la femme a
les ongles faits, un peigne est pos prs de sa cuisse. Assise sur le sol, elle allonge le cou pour se
contempler, nouveau Narcisse. Les carreaux du vtement ne
suivent pas lanatomie le tableau nest pas illusionniste. Le cadrage serr rend le face face avec soi-mme plus sensible. Le bracelet de montre, dsignant le
temps qui passe, donne la peinture le sens dune vanit.
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 17
Natalino Bentivoglio Scarpa, dit Cagnaccio di San Pietro,
Femme au miroir, 1927,Vrone, collezione della Fondazione Cariverona
Cagnaccio di San Pietro appartient lcole dite du
ralisme magique . La vision quil propose de la toilette est
dun ralisme aigu et moderne, par le point de vue plongeant
qui voque le cinma, par la palette o contrastent les bleus
et les rouges, comme par la singularit du reflet de la
femme, rpt partiellement par le bord biseaut du miroir,
et qui rvle un sein ple, lourd et tendre. Cette femme qui se met du rouge na plus
rien de commun avec la prostitue farde de Kupka : cest une jeune bourgeoise
soigne, mondaine sans doute, et vaine.
9 | Onguents et cosmtiques : la publicit et la peintureAu lendemain de la Premire Guerre mondiale, les
efforts dentrepreneuses comme Helena Rubinstein,
Esthe Lauder ou Elisabeth Arden, achvent dimpo-
ser le concept de maison de beaut et de diffuser
les premires lignes cosmtiques. Dsormais, les
bourgeoises se maquillent. Dix ans plus tard, la photo-
graphie publicitaire naissante vient soutenir les cam-
pagnes en faveur des produits et soins de beaut .
Ce phnomne, auquel participent des femmes photo-
graphes (la Franaise Laure Albin Guyot ou lAllemande
Germaine Krull) influence le regard que la socit porte
sur la toilette et elle en renouvelle les reprsentations.
Corollaire, elle conforte une imagerie lisse et rassurante
comme celle, dune virtuosit admirable, de Cagnaccio di San Pietro dans lItalie de Mussolini,
qui relgue la femme chez elle, occupe soit de son intrieur et de ses enfants, soit de se
faire belle pour plaire celui quelle aime.
10 | Julio Gonzlez, le Grand FerJulio Gonzlez est, comme Pablo Picasso dont il fut
lami proche, un Espagnol de Paris. Vers 1930, cest--dire
lpoque du Grand Fer, il conduit avec ce dernier un
dialogue qui concerne le renouvellement de la sculp-
ture. Sculpteur sur mtal, Gonzlez a pour matriau le
fer et non plus le bronze, et pour technique la soudure
et non plus la fonte. Les formes qui lui sont familires
sont acres et coupantes. La srie de dessins rassem-
bls dans cette exposition montre comment, linstar de
Picasso, il utilise les moyens du graphisme pour explo-
rer les formes. Postrieure la sculpture dun peu
moins de dix ans, le dessin Femme se coiffant de 1940
met en vidence les contours du corps fminin : le sein
rvl dans lentrebillement du peignoir, le profil du
visage, la longue chevelure quil sagit de brosser. Les
bras relevs dans la sculpture rappellent quant eux
le dessin Femme en chemise se coiffant de 1909. Mais
les motifs explicites dans ces uvres sont purs dans
le Grand Fer par un processus dabstraction.
u parcours de lexposition
Julio Gonzlez, Femme se coiffant, dit aussi
Le Grand Fer, vers 1931,Paris, muse national
dArt moderne Centre Georges Pompidou
Quand il forge le fer, le martle, le dcoupe, en
assemble les morceaux puis les soude, Gonzlez construit des silhouettes plutt quil ne
cherche constituer des volumes. Sa sculpture est un
dessin dans lespace , qui libre lexpressivit des
formes. Mais la diffrence du dessin, il faut regarder les
fers de Gonzlez comme des uvres authentiquement
tridimensionnelles : cest--dire les voir de faon non seulement frontale mais
en tournant autour delles autant quil se peut, pour
les apprcier selon une multiplicit de points de vue.
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 18
11 | Notre tempsAux alentours de lan 2000, il devient difficile dindividualiser dans les arts visuels un thme
particulier qui serait la toilette. Les conqutes matrielles, celle de leau et celle de la salle de
bains, sont acquises depuis longtemps. La question du nu, ou du moins celle du nu se parant,
nest plus dactualit. Ds lors, les uvres qui mettent en scne la toilette doivent sinterpr-
ter en fonction dinterrogations esthtiques plus gnrales. La srigraphie de Jacquet et la
peinture dErro participent dun postmodernisme de la citation qui dtourne les uvres de
lhistoire de lart ; les objets insolites de Dietman relvent de lironie et du jeu verbal. Chez
les photographes, cependant, le corps fminin demeure un sujet essentiel. Le rapport la
mode et la publicit se combine avec les progrs technologiques, suggre des expriences
insolites et stimule des recherches nouvelles : ainsi chez Erwin Blumenfeld au lendemain de
la Seconde Guerre mondiale, ou au seuil du xxie sicle chez Bettina Rheims.
u parcours de lexposition
Erwin Blumenfeld, Etude pour une photographie publicitaire, 1948, Paris, muse national dArt moderne Centre Georges Pompidou
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 19Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 19
V visuels disponibles pour la presse
9 - Franois Boucher La jupe releve 1742 ? Ou annes 1760 ? Huile sur toile52,5 x 42 cm Collection particulire Christian Baraja
1 - Pays-Bas du Sud Le Bain, tenture de la vie seigneuriale Vers 1500 Laine et soie 285 x 285 cm Paris, muse de Cluny - Muse national du Moyen Age RMN Grand Palais (muse de Cluny - muse national du Moyen-ge) / Franck Raux
4 - Georges de La Tour La Femme la puce 1638 Huile sur toile 121 x 89 cm Nancy, Muse Lorrain RMN-Grand Palais / Philippe Bernard
7 - Franois Eisen Jeune femme sa toilette 1742 Huile sur bois 36,5 x 27,3 cm Abbeville, Muse dAbbeville RMN-Grand Palais /Thierry Ollivier
5 - Salomon de Bray Jeune femme nue, mi-corps, en train de se peigner Vers 1635 Huile sur bois 54 x 46 cm Paris, muse du Louvre, dpartement des peintures, don de la Socit des Amis du Louvre, 1995 RMN-Grand Palais (muse du Louvre) / Grard Blot
8 - Franois Boucher La Gimblette 1742 ? Ou annes 1760 ? Huile sur toile52,5 x 41,5 cm Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle Karlsruhe akg-images
3 - Nicolas Rgnier Jeune femme la toilette Circa 1626 Huile sur toile 132 x 105,5 cm Lyon, Muse des Beaux-Arts 2014 DeAgostini Picture Library/Scala, Florence
6 - Abraham Bosse (daprs) La Vue (femme sa toilette) Aprs 1635Huile sur toile 104 x 137 cm Tours, muse des Beaux-Arts
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ADAGPTout ou partie des oeuvres figurant dans ce dossier de presse sont protges par le droit dauteur.Les uvres de lADAGP (www.adagp.fr) peuvent tre publies aux conditions suivantes : Pour les publications de presse ayant conclu une convention avec lADAGP : se rfrer aux stipulations de celle-ci. Pour les autres publications de presse :- exonration des deux premires reproductions illustrant un article consacr un vnement dactualit et dun format maximum d1/4 de page, - au-del de ce nombre ou de ce format les reproductions seront soumises des droits de reproduction/reprsentation,- toute reproduction en couverture ou la une devra faire lobjet dune demandedautorisation auprs du Service Presse de lADAGP,- le copyright mentionner auprs de toute reproduction sera : nom de lauteur, titre et date de loeuvre suivie de Adagp, Paris 2015 - pour les publications de presse en ligne, la dfinition des fichiers est limit 400 x 400 pixels et la rsolution ne doit pas dpasser 72 DPI.
PICASSO ADMINISTRATION8 rue volney - 75002 ParisTl : 01 47 03 69 70 Fax : 01 47 03 69 60Contact: Christine Pinault / [email protected]
La reproduction des uvres de Pablo Picasso par les revues et magazines nest pas libre de droits. Les droits de reproduction ne seront exonrs pour les reproductions dont le format sera infrieur au quart de la page et dans le cadre darticles faisant le compte-rendu de cet vnement avant et durant 3 mois dater du dbut de lexposition.Pour la presse audiovisuelle et web, les reproductions sont exonres pendant une priode de 3 mois dater de la prsentation au public et les images ne pourront en aucun cas tre copies, partages ou bien rediriges.
Par ailleurs, les uvres de Picasso ne doivent pas tre reproduites via les rseaux sociaux.
2 - Anonyme (cole de Fontainebleau)Portrait prsum de Gabrielle dEstres et la Duchesse de Villars au bain Fin du xvie sicle Huile sur toile 63,5 x 84 cm Montpellier, Muse Languedocien Collections de la socit Archologique de Montpellier Muse de la Socit Archologique, Montpellier, France / Giraudon / Bridgeman Images
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 20
u visuels disponibles pour la presse
10 - Franois Boucher Lenfant gt 1742 ? Ou annes 1760 ? Huile sur toile 52,5 x 41,5 cm Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle Karlsruhe akg-images
11 - Franois Boucher Lil indiscret ou La Femme qui pisse 1742 ? Ou annes 1760 ? Huile sur toile 52,5 x 42 cm Collection particulire Christian Baraja
12 - Franois Boucher Une Dame sa toilette Huile sur toile 1738 86 x 76 cm Collection particulire Image courtesy of P & D Colnaghi & Co, Ltd, London
13 - Berthe Morisot Devant la psych 1890 Huile sur toile 55 x 46 cm Fondation Pierre Gianadda, Martigny
14 - Wladyslaw Slewinski tude 1897 Huile sur toile 64 x 91 cm Cracovie, muse national Photographic Studio of the National Museum in Krakow / Jacek widerski
15 - Thophile Alexandre SteinlenLe bain 1902 Pastel 49, 5 x 64, 6 cm Muse cantonal des Beaux-Arts de Lausanne / J.-C. Ducret Acquisition 1936 Muse cantonal des Beaux-arts de Lausanne
18 Edgar Degas Femme dans son bain spongeant la jambe Vers 1883Pastel sur monotype 19,7 x 41 cm Paris, muse dOrsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911 RMN-Grand Palais (muse dOrsay) / Herv Lewandowski
16 - Eugne Lomont Jeune femme sa toilette 1898 Huile sur toile 54 x 65 cm Beauvais, Muse dpartemental de lOise RMN Grand Palais / Thierry Ollivier
17- Edgar Degas Aprs le bain, femme nue couche 1885-1890 Pastel sur papier 48,3 x 82,3 cm Suisse, Collection Nahmad Suisse, Collection Nahmad / Raphal Barithel
21 - Pierre Bonnard Nu au tub 1903 Huile sur toile 44 x 50 cm Toulouse, Fondation Bemberg RMN-Grand Palais / Mathieu Rabeau ADAGP, Paris 2015
19 - Edgar Degas Aprs le bain 1903 Fusain et rehauts sur papier 71 x 71 cm Suisse, Collection Nahmad Suisse, Collection Nahmad / Raphal BARITHEL
20 - Pierre Bonnard Nu dans la baignoire Aquarelle et gouache sur papier 23,5 x 31,5 cm Collection particulire, courtesy Galerie Bernheim-Jeune, Paris Galerie Bernheim-Jeune, Paris / Christian Baraja ADAGP, Paris 2015
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 21
u visuels disponibles pour la presse
22 - Henri de Toulouse Lautrec La toilette : Madame Favre (femme se faisant les mains) 1891 Peinture lessence sur carton 72 x 76 cm Suisse, Collection Nahmad Suisse, Collection Nahmad / Raphal BARITHEL
23 - Frantiek Kupka Le rouge lvres 1908 Huile sur toile 63,5 x 63,5 cm Paris, Centre Pompidou, Muse national dart moderne - Centre de cration industrielle, don dEugnia Kupka, 1963 Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Claude Planchet ADAGP, Paris 2015
24 - Natalino Bentivoglio Scarpa, dit Cagnaccio di San Pietro Femme au miroir 1927 Huile sur toile 80 x 59,5 cm Vrone, collezione della Fondazione Cariverona collezione della Fondazione Cariverona, Italy
25 - Pablo Picasso Femme la montre 30 avril 1936 Huile sur toile 65 x 54,2 cm Paris, muse Picasso -Dation Pablo Picasso, 1979 RMN-Grand Palais / Ren-Gabriel Ojda Administration Picasso 2015
26 - Fernand Lger Les femmes la toilette 1920 Huile sur toile92 x 73 cm Suisse, Collection Nahmad Suisse, Collection Nahmad / Raphal BARITHEL ADAGP, Paris 2015
27 - Erwin Blumenfeld Study for an advertising photograph 1948 Dye transfer 51 x 41,5 cm Sign en bas droite Paris, Centre Pompidou, Muse national dart moderne - Centre de cration industrielle, achat en 1986 Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Christian Bahier / Philippe Migeat Estate of Erwin Blumenfeld attention : Lorsque vous utilisez ce visuel, merci de contacter les ayants-droit dErwin Blumenfeld, pour dclarer lutilisation de ce visuel : [email protected] [email protected].
28 - Alain Jacquet Gaby dEstres 1965 Srigraphie quatre couleurs sur toile 119 x 172 cm Courtesy Comit Alain Jacquet et Galerie GP & N Vallois, Paris Comit Alain Jacquet ADAGP, Paris 2015
29 - Bettina Rheims Karen Mulder with a very small Chanel bra, janvier 1996, Paris 1996 C-print 120 x 120 cm Sign au dos sur le cartel Paris, collection de lartiste Bettina Rheims copyright Studio Bettina Rheims
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 22Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 22
autour de lexposition VI
1 Publications
Catalogue de lexposition codit par
le muse Marmottan Monet et les ditions Hazan
Auteurs : Georges Vigarello et Nadeije Laneyrie-Dagen,
Commissaires de lexposition
Broch, 22 x 28,5 cm, 224 pages
Prix : 29 euros
ISBN : 978 2 7541 0814 0
Hors Srie Connaissance des Arts n653
44 pages - Prix : 9,50
ISBN : 978 275 800 5865 (fr)
ISBN : 978 275 800 5872 (ang)
2 Ateliers pdagogiques
Les enfants pourront dcouvrir, les mercredis et pendant les
vacances scolaires avec Les Ptits Marmottan, ou toute lanne
avec lcole, lexposition La toilette. Naissance de lintime,
en participant aux ateliers pdagogiques.
Age : de 7 15 ans (du CP la 3e)
Dure : 1 heure 15 (visite thmatique et atelier)
Tarif Les Ptits Marmottan : 9 / enfant
Tarif scolaire : 7 / enfant
Tarif atelier en langue trangre
(anglais, espagnol, allemand et italien) : 9,50 / enfant
Renseignements et rservations :
Camille Pabois : tl. 01 44 96 50 41
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 23Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 23
Georges VigarelloGeorges Vigarello, directeur dtudes lEcole des Hautes Etudes en
Sciences Sociales (EHESS), a effectu de nombreux travaux sur lhistoire
des pratiques et des reprsentations du corps. Il a publi entre autres,
Le propre et le sale, lhygine du corps depuis le Moyen ge, Seuil,
1985, dition illustre, 2013, Histoire de la beaut, le corps et lart dem-
bellir de la Renaissance nos jours, Point Seuil, 2007, La silhouette du
xviiie sicle nos jours, naissance dun dfi, Seuil, 2012, Le Sentiment
de soi. Histoire de la perception du corps (XVIe xxe sicle), Seuil, 2014.
Nadeije Laneyrie-DagenNadeije Laneyrie-Dagen est professeure dhistoire de lart lEcole nor-
male suprieure. Spcialiste, dabord, de la Renaissance, elle explore
depuis un quart de sicle les questions relatives au corps et ses repr-
sentations. On lui doit Linvention du corps (Flammarion) et une mono-
graphie sur Rubens (Hazan). Elle est aussi lauteur de manuels dhistoire
de lart (Lire la peinture, Larousse ; Histoire de lart pour tous, Hazan) qui
rvlent sa passion, dmontre aussi dans lexposition, de faire de lart
une jouissance accessible tous.
commissariatVII
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 24Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 24
En 1882, Jules Marmottan (1829-1883), directeur de la compagnie houillre de Bruay, achte
dans le seizime arrondissement de Paris, lancien pavillon de chasse du duc de Valmy. A sa
mort, en 1883, son fils Paul (1856-1932) en hrite. Il embellit et lagrandit durant quarante ans
faisant de lhtel particulier de la rue Louis Boilly lcrin pour les collections du Moyen ge
et de la Renaissance runies par son pre et pour ses propres uvres et objets dart, tmoi-
gnage de sa passion pour les poques Consulaire et Empire.
sa mort en 1932, Paul Marmottan lgue lAcadmie des Beaux-Arts sa demeure et lint-
gralit de ses collections pour en faire le muse Marmottan. Linstitution ouvre au public le
21 juin 1934. A partir de 1938, dons et legs se succdent permettant de doubler les collections
du muse et de louvrir limpressionnisme.
En 1940, Victorine Donop de Monchy (1863-1958) offre les toiles que son pre, le docteur
Georges de Bellio (1832-1894), mdecin et collectionneur des impressionnistes, avait acquises
dans les annes 1870. Onze peintures par Morisot, Renoir, Pissarro, Sisley et Monet au pre-
mier rang desquelles Impression, soleil levant (1872) entrent Marmottan. Le don Victorine
Donop de Monchy fonde les collections impressionnistes de ltablissement.
En 1966, Michel Monet (1879-1966), dernier descendant direct de Claude Monet, instaure le
muse Marmottan son lgataire universel. Des tableaux de Monet et de ses amis, une impor-
tante correspondance et une documentation varie jusque l rpartis entre la maison du
matre Giverny et celle de son fils, Sorel-Moussel rejoignent Marmottan. Une centaine de
toiles du chef de file de limpressionnisme retrace sa carrire de 1880 sa mort en 1926.
le muse marmottan monet VII I
Muse Marmottan MonetVue cot jardin
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 25
Vues de Normandie, de la Creuse, du midi, de Londres ou de Norvge tmoignent de la
passion du peintre pour le paysage. Un ensemble rarissime de grands nymphas rests
indits du vivant de lartiste est au cur de cet hritage. Le legs Michel Monet constitue le
premier fonds mondial duvres de Claude Monet.
Lanne suivant le centime anniversaire de la mort de Berthe Morisot, en 1996, les petits-
enfants de lartiste et leurs pouses, Denis (1908-1984) et Annie Rouart (1921-1993) aux cts
de Julien (1901-1994) et Thrse Rouart (1898-1996) lguent vingt-cinq toiles et une cinquan-
taine duvres graphiques de la premire femme impressionniste. Leur collection comprend
galement des uvres par Poussin, Delacroix, Corot, Manet, Gauguin, Renoir, Odilon Redon...
Dimportance gale, dautres collections, telles les enluminures de Daniel Wildenstein
(1917-2001), ont intgr le muse.
Au fil des ans, la demeure de Jules et Paul Marmottan est ainsi devenue un haut lieu de lim-
pressionnisme. En 2014, le muse a souhait redployer ses collections et mettre lhonneur
cette double identit. La salle manger de lhtel particulier est le premier temps fort de la
visite. Bas-reliefs, surtout de table en bronze dor par Thomire, mobilier par Jacob-Desmalter
rappellent le dcor dorigine de la rsidence de Paul Marmottan. Les tableaux impression-
nistes et modernes qui y sont prsents peintures par Caillebotte, Renoir, Morisot, Gauguin
ou encore Chagall sont de provenance varies et illustrent le rle cl des collectionneurs
dans lhistoire de ltablissement.
Gouaches de Carmontelle, peintures par Bidault et Vernet, Pajou, Fabre, Grard, Chaudet,
Riesener, sculptures par Bartolini et de lcole de Canova ornent les salons de Paul Marmottan
et sa chambre o lon peut voir le lit de Napolon Ier au Palais Imprial de Bordeaux. Autour
de son bureau par Pierre-Antoine Bellang, on dcouvre un exceptionnel ensemble de pein-
tures de Louis-Lopold Boilly dont Marmottan fut le biographe.
Le premier fonds mondial duvres de Claude Monet est prsent dans un espace conu
sur mesure, par larchitecte et ancien directeur du muse, Jacques Carlu. Excave sous le
jardin entre 1966 et 1970, cette galerie spacieuse et moderne prsente en permanence, aux
cts dImpression, soleil levant, les fleurons du legs Michel Monet.
En 2014, deux nouvelles salles amnages dans danciennes dpendances de lhtel parti-
culier au premier tage de la maison ont t ouvertes au public. Elles accueillent dornavant
les uvres de Berthe Morisot et de la fondation Denis et Annie Rouart.
u le muse marmottan monet
Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 26Muse Marmottan Monet La toilette Naissance de lintime Dossier de presse 26
informations pratiques
IX
Adresse
2, rue Louis-Boilly
75016 Paris
Site Internet
www.marmottan.fr
Accs
Mtro : La Muette Ligne 9
RER : Boulainvilliers Ligne C
Bus : 32, 63, 22, 52, P.C.
Jours et horaires douverture
Ouvert du mardi au dimanche de 10h 18h
Nocturne le jeudi jusqu 21h
Ferm le lundi, le 25 dcembre,
le 1er janvier et le 1er mai
Tarifs
Plein tarif : 11
Tarif rduit : 6,50
Moins de 7 ans : gratuit
Rservation groupes
Christine Lecca : tl. 01 44 96 50 83
Service pdagogique
Camille Pabois : tl. 01 44 96 50 41
Audioguide
Disponible en franais
et anglais : 3
Boutique
Ouverte aux jours et horaires du muse
Tl. : 01 44 96 50 46
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