SCIENCE POLITIQUE
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INTRODUCTION A LA SCIENCE POLITIQUE
La science politique est une discipline relativement jeune. Mais elle occupe déjà une
place importante au sein des sciences sociales, parmi ces dernières, elle est celle qui
s´intéresse aux phénomènes du pouvoir dans les sociétés politiques. Elle se propose de
répondre à certaines questions qu´en peut poser en tant que citoyen : -> comment sont
organisées les sociétés humaines ou les sociétés civiles dans lesquelles en vit? ->
Comment elles se gouvernent ? Quelles idéaux ? Quelles conceptions du pouvoir ont
poussées à la création des institutions politiques ? Comment celle-ci fonctionne-elle
concrètement ? Qu´elles sont leurs liens avec la vie sociale au sens large ?
En fait les études de ces questions a longtemps été du domaine exclusif de la
philosophie politique pour ses aspects de principe et des savoirs pratiques (sciences du
gouvernement, sciences administratives, diplomatie….). Pour les aspects les plus concrets
c´est d´ailleurs en prenant appui sur ces deux traditions que la science politique avait pris
progressivement sa place parmi les sciences sociales en couvrant un champs disciplinaire
très vaste, voir carrément un air disciplinaire elle fonde sa réflexion sur une solide base
empirique en étudiant une variété de questions d´ordre politique telle que le
comportement et les mobilisations politiques des institutions et les parties. Les idées et les
représentations, les décisions et les politiques publiques au niveau local, national, régional
ou international.
Depuis son apparition, la science politique a connu une profonde mutation et une
vitalité constante en sollicitant de multiples recherches sur les forces qui cherchent à
concevoir les pouvoirs, les règles qu´elle suive pour y parvenir ou pour s´y maintenir etc.…
mais pour se distinguer des autres disciplines et affirmer son autonomie, elle a dû
développer ses théories et ses investigations suivant ses propres méthodes et approches
sans autant rompre avec d´autres disciplines.
Mais avant de savoir Qu’est ce qu´on entend par l´expression ``Science politique´´, il
convient de s´interroger d´abord sur le sens des deux vocables composant cette expression
à savoir : ``Science´´ et ``Politique´´.
1 - SCIENCE : - ce terme vient du latin Scientia (connaissance) qui dérive lui-même du
verbe ``Scier´´ qui désignait à l´origine la faculté mentale propre à la connaissance. Il
s´agissait initialement d´une notion philosophique (la connaissance pure au sens du
``savoir´´), mais sous l´influence du christianisme il dévient ensuite une notion religieuse,
mais dés début du 15éme siècle la théologie a perdit progressivement son influence au
profit d´abord de la philosophie et ensuite de la science.
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En fait, la science est historiquement liée a la philosophie, les premiers philosophes
ont ainsi étaient amenés de faire de la science sans que les deux domaines du savoir ne
soient confondues. Il n´y avait pas donc de frontières entre la philosophie et la science et ce
jusqu´au 18éme siècle, mais dès le milieu du 19ème siècle on a assisté au ``Divorce´´ entre
ces deux formes du savoir en les considèrent comme étant des domaines distincts voire
complètement antagonistes.
Ce divorce fût même progressivement consacré et institutionnalisé par le système
universitaire en Europe dans le cadre des facultés, certes au départ les sciences ont du
lutter contre les croyances théologiques ou les explications métaphysiques pour s´affirmer
et s´imposer dans le système universitaire occidentale mais très vite leur prestige culturel a
graduellement augmenter grâce au courant positiviste qui s´était formé à partir et autour
de la pensée d´Auguste CONTE (1798-1857).
En effet, grâce à ce mouvement de pensée, lancé au 19éme siècle par Auguste
CONTE, appelé le POSITIVISME (prenant la croyance en la science et en sa fonction de
résolution des problèmes Humains) et aux évolutions scientifiques et techniques, la science
a connu un essor considérable. De nos jours, elle est souvent conçu comme : `` Un
ensemble organisé de connaissances objectives établies selon une démarche rationnelle
dans un domaine déterminé ´´.
D´après cette définition, les connaissances scientifiques sont donc des connaissances
``objectives´´ qui ont comme particularité d´avoir été produite a partir de méthodes
d´investigations rigoureuses du monde naturel ou du monde social. Elle se distingue
également des autres connaissances par certaine universalité.
Quant aux ``méthodes scientifiques´´ et aux ``valeurs scientifiques´´, elles sont à la
fois les produits et l´outil de production de ces connaissances, et se caractérisent par leur
but qui consiste à permettre de comprendre et d´expliquer le monde et ses phénomènes de
la manière la plus exacte possible c.à.d. de produire des connaissances objectives se
rapprochant le plus possible du vrai. Cependant, à la différence des dogmes, qui prétendent
également dire le vrai, la science est ouverte à la critique, et les connaissances scientifiques
ainsi que les méthodes qui leur sont applicables sont toujours ouvertes à la révision. Ces
connaissances sont à la base de nombreux développements techniques ayant de fort
impact sur la société.
Avec le temps, la science s´est encore développée et diversifiée sous forme de
disciplines particulières dont chacune porte sur un domaine particulier du savoir
scientifique. Il s´agit par exemple des mathématiques, de la chimie, de la physique, de la
biologie, de la mécanique, de l´optique, de la pharmacie, de l´astrologie, de l´archéologie,
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de l´économie, de la sociologie, du Droit, de la science politique….etc. évidement cette liste
n´est pas exhaustive et ces disciplines peuvent elles même être découpées en sous-
disciplines. Mais par soucis, de systématisation, en les a regroupe en trois catégories :
1- Les Sciences Exactes : comprenant les mathématiques et les sciences
``mathématisées´´ comme la physique théorique.
2- Les Sciences physico-chimiques et expérimentales : sciences de la nature et
de la matière, biologie, médecine…..etc.
3- Les sciences Humaines et Sociales : qui concernent l´Homme, son histoire,
son comportement, la langue, le sociale, la psychologie, le juridique, le
politique, l´économique….
Outre cette classification, on peut également distinguer des phénomènes accessibles
par l´observation et l´expérimentation des sciences logico-formelles comme la logique ou
les mathématiques qui portent sur des entités purement abstraites. Une autre manière de
catégoriser les sciences, consiste à distinguer les sciences fondamentales dans le but
premier est de produire des connaissances, des sciences appliquées qui visent avant tout à
appliquer ces connaissances à la résolution des problèmes concrètes. D´autre typologie
existe notamment la notion de science exacte ou de science dure, ces dernières catégories
bien que très courantes, sont beaucoup plus discutable que les autres.
Cela étant dit, les sciences humaines et sociales sont les disciplines scientifiques qui
ont pour objet d´étudier la société en ses aspects sociaux du comportement humains. C´est
pour cela qu´en les mets en contraste avec les sciences de la nature et souvent aussi avec
les sciences dites ``Exactes´´ en raison de leur statut épistémologique spécifique, cela
revient en quelque sorte à reconduire l´opposition qui existait à l´âge classique entre la
philosophie naturelle et la philosophie morale (qui incluait aussi la sociologie, la politique,
l´économie….)
En effet, appelé jusqu´a la fin du 15ème siècle ``les sciences morales´´, les sciences
humaines ont pour objet l´étude des phénomènes dont lesquelles se reflètent les activités
physiques et mentales de l´homme, selon ``la vocabulation technique et critique de la
philosophie´´ de André Lalande : ``cette expression met d´avantage l´accent sur les
caractéristiques extérieures observables de la manière dont se comportent les hommes soit
individuellement soit collectivement´´. Cependant, selon les définitions proposées par les
divers dictionnaires, les sciences humaines ont pour objet d´étudier tous ce qui concerne
les cultures humaines, leurs histoires, leurs réalisations, leur mode de vie et leur
comportement individuels et sociaux tandis que les sciences sociales auraient pour objet
l´étude des sociétés humaines ou les aspects sociaux du comportement humain.
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Si on laisse de côté les sciences humaines, les sciences sociales ont vu le jour au
19éme siècle, période au cours de laquelle leurs objectifs ont été définis et leurs méthodes
ont été élaborées. Leur naissance est donc commettante du processus de rationalisation
des sociétés modernes et l´extension des méthodes scientifiques à l´analyse des faits
humains psychologiques ou sociaux. Elles ont été introduites comme matière
d´enseignement et domaine de recherche dans les principales universités du monde au
cours du 19éme et du 20éme siècle accomplissant ainsi un développement rapide
notamment après la seconde guerre mondiale, c´est d´ailleurs dans ce contexte qu´elle nait
le science politique entant que discipline autonome ayant un objet propre.
Même si la réflexion sur la politique est très ancienne (avec Platon et Aristote) la
naissance de la science politique comme science sociale est très récente, elle est du a
l´enthousiasme pour les sciences sociales lequel a marquée le 19éme et le début du 20éme
siècle, et elle a était favorisée par le rapide développement des sciences naturelles et à
l´instar de ces dernières, le changement majeur qui a fait de la politique une science sont
l´observation des faites et leur analyse. Ainsi au lieu de s´en tenir par exemple à la
description des règles formelles et des méthodes des institutions politiques comme
l´élaboration d´un projet de loi jusqu´à son adoption par le parlement, la science politique
moderne analyse plutôt les mécanismes utilisées et le comportement humain.
Après avoir s´être intéressé au vocable ``science´´, il convient de préciser ce que peut
recouvrir l´emploi du terme ``politique´´.
2- POLITIQUE : D´après son étymologie, le concept ``politique´´ vient du grecque
``POLITIKOS´´, mot formé à partir de deux termes grecques : POLIS : qui signifie ``cite´´ (au
sens politique du terme) et IKOS : suffixe d´adjectif qui donne ``ique´´ en français. Cet
adjectif qualificatif signifiait initialement (qui concerne la cité ou le citoyen).
Etymologiquement, le concept ``politique´´ revoie donc a ce qui est relatif a
l´organisation du pouvoir dans la cité, a son exercice, la cite visée ici est celle de l´Antiquité
grecque aujourd´hui appelée ``cité - État´´ du fait de la similitude de son organisation avec
celle de nos Etats modernes (pouvoir centralisé, institutions, diplomatie…). Elle a
commencé à être employer dans son sens actuel au 13éme siècle après J.C. : elle signifiait
alors ``science du gouvernement des Etats´´. Au milieu du 14ème siècle, sa définition
s´élargie aux affaires publiques et au milieu du 15éme siècle la politique regroupe les
affaires de l´Etat.
Cependant, en dehors de ces sens classiques du mot ``POLITIQUE´´ c.à.d. les affaires
de la cité et par extension ce qui se rapporte immédiatement aux activités du
gouvernement, la notion du ``politique´´ se caractérise par sa fluidité sémantique (plusieurs
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significations) elle est utilisée pour distinguer des champs et des types d´activités
extrêmement variés. Ainsi, suivant le contexte et l´usage qu´on en fait elle peut avoir des
significations différentes. Il suffit par exemple de faire varier l´article précédent le mot
``politique´´ pour constater ces différences et ces glissements de sens qui reflètent la
polysémie de ce terme et son ambiguïté. Ainsi, ``une politique´´ ne désigne pas exactement
la même que ``la politique´´, et ``la politique´´ ne désigne pas le même objet que ``le
politique´´.
a. ``Le´´ politique : vise l´ensemble des affaires de l´Etat c.à.d. l´ensemble des
structures sociales, des concepts, des principes qui organisent la vie de la cité d´un
Etat c´est ce qui fonde un système de gouvernement. Le pouvoir politique, ou les
pouvoirs qui en découlent, ainsi que le mécanisme du processus décisionnel qui
permet de prendre des décisions engagent la collectivité, ce qui correspond
approximativement au terme ``POLITY´´ en anglais.
b. ``Une´´ politique : désigne ensuite l´action politique, la ligne d´action
caractéristique de l´existence du pouvoir politique qui fédère un ensemble de
décisions et d´opérations matérielles concernant soit l´ensemble de la vie
collective c.à.d. a caractère générale (``politique de Droite´´, ``politique de
gauche´´…etc.), soit des secteurs déterminés de celle-ci, c.à.d. a caractère sectoriel
(politique étrangère, politique économique, politique culturelle…etc.). c´est
l´aspect du politique que les anglais désignent par les mots ``POLITIE, POLITIES´´
c. ``La´´ politique : ``politics´´ désigne enfin la vie politique, l´arène, la scène, de nos
jours éminemment médiatisée où intervient la compétition et les conflits entre
individus et les formations politiques en vue de conquérir le pouvoir politique et
d´orienter ses décisions.
Si l´on consulte les différents dictionnaires de la langue française on découvre aussi
que le mot ``Politique´´ recouvre tous ce qui a trait au gouvernement d´une communauté
ou d´un Etat. Il est : (l´art et la manière de gouverner)-(l´organisation des pouvoirs)-
(l´ensembles des faits, des institutions et des décisions d´un gouvernement, d´un Etat ou
d´une société)-(la conduite des affaires politiques)-(les actions prévues ou mis en œuvre par
une institution, une organisation, un parti, un Etat, une entreprise, un individu….etc. en vue
d´atteindre un objectif préalablement fixé).
La politique concerne aussi tout les domaines de la société (relations extérieures,
organisation et sécurité intérieure, défense, finances publiques, économie, justice,
éducation, culture…etc.) ainsi que tous les niveaux de son champ d´action (internationale,
supranationale : union européenne, nationale, régionale, provinciale, municipale…).
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Cette brève présentation des différentes significations du terme``politique´´ confirme
bien son caractère polysémique et son ambiguïté, cela rejaillit inévitablement sur les
tentatives de définition de la science politique et n´aide guère les spécialistes à en délimiter
les contours et l´objet. Il provoque même des débats sémantiques sur sa dénomination :
faut-il alors parler de ``SCIENCES POLITIQUES´´, de ``SOCIOLOGIE POLITIQUE´´, de
``SCIENCE POLITIQUE´´ ou de ``SCIENCE DE LA POLITIQUE´´.
3) Qu´en est-il de l´association ``SCIENCE´´ et ``POLITIQUE´´ ou ``SCIENCE POLITIQUE´´ ?
Malgré l´affirmation de la science politique comme étant une discipline autonome
parmi les sciences sociales, l´association des vocables ``science´´ et ``politique´´ continue
encore aujourd´hui de poser plus de problèmes qu´elle ne résout. C´est ce que constate
JEAN LOUIS LOUBET DEL BAYLE en écrivant : (la situation intellectuelle et institutionnelle
de la science politique est encore source d´interrogation et les débats sur sa dénomination
en sont le reflet).
Ainsi, bien que l´expression ``science politique´´ soit retenue parmi les classifications
officielles et admise entant que telle dans les programmes universitaires, elle ne fait pas
l´unanimité. Certains politologues (spécialiste de la sc. Politique) lui préfère toujours
l´expression ``sociologie politique´´ ou encore ``sociologie du politique´´ tandis que de
nombreux sociologues contestent purement et simplement la validité d´une science
autonome de l´action politique.
Par ailleurs, il n´existe pas une théorie d´ensemble de la politique car à s´en tenir à
ces manifestations les plus immédiates, elle change constamment d´habit comme un
``objet´´ spécialement mouvant et instable, par conséquent, il n´y a pas vraiment unanimité
autour de ces objets d´étude et cette problématique centrale, ce qui sème la confusion
dans les esprits et prouvant des questionnements sur l´identité, l´autonomie et le caractère
scientifique de cette discipline.
Pour en terminer avec ces problèmes terminologiques ajoutant enfin que la dénomination
des spécialistes de la science politique pose aussi problème. Ainsi certains sacrifiant au franglais
parle de ``Political scientist´´, d´autres encore s´inspirant de la pratique des économistes
proposent le terme ``Politist´´, d´autres enfin préfèrent par analogie avec l´expression de
sociologue et en tenant compte d´une pratique, qui semble actuellement s´orienter dans ce sens,
retenir le substantif de ``Politologue´´.
Face à ce flou terminologique et à la diversité sémantique qui caractérise notre concept,
nous essayons ci-après d´identifier la Science politique d´abord a travers l´examen des processus
historique de son émergence autour que discipline scientifique et autonome et ensuite à travers se
définition par rapport au autres sciences sociales.
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CHAPITRE I : L´IDENTIFICATION DE LA SCIENCE POLITIQUE ENTANT QUE DISCIPLINE SCIENTIFIQUE
AUTONOME.
La science Politique est comme on le sait, la dernière venue des sciences
sociales, avant son affirmation et sa reconnaissance institutionnelle entant que
discipline autonome, ce que nous appelons actuellement ``Science Politique´´
relevait plutôt de la philosophie politique, de la sociologie générale ou du Droit
Public. L´objet ``Politique´´ se trouvait ainsi écartelé entre trois disciplines
différentes qui l´ont interprétés chacune à sa manière. Par conséquent, pour
s´affirmer et recouvrir son autonomie entant que discipline distincte et
spécialisée, la science politique à dû s´en détacher progressivement et se frayer
son propre chemin pour constituer une véritable discipline scientifique.
Cependant, malgré sa reconnaissance institutionnelle et sa classification
épistémologique parmi les sciences sociales, la Science Politique se voit
aujourd´hui désignée comme on l’a déjà signalé par les expressions différentes
selon les références consultées : Science politique, Sociologie Politique, Sciences
Politiques, Sciences du Politique…etc. Ces variations de la terminologie
employées ne sont pas fortuites, elles traduisent en fait l´incertitude qui
caractérise encore l´identité et le statut épistémologique de la Science Politique
en tant que discipline autonome, une telle incertitude pourrait s´expliquer par
deux facteurs: d´une part l´émergence tardive de la Science Politique comme
discipline autonome parmi les sciences sociales malgré l´ancienneté de l´étude
des phénomènes politiques, d´autre part la convoitise de cette nouvelle
discipline par divers prétendants : Philosophes, Sociologues, Historiens…etc.
Ainsi, pour pouvoir identifier la Science Politique entant que discipline
spécialisée et autonome, il convient d´une part de retracer le processus
historique de son émergence entant que discipline scientifique et autonome, et
d´autre part de la distinguer des autres sciences sociales à travers d´abord sa
nature qui se veut scientifique et ensuite à travers son objet et son territoire.
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SECTION I : LE PROCESSUS HISTORIQUE DE L’ÉMERGENCE DE LA SCIENCE POLITIQUE ENTANT QUE DISCIPLINE SCIENTIFIQUE AUTONOME.
L´étude des phénomènes politiques fut la première parmi les études sociales, à
retenir l´attention des penseurs. En effet, dés l´antiquité, les grandes philosophes comme
``Platon´´ et ``Aristote´´ se sont intéressés à la question politique ou ``Gouvernement des
sociétés´´, mais il ne s´agissait que d´un discours général sur le type de gouvernement idéal
susceptible de réaliser les exigences de la raison permettant au plus grand nombre
d´atteindre le bonheur.
Mais d´un point de vue historique, la science politique contemporaine puise dans
deux sources disciplinaires plus anciennes :
1- La Philosophie Politique : réflexion fondamentale sur l´ordre et le désordre du
monde qu´on peut faire remonter aux sociétés antiques où il n´y avait pas
vraiment de distinction entre les phénomènes politiques, économiques et sociaux
comme c´est le cas aujourd´hui.
2- Droit Public : sous forme de savoir pratique utile au gouvernement des
principautés puis des États, et d´ensemble de connaissances à destination des
gouvernements portant des appellations diverses : Sciences de gouvernement,
diplomatique, Sciences Administratives puis Administrations publiques.
Evidement, chacune de ces deux sources disciplinaires a marqué de son empreinte
spécifique la survenance de la science politique, cependant c´est le développement des
sciences sociales à la fin du 19ème siècle qui bouleversa l´ordre traditionnel des choses dans
des directions qui varient selon les situations et les histoires nationales. D´ailleurs, jusqu´à
nos jours la science politique se trouve à la conjonction de la philosophie politique, du Droit
Public et de la Sociologie, auxquelles elle est intimement liée par son histoire.
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PARTIE I : LES ORIGINES DISCIPLINAIRES
DE LA SCIENCE POLITIQUE.
Malgré l´intérêt précoce pour le politique, la science politique dans sa forme
contemporaine demeure une science émergente car son développement ne c´est
véritablement amorcé qu´à partir de la fin du 19ème siècle par l´apport des différentes
sciences sociales (notamment historique et juridique) et l´utilisation en la matière des outils
de la méthode scientifique permettant finalement une séparation très nette entre l´analyse
normative et l´analyse positive. Evidement tout cela n´a était possible qu´à la suite de la
rencontre entre trois faits majeurs et du reste interdépendant qui sont : le triomphe du
model de la science positive, le développement de la démocratie moderne et la croissance
de l´Etat.
Mais si la science politique est une science émergente, son émergence entant que
discipline scientifique ne s´est produite qu´au 20è siècle au terme d´une justation à
l´intérieur de plusieurs disciplines plus traditionnelles et de natures différentes dont elle
restera longtemps dépendante, il s´agit notamment de la Philosophie Politique, du Droit
Public et de la Sociologie.
-A- La Science Politique et la Philosophie Politique :
La philosophie politique est une branche de philosophie qui a pour objet l´analyse des
pouvoirs politiques et de ses institutions (l´Etat) et plus globalement celle des idées
politiques comme la place et l´ordre des valeurs, la signification de certains termes tels `` le
Droit´´, ``la Justice´´, ``la Paix´´, ``la Liberté´´ et ``le bien commun´´. Souvent dans un
contexte historique déterminé historiquement, elle a pris naissance chez les Grecs qui
cherchaient à imaginer le régime idéale (philosophie signifiant ``amour de la sagesse´´ et
politique faisant référence à l´organisation politique de la cité) elle s´est développée
notamment avec ``Platon´´ et ``Aristote´´, ses derniers sont d´ailleurs considérés comme les
premiers philosophes à avoir réfléchies sur des questions de caractère politique qui est
l´objet de la science politique.
Platon fait appelle à la philosophie pour savoir ce qu´il convient de faire ou ce qu´il
doit être en politique, il expose dans (la République) et (les lois) le plan d´une république
idéale fondé sur la justice et développe une pensée qui fait le bonheur des hommes qui est
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le but ultime de la politique. Son œuvre sert de référence à toutes les utopies qui au cours
de l´histoire tentent de formuler une société idéale et parfaite.
Quant à Aristote, il a tenté d´analyser dans la politique l´origine, la finalité et le
fonctionnement de l´Etat, mais aussi à étudier le fonctionnement des régimes politiques de
son époque après les avoir comparés et différenciés, il espérait de gagner le meilleur
régime politique possible : l´Etat idéale, mais en introduisant la méthode d´observation
dans la spéculation politique en les dégagent définitivement de la tradition et de la religion,
et en les distinguant dans une certaines mesures de la morale : il a en quelque sorte inventé
la Science Politique.
De même au moyen âge, un intense débat s´est engagé entre les docteurs de l´Église
sur des questions théologico-politiques notamment avec THOMAS D´ARQUIN (théologien
et philosophe du 13ème siècle), pour lui le pouvoir civil vient de Dieu mais par l´intermédiaire
du peuple en qui Dieu l´a mis et qui le communique au chef de l´Etat. Cependant, en cas de
conflits, il place la théologie au dessus de la politique, ainsi, tout en admettant la
suprématie du pouvoir ecclésiastique (de l´Église) celui-ci admettait la suprématie du
politique par rapport au religieux. Son influence fut immense et il eut de nombreuses
disciplines. Au 14ème siècle, le pouvoir civile avec notamment PHILLIPE LE BEL revendique
son Independence en se réclament lui aussi du Droit divin.
Mais il fallait attendre les temps modernes qui commencèrent à partir du 16è siècle
avec ``la Renaissance´´ et ``la Reforme´´ pour assister à l´émergence d´une Science Politique
``empirique´´, ainsi, dans ``LE PRINCE´´ (1512 - MACHIAVEL 1469-1527) envisage la Politique
en soit en décrivant les procédés de gouvernement sans se préoccuper ni de la religion ni
de la morale. Il ne considère la vertu et la religion que comme moyens de gouvernement, il
libère ainsi la politique à la fois de la Religion, de la morale et de l´utopie et par conséquent
l´Etat du pouvoir de l´Église, son mérite est donc d´avoir envisager la politique d´une
manière empirique et non plus d´une manière métaphysique, c´est pour cela d´ailleurs qu´il
a été considéré comme étant le premier théoricien politique des temps modernes.
Au cours du 16ème siècle, en s´éloignant d´avantage encore de la métaphysique et des
principes théologiques admis jusqu´à lors, la pensée politique a connu une évolution
remarquable. L´intensification des troubles politiques et religieux qui ont marqués la
deuxième moitié de ce siècle, a engendré sur le plan théorique d´audacieux débats sur le
Droit naturel, les prérogatives du peuple, les limites du pouvoir du prince, la propriété,
l´esclavage, la liberté politique, la liberté de conscience. Les doctrines démocratiques
émargent et les Droits naturels de l´être humain sont revendiqués.
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Certes, au 17ème siècle, l´influence religieuse est encore sensible chez les théoriciens
catholiques et protestants en matière de spéculation politique, pourtant, ils tendent de plus
en plus à chercher même dans les Droits de l´individu la source des pouvoirs politiques et
ne font intervenir le Droit divin que d´une manière assez indirecte, GROTIUS et PUFEDORF
érigent même le Droit naturel en Science indépendante. Finalement, la Science Politique
apparait de plus en plus pour de nombreux penseurs comme un savoir indépendant de
toute autre considération sauf celle de la raison et du libre examen philosophiques et
historiques.
Ainsi, grâce à l´introduction en matière politique de cette nouvelle méthode d´étude
(qui consiste à ne prendre comme guide que la raison et le libre examen) et en prenant en
considération le Droit naturel, les philosophes des lumières ont développés des théories
politiques (17ème et 18ème siècles) telles celles du contrat sociale (THOMAS HOBBES - JOHN
LOCK - J.J ROUSSOU- EMANUEL KANT) ou celle de la séparation des pouvoirs (MONTESQIEU
1689-1755 dans `` de l´esprit des lois´´ publié en 1748). TOCQUEVILLE, BURKE-MILL et
HEGEL entre autres ont également rédiger des essais de philosophie politique comportant
des réflexions sur l´ordre sociale et des interrogations sur les conditions de l´existence du
meilleures régime politique ou de gouvernement, certes, ces réflexions sont méthodiques
mais il s´agit essentiellement de réflexions d´ordre éthique qui ne répondent aucunement à
la définition actuelle d´une théorie scientifique. CARL MARX, initialement disciple de HEGEL
décrie alors les philosophes parce qu´ils interprètent à son avis le monde sans chercher à le
changer et propose ce qu´il considère : une approche scientifique du monde.
Ce débat philosophique certes très dense et riche tourne cependant en un débat
idéologique qui tend à refléter les principaux affrontements politiques et participe ainsi à la
bataille générale des idées (conservatisme, libéralisme, socialisme, communisme…) en dit
souvent qu´à la fin du 19ème siècle l´idéologie a remplacé la philosophie politique.
En tout cas, l´hégémonie longtemps exercé en France par les ``idées politiques´´ au
détriment des études de caractère scientifique, explique l´effort fournie par de nombreux
politologues contemporains en vue de dissocier la science politique de la philosophie
politique, ils dégagent à cet égard quelques critères de distinction :
� La philosophie politique serait de nature spéculative : elle conduirait des
interrogations purement abstraites et détachées du réel, la science politique
serait de nature expérimentale : elle soumettrait ses propositions au crible de
l´expérience empirique.
� La philosophie politique serait de nature prescriptive : elle chercherait à
légitimer une forme de gouvernement ou à promettre un avenir meilleur, la
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science politique serait purement interprétative : elle se contenterait de
décrire et d´expliquer les faits. La première dirait (ce qui doit être) la seconde
dirait seulement (ce qui ai).
Evidement cette distinction doit être relativisée, si il est vrai que le philosophe n´a
pas en principe le souci de la vérification expérimentale de ses énoncées, il demeure que la
philosophie politique contribue en même titre que la science politique à l´élaboration des
hypothèses et à la formulation des problèmes.
Se confondant pendent longtemps avec la philosophie politique, la science politique
s´est également nourrit des apports du Droit public et ceux de la sociologie alors qu´elle-
même en voie d´élaboration avant d´en se détacher et d´affirmer son autonomie, mais au
dépit de cette autonomie, elle entretient un dialogue permanent et fécond avec ses
devantières (à savoir la sociologie et le Droit public).
-B- La Science Politique et Le Droit public :
Si la philosophie politique a pris naissance chez les Grecques, les notions du Droit
nous proviennent des Romains, se sont également ces derniers qui ont été les premiers à
faire la distinction entre le Droit public et le Droit privé, si ce dernier est perçue comme un
ensemble de règles qui régissent les rapports sociaux entre les particuliers (personnes
physiques et morales) le Droit public sera celui qui régie un autre type de relations sociales :
celles qui s´établissent entre les personnes qui déterminent l´autorité ``les Gouvernants´´ et
celles qui leur obéissent ``les Gouvernés´´. De la sorte, il s´applique à tous les rapports
politiques, administratifs ou financiers qui existent entre l´Etat (ou les collectivités
publiques) et les citoyens.
Historiquement, c´est à JEAN BODIN (1529-1596) que l´on attribue l´introduction du
Droit dans la science politique en rejetant l´approche utopiste de certains penseurs
antérieurs en particulier THOMAS MORE et en faisant du concept de souveraineté, le
fondement et la condition de l´existence de l´Etat, dans son ouvrage ``les six livres de la
république´´ publié en 1576, il a étudié la nature de la république (l´Etat) et considère l´Etat
souverain comme étant plus fort que les lois civiles et est uniquement soumis aux lois
naturelles et divines. Il y établie une certaines typologie de régimes politiques en
distinguant notamment trois formes de l´exercice de la souveraineté : l´Etat populaire,
l´Etat aristocratique et l´Etat monarchique. Il y dégage également les principes
institutionnels qui les gouvernent ainsi que leurs avantages et leurs inconvénients.
Depuis lors, d´audacieuses réflexions ont été exposées touchant différentes
questions politiques :
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∗ Quelles sont les prérogatives du peuple ?
∗ Quel est l´étendu du pouvoir des princes ?
∗ A qui revient la souveraineté ?
∗ Quelles sont les modalités de son exercice ?
∗ Quel est le dispositif de souveraineté le plus souhaitable (c.à.d. le meilleur régime
politique possible) ? Etc.
Les réponses à ces questions ont été trop variées, mais elles se fondaient
généralement sur les doctrines du Droit Naturels. Parmi ces réponses, il y´a eu la
conception rousseauiste du contrat social qui a exercé une grande influence sur d´autres
penseurs et sur les meneurs de la révolution française de 1789. Mais si ROUSSEAU à travers
ce contrat cherche à établir un fondement à l´autorité publique et transfère au peuple la
souveraineté absolue que l´on n´accordait jadis qu´à la personne royale. La révolution a
engendré un nouveau principe, celui de la ``Souveraineté Nationale´´. Il s´agit d´une
nouvelle forme d´exercice de la souveraineté populaire.
Selon CAREE DE MALBERG, c´est ce principe de la souveraineté nationale qui se
trouve à l´origine de l´Etat moderne. Ainsi à la différence des auteurs qui ne voient dans ce
principe qu´un nouvel habillage de l´absolutisme, un simple transfert du pouvoir du
monarque à la nation dans la forme inchangée d´une puissance souveraine. CAREE DE
MALBERG pense que la nature même du pouvoir s´en trouvait affectée. Ce n´est pas un
pouvoir de la même aisance que le pouvoir monarchique qui se trouve transféré du corps
de la nation, mais le transfert de ce pouvoir opère une transformation de la nature même
du pouvoir souverain.
En effet, tandis que le monarque titulaire du pouvoir souverain et aussi le détenteur
de son exercice, la nation doit être anonyme et abstraite et titulaire d´un pouvoir qu´elle ne
peut pas exercer elle-même mais elle doit en conséquent déléguer l´exercice à un
représentant. Selon CAREE DE MALBERG : ``l´œuvre capitale de la constituante a consisté à
séparer l´Etat de la personne royale, et par cela la constituante fait intervenir la nation au
roi comme le véritable élément constitutif de l´Etat et par suite comme seule légitime
propriétaire de la puissance souveraine´´.
Cependant, il faut ajouter immédiatement que selon ce juriste ``la nation a été
envisager par la constituante comme un ensemble indécomposable, comme un tout non
morcelable et par conséquent aussi comme une unité globale supérieure à ses membres
individuels´´. C´est pourquoi le pouvoir, dont est maintenant titulaire la nation, se trouve
immédiatement subordonné à la constitution qui organise l´Etat et donne compétence aux
organes pour formuler la volonté nationale. Ainsi, il n´y a pas seulement transfert, mais
transformation de la souveraineté.
SCIENCE POLITIQUE
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Cette transformation a pour l´auteur une double signification :
Premièrement : elle marque la naissance du Droit public moderne c.à.d. la naissance d´un
Droit public institutionnalisé qui ne trouve plus son fondement dans la volonté
psychologique d´un souverain physique mais dans le volonté juridique de l´Etat personne
morale, incarnation de la volonté générale, la notion même de volonté souveraine se
trouve ainsi transformée. Cette transformation caractérise la naissance de l´Etat moderne,
avant la révolution, l´Etat se confondait dans la personne du monarque, avec la révolution
le monarque disparait et laisse place à l´Etat nation souveraine, à l´Etat comme
personnification de la nation et la nation comme substrat de l´État.
Deuxièmement : elle témoigne d´un progrès morale qui s´accomplie dans l´histoire de Droit
moderne réalisant une limitation du pouvoir lequel se trouve être toujours un pouvoir
juridique.
Par contre de cette idée, pour connaitre le phénomène politique spécialement dans
sa forme étatique en exigeait l´étude de Droit public et notamment ces deux branches
majeurs : le Droit Constitutionnel et le Droit Administratif.
Certes, on avait créé en France l´école libre des sciences politiques à Paris en 1871,
mais on y enseignait diverses disciplines telles : l´histoire politique, la diplomatie, la
géographie humaine, le Droit constitutionnel…. Cependant, il faut dire qu´à l´époque
l´accent était plutôt mise sur le renforcement de la formation de l´élite française en savoir
pratique dont il avait besoin. La faculté de Droit de Paris imita bientôt l´expérience de cette
école privée qu´il a concurrençait dans la formation de tout fonctionnaire de France.
En France, comme dans d´autres pays européens et francophones, la science
politique n´était donc rattachée à aucun cadre institutionnel, se sont donc les facultés de
Droit qui ont développé les études politiques dans une perspective de formation
professionnelle en complément du Droit. En revanche, aux Etats unis et dans d´autres pays
anglo-saxon, les études politiques s´émancipèrent dès la fin du 19ème siècle de la
philosophie et de l´histoire qui les nourrissaient jusqu´à lors pour les rapprocher de la
sociologie qui leur fourni un modèle pour la constitution d´une science sociale du politique
qu’on appelle (la science politique).
Certes, en France avec le développement des sciences sociales à la fin du 19ème siècle
et notamment celui de la sociologie, l´influence de cette dernière s´est également étendue
au phénomène juridique grâce à l´effort de certains grands publicistes qui s´étaient frottés
à la sociologie tels LEO DUGUIT et MORRIS HAURIO.
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Cependant, malgré cette influence durant l´entre-de guerre, la science politique
connaissait une certaine stagnation en Europe notamment en raison de la présence de
régimes autoritaires. En lendemain de la seconde guerre mondiale, la situation changea
radicalement, et l’engouement pour cette jeune discipline s’accéléra sous l’effet des études
et méthodes d’analyse dégagées aux États-Unis. Morris De VERGER (juriste français) joua à
cet égard un rôle pionnier (را��) en application de ces méthodes dans son ouvrage ‘’les
Partis Politiques’’ (1951), simultanément, la conception de l’enseignement du droit
constitutionnel changea, car en plus de la description des mécanismes institutionnels, cet
enseignement comportera désormais l´étude des partis politiques et des groupes de
pression (d´où l´appellation ``Droit constitutionnel´´ et ``institution politique´´).
Toutefois, tout en acceptant l’existence de la science politique en tant que discipline
autonome, les publicistes français considéraient cette jeune comme une annexe du droit
public, ainsi dans son ‘’traité de science politique’’ paru en 1949, George Burdeau par
exemple ne voyait en elle qu’une ‘’méthode’’ pour une fructueuse étude du droit
constitutionnel, un angle de vision élargie où s’inscrivent les problèmes traditionnels du
droit public.
Malgré la contestation de cette attitude par certains sociologues et politologues, et
l’existence d’instituts des études politiques, c’est finalement dans les facultés de droits que
la science politique allait trouver sa consécration, notamment avec l’institutionnalisation en
France de la recherche en ce domaine, au cours des années 1950 et 1960.
• D’abord par l’introduction de cette matière dans les programmes universitaires
séparément du droit constitutionnel (sociologie politique, méthodes des sciences
sociales, grand problème politique contemporain, histoire des idées politiques,
histoire des relations internationales) ;
• Ensuite, par la création dans les mêmes facultés d’un ‘’doctorat en science
politique’’ doctorat d’État de même niveau que doctorat de droit et doctorat en
sciences économiques, ouverts non seulement aux licenciés en droit mais aussi
aux diplômés des instituts d’études politiques.
Quoique l’on soit, c’est finalement cette constitutionnalisation qui contribuera à
donner à la discipline un développement considérable (cours, manuels, mémoires de
recherche, thèses de doctorat …etc.) et une considération académique.
-C- La Science Politique et la Sociologie :
Le vocable ``Sociologie´´ a été conçu par AUGUSTE CONTE en 1830 (dans son cours
de philosophie positive) à partir du préfixe ``socio´´ du mot latin ``socius´´ qui désigne le
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compagnon, l´associé, l´allié. Le suffixe ``logie´´ vient du terme grecque ``logos´´ qui signifie
le discours, la parole, et la Raison pour designer la science de la société, l´étude scientifique
des phénomènes sociaux.
La Sociologie, comme on vient de le voir est donc une discipline très moderne, à ses
débuts, elle ne se préoccupait guère des phénomènes politiques. Cherchant à se définir,
elle hésitait entre une conception totalisante des phénomènes sociaux et l´éparpillement
en disciplines techniques limitées à l´étude de groupes particuliers ou restreints : sociologie
de la famille, de la religion, du monde rural … Mais à partir du 19ème siècle et du début du
20ème siècle, la sociologie s´emparera à son tour de la science politique notamment avec
MAX WEBER.
En effet, dans ses œuvres, MAX WEBER a mis l´Etat et sa bureaucratie, l´intervention
étatique et sa rationalité, le pouvoir et les mécanismes de sa légitimation, bref les
mécanismes de contrôle de masse au centre de l´analyse politique de premier plan. Il est
ainsi devenu au fil du temps la référence incontournable de la plupart des courants qui
traversent la science politique contemporaine.
Toutefois, la circonscription du champ de cette discipline n´évacue pas pour autant
les grands débats sur les contours et l´objet même de la science politique :
∗ En quoi les phénomènes dits politiques se distinguent-ils des autres phénomènes sociaux ?
∗ Quels sont les types de phénomènes que l´on désigne par la notion de politique ?
∗ Constituent-ils des phénomènes politiques en soit ?
∗ Si non comment le deviennent-ils ?
Certes, les réponses à ces questions ainsi que leur analyse peuvent varier d´un auteur
à un autre, voire d’un pays à un autre et d´une époque à une autre, mais quelques soient
les réponses pour que l´analyse des phénomènes politiques soit cohérente et
compréhensive, elle doit être sociologique. Or, l´étude du fait social révèle de la sociologie,
dans ce contexte, certains auteurs ont dû recourir au terme ``Sociologie Politique´´ pour
désigner l´étude des phénomènes politiques (objet de la Science Politique), le but
recherché par ces auteurs est de rappeler que les phénomènes politiques sont d´abord des
phénomènes sociaux et par conséquent, l´étude scientifique des phénomènes politiques
constitue une des branches de la sociologie. Dès lors, pour pouvoir affirmer son identité et
son autonomie par rapport au Droit public, la science politique doit mettre en œuvre les
principes de la méthode sociologique et profiter du progrès de l´ensemble des recherches
sociologiques, de nombreux auteurs contemporains se rangent à cet avis et considèrent les
termes de science politique et de sociologie politique comme synonyme.
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Les tenants de l´expression ``Sociologie Politique´´ entendent par là souligner trois
idées essentielles que :
• Les institutions et les règles juridiques font partie de la réalité politique, mais la
réalité politique ne se réduit pas à ces seuls aspects juridiques et
institutionnels.
• Les phénomènes politiques ne sont pas des phénomènes sociaux isolés, mais
des phénomènes sociaux en situation d´interaction avec les autres catégories
de phénomènes sociaux. Pourtant l´étude de ces interactions ne saurait être
négligée si l´on veut bien appréhender la nature et les caractéristiques des
phénomènes politiques.
• Du fait que les phénomènes politiques sont des phénomènes sociaux, ils
doivent être étudiés en mettant en œuvre les mêmes techniques et méthodes
que celles utilisées pour l´étude des autres catégories de phénomènes sociaux.
Bien entendu, ces arguments soulèvent des problèmes forts importants et paressent
totalement fondés. Néanmoins, la conclusion terminologique qui en est tirée par
l´expression ``sociologie Politique´´ n´est pas vraiment convaincante, il en découle que
l´emploi du concept ``Science Politique´´ pour designer l´étude des phénomènes politiques
parait plus judicieux et approprié. En outre, ce vocable permet lui aussi d´affirmer la
spécificité de la Science Politique par rapport au Droit et en même temps de rappeler
l´importance de l´approche sociologique dans l’étude des phénomènes politiques sans pour
autant dissoudre l´identité de la science politique dans la sociologie.
S´il est donc incontestable que les phénomènes politiques sont des phénomènes
sociaux en situation d´interaction avec les autres catégories de phénomènes sociaux, il n’en
reste pas moins qu´ils conservent une spécificité qui permet de fonder l´autonomie des
recherches qui les concerne nt. A ce titre, il parait justifié de parler de science politique et
non de sociologie politique, de la même façon que l’on parle de sciences économiques et
non de sociologie économique, de démographie et non de sociologie démographique,
d´ethnologie et non de sociologie ethnographique. Ainsi, tout en considérant que la science
politique constitue une branche spécialisée de la sociologie, il semble légitime de conserver
l´emploi du terme Science Politique.
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PARTIE II :
LES CONDITIONS D´APPARITION
DE LA SCIENCE POLITIQUE
Si les questions sociales ont attirés l´attention des penseurs depuis l´antiquité, les
sciences sociales n´auraient émergées qu´au cours du 19ème siècle, et n´auraient connu leur
véritable essor que durant le siècle suivant, mais jusqu´à l´aube du 20ème siècle, ces sciences
étaient encore peu différenciées entre elles. Ainsi comme on la déjà vu, la science politique
par exemple ne s´est affirmée entant que discipline autonome qu´après la seconde guerre
mondiale, et cela grâce á son institutionnalisation et à l´existence d´une véritable
communauté scientifique fédérée autour d´un même objet de recherche. Mais en fait,
l´émergence de la science politique moderne ainsi que celle des autres sciences sociales
s´expliquerait par l´existence d´autres facteurs et notamment certaines conditions
objectives, il convient alors avant d´examiner les conditions propres d´apparition des
sciences politiques de présenter d’abord les conditions d’apparition des sciences sociales au
19ème siècle dont cette dernière fait partie.
-A- Les conditions d´apparition des Sciences Sociales au 19ème
siècle :
Dans les sociétés traditionnelles, on pensait que l´ordre social était déterminé par des
forces naturelles et métaphysiques, mais après la fin du moyen âge européen, trois
ruptures vont bouleverser l´ordre social en place : (1) la science qui s´impose comme mode
de pensée (philosophes des lumières) sous la forme d’une révolution intellectuelle
consacrant le triomphe de la raison sur celui de la foi et de la croyance. (2) La révolution
française qui créait une rupture politique avec l´ancien régime et assurant le triomphe de la
bourgeoisie sur la noblesse et le clergé, et enfin (3) la révolution industrielle qui engendre
une rupture économique avec les modes de production traditionnelle essentiellement
agricoles et artisanales.
Par ailleurs, avec la fin des grandes explorations, on cherchait d´avantage à
comprendre le monde dans lequel on vivait et comment il fonctionnait ; évidemment
SCIENCE POLITIQUE
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rendant nécessaire la réorganisation d´une société disloquée, ces phénomènes eurent tous
des conséquences au cours du 19ème siècle sur l´émergence de plusieurs disciplines
scientifiques notamment celles qualifiées de ‘’sciences sociales’’.
Les sciences sociales, sont ainsi apparues au cours du 19ème siècle en concomitance
avec le processus de rationalisation des sociétés modernes et de l´extension des méthodes
scientifiques à l´analyse des faits humains psychologiques ou sociaux, c´était l´époque où le
model prédominant de tout projet scientifique était celui développé par les sciences
naturelles, ce fut aussi l´ère du positivisme (mouvement de pensée lancé par AUGUSTE
CONTE et très largement partagé au 19ème siècle par HIGLE SPENGLER, c´est la philosophie
de CARL MARX et ENGERS qui eu une influence décisive sur le développement des sciences
humaines et sociales, bien que la genèse (l´origine) de certaines d’entre elles dont
l´économie a précédé la formation théorique du marxisme.
Les sciences sociales comme un ensemble de disciplines scientifiques étudiant les
faits sociaux et les lois qui régissent les sociétés sont donc le résultat d´un contexte
historique particulier caractérisé par les changements politiques, économiques et sociaux
profonds engendrés par la révolution industrielle et l´industrialisation pour reprendre
l´analyse de PIERRE FABRE, cette émergence s´expliquerait par la conjonction de quatre
facteurs:
� La modification de la perception des sociétés introduite par la révolution industrielle :
urbanisation, exode rurale, émergence de nouvelles classes sociales, développement
des moyens de communication et de transports, mutations du système économique
et apparition de la ``Question sociale´´.
� L´éruption de l´individualisme (promotion de l´individu en tant que producteur et
objet de la recherche scientifique, différenciation accrue des rôles exercés par
l´individu qu´il soit consommateur, électeur, candidat au suicide…), et
l´autonomisation d´un espace public distinct de la sphère privée (mais par réaction à
l´essor de l´individualisme il y a eu aussi à la montée du nationalisme).
� La valorisation de la science et le développement de la méthode expérimentale à
l´étude des phénomènes humains (positivisme d’AUGUST CONTE) le scientisme
supplanta (remplaça) alors les formes des pensées d´inspiration religieuses et
métaphysique ce qui constitua un changement philosophique et intellectuel de taille
(on est également passé d´une époque où les hommes de science devaient connaître
toutes les sciences à celles où les chercheurs devaient se spécialiser dans des
domaines particuliers).
� La croissance spectaculaire du secteur de l´éducation et l´apparition de l’université
moderne (augmentation du niveau scolaire de la population, publication de livres,
SCIENCE POLITIQUE
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journaux, revues, mise en place des véritables éditions universitaires et de revues…)
c´est dans ce contexte historique qu´est apparue la science politique parmi les autres
sciences sociales.
-B- Les conditions propres d´apparition de la Science Politique :
Comme on vient de le signaler, la science politique en tant que discipline scientifique
autonome est née dans le même contexte que les autres sciences sociales, mais au-delà des
conditions nécessaires à l´apparition des sciences sociales évoquées précédemment, la
science politique doit son émergence suivant l´analyse de PIERRE FABRE à l´existence de
trois conditions qui lui sont propres, lesquelles étaient pour l´essentiel réunies à partir de la
seconde moitié du 19ème siècle :
1. La première Condition est l´autonomisation du politique qui se trouve attesté par les
quatre facteurs suivants :
� La séparation de l´économique et du politique vers 1776 (confirmée par la
publication de l´enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations
d´ADAM SMITH) ;
� La séparation de la morale et du politique qui débute sans doute au cours du
13ème siècle avec l´amorce de la laïcisation politique par le biais du droit et plus
particulièrement grâce à MACHIAVEL (dans ``le prince´´ 1513) et HIEGLE (dans
``le principe de la philosophie du Droit´´ 1821) dans lequel il fait distinction
entre État et société civile ;
� La fragmentation du politique avec la constitution en son sein de catégories
autonomes comme les domaines administratifs, diplomatiques … etc. et le
développement du concept de science politique c’est à dire la perception de la
politique non seulement comme un art (bien gouverner en assurant l´ordre et
le bien public) mais aussi comme une science ;
� La diffusion croissante des doctrines politiques grâce en particulier aux progrès
dans le domaine de l´édition et de la presse, ainsi qu´à la structuration des
partis politiques, ce qui conduit d´une certaine façon à rendre plus opérant
(plus stimulant pour les chercheurs) la séparation entre jugement politique et
proposition scientifique.
2. La deuxième Condition est l´apparition d´une administration moderne et la
croissance du personnel administratif de l´État, qui provoque simultanément le
développement des Droits administratifs et la science administrative, compte tenu
notamment de l´apparition d´écoles d´administration et de champs d´études
SCIENCE POLITIQUE
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spécifiques formant à la fonction administrative (Droit administratif, finances
publiques, histoires des institutions politiques et des théories politiques, économie
politique, géographie politique, statistiques, sociologie…).
3. La troisième Condition c´est la laïcisation et la démocratisation de la politique
caractérisée par l´avènement de l´État libéral (avec la mise en place du suffrage
censitaire puis universel en 1848 et le progrès des libertés publiques) qui favorise
l´élargissement de la participation politique, le libre examen et la discussion
politique. Dès lors, l´étude des phénomènes politiques tend à devenir un objet de
recherche ``ordinaire´´ pour l´observateur et l´analyste.
D´un point de vue plus conjoncturel, c´est la défaite de SEDAN en 1870 qui provoqua
un profond traumatisme en France, en faisant apparaitre la supériorité de la science
allemande et l´existence des lacunes dans la formation des élites françaises, c´est ce qui va
pousser EMILE BOUTNY en créant en 1872 l´école libre des sciences politiques où il initie un
programme qui tient à l´affirmation du politique comme un lieu d’un savoir positif.
Évidement, à ce moment là l´objectif n´est pas de créer une science nouvelle, mais plutôt
de répondre à des besoins à la fois sociaux et politiques en préparant la future élite politico-
administrative de la France au gouvernement de la démocratie en réunissant dans un
même établissement différents savoirs, qui vont des disciplines classiques du
‘’caméralisme’’ jusqu´à l´étude des sociétés modernes en passant par celle des régimes
politiques étrangers dont l´expérience pourrait être utile à la France nouvelle, celle
survenue après la chute de l´empire (napoléonien).
A partir de cette réalité institutionnelle des sciences politiques, de nouvelles
disciplines vont naître et se développer qui aboutiront peu à peu à l´affirmation de quelque
chose comme une science politique qui se situe à l´intersection entre le savoir des juristes
de Droit public et des analyses de type sociologique directement lié au développement de
la démocratie qui a suivie la généralisation du suffrage universel (Droit de vote généralisé).
Les sciences politiques sont alors des sciences éclatées plutôt des sciences d´État que des
sciences politiques, il fallait donc attendre l´après seconde guerre mondiale pour assister à
l´affirmation de l´identité de la science politique parmi les sciences sociales.
SCIENCE POLITIQUE
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SECTION II :
L’AFFIRMATION DE L’IDENTITÉ DE LA SCIENCE POLITIQUE
PARMI LES SCIENCES SOCIALES :
Actuellement, tout le monde admet que la science politique est une science sociale au même titre
que les autres sciences sociales (Sociologie, psychologie, histoire, géographie humaine, démographie,
ethnographie, anthropologie, linguistique, sciences économiques …)
Mais, comme il s´agit de la ``dernière venue´´ de ces disciplines, l´histoire de son émergence fut
marquée par un combat sur deux fronts indissolublement liés : d´une part sur un plan intellectuel, elle
devait conquérir une scientificité par la tentative de définition d´un objet commun et par l´appropriation
des acquis méthodologiques des sciences sociales, d´autre part sur le plan institutionnel, elle devait
affirmer par la constitution d´une communauté scientifique son identité et son autonomie vis-à-vis des
autres sciences sociales notamment de la philosophie, de la sociologie et du Droit public.
Ainsi, de nos jours elle occupe une place privilégiée parmi les sciences sociales tant par sa
scientificité et ses outils et méthodes de recherches que par son objet et son champs d´investigation.
A. L’affirmation de l’identité de la science politique parmi les sciences sociales par la
conquête de sa scientificité et l’apparition de ses outils et méthodes de recherche :
Actuellement, tout le monde admet que la science politique est la science qui étudie les phénomènes politiques, plus précisément elle consiste à étudier les processus politiques, mettant en jeu des rapports de pouvoirs entre les individus, les groupes et surtout au sein de l´Etat. Elle se présente aussi comme un discours systématique sur les faits et les comportements divers et changeant tenu pour politique à un moment donné par une communauté d´individus déterminés, mais à l´instar des sciences sociales, il lui a fallu légitimer son existence entant que discipline scientifique, ce qui suppose une visée véritablement particulière et implique l´élaboration d´outils et de méthodes propres.
1- L´affirmation de l´identité de la science politique parmi les autres sciences
sociales par sa Scientificité :
Certes, les sciences sociales n´ont pas la même légitimité aux yeux du grand public que les sciences dures, pourtant se sont des sciences avec leurs méthodes, leurs théories, leurs modes de
validation spécifiques et elles ont leurs utilités.
Concernant la science politique, la controverse sur son caractère scientifique remonte déjà au 19ème siècle. Ainsi, lorsque BOUTNY créa l´école libre des sciences politiques à Paris en 1872, il rencontra quelques difficultés notamment face aux détracteurs de la science politique qui étaient nombreux et influents. Ainsi, c´est pour certains auteurs comme ANTOINE COURNOT, la science
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politique tient une place importante dans la classification des sciences en même titre que les mathématiques. Pour AUGUSTE CONTE ou EMILE DURKHEIM, en revanche, ``la science
politique´´ n´a pas sa place parmi les sciences.
Évidement, c´est la tendance représentée par AUGUSTE CONTE qui l´emportera car il est une référence obligée en matière de sciences sociales (contrairement à COURNOT qui n´a qu´une influence limitée). A la fin du 19ème siècle on a presque cessé de qualifier les sciences de la société de ``sciences politiques´´, tandis que la désignation de science politique ne recouvrait plus que l’une des sous disciplines au sein des sociétés. (De même au début du 20ème siècle dans sa rivalité avec les autres sociologiques DURKHEIM ne trouvant ni ambition ni intérêt à la science politique, c´est aussi lui qui l´emportera. Ainsi en cette période l´école libre de sciences politiques en France
parmi d´autres matières de sciences sociales).
En conséquence, il faudra attendre l´immédiat après guerre pour qu´un consensus se fasse sur la réalité scientifique des sciences politiques et dès lors on ne parlera plus dans les milieux universitaires que de la science politique. En fait, l´émergence de la science politique en tant que discipline scientifique n´était rendue possible à l’époque que grâce à la constitution progressive d´une communauté scientifique institutionnelle se rattachant formellement à un objet d´études commun. Par ailleurs, la reconnaissance de ce statut de disciplines scientifiques nécessitait la
conjonction de quatre éléments :
� A propos d´un objet ou d´un ensemble d´objets d´études scientifiques communs, la production d´un savoir par des chercheurs spécialisés regroupés éventuellement en équipes et centres de recherche ;
� La conservation du savoir par le stockage des données et des acquis de manière a en permettre une utilisation rationalisée et continue ;
� La diffusion du savoir auprès d´un public spécialisé ou non ; � L´application du savoir pour la résolution des principaux problèmes rencontrés par le
système social dans le domaine concerné.
Cette situation de retard dans l´application d´une discipline vouée à l´étude scientifique des phénomènes (questionnements) politiques contrastes avec la tension que les hommes ont porté au moins depuis l´antiquité aux phénomènes politiques. Contrairement à une idée répondue, la science politique science de l´Homme ``animal politique´´ n´a pas vu le jour avec PLATON, ARISTOTE, MACHIAVEL, MONTESQUIEU ou HOBBS. La démarche des politistes diffère
nettement de celle des penseurs qui s´adonnent à la philosophie politique.
En effet, le politologue n´est pas un moraliste, un prophète, un conseiller du prince, un philosophe, un journaliste ou un essayiste. Dans l´absolue, il se comporte comme un observateur attentif et un interrogatif de la réalité politique, il s´attache `` à ce qui est´´ plutôt qu´à ``ce qui doit être´´. Il s’efforce de faire preuve d´une curiosité perpétuellement insatisfaite et de faire table rase de ses jugements de valeur et a priori idéologique. Il met en œuvre des méthodes d´investigation rigoureuses commune d´ailleurs aux sciences sociales de manière à comprendre et expliquer à rendre intelligible les phénomènes politiques.
De ce point de vue, la science politique parait comme un ensemble de résultats obtenu par l´observation de la réalité sociale et leurs interprétations, elle est également définie comme
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l´étude systématique des mécanismes gouvernementaux par l´application de méthodes
scientifiques aux événements politiques.
Vers le milieu du 20ème siècle, une interprétation singulière du pouvoir (selon laquelle il permet de maîtriser des mécanismes de prises de décisions publiques), devient populaire même s´il est important de distinguer les décisions politiques des autres sortes de décisions entre autres celles des sociétés commerciales.
2- L´affirmation de l´identité de la science politique parmi les autres sciences
sociales par l´appropriation de ses propres outils et méthodes de
recherche :
Tout le monde discute de politique, mais ces discussions sont souvent des discussions non rigoureuses qui ne reposent pas sur l´utilisation systématique de théories, de méthodes et de techniques d´analyse politiques. Il s´agit aussi de discussion basée habituellement sur des exemples factuels plutôt que sur des données ayant été soumises à des tests de validité et de fiabilité. Il s´agit enfin aussi de discussion généralement dépourvu de perspectives historiques
sur les comportements, les institutions et les services publiques.
Or, l´affirmation d´une discipline en tant que discipline scientifique ne peut se faire qu´avec l´utilisation des outils et méthodes de la recherche scientifique. Toutes les disciplines scientifiques, qu´il s´agissent des sciences de la nature, des sciences de la vie ou des sciences sociales procèdent de la même manière. La science politique n´en fait pas exception, car il n´y a qu´une seule façon de faire de la science, c´est celle qui repose sur l´utilisation de la méthode
scientifique.
Ainsi, en revendiquant le statut de discipline scientifique, la science politique entend produire un type de connaissance qui se distingue de la spéculation et de l´idéologie, de la littérature pour tendre vers un idéal d´objectivité commun à l´ensemble des sciences. Pour parvenir à cet objectif ambitieux, il est nécessaire de mettre en œuvre une méthode, un raisonnement et des instruments de validation et de contrôle, mais aussi d´engager une réflexion sur la nature, la validité et la portée des opérations menées. Le plus souvent cette discipline va emprunter des méthodes aux autres sciences sociales en prenant des distances avec le Droit et la philosophie politique, suivant les époques, les empreintes se font plus du côté de certaines disciplines que d´autres. Les méthodes utilisées par la science politique sont principalement celles des sciences sociales (et en particulier celle de la sociologie), les enquêtes de terrains ou recherches d´archives fondent les théories avancées par les auteurs (la tension est portée aux principales techniques de recherche employées : l’analyse documentaire, l’entretien de
recherche, l’enquête de témoins, les sondages d’opinion, … etc.)
1. Méthode qualitative : Elle consiste à réaliser des entretiens semi-directifs avec des acteurs de terrains concernés par le sujet étudié. L´avantage de cette méthode est qu´elle permet de recueillir un matériau riche (en information plus fine dans les questionnaires lesquelles à éviter et la reproduction du discours des acteurs dans ce qui sera dit plus tard sur le sujet en question, exemple : Une étude sur des élections tient les mêmes propos que telle ou telle nombre d´un parti politique). Cette méthode est plutôt utilisée par les chercheurs français et européens.
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2. Méthodes quantitatives : Elles utilisent l´usage des questionnaires (écrit, par téléphone, internet) et des statistiques, elles permettent de recueillir des données en grand nombre et donc d´appréhender des phénomènes selon un point de vue plus globale. Le chiffrage de grandes tendances donne une certaine représentativité au résultat produit. La constitution d´un échantillon représentatif (ayant des mêmes propositions de catégories de personnes que dans la réalité) et pour cela nécessaire. Les données sont ensuite traitées par des logiciels statistiques. Les méthodes quantitatives demandent une plus grande maitrise technique des outils statistiques et sont aussi plus couteuses, ces grandes enquêtes nécessitent des équipes et des moyens solides. Elles sont surtout utilisées aux Etats Unis.
3. Méthodes historique : Elle ne consiste ni en une collection de date et une succession d´événement ni en une histoire quantitative, mais à retracer l´histoire longue du politique, afin de mettre en lumière les logiques sociales à l´œuvre dans la vie politique sur le long terme. Autrement dit, elle consiste en l´établissement de faits historiques en vue d´enrichir l´interprétation d´une période donnée et de la comprendre. C´est une technique d´analyse indispensable à la compréhension d´un document à travers l´observation, la critique externe, la critique interne et l´interprétation. Il pourrait également s´agir de l´établissement des faits s´articulant autour de différentes sources (les archives, témoignage orale…).
3- L´affirmation de l´identité de la science politique parmi les autres sciences
sociales par la définition de son objet et la délimitation de son territoire :
Si la science politique est une discipline scientifique comme les autres sciences sociales, la question de son objet reste posée, d´ailleurs la réflexion politique a longtemps était articulé autour d´objets successifs, ce qui complique d´avantage la définition de son objet.
En effet, le savoir politique est encore largement éclaté des domaines d´investigation s´élargissent peu à peu et les objets d´étude se diversifiant même si l´origine publicitaire de la discipline n´est pas s´en laisser de traces, il est donc particulièrement difficile de définir ce qui est vraiment la science politique : sociologie du pouvoir. Elle tente de percer le mystère nécessaire tout en admettant que la lutte pour qualifier un objet de politique est elle-même une lutte politique.
B. L’affirmation de l’identité de la science politique parmi les sciences
sociales par la définition de son objet :
-A- L´affirmation de l´identité de la Science Politique parmi les sciences sociales
par la définition de son objet
1/ La science politique science de l’État.
2/ La science politique science du Pouvoir.
-B- L´affirmation de l´identité de la Science Politique parmi les sciences sociales
par la délimitation de son territoire :
(Travail à faire pour continuer à chercher et faire encore d’effort sur la ‘’science politique’’)
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