Fiche technico-économique du manioc
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Nom commun : manioc
Nom scientifique : Manihot esculenta Crantz
Famille : Euphorbiaceae
I - GENERALITES 1.1- Origine et botanique : Le manioc est une plante originaire de l’Amérique latine. Il a été introduit en Côte d’Ivoire par les populations immigrantes AKAN venant du sud du Ghana notamment les Abouré et les Aladjan. Il est la deuxième culture vivrière après l’igname. Sa production dont la plus grande partie se trouve dans la moitié sud du pays couvre environ 80% du territoire national. Le manioc constitue à la fois une culture de subsistance et une culture de rente pour les producteurs. 1.2- Zone de culture du manioc : Le manioc est une plante de la zone tropicale humide. Il s’adapte facilement à la plupart des conditions de climat et de sol à l’exception des climats des zones tempérées européennes très froides et des zones désertiques du sahel par exemple. Mais comme pour toutes les plantes cultivées, ses rendements seront très variables selon que les conditions de climat et de sol lui seront favorables ou défavorables. Les meilleurs rendements seront obtenus dans les régions dont : - le climat est du type :
Température moyenne variant entre 23 et 25°C tout au long de l’année,
Pluviométrie annuelle variant entre 1 200 et 1 800 mm, (même s’il peut supporter de grandes variations (550 à 2000 mm)
Durée de la saison sèche : 2 à 3 mois, (même s’il peut supporter jusqu’à 6 mois)
- le sol est du type :
Sols argilo-sableux (éviter les sols essentiellement argileux),
Sols sableux, meubles enrichis en matière organique tendance limono-sableux (constitué de limon et de sable). C’est un sol perméable, profond, et riche en matière organique, sur un relief plat ou présentant une faible pente.
Eviter :
les sols de bas-fonds les sols à pente forte les zones mal drainées Les périodes de sécheresse pendant les 3 premiers mois
Agence Nationale d’Appui au Développement Rural
Fiche technicoéconomique
du MANIOC
Plantation de manioc
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1.3- Variétés vulgarisées : On peut
classer toutes les variétés de manioc en deux grands groupes : le manioc doux et le manioc amer. La
différence fondamentale entre ces deux groupes est que le manioc amer renferme une substance
(poison) appelé acide cyanhydrique.
Le tableau suivant présente la description de quelques variétés de manioc cultivées en Côte d’Ivoire.
Variété Cycle (mois)
Zone de production
Rendement moyen (t/ha)
Caractéristiques Goût Usage courant (4)
Yacé 11-20 Sud, Centre 20 Taux de matière sèche élevé (40%), sensible à la mosaïque, aux acariens et aux cochenilles, bon pour attiéké
Amer Attiéké
Bonoua 12-20 Répandue 15 Taux de matière sèche élevé (39%), sensibilité à la mosaïque et aux cochenilles, rendement faible, bonne cuisson et bon gout
Doux Foutou
IM 84 12-20 Répandue 30 Rendement élevé, récolte facile, gout doux, bon pour attiéké, bonne adaptation au sol, sensibilité à la mosaïque
Doux Attiéké
Foutou
IM 89 12-20 Répandue 28 Taux de matière sèche élevé (39%), sensibilité aux acariens, bonne cuisson, bon pour attiéké
Amer Attiéké
IM 93 12-20 Centre, Est 28 Ramification forte, résistance à la mosaïque, sensibilité aux acariens, gout doux, mauvaise cuisson
Doux Attiéké
TMS4(2)1425
12-20 Ouest, Centre
30 Ramification forte, rendement élevé, résistance à la mosaïque, sensibilité aux acariens, récolte facile et bon gout
Doux Attiéké et Foutou
TMS 30572 12-20 Centre, Est, Nord
30 Ramification forte, rendement élevé, résistance à la mosaïque, sensibilité aux acariens et aux cochenilles
Amer Attiéké
BOCOU 1 12-24 Répandue 20 Ramification forte, rendement élevé, résistance à la mosaïque, sensibilité aux acariens et aux cochenilles. Taux de matière sèche élevé (39%)
Doux Attiéké et Foutou
YAVO 12-20 Centre, Est, Sud
30 Taux de matière sèche élevé (40%) résistance à la mosaïque, rendement élevé
Doux Attiéké et Foutou
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Les variétés mentionnées dans le tableau peuvent servir à d’autres utilisations
1.4- Usage du manioc : Le manioc contribue à l’alimentation humaine et animale. Il est également utilisé
dans les industries (textiles, papier, etc.). Il est très prisé par les populations africaines car c’est une plante dont
les feuilles et les racines sont fortement utilisées pour l’alimentation.
1.4.1- Alimentation humaine
Le manioc est un aliment qui renferme de l’énergie. Il est très riche en eau et en amidon. Il existe de nombreux
produits dérivés du manioc : attiéké, placali, gari, foutou, concondé, akpessi, atoukpou, pain, gâteau, bière,
liqueur, pâte dentifrice, alcool, tapioca, etc.
Les feuilles de manioc sont riches en fer. Consommées parfois comme légume, elles permettent à l’homme de
digérer facilement.
1.4.2- Alimentation animale
Les animaux mangent les feuilles, l’écorce des tiges, la peau séchée des racines (épluchures) et la chair séchée
(cossette).
1.4.3- Utilisation industrielle
Amidon, Farine, etc.
II- MISE EN PLACE DU MANIOC 2.1-Choix et préparation du terrain
2.1.1- Choix du terrain
Le manioc aime le sol riche en matières organiques. La texture du sol doit être sablo-argileuse. Eviter
les sols hydromorphes (gorger d’eau et mal drainé).
Le terrain le mieux adapté à la culture du manioc doit être plat ou légèrement en pente. Préférer les
terrains à accès facile pour faciliter l’écoulement de la production
Pain à base de manioc Attiéké Akpessi
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2.1.2- Préparation du terrain
Le manioc aime le sol riche en matières organiques. C’est pourquoi il est recommandé d’enfouir les
débris végétaux lors du labour.
2.2- Choix et préparation du matériel végétal
2.2.1- Choix et préparation du matériel végétal (boutures)
Prélever des boutures de 10 à 20 cm de long (4 à 6 nœuds) sur des tiges saines de 7 à 8 mois d’âge.
Pour obtenir une bonne plantation, il faut :
- Utiliser des boutures saines car l’avenir des plants en dépend ;
- Eviter les pieds attaqués par les ravageurs et les maladies lors du choix des tiges de manioc ;
- Couper avec un instrument approprié (sécateur, machette, …) ;
- Eviter les parties fortement aoutées ou tendres ;
- Eviter de planter les boutures à l’envers var elles germent difficilement ;
- Faire la bouture juste avant la plantation.
2.3- Plantation
2.3.1- Date de plantation
Les dates de plantation varient suivant les régions et les localités. Le principe étant qu’il est bon de planter
au début de saison des pluies. De cette manière, on est sûr d’obtenir de bons résultats car le jeune
manioc résiste mal à la sécheresse.
2.3.2- Mode de plantation
Les boutures peuvent être plantées sur terrains plats, sur buttes ou sur billons. Mais il est préférable de
le faire sur un sol bien labouré (les rendements sont meilleurs dans ce cas).
2.3.3- Densité de plantation
La densité de plantation est de 10 000 pieds par hectare. Quand il est en association avec la banane
plantain, la densité est de 3 000 pieds par hectare.
Tiges de manioc boutures de manioc
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III- ENTRETIEN
L’entretien concerne le désherbage, le remplacement des pieds manquants, la fertilisation et la protection
de la culture.
3.1- Désherbage : Il peut être manuel ou chimique. Quel que soit le type de désherbage choisi, il doit se
faire à la demande. Sarcler dès que la plantation est enherbée. En général, quatre sarclages par an sont
suffisants pour tenir la plantation propre. Il faut surtout éviter de laisser trop pousser les herbes.
Le désherbage chimique fait appel à l’utilisation d’herbicides.
Il n’y a pas d’herbicide sélectif du manioc. Généralement, les herbicides utilisés sont des herbicides totaux
à la dose moyenne de 4 litres à l’hectare à utiliser avant le planting.
3.2- Remplacement des pieds manquants : Le remplacement des pieds manquants intervient 15 à 21
jours après la plantation si le taux de levée est inférieur à 90 %.
3.3- Fertilisation
3.3.1- Fertilisation organique
Apporter la fiente de poulet ou tout autre fumier à raison de 10 tonnes par hectare.
3.3.2- Fertilisation minérale
Le manioc peut pousser et arriver à des rendements raisonnables sur des sols où de nombreuses autres
cultures échoueraient. Très tolérant aux sols pauvres en phosphore, il peut en général pousser même en
l’absence de fertilisation minérale. Cette capacité vient du fait d’une association formée avec un groupe
de champignons du sol appelés «mycorhizes à vésicule et arbuscule». Ces mycorhizes, présentes
pratiquement dans tous les sols, s’introduisent dans les racines du manioc et se nourrissent des glucides
qu’il produit.
En échange, leurs longs filaments de mycélium apportent à la racine du phosphore et des micronutriments
qu’ils vont chercher dans un volume de sol bien plus vaste que celui à la portée de la racine elle-même.
Cette association symbiotique permet au manioc d’absorber assez de phosphore pour une croissance
saine. Mais, en cas de culture continue sur un sol, le maintien de la fertilité peut être réalisé par
l’application de la fumure minérale. Les apports sont les suivants :
- dolomie à la dose de 100 kg par hectare lors de la préparation du sol ;
- NPK (10-18-18) à la dose de 300 kg par hectare 60 jours après plantation ;
- ou urée (150 kg/ha), phosphate tricalcique (100 kg/ha) et KCL (250 kg/ha) 60 jours après
plantation.
3.4- Protection de la culture : Pour avoir un bon rendement, vous devez non seulement bien cultiver le
manioc, mais aussi et surtout, lutter contre les ennemis du manioc.
IV- RECOLTE ET OPERATIONS POST-RECOLTE
4.1- Récolte des tubercules : Le moment de la récolte change avec les variétés et avec ce qu’on veut faire du manioc.
- Le manioc a un cycle de 12 à 24 mois. Si vous voulez le manger, récoltez-le à partir de 12 mois.
- Si vous voulez le vendre à une usine, récoltez-le entre 15 et 20 mois. - Si vous voulez le donner aux animaux, récoltez-le très tard, lorsque les racines sont plus
grosses.
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La récolte se fait par arrachage des pieds. Coupez avec une machette les tiges à peu près 50 centimètres
au-dessus du sol.
Le rendement que l’on obtient varie en fonction du sol, des variétés et la façon de cultiver. Le rendement moyen généralement obtenu avec les variétés améliorées varie entre 20 et 30 tonnes à l’hectare.
4.2- Récolte des tiges ou le recepage : La récolte des tiges intervient au moins sept mois après plantation. Coupez avec une machette les tiges à 10 cm au-dessus du sol. Sur un sol pauvre, un apport, après le recépage, de 300 kg par hectare d'engrais NPK (10 18 18) permet d’améliorer la croissance des plantes recépées. Les boutures prélevées sont utilisées pour la mise en place d’une nouvelle plantation.
4.3- Conservation des tubercules
La conservation du manioc sur pieds est la seule véritable manière de maintenir la fraîcheur des racines
tubéreuses plus longtemps.
Conserver les tubercules dans des sacs en jute enroulés dans des bâches en plastiques (2 à 3 semaines)
ou à l’intérieur des tranchées sous un hangar (6 à 8 semaines).
4.4- Conservation des tiges
Les tiges peuvent se conserver 4 à 6 semaines au plus. Elles doivent être stockées verticalement
(l’extrémité basale étant enfoncée légèrement dans le sol) dans un endroit bien ombragé.
Arrachage du manioc Tubercule de manioc
Plantes de manioc régénérées 3 mois après recepage
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4.5- Transformation
Le manioc subit une transformation en différents produits alimentaires ou industriels. Le produit
transformé a une durée de conservation plus ou moins longue. Le procédé de transformation peut passer
ou non par la fermentation. Il est réalisé au niveau domestique ou au niveau industriel. En Côte d’Ivoire,
les principaux produits issus des tubercules sont les suivants :
- Au niveau domestique: attiéké, foutou, gari, toh, ragoût, tapioca, placali, liqueur, etc.
- Au niveau industriel : amidon, farine, pain, granulé, apprêt de textile, colle, etc.
4.6- Composition nutritive du manioc
Le manioc est composé en grande partie (valeur pour 100 g) de :
Calories : 159
Lipides : 0,3 g
Acides gras saturés : 0,1 g
Acides gras poly-insaturés : 0 g
Acides gras mono-insaturés : 0,1 g
Cholestérol : 0 mg
Sodium : 14 mg
Potassium : 271 mg
Glucides : 38 g
Fibres alimentaires : 1,8 g
Sucres : 1,7 g
Protéines : 1,4 g
Vitamine A : 13 IU
Calcium : 16 mg
Vitamine D : 0 IU
Vitamine B12 : 0 µg
Vitamine C : 20,6 mg
Fer : 0,3 mg
Vitamine B6 : 0,1 mg
Magnésium : 21 mg
Eau : 60 mg
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IV- COMPTE D’EXPLOITATION PREVISIONNEL D’UN HECTARE
Auteur : AKPINGNY KANGA LEA Epse DALI ; KOULOU NAZARETTE Epse YOBOUA
Validation : OKOU Wassath Charles Auguste
Réalisation : Direction d’Appui aux Filières Agricoles / Novembre 2017
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