8/14/2019 Emile Lyre - Le Voyage Philosophique
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EMILE LYRE
LE VOYAGE
PHILOSOPHIQUEPremier et second livre
Posie / OR EDITIONS
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OR EDITIONS, oreditions.com, 2007, OR03.
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DU MEME AUTEUR
Anthologie volume 1, OR EDITIONS, CollectionPosie, 2007, OR04.
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PRFACE
La rdaction des pomes du Voyagephilosophique stale sur cinq annes, annes
durant lesquelles Emile Lyre nous expose lestapes dun exceptionnel voyage intrieur.Pote inconnu jusqu il y a peu de temps,
apparaissant souvent sur la toile sous le pseudode 1001nuits, Emile Lyre se dcouvre aujourdhuipour cette dition sans prcdent dune posietroublante dont la qualit na dgal que la force.
Structur en deux livres, le Voyagephilosophique est une longue dissertation sur letemps, la mort, la peur et la connaissance de soiet des autres.
Si les thmes du premier livre sont souventassez sombres, rvlateurs de ltat desprit danslequel lauteur tait cette poque, les pomesdu second livre tablissent une transition en
douceur vers des notes despoir qui imprgnentprogressivement les vers et les champssmantiques utiliss. Le rythme agressif despremiers pomes sen retrouve soudain adoucipar une brise lyrique plus simple, car utilisedans une veine plus positive. Lintention semodifie au cours des pages implmentant ainsicette vision de lexprience selon Victor Hugo :
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Lexprience est diverse et tourne bien oumal selon les natures. Les bons mrissent. Les
mauvais pourrissent.Composs dans des priodes difficiles,
Emile Lyre dit de ces deux livres de pomes quilssont exemplaires titre dexprience sils ne lesont titre potique . La modestie lgendaire dece grand pote inadapt au monde montre quelpoint le travail intrieur est puissant, srieux, etvise remodeler, peu peu, au fil des pages, des
intentions potiques autodestructrices en unmatriau plus lumineux, rsultat du dbut de latransformation alchimique du plomb en or.
La posie, nous dit Emile Lyre, est uninstantan des sentiments intrieurs, sentimentsque jaurais pu ne pas avoir au regard dun passtrs lourd porter. Je sais que parler duneenfance difficile a un ct archtypal que jenapprcie pas beaucoup, mais ces pomesdmontrent une lutte intrieure continuelle pour,souvent, uniquement se considrer comme lgaldes autres, pour outrepasser les traumatismesoriginels et retrouver la beaut et lamour autravers des mots assembls selon les rgles,parfois insenses, des sentiments profonds .
Emile Lyre, fin connaisseur de la posiesurraliste, sest inspir des techniques potiquesde Breton et consorts tout en dsirant resterproche dun discours direct, parfois brusque, dansle but vident dtre lu et dtre utile au lecteur, le sens tant mon avis prdominant dans maposie sur limage .
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Ainsi, le Voyage est philosophique , soitil est originellement intellectuel , mme si le
cur affleure, transpire et saigne dans la plupartdes pomes et va jusqu trouver ou retrouver savraie place dans la fin du second livre. Emile Lyreressent ce poids de lintellect comme un genre detare : ltre intelligent doit cultiver son cur, etcest pour lui plus difficile que pour ltre de curde cultiver son intelligence .
Les deux livres de pomes qui suivent
montrent cette transformation qui parfois se faitdans une violence intrieure la limite dusupportable. Le combat intrieur est le communde tous, quil soit pote ou pas, nous dit EmileLyre, mais utiliser ce combat des fins positivesest le vrai dfi de la plupart dentre nous ; car silest facile de se dtruire ou de se nier, il estbeaucoup plus complexe de se construire et de serendre meilleur, de dcouvrir la lumire en soi .
Ainsi, on voit le pote agresser le monde etlui-mme dans un mme mouvementdestructeur ; puis, il se ravise, se posant laquestion du monde en lui-mme, acceptant laremonte des tapes noires de sa vie et de cetteviolence intrieure si profonde, si longtempsrefuse, refoule, nie, le but tant de devenirun homme normal, nous dit-il.
Puis vient la prise de distance : et si toutcela ntait que mensonge de soi soi ? Et si lanvrose faussait la vue de la ralit ? Et si legrand bless de la vie tait le pote lui-mme ?Et sil tait un tre inadapt aux sentiments etpourtant sur-adapt lamour des mots et leur
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composition ? Et si la thrapie de ltre passaitpar cette cure intrieure faite de mots et
dimages potiques places sur des sentimentscomme des reprsentations approximatives ?Lyre, suivant les traces lumineuses dun Rm,change sa relation au monde ds lors quilchange sa relation lui-mme.
Posant la question du savoir, des conceptsil recherche ce sens cach derrire les choses. Etderrire les phnomnes de sa propre vie. Ainsi
dit-il : nous, les potes, sommes dessotristes de nous-mmes, nous cherchons parle langage potique trouver le chemin versnotre vrit intrieure ; cela passe par faireremonter, puis transcender les images faussesque nous avions de nous-mmes et du monde,pour faire surgir la beaut . Inspir par Michaux,Lyre creuse en lui-mme, perforant les plafonds et les votes afin de trouvercette lumire la fin du second livre.
uvre potique majeure dEmile Lyre, lesditions OR sont aujourdhui fires de prsenterdans leur texte intgral, ce concentr exemplairedune exprience du monde qui chemine du plussombre au plus lumineux ct du pote vucomme archtype verbalisant de la douleur et dudestin de chaque tre humain.
Gaston-Norbert Ubrab, Cannes, Nol 2006.
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LE VOYAGE PHILOSOPHIQUE
Premier livre
2001 - 2003
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I. INTRODUCTION
Je voudrais rouvrir les blessures du temps et delespace
Chercher dans les limbes la raison de la peineChanter en hurlant les cristaux de haineQui saccumulent tandis que le temps passe
Je voudrais faire le point de tous ces principesQui fondent notre vie sans que nous les
connaissionsQui font du monde de nous et de nos passions
Des coquillages vides aux fausses allures deppites
Je voudrais atteindre une fois pour toutes la cimeDe cette essence brlante qui coule au fond de la
terreQui montre les limites et nous trane au cimetireDes ides reues agites par les mimes
Je voudrais dissoudre les spectres agissant toutau bord
Qui gardent les barrires des mondes inconnusQuand de tous les guerriers les derniers ont chuAbattus par les sinistres mes communes de la
mort
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O nos questions si proches de celles des siclespasss
O magie des reflets entrevus dans tous lesmiroirsO appartenance aux lois de toujours O hantise de
boireLe sang des crnes dart et du plaisir des
trpasss
Je voudrais enfin ouvrir les heures sombres de
lau delRegarder dans les yeux les sinistres faces
dcomposesFactoriser dans labsolu les lames des heures
volesEt trouver lessence que le divin un jour appela
O voyage infernal vers les sombres royaumesO dorment les cratures les plus
incomprhensiblesLe monde a perdu l-bas ce regard sensibleCar lhomme a depuis toujours dsert lhui des
fantmes
Qui habite sant nul ne le sait plusUn monstre vaniteux ou une poussire dazurUn vilain pauvre re au coeur purQui perdit tout un jour et se retrouva nu
A moins que dans les murs ne se cache un veninMonstre creux et semblable une icneDgueulant la poussire il se penche pour
laumne
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Et demande aux vrais yeux quelques picesdtain
Car au del de la mtaphoreLantre nous contient ainsi que nos contradictionsIl est temps de sortir quelque peu du jeu de la
fictionEt de limage vite faite qui masque et endort
Cest la qute du vrai de labsolu qui ici sentame
Le vert et le sang le feu qui brle la chairLaventure aura got de sable et de poussireEt seuls les dj fous survivront la flamme
Je voudrais une fois encore me taper lamontagne
La plus haute du monde et cela sans vergogneJe nai pas peur de la sale besogneJe dois quelque part teindre ma hargne
Et quimporte si je pris sur les flancs de la douceLa mort ne peut pas tre pis que langoisseLa douleur constante qui envahit et froisseLes moindres secondes des minutes qui gloussent
Car de public je nai point tout comme decomptes rendre
Cest la sant mentale de mon tre que je joueau poker
Dans ma fuse minable je pointe sur la terreLe prcipice bant qui se tend se fendre
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Cest la cavalcade que je mne seulternellement
Comme tout explorateur peut-tre nereviendrais-jeJamais et alors on dira mirant la pointe de neigeIl voulait rouvrir les blessures de lespace et du
temps
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II. UN PAYSAGE ABSTRAIT
Un paysage abstrait se dessine ma fentreMon clone me mate leau la bouche
Dieux sait ce quil regarde lombre peut-treDes vagues deau inerte tombant de ma douche
Son visage se dcompose tout lheureTandis le bain exhale dorthogonales vapeursLe chant des sirnes mathmatiques a cessMe voil parpill sur le sol comme aprs la
fesse
Une lune brille au loin sur lhorizonElle tient comme sur un fil qui hrisseLombre des chemins qui tapissentMes murs de briques de ma prison
Elle joue avec mes nerfs tantt scartantTantt rapprochant son nuage de parfums
vnneuxElle est belle et douce et pourtantSa lumire blanche est la raison du soir
tnbreux
Clone o es-tu all promener ton esprit miteuxQuand de lespoir tu nourris les impertinencesO as-tu vu que cultiver lvidence
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Urge lradication des funestes jeux
Pendant tout ce temps pass regarder la ligneEt le disque tourner autour des centres decontrles
Mes sens exacerbs tout tour senrlentDans labsurde position du quotidien indigne
Le dsert me sparant de lhorizonCombien de lieux dois-je encore parcourir
Pour pulser une fois encore avant de mourirNourrissant les chacals de mes maigres moignons
Je fais encore un pas dans labstrait paysageAfin de feindre la sortie de la cageDans le temps jen eusse pleurMais la gomtrie ma par trop apeur
Oh les concepts sorthogonalisentAux frontires de mon modleEt gisant auprs des bellesCourbes C2 que mes sens lisent
Soudain les courbes menvahissentEt je me consume denflant voisinagesLes mondes en croissance ncrophagentLes pulsions abstraites de ma tte qui crisse
Lair vient manquer sous la pressionLes rgles contraignent rester dans cette
penseEt sur les ruines de loppressionJirais bientt cracher et danser
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Jai beau me concentrer sur chacune delles
Elles sont trop nombreuses pour tre attaquesde frontEt pour le pauvre que je suis contraint dans trois
dimensionsJe me dois de ruser pour ne pas tomber dans
lhyper-escarcelle
Soudain plus rien nexiste
Je flotte au dessus du monde ancienMa raison suit la pisteDu monde des mondes qui se contient
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III. MON PURGATOIRE
Mon purgatoire est rouge comme le sangSy baignent les astres les plus divers
Le long des ternels hiversComptant les jours par mille et par cent
Mon purgatoire est lantre du philosopheLe besoin de crer des mes dans des coques
videsLa peine et le plaisir puis le dgot de la stropheLa volont atroce densemencer les terrains
arides
Mon purgatoire est un lieu de destructionO les principes clatent et me blessentLes explosions lgion tressentDes fils tranchants dpeant mes pulsions
O purgatoire oblig o les spectres du pass
Se dessinent mesure que le temps scouleLe sable me recouvre aux rythmes ressasssDes feuilles mortes que les annes croulent
Le purgatoire on y revient toujoursMais surtout ny restons pasLa peine saccrot sous les joursLa folie y prcde le trpas
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IV. A LA RECHERCHE DU CONCEPT
Il y a longtemps je recherchai le conceptBraqu sur les restes de mon ducation
Je pensais sortir ma pense de ltronEn suivant ce mirage inepte
Puis je maperus guid par la mathmatiqueQue du concept je ne savais rien dfinirQuaucune ide ni vritable optiqueDapproche ne souvrait aucun devenir
Jai donc balay large lu les grands crivainsMang de la philo des maths et de lordurePens plus que de raison sur des chemins vainsCraqu des neurones sur des modles obscurs
Comment cela il ntait pas possibleQue les gnies du pass naient pas tranchLa question du concept mot emmanch
Dans les affres interrogatifs de lindicible
Je vis beaucoup de fantmesSubit beaucoup dangoisses de philosophesDes gens postulant ce quils dmontrent bofDes prisonniers de leurs propres aumnes
Puis un jour je laissai de ct les tentations
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De trouver en les autres la solution monproblme
Les toutes dernires manifestationsSont les cadavres dun matin blme
Car jai aussi tent les tres vivantsEnfin vivant est peut-tre un bien grand motLes tres qui bougent et ont le sang chaudMais sont souvent loin des parfums enivrants
La pile de livres est devenue poussireuseDes fantmes lhabitent toujoursIls rabchent leurs stances au fil des joursSans trouver aucune position heureuse
Comment vivre sur ce charnier didesSans vouloir une fois pour toutesTrancher dans les vifs doutesQui pourrissent la substance des journes
Bien sr il faut prendre gardeA la folie qui trane dans les dimensionsJuste la limite des horizonsQue les balises des religions gardent
Mais ici plus question dcolePlus de sacro-saints principes respecterPlus de vaines contraintes hritesDes doctrinaires et machines folles
Le concept est donc la premire pierredachoppement
Du travail de sape que jentame
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Visant briser le principe quand il mentEt apporte des consquences infmes
Le concept nexiste pas en tant que telIl nest pas suffisamment dfiniIl est la mauvaise rponse un vrai problmeEt structure actuellement le fini
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V. JE REFUSE
Je refuse de croire un seul instantQuil nexiste que deux types dinfinis
Celui des entiers dnombrable et celuiDes rels et que tout le monde est content
Je refuse de croire que les mathmatiquesQui ont fait progresser la pense jadisEt surtout le monde de la logiqueNe soient aussi progressistesQuelles ne le furent auparavant
En effet noyautes par les colesEt les principes de plus en plus navrantElles ont riv leurs glises au solQue reste-t-il pour lamateur de logiqueTrois dimensions vritablement closesLune est la socit qui vit de politiqueLautre est labstrait scientifique et ses glosesLe troisime enfin reste de temps passs
Est la religion et ses relents putridesDalination du temps o taient dictesPar elle les rgles de la vie livide
Je refuse de croire que ce sont les seuls cheminsPartirais-je mon tour en religion ou croisadePrenant dans cette voie la mme caladeQue celle que je condamne sans fin
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Tout combat est une doctrine disent les sotsIl engendre les mmes vices que ceux quil
condamneEt les adeptes lenvi se damnentDans lantre des striles et identiques assauts
Je refuse de me soumettre une autoritformelle
Sans en avoir discut les principesDhriter de ma position sous ses ailes
Une pluie de rgles illicites
Je refuse de me vendre au plus offrantSans rediscuter chaque point de lvaluationSans au moins prendre pleinementLa conscience des travers abscons
Je refuse de me taire lorsque les rglesMautorisent ouvrir ma gueuleJe refuse les compromis veulesDes moutons en sommeil qui blent
Je refuse dentrer en religionPour un dieu ou pour un conPour un contrat ou une aumnePour la servitude lide ou lhomme
Je refuse de devoir tre bte et disciplinQuand je pourrais user de ma cervelleJe refuse de ne pas comprendre etDe me borner mirer connement le ciel
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VI. A LAPPROCHE DES AUTRES
A lapproche des autres les vents sont contrairesIls tonnent vers lhorizon les plus grands carts
Mangeant les pour et contre dans leurs regardsEt criant tue-tte lorsque lesprit se perd
A lapproche des autres pendant des res entiresJe fus protectionniste car trop souvent blessJe restai sur mes gardes ne sachant que penserQuand le coup bas venait si violent par derrire
A lapproche des autres je luttai encore et encorePour tenter de me prouver que mes problmesEtaient bass sur eux et sur leurs faux barmesSans raliser ltendue troublante de mes torts
A lapproche des autres je vis renouveleLa vie dans les yeux fauves et dans leurs actesJe vis que chacun deux avait sign un pacte
Etrange qui ne cessait de mmerveiller
A lapproche des autres la fin des bataillesJe rencontrai enfin des tres normauxRares certes mais renvoyant grosses maillesUne image stupfiante de mon livide ego
A lapproche des autres je tentai dadapter
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Mon discours chacun et de jouer la prudenceLa circonspection faite loi de circonstance
Quand chaque moment glisse sur un fil aiguis
A lapproche des autres je cherchai et trouvaiCe que je ne pensais pas possible en un sensJavais trop souvent confondu les essencesEt pour un rien je me trouvai soudain navr
A lapproche des autres je connus lamour
Lamiti le respect et autres conneriesQue lon lit dans les livres et dont certains se
rientJusqu ce quon se voit en con aveugle et sourd
A lapproche des autres je musai prudemmentNe me livrai jamais part une fois seuleLexception fut de taille malgr la loi bgueuleEt je payai le prix fort fort brutalement
A lapproche des autres tout fut une dcouverteLtre en soi aussi bien rvl par miroirLes autres voyant germer les graines noiresEt les fleurs surgir de lme encore verte
A lapproche des autres tout est encore permisMais comme un spectre le problme global
demeureIl est lapanage des tres que le monde a mauditEt qui approchent les autres tandis que le temps
meure
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VII. LES PENSES DIABOLIQUES
Les penses diaboliques sornent de jeux cruelsQuand les combattants poussent le vice jusquau
malIls souvrent les entrailles et emballentLes flux de pure noire sous des habits charnels
Les penses diaboliques ructent leur veninLa mort rode et palpe les corps encore chaudsBavant sur le sexe des anges blanchis de chauxSur le sang des mes loves dans leur chagrin
Les penses diaboliques appellent le meurtrecolor
La vanit des spectres perdus se dessine mesure
Que le temps treint de sa poigne de dmesureLe cadavre moite qui jouit sur licne dore
Les penses diaboliques gnrent larborescenceDes cadavres en arbres rpartis sur des niveauxLa mort nest que le dbut aprs lchafaudDes mains se frottant jusqu lincandescence
Les penses diaboliques sont pilotes distanceElles sont notre maldiction communeNotre souffrance quotidienne notre absence
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Notre sort est dcrit dans danciennes runes
Les penses diaboliques nous mtamorphosentEn monstres avides et de sang assoiffsNotre pouls sacclre mesure quexplosentNos entraves irrparables aux rgles incrustes
Les penses diaboliques nous font faire souffrirLes plus faibles que nous sous loccasionDans nos yeux fous qui poursuivent laction
Nous les voyons mourir avec lenvie de rire
Les penses diaboliques nous encerclent et nouslient
A ce magma brlant qui chauffe nos entraillesA ces plaisirs violents qui notre me entailleDe mille coupures rouges aux gouttelettes salies
Nous brlerons un jour dans le monde dudessous
Torturs ternels hurlant datroces suppliquesPayant les consquences des plaisirs saoulsQue nous devons nos penses diaboliques
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VIII. FANTAISIE
Une fantaisie prit soudain lhumanitProuver lexistence de Dieu avec la logique
Trimer dvelopper des outils hiratiquesOublier un bon peu la lourde humilit
Alors les champions prts en dcoudreAvec leurs pairs plus quavec lentitSe battent coup d ubiquit D ternit et autres magiques poudres
Leur acharnement la tche a quelque choseDe mystrieux ils senrlent dans la mleSans connatre ladversaire thrLa cible inaccessible de leurs joutes gloses
Dailleurs les chevaliers des deux campsRivalisent defforts et de ridiculeAccumulant bvues et sassommant de bulles
Pensant que de la lie surgira le Volcan
Puis pour quelques sicles le combat steintOn songe aux fondateurs reposs en terreOn sesclaffe devant la beaut des parterresDes fleurs enclotres o tout parat si saint
Et soudain la fantaisie redmarre
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Lexistence de Dieu devient le vrai problmeOn reprend les outils et tout le tintamarre
Pour rouvrir les combats dinepties et de peines
Alors que lon se bat contre les reprsentations Ceci nest pas une pomme h non mon cher
MagritteLes vilains pourtant en ont peur et sagitentBrassant lair printanier retranchs en bastions
Une fois les reprsentations dtruitesDautres apparatront comme des phnomnesPrtextes aux rudes bains de sang que lon aimeChez les fendus des doctrines crites
Alors que la dimension abstraiteDu problme est dans ses fondementsQuimporte que Dieu soit ou non vraimentDes gouffres infranchissables nous sparent de
Sa tte
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IX. LE MODLE
Une courbe gracile me hante sans raisonLe brouhaha retrouv je me rjouis
Davoir tant attendu mirant mes oraisonsMaintenant qugoste en plume je jouis
Je regarde le pass le chemin accompliUn beau dmarrage selon un point de vuePour la socit ou bien ses mas-tu-vuDont je croise souvent les regards aigris
Mais le chemin devant moi est laube fabuleuseLe monde rebtir rvolutionnerChercher derrire les spectres les projecteurs
cachsEnjamber le temps et ses vapeurs fumeuses
Jentrevois les nues et les miasmes beauxDes parleurs dalcves des paons de corridors
Les mmes qui magiquement imitent le rat quidortDevant le grand problme et tous ses placebos
Je vise dans les mots et les faces des autresDes archtypes vains quil ne faut pas suivreJavais beau lutter en tentant de survivreAucun modle rel pour lequel je ne me vautre
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Jai cherch pendant de longues annes
La substance cache derrire le mensongeDerrires les parures affubles aux songesLe modle ultime ador et fan
Cependant le sort fut un peu moins clmentLes livres saccumulent laissant de la poussireLa musique senlise et peu peu senterreEt le chercheur crie pour ntre point dment
La folie me gagna que dis-je me gagne encoreDes accs de violence me font tout dtruireJenvisage le temps comme une me de mortRetenant la bte intrieure den rire
Alors pas de modle le vers est donc en fruitIl faut radiquer ce principe trop rudePour entrevoir la vie aprs un interludeComme le hros conscient et fier qui na pas fui
Il me fallu donc reconsidrer dune autre faonLes ficelles naves les engrenages facilesLes logiques qui gtaient mes agrgationsMe hantant sans raison dune courbe gracile
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X. APRS LE COMBAT
Aprs le combat tout est videPlus rien ne semble exister
Les mots sombrent en vanitLes yeux deviennent arides
Aprs le combat les corps sont lasEntrelacs et violacsComme des viandes lacresQue le temps abat
Aprs le combat la force manquePour revenir lassaut de celleQui luit et tincelleDe Stockholm Salamanque
Aprs le combat viendra le sommeilPur dtoiles et de poussires cristallinesDe chevelures dores et de passions divines
Dembruns verts tendres aux flancs vermeils
Aprs le combat viendra un autre amantLe regard vif et larmure luisanteMirant le champs de bataille et ses pentesAvant la grande mle et le grand bain de sang
Aprs le combat viendra lamour
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Violent dans la forme et dans ses lignes noiresPeupl de fantmes aux courbes divoire
Et de sueur glane dans les luttes de parcours
Aprs le combat est un combat nouveauLe sphinx rgnr aiguise son attirailHurlant sous la lune ronde et ses caveauxLe combat ternel dont tous se raillent
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XI. LA PERSONNALIT DE LARTISTE
Lartiste na pas de personnalitIl les a toutes tant un tre poreux
Il se gorge aux sources des crnes hideuxFiltrant travers lui les flux de banalit
Lartiste na pas de nom pas de lendemainIl est asocial et peut survivre seulSil ne le peut pas la mort de ses deux mainsJettera aux cendres lui et sa grande gueule
Il na pas de futur balis par les lois humainesIl nest personne et est tout le mondeTout sanctifier et tout immondeIl est le cristal par lequel arrive la peine
Lartiste se moque des modes et de leurs avatarsIl court toujours aprs datroces chimresA lodeur de safran et de chants dHomre
Il est la conjonction de grands courants btards
Lartiste est goste et pourtantRien nest plus philanthrope que sa dvotionCar sil mprise lindividu pour autantIl se voue lhumanit et au monde fait nation
Lartiste est destructeur de son voisinage
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Il peut enterrer les plus optimistesIl a laurole maudite qui brille au front des sages
Et la maldiction des plus graves pessimistes
Lartiste ne sait pas de quoi sera fait demainLa cration est un vide absolu qui se remplit
brusquementLa recherche est vaine et le tgumentEst ancr comme un poison dans son cur
dairain
Lartiste est joueur la tte cramePar des symbioses trop pousses avec les
phnomnesPar des abstraites confusions et des pierres en
diadmesScintillant le long des anneaux des plantes
aimes
Lartiste est le plus dur des coeurs et le plustendre amant
Il est tout blanc et tout noir et cela chaquemoment
Il dtruit toujours plus quil na jamais construitSes oeuvres sont les piteux tmoins des pleurs et
cris
Des champs de batailles quil trane ses piedsDes bouteilles mtaphysiques sonnant comme
des mouettesDes pirouettes dentubages des cadavres moitiMorts mais respirant encore du gouffre les
miettes
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Lartiste est le paria le maudit par structure
Ah ! Quelles jolies tentatives de vouloir inclureDans la socit un monstre si vain et dcalUne erreur de la nature sur ou sous cphal
Lartiste cr et cest bien tout ce quil lui resteIl peut aussi sucer les bouts des seins des sirnesSadapter pour devenir des conneries la reineTourner encore et encore une bien pitre veste
Mais encore et toujours quels que soient lespoques
Les statistiques engendrent des anomaliesComme les artistes et leur dgueulisToujours cartels entre caresses et chocs
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XII. LES PIGES DES SUCCUBES
Les succubes volent tout autour de nousLes pauvres tres succombent ces tentations
charnellesLes incubes aussi fruits de sordides remousAgitant les bas fonds de lenfer tentent les
demoisellesVoulant accomplir les desseins de lau dessous
Les succubes les plus dangereusesNe sont malheureusement pas toujours
Les cratures du diable viles et malicieusesMais sincarnent en manipulatrices vicieusesTissant la vie de tous les jours
Tant dannes sparent lhomme de sa crationPour pouvoir parler de laumne faite ses sensCette dcharge se transformant en contrat ranceEn avatar de miel sans la transformation
De son tre en instance de fusion
Alors succubes et incubes dchanez-vousEt entranez-nous dans la spirale du tempsBaisez-nous encore et si bien et tantQue du virus succubien succombantNous propagions lenfer et le sexe fou
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Que le feu soit dans lorgie sexuelle complteQue ces bats soient notre dernire fte
Que lavenir nous voit sous la forme ubuesqueQue les femelles se touchent et deviennentsuccubes
Que les mles sbattent et se dcouvrentincubes
Ds lors comme dans le plus grand tripot dumonde
La fange sera notre quotidien et limmondeGarant de nos rapports couvrira le vide courantLatmosphre mphitique le pas des rats
rampantsQui pleure de nos ttes comme une coule de
sang
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XIII. LINCOMPLTE REPRSENTATION
Au dtriment des couloirs poussireuxDe ma bibliothque rve
Les sentiments sagrgent en amas glaireuxExhalant lodeur de la pte trop leve
Au dtour dun chemin quelconque du labyrintheLes fleurs noires poussent sur les livresPutrfaction subtile racines de poison ivreQui joue avec les sens dun ventail de feintes
Quelques champignons hallucinognesSemptrent dans les tagresGermant chez les apothicairesPleurant sur les reliques du dieu Diogne
Il faut parfois se battre avec les lianesQui peuplent le monde des mots et des livresUn homme bien arm par le savoir dlivre
Soudain un secret sombre au parfum de badiane
Il faut faire attention de ne pas prendre racineLes plantes poussent si vite sur les encyclopdiesOn a trop souvent vu surgir la glycinePour engloutir le tendre fou qui lit
Jai trouv mon ouvrage sur un rayon pourri
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Il engendre des nues de cosmique poussireMe projetant dans les affres des astres ther
Qui peuplent les interstices o les courbes ontsouri
Il est pnible de tourner les pagesChacune delle pse des millnairesEt bien que mon regard se change en mirageLes feuillets disparaissent ds lors quon les
vnre
Je plane dsormais au dessus dun puzzleUne conscience obscure me tient lac en lairAu dessus des armes de mes congnresChacune occupe sa survie seule
O combien il est agrable de mirer la luneJe vole dos la terre ne sachant plus vraimentO est lendroit o est lenvers o est la runeDu grimoire qui me repousse comme un aimant
Bientt ma photo ornera les pages du parcheminDessine par les moines et leurs patientes mainsEnvironn de dmons et trnant dans lenferJe sourirai contraint par la plume de fer
Le destin est terne sans lumire ternelParfois un barbu iconoclaste me regarde loeil
suspicieuxPartag entre la volont de brler le tableau
vicieuxEt celle de conserver le manuscrit charnel
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Le bouquin claque quand le vieux le revoileEntre les dmons coinc dans lenluminure
Mon futur est celui du prisonnier de la toileSous la pression fine des croqueurs de fmurs
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XIV. UNE NOUVELLE MUE
Sur la sinusode des impressions qui monte etredescend
Des gravas se forment encore faits de lave enfusionIls brlent et attirent les mauvais sentimentsPeine mort amour du telles sont leurs chansons
Lhorizon alors pris dun dsir ivreTremblote et part au loin l-basOn court en vain afin de le suivre
Pour garder le repre que le temps abat
La nause peut surgir de cette ondulationLes principes tout coup ont clat en picesNous chutons dans un vide qui na de cesseDe souvrir bant sous notre agitation
Frntique est lenvie den finir une bonne fois
De jeter lponge dmoniaque qui nous lie lavieDe stresser un peu les plus grands interditsDe conclure ce vertige dans labme de la foi
Pourtant pendant la mise en placeLes sentiments rods ont repris le dessusOn mate le concret imagine le reu
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Ce que lon lguera et sa face dans la glace
Aprs tout quoi bon oui on sest fait peurOn a voulu en finir pour de bon tout lheureCtait pour quoi au juste une inepte rengaineQui na plus dimportance qui est soudain si vaine
Le miroir se gausse de nos hsitationsNos yeux la fois acteur et premier publicRegardent la face qui doute emplie de ses tics
Dont la plupart seffacent sous un sourire fripon
Mais alors tout cela ntait que rigoladeQuune vague de torpeur qui nous a srement
meneVers un abme de doute o lon voulait creuserUne bien amre tombe une dernire ballade
Non on sen souvient on avait des raisonsBien sr elles apparaissent si tnues et on perdProgressivement la mesure de la draisonPuis se prend dune envie dun lied de Schubert
Les plages se sont enchanes sans mesureLamour du est toujours l mais plus terneLa peine est partie vers dautres fissuresLa mort pour plus tard senfuie en vol de sterne
Une bouffe de vie nous emplie tout coupLe monde complexe est porte de conscienceNous revenons de loin mais voulons toutCe qui se peut se consommer sans patience
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Il nous faut crer encore et toujours au sortirDe ce grave moment o lon a failli
Laiss notre peau dans un pot pourriDimpressions mphitiques qui nous feraientvomir
Crer un petit peu chaque instantPour graver sur le marbre les tapes du tempsSe soigner sans arrt le soir dans le printempsAvoir un oeil de soi dtach du moment
Lair est si parfum le soleil si prsentLa musique est douce et le sommeil rpareNous avons rattrap un horizon qui partNous nous incarnons en acteur bienfaisant
L rside lessence absolue de la vieIl nous faut crer plus que lon dtruitSe battre toujours avec la fougue mmeAu prix de la passion qui follement aime
Lhorizon a vacill laissant encore des tracesDes champs de batailles lacrs de blessures
bantesDes principes briss des certitudes en miettes
sentassentDu grand chaos est re-ne une ombre gante
Ses ailes encore fragiles se dplient sur lecharnier
Des morceaux qui sont rests au fond du trouQuelle blague de croire que lenterr serait nousAlors que seule la mue est ici allonge
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La mue et ses atours vains et cruels tout au fond
giseNous la regardons en pleurant elle est nousencore
Mais elle est si charge de nants et de crisesQuon la laisse l o on aurait pu se trouver mort
Les pleurs de circonstance se terminent bienttChantonnons un air suave pour les enterrements
Nos ailes toutes fraches demandent le firmamentEt au cadavre de soufre nous tournons le dos
Nanmoins pendant le premier vol on se mfieraDes particules du monde qui viennent se collerSur les appendices humains les plus bariolsPour mieux reculer le jour o de nouveau lon
muera
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XV. LABME
Labme me rejointSubstance profonde
Des jeux vainsDe miroirs sur londe
Moteur de la tempteStigmate des corps dchusSpulcre noir en fteDe vanits charnues
Abme quotidienChantre des espoirs annihilsQue de tes mainsTu te plais craser
Souvent un mur cdeA la pression de mon ouvrageMais cest toi abme noir et raide
Qui hante ce nouveau rivage
Il faut alors recommencerUn pas de plus dans le videSous loeil des goules avidesDe ce faux pas de la pense
Un faux pas et cest la chute
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Os briss et lesprit rongeLes entrailles mlanges
De cet os sans moelle des songesDont on a hritAu lieu de toucher le but
Pour les survivants lquilibreDune danse incongrue sur la corde raideSur ce fil de nant qui oscille et vibreEst une peine constante seul sans aide
Le sombre rameau de linsoucianceBravant toutSincruste des joyaux daisanceDu vrai fou
Labme mate le tendreGueule ouvertePrt lavaler le pendreGouffre perte
Arriv sur lautre riveLe pantin devant le nouveau mur soupireDigrant la driveDu voyage sur labme aux mille rires
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XVI. LE BESOIN DEXPRIENCE
Le monde se divise en deux camps disait le sageLe premier runit les vampires dexprience
Les avides daction et de beaux paysagesLes amoureux de la vie qui au vent font confianceIls construisent la terre fertile au sang des orages
Ceux-l sont toujours gagnants sur tous tableauxAmateurs de bonne chair et goteux de plaisirsIls rodent dans les ombres des gnies des eauxEtourdir daudace les lames de lavenir
Qui dautre pour succomber encore et pourtoujours
Aux charmes velouts qui transcendent le jourPortant sur les choses bonnes les frasques de
lamour
Qui un vin fin la moelleuse robe
Avive le palais et fait chanter lode
Qui brille en son coeur comme un phare lointain
Lautre ct du monde est moins opportun
Sa fortune se fait aux courants agitsQui balayent ciel et terre de leur draison
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De leur orgueil vain de labsence de passion
Le vide comme quotidien hante ltre figNe parlant que de lui talant sa misre
Sur le rasoir-discours qui grand comme un abmeCalme avec raison la substance nullissimeLincapacit se placer faireEvoluer vers lavant la trame du mystre
Point de pierre jeter point de maldictionIls ont depuis longtemps obi aux grandes loisForts de lirrprochable ducationExprience modestie ont dsert leur foiReste largent pour lequel ils se vendent
A des marchands avides ngociant leur viande
Le pire nest pas le manque dexprienceNous en manquons tous et sommes si loin du
sageMais pour qui ne souhaite pas augmenter la
substanceLacquis venant des autres chaque jour est nuage
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XVII. LATTENTE
Lattente se tisse de ces moments prcieuxO tout manque o les autres sont loin
O bientt lon regarde dames et messieursIndiffrent lheure au mal ou au bien
Lattente se cristallise toujours de la mme faonElle est dabord nervement ou subit relchementPuis elle sadoucit mesure que lon entreDans cet tat heureux dont on devient le centre
Tout autour de nous devient symboliqueUn homme qui dort une femme maquilleUn enfant joue non loin sous un masque dorTandis que lon serine dinutiles encycliques
Le regard dans le vague ltre se rveilleLes visages se tendent dans leur naturelAutour dune fleur bourdonne une abeille
Trop occupe pour sentir les regards sur elle
On voit alors dfiler comme par enchantementDes paysages indits issus des mandresDe lennui qui dcoule du fait dattendreOn ne sait plus trop quoi tant on est patient
Sont-ce ces visages qui soudain se dvoilent
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Qui offrent nos yeux un spectacle luxueuxCelui des vrais coeurs ouverts toute voile
Balays par les vents contraires et nbuleux
Mme vrais ces visages vont mentantSe contenant un peu plus par politessePar un instinct inscrit plus que par penchantLtre automatique se protge par paresse
Mais il nous laisse plus que de coutume
Ces amas de traits et dorganes familiersIl fait la synthse de sa vie rgulePuis entrouvre une porte qui suinte et qui fume
Il nest point ncessaire de porter un jugementQui sait ce quon voit de nous en ce momentQui sait de quoi a lair notre gueuleQui prince charmant qui serf laid et veule
L devant nous sans pudeur stalentLe fil de lattente la bte automatiqueLa machinerie bouillante et dramatiqueQui se repose un peu avant quelle ne semballe
Sur les territoires de lombreCertains ont tout perduProvisionnant le sombreCt deux qui futIl passe dans leurs yeuxDes graines de passQue pour rien au mondeOn ne voudrait possderDes mots dsagrables
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Des blessures trop profondesDes moments qui gnrent
De vilaines ondesDes choix ratsDes dceptionsDes bonheurs retrouvs
Leur tre tout entier nest pas pour euxsemblable
A ce que de leur personne ils auraient aim faire
Dans leurs yeux les beaux voisins sentent lenferParaissant leur rire au nez incapable minable
Qui donc le leur dit ou leur fit comprendreOn ne peut tre devant toujoursDe ce moment dattente au lieu de se dtendreIls auront ressass un pass bien trop lourd
Sur les terres du soleilDautres sont fiers deuxIls sont le vent en poupeLa tte non mitigeLme bande versLa direction du momentLe courant qui porte
Ils ont le regard fier mprisant les nabotsSrigent en statues modles de sagesseCarrures dathltes et mchoires en rabotsIls hantent toutes les marches qui mnent
laltesse
Entre les deux
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Sres de rienSrs de rien
Quelques tres pensent aux leuresA toute cette attente au poids de ces heuresQuelques regards mirent le firmamentY voyant des courbes abstraitesQui sincarnent dans lamthyste parfaiteParant du soleil un ternel amant
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XVIII. LE MIRACLE
Ayant perdu tout attrait pour le fait dtrequelquun
Battu par les vents chauds et froids comme desballes de laineHant par les mirages chaque seconde
chaque cheminLa drive sincrustait chaque jour dans la haine
Ayant perdu le got des autres et de soi-mmePour des chimres aux cloches de couleur
Supportant les vagues dune rcurrente peurLtre intime ni se dbattait seul blme
Etre soi-mme larchange de sa permanentetorture
Se frapper encore en encore en pensant se fairedu bien
Creuser chaque jour un foss de pourriture
Entre soi et soi un pige de milliers de liens
Mais sapercevoir un jour stupfaitQue la maldiction nest plus que relativeQuelle sest induite en nous par des plaies
htivesQue le temps a guri comme nous nous sommes
dfaits
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Ce miracle l de par son vidence
Le cur qui parle alors quil avait trop tEnferm dans sa gele comme un forcenIllumine le ciel par sa prestance
Pas de rancur au cur certes oubliQui gambergea longtemps ne pouvant retrouverCes dlices qui nagure peuplaient la vieEt faisaient des instants des dlices exquis
Ce cur parle parce quil voitIl fut longtemps aveugle froid isolCercl des barres de fer de la penseDe la logique et des concepts froids
Mais si la tte parle et penseLe cur voit plus que les yeuxLquilibre et la lutte intenseEntre eux rend le temps dlicieux
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XIX. LA LITURGIE DU COULOIR
Le couloir ntait pas si rectiligneIl avait soudainement explos en des milliers
De possibles svadant dans les tranesLes uns dans les autres sans un signe
Il pouvait se devenir vie ou simple vueMont et nature sur un paysage fantastiqueJoie des muscles force organiqueUne le lointaine comme une porte de mue
Javais pris soin de bien investiguerLes moindres recoins aprs lexplosionSavoir si vritablement le bastionAvait abrit des ombres thres
En creusant le moi et les mensongesOn se heurte aux autres mis devant leur faceIls se fuient vous accusent vous effacent
Tentent de vous nettoyer grands coupsdponge
Cest bien normal aprs tout il faut toujoursUne tte de turc dans les autres quand on estUn prdateur aux allures faibles et aux atoursProtgeant un cur de glace qui toujours se hait
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Les couloirs bifurquent un moment qui rongeToujours ils nous ramnent au cur de nous-
mmePas de fuite il faut regarder quand mmeLe miroir tourbillon de nos intimes songes
Je te regarde glace froide je me regarde en toiJe vois des yeux tnbreux do les tincellesDillusions ont t enfouies sous les ailesDe larmure du cur scarifi de bois
Hier pourtant des yeux ont tout vu en moiIls ont sourit sans arrire penseMe donnant un instant de pur moiDe bonheur radieux pour me panser
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XX. VOYAGES
I.
Au fond de mes poubellesJai trouv des diamantsAu fond de ma cervelleDes monstres errants
Au fond de mes poubellesJai trouv de la peurGlace dedans le gel
Du temps craquel dheures
Au fond de mes poubellesIl y a avait des fantmesChantant la ritournelleDe mes combats de mme
Au fond de mes poubelles
Je trouvai de lamourAux parfums ternelsGt par les vieux jours
Au fond de mes poubellesDes figures de dessesDes ombres de princessesDes images irrelles
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Au fond de mes poubelles
Il y avait la violenceDun traqu en transesArm dun scalpel
Au fond de mes poubellesLes entrailles brillaientDe la nuit sans soleilAu jour des moins gais
Au fond de mes poubellesIl y avait un clairUn signal du cielQui foudroya mes nerfs
Au fond de mes poubellesIl y avait loubliLa mer de lennuiEt ses les ternelles
Au fond de mes poubellesJai retrouv la vieLombre que martleLe soleil ravi
Au fond de mes poubellesJai respir lair purDe joyeuses tincellesCrpitant dans lazur
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II.
Le dsert approche et fait faceA ma gueule paume motiveJe rle comme une locomotiveRegardant mes pas que le vent efface
Le dsert je le traverse assoiffProfitant des comptoirs o les caravanes
Disposent les alcools en pavaneDans mon esprit ivre de vapeurs embrumes
Loasis est rare et le reg arideJai tendance croire quelle nest que lgendeAu monde des cailloux je montre mes ridesLes laissant dans mon dos de peur que lon me
pende
La belle oasis furoncle improbable sur cette peaulisse
Je la rve en mirages en trbuchant au solJe linvoque en gueulant lorsque sous mes pieds
crissentLes grains de mes larmes de sable que le vent
tiole
Les dunes sont le plus pnible azurLhorizon a fui et avec lui le repreLami fidle vers qui courre lhomme purSans comprendre lternelle distance amre
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Ici dans les remous des vagues de pierresminuscules
Point de constellation terrestre o caler sonregardQue des mottes funestes o les pieds sgarentCroulant et titubant dans un constant recul
Je voudrais surfer sur ces ondesElever ma douleur des synclinaux strilesEviter quau soleil passion nergie fondent
Pour que je me consume en un battement de cil
Parfois dop par les terrestres vibrationsRessenties les nuits de solitudeAccabl par le gel mes membres extrudentLa semence du jour en un vol de dragon
Oiseau improbable je gravis les dunesSurvole sous le soleil de plomb les rises de mortDchiffrant sur locan de sable les runesDe ma seconde vie qui comme un mystre dort
Cette vie je lappelle parfois au dsespoirParfois avec des chants aux souvenirs marinsDu temps o je voguais dans mon vaisseau
dairainParfois je la construis la sueur despoir
Le voyage au long cours a cess le long de cemarais
Un marais assch par les larmes fuyant moncorps
Distill par les rayons mortels dont je me parais
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Je trimballe ma momie sous la vote qui dort
Quelques roses de sable clignent de loeil soudainMencourageant changer de tactiquesMes amies aux parures angulaires mythiquesBrillent dun clat franc leur appui serein
Souvent le sable en tempteProfitant de ma dtresseMenterre
Totem de pierre mu en bteSous le joug je maffaisseSolitaire
Des engelures me parent de leurs inventionssubtiles
Comme un rocher plat je suis partie du toutPeau dessus la peau craquelure strileJe me fonds en crevasses excavant de grands
trous
Puis il est temps de reprendre la routeDe croire nouveau loasis que gteLesprit contradictoire qui pousse ma drouteMais qui met tout en oeuvre pour que celle-ci
rate
Je patauge une fois encore dans la vase ensableDans les dunes maudites toboggans infernauxRoulant comme un caillou dans leurs dments
rouleauxDo les dauphins de pierre sautent en nues
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Mes amis du dsert me suivent invisiblesJe charme les mirages et les carcasses osseuses
Je cure mes dents pierreuses dune cte fissibleParant de lumire mes sueurs poisseuses
Arriv aux frontires je hurlerai de joieVainqueur de linfinie mer o se noientFanatiques du cur et vaisseaux affablesAttirs aux cueils par les sirnes de sable
Un jour jatteindrai lautre riveJe terminerai lardent et rude voyageSculptant au sein de mes failles au visageLa blessure ternelle du regard en drive
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XXI. EPILOGUE
Dans le feu des guerres contre soi-mmeDans lincessante qute dobjets inaccessibles
Dans le fantme de ltre qui aimeDans les tourments de lme indiciblesLe voyage sachve
Bien des prils sont en ce lieu survenusDes prils de lamour gnrant des gouffresDes prils de pense en territoires nusDes prils de lme dont le sang souffre
La vie me fit dabord solitaire des limbesDiffrent des autres et objet de riseJe vis jaillir des proches la haine que nimbeLes projections brutales des cours de rcre
Endurci par les chocs suivant un devenirParallle ceux qui mavaient rejet
Jai pleur en silence rvant dune pitDune la paix de lme en forme de sourire
Jai dvelopp les autres sens objets de mprisDouleurs de mon silence enfants de mes crisMes poings se sont cogns aux murailles
invisiblesQutablissaient les autres en me rendant risible
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Un jour je trouvai lamour vritable
Je le choyai en moi le projetait sur lautreRejouant les mme erreurs ineffablesDu grand jeu de lamour que je croyais faire
ntre
Dans une btise aveugle je reniai mon passPitinant dans la lie une une patiemmentMes attaches profondes dans un aveuglement
Qui dacharnement devenait meurtrier
Meurtrier de moi-mme je jetai en ptureA lintellect un jeu de cartes faussesAfin que la labyrinthique aventureNait pas de sortie dans la vrit
Je suivis des courants tentais de les comprendreFaisant mes premires armes en face du dlireAttaquant le gant de mes mains sans sourireMordant dans le cadavre pour ne pas me pendre
Dans le fondu du ciel noir trs loin au dessusUn flux visqueux menchanait au rivageMa nage de panique cachait mal le naufrageDe cette plaisanterie par moi-mme lue
Prcipit ainsi dans le courant sauvageJe voulais que lesprit lemporte sur moi-mmeIvre de logique je choisissais mes chanesAfin de mattacher plus encore ma rage
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Je combattais sans cesse dans les ruessournoises
Creusant de plus en plus le foss sparantJe voulais dynamiter le monde
Puis je tombais dans les affres inluctablesDun coup que seuls les livres narrentQui narrive quaux autres et sont traits de
fablesQui a got darsenic et de divin nectar
Je chus dans le grand prcipicePrendre comme en ouragan le contrecoupDannes de lutte contre le cur boutIntrieur dtruit par impacts factices
Comme toujours en ce cas il arrive quon tombemal
Lautre encore une fois fut par trop crbralePour ma part venant dune extrmit de la biseLe zphyr me rendit aux confins de btise
Vouloir renier lamour je lai pens combien defois
Combien de fois mon esprit torve arriva lvidence
Reniant par dessus tout mes racines denfanceMon amour du monde et de son ventail de roi
Mais le corps se rveille tout comme le curSi celui-ci sommeille en dedans comprimIl explose aussi vite quun homme dynamitRefluant tout coup le mercure des heures
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Errant dans ce monde sans plus aucune racine
Je ntais que le spectre de mon spectre mortBouillonnant sans contrle dans ma marmiteMon cerveau cuit leau me sortait des orbites
Au bord du prcipice un indice influaUn choix dinterstice aux frontires du trpas
Ds lors le vrai voyage commena enfin
Ce voyage ador de lme sur le StyxCe voyage avort qui en fait ne consisteQu monter sur la barque et rebrousser chemin
Le passeur lpoque fut un peu surprisSage il ne dit rien devant ma noire folieRamenant le canot vers le rivage vivantIl me fit au revoir ce nest pas le moment
Aussitt sur la rive que dj lquipageAppareillait pour de nouvelles terresPris soudain dun vilain mal de merJe sautai par dessus le bastingage
L sur mon le dserte par tousUne le que par mes soins javais close aux
rdeursJentrepris de fouiller le sol meuble dont lodeurMe rvulsait en me fichant la frousse
Je creusai et creusai grattai des pages entiresJe fis mon procs tour tour juge avocatEchangeant les toques et embotant le pas
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Aux sordides dtails des courantes affaires
Je vis enfin le dbut dune lumireMais comme elle tait loin hsitante tnueLe chemin sallongeait peine parcouruBifurquait sans cesse en ramifications guerrires
Tout alors pris place peu peuComme un puzzle sembote le bon vieux temps
revient
Des souvenirs en une masse bleueDe nostalgie et sentiments humains
Les combats depuis lors furent des pisodesAssez indolores sans saveur ridiculesTout au plus flottent-ils comme des animalculesDans les marais de lme en ternel exode
Jai gard mon le et mes pressions de toujoursDes poids qui sallgent avec le fil du tempsJai le temps pour trouver un ternel amourDu genre de ceux qui ne durent pas quun temps
Mes racines repoussent avec les autres arbresJeune chne dj jtais la traneA lge vertueux jeus du mal crotreAvant dtre foudroy par lorage de misaine
Si les pousses se montrent timidesJe regarde avec espoir ces belles feuilles sainesJai rejoint de lenfance quelques unes des scnesAyant dsert les plateaux arides
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Dans la terre je puise ma pitanceLes arbres mes amis me couvrent de
bienveillanceJe donne abri aux oiseaux nouveaux-nsLa fort ma prt sa lisire dore
Dans les montagnes proches jobserve lesalpages
Le temps qui se meut sur son vent de nuagesLes btes qui crapahutent dans les champs de
rochersAvant dtre sous moi en habit de nuite
Combl chaque jour par ma prognitureQui dveloppe des rameaux fabuleuxDont jenvie parfois la solide ramureJe la couvre encore des vils clairs de feu
Un jour nanmoins ma voilure en miettesNe suffira plus protger la fluetteLarbre descendant prendra alors ma placeJe men irai au Styx de guerre lasse
Jai encore mmoire des pisodes vcusMes racines souffriront de nouveaux incidentsMais plant dans le sol de la fort du ventMon voyage sachve sous le soleil nu
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LE VOYAGE PHILOSOPHIQUE
Second livre
2004 - 2006
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I. INTRODUCTION
Je vais en ces lieux ouvrir le dbatDe la reconstruction des pices disperses
Des miettes de lme partout parpillesDes lumires de jadis dans loubli de lclat
Je vais par des mots durs revenir la sourceManger une nouvelle fois ma bouillie de laitBavant sur mon fantme qui de dedans me
pousseParfois dedans le mur et dans des chemins laids
Oui, jai regard dedansOui, jai regard en faceLa lie du bain bouillantQuaucun pass nefface
Alors bien sr je pourrais ergoterMe dire encore une fois quil nest pas ncessaire
De remuer le pass comme je pense le faireQuil vaudrait mieux tout oublier
Mais le pass est l dans mes actes spontansSi je ne le guette pas il sinsinue partoutJe veux le saisir pour le matriserEt viter ainsi dtre le jouet dun fou
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Il est clair quautrefois je penchai vers linsanitJe dois le reconnatre ayant fait face au pire
Je dois trouver la voie de mon vrai devenirEt non pas en pantin me faire piloter
La dmarche est basique tous comme le sonttous les mots
Je nai jamais prtendu ruminer des pomesMe comparer follement aux grands noms que
jaime
Cracher mes lettres mornes dans le mmetonneau
Mais aimant la rime et lintrospection facileJe reprends mon plerinage vers CompostelleVers lme de ma personne sa part laide sa part
belleJe suis clair en moi-mme comme aprs un bon
deal
Enfin connaissant les chemins de drouteQue dautres autour de moi investissent leur
tourJe voudrais que perdure cette foi en mon douteQui face aux chemins faciles mime le sourd
Une ode bien maigrelette dans locan de motsUn message despoir mais rien nest jamais
acquisNi le bien ni le mal ni le mal en pisUn symbole tremp dans le sang de mes maux
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II. LA RECONSTRUCTION
Aprs avoir plong dans le puits il faut en sortirRechercher dans labme une solution ses maux
Est une dmarche malaise encore teinte dadoIl me fallait immoler doucement lobsession dupire
La reconstruction est affaire de rfrentielOn ne la btit pas dans lespace communEn optant pour ou contre les virages du cheminQue tout le monde emprunte aux clones
matriciels
La reconstruction est une phase moins violenteEncore quelle branle les trfonds de la personneEn moi sonnait lalerte comme les cloches
bourdonnentQuand les questions brlaient en coupures
bantes
Cest une douleur lancinante que celle deconstruire
Une douleur du doute qui creuse les sillonsDe son venin poreux irrigant les bastionsQui rsistent et explosent dans les larmes et le
rire
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Quand le doute est fait sien on apprend garderA faire la part la part des choses rejeter aussi
Car le conflit spuise dans sa grande vanitLe doute rduisant les trous de mon tamis
Reconstruire le soi cest aller vers les autresComme nu sous le soleil comme un pur dbutantSenrichir au contact des tres rassurantsOu trbucher sur leur sensibilit faite ntre
La lutte contre soi et ses automatismesEst au cur de cette voie peuple de coutumesFoin des discours o transpire lamertumeLa lumire entre en nous par les faces du prisme
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III. LES PIEDS DANS LEAU
Un clone valencien me mate leauTandis que lombre stipule et charme
Les dlais de mes amours de ParmeIncarns par le sol dans le caniveau
Jen oublie les promesses de la vilaineFielleuses images aux toiles qui se tordentEn des succubes rouges avides de me mordreMes jambes sensanglantent aux ores de mes
veines
Sous la toile qui pend du monument aux fousLendroit de ma prire fut un temps carnassierLes prsents y pourrissent en un tourbillon rouxDont les vapeurs ftides me font toujours tousser
Derrire les rideaux de feu pourpre et poisseuxLa forme hante tapie me regarde aux yeux
Je remballe mon regard dans ma poche infinieRefusant de jouer le jeu des mes punies
Encore une me et ses clones vertueuxEncore une obole rclame en silenceLes yeux nervs de cette atroce violenceQui pullule en les curs transpercs de pieux
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Un clone valencien me mate leau de feuMon parapluie azur me protge et je chante
Les louanges de glace de la charte bleueQui me lie la mer dont les vapeurs enchantent
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IV. LES DMONS INTRIEURS
O tourmentIssu de mes dmons
Lintrieur est un immense gouffreAux ombres sculptes dans le soufreDans les vapeurs de mes limons
A linsu de moi-mme je cherche encore creuser
Dans cette pte molle un peu trop travailleFaisande par la brise du temps et des glaciations
Jenvisage de nouveau le doute comme fondation
Mais dans les doutes grnent des poisonsmalicieux
Coulant de lalambic de mes rves en liquidesvisqueux
Jaurais voulu ne pas boire et ensevelir enfinCe goutte--goutte terrible aux parfums
assassins
Une fois claques au sol sous forme dimpactsflasques
Les liquides nauseux engendrent des dmonsRveills du sommeil par la distillationQuinconsciemment je cache derrire un jeu de
masques
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Ils tournent se tordent et se moquent
Ils ricanent et dgueulent cansMontrant lacide au sol purulent et fumantQue mes yeux ivres refusent en bloc
La moindre faille dans le contrle me revoit lasile
Le moindre faux pas peut mtre fatalJe glisse sur les pentes ltales
De leurs mares abjectes dentrailles et de bile
Dun coup je ferme linconscientComme une dalle de plomb claquant dans un
bruit sourdJe dlaisse un moment mes dmons un peu
gourdPriant pour que passe le temps
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V. LA COMPLEXIT DU MONDE
Dans la jungle humaine un jour je dcouvrisDes mes tortures par lcho des sirnes
Des esprits calfeutrs dans une grande peineO lenfer rcurrent soffrait en seul abri
Dans la jungle humaine du monde complexDes tres se targuant de phnomnes trangesInsensibles labstrait et portant aux louangesDes dieux de pacotilles des croyances alinesVenaient par devant moi exposer leurs griefs
Sur un monde simpliste aux rgles moinsquhumainesMe faire la leon par leur mesquine haineMe chanter lallgeance volontaire des serfs
Jen vins me our sur les principes des autresEt sur les miens dabord rebours pervertisJe doutais un peu plus quand gerbaient les aigris
De vrais discours moraux dignes des aptres
Je sombrais dans lalcool les drogues la posieTentant vainement de mattaquer la prosePour comme eux condamner dans ma gloseLe souvenir dchu de mes rves pris
Pourtant la cure vaine me montait la face
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Je voulais de leur monde effacer toutes les tracesConstruire ma vision en dehors de leurs traits
Sortir de leurs carcans en balisant mes haies
Leurs discours sans saveur hantaient monquotidien
Gnrateurs de doute ils chargeaient mon espoirFaisant douter du moi comme une peur du noirRedevenu enfant je tremblais pour un rien
Puis lclair vint laube dune trouvailleJen voulus aux dieux morts de mavoir laisser
choirAu lieu de me parler depuis les urinoirsO les hommes ont laiss leur dpouille de paille
Oui ces dieux sourds mon appel soudainO sont-ils maintenant que le monde est si grandQue chacun ici bas pour un rien ne se vexeDe peur de voir fuir ses certitudes en vain
Pourquoi lesprit des hommes qui na jamais euAutant de feux dargent pour le faire bouillirSe limite-t-il tant un tel avenirFait de transgressions nases et despoirs dchus
Je tournai finalement le dos ces comtesSource de pleurs vains aux accents charognardsJe voulais couper dur ces fils de rires hagardsCoupls leurs matres comme des marionnettes
Je ravivai les dieux ancestraux et paensPour passer un moment en leur compagnie
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Profiter des mystres que leur aube maintientDans un nuage de stupre et de philosophie
Dans la jungle humaine prsent jvolueEvitant les nfastes vitant les obtusJe jongle comme je peux avec lincertitudeDdaignant les principes de leur finitude
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VI. UN GECKO COURT SUR LES PIERRESAFFLEURANT
Un gecko court sur les pierres affleurant
Dandinant du corps dans un corpus trangeSurgi des ges sur la mouche dormantDans la chaleur du soir que rien ne drange
De ses yeux en globe semblant tout la foisRegarder devant lui ainsi que sur les bordsLa prhistoire est l jonche sur un rebordDu mur de ma maison placide et sans moi
La proie descend dans lestomac chauffPar les radiations du roc cern de blancLinsecte bouge avant dtre digrLe plaisir en est plus ravissant
Lattaque fut foudroyante immdiateComme un morceau de temps tout coup aval
La tarente courante a des pouvoirs sorciersVolant une seconde dans ses moindres attaques
Je loue la bte en tte et absorbe une gorgeSouriant soulag de ntre pas insecteSi la mort de ses proies en rien ne maffecteJaime lide de ntre pas gob
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VII. SAUVAGES PENSES DESTHTE
Les sauvages penses desthtePerdues en cire doboles rondes
Mont vrill le long de la bondeDes racines de joncs dpithtes
Je jouissais sous les rles sauvagesDes roux buissons saisissant mon regardAu feu des courbes dintenses bagarresFrittant mon antre bleu de ses ravages
Subtilement une subite baguetteChante par une ondine au vol de soieMe saisit de son cri dalouette
Mloignant de mes onguents dmoisJe mtends alors la bave sur la tteCribl de sauvages penses desthte
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VIII. OURAGAN
La vague rude de louragan qui briseLes tais de fonte en dbris
Menlve et menliseSous la vase deau de cris
Je membrune sous les algues tourbillonnantesQuand les bulles ravies sesclaffentLa tte en bas dans ma carafeO le vortex dissout les pentes
Perdu sous la meule liquideDes vagues charriant et se choquantJchoue sur une plage livideA demi nu comme un gisant
Animalcules dcume en spiraleVous chantez encore louraganDont les sirnes brutales
Portent aux nues mes ocans
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IX. MUTATION
Ces sentences vides de sens et le fluxDes ges nomades menferment en ridules
Je connus les affres du ridiculeHriss de poils en tre velu
Jai combattu les dtails contre des autoursPlanant ptrodactyles de leurs doigts venimeuxSe posant sur mon crne bavant sur mes
cheveuxMenvolant dans lther pour la grande chasse
courre
Au milieu du champ dsert jattendais la batailleSeul contre un ennemi invisibleJe battis ma face risibleEt sur mon corps dessinai des entailles
Aveugl par les lumires du jeu nocif
Rveill un jour par le parterre de couleursLe contact de la chair absorba mes pleursMe plantant l comme un con sur lesquif
Depuis le soleil mirradieJe ris de moi et de mes tragdiesJe ris des autres en empathieCroquant mon bout de paradis
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X. LAMOUR FOU
Jaimerais tre lyrique et je ne suis quen deJaimerais crire des pomes de cristal pour
lvoquerSurvoler ces amas de mots insuffisants et fatsFaire fondre les glaciers en torrents serrsFaire luire la mer noire dun bleu des plus dors
Jai parl de la haine si souvent que les phrasesSaines me manquent ainsi que le vocable
adquat
Je croque des vers pauvres une nuit la hteAfin de frler les frontires des stasesDe cet tat trange aux lans dextase
Je croyais au pass avoir connu le donJe courais comme un bleu devant mes illusionsJe souffris des annes croyant vivre en passionJe fis face au grand vide et connus le pardon
Puis je te trouvai par une lune clipseTapie dans la montagne o le gel gardaitUne trange demeure lallure de matriceUne trange maison quune foule habitait
Jai depuis lors vcu tes ctsLongtemps dsireux dcrire sur toi
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Mais trop prompt au pass aux vaines absurditsJai repouss longtemps cet hymne de lmoi
Jai tourn encore et encore ma plumeSept fois dans la poche que tu me gardais lProtgeant mes dlires quand lintrieur fumeSouriant de tes yeux dans les moments de rois
Un mystre est n il est dur de parlerJai appris que demain pouvait tout basculer
Emport le torrent dans les affres passesJe parle au prsent de mon tre aime
Mystre ou bien miracle combien il est risibleDe vouloir en sentiments placer des mots facilesLa formule en devient tout coup trop terniePar le dpt des mots spirale de vert-de-gris
Jai parfois des bouffes de noir passDes hallucinations des moments oHabit par un dmon je deviens un peu fouJai parfois des bouffes de noir pass
Solide pourtant sest notre amour construitSans que quelque technique ny ait mis du sienLe fruit du hasard nous offre des vertigesDun futur potentiel incrust en ton sein
Je chante ce destin provisoire ou durableCe prsent merveilleux qui me fait voir troubleJe nage merveille dans ce monde aimableVoyant les choses en face sans que lon madoube
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A linstar du pass jai gard un ctDe folie que lon chantait souvent
Dans les vieux manuscrits emplis de chevaliersAllant vers leurs princesses en dvous servants
Pourtant ni toi ni moi ne sert lautreCharmants nous le sommes lun pour lautreJe ne croyais aux lgendes que de faon abstraiteJai rvis mes dires aux pieds de nos conqutes
Je nai plus aucune certitude sur rienJuste envie de construire avec toi ce destinUn quotidien tiss dexceptions pures et bellesUne vie en chansons aux airs de ritournelles
Le temps tait jadis mon principal souciIl sest depuis lors transform en amiLes secondes se passent et me laissent raviNous acceptons ensemble de partager une vie
Les mots que jaligne sont encore trop peuNon pas que je te voue quelque culte malicieuxNi que par tes yeux jai envie de voirJe nai plus besoin de pauvres refouloirs
Je suis tes cts et tu es aux miensDes heures durant je pourrais te vanter
cependantLes mots de mon cur sont sans quivalentQuand mon regard se fixe dans les mers du tien
Je vais en cette nuit lentement te rejoindreSans savoir de quoi demain sera fait
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La confiance incruste dans ce tamis dairainFondu quand de mes bras je men vais te ceindre
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XI. HAINE EN MIROIR
Je suis larchange de ta destructionIncompatibles mes outres par les relents de
lautreJenvisage srieusement la sditionLes vagues de fortune du tourment des passionsLes plis de ma gamberge qui la gueule me
sautent
Je suis la condition de ton malheurEt quimporte lamour qui coule dans nos veines
Le yin et le yang se poursuivent en sueurDans la violence des mots et dans latroce peurQui par moment clate en tourbillons de haine
Je suis laurore de ta dchanceJe masque tes pouvoirs par ma sainte dfianceJe suis le fou de la reine impuissanteQue tu frappes sans comprendre corrosive et
mchanteJe regarde les cieux meurtris de mon sang rance
La lune nous gouverne ainsi que les maresLes violences nocturnes les cierges atomissLes runes du pass nous ptent la faceLes sales vilenies nous servent de menaces
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La nuit est la honte de nos mes piteusesTu me nuis je te nuis cest la haine en bloc
Chaque mot chang est une arme vicieuseAdress lautre retranch sous ses rocs
Je suis lme de tes faiblessesJe te les compterai comme la mort les ctesJe vomirais les douleurs de la mortJexhiberai tes blessures et tes tortsHurlant sous la pleine lune le chant de toutes
mes fautes
Ensemble consums nous prironsAttaqus par les vices qui nous tordent de haineTon poignard assassin mouvrira les veinesEt je te maudirai moi le sale larron
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XII. EPILOGUE, SUR LE CHEMIN DES ASTRES
Sur le chemin des astresJai poursuivi les plantes
Et les chimresSur le chemin des astresJai poursuivi loreDe la poussire
Sur le chemin des odesJai chant la noirceur
Et les sons graves
Sur le chemin des odesTapi dans lintrieurAu dedans des entraves
La tte me mena bien des foisSur des sentiers sans fin
Dans lerrance aride dun moiMiroir des matins
Jai le monde en moiUn monde qui tournoieUn monde qui se batUn monde sans moi
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Ce monde est fait dimagesQui dun coup sortent de moi
Que je vois en miragesDissipant les entrelacs
De cette dcantationPeu de choses sortentEt pourtant tant de choses sont sortiesTant que je suis comme vide
Cest alors que le vide appelleLe plein de la tutelleJe sens enfin en moiLa plnitude du soi
Mes masques sont autourFidles moules de ractionsJe choisis den garderQuelques uns mais pas tous
Jai eu lenvie de prcherJe lai toujours un peuMais au moment de prcheJe vois les regards alentourClos comme les yeux de nouveaux nsJe souris alors et dis paix
Dans le vent des dunes je sourisCar je ne contemple plus ces souvenirsJe memplis de ce monde jamais tariDe ces larmes dazur du plus grand mir
Conscience de soi et conscience de rien de soi
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Car le contact avec lui est au plus haut delchelle
Jai soif de ce vin qui court en moiMinvitant trinquer aux couleurs ternelles
Ami qui cherche et cherche avec tes livres jetteTes mots dans des bacs pour en jeter les formesLes lettres noires sont muettesEt ta pense dforme
Les portes de ton cur souvrent doucementTu as peur cest normal de ce que tu vas y voirRester bien au chaud dans une tour divoireNe pourrait forcer les rires autrement
Jentends au loin les oiseaux qui acquiescentIls chantent lore du prince et larrive du vinIls hantent les nues de leurs chants en liesseSpontans et vivants comme la chaleur dune
main
Les murs dici bas ne sont rien tu le saisMais tu nas pas dtruit les murs de raisonQui tenserrent en contraignant les chants de la
maisonHabillant les espaces dun quadrillage parfait
O perfection de lesprit tu es un doux miragePlus que mirage tu es une vraie erreurLa perfection cest lui, lami de ton curLe guide de toujours dont les pas sont si sages
Perfection tu mens la raison
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La raison aussi te ment loisirTu cherches des nouveaux moyens de mentir
Pour cacher cette errance o tout se vauttoujours
On dit tout est pareil -- cest fauxOn dit rien na dimportance -- cest fauxOn dit tout est vain -- cest fauxLa vanit est notre qualit mais pas la sienne
Ce chemin est le tien, pas le mienPourquoi voudrais-tu me contraindreTu ne le peux pas mais ne comprends pas que tu
ne peux pasTu penses que comme le roseau en toi je peux
plier
Or je ne plie que devant mon amiQue devant la coupe quil me tend parfoisAvide de livresse je tends mes deux mainsParalys de plaisir devant ce doux nectar
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Prface .........................................................5
LE VOYAGE PHILOSOPHIQUE ...........................9
I. Introduction .............................................11II. Un paysage abstrait .................................15
III. Mon purgatoire .......................................18IV. A la recherche du concept ........................ 19V. Je refuse .................................................22VI. A lapproche des autres ............................24VII. Les penses diaboliques ..........................26VIII. Fantaisie ..............................................28IX. Le modle ..............................................30X. Aprs le combat .......................................32
XI. La personnalit de lartiste ........................34XII. Les piges des succubes ......................... 37XIII. Lincomplte reprsentation ....................39XIV. Une nouvelle mue ..................................42XV. Labme .................................................46XVI. Le besoin dexprience ...........................48XVII. Lattente .............................................50XVIII. Le miracle ..........................................54XIX. La liturgie du couloir ..............................56XX. Voyages ................................................58XXI. Epilogue ...............................................64
LE VOYAGE PHILOSOPHIQUE ......................... 71
I. Introduction .............................................73II. La reconstruction .....................................75III. Les pieds dans leau ................................77
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IV. Les dmons intrieurs ..............................79V. La complexit du monde ............................81
VI. Un gecko court sur les pierres affleurant ..... 84VII. Sauvages penses desthte .................... 85VIII. Ouragan ..............................................86IX. Mutation ................................................87X. Lamour fou .............................................88XI. Haine en miroir .......................................92XII. Epilogue, Sur le chemin des astres ........... 94
TABLE .........................................................99
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