ZILBERBERG - La Queston Du Modele

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    CASA, Vol.9 n.2, dezembro de 2011

    Disponvel em: http://seer.fclar.unesp.br/casa

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    Cadernos de Semitica Aplicada

    Vol. 9.n.2, dezembro de 2011

    Publicao SEMESTRAL ISSN: 1679-3404

    LA QUESTION DU MODLE

    A QUESTO DO MODELO

    Claude ZilberbergSminaire Intersmiotique de Paris

    RSUM: Dans la recherche dun modle du discours, la smiotique se heure une difficult, savoir que le discours procde dun vnement, cest--dire dune rupture qui tient la pertinence dumode defficience, cest--dire lalternance existentielle entre le survenir au principe de lvnementet le parvenir au principe de lexercice.Le modle tensif nest spas rserv au discours verbal: il vauttout autant pour la musique condition toutefois daccorder la prvalence la mlodie qui devientlvnement de la musique et galement pour le texte potique: limage est au pome ce que lamlodie est la musique : une dtonation. Figures de la concentration, lvnement, la mlodie etlimage doivent affronter lpreuve du dveloppement. Deux voies soffrent alors : la temporalit,cest--dire linstallation dans la dure; la spatialit, cest--dire linstallation dans la profondeur. Lagnralisation est envisageable : quelle que soit sa manifestation, le discours a pour pertinence actuellela place quil accorde limprvisible et linattendu.

    MOTS-CLEFS: vnement; survenir; parvenir; mode defficience; valeur dabsolu;valeur dunivers.

    RESUMO:Na busca de um modelo para o discurso, a Semitica depara-se com uma dificuldade: odiscurso procede de um acontecimento, isto , de uma ruptura que se relaciona com a pertinncia domodo de eficincia ou, em outros termos, com a alternncia existencial entre o sobrevir segundo oprincpio do acontecimento e o pervir segundo o princpio do exerccio. O modelo tensivo no estreservado exclusivamente ao discurso verbal: ele pode ser aplicado igualmente msica, desde que seatribua a primazia melodia, que se torna o acontecimento da msica. O mesmo se passa com o textopotico: a imagem para o poema o que a melodia para a msica: uma exploso. Figuras daconcentrao, o acontecimento, a melodia e a imagem, devem enfrentar a prova do desenvolvimento.Assim, duas vias se descortinam: a temporalidade, isto , a instalao na durao; e a espacialidade,

    isto , a instalao na profundidade. A generalizao aqui desejvel: seja qual for sua manifestao,o discurso tem por pertinncia atualizada o lugar que atribui ao imprevisvel e ao inesperado.

    PALAVRAS-CHAVE:acontecimento; sobrevir; pervir; modo de eficincia; valor de absoluto, valorde universo.

    Sensibilit est proprit dun tre dtre modifipassagrement, en tant que spar, et en tant quil comporte denexister que par vnements. Cest lexistence par vnementsau moyen de, pendant lvnement.

    P. Valry

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    La notion de modle ne laisse pas dtre embarrassante ds quon lui accordeun peu dattention. la question: quest-ce quun modle ? Smiotique 1 apporte deuxrponses qui se sparent sur des nuances : (i)Le modle peut alors tre considr () commeunsimulacre construit permettant de reprsenter un ensemble dephnomnes. (GREIMAS &

    COURTS, 1979, p. 232); (ii)[le modle] dsigne une construction abstraite ethypothtique, cense rendre compte dun ensembledonn de faitssmiotiques1.Il est clair queces dfinitions noncent peut-tre seulement leur condition de possibilit, cest--dire lalimite qui les constitue : un ensemble donn, cest--dire ferm, de faits smiotiques. Sanscette clture, lampleur du champ envisag conduit gnralement une dualit,puis,devant la

    prolifration, une pluralit de modles, limage de la scission entre GeistwissenschaftetNaturwissenschaft due Dilthey, scission qui est suivie pour chacune des deux directionsretenues dune pluralisation qui nadmet que des dnombrements provisoires.

    Dans la pratique, la constitution dun modle sidentifie la recherche dunepertinence : |La science est de chercher dans un ensemble la partie qui peut exprimertoutlensemble. (VALERY, 1974, p. 833). Comment atteindre, isoler cette partie? Les

    Prolgomnesindiquent la procdure : Le procd consiste donc pratiquement analyser lesgrandeurs qui entrent dans des inventaires illimits en grandeurs qui entrent dans desinventaireslimits. (HJELMSLEV, 1971, p. 92). Cest en vertu de cette procdure que lagrammaire est extraite de la langue. Chaque fois que la chose est possible, nous assistons une grammaticalisation des donnes. Cette recherche des rcurrences signifiantes suppose ensous-main (Ricur) une reconnaissance de son objet. Mais ce reproche tant largement

    partag, il peut tre nglig.La thorie smiotique sest projete comme ltude des systmes et des procs

    que ces systmes contrlent. Laccent a t port sur la cohrence systmique, comme si lafinalit de la recherche devait dabord autoriser lnonc rassurant: tout se tient,ne laissantau sujet que le choix de lentre dans le systme. Courante, cette approche prjuge du contenudu contenu en nexigeant en somme que sa cohrence. Mais cest l seulement faire tat dunefiction commode. ce contenu dbray, il convient dopposer des contenus embrays, desvcus designification(Cassirer) caractristiques de ce que le mme Cassirer appelle, dunterme peu parlant en franais, le phnomne dexpressionet quil envisage ainsi:

    Elle (la perception concrte) ne se rsout jamais en un simple complexe dequalits sensiblescomme clair ou sombre, froid ou chaudmais saccordechaque fois une tonalit dexpression dtermine et spcifique; elle nestjamais rgle exclusivement sur le quoi de lobjet, mais saisit le mode deson apparition globale, le caractre du sduisant ou du menaant, dufamilier ou de linquitant, de lapaisantou de leffrayant qui rside dans ce

    phnomne pris purement comme tel et indpendamment de soninterprtationobjective.(CASSIRER, 1988, p. 82-83).

    La fracture

    Lun des acquis tacites de la linguistique hjelmslevienne et de la smiotiquegreimassienneporte sur lajustement en immanence du systme et du procs pour la premire,sur lajustement de la composante smantique et de la composante syntaxique pour laseconde. Mais si ces demandes ne souffrent aucun manquement, lvnement, qui est lun desressorts transculturels et transhistoriques du discours, apparat difficilement pensable. Dans la

    1Ibid.

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    mesure o cet ajustement est significatif, il demande, au titre dbauche paradigmatique, laprojection de son renversement. Cette grandeur disruptive, cest lvnement qui est dabordune interruption du train du discours.

    Nous avons propos ailleurs (ZILBERBERG, 2008, p. 13-28) de placerlvnement dans la dpendance des modes smiotiques, et notamment dans la dpendance dumode defficience. Ce mode defficience2dsigne la manire, le style, par catalyse : le styleaspectuel en vertu duquel telle grandeur sinstalle dans le champ de prsence. Au titre de

    paire minimale ou prioritaire, nous retenons le face--face du survenir et du parvenir. Lesurvenir, que le Petit Robert dcrit en ces termes : Arriver, venir limproviste,

    brusquement, vient dfaire la bonne entente, la connivence, la complicit que le sujet pensaitentretenir avec lobjet. La locution adverbiale limproviste qui reoit la dfinitionsuivante : dune manire imprvue, au moment o on sy attend le moins, manifestelintrication du mode defficience et du mode dexistence rglant, lui, le commerce de la viseet de la saisie, de la vise qui actualise, anticipe, ose prvoir, et de la saisie qui potentialise,

    accuse le coup ainsi port au sujet ; la saisie, mais aussi le saisissement, est le corrlatsubjectal,motionnel, affectifdu survenir. Dans les termes de lanalyse valencielle, le survenir

    pour le mode defficience chiffre la sub-valence suprme de tempo, savoir la soudainet,tandis que la saisie-saisissement pour le mode dexistence chiffre la sub-valence suprme detonicit subie, savoir le coup, cette grandeur limite qui, conjuguant les sub-valencessuprmes de tempo et de tonicit, est le cur mme de la tragdie telle quelle ressort de la

    Potique dAristote. Si le vcu du survenir a pour aboutissant lvnement, le vcu duparvenir, sil ralise la fin quil vise, se prsente comme un exercice.

    Du point de vue nonciatif, le survenir suspend sans sannoncer la vise vcuepar le sujet. Lvnement a pour rsolution une ralisation qui na t ni souhaite, niprpare, ni mrie par une actualisation minutieuse pralable. Du point de vue noncif,lvnement projetteun prdicat dans le champ de prsence sans le rattacher un sujet. La

    prise en compte du survenir invite voir dans lvnement la condition dune authentiquesmiopose. En effet, le survenir projette pour le sujet interloqu la limite du champ danslequel sa volition, son devoir-faire, son pouvoir-faire, son savoir-faire, sexercent. Fascin parlcart insurmontable entre le faire humain et le faire de la nature tel quil est dcrit dans

    Lhomme et lacoquille, Valrydistingue deux sphres en contraste lune avec lautre: unesphre o le faire humain procde par division et assemblage de grandeurs discontinues, etune sphre, celle de la nature naturante laquelle procde par indivision et modulation degrandeurs continues:

    () il est assez probable que dans le progrs de laccroissement dumollusque et de sa coquille, selon le thme inluctablede lhlice spirale secomposent indistinctement et indivisiblement tous les constituants que laforme non moins inluctable de lacte humain nous a appris considrer et dfinir distinctement : les forces, le temps, la matire, les liaisons, et lesdiffrents ordres de grandeurs entre lesquels nos sens nous imposentdedistinguer. (VALERY, 1968, p. 903).

    2Le terme defficienceest emprunt Cassirer : Car toute ralit effective que nous saisissons estmoins,

    dans sa forme primitive, celle dun monde prcis de choses, que la certitude dune efficiencevivante,prouvepar nous.,in E. Cassirer,La philosophie des formes symboliques,tome 3, op. cit.,p. 90.

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    Cette distinction laquelle la mditation attentive de Valryaboutit, Cassirer laretrouve dans les langues qui ont prfrlaspect au temps. Nous empruntons une fois de

    plus Cassirer la distinction entre les processuset les activits:

    Et dans ce dernier cas, on trouve nouveau deux formes dorganisationlinguistique, selon que lexpression verbale est saisie comme expressiondun processus ou comme expression dune activit, selon quelle est

    plonge dans le cours des vnements ou que le sujet agissant et son nergiesont mis en valeuret prennent une positioncentrale. (CASSIRER, 1985, p.238).

    Ainsi certaines langues savrent sensibles la distinction entre le devenirdesprocessuset le parvenirdes activits.

    Comme par rciprocit, la distinction entre le survenir et le parvenir, nous laretrouvons galement sous la plume de Valry:

    Et lide de pouvoirdevient capitale. Enumrer les pouvoirs.Parmi eux, le prcisment qui est essentiel dans le Systme Car il estaccommodationet il est fondement de la distinction essentielle entre ce quiadvient spontanment, nagit que par son instantan et ce qui supportedtredvelopp. (VALERY, 1973, p. 836).

    Nous sommes ainsi enprsence de deux tensions : (i) la tension entre lesurvenir et le devenir manifeste par la tension aspectuelle entre la spontanitet ledveloppement, condition de ne pas restreindre laspect sa manifestation linguistique

    basique ; laspect est une catgorie ouverte, multiple comme le souligne Cassirer:Ondiscrimine laction qui commence brusquement et laction qui se dveloppe peu peu,

    celle qui saccomplit dun bond et celle quise droule continment, celle qui constitue un tout

    unique et indissoci et celle qui peut se dcomposeren phasesidentiques se rptant selon uncertain type. (CASSIRER, 1985, p. 181-182)(ii) la tension entre le processus involontaireet lactivit volontaire. Comme ces deux tensions cooprent ensemble dans le discours,nous proposons de les rabattre lune sur lautre, soit le systme suivant:

    volontaire involontaire

    parvenir devenir survenir

    activit processus vnement

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    Le schma dynamique correspondant se prsente ainsi:

    La catalyse du pouvoir-faire partir de ce schma aboutit ceci:

    Cette structure claire la variabilit et la conditionnalit smiotique du pouvoir-faire : le pouvoir-faire est dans la dpendance de la dure. Que celle-ci se contracte, et le

    pouvoir-faire se retire en installant le sujet dans la passivit et limpuissance. Inversement,lexercice du pouvoir-faire suppose le ralentissement : la coquille valryenne est fille de la

    patience et de la lenteur, de linsensible lenteur.

    tempo

    vif

    lent

    intransitivit transitivit

    spontanit dveloppement

    vnement

    processus

    activit

    temporalitnonciative

    concision

    dveloppement

    Concentrpouvoir-faire diffus

    bref

    long

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    Modle tensif et modle musical

    Il est intressant maintenant de comparer le modle tensif confrontant lesvaleurs dabsolu concentres et exclusives aux valeurs dunivers faibles et diffuses.En effet, le

    terme de dveloppement concerne plusieurs isotopies, et notamment celle de la musique.Dans son livre magistral Le tempsmusical,G. Brelet examine le cas de la mlodie dans destermes qui conviennent lapproche tensive. Elle mentionne laspectualisation diffrentiellede la mlodie allemande et de la mlodie italienne : La mlodie, pour lItalien, doit serefermerharmonieusement sur elle-mme ; pour lAllemand, elle doit resterouverte, ouverte

    sur linquitudedu devenir et dudsir. (BRELET, 1949, p. 154). Il est ais de reconnatredans cet cart la tension lmentaire entre le perfectif et limperfectif. Mais il y a plus : la

    phnomnologie de la mlodie est superposable celle de lvnement. partir de ladistinction entre units brves et units longues, G. Brelet rattache la beaut la

    brivet, laquelle, couple la longvit, articule,de notre point de vue,la temporalit tensive :Or, lauthentique beaut de la musique se manifeste pour lui [Gurney] dans la pluspetite

    unit, dans la phrase mlodique enparticulier3. La mlodie est suffisante et exclusive, carelle est de lordre de lvnement, cest--dire de lordre du survenir: Cesindividualits[lesmlodies]ne rpondent aucun plan prmdit, et ne se subordonnent aucune fin4. Enfin,la mlodie, au titre de valeur dabsolu est singulire, si possible unique: Mais la beaut dela simplephrase mlodique est entirement individuelle etinexplicable5. La mlodie relve deltre et non du faire. Du point de vue temporel, elle est littralement hors temps : Elle [lamlodie] nest donc pas,comme lharmonie, engage dans unehistoire. () Mais chappant lhistoire, elle chappeau temps et lusure dutemps6. Toutefois, la divergence de ltre etdu faire, familire lapproche philosophique, ne convient pas la smiotique. Noussuggrons de la placer dans la dpendance du mode defficience, cest--dire de la divergencestructurante du survenir et du parvenir. Dans sa rflexion sur le mystre de la mlodie, G.Brelet distingue deux classes de mlodies : la mlodie spontane et la mlodiesynthtique, ou encore construite, tout fait en de de la premire : Spontanmentclose de lacte de la voix, la mlodie, dans lamusique populaire comme dans la musique

    savante, ne se construit pas; elle est leffetdune grce, dun don, et spanouit avecle naturel dunsourire7. Selon G. Brelet, la disgrce dune mlodie construitenest passurmontable:

    Celui auquel manque le don mlodique cherchera en vain construire debelles mlodies : plus il les cherche, plus elles le fuient. Strawinsky opposedans sa Potique Bellini et Beethoven : le premier trouvant des mlodies

    sans les chercher, le second les cherchant sans les trouver. La mlodie ne

    senseigne pas, ne sapprendpas8.

    En requalifiant ltre comme survenir et le faire comme parvenir, nous rendonsla distinction de ltre et du faire lanalyse valencielle:

    3Ibid.,p. 165.4Ibid.5Ibid.6Ibid.,p. 147.7Ibid.,p. 167.8

    Ibid. G. Brelet propose comme exemple de mlodie qui ne surmonte pas leffort propre la mlodieconstruite lAdagiodu concerto en sol de M. Ravel.

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    Il convient dinsister sur le paradoxe modal profond que chiffre la mlodie. Ilporte sur la relation concessive entre le marquage aspectuel de la mlodie quant lobjet et ladtermination modale du sujet. Du point de vue aspectuel, la mlodie spontane est une

    bonne image de la perfectivit : Une mlodie, au contraire, est une uvre dart complteenelle-mme9. Du point de vue modal, le sujet affect par un survenir voit son savoir-faire etson pouvoir-faire virtualiss et dans lespace modal il ne dispose plus que dune seule

    position : celle du laisser-faire ; tout ne se passe-t-il pas comme si le compositeur favorisdun survenir coutait jusqu un certain point la mlodie quil cre ? Cest le cas pourTchakowsky selon G. Brelet : Tchakowsky ne juxtapose pas des fragments thmatiquesdans un temps purement conu qui nest quun espace idal; lorsquil compose, il vit letemps comme le vit ltre vivant et spirituel : il se laisse porter et conduire par la mlodiequil vient dinventer, la subit et la contemple aprs lavoir cre, et sabandonne au pouvoircrateur du temps, slance vers un avenir quil essaie de prvoir mais dont il accueillera

    limprvisible10.Si elle sinscrit dans la dure, la relation du sujet au survenir est forcmentambigu. Soit graphiquement:

    9

    Ibid.,p. 164.10Ibid.,p. 174.

    mlodiespontane

    mlodieconstruite

    bref extensit long

    survenir

    intensit

    parvenir

    pouvoir-faire

    modalit

    laisser-faire

    mlodieconstruite

    mlodiespontane

    imperfectivit aspectualit perfectivit

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    Tributaire du survenir, la mlodie est, du point de la valeur, un petit miracleselon lacception quH. Arendt accorde ce terme: Le nouveau a toujours contre lui leschances crasantes des lois statistiques et de leur probabilit qui, pratiquement dans lescirconstances ordinaires, quivaut une certitude ; le nouveau apparat donc toujours

    comme unmiracle. (ARENDT, 2004, p. 234) Mais le miracle nest-il pas la formesuperlative, sublime de la concession ? Sous les conditions indiques, la mlodie se rangeparmi les valeurs dabsolulesquelles font valoir lintensit aux dpens de lextensit. Les deuxtypes de mlodies identifis par G. Brelet se prsentent ainsi comme des syncrtismes

    puissants:

    dfinis

    dfinissants

    mlodie construite

    mlodie spontane

    aspect imperfectivit perfectivit

    mode defficience parvenir survenir

    valeur valeur dunivers valeur dabsolu

    Enfin, du point de vue discursif , la mlodie construite a pour caractristiques

    limperfectivit, le parvenir et lappartenance aux valeurs dunivers, tandis que la mlodiespontanea pour caractristiques la perfectivit, le survenir et lappartenance la classe desvaleurs dabsolu. Une bonne structure est susceptible de trois approches: graphique, tabulaireet discursive, que nous enregistrons comme autant de points de vue visant une complexit.

    Bachelard et limage potique

    Nous aimerions tablir succinctement que le traitement de la mlodiespontane par G.Brelet vaut galement pour lloge de limage potique par Bachelarddans les premires pages de La potique de lespace.Cette recherche, si elle aboutit, devraittablir que le modle que nous prconisons nest pas circonstanciel, ds linstant quil

    sapplique au moins deux isotopies distinctes, mais cest au contraire telle isotopie qui a lestatut de circonstance. Nous ferons appeldabord lapproche tabulaire. Dans le fragmentsuivant : () comment uneimage parfois trs singulire peut-elle apparatre comme uneconcentration de tout lepsychisme ? (BACHELARD, p 1983, p. 3), la valence extensive dela /singularit/ pose limage potique comme valeur dabsolu et par ncessit de structure luireconnat galement la valence extensive de la /concentration/. Ce statut de valeur dabsoluest confort par une demande rcurrente aux yeux de Bachelardlequel exige de limagequelle soit nouvelle : () cette philosophie [de limage]doit natre et renatre loccasiondun vers dominant, dans ladhsion totale une image isole, dans lextase mme de la

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    nouveaut dimage11.Dj aborde propos de la mlodie, la mention de la /brivet/ vadans le mme sens : l/absoluit/, la /nouveaut/ et la /brivet/ sont ici corrlatives.

    En second lieu, eu gard au dcisif mode defficience, limage potique est delordre du survenir ; Bachelard insiste sur la /clrit/ et la /soudainet/ immanentes

    limage: Il faut tre prsent, prsent limage dans la minute de limage : ()12

    Silimage na pas dantcdent, elle chiffre une possibilit de retentissement13. La/soudainet/, la fulgurance14 du survenir exclut la fois le provenir et le devenir : Limage

    potique est un soudain relief du psychisme, () la philosophie de la posie doit reconnatre

    que lacte potique na pas de pass, du moins pas de pass proche le long duquel onpourrait suivre sa prparation et son avnement15. Le survenir a pour corrlats la surprise dusujet, lvnementialit de lobjet: Et cest en cela quela posie dans lre potique onous sommesest spcifiquement surprenante, donc sesimages sontimprvisibles16.

    En troisime lieu, Bachelard insiste sur la suffisance de limage: Limage,dans sasimplicit, na pas besoin dun savoir. Elle est le bien dune conscience nave. En

    sonexpression, elle est jeunelangage17. Bachelard rcuse les interprtants ordinaires :

    lhistoire littraire, la psychanalyse et la psychologie: On voit bien alors que luvre prendun tel relief au-dessus de la vie que la vie nelexpliqueplus18. En vertu dune hypotyposeaudacieuse, Bachelard admet un seul antcdent : lmergence du langage: Par sanouveaut, une image potique met en branle toute lactivit potique. Limage potique nous

    met loriginede ltreparlant19. Comme la mlodie, limageest hors de lhistoire, horsdutemps.Ainsi limage potique est la voix ce que la mlodie est au chant intrieurpourG. Brelet. La structure tensive de limage potique stablit ainsi:

    dfinis

    dfinissants

    plan du contenu

    plan de lexpression

    aspect perfectivit suffisance

    mode defficience survenir fulgurance

    valeur valeur dabsolu nouveaut/singularit

    11Ibid.,p. 1.12Ibid.,p. 1.13Cest donc bien souvent, linverse de la causalit, dans le retentissement, () que nous croyons trouver lesvraies mesures de ltre dune image potique.(ibid.,p. 2).14() la vie de limage est toute dans sa fulgurance, () (Ibid.p. 15)15Ibid.,p.1.16Ibid.,p. 13.17Ibid.,p.4.18 Ibid.,p. 15. Il arrive Bachelard dtre plus brutal : Il [le psychanalyste] explique la fleur par lengrais.

    (ibid.,,p. 12).19Ibid., p. 7.

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    La mlodie spontanedans lapproche de G. Brelet et limage potique danslapproche de Bachelard sont dans un rapport dhomologie, puisquelles peuvent partager ouchanger leurs prdicats ; ce qui est dit de lune peut avec pertinence tre affirm de lautre.Si pour G. Brelet : () la mlodie est le modle de luvremusicale (BRELET, 1949, p.

    173), limage potique est pour Bachelard le modle de luvre littraire.Dune maniregnrale, les mtaphores deviennent les signifiants des identits structurales. De cet examende la mlodie et de limage potique une hypothse se dgage: si la mlodie et limage ont

    grosso modo le mme plan du contenu, alors la diffrence entre les deux pratiques doit sesituer au plan de lexpression.

    Dynamique des structures tensives

    Jusques ici nous avons envisag la structure rciproque des valeurs tensives. Laquestion que nous devons maintenant examiner est celle du [from to], du chemin menantdes valeurs dabsolu aux valeurs dunivers et rciproquement. Le comment? se substitue au

    quoi? Nous procderons cet examen en deux temps: dabord pour les dimensions,ensuite pour les sous-dimensions. Qui souhaite passer de telle valeur dabsolu forte etconcentre telle valeur dunivers faible et diffuse doit engager deux programmes : un

    programme daffaiblissement pour la dimension de lintensit et un programme depluralisation pour la dimension de lextensit, soit:

    valeur dabsolu valeur dunivers

    fortconcentraffaiblissementpluralisation faiblediffus

    La procdure inverse :

    valeur dunivers valeur dabsolu

    faible

    diffus

    renforcement

    singularisation

    fort

    concentr

    Ces deux tableaux appellent un bref commentaire : une valeur dunivers peutadvenir selon deux voies : par affaiblissement de lintensit ou bien par pluralisation delextensit; une valeur dabsolu peut advenir selon deux voies: par renforcement delintensit ou bien par concentration de lextensit.Ces deux procdures sont en concordanceavec lhypothse qui considre que la structure tensive confronte au terme de la rduction unemesure intensive et un nombre extensif. Mais ce face--face nest peut-tre en dernireinstance que lexpression de la cellule rythmique pense comme ajustement dun temps fortaccentu, en concordance avec la valeur dabsolu et dun nombre variable de tempsinaccentus en concordance avec la valeur dunivers:

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    structure rythmique

    tat vnement

    pluralit dsaccentue singularit accentue

    Soit graphiquement :

    Examinons maintenant le devenir des valeurs hauteur des sous-dimensions.La dynamique des structures tensives prsente, sous bnfice dinventaire, troiscaractristiques : (i) elle se prsente comme un dploiement dans lextensit, cest--diredans le temps20et/ou dans lespace et dune manire plus gnrale dans le nombre; (ii) cettedynamique est prise en charge par plusieurs figures de rhtorique majeures ; la plus

    remarquable semble tre la mtabole que Fontanier aborde en ces termes : Or, cette figure enquoi consiste-t-elle ? accumuler plusieurs expressions synonymes pour peindre une mmeide, une mme chose avec plus deforce. (FONTANIER, 1968, p. 332). (iii) cette dynamiquedispense une profondeur extensive, selon le cas : temporelle ou spatiale : Maisce quil

    sagit de remarquer () cest cet enchrissement de chaque nouveau synonyme surcelui qui

    prcde, et cet effet toujours croissant de lun lautre jusquaudernier21 Le champ de lamtabole est certainement plus tendu que celui quon lui accorde, dans la mesure o lamtabole est un chapitre de lascendance tensive. Une remarque de Proust rapporte par L.

    20Pour G. Brelet:() le dploiement () qui est par essence un dploiement dans le temps, (), ibid.,p.

    236.21Ibid.,p. 333.

    accent

    in-accent

    fort

    mesure

    faible

    singulier nombre pluriel

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    Spitzer le confirme : Bien quil raille () la rgle des trois adjectifs, lgance de stylesuranne son avis, Proust lapplique lui aussi pour quilibrer sa phrase : quiconque ditquelque chose deux fois trahit son manque dassurance, qui dit quelque chose trois fois

    nadmet pas la contradiction. (SPITZER, 1970, p. 409).

    En concordance avec lanalyse suppose de lextensit selon [temporalit vsspatialit], le dveloppement advient selon ces deux voies. Pour ce qui regarde la dure, ilconvient de prvenir un malentendu : il ne sagit pas ici dun engendrement quasimentmcanique de la dure, dune sorte de chronomtrisme ou de chronomtrie spontans, maisdune suscitation tensive de la dure partir dune distension concessive:

    Le thme chez lui [Strawinsky] na plus besoin du dveloppement, na plus gouverner le divers dun devenir qui lui serait extrieur: il se suffit lui-mme et possde assez de force et de vie pour crer et par lui seul et par sa

    propre ncessit une dure musicale o rgneront non seulement la rigueurdu ncessaire mais aussila fantaisie delimprvisible. (BRELET, 1949, p.

    683).

    Dans cette remarque se fait galemententendre la tension concessive entre lancessit du parvenir toujours prsent par dfaut et l imprvisibilit du survenir.

    Le dploiement temporel

    Le dploiement extensif dune valeur peut advenir selon la temporalit ouselon la spatialit. Nous envisagerons ici la temporalit partir des belles analyses de La

    Ronde de nuit de Rembrandt par Claudel. En fait, la temporalit est couple aveclaspectualit. Claudel naborde pas le chef-duvre de Rembrandt directement; il prend un

    dtour : lanalyse de la nature morte dans la peinture hollandaise analyse que rsume laphrase suivante quelque peu paradoxale : La nature morte hollandaise est un arrangementen train de se dsagrger, cest quelque chose en proie ladure. (CLAUDEL, 1973, p.202). Claudel tend cette interprtation la vaste toile : Un arrangement en tr ain de sedsagrger, mais cest l, avec vidence, toute lexplication de La Ronde denuit. Toute lacomposition davant en arrire est faite sur le principe dun mouvement de plus en plus

    acclr, comme dun talus de sable qui scroule. Le tableau prsente un procsaspectualis, imperfectif, doublement inscrit dans la dure : une dure immdiate, celle de ladeixis, mais galement une dure tendue, celle du vaste projet : On part.(Oui, cest ainsique jadis on est parti !) Est-ce pour la conqute du monde ? est-ce lOcanlui-mme sur latte de qui les deux conducteurs, lun noir et lautre lumineux, de cettetrange compagnie se

    prparent mettre le pied ?()22 Enfin, le procs,dvoil dans la nature morte et tendu La Ronde de nuit,est vaguement concessif ; le smme /arrangement/, auquel on peut prterun vouloir et un savoir-durer, nest pas en mesure de faire chec la /dsagrgation/. Muni dece trait isotopant solide, Claudel visite tous les acteurs de la toile pour y reconnatre lesfigures varies de la dcomposition.Nous sommes donc bien en prsence dun dploiementtemporel.

    22Ibid.,p. 203. Dans sonJournal,Claudel avance une interprtation un peu diffrente : La Ronde denuit, cest

    sbranlement dun groupe, cest la dsagrgation apporte dans un groupe par la lumire: () ibid. p.1429.

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    Le dploiement spatial

    Pour formuler les composantes du dploiement spatial, nous avons choisi commecorpusLloge de lombre de J.Tanizaki. Le plan du contenu de cette smiose nous semble

    tre la relation la dimension de lintensit et plus prcisment la mesure. Se faisant leporte-parole de sa communaut, Tanizaki sexprime ainsi:Tout bien pes, cest parcenousautres, Orientaux, nous cherchons nous accommoderdes limites qui nous sont imposes quenous nous sommes de tout temps contents de notreconditionprsente : (). (TANIZAKI,1993, p. 79) Sur ce point, les Japonais diffrent des Occidentaux qui toujours lafft du

    progrs, sagitent sans cesse la poursuite dun tat meilleur que le prsent.Toujours larecherche dune clart plus vive, ils se sont vertus, passant de la bougie lalampe

    ptrole, du ptrole au bec de gaz, du gaz lclairage lectrique, traquer le moindrerecoin,

    lultime refuge delombre23.Soit simplement:

    Japon

    Occident

    mesure dmesure

    Il reste examiner le plan de lexpression, cest--dire envisager comment,en prsence des alternances syntaxiques propres lhypothse tensive, chacune des deuxorientations smantiques slectionne le rgime syntaxique qui convient puisque, de notre

    point de vue, la syntaxe tensive admet le concours de trois syntaxes : la syntaxe jonctive, lasyntaxe intensive et la syntaxe extensive. La premire analyse porte sur un objet modeste : le

    papier. Selon Tanizaki, le papier occidental est, du point de vue de la syntaxe extensive destris et des mlanges, du ct du tri : Les rayons lumineux semblent rebondir la surface du

    papier dOccident, alors que celle du hsho ou du papier de Chine, pareille la surfaceduveteuse de la premire neige, lesabsorbemollement24. Mais la syntaxe intensive desaugmentations et des diminutions est galement concerne : la direction smantique est celledune atonisation en douceur qui a pour marqueurs plusieurs smmes: sorte de tideur,surface duveteuse, premire neige, absorbe mollement, le contact en est doux,feuille darbre, se froissent sansbruit. La syntaxe jonctive est signifie par la posturenonciative de lnonciateur sensible au divorce du droit et du fait: les formes de vie la

    japonaise sont en droit suprieures aux formes de vie loccidentale, mais le rapport de

    forces est au dsavantage du Japon ; de l la mlancolie certaine de lnonciateur qui constateque la forme de vie quil chrit insensiblement disparat : lclat intempestif dissipeirrsistiblement lombre propice.

    Deux pages plus loin, Tanizaki envisage le cas du cristal de roche et l encoreil prend le contre-pied de lattitude occidentale en plaant limpuret au-dessus de la puret :[le cristal de roche import du Chili] pche par excs de puret et de limpidit.,tandis quele cristal du Japon dont la transparence est toute brouille de lgers nuages, donne de ce faitlimpression dune plus grande densit.La transposition graphique se prsente ainsi:

    23

    Ibid. p. 79-80.24Ibid.,p. 34.

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    Nous avons abord sparment le dploiement temporel et le dploiementspatial, mais lune des singularits de lanalyse minutieuse de Tanizaki rside dans laconjonction du temps et de lespace: lune des figures rcurrentes de sa mditation est cellequi prsente la temporalit interne, enclose dans la matire:

    [] ne fallait-il pas, en effet, tre des Extrme-Orientaux comme nous-mmes pour trouver un attrait ces blocs de pierre [la jade], trangementtroubles, qui emprisonnent dans les trfonds de leur masse des lueursfuyantes etparesseuses comme si en eux stait coagul un air plusieurs foiscentenaire ? () je sens bienque cette pierre est spcifiquement chinoise,comme si son paisseur bourbeuse tait faite desalluvions lentement

    dposes du pass lointain de la civilisation chinoise []25

    .

    Soit graphiquement:

    25Ibid. p. 35-36.

    brouillage

    transparence

    mlange extensit tri

    plaisir

    affectivit

    dplaisir

    temporalitenclose

    plaisir

    dplaisir

    conjonction temps/espace disjonction

    temporalitspare

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    Un point reste traiter. Dans la mesure o notre modle repose en partie sur leface--face des valeurs dabsolu et des valeurs dunivers, comment seffectue lasubstitutiondes premires aux secondes et rciproquement ? Le cas de la divergence du papierque nous venons dexaminer peut nous aider. Deux points sont relever: (i) une valeur

    dabsolu est solidaire dune ou de plusieurs oprations de tri qui tablissent son exclusivit,dans la mesure o au moins une opration de mlange est ncessaire pour poser une valeurdunivers. (ii) la transformation valencielle doit intervenir pour au moins lune des quatresous-dimensions canoniques supposes par le schma tensif : le tempo, la tonicit, latemporalit et la spatialit. Soit le cadre suivant:

    valeurdabsolu

    [tri]

    acclrationralentissement

    valeurdunivers

    mlange

    tonalisationatonisation

    allongementabrgement

    fermetureouverture

    Dans la mesure o il refuse lopration de mlange : Les rayons lumineuxsemblentrebondir la surface du papier dOccident, le papier occidental devient lobjetdune opration de tri, tandis que le papier oriental les absorbe mollement,ce qui est uneopration de mlange exemplaire. Le papier oriental actualise un ralentissement, uneatonisation et une fermeture. Si la sous-dimension du temps nest pas exprime propos du

    papier, elle apparat dans la description des blocs de pierredejade.

    Champs contrls par le survenir

    Le fait que le discours gravite autour de l inattenduentrane du point de vuethorique la consquence suivante, savoir que les proprits du discours sont rapporter au

    jeu des modes smiotiques, notamment au survenir pour le mode defficience et laconcession pour le mode de jonction.Nous envisagerons dabord le domaine esthtique. Lediscours est cet objet trange qui nest quapprhension de sa propre disqualification : labase de la forme musicale romanesque existe une aversion instinctive quon a d ressentirbien avant Mahler, mais quil est le premier ne pas avoir refoule : lhorreur de savoir lavance comment la musique vacontinuer. (ADORNO, 1976, p. 98). Mais quoi doit-on cetlan sinon la concession : elle seule a le pouvoir de dfaire limplication doxale qui fait delinattendu comme une faute dorthographe du temps et de projeter la concession hardie qui

    fait du temps un avatar de linattendu, ainsi que le propose G. Brelet : () en lart du temps

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    reste visible ce dialogue temporelessentiellement temporelde lactivit et de linattendu,puisquil relate laventure mme de cette activit aux prises avec le temps et cet inattendu qui

    est au cur dutemps. (BRELET, 1949, p. 443). La musicologue est amene proposer uncontrat indit dans lequel lnonciataire accepte de gagnerlimprvisible en perdant le

    prvisible :Luvre musicale, expression de lessence du temps et de lactivit, doitconsentir leurimprvisibilit26. Si la maxime de Baudelaire dans Fuses : Ce qui nest paslgrement difforme a lair insensible; do il suit que lirrgularit, cest--direlinattendu, la surprise, ltonnement sont une partie essentielle et la caractristique delabeaut. (BAUDELAIRE,Fuses XII, p. 1194)est si souvent cite27, cest sans doute parcequelle inscrit dans lanalyse des uvres le moment o lvnement au titre de rfrence sesubstitue lexercice, compte tenu du fait que le commentaire a toujours un temps de retardsur la cration. Dans son analyse du style de Saint-Simon, Proust parvient mme dpartagerce qui revient lexercice et ce qui revient lvnement:

    le rameau charg de fleurs bleues qui s'lance, contre toute attente, de lahaie printanire qui semblait dj comble. Il crit :Il en est ainsi pourtous les grands crivains, la beaut de leurs phrases est imprvisible, commeest celle d'une femme qu'on ne connat pas encore ; elle est cration

    puisqu'elle s'applique un objet extrieur auquel ils pensentet non soiet qu'ils n'ont pas encore exprim. Un auteur de Mmoires d'aujourd'hui,voulant, sans trop en avoir l'air, faire du Saint-Simon, pourra la rigueurcrire la premire ligne du portrait de Villars : C'tait un assez grandhomme brun... avec une physionomie vive, ouverte, sortante, mais queldterminisme pourra lui faire trouver la seconde ligne qui commence par :et vritablement un peu folle ? La vraie varit est dans cette plnituded'lments rels et inattendus, dans le rameau charg de fleurs bleues qui

    s'lance, contre toute attente, de la haie printanire qui semblait djcomble, tandis que l'imitation purement formelle de la varit (et on pourraitraisonner de mme pour toutes les autres qualits du style) n'est que vide etuniformit, c'est--dire ce qui est le plus oppos la varit, et ne peut chezles imitateurs en donner l'illusion et en rappeler le souvenir que pour celuiqui ne l'a pas comprise chez les matres.(PROUST, 1960, p. 550-551).

    Le second domaine o la tension entre le prvisible implicatif et limprvisibleconcessif est rcurrente est luvre de M. Weber, notamment dans le texte intitul

    Laprofession et la vocation de politique. Le grand mrite de M. Weber rside dans le fait

    davoir substitu la catgorisation tensive selon le mode defficience : [prvisible vsimprvisible] la divergence prdicative courante selon [moral vs immoral]. Le tenant delthique de responsabilit, qui a manifestement la sympathiede M. Weber, estime que londoit assumer les consquences (prvisibles) de son action (). Il demandera que cesconsquences soient imputes son action. (WEBER, 2003, p. 192). linverse, le tenantde lthique de conviction se dsolidarise des consquences de son action : Si lesconsquences dune action inspire par la pureconviction sont mauvaises, le syndicaliste ne

    se considre pas comme responsable, mais il impute cette responsabilit au monde, la

    26

    Ibid.27 Elle est cite par Greimas la page 96 deDe limperfection, Prigueux, P. Fanlac, 1987.

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    stupidit des autres hommes ou la volont deDieu qui les a faits ce quils sont28.Toutefois,lcart entre les deux thiques est moindre quil ny parat au premier abord : la notion deconsquence tant transitive, le tenant de lthique de responsabilit risque de connatre tt outard lembarras que le tenant de lthique de conviction connat immdiatement : en se

    dveloppant, le prvisible ne se dirige-t-il pas vers limprvisible, cest--dire vers lessquences que le survenir suscite ? Enfin, lalternance pose par M.Weber entre les deuxthiques semble bien une manifestation de la dualit des valeurs : lthique de convictionconsidre laction dcide comme une valeur dabsolu exclusive puisque rsultant dun tri etdonc non ngociable, tandis que lthique de responsabilit envisage son action comme unevaleur dunivers rsultant dun mlange avec dautres grandeurs; cest cette compositionquil assume.

    Enfin, en raison de sa spcificit, le survenir complique la problmatique dudiscours historique en demandant celui qui sait ce qui sest pass de faire le rcit de ceux quinont justement rien vu venir, cest--dire survenir. Selon Valry, le savoir tendu delhistorien lui interdit de croire quil est en mesure de reproduire convenablement ltat du

    champ de prsence dacteurs se croyant engags dans une activit et dcouvrant leursdpens quils sont engags dans un processus:

    Historien, penses-tu que sur telle poque bien tudie par toi, tu en sachesplus ou moins que ceux qui la vcurent ?Et si tu sais la suite des vnements quils ont observs et subis ou faitnatre, ne penses-tu pas que cette connaissance que tu as de leur successionaltre cet autre vnement que fut leur ignorance de ce qui allait arriver ?Or cette ignorance fut un des facteurs de ce quils firent.

    En nivse, Robesp[ierre] ignorait Thermidor29

    Centralit des modes defficience

    Afin de montrer lampleur du contrle que les modes smiotiques exercent surles structures, nous regroupons dans un tableau les principales donnes:

    28

    Ibid.,p. 192-193.29P. Valry, Cahiers, tome 2, op. cit.,p. 1673.

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    fonction fonctifs

    mode defficience survenir

    vnement

    parvenir

    exercice

    mode dexistence saisie

    exclamation

    vise

    mtabole

    mode de jonction concession

    abruption

    implication

    enthymme

    systmique

    htrognit

    contingence

    stupeur

    homognit

    ncessit

    confiance

    prosodie apodose

    dcadence

    protase

    ascendance

    temporalit intermittence priodicit

    Chaque ligne de ce tableau appelle un bref commentaire : (i) le survenir, qui est hors deporte du sujet, est au principe de lvnement, qui vient marquer la limite du parvenir auquelsadonne le sujet partir des fins quil affirme et des moyens dont il pense disposer; dans lechamp potique, la tension entre le survenir et le parvenir est manifeste : le surralisme ainsist sur deux vises : la qute de la valeur dabsolu jamais oue et le survenir comme accset accueil de cette valeur:

    Comparer deux objets aussi loigns que possible lun de lautre, ou, partoute autre mthode, les mettre en prsence dune manire brusque et

    saisissante, demeure la tche la plus haute laquelle la posie puisseprtendre. En cela doit tendre de plus en plus sexercer son pouvoir

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    ingalable, unique, qui est de faire apparatre lunit concrte des deuxtermes mis en rapport et de communiquer chacun deux, quel quil soit,une vigueur qui lui manquait tant quil tait pris isolment.(BRETON, 1977,p. 129)

    loppos, Mallarm a tendu au mme but, mais selon la voie du parvenir:

    Le vers qui de plusieurs vocables refait un mot total , neuf, tranger lalangue et comme incantatoire, achve cet isolement de la parole : niant,dun trait souverain, le hasard demeur aux termes malgr lartifice de leurretrempe alterne en le sens et la sonorit, et vous cause cette surprise denavoir jamais ou tel fragment ordinaire dlocution, en mme temps que larminiscence de lobjet nomm baignedans une neuve

    atmosphre.(MALLARM, 1977, p. 129).

    Dans les deux cas, il sagit de provoquer un vnement, donc une surprise,

    mais pour Breton en sollicitant sans la mentionner la concession qui rapproche deux termesloigns, pour Mallarm en dpaysant le signe aprs avoir retremp le sens dans la lettre

    entendue comme sonorit signifiante. (ii) le mode dexistence est le volet subjectal de ladivergence prcdente : la saisie, et plus justement le saisissement, est la rponse valeur denon-rponse que le sujet produit quand il est confront lvnement; cette non-rponse peuttre analyse comme une ralisation sans actualisation, sans anticipation ; la vise, aussilongtemps quelle naboutit pas est une actualisation sans ralisation, donc une attente; lasaisie a pour signifiant remarquable lexclamation que Fontanier range parmi les figures dudiscours, tandis que la progression immanente au parvenir concorde avec la mtabole ;(iii) lemode de jonction confronte limplication son dmenti: la concession laquelle pointe lchecdu parvenir ; si limplication peut convoquer lenthymme, la concession peut mobiliser unefigure nglige : labruption que Fontanier prsente en ces termes:

    Ce nom exprime assez bien, si je ne me trompe, ce quon peut entendre parpassage brusque, imprvu ; par passage ex abrupto. Or, il sagit dedsigner une figure par laquelle on te les transitions dusage entre les

    parties dun dialogue, ou avant un discours direct, afin den rendre

    lexposition plus anime et plusintressante.(FONTANIER, 1968, p. 342)

    Labruption est le corrlat de linattendu concessivement expect. ( iv) lessignifications tant solidaires dun systme, le survenir dsorganise le systmeen vigueur enmodifiant la teneur des valences et des sub-valences tablies et introduit un quantum

    dhtrognit; ds lors que lvnement survient sans actualisation pralable, ilpermet lacontingence de pntrer dans le champ de prsence et de plonger le sujet dans la stupeur.(v) dans la mesure o lintensit ajuste le tempo et la tonicit, les modes smiotiques nesauraient tre trangers aux catgories de la prosodie : le survenir, si lon adopte le point devue de Deleuze pour qui lintensit sannule dansltendue30, est accord lapodose quiest le sillage de lvnement, tandis que la protase convient au progrs du parvenir, ce queBaudelaire appelait luniverselle et ternelle loi de la gradation31. (vi) enfin le survenir et le

    30Lintensit est diffrence, mais cette diffrence tend se nier, sannuler dans ltendue et sous la qualit.

    in (DELEUZE, 1989),Diffrence et rptition,Paris, P.U.F., p. 288.31DansMon cur mis nu,Baudelaire crit :

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    parvenir intressent la temporalit, mais de manire assurment diffrente : quand se faitsentir, ou plutt ressentir, le survenir, le temps sabsente; confusment nous devinons quilcesse de scouler; les appuis ordinaires du temps, savoir lactualisation qui anticipe et la

    potentialisation qui se souvient, sont virtualiss ; comme le dit le pote : le temps est hors de

    ses gonds.Lorsque lvnement se prcipite et fulgure, comment le temps pourrait-il se tenir lcart de cette tempte valencielle?Si la temporalit du survenir est culminative, celle duparvenir est ordonne et cumulative.

    Pour finir

    Laffect est comparable au signe saussurien lequel unit arbitrairement pourlobservateur un signifi et un signifiant, ncessairement selon Benveniste (1967, p. 49-55).Du point de vue smiotique, un affect conjoint, parce quil est pensable, un plan delexpression et un plan du contenu, mais selon quel mode de jonction: limplication ou laconcession ? pour lobservateur, cest assurment selon la concession, pour le sujet affect

    limplication. Cest du moins, semble-t-il, lopinion de Valry:Lmotion nest quun lienentre choses qui nont pas de lien. Cette ide effondre ce corps ; ce vin dore, allge cette vie.

    Ltre rend dpendantes des choses que le connatre laisserait indpendantes. ()32.Si nous revenons au passage du texte de Tanizaki relatif aux troublesblocs de

    pierre[de jade] qui sont pour lui une source de plaisir, cest la subjectivit qui pose unedpendance entre cette chose, ce signifiant, et la sub-valence ici euphorique de dureexprime dans le syntagme : un air plusieurs fois centenaire.Soit graphiquement :

    Etudier dans tous ses modes, dans les uvres de la nature et dans les uvres de la nature, luniverselle etternelle loi de la gradation, des peu peu, du petit petit, avec les forces progressivement croissantes, commeles intrts en matire de finances.

    Il en est de mme dans lhabi letarti stique et l i ttrai re ; il en est de mme dans le trsor variable de la volont.in uvres compltes, op. cit.p. 1226-1227. Baudelaire procde ici une extension de la mtabole et

    lui donne une porte mythique.32 P. Valry, Cahiers,tome 2, op. cit.,p. 842.

    vnement/motion

    exercice/dception

    intensit

    dpendancesystme indpendance

    +

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    Une smiotique de la valeur doit, pour diffrentes raisons, montrer la plusgrande circonspection. Notre hypothse relative la dualit des valeurs dabsolu et desvaleurs dunivers est dans la dpendance des catgories linguistiques et smiotiques, maiscette sujtion est la fois une force et une faiblesse : une force puisque la linguistique et la

    smiotique sont falsifiables ; une faiblesse dans la mesure o la spcificit de la valeur nousaurait par l mme chapp En second lieu, une rflexion doit se penser elle -mme : lacritique de la valeur natteste-t-elle pas dj une crise de la valeur ? la rflexion sur la valeurnest-elle pas le signe que les valeurs sont en voie de virtualisation ? tel qui entreprend defonder les valeurs narrive-t-il pas trop tard ? si ce projet sannonce, nest-ce pas le signeque les valeurs sloignent de la mmoire pour entrer dans lhistoire ? En dernier lieu, larflexion sur les valeurs semble concerner la fois la synecdoque et la concession. Lasynecdoque est selon le cas montante: de la partie vers le tout, ou descendante : du tout vers la

    partie. La synecdoque descendante correspond la problmatique du dploiement, qui estlune des problmatiques voques par Greimas dans le dernier et pessimiste chapitre de

    Delimperfection: Entre deux interrogations:comment sintroduisent les valeurs transcen-

    dantes par dfinition, dans les comportements du sujet, et commentpeuvent-elles oupourraient-ellesy tre intgres, il ny a quun pas souvent imperceptible.Dailleurs, faut-ilselinterdire? (GREIMAS, 1987, p. 90). La synecdoque montante, qui va de la partie vers letout, nest peut-tre quune priphrase de la foi, de la foi du charbonnier. Cette circularitferventerpond de la fiducie.

    Venons-en la concession. IntitulLattente de linattendu,le dernier chapitrede De limperfection intresse le mode defficience dans notre convention, cest--dire larelation difficile penser entre le survenir et le parvenir. Cette relation est fortementasymtrique. Le survenir, port par les sub-valences suprmes de tempo et de tonicit, est unnon-sujeten lacception forte du terme. Seuls les temps du pass conviennent ici : Cela aclat ! le survenir bouleverse un sujet subitement dfait et lvnement vient comblercettevacance. Il est certes possible, mais comme par jeu, de simaginer prvenir le survenir,ou encore, comme lcrit Greimas,de faire tat de lattente attendue de linattendu33,maiscette attente, qui se veut et se croit avertie, porte moins surle survenir prochain que sur un djsurvenu. Quoi quon puisse allguer, de quelque mrite que lon se targue, le survenir esttoujours nouveau et se joue des discours parfaitement creux qui prtendent le prvenir et lematriser. Cest dire que dans un systme propositionnel concessif, le procs du survenir estassert dans la proposition principale, et les prcautions-prtentions drisoires du sujetdans la

    proposition subordonne.Le modle que nous avons reconnu se fonde sur une hypothse gnrale selon

    laquelle les modes smiotiques contrlent la qute du sens et sur deux

    hypothses particulires : du point de vue paradigmatique sur lalternance entre des valeursdabsolu singulires et des valeurs dunivers partages ; du point de vue syntagmatique surlalternance entre le survenir au principe des vnements qui scandent lexistence du sujet, etle parvenir au principe des exercices qui rglent son existence.Enfin la typologie des valeursesquisse, le jeu des modes smiotiques et les dploiements confrent au vcu des sujets uneprofondeurexistentielle. Au terme de ce survol, nous nviterons pas la question: quest-cequi est proprement musical dans la musique ? Ds linstant que limage potique et la mlodiesont justiciables des mmes catgories smantiques, la rponse simpose delle-mme : ce quiest proprement musical, cest le plan de lexpression, ce que Mallarm appelait dans le texteintitulLa Musiqueet les Lettres : le tumulte des sonorits.

    33Ibid.,p. 96.

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