Y Bertrandy Memoire 08

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Considérer le graphisme amateur.

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Considérer le graphisme

amateur.

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Préambule.

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  Qu’est-ce  que  l’on  appelle  le  graphisme ?    Si  je ne me trompe pas, c’est un ensemble de lignes, de formes,  de  couleurs,  plus  ou  moins  harmonieux, convaincant, ou intelligent, qui occupe notre espace visuel  du  matin  au  soir,  sur  la  plupart  des  objets, dans la plupart des espaces construits.

  Ce  grand  bain  de  production  graphique  semble être  partagé  par  différents  types  de  producteurs. Nous distinguerons ici trois catégories :  le graphis-me « d’auteur », le graphisme « de semi-auteurs » et « d’exécutants », et le graphisme « d’amateur ». Nous parlerons, pour être plus précis, du paysage graphi-que français.

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  Dans la culture du graphisme, les acteurs les plus visibles  sont  les  graphistes  « auteurs ».  Ils  envisa-gent  leur pratique de  façon complexe et  théorique, interrogeant sans cesse sa définition, son rôle dans la société, ou ses systèmes internes. Ils constituent un  corps  de  métier  exigeant  qui  entend  atteindre plusieurs  niveaux  de  maturité  (technique,  opti-que,  intellectuel  et  artistique).  La  notion  même  de « graphiste auteur » n’est connue que par quelques milieux culturels pointus. Pour cause, ou par consé-quent,  leur  production  ne  s’adresse  généralement qu’à  ces  lecteurs  initiés,  et  demeure  pratiquement absente  de  notre  champ  de  vision  quotidien  (par-ticulièrement  dans  les  pays  de  culture  latine).  Les graphistes « auteurs » sont le plus souvent sollicités par des clients prestigieux, eux-mêmes inclus dans des  microcosmes  culturellement  denses  (« grandes marques », marques de luxe, institutions culturelles, maisons d’éditions intellectuelles, etc.) et la diffusion du résultat de leur collaboration est habituellement restreinte.

  Les  réalisations  des  graphistes  « semi-auteurs » ou  « exécutants »  forment  quant  à  elles  la  majorité du  graphisme  « visible ».  Elles  ne  figurent  dans aucun livre de graphisme, ne sont récompensées par 

aucun concours, et ne décorent pas les chambres des étudiants  en  graphisme.  Ces  nombreux  praticiens semblent être des acteurs invisibles et muets, œuvrant dans  les  plus  grosses  agences  de  communication comme dans les plus petites structures locales. Les commandes sont en général moins honorifiques, et les clients imposent plus facilement leurs choix (un graphiste  « exécutant »  peut  se  faire  remplacer  par un autre, alors qu’un graphiste « auteur » est sollicité pour sa personnalité). Très liée au commerce, cette catégorie  est  la  principale  façon  de  pratiquer  le graphisme,  la  plus  répandue,  et  celle  où  circule  le plus d’argent. 

  La  dernière  division,  le  graphisme  « d’amateur » engrange, elle, peu d’argent ; elle est le plus souvent locale, occasionnelle, non rémunérée, reste dans un cercle d’amis, de collègues, de quartier. Les acteurs de ce graphisme ne savent pas toujours ce qu’est un « graphiste », ils n’ont pas de point de vue théorique sur  cette pratique, ni de  savoir  faire professionnel. Ils  pratiquent  cette  discipline  sans  forcement  en être  conscients,  simplement  par  besoin,  par  envie ou par manque de moyen. J’utilise donc le terme « amateur  »  au  sens  de  dilettante,  occasionnel,  non-professionnel. Ce sont des secrétaires, des aumôniers, 

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des  chanteurs,  des  étudiants  en  commerce,  des professeurs de sports qui, pour une raison ou pour une autre, ont eu à utiliser un logiciel informatique pour  produire  une  communication  imprimée  (je mets donc de côté les productions manuscrites).

  À l’heure de la rédaction de ce mémoire, je consta-te un rapport extrêmement inégal entre l’amplitude que prend, dans nos études de design graphique, la notion de « graphisme d’auteur » et sa place réelle dans la pratique de ce métier. Je mesure également la distance qui distingue le monde des auteurs, mon-de  savant  regardant  tantôt  avec  dédain,  tantôt  avec amusement les autres formes de graphisme, et celui des amateurs,  ignorant presque tout du graphisme et a fortiori du graphisme d’auteur. 

  J’ai par conséquent eu  la volonté de me dégager de  la  vision  unilatérale  que  me  propose  (malgré lui)  l’enseignement  en  communication  visuelle  en étudiant le graphisme le plus opposé au graphisme d’auteur : le graphisme amateur.

  Qu’est  ce  qui  distingue,  en  fait,  les  productions de  ces  amateurs  (ces  faire-parts,  ces  invitations, ces réclames) du reste de la production graphique ? Essentiellement le fait de ne pas connaître la science du graphisme : les règles et les tendances, ce qui se fait ou non, ce qui « marche » et ce qui « ne marche pas », et d’utiliser les logiciels comme on utilise un mixer ou un appareil photo numérique, de construi-re une affiche comme on monte un meuble en kit.Mon  mémoire,  dans  sa  forme,  empreinte  à  cette pratique  ignorante.  Je  couds  donc  un  patchwork, une suite de pensées, d’extraits de pensées – bords à bords raccordées –  qui ne sont pas miennes (car moi aussi, en terme de production intellectuelle, je suis amateur). Cette suite de contacts  forme un espace, un propos qui, lui, est mien, fidèlement présenté, à la manière de ces productions graphiques  composées avec dix typographies différentes et cinq Clip art1, ou comme  une  centaine  d’affiches  d’amateurs  collées les unes aux autres sur un tableau d’affichage. 

  Le  principal  facteur  de  développement  du  gra-phisme  amateur  est  la  démocratisation  de  l’outil informatique  et  des  logiciels  de  mise  en  page.  Un mot que jadis on aurait écrit au feutre sur une feuille 

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blanche et affiché sur sa boîte aux lettres est à pré-sent mis en forme sous informatique. Dans un élan général de dissolution des compétences (né de la vo-lonté de démocratisation globale, de tout pour tout le monde, incarné aujourd’hui par le web collaboratif), le graphisme est l’une des pratiques les plus vulgari-sées. L’évolution du logiciel Microsoft Word, logiciel de  traitement  de  texte  le  plus  répandu  au  monde, est  significative  :  disponible  sur  P.C.  et  Macintosh depuis 1���, ce logiciel intègre petit à petit des fonc-tions  de  dessins  (lignes  libres  et  formes  géométri-ques) puis d’importation et de gestion d’images pour enfin proposer de nombreux gabarits pour diverses applications (lettres types, bulletins, étiquettes, bro-chures,  menus  de  restaurant,  factures,  c.v.,  pages web, etc.). Les prix des impressions professionnelles se  sont aussi adaptés à  la demande, proposant des solutions de moins grands tirages à moindres coûts. Aujourd’hui, chacun a donc les moyens techniques d’émettre  un  message  graphique  approchant  du professionnel. 

  Car si  les graphistes savent  faire du vélo,  tout  le monde  sait  faire  de  la  trottinette.  Et  finalement  à quoi  sert-il  au  juste  d’être  un  graphiste  « savant » puisque n’importe quel graphisme « fonctionne » ?

  Il  est  en  effet  troublant  de  devoir  répondre  à la  question  :  qu’est-ce  qui  différencie  le  « bon  gra-phisme » du « mauvais », une affiche « qui marche » d’une  « qui  ne  marche  pas »,  lorsqu’elle  est  posée par un non-initié à cette pratique. Outre  les préoc-cupations uniquement partagées par les spécialistes (règles typographiques, composition, circulation du blanc,  dynamique,  impact,  hiérarchisation,  harmo-nie, etc.), quel argument de poids peut-on avancer ? Parler de beauté semble tout à fait dépassé – chacun peut défendre ses « propres » goûts. Si nous parlons en  termes  de  fonctionnalité,  il  y  a  effectivement des critères perfectibles, comme la lisibilité ou l’ef-ficacité.  Je  crois  cependant  pouvoir  dire  que,  sans qu’il ne sache comment ni pourquoi,  le graphisme amateur  remplit  parfaitement  sa  fonction.  Mon postulat est que toutes les informations à faire passer sont comprises dans la production (et un graphiste professionnel ne saurait mieux faire)  :  les informa-tions dénotées par le texte sont normalement lues (à part rares cas d’illisibilité totale), et les informations connotées  (esthétique,  référence,  positionnement, etc.),  plus  fines  (et  qui  sont  la  valeur  ajoutée  des graphistes  professionnelles),  sont  inconsciemment insufflées dans l’image. Ce, de deux façons : par sa position socioculturelle, le graphiste amateur adopte 

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une  esthétique  ajustée,  puisque,  le  plus  souvent, il produit un visuel pour des personnes comprises dans  le  même  groupe  socioculturel  que  lui,  ayant par conséquent les mêmes dispositions esthétiques. Ajouté à cela et pour certains projets « habituels » ou « rebattus », il y a souvent un effet d’habitude, voire d’éducation, qui s’est mis en place, au fur et à mesu-re, dans le regard du public. Certaines productions jouissent  effectivement  d’une  habitude  ou  d’une attente  des  regardeurs  qui  leur  permet  d’être  plus rapidement comprises – ce sont des codes appliqués depuis assez longtemps pour être assimilés par tous (selon le groupe social dans lequel on se trouve), et utilisés  sans  être  remis  en  question,  voire  incons-ciemment. Par exemple, pour une affiche de fête de fin d’année de  la  faculté de médecine, on  trouvera facilement, dans une production d’amateur, une in-firmière aguichante et une typographie festive, et de fait, le public visé (étudiants en médecine) identifiera rapidement le propos de l’affiche sans même lire le texte. Si dans une production professionnelle, il avait été décidé de ne pas mettre d’infirmière en décolleté, mais une typographie sobre, les lecteurs auraient eu de la difficulté à identifier le discours. Les codes gra-phiques auraient été inattendus, surprenants, propo-sant une deuxième lecture, une finesse intellectuelle, 

supposant un public plus attentionné, plus cultivé, à  l’image  du  graphiste  qui  a  produit  le  visuel.  Ici encore, la forte correspondance socioculturelle entre le producteur et  le consommateur (correspondance existant  dans  toutes  les  divisions  du  graphisme) permettra  au  graphiste  amateur  de  trouver  le  bon ton de communication, à condition qu’il ne se pose pas  la  question.  Le  graphisme  amateur  fonctionne donc parfaitement dans une diffusion interne à son groupe  social.  Toute  la  difficulté  du  professionnel consiste justement à savoir s’adapter aux différentes attentes  et  différents  codes  des  différents  publics visés.

  Car puisque  tout  le monde sait  faire de  la  trotti-nette,  les graphistes de métier ont d’autant plus  le devoir de bien savoir faire du vélo, et sur n’importe quelle route. 

  Le  graphisme  est  un  langage,  il  induit,  en  plus du  texte  qu’il  contient  (ou  ne  contient  pas,  s’il sait  s’en passer),  la   mise  en  forme et  l’expression d’une  pensée.  Le  graphiste  professionnel  maîtrise la  « langue »  visuelle,  puisqu’une  langue  est  un « système de communication commun à un groupe social� »,  et  le  graphisme  amateur  développe  son 

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argot,  en  tant  que  « vocabulaire  (graphique)  ou habitudes  de  langue  (de  ton)  propres  à  un  milieu fermé� ».  Or  il  s’avère  que  certains  mots  d’argot glissent  petit  à  petit  dans  la  langue  commune. Pareillement,  certaines  caractéristiques  amateurs (plastiques  ou  sémantiques)  glissent  vers  le graphisme  professionnel,  ou  d’auteur.  Ceci,  de trois  manières.  La  première  passe  par  l’influence du  graphisme  amateur  sur  l’éducation  visuelle  du client  (du  quidam)  puis  du  client  sur  le  graphiste – à travers les attentes du premier et les concessions du  second.  La  deuxième  réside  précisément  dans cette conviction du client qu’effectivement « tout  le monde est graphiste » et qu’il peut lui-même diriger son  projet  formellement,  utilisant  le  graphiste comme la continuation de son bras – c’est une des conséquences de  la démocratisation du graphisme, évoquée  plus  haut.  Le  graphiste,  dépendant financièrement du client, plie parfois. La troisième, principalement présente dans le graphisme d’auteur, se  présente  sous  couvert  de  citations :  le  graphiste commet  volontairement  une  « faute  graphique » (irrespect  des  conventions  du  métier)  ou  une « faute  de  goût »  (qui  ne  sera  que  le  déplacement des  goûts  d’un  certain  milieu  socioculturel  à  un autre  supérieur :  l’insertion  du  populaire  dans  un 

environnement  intellectuel).  Outre  le  plaisir  du dépassement  des  règles  et  de  l’interdit,  la  citation graphique  « amateur »  chez  les  graphistes  auteurs leur permet de placer le lecteur (qui comprendra le second degré) dans un cercle d’initiés  (et d’exclure celui  qui  ne  comprendra  pas).  C’est  donc  un  clin d’œil  intellectuel,  culturel  et  connivent.  Lehni Trüb�  pour  une  brochure  pour  le  Schauspielhaus de  Zürich�  affichera  sur  une  couverture  en  papier couleur  une  typographie  linéale  grasse  très  étirée, référence  directe  aux  déformations  Word Art�.  On parlera en linguistique d’« hypocorrection » (selon le terme de Bourdieu�).  Dans  la  langue  comme  dans  l’argot  se  dévelop-pent des jargons : ce sont les habitudes graphiques (correspondant à un environnement culturel) qui se développent dans notre culture visuelle – et dont je parlais plus haut  :  les attentes,  les  codes appliqués depuis  assez  longtemps  pour  être  assimilés  par tous.  De ce point de vue, le métier de graphiste consiste-rait à savoir maîtriser les nuances, connaître les syn-taxes et utiliser à bon escient tous les tons. Ainsi, le graphisme est la matérialisation d’une pensée, d’une idée. Plus l’idée est fine, plus on se doit de maîtriser son « art », son parlé. Parallèlement, un « art » bien 

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maîtrisé,  s’il  sert  une  pensé  vide  ou  grossière,  est, pour moi, vain. Car,  tout comme  la  langue,  le gra-phisme influence, autant qu’il incarne, le système de pensée de l’auteur et du lecteur ; selon les propos de Poynor�, il « reflète et limite même, parfois, les com-portements et les valeurs sociales et politiques ». Le design graphique s’inscrit donc plus profondément qu’on le suppose dans notre mode de vie. Il en va de même pour les autres domaines du design ou pour l’architecture, qui ne pourrait se concevoir en terme d’amateurisme.  Dans cette course, auteurs et amateurs ont donc la même responsabilité, et les plus écoutés seront ceux qui parleront le plus fort.

  Les  routes  sillonnées,  ce  sont  les  clients,  les propos  et  les  publics  visés.  Le  graphiste  amateur, auteur de son message et de son discours, n’a donc pas à s’adapter, à se plier au discours d’un tiers, et ne saurait le faire. Or nous constatons aujourd’hui que le graphisme amateur est actuellement l’objet d’un fort engouement chez bon nombre de jeunes graphistes auteurs  (je  ne  semblerais  donc  pas  échapper, malgré  ma  volonté  première,  au  conditionnement de mon microcosme). Aujourd’hui,  la tendance est 

à  la  recherche d’indépendance, et à  l’enfermement culturel.  Le  jeune  graphiste  auteur  ne  veut  plus produire  que  pour  des  clients  «  intéressants  »,  « culturels » ou « tendances », donc à son image et à sa portée.  Ces futures têtes d’affiche du graphisme semblent donc  nier  toute  une  partie  de  la  réalité  du  métier – calquant ainsi  l’introversion des amateurs. Si ces derniers jouissent de la grâce des innocents, ou de la chance des débutants, il est inquiétant de constater un tel déni chez ceux qui arborent leur statut de pro-fessionnels. Ou alors, tout le monde est amateur.

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Notes :

1. Le clip art est une bibliothèque de dessins ou symboles traitant  de  sujet  divers  mais  caricaturaux,  libre  d’utili-sation,  permettant  d’illustrer  un  document  produit  par infographie.

�. Le Robert, pratique de la langue française, édition France Loisir, �00�.

�.  Lehni  Trüb  est  un  graphiste  suisse  (Zürich)  exerçant principalement dans l’édition culturelle. Il peut être consi-déré comme graphiste « auteur ».

�. Le Schauspielhaus de Zürich est un théâtre d’avant-garde internationalement reconnu.

�. Word Art est un outil compris dans le logiciel Microsoft Word qui offre un catalogue de diverses déformations typo-graphiques prédéfinies.

�.  Pierre  Bourdieu,  sociologue  français.  Intervention  au Congrès de l’AFEF, Limoges, �0 octobre 1���, repris dans Questions de sociologie, Les éditions de Minuit, 1��0, pp ��- 11�.

�. Rick Poynor,  journaliste et  critique de culture visuelle. Interviewé par Etienne Hervy, étapes : n°��, mai �00�.

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Tout le monde

est gra-phiste.

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sommaireYoann Bertrandy.

Mémoire de fin d’études, examen du Dnsep.École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg.Option Communication, atelier de didactique visuelle.Tuteur de mémoire : Guy Meyer.Strasbourg, 2008.

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Deuxième idée : « L’humour et/ou l’engagement ».

page 28.

Troisième idée : « Haute culture, sous culture ».

page 54.

Quatrième idée : «Élistisme et modestie ».

page 70.

Remerciements.

page 97.

Préambule : « Considérer le graphisme amateur »

page 4bis

Sommaire

page 5.

Avant-propos

page 9.

Première idée : « Les frontières du graphisme »

page 12.

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Avant-propos

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Vous avez décidé, suite à la hausse du prix du pain en boulangerie, d’acheter une machine à faire du pain. Vous réussis-sez à faire du pain qui vous satisfait, et vous en vendez (pas trop cher) à vos voisins. Tout le monde peut être boulanger.

Vous êtes spécialiste en naturopathie et constatez qu’il n’y a aucun résultat pour le mot « naturopathie » sur Wikipédia. Vous avez cliqué sur « créer un article » et rédigez la définition de votre activité. Tout le monde peut être encyclopédiste.

Vous appuyez à une vitesse folle sur les cinq boutons du manche d’une guitare en plastique devant une console vidéo et devenez une légende du rock. Tout le monde peut être un guitar hero.

Vous étiez là lorsque le président de la République a eu son attaque cardiaque, et vous avez photographié l’événement tragique avec votre appareil numérique. Vos clichés font la une des journaux. Tout le monde peut être photographe.

Vous êtes secrétaire d’une association de fleuristes et il vous est demandé de réaliser les affiches pour la fête du prin-temps. Vous ouvrez Microsoft Word, composez quelque chose qui vous satisfait, imprimez puis photocopiez ça en A3. Tout le monde peut être graphiste.

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du gra-

phisme».

Doit-on exclure les graphistes non-professionnel de l’appellation de « graphistes » ?

«

les Fron-tières

Première idée.

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Logo du groupeBan Comic Sans.

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1. Flyer pour un stage de cirque, association les zinvertimbrés, graphiste anonyme. Marseille (13), 2008

2. Flyer pour Shiatsu (massage Energétique), Delphine Mira, graphiste anonyme. Apt (84), 2007.

3. Affiche pour la fête des rois, Pub St John’s, graphiste anonyme. Apt (84) 2008.

4. Affiche pour le Mino-Troc, centre social Lou Pasquié, graphiste anonyme. Roussillon (84), 2007.

5. Flyer pour un cours de danse Africaine, association Beoneema, graphiste anonyme. Schiltigheim (67), 2008.

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Le champ du graphisme , que l’on peut considérer comme un cas particulier du champ artistique, se construit au fur et à mesure des différentes ruptu-res esthétiques opérées par les agents. Les écoles, collectifs, graphistes isolées sont en lutte pour la reconnaissance de leurs pratiques spécifiques au sein du champ, et au-delà de ça, pour la redéfinition des frontières externes du champ (« au-delà de cette frontière, ceci n’est pas du graphisme ») qui sont au principe de la définition légitime de ce qu’est le « graphisme », comme des principes de classements internes.

Vivien Phillizot.Professeur de typographie, graphiste,typographe français né en 1977. Les avants-gardes et leur relation avec le pouvoirdans le champ du graphisme et de la typographie,mars 2008, articulo.ch

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Il n’y a rien, dans notre quotidien, qui nous informe de ce qu’est un “bon” graphisme : le jugement de validité est laissé libre au récepteur/utilisateur, donc subjectif.Il y a suffisamment de design graphique autour de nous pour que chacun pose ses propres références. En effet, la frontière amateur/spécialiste, dans ce domai-ne précis (et notamment parce qu’il est présent par-tout, tout le temps), reste très diffuse. Et puis, il faut dire que les références populaires (publicités, magazi-nes, télévision) ne sont pas des territoires de qualitégraphique car délaissés justement par la caste intellec-tuelle du design graphique… en France.

Guillaume Grall.Graphiste chez l’Atelier de Création graphiqueet membre du club des chevreuils. Né en 1981.Courriel personnel, mai 2008.

Chaque personneest un artiste.

Stefan Sagmeister.Designer graphique et typographe né en 1962 en Autriche. Titre de l’article d’ Ellen Shapiro dans étapes no 156, mai 2008.

Les Français ont deux métiers :le leur et critique de cinéma.

François Truffaut.Critique de cinéma, réalisateur et scénariste français (1932-1984).

Règle 73 :Accepter le fait qu’il y ait de bons graphistes et de mauvais graphistes.

Norm.Studio fondé en 1999par Dimitri Bruni & Manuel Krebs,graphistes suisses.La voie graphique in Marie Louise n˚2Novembre 2006.

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22 23

Le graphiste est celui qui conçoit les affiches, les différents sup-ports de publicité.

Christine Charrel.secrétaire-comptable-graphiste française née en 1956.Entretien personnel, avril 2008.

Je pense que ce phénomène de démocratisation de la pratique graphique prouve que le design graphique fait partie de notre vie quotidienne (utile ou pas) et que chacun peut s’emparer de son environnement visuel, fonctionnel et artistique.

Guillaume Grall.Graphiste chez l’Atelier de Création graphiqueet membre du club des chevreuils. Né en 1981.Courriel personnel, mai 2008.

Le graphisme n’a de sens que quand il sert le bien-être géneral.

Alex Jordan.Né en Allemagne en 1947, graphiste, ancien Grapus, actuel Nous travaillons ensemble.Déclaration en 1986, rapportée sur Wikipédia.

J’estime que même un enfant à qui on donne pour la première fois un stylo feutre et une feuille de papier fait du graphisme. Donc oui, je fais du graphisme. Mais pas au sens noble du terme.

Marie Paule Missoffe.Professeur d’éducation physique et graphiste, née en France, dans les années 50. Entretien personnel, mai 2008.

entre Février etPâques le JEUDI MIDI(12h15 - 13h30 en salle des arts martiaux)

SIUAPS

PAUSE YOGA

Une série de 6 séances de YOGA de l’énergie est proposée entre Février et Pâques par le SIUAPS.RV dans la salle des arts martiaux du CSU à 12h15 Prévoir vêtements confortables et chauds (chaussettes)

Inscriptions sur le site du SIUAPS: //www-siuaps.u-strasbg.fr à la rubrique relaxation créneau du jeudi midi (pause relax) ou par le portail de ton université

Ci-dessous :Affiche d’informations sur des cours de yoga, Marie Paule Missoffe, 2007.

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Tout regard sur l’objet semble désormais frappé du sceau de l’es-thétique. Que l’objet soit sacré ou utilitaire, il sera considéré a priori comme un objet esthétique.

Henri-Pierre Jeudy.Philosophe contemporain,sociologue au CNRSet écrivain français.La culture en trompe l’œil,Edition Lettre volée, mai 2006.

La culture de masse, logiquement et inévitablement, est la culture de la société de masse.

Hannah Arendt.(1906-1975) philosophe et professeurde théorie politique allemande.La crise de la culture, avril 1989, Édition Folio.

C’est-à-dire que nous on est baigné dans un flot d’images, et de choses, graphiques ou pas, de culture, de musique ou de textes, nous on baigne dedans et on est des gens assez curieux, et on brasse très large, et on a envie de dire : tout est bon, tout est bon à prendre.

Guillaume Grall.Graphiste chez l’Atelier de Création graphiqueet membre du club des chevreuils. Né en 1981.Entretien personnel, avril 2008.

1. Soirée Haribo au Pub St John’s à Apt (84). Graphiste anonyme, 2008. L’affiche est elle-même imprimée pixellisée, il ne s’agit pas d’un problème de reproduction.

1.

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Autocollants © Design Police.

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2� 2�

l’en-gage-ment

».

Prise de conscience et cynisme.

«

l’hu-mour et/ou

Deuxième idée.

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30 31

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Less is a bore.Le moins est ennuyeux.

Robert Venturi.Né en 1925, architecte américain.

Less is more.Le moins est mieux.

Ludwig Mies van der Rohe.(1886-1969) architecte et designer allemand.

Form follows idea. La forme suit l’idée.

Daniel Weil.Né en 1953 en argentine, architecte, designer.

Form follows fantasy.La forme suit la fantaisie.

Bernard Tschumi.Né en 1944, architecte suisse.

Form follows function. La forme suit la fonction.

Louis Sullivan.(1856 -1924) architecte américain.

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3� 3�

Dans l’œuvre de la science seulement on peut aimer ce qu’on détruit, on peut continuer le passé en le niant, on peut vénérer son maitreen le contredisant.Gaston Bachelard.(1884-1962) philosophe des sciences et de la poésie française.

La formation de l’esprit scientifique,contribution à une psychanalyse de la connaissance,Vrin, Paris, 1999.

Ci-contre :Les Œufs, livre de cuisine. Jonas Nicollin et Xavier Antin, étudiantsà l’Ensad, Paris. Les Œufs, livre de cuisine.Ensad Paris, 2006

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3� 3�

(...) Tout ces gens-là, c’est des gens très intéressants, mais à un moment donné ils ont renié tous ces à-côtés, ces choses un peu simples et un peu sales. Et nous on n’a pas envie de les renier tu vois ? On peut prendre du plaisir aussi, dans des choses pas belles ni intelligentes.

Guillaume Grall.Graphiste chez l’Atelier de Création graphiqueet membre du club des chevreuils. Né en 1981.Entretien personnel, avril 2008.

Les plus grands éloges pour une pièce de conception graphique furent :« C’est vraiment propre ».

The highest praise for a piece of graphic design was,«This is really clean.»

Katherine McCoy.Graphiste, professeur et essayiste américaine née en 1945.© 1998 High Ground Design.Reprinted from www.highgrounddesign.com

Bulldozer® avance ainsi sa modeste réponse à la très forte absence de reconnaissance dont souffre le graphisme en France, tant de la part du public que de celle des différents acteurs de la vie politique, économique, sociale ou cultu-relle (pouvoirs publics, organismes et sociétés privés). Cette absence à un moment de l’his-toire où nos sociétés occidentales vacillantes s’avèrent aussi toxiques par leur production forcenée de déchets visuels que par leurs autres sortes de résidus nous paraît stupide et injuste. Dans ce contexte de bouillie visuelle envahissante et généralisée, le graphiste compétent, conscient, et son regard sélectif de lecteur d’images rompu aux pièges les plus grossiers du sens et des formes, nous semble avoir un rôle intéressant à jouer. Sa place est peut-être celle, inconfortable mais opportune, d’une sorte de décodeur têtu immergé en per-manence au centre du violent flux d’images entrelacées, de signes et de symboles brouillés qui défilent nuit comme jour à la surface de notre rétine en un mouvement toujours accé-léré : jusqu’où et jusqu’à quand ?

Pascal Béjean, Anne Duranton, P.Nicolas Ledoux, Phillipe Savoir.Plasticiens et graphistes.Manifeste de Bulldozer Revue graphique à Paris.Le regard du graphiste, 1995.http://www.labomatic.org/.

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3� 3�

Nous on essaie de pas trop théoriser, ça peut vite devenir ennuyeux, le club des chevreuils ne devrait pas être un outil théorique tu vois ? Ça l’est forcé-ment, on peut théoriser sur tout. Mais ce que tu dis, la spontanéité, la fraîcheur, surtout la spontanéité (c’est marrant de dire ça là-dessus – ndlr : la chan-son « Paroles paroles » de Dalida est en train de passer en fond sonore), à un moment donné, tu peux aussi ne pas réfléchir à ce que tu fais, ou à ce que tu penses être bien ou beau. On passe tellement de temps dans le graphisme, je vais pas dire à se mas-turber la tête, mais c’est presque ça, à considérer ce qu’on fait comme étant quelque chose de vrai, d’uti-le, de bénéfique, et moi je suis pas convaincu, enfin je me sens pas forcement utile, par contre je prends du plaisir à faire ce que je fais, et le client prend du plaisir à travailler avec des graphistes, ou avec moi, et au final ça peut faire des objets intéressants. Mais c’est pas indispensable, c’est-à-dire que si le mec qui fait ces affiches (ndlr : il me montre des affiches non professionnelles) fait mon boulot à ma place, ça… ça reviendrait pas au même, mais ça remplirait pas mal de fonction déjà. Nous on essaie de tirer un peu de bénéfice de tout ça, mais je pense qu’il ne faut pas non plus revendiquer trop de choses, ça reste des images, ça reste du texte.

Guillaume Grall.Graphiste chez l’Atelier de Création graphiqueet membre du club des chevreuils. Né en 1981.Entretien personnel, avril 2008.

Côté cours, côté jardin, nous nous entretenons de tout et de rien, penchés avec une concentration inouïe sur un détail qui peut tout faire basculer. En vue de la qualité et à l’affût de solutions qui font la différence. Les mots nous accompagnent en quête de «kalos» et d’«agathos», originairement du beau, de l’agréable et de l’utile.

André Vladimir Heiz.Écrivain suisse, professeur de sémiotique et théoriciende la conception, né en 1951.Extrait de l’article Pour une partition du graphisme actuel -Chapitre Ephémérides, traduction Michael Robinson.ECAL Design graphique.

Le design est une activité liée à une pensée complexe et à une logique originale où la recherche esthéti-que s’associe aux stratégies industrielles et où la technologie n’est qu’une partie d’un vaste contexte symbolique. Les rapports entre l’art et le design sont beaucoup plus difficiles à mettre en théorie, en raison de leur caractère spontané et discontinu. Il fut un temps où l’on considérait que l’art générait de nouveaux langages tandis que le design les utilisait. Aujourd’hui nous assistons au phénomène inverse...

Andrea Branzi.Architecte et designer italien né en 1938.Cité sur design.lab.free.fr/blog/

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1. Dépliant publicitaire pourAlain Michel, Ostéo-bio.énergéticien, graphiste anonyme. Apt (84), 2007.

2. Programme du festival Les Riches heures musicales de la Rotonde,graphiste anonyme.Simiane-la-Rontonde (04), 2003.

3. Bulletin municipal de Neuvic,mairie de Neuvic, graphiste anonyme. Neuvic (19), 2007.

4. Flyer publicitaire pour des séancesde massage, Barbara Géraud-Mateus, graphiste anonyme. Banon (04), 2007.

4.

3.

1.

2.

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Themedia is the mas-sage.Le média est le m[e]ssage.

Marshall McLuhan.(1911 - 1980)Théoricien de la communication.

C’est pas forcément très joyeux le milieu du graphisme. Et moi j’ai l’impression, en tout cas au début, quand on a commencé à s’exprimer, que d’un coup ça faisait aussi réfléchir là-dessus...

Guillaume Grall.Graphiste chez l’Atelier de Création graphiqueet membre du club des chevreuils. Né en 1981.Entretien personnel, avril 2008.

Mes idées ?La convivialité, et sortir du « cul-cul la praline » des normes catho.Etienne Troestler.Aumônier-graphiste.Entretien personnel, avril 2008.

Règle 61 :No Jokes.

Norm.Studio fondé en 1999 par Dimitri Bruni & Manuel Krebs,graphistes suisses.La voie graphique in Marie Louise n˚2 / Novembre 2006.

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Règle 130 :Le graphisme n’est pas un jeu.Norm.Studio fondé en 1999 par Dimitri Bruni & Manuel Krebs,graphistes suisses.La voie graphique in Marie Louise n˚2 / Novembre 2006.

1 - 2. Graphiste anonyme pour la fête de la musique de Banon, 2005

Mon site web est très confus. C’est une sorte de blague. Quelque chose qui est dur à pénétrer, à utiliser. J’ai toujours mis une teinte d’humour dans le travail. Mais ce n’est pas toujours la meilleure décision commerciale. J’aime l’idée que quelque chose d’attendu ne se réalise pas. Quelque chose s’allume, mais ne donne rien. Il y a une part de moi qui ira toujours vers les travaux amusants, ce n’est pas mon moteur, mais j’aime jouer avec les gens, passer du bon temps avec ça.

My web-site is kind of confusing. It’s kind of a joke. It’s kind of hard to perpetrate, hard to get through (...). I always have a general humor in the work. It might not be the best business decision. I just love the idea that something expected doesn’t happen. Something lights up, but it does nothing. It’s a part of me that has always been in the work that enjoys, not the driving-force, but just messing with people a little bit and having some a good time with it.

David Carson.graphiste américain né en 1956Interviewé sur kramberger-uran.com

1.

2.

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Je ne sais pas ce que vous en pen-sez, mais j’ai du mal à me sentir concerné : pas sur la question de la responsabilité ou de l’engagement mais plutôt sur cette idée du graphis-me « d’utilité publique ». J’ai plutôt l’impression que c’est une histoire de génération, quelque chose qui se ter-mine, mais qui n’a pas su rebondir. (…) Le graphisme d’utilité publique, cette belle et grande idée, c’est aussi un constat d’échec !

Didier Lechenne.Graphiste français né en 1968, travaille dans l’agence Labomatic puis Design lab.Article sur l’allocution de Pierre Bernard, sur design.lab.free.fr/blog/.

Règle 62 : Ne pas se prendre au sérieux.

Norm.Studio fondé en 1999 par Dimitri Bruni& Manuel Krebs, graphistes suisses.La voie graphique in Marie Louise n˚2 /Novembre 2006.

Atelier collectif, (…) Grapus va développer un projet poli-tique. Il se veut marxiste et au sein de la société française crée, dessine, organise les signes graphiques pour être utile aux classes sociales exploitées par le système capi-taliste dans leur résistance, leur lutte pour s’émanciper et participer à la construction d’une alternative démo-cratique. C’est un engagement politique que j’interprète aujourd’hui comme éminemment culturel et pédagogi-que.

Pierre Bernard.Graphiste français né en 1942, co-fondateur du collectif Grapus en 1970. Dirige l’Atelier de Création graphique depuis le début des années 1990. Extrait de son allocution pour la remise du prix Erasm, 2006.

Être graphiste, c’est illustrer la pensée de son client. Illustrer, mettre visuellement, matérialiser l’émotion, la fonction. Parce que pour moi, la pensée d’une entreprise c’est en même temps sa fonction, même si on est dans un monde où on fait de l’argent, il faut que chaque entreprise ait une pensée. Pourquoi elle est là, pourquoi elle existe – tu fais des sous d’accord mais est-ce que c’est intéressant ce que tu fais ? Après il y en a qui arrivent à illustrer ces trucs, mais ce qu’ils font c’est totalement dénué d’esprit. Le graphiste va arriver à faire une super image, un super mensonge. Tu es graphiste, tu peux t’adapter à tout, c’est ça qui est ouf. Parce que tu es gra-phiste, il faut que tu sois honnête avec tes clients.

David Longuet. Chanteur – graphiste – chômeur français, né en 1980. Entretien personnel, avril 2008.

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Le bon design s’est finalement traduit parde bonnes affaires.

Thomas J. Watson.(1874-1956)Président de International Business Machines (IBM),l’homme qui a engagé l’architecte Eliot Noyes et le graphiste Paul Rand.

Une bonne affiche doit suggérer, invite à la réflexion.

Etienne Troesler.Aumônier-graphiste.Entretien personnel, avril 2008.

Mon métier est absolument inutile. Lorsque la barbarie est de retour [comme actuellement] (…) oubliez le design, oubliez l’art, il y a des priorités, (…) vous devez vous retourner vers la politique, vous devez retourner au combat.

My job is absolutely useless. When barbaria is back, [like now] (...) forget design, forget art, there is priority, (...) you must go

back to politic, you must go to battle.

Philippe Starck.Designer français né en 1949.Conférence au TED Idea Worth Spreading Usa, 2007.

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Affiche pour des stages d’initiation en danse, associa-tion Ettels Dance World, graphiste anonyme. Clermont-Ferrand (63), 2008.

Je pense que les designers devraient avoir une plus grande conscience de la portée de leur travail – et de la maniè-re dont celui-ci reflète et limite même, parfois, les comportements et les va-leurs sociales et politiques – de cette prise de conscience découlerait alors un sens accru des responsabilités.

Rick Poynor.Anglais, journaliste et critique de culture visuelle,fondateur de la revue Eye. Contemporain.Interviewé par Etienne Hervy,Étapes no84, mai 2002.

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Atelier Populaire, mai 1968.

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sous cult-ure

».

« Je vais renouer avec la culture d’en bas ».

«

Haute cult-ure,

Troisième idée.

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Logo de l’émissionde télévision « Star Academy ».

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Les jeunes bourgeois écoutent du hard métal, sont à la mode, mais gardent un jardin secret où ils écoutent du Schubert. Ils n’ont pas l’habitude de la lecture, mais empruntent les films en noir et blanc dans la vidéothèque de leurs parents. Cet éclectisme culturel est devenu le mode de rapport à la culture aujourd’hui. Il n’est cependant pas spécifique aux jeunes.(...)Cet éclectisme est également limité : plus on descend dans l’échelle sociale, plus l’éclectisme est lié à ce qui est offert par l’école (le théâtre,

la poésie, etc.).

Nicolas Auray.Professeur de sociologie à l’ENST. Contemporain.À partir de la thèse de Peterson,

cité sur autograph.fing.org, 2006.

Visuels pages de gauche :Cahier de recherches typographiques, Guillaume grall, 2004-05.

Parler de culturea toujours étécontraire à la culture.

Theodor Adorno et Max Horkheimer.Respectivement 1903-1969et 1895-1973, philosopheset sociologues allemands.La dialectique de la raison, Edition Gallimard.

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De notre côté, mais pas forcément dans la commu-nication de ce qu’on est, on est assez lucides, on sait faire la part des choses, et quand on est face à un client, il faut savoir lui parler de choses pertinentes. Mais en tout cas, nous, notre être, n’est pas décon-necté de ce qui nous entoure, genre, je regarde le foot à la télé, je bois du coca et ça ne m’empêche pas d’aller voir des expos, de lire des livres de philosophes, moi j’ai aucun problème, j’ai aucun complexe avec ça. Après de rendre publiques certaines choses et pas d’autres, ça c’est aussi un consensus entre nous, c’est-à-dire qu’on n’est pas tous forcément d’accord, mais nous, ce qui nous réunit, c’est ça.

Guillaume Grall.Graphiste chez l’Atelier de Création graphiqueet membre du club des chevreuils. Né en 1981.Entretien personnel, avril 2008.

Quand j’entends un de mes morceaux chez Champion, je suis ravi. J’adorerais pouvoir faire un truc hyper élitiste qui plaise au grand public.

Sébastien Tellier.Chanteur et compositeur français né en 1975.Interviewé par Arnaud Lievin sur rue89.com

La frontière entre la « haute culture » et la « sous-culture » ou le « simple divertisse-ment » ne sépare pas seulement les clas-ses sociales, mais partage les différentes pratiques et préférences culturelles des mêmes individus, dans toutes les classes de la société. (…) Une majorité d’indivi-dus présente des profils dissonants qui associent des pratiques culturelles allant des plus légitimes aux moins légitimes. Si le monde social est un champ de luttes, les individus sont souvent eux-mêmes les arènes d’une lutte des classements, d’une lutte de soi contre soi.

Bernard Lahire.Sociologue et professeur de sociologie français, né en 1963.La culture des individus, Dissonances culturelles et distinction de soiEdition de la Découverte. Août 2006.

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3 - 4 - 5 : Lehni Trubbrochure pour le Schauspielhaus, Zürich.

4.

5.

3.1.

2.

1 : Pascal Bousseyroux bulletin municipal de la Mairie de Neuvic.

2 : Etienne Troesleraffiche pour le F.e.c., Strasbourg.

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Les graphistes du palais de tokyo, M/M, interviewés dans Art Press (Juillet 2001), réclamaient être artistes davantage que les artistes dont ils réalisent la communication. Il s’agit peut être d’une stratégie pour donner l’image d’une relation artiste-designer fondée sur la collaboration plutôt que la sous-traitance. Si collaboration il y a, il me semble pourtant qu’un designer et un artiste n’utilise pas l’esthétique de la même façon. Le design utilise l’esthétique comme moyen et l’artiste l’utilise comme une fin.

Etienne Cliquet.Enseignant en multimédia, artiste et designer français né en 1971.Article L’esthétique par défaut sur telepherique.org, août 2002.

Je ne sais pas, ce n’est peut-être pas se rendre service que de suivre les modes de trop près. Mais il y a aussi le risque d’être dépassé. Designer graphique est un métier très dur, car dans la plupart des professions, plus on pratique, plus ça devient facile. Et avec le graphisme, si vous avez la moindre intégrité réelle, plus vous pratiquerez, plus ce sera dur. La difficulté sera de ne pas se répéter, de grandir à la façon d’un artiste.

I don’t know, it could be a disservice to follow trends too closely. But there is also this chance of falling behind. Graphic design is a very hard profession in that most professions, the longer you do them, the easier they become. And with graphic design, if you have any real integrity, the longer you do them, the harder it becomes. The harder becomes not to repeat yourself, to keep growing as an artist.

David Carson.Graphiste américain né en 1956.Interviewé sur kramberger-uran.com

Je sais que, dans le passé, quelques designers français tels que Grapus avaient déjà chercher à politiser fortement leur conception du design. Il semble qu’aujourd’hui, en France comme en Angleterre, les jeunes créateurs soient plus concernés par la mode, les marques, l’industrie du disque et le souci de rester « branchés ».

Rick Poynor.Anglais, journaliste et critique de culture visuelle, fondateur de la revue Eye. Contemporain. Interviewé par Etienne Hervy, Étapes n°84, mai 2002.

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Un certain nombre d’entre nous, principalement influencés par « la méthode Suisse », commencèrent leurs recherches vers des formes plus expressives, pa-rallèlement au mouvement architectural qu’on appelle aujourd’hui Post-modernisme. (…) Cela comprenait une nouvelle autorisation d’employer des éléments historique ou vernaculaire, chose interdite par le mo-dernisme suisse. (…) Puis, au milieu des années 80 à Cranbrook, nous avons trouvé un nouvel intérêt pour le langage verbal dans le graphisme, comme il s’est fait dans les arts plastiques, (…) avec l’accent porté sur l’interprétation du spectateur, et sa participation à construire du sens. A présent [en 1998], comme les cycles de changements se poursuivent, le modernis-me pourrait refaire surface et le minimalisme pourrait calmer l’explosion visuelle de ces quinze dernières années.

Katherine McCoy.Graphiste, professeur et essayiste américaine née en 1945.© 1998 High Ground Design.Reprinted from www.highgrounddesign.com

Gott steckt im Detail.

Dieu se trouve dans les détails.

Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969).Architecte et designer allemand.

A number of us, mainly graphic designers in the «Swiss» method, began to search for a more expressive design, paralleling a similar movement in architecture now known as Post Modernism.(…)This included a new permission to employ historical and vernacular elements, something prohibited by «Swiss» Modernism. (…)Then in the mid 1980s at Cranbrook we found a new interest in verbal language in graphic design, as well as fine art, (…) with an emphasis on audience interpretation and participation in the construction of meaning. But now, as the cycles of change continue, Modernism may be reemerging somewhat, a renewed minimalism that is calming down the visual outburst of activity of the past fifteen years.

Katherine McCoy.Graphiste, professeur et essayiste américaine née en 1945.© 1998 High Ground Design.Reprinted from www.highgrounddesign.com

Ci-contre : invitation à l’inauguration du restaurant l’An-tiges, graphiste anonyme.Neuvic (19), 2008.

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Piero Manzoni, Merda d’artista, 1961.

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etmodes-

tie».

Second degré et indépendance du graphiste.

«

élit-isme

Quatrième idée.

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Portrait de Stephan Sagmeisterpar Kevin D. Jones.

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C’est un art subordonné ; appliqué, comme on dit. Il exige du graphiste une humilité de serviteur, une humi-liation peut-être. Le graphiste signe un contrat, il est maître (en principe) de choisir la chose que son objet va promouvoir. Mais le contrat stipule que l’objet doit promouvoir la chose. Il interprète donc, mais ici au sens d’un comédien, qui est un serviteur lui aussi.

Jean-François Lyotard.(1924-1998) philosophe français.Cité par Vivien Phillizot dans Les avants-gardes et leur relation avec le pouvoir dans le champ du graphisme et de la typographie, novembre 2007, articulo.ch.

«

Thegraphic-designer is a rock-star» Charlotte Cheetham.Auteur du blog Manystuff.orgÉtapes nº 155. avril 08.

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Quelles [sont vos] relations avec vos clients ?

Nous n’acceptons pas de faire de compromis. Nous refusons les projets non créatifs qui pren-nent trop de temps. Nous ne sommes pas formés à faire des travaux d’exécution.

Tu sais qui.Jeune agence de graphisme françaisecomposée de Marc Armand et Florent d’Heilly,nés au début des années 80.Interviewé par A2 c’est mieux, Étapes nº 155. avril 08.

Il faut se résigner à admettre que « l’action des œuvres sur les œuvres », dont parlait Brunetière, ne s’exerce jamais que par l’intermédiaire des auteurs, dont les pulsions esthétiques (…) les plus pures se définissent sous la contrainte et dans les limites de la position qu’ils occupent dans la structure d’un état très particulier d’un microcosme littéraire ou artistique historique-ment situé et daté.

Pierre Bourdieu.Sociologue français (1930-2002).Pour une science des œuvres, in Raisons pratiques, Sur la théorie de l’action, Seuil, 1994).

Dans les années 1980, le sens de la propre importance du graphisme et sa fascination pour lui-même se développent de concert. Les célébrités internationales du graphisme donnent désormais des conférences et des exposés « pratiques » in-formels, leur nombre s’accroît considérablement. La nature du journalisme change également. L’enthousiasme devient monnaie courante, accordant autant d’attention aux personna-lités des graphistes qu’à leur création, et une kyrielle de livres célèbrent les créations individuelles. Quelques graphistes – Neville Brody, David Carson, Tibor Kalman, attirent même l’attention des médias traditionnels, qui les présentent comme des acteurs significatifs de la culture visuelle contemporaine.

Rick Poynor.Anglais, journaliste et critique de culture visuelle, fondateurde la revue Eye. Contemporain. Cité par Vivien Phillizot dans Les avants-gardes et leur relationavec le pouvoir dans le champ du graphisme et de la typographie,novembre 2007, articulo.ch.

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Une typographie parfaite est certainement le plus aride de tous les arts. (…) La conscien-ce de servir anonymement et sans attendre de reconnais-sance particulière, des œuvres de valeur et un petit nombre d’hommes optiquement ré-ceptifs, est en général la seule récompense que reçoit le typo-graphe pour son long appren-tissage jamais achevé.

Jan Tschichold.1902-1974, typographe et maquettiste allemand.L’argile dans la main du potier, préface de Livre et typographie,édition Allia, écrit en 1948.

1. Affiche pour un concert reggae, David Longuet. Paris (75), 2005.

D’abord, dans ma tête, je réfléchis aux images que je vais mettre. C’est comme si c’était de la poterie, je prends ça manuellement. C’est comme si on prenait un objet et qu’on faisait un puzzle.

David Longuet. Chanteur – graphiste – chômeur français, né en 1980.Entretien personnel, avril 2008.

1.

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Avec les progrès fulgurants des technologies, le matériel s’est perfectionné de manière incroyable. (…) Le fossé entre pro-fessionnels et amateurs, et par conséquent entre créateur et utilisateurs, s’est grandement réduit.

Hironobi Sakaguchi, créateur de jeu vidéo.Hors série Courrier International.Octobre-novembre-décembre 2007, La révolution 2.0.

Ci-dessous : affiche d’information, Service Inter-Universitaire des Activités Physiques et Sportives, graphiste anonyme. Strasbourg (67), 2008.

De plus en plus de gens s’intéressent au graphisme. Avec le Net, les blogs, etc., l’image, en général, devient plus accessi-ble. L’avantage, c’est que notre génération est plus ouverte à notre travail. L’inconvénient, c’est qu’elle pense tout savoir du graphisme et n’importe qui peut faire des affiches.

Tu sais qui.Jeune agence de graphisme françaisecomposée de Marc Armand et Florent d’Heilly,nés au début des années 80.Étapes nº 155. avril 08.

L’esthétique par défaut (…) représente une réponse simple et légère dans un monde complexe. Une solution par défaut est une solution rapide. L’apparente austérité de l’esthétique par défaut masque en réa-lité une propension au jeu. L’interface est initialisée par défaut comme la première partie d’un jeu qui commence.

Étienne Cliquet.Enseignant en multimédia, artiste et designer français né en 1971.Article L’esthétique par défaut sur telepherique.org, août 2002.

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Y.B. : Quand on voit votre site, il faut en savoir un peu sur vous pour comprendre le second degré de votre approche, et pour en savoir plus sur vous, il faut faire partie d’un certain milieu, d’un certain réseau. Cette notion de réseau, de communauté d’initié, de « private joke », c’est très présent dans ce que vous

montrez de votre club.

G.G. : Ben nous on n’existe pas sans le réseau, on a pas de scrupules à dire qu’on fait partie d’un ré-seau et qu’on existe à travers un réseau, mais c’est partout comme ça, les histoires de familles, les histoires de clan… Et encore une fois notre réseau n’est pas fermé, on est accessibles, on est ouverts, on discute.

Guillaume Grall.Graphiste chez l’Atelier de Création graphiqueet membre du club des chevreuils. Né en 1981.Entretien personnel, avril 2008.

Ci-dessous : page du site Internet du Clubdes chevreuils. (http://leclubdeschevreuils.free.fr/)

Lorsqu’on convoque le second degré, c’est, en général, pour justifier plus ou moins adroitement de l’existen-ce possible d’un contrat de connivence entre celui qui produit une image ou un bon mot et celui qui les re-çoit. Cela instaure d’emblée un jeu dont le soi-disant second degré partagé signifie qu’on a décodé la règle implicite : on appartient alors à la même « commu-nauté culturelle » que ceux qui vous interpellent par ce contrat de communication. Le jeu du second degré se résume donc souvent à la compréhension d’une ambiguïté, compréhension à laquelle est attaché un véritable « facteur plaisir » lorsqu’on parvient à tirer à soi la couverture du sens incertain.

Emmanuel Ethis.Président de l’Université d’Avignon, Professeur des universités en Scien-ces de l’Information et de la Communication.

Sur ethis-e.blogspot.com/

Designers are meant to be loved not to be understood.

Les designers sont destinés à être aimés, pas à être compris.

Margaret Oscar.Rédactrice et conseillère en communication britannique,née dans les années 1970.Lu sur gobz.org/ article de François Chay.

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1. Flyer pour Relax’Attitude, graphiste anonyme. Apt (84) 2007.

2. Flyer pour des cours de Salsa, graphiste anonyme.Avignon (84), 2007.

3. Affiche pour une soirée « body painting » au pub St John’s.Apt (84), 2008.

4. Affiche pour un thé dansant au Rêve Bleu. Apt (84), 2008.

5-6. Flyer pour l’exposition papier peint organisé par Castel Coucou, Pipi Parade. Strasbourg, 2008.

7. Affiche pour un concert organisé par le collectif Jauneorange,agence Please let me design. Liège (BE), 2006.

8-9-10. Affiches réalisées par des étudiants de la Rietveld Acamedy. Amsterdam (NL), 2008.

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Le bon goût et une typographie parfaite sont impersonnels. On rejette à tort aujourd’hui le bon goût comme tombé en désuétude, car M. Tout-le-monde, cherchant à affirmer sa préten-due personnalité, préfère à la norme objective du goût la forme qui lui est particulière.

Jan Tshichold.(1902-1974) Typographe et maquettiste allemand.1948, in Livre et typographie, éditions allia).

Plus on regarde exactement la même chose, plus elle perd tout son sens, et plus on se sent bien, avec la tête vide.

Andy Warhol.Artiste américain, 1928-1987.

Il y a tellement d’images moches, que nous essayons d’en faire des belles.

Pipi Parade.(Alain Rodriguez et Raphaël Garnier)Jeunes graphistes français nés au début des années 80.Étapes nº 155. avril 08.

La laideurse vend mal.

Raymond Loewy.(1893 – 1986)Designer et graphiste français.

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Rien n’illustre mieux la liberté extraordinaire que donne à l’émetteur une conjonction de facteurs favorisants, que le phénomène de l’hypocorrection. Inverse de l’hypercorrection, phénomène caractéristique du parler petit-bourgeois, l’hypocorrection n’est possible que parce que celui qui transgresse la règle (Giscard par exemple lorsqu’il n’accorde pas le participe passé avec le verbe avoir) manifeste par ailleurs, par d’autres aspects de son langage, la prononciation par exemple, et aussi par tout ce qu’il est, par tout ce qu’il fait, qu’il pourrait parler correctement.

Pierre Bourdieu.Sociologue français (1930-2002).Intervention au Congrès de l’AFEF, Limoges, 30 octobre 1977, repris dans Questions de sociologie, Les éditions de Minuit, 1980, pp 95- 112.

Frederic Teschner.(graphiste français né en 1972)Pour l’association française de développement des centres d’art«Plein soleil» / programme des expositions 2007.

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No subject no image no taste no object no beauty no message no talent no technicno idea.

Pas de sujet / pas d’image / pas de goût / pas d’objet / pas de beauté / pas de message / pas de talent / pas de technique / pas d’idée.

John Cage.Compositeur, poète et plasticien américain, 1912-1992Extrait du magazine TATE etc.- Issue 8 - Autumn 2006

Ci-contre : affiche publicitaire, Coiffure Raphaël, graphiste anonyme.Strasbourg, 2008.

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1. Projet personnel, Guillaume Grall, 2007.2. Poster promotionnel pour la sortie du disque de J.J. Valentine, Pipi parade, 2007.3 - 4. Projets personnels, Tu sais qui, 2007.

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Le post-moche c’est quand les choses sont tellement moches et a priori de (très) mauvais goût qu’elles deviennent belles.

Tu sais qui.Jeune agence de graphisme française composée de Marc Armand et Florent d’Heilly,nés au début des années 80.Étapes nº 155. avril 08.

Les analystes d’essence auxquelles ont sacrifié tant de « théoriciens » (…) à propos de la « poésie pure » ou de la « théâtralité », ne font que reprendre, sans le savoir, le produit historique d’un lent et long travail collectif d’abs-traction de quintessence qui, dans chacun des genres, poésie, roman, ou théâtre a accompagné l’automatisation du champ de production : les révolutions dont le champ de production est le lieu ont conduit à isoler peu à peu le principe spécifique de l’effet poétique, ou théâtral, ou romanesque, ne laissant subsister qu’une sorte d’extrait hautement concentré et sublimé (comme chez Ponge, par exemple, pour la poésie) des propriétés les mieux faites pour produire l’effet le plus caractéristique du genre consi-déré – dans le cas de la poésie, l’effet de débanalisation (…) –, et cela sans recourir à des techniques reconnues et désignées comme poétiques, théâtral ou romanesques.

Pierre Bourdieu.Sociologue français (1930-2002).Pour une science des œuvres, in Raisons pratiques, Sur la théorie de l’action,Seuil, 1994.

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À travers ces années de changement continuel et de nouvelles possibilités, où se situe l’éthique ? L’idée d’éthique n’implique-t-elle pas une sorte de fondement inébranlable, insensible au vent du changement ? Pour moi, il semble y avoir une habitude fonctionnaliste qui façonne mon pro-cessus au début de chaque conception de projet, l’analyse rationnelle du message et du public, la structuration objective du texte. Chaque cycle de changement, au fil du temps, semble avoir posé un calque supplémentaire, visuel ou conceptuel, sur cette fondation fonctionnaliste, qui reste ce-pendant présente dans chaque projet.

Through these years of continual change and new possibilities, where does the ethic lie? Does not the idea of ethic imply some sort of unshakable bedrock impervious to the winds of change? For me, there seems to be a habit of functionalism that shapes my process at the beginning of every design project, the rational analysis of the message and the audience, the objective structuring of the text. Each cycle of change during the passing years seems to have added another visual or conceptual layer laid upon that foundation of functionalism, but inside of every project it is always there.

Katherine McCoy.Graphiste, professeur et essayiste américaine née en 1945.© 1998 High Ground Design.Reprinted from www.highgrounddesign.com

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Remerciements

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Remerciements sincères, pour leur aideet leur soutien :

Aux personnes de ma classe et à mes professeurs d’ateliers.

À ma mère, mon père et ma famille.

À Sandrine Nugue, Samuel Bertrandy, Julien Castanié, Jean-Baptiste Raynal, Brice Tourneux, Marie Leviel, Mahawa Kandé, Irène Bonacina, Charlotte Kralj, Hélène Camus, Isabella Checcaglini, Gabriel Micheletti, Guillaume Grall, Christine Charrel, Etienne Troesler, David Longuet, Marie Paule Missoffe.

À mes amis.

À chaque personne ayant pris le tempsde lire ce mémoire.

Aux graphistes anonymes dont je montre ici le travail.

Un remerciement très reconnaissant à :

Mon tuteur de mémoire, Guy Meyer.

Vivien Phillizot.

Sources (non citées jusque là) :

Wikipedia.org26.org.ukSites Internet des personnes citées.

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