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IL EST RESSUSCITÉ ! La Contre-Réforme Catholique au XXI e siècle N o 174 - Avril 2017 Rédaction : frère Bruno Bonnet-Eymard Mensuel. Abonnement : 30 € QUATRIÈME SUPPLIQUE AU PAPE FRANÇOIS D ES pèlerins chinois, visiblement très émus, ont salué le pape François lors de l’audience générale du mercredi 15 mars 2017, à Rome, place Saint-Pierre. Ils ont accueilli le Pape à sa descente de voiture, en se faufilant pour franchir le barrage des gardes suisses, même à quatre pattes, lui tendant une grande statue de Notre-Dame de Fatima, et en agitant des drapeaux de leur pays. Quelques-uns se sont agenouillés devant le Saint-Père en suppliants, avec larmes. Hélas  ! la statue de Notre-Dame de Fatima n’a pas été placée sur l’estrade face aux fidèles, mais a sans doute rejoint les cadeaux divers qui sont offerts au Pape au cours de ses bains de foule. Plus éloquente que toutes les “ suppliques ” est cette statue de l’Immaculée présentée par les chrétiens persécutés et victimes des « erreurs de la Russie » dont a hérité le gouvernement de la Chine communiste. Le pape François a-t-il saisi le “ Message ” ? Pour ma part, j’ai adressé une quatrième supplication au Saint-Père. « Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si on écoute mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir . » ( Notre-Dame de Fatima, le 13 juillet 1917 ) © Osservatore romano.

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IL EST RESSUSCITÉ !La Contre-Réforme Catholique au XXIe siècle

No 174 - Avril 2017 Rédaction : frère Bruno Bonnet-Eymard Mensuel. Abonnement : 30 €

QUAT R I È M E SU PPLIQU E AU PA PE FR A NÇ OIS

DES pèlerins chinois, visiblement très émus, ont salué le pape François lors de l’audience

générale du mercredi 15 mars 2017, à Rome, place Saint-Pierre. Ils ont accueilli le Pape à sa descente de voiture, en se faufilant pour franchir le barrage des gardes suisses, même à quatre pattes, lui tendant une grande statue de Notre-Dame de Fatima, et en agitant des drapeaux de leur pays. Quelques-uns se sont agenouillés devant le Saint-Père en suppliants, avec larmes. Hélas  ! la statue de Notre-Dame de Fatima

n’a pas été placée sur l’estrade face aux fidèles, mais a sans doute rejoint les cadeaux divers qui sont offerts au Pape au cours de ses bains de foule.

Plus éloquente que toutes les “ suppliques ” est cette statue de l’Immaculée présentée par les chrétiens persécutés et victimes des « erreurs de la Russie » dont a hérité le gouvernement de la Chine communiste.

Le pape François a-t-il saisi le “ Message ” ? Pour ma part, j’ai adressé une quatrième supplication au Saint-Père.

« Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si on écoute mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir. » ( Notre-Dame de Fatima, le 13 juillet 1917 ) © Osservatore romano.

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Maison Saint-Joseph, samedi 25 mars 2017,en la fête de l’Annonciation.

Très Saint-Père,

Je reviens vers vous une quatrième fois, au risque de vous importuner, mais, cette “ Espérance ” que vous nous prêchez le mercredi dans vos audiences générales m’y contraint, pour ainsi dire, contre toute espérance.

Il me faut me plaindre à vous de vous-même, du silence obstiné que vous opposez à mes supplications. Je ne vous demande pourtant rien pour nous-mêmes, Petits frères et Petites sœurs du Sacré-Cœur. Mais je vous supplie d’obéir à Notre-Dame, notre Mère à tous à jamais !

Notre-Dame est venue, il y a cent ans, à Fatima, pour avertir le monde par le témoignage de trois enfants innocents que Dieu, Notre-Seigneur, était « trop offensé » et qu’il fallait, de toute urgence, faire « pénitence », nous convertir par le moyen de la dévotion à son Cœur Immaculé.

Pour établir dans le monde cette dévotion, Notre-Dame a demandé que le Saint-Père recommande la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois, et qu’il consacre, en union avec tous les évêques du monde, la Russie à son Cœur Immaculé. Parce que vos prédécesseurs n’en ont rien fait, c’est à vous, pape François, que ces demandes s’adressent aujourd’hui ! Il y va du salut des âmes et de la paix du monde.

L’urgence redouble depuis la révélation du grand “ Secret ” confié par Notre-Dame à Lucie, François et Jacinthe le 13  juillet 1917, et publié dans son intégralité depuis le 26 juin 2000. Ce jour-là, le pape Jean-Paul II a rendu publique la troisième partie rédigée par sœur Lucie le 3  janvier 1944 :

« Après les deux parties que j’ai déjà exposées, écrit-elle, nous vîmes à gauche de Notre-Dame, un peu plus haut, un Ange avec une épée de feu à la main gauche ; elle scintillait, émettait des flammes qui paraissaient devoir incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de l’éclat que, de sa main droite, Notre-Dame faisait jaillir vers lui.

« L’Ange, désignant la terre de sa main droite, dit d’une voix forte :

« “ Pénitence,  Pénitence,  Pénitence ! ” »Le 13 octobre 1917, après la dernière apparition

de Notre-Dame à la Cova da Iria, marquée par le « miracle du soleil », la petite Lucie fit écho à cet appel en criant « avec un grand enthousiasme et une grande foi », raconte le docteur Mendès qui l’avait prise dans ses bras pour la porter jusqu’à la route : « Faites  pénitence !  Faites  pénitence !  Notre-Dame  veut que vous fassiez pénitence. Si vous faites pénitence, la guerre finira. »

«  Elle paraissait inspirée, raconte un témoin. C’était vraiment impressionnant de l’entendre. Sa voix avait des intonations comme la voix d’un grand prophète. »

Une petite fille de dix ans était le porte-parole de l’oracle divin ! L’armistice de 1918 l’accomplira bientôt. Est-ce la paix universelle et définitive, comme beaucoup l’annoncent ? Tel était bien le projet de Dieu, à condition « que l’on n’offense pas davantage Dieu,  Notre-Seigneur,  car  il  est  déjà  trop  offensé ! » implorait Notre-Dame le 13 octobre 1917.

Mais le monde retourna au mal qui le dévore, le péché. La deuxième partie du Secret du 13 juillet, conditionnelle, annonçait de nouveaux et terribles châtiments si le monde ne se convertissait pas. Comment pouvez-vous dire et répéter, Très Saint-Père, que le Bon Dieu ne châtie pas ? alors que cette menace était de venue réalité lorsque cette partie du Secret fut révélée en 1942 ! Et qu’aujourd’hui de nouveaux malheurs publics, tremblements de terre en Italie, ressentis par vous-même à Rome, et guerres se multiplient à travers le monde, même si c’est « par morceaux », selon votre expression.

« Pour empêcher cela, avait annoncé Notre-Dame, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. »

Ma question est  : Qu’attendez -vous pour ordonner aux évêques de con sacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie et pour instituer cette communion réparatrice  ?

Votre déni de la réalité des châtiments divins qui punissent dès ici-bas par guerres et catastrophes naturelles les péchés des peuples, pour les inciter à la conversion et les rendre capables de jouir de la Miséricorde que vous prêchez si bien, après en avoir reconnu et accepté humblement la Justice, me fait vous soupçonner d’être tombé dans l’erreur de l’apocatastase, selon laquelle, à la fin, toutes les âmes se retrouveront au Ciel. Moyennant un temps de châtiment après la mort, “ l’enfer ” disparaîtra et toutes les âmes, sans exception, intégreront le Ciel. C’est ce que votre fréquente défense et illustration de Judas laisse entendre à l’encontre de cette parole de Notre- Seigneur que vous ne pourrez jamais effacer de la Sainte Écriture : « Il eût mieux valu pour cet homme qu’il ne fût jamais né. » ( Mc 14, 24 ) Jésus n’aurait jamais dit cela si Judas devait un jour se retrouver au Ciel, fût-ce à la fin du monde !

Le 13 juillet 1917, Notre-Dame venait de dire : « Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites souvent à Jésus, spécialement lorsque que vous ferez un sacrifice :

“ Ô  Jésus,  c’est  par  amour  pour  Vous,  pour  la conversion  des  pécheurs,  et  en  réparation  pour 

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les  péchés  commis  contre  le  Cœur  Immaculé  de Marie. ” »

Lucie raconte :« En disant ces dernières paroles, elle ouvrit de

nouveau les mains, comme les deux derniers mois. Le reflet de la lumière parut pénétrer la terre et nous vîmes comme un océan de feu. Plongés dans ce feu nous voyions les démons et les âmes des damnés.

« Celles-ci étaient comme des braises transpa-rentes, noires ou bronzées, ayant formes humaines. Elles flottaient dans cet incendie, soulevées par les flammes qui sortaient d’elles-mêmes, avec des nuages de fumée. Elles retombaient de tous côtés, comme les étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur. C’est à la vue de ce spectacle que j’ai dû pousser ce cri : “ Aïe ! ” que l’on dit avoir entendu de moi. Les démons se distinguaient des âmes des damnés par des formes horribles et répugnantes d’animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme de noirs charbons embrasés.

« Cette vision ne dura qu’un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui, à la première appa-rition, nous avait promis de nous emmener au Ciel. Sans quoi, je crois que nous serions morts d’épou-vante et de peur.

« Effrayés, et comme pour demander secours, nous levâmes les yeux vers Notre-Dame qui nous dit avec bonté et tristesse :

« Vous  avez  vu  l’enfer  où  vont  les  âmes  des  pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé.

« Si  on  fait  ce  que  je  vais  vous  dire,  beaucoup  d’âmes se sauveront et on aura la paix.

« La guerre va finir. Mais si on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI en commencera une autre pire. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécu-tions contre l’Église et le Saint-Père.

« Pour empêcher cela, je viendrai demander la consé-cration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Com-munion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. »

Cet effrayant châtiment, déclenché « sous le règne de Pie XI », et accompli par la Seconde Guerre mondiale, n’a plus cessé de développer ses ravages,

jusqu’aujourd’hui parce qu’ « on ne cesse d’offenser Dieu ».

Très Saint-Père, je ne sais comment m’y prendre avec vous pour vous supplier

1o  de recommander la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois,

2o  de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie.

Notre-Dame n’attend que cela pour faire des miracles étonnants. Il n’y a rien de plus certain !

L’enfer existe, Très Saint-Père, et nous pouvons y tomber, vous et moi ! Et tant d’âmes, par notre faute, parce que nous n’avons pas prié ni offert de sacrifices pour elles ! Mais la Sainte Vierge a promis d’assister, à l’heure de la mort, avec toutes les grâces pour le salut de leurs âmes, les personnes qui auront pratiqué la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis.

Quant à la consécration de la Russie, elle rem-placera la « méthode de l’uniatisme » que vous avez reniée, lors de votre rencontre à La  Havane avec le patriarche Cyrille, le 12  février 2016. Accompli avec tous les évêques, cet acte sera le moyen d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie en amenant les âmes à une consécration totale, qui les conduira à se convertir, à se donner, à vénérer avec amour le Cœur Immaculé de Marie.

Sœur Lucie compare cette conversion à la consé-cration du pain et du vin qui les change en corps et sang de Jésus-Christ, à la Messe, et à la trans-formation du sang du Cœur de Marie en sang et en Corps de son Fils. Pour « toucher le Corps du Christ », en notre prochain, comme vous ne cessez de le faire vous-même, Très Saint-Père, et de nous encourager à vous imiter, il faut que ce cher prochain soit lui-même incorporé au Christ.

C’est l’œuvre de la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, et par elle, du monde entier.

C’est ainsi que le Cœur Immaculé de Marie forme de son sang le nouveau lignage promis à nos premiers parents après leur chute originelle : « Dieu a donné ce refuge et ce chemin à toute l’humanité dès le commencement, aussitôt après la chute du péché originel », écrit sœur Lucie dans le manuscrit original des Apelos, au chapitre de L’Appel à la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, après avoir rappelé la promesse entendue lors de l’apparition du 13 juin 1917 : « Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. »

Elle continue :« Le Seigneur a dit au démon qui avait tenté les

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premiers êtres humains et les avait amenés à désobéir à Dieu : “ Je ferai régner une inimitié entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon. ” ( Gn 3, 15 )

« C’est la nouvelle descendance de cette femme, annoncée par Dieu, qui régnera dans la lutte contre la postérité de Satan jusqu’à lui écraser la nuque.

« Elle est comme un nouvel arbre de vie, planté par Dieu dans le jardin du monde pour que tous ses enfants puissent se nourrir de ses fruits. C’est du cœur de leur mère que les enfants reçoivent la vie naturelle, leur premier souffle, le sang qui va former leur être, les battements de leur cœur, comme s’il [ le cœur de leur mère] était le méca-nisme d’une horloge qui actionnerait une autre pen-dule. Le cœur de la mère est donc le cœur de son enfant, et le Cœur de Marie est le cœur de cette nouvelle lignée qui a pour premier fruit : le Christ, le Verbe de Dieu ! Et c’est de ce fruit que tout le lignage du Cœur Immaculé doit se nourrir », selon la parole de Jésus à Capharnaüm :

« “ Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. De même que le Père, qui vit, m’a envoyé, de même celui qui me mange vivra, lui aussi, par Moi. ” ( Jn 6, 48 ; 56-57 )

« Ainsi, vivre par le Christ, c’est vivre par Marie, parce que le corps et le sang du Christ c’est le sang du Cœur de Marie.

« Ce fut dans ce cœur, comme en un premier tabernacle que le Père a enfermé son Fils, ce cœur fut le premier ostensoir qui l’a abrité, et ce fut le sang de ce Cœur Immaculé qui a fourni au Fils de Dieu sa vie et son être naturel. Et c’est de cette vie, puisée dans le Cœur de Marie, que nous recevons tous “ grâce  sur  grâce ” ( Jn 1, 16 ).

« Tel est bien le lignage de cette Femme admi-rable : le Christ en Lui-même et dans son Corps mystique, et Marie est la mère de ce corps destiné par Dieu à écraser la tête du serpent infernal. »

C’est pourquoi il nous est à peine supportable, bien-aimé et Saint-Père, de vous voir célébrer la révolte de Luther, et vous rendre à la synagogue ou à la mosquée de votre pas « vacillant », selon l’ex-pression pathétique du grand “ secret ” de Notre-Dame de Fatima. Au lieu de vous en prendre au « prosély-tisme » des missionnaires catholiques, il est urgent de condamner le nouveau « droit » concédé par le Concile à toute conscience erronée de répandre dans la société n’importe quelle religion.

Tel était le « point focal » de l’opposition irré-ductible de l’abbé de Nantes, notre Père, au concile Vatican II. Il n’a jamais été question de contraindre quiconque à croire. Mais l’Église catholique a tou-

jours enseigné, jusqu’au concile Vatican II exclusive-ment, que le pouvoir civil a le devoir de proscrire la pratique extérieure des fausses religions. Depuis saint Justin jusqu’au cardinal Wyszynski, l’Église a toujours revendiqué la liberté chrétienne, non pas au nom des droits de l’homme, mais au nom de l’auto-rité divine et des droits historiques de l’Église catho-lique à conduire au salut l’homme créé pour aimer et servir Dieu. En procurant à l’âme fidèle la grâce de la liberté intérieure et l’aide extérieure de la loi, l’Église agit comme une mère, par amour :

« C’est l’amour qui incite les mères à donner tant de soins à leurs enfants au berceau, écrit sœur Lucie, c’est l’amour qui les pousse à se sacrifier, à se dévouer pour eux, à toujours courir à leur secours. »

Mais vous, Très Saint-Père, permettez-moi de vous le dire en face, vous faites tout le contraire. Vous courez jusqu’à l’île Lesbos, en mer Égée, pour ramener dans votre avion des réfugiés musulmans, qui ne sont pas (encore) vos enfants, de préférence à des chrétiens.

« Tous les enfants ont confiance en leur mère, continue sœur Lucie, et tous savent qu’ils ont une place de prédilection dans son cœur qui les aime intimement. » Mais elle parle de « la Sainte Vierge qui nous dit : “ Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. ” »

Pour ce qui est de vous, la « révolution de la tendresse » que vous opérez dans une Église trans-formée en marâtre depuis le Concile, cette « misé-ricorde » ne profite, à l’intérieur de notre famille, qu’à ceux qui sont en marge, par exemple lorsque vous souhaitez que l’on admette les divorcés remariés à la Sainte Communion. Ou lorsque vous recevez en tête à tête le Père David Gréa, curé de l’église Sainte-Blandine à Lyon qui annonce à ses parois-siens, dans une lettre publique, avoir « commencé à construire une relation avec une femme ». Vous l’avez reçu et il écrit dans sa lettre : « Le Pape m’a écouté avec bienveillance et a honoré ma démarche d’intégrité ». Tandis que je n’ai toujours pas reçu le moindre signe de vie en réponse à mes suppliques.

« Le Cœur Immaculé de Marie est donc, pour tous ses enfants, le refuge et le chemin qui conduit vers Dieu. » Heureusement qu’Elle est là !

« C’est le lien qui unit tous les enfants dans le cœur de leur mère, c’est là qu’on écoute l’écho de la parole du Père parce que Dieu a enfermé dans le Cœur de Marie sa Parole qui est son Verbe, et c’est de cette Parole que nous vient la Vie : “ Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en  moi !  Selon  le  mot  de  l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. ” » ( Jn 7, 37-38 )

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LES « DEMANDES » DE LA MADONE

Dans un entretien avec les supérieurs généraux, le 25  novembre 2016, vous avez répondu à la question :

« Pourquoi avoir choisi trois thématiques mariales pour les trois prochaines Journées mondiales de la jeunesse qui conduiront aux Journées mondiales de Panama ?

– Ce n’est pas moi qui ai choisi les thématiques mariales pour les trois prochaines Journées ! Depuis l’Amérique latine, ils ont émis cette demande : une forte présence mariale. Il est vrai que l’Amérique latine est très mariale et cela m’a semblé être une très bonne chose. Je n’ai pas eu d’autres proposi-tions, et j’étais satisfait ainsi. Mais la vraie Madone ! Pas une Madone à la tête d’un bureau de poste qui envoie chaque jour une lettre différente, en disant : “ Mes fils, faites ceci, et puis le lendemain, faites cette autre chose. ” Non, pas celle-là. La véritable Madone est celle qui engendre Jésus dans notre cœur, celle qui est Mère. Cette mode de la Madone superstar, comme un personnage qui se place lui-même au centre, n’est pas catholique. »

Certes, à Medjugorje qui n’est toujours pas con-damné ! Mais vous pensez bien que si à Fatima la Sainte Vierge dit : «   Je  veux », c’est parce qu’elle exprime la volonté de son Fils. Ne vous élevez pas contre Dieu, Très Saint-Père !

« Le  moment  est  venu  où  Dieu  demande  au  Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen.

« Elles  sont  si  nombreuses  les  âmes  que  la  justice de Dieu condamne pour des péchés commis contre moi, que je viens demander réparation. Sacrifie-toi à cette intention et prie. » ( 13 juin 1929, à Tuy )

Au début de 1930, Notre-Seigneur fait savoir à sa messagère que les deux demandes de la consécration de la Russie et de la dévotion réparatrice doivent être adressées conjointement au Saint-Père lui-même.

Le Père Gonçalves, mis au courant, ordonne à sœur Lucie de « mettre tout cela par écrit ».

Vers la fin du mois de mai, Lucie lui écrit :« Si je ne me trompe, le Bon Dieu promet de mettre

fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus  et  de  Marie,  et  si  Sa  Sainteté  promet,  moyennant  la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice. »

Mais toutes les démarches se heurtent à une fin de non-recevoir, et Jésus s’en plaint à Lucie en

août 1931 : «   Fais  savoir  à  mes  ministres,  étant  donné qu’ils suivent l’exemple du roi de France en retardant l’exécution de ma demande, qu’ils le suivront dans le malheur. Jamais il ne sera trop tard pour recourir à Jésus et à Marie. ” »

En 1936, dans des notes autobiographiques, sœur Lucie rappellera la révélation décisive d’août 1931 :

« Plus tard, par le moyen d’une communication intime, Notre-Seigneur me dit en se plaignant : “ Ils n’ont  pas  voulu  écouter  ma  demande !...  Comme  le  roi  de France, ils s’en repentiront, et ils le feront, mais ce sera tard. La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Le Saint-Père aura beaucoup à souffrir. ” »

Le 22 août 1939, la nouvelle du pacte germano- soviétique éclatait comme une bombe. Le 1er  sep-tembre, Hitler envahissait la Pologne et, deux jours après, l’Angleterre entraînait la France à déclarer la guerre à l’Allemagne. Cette suite d’événements accomplissait le Secret de 1917 à la lettre. Cependant, la Vierge Marie avait annoncé que la guerre commen-cerait « sous le règne de Pie XI » ; or ce Pontife avait rendu son âme à Dieu près de sept mois avant que l’armée allemande envahisse la Pologne.

Au Père Jongen qui lui fit l’objection, sœur Lucie répondit : « L’annexion de l’Autriche par l’Allemagne fut l’occasion de la guerre. Quand l’accord fut conclu, les sœurs jubilaient parce que la paix était sauvée. Moi, je savais bien mieux ! »

En effet, l’heure est grave et sœur Lucie écrit le 24 octobre 1939 :

« Le  principal  châtiment  sera  pour  les  nations  qui ont  voulu  détruire  le  règne  de  Dieu  dans  les  âmes. Le Portugal est lui aussi coupable et en souffrira quelque chose, mais le Cœur Immaculé de Marie le protégera ; le Bon Dieu désire que le Portugal répare et prie pour lui-même et pour les autres nations. L’Espagne a été la première punie, elle a reçu son châtiment qui n’est pas encore terminé, et l’heure des autres sonne. Dieu est résolu à purifier dans leur sang toutes les nations qui veulent détruire son règne dans les âmes ;  et  pourtant  il  promet  de  se  laisser  apaiser  et  de pardonner si l’on prie et fait pénitence. »

La suite des événements, vous la connaissez, Très Saint-Père. Aujourd’hui, l’histoire se répète : l’alliance de l’Iran avec la Russie menace la paix du monde, comme jadis le pacte germano-soviétique. Mais Dieu a toujours la même disposition d’accorder la grâce promise.

Ah ! si vous pouviez satisfaire ses désirs, Très Saint-Père ! Nous nous rendrons en pèlerinage, après vous, à Fatima, à cette intention.

frère Bruno de Jésus - Marie.

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C ON TR E -R ÉVOLU TION M A R I A LE (4)par frère Bruno de Jésus-Marie

« TA PENSÉE DE LA MORT. »

Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverte-ris. En entendant le prêtre nous dire cela, nous sommes invités à penser à notre mort et en accepter d’avance toutes les circonstances comme volonté de Dieu.

Le 23 janvier 1930, sœur Lucie écrivait à sa mère :

« Ma mère chérie,« J’ai reçu il y a peu de temps votre douloureuse

lettre. Je regrette immensément de ne pas me trouver là-bas, auprès de vous, mais nous sommes unies dans le Très Saint Cœur de Jésus qui, dans le Sacrement de son amour, vient chaque jour dans nos cœurs, non seulement pour nous aider à vivre, mais aussi pour emporter notre âme, à la dernière heure, dans cette demeure céleste que son amour et sa miséricorde nous ont préparée là-bas. Par conséquent, ma mère chérie, beaucoup de confiance en son Divin Cœur et grand abandon en notre petit Père du Ciel qui vous aime d’un amour éternel.

« Dites aussi avec moi ces paroles : “ Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur, je désire vous aimer pendant toute l’éternité. J’accepte avec tout mon amour la mort que vous aurez la bonté de m’envoyer et je vous demande humblement pardon. Je vous l’offre pour la conversion  des  pécheurs  et  le  soulagement  des  âmes  du Purgatoire. Acceptez, mon Dieu, ma vie, comme je vous l’offre, et accordez-moi, par miséricorde, de mourir dans un acte de parfait amour. ”

« Ma bonne mère, quand vous arriverez aux pieds de Notre-Seigneur, demandez-lui pour vos filles la grâce de l’aimer de tout leur cœur et de ne jamais lui déplaire. Je viens d’écrire à la très Révérende Mère supérieure, qui n’est pas là ; c’est pourquoi je ne peux encore rien vous dire pour ce qui est d’aller vous voir. Si Dieu veut ce sacrifice, offrons-le-lui avec générosité.

« Adieu, ma bonne mère. Près du tabernacle, je prierai avec beaucoup de ferveur le Bon Dieu pour vous. Notre petite Mère du Ciel viendra en toute certitude vous chercher. Embrassez-la pour moi. Je vous demande de daigner bénir votre fille qui ne vous oublie jamais.

« Lucie de Jésus, religieuse de Sainte-Dorothée.« P. S. Dites très souvent : Cœur Sacré de Jésus,

j’ai  confiance  en  Vous.  Doux  Cœur  de  Marie,  soyez  mon salut. Mon Dieu, je vous aime. »

Le 26 octobre 1941, sœur Lucie écrivait au Père Umberto Pasquale :

« Je ne sais pas pourquoi, la mort contient un je ne sais quoi de peine et d’amertume pour la pauvre nature humaine. C’est ce morceau de chair que nous avons dans la poitrine, qui n’arrive pas à aimer Dieu seul ! Patience, en dépit de tout je veux ce que Dieu veut, et je ne lui demande rien si ce n’est que sa très sainte Volonté se réalise. »

« La crainte de la mort, dit-on, est une terreur difficilement surmontable, disait notre Père, mais par le chapelet ce n’est jamais l’heure de la mort, c’est justement celle qui va venir après. “ Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort ”, maintenant que je suis à l’heure de ma mort. Ainsi bannie par la force encore d’une vie, d’une prière, d’un amour qui ne cédera la place qu’à la réponse de la Bienheureuse Vierge Marie, on cesse de craindre l’heure d’après la mort, parce qu’on est à l’heure de la préparation à la mort.

« On se dit alors que nous allons passer devant la Vierge Marie qui se tient sur le chemin du Ciel, comme j’aime bien me le figurer, et on lui dira : “ Priez pour moi, Sainte Vierge Marie. ” Et elle répondra : “ Oui, mon ami. ”

« Il paraît que l’appréhension de la mort elle-même n’est terrifiante que par horreur de la nuit, du silence, des ténèbres qui suivent. C’est pour cela que les bons amis, les bons parents, se tiennent près du mourant. Ils ont raison. Qu’il ne pense pas, dans ce froid, qu’il va perdre tout contact avec le monde et avec le Ciel. On est là, on lui serre la main, on lui dit des paroles douces, afin que ces ténèbres n’aient pas le temps de s’installer.

« Depuis Jésus mourant sur la Croix et regardant la Vierge Marie présente avec saint Jean, regardant avec amour ceux pour lesquels Il meurt, la mort ne doit plus nous faire peur si, avec notre chapelet, nous disons ensemble “ la Messe de la Sainte Vierge ”, notre chapelet. » ( Sermon du 9 août 1999 )

LA MORT DE MARIA ROSA( 16 juillet 1942 )

Dans son Sixième Mémoire, sœur Lucie raconte :« Les travaux et l’âge avaient miné la santé de ma

mère. Sentant sa fin approcher, et dans l’impossibilité où elle se trouvait de me rendre visite, elle m’écrivit

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qu’elle voulait me voir avant de mourir et elle me demandait si je ne pourrais pas venir l’embrasser une dernière fois. Je montrai sa lettre à mes supérieures. Bien qu’appartenant à une communauté de religieuses dont la vie est active, il me fut répondu qu’il n’était pas question pour moi d’y aller et que j’écrirais à ma mère en l’invitant à offrir à Dieu ce sacrifice.

« J’écrivis à l’évêque de Leiria pour le mettre au courant de la situation. Il répondit dans le même sens que les religieuses, ajoutant qu’il avait déjà pris des mesures pour qu’un prêtre du Sanctuaire rende visite à ma mère. Ce prêtre devait voir si elle avait besoin de quelque chose. On prenait soin d’elle, et mes sœurs l’entouraient de leur affectueux dévouement. Je vis là l’expression de la Volonté de Dieu et j’écrivis à ma mère d’offrir à Dieu ce sacrifice. Je lui disais que moi aussi j’offrais ce sacrifice pour elle, et je demandais à Dieu de la soulager dans ses souffrances.

« Quand ma mère reçut ma lettre, elle dit : “ Ils ne la laisseront pas venir à Fatima même pour assister à  ma  mort !  Si  j’avais  su,  je  ne  l’aurais  jamais  laissée partir !  Quoi  qu’il  en  soit,  j’offre  ce  sacrifice  à  Dieu pour qu’il protège ma fille et l’aide à être toujours bonne. ”

« Et elle pleura, la tête entre les mains, et appuyée sur ses genoux.

« Quelques jours plus tard, sentant sa fin appro-cher, elle demanda à ma sœur Teresa de m’appeler pour qu’au moins elle me fasse ses adieux par télé-phone. Ma sœur composa donc le numéro et demanda si sœur Lucie pouvait dire adieu par téléphone à sa mère mourante, car c’était le seul moyen à sa dispo-sition pour entendre une dernière fois la voix de sa fille. Mais quel ne fut pas l’étonnement de ma pauvre sœur quand elle entendit que même cela n’était pas permis ! Ma sœur ne pouvait cacher ce dernier refus à ma mère qui attendait de saisir l’écouteur pour me dire son dernier adieu.

« Devant cet ultime refus, ma mère dit en san-glotant : “ C’est la dernière goutte que le Seigneur m’a laissée au fond du Calice et qu’il me faut boire. Je la boirai par amour pour Lui. ”

« Quelques jours plus tard, offrant l’amertume de cette dernière goutte pour l’amour de Dieu, elle demanda à être transportée dans la chambre que j’avais occupée. Elle désirait y vivre les derniers moments de son exil. Un prêtre du Sanctuaire vint lui donner la bénédiction apostolique avec l’indulgence plénière à l’heure de la mort, comme on le faisait alors. C’était le 16 juillet 1942, en la fête de Notre-Dame du Mont - Carmel, pour laquelle elle avait toujours eu une grande dévotion et dont elle portait le scapulaire. Paix à son  âme !

« C’est beaucoup plus tard, à l’occasion d’une visite, que ma sœur Teresa m’apprit ces deux derniers

détails. Même alors nous avons pleuré ensemble et offert nos larmes à Dieu pour le repos éternel de ma mère. Nous avons confiance que Dieu l’a reçue avec amour entre ses bras paternels, en récompense de tout ce qu’elle avait fait pour Lui et pour son prochain. »

Dans son diaire, sœur Lucie a noté :«  Ma mère s’est envolée vers le Ciel.«  C’était le 16 juillet 1942 quand, à 4 heures

de l’après-midi, ma sœur Gloria m’a appelée au téléphone pour me faire part du départ de notre chère mère pour le Ciel.

« C’était le jour de Notre-Dame du Carmel qui, je l’espère, l’a accueillie dans ses bras maternels pour la transporter au Ciel.

« Mais malgré toute cette espérance, jointe à la foi qui illumine mon esprit, la mort naturelle vient toujours enveloppée du manteau du péché qui la cause, et de ce fait on sent le poids du châtiment et l’obscurité de la sépulture, avec la tristesse qu’en-traîne la séparation et qui nous fait verser des larmes de douleur.

« Notre-Dame a aussi pleuré la mort de son cher Fils alors qu’elle savait que d’ici trois jours elle le verrait ressuscité.

« Je sais que je vais voir de nouveau ma mère au Ciel, et cette certitude tempère mon amertume et allège ma tristesse.

« Je souffre plus pour elle que pour moi. Peu de jours avant d’être immobilisée au lit, pressentant sa mort prochaine, elle passa un appel téléphonique pour faire ses adieux, ne pouvant le faire autrement, à sa pauvre fille qui était si loin ; et Dieu permit que même cette petite consolation lui soit refusée. Ave Maria !  Je  t’aime,  ô  Jésus ! »

Le Père Humberto Pasquale écrivit : « Nous en-voyâmes les dernières nouvelles de la mort de Maria Rosa ( 16 juillet 1942 ) à sœur Lucie qui se trouvait dans un sanatorium, aussi ne nous répondit-elle que quelques mois plus tard la lettre suivante. »

« Mon Révérend Père,« Je vous suis très reconnaissante de votre lettre,

je viens aussi vous remercier pour toute l’amitié et toute la charité que vous avez bien voulu prodiguer à ma mère.

« Que le Bon Dieu et notre Mère du Ciel daignent vous récompenser de tout.

« J’ai l’esprit tranquille et la ferme espérance que le Seigneur lui fera miséricorde et l’emmènera jouir de sa félicité dans le Ciel. Je ne doute pas qu’elle ait été assistée dans ses derniers moments par le Cœur Immaculé de Marie qui la protégeait avec tant d’amour maternel.

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« Mais je ne sais pourquoi la mort est toujours cause de peine et d’amertume pour notre pauvre nature humaine. C’est que ce morceau de chair que nous avons dans la poitrine ne se décide pas à n’aimer que Notre-Seigneur. Patience !

« Malgré tout, je ne veux que ce que Dieu veut et je le prie pour que sa très Sainte Volonté se fasse... »

Sœur Lucie écrit à l’évêque de Gurza, le 17 juillet 1942. Elle lui dit que sa santé n’a pas été bonne, la dernière quinzaine de mai. Elle lui annonce la mort de sa mère.

« La deuxième quinzaine de mai, je l’ai passée en mauvaise santé, avec une infection. J’ai eu l’occasion de souffrir quelque chose pour notre Bon Dieu et pour les âmes. Maintenant je suis mieux.

« Hier, j’ai reçu par téléphone la nouvelle que ma bonne mère était morte à midi. Je recommande son âme aux prières de votre Seigneurie. Dans mes pauvres prières, je n’oublie pas les intentions que votre Seigneurie m’a recommandées.

« Mon offrande à Dieu est faite, et je suis heu-reuse de voir qu’Il n’oublie pas de me purifier et de m’immoler dans le creuset de la souffrance. Ce sont des choses relativement petites, mais qu’il se charge de faire sentir selon son bon plaisir.

« Par charité, ne cessez pas de demander ce dont j’ai grand besoin. »

Le 23 août 1942, sœur Lucie écrit à dona Rita Lucia Neves :

« Chère amie,« J’ai devant moi vos deux lettres : celle de condo-

léances, et la récente que j’ai reçue il y a trois jours. Je vous remercie avec reconnaissance pour tout, spé-cialement pour vos prières pour ma mère regrettée : en vérité, je ressens vivement le chagrin naturel et le sacrifice de ne pas avoir pu lui dire l’ultime Adieu dans cette vie, mais pour l’amour de notre Bon Dieu et pour la conversion de tant de misérables pécheurs, tous les sacrifices sont peu de chose et je me sens heureuse que le Bon Dieu et le Cœur Immaculé de notre bonne Mère du Ciel daignent m’en demander quelques-uns.

« Quant à ma chère mère, je suis pleinement confiante dans la protection du Cœur Immaculé de Marie qui l’aimait avec prédilection, et c’est à sa vertu que je dois  les  grâces  que  j’ai  reçues  du  Ciel,  vertu  qui  l’a amenée  à  jouir  aussitôt  du  Ciel,  d’où  elle  veillera  sur ceux qu’elle a laissés ici sur terre à attendre le moment heureux d’aller s’unir à elle dans l’éternelle possession de notre Dieu. »

Sœur Marie-Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé aspirait, de toute son âme, à ce jour où Notre-Dame l’appellerait à entrer au Ciel.

Dans son Troisième Mémoire, elle avait écrit : « En vérité, je ne suis que le pauvre et misérable instrument dont Dieu veut se servir et, bientôt, – comme le peintre qui jette au feu le pinceau dont il n’a plus besoin, pour qu’il soit réduit en cendres – le divin Peintre réduira en cendres, dans le tombeau, son instrument inutilisé jusqu’au jour des alléluias éternels. Je désire ardemment ce jour, parce que le tombeau ne détruit pas tout, et que le bonheur de l’amour éternel et infini commence déjà. »

RÉCONFORT DANS LE DEUIL D’UNE MÈRE

La mort d’une personne amie et bienfaitrice amène sœur Lucie à exprimer à la fille de cette dernière les sentiments qui traversent son âme :

« C’est le cœur broyé que je viens vous dire combien je vous ai accompagnée dans ces jours d’amertume, et je continue à vous accompagner dans le douloureux chagrin où votre chère mère nous a laissés. Je l’éprouve aussi, car le lien d’amitié qui nous unissait était fort. Je ne doute pas que le Bon Dieu ait accueilli l’âme précieuse de votre chère mère dans les bras de son infinie miséricorde.

« Âme pure, juste, pieuse et charitable avec des attentions et générosités d’une extrême délicatesse envers tous ceux qui l’entouraient, en particulier envers les plus pauvres. Martyrisée par la douleur physique et morale, elle n’a pas pu manquer d’aller recevoir la récompense de sa fidélité au service du Seigneur, comme fidèle exécutrice de toutes ses lois.

« Chère amie, efforcez-vous de suivre ses traces et ses si beaux exemples de vertu héroïque, afin de pouvoir un jour jouir des délices de sa compagnie dans le Ciel, dans la possession du bien suprême, de la lumière incréée, c’est là seulement que nous trouverons le bonheur. Voyez que les renoncements, les sacrifices que nous devons faire pour cela ne sont rien en comparaison des tortures éternelles auxquelles nous échappons, et du bonheur céleste que nous obtenons. »

Nous sommes faits pour le Ciel.« Si Dieu ne nous avait créés que pour les

quelques jours ou années que nous passons ici-bas dans le travail, les afflictions et les souffrances que nous devons tous supporter à des degrés différents, alors nous pourrions dire que notre vie n’a pas de raison d’être puisqu’elle va bientôt se terminer dans la poussière de la terre d’où nous sommes tirés ! Mais non, Dieu, dans sa grandeur, a des desseins plus élevés et son Amour ne pouvait se contenter de cela. Nous sommes le chef-d’œuvre de son Amour, Il nous a créés pour nous rendre participants de l’immensité de sa  Vie,  au  Ciel. »

C’est pourquoi il nous faut nous y préparer, car « Dieu peut frapper à notre porte ».

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Parfois, en écrivant à certaines personnes, sœur Lucie saisit l’occasion de leur conseiller de se préparer à rendre leur âme à Dieu, comme dans cet extrait de lettre du 20 janvier 1955 :

« J’ai été très peinée en apprenant qu’on n’allait pas bien chez vous... Monsieur  X a été malade et la maladie est toujours une croix parce qu’elle indique que la vie naturelle va finir et que la vie éternelle approche.

« J’espère que monsieur  X mettra tout son zèle à obtenir une heureuse éternité et que pour cela il s’y préparera avec le plus grand soin au moyen des sacrements que nous avons l’obligation de recevoir.

« Même s’il se trouve mieux et que ce qui s’est passé s’avère sans gravité, Dieu peut frapper à notre porte et nous appeler à lui rendre compte de notre vie quand nous l’attendons le moins. »

C’est pourquoi il faut se tenir prêt :

En contraste, avec les paroles encourageantes que sœur Lucie écrivait habituellement à ses correspon-dants, elle se montrait parfois sans concession dans ses conseils, comme le montre la lettre du 14 avril 1955 :

« J’espère que M.  N. n’aura pas laissé passer cette fête de Pâques sans satisfaire au précepte, non seulement à cause du bon exemple qu’il doit avoir la charge de donner, je suppose, à ses enfants et à ses collègues, parce que nous avons tous devant Dieu la responsabilité de l’exemple que nous donnons à ceux qui observent notre façon de vivre ; car il est sûr, ce dicton ancien selon lequel “ si les paroles émeuvent, l’exemple entraîne ” ; et ainsi nous sommes responsables des actions du prochain si nous n’avons pas su les élever au bien, surtout par notre exemple.

« Mais surtout, et c’est le plus important, c’est de notre âme qu’il s’agit ! Nous ne la sauvons ou perdons qu’une  seule  fois,  sans  pouvoir  revenir  en  arrière.  Là  où tombe  l’arbre,  là  il  reste.  D’où  la  grande  nécessité  de vivre  en  état  de  grâce. Nous ne savons pas si nous avons encore la journée de demain à vivre, ni si nous serons ou non surpris par la mort subite. Et si elle nous prend en état de péché, le malheur est éternel.

« J’espère  donc  que  M.   N.,  pesant  des  raisons  si sérieuses, ne voudra pas s’exposer plus longtemps au péril de la damnation. Je sais que M.  N. est une personne sérieuse et honorable, capable donc de vaincre les quelques difficultés qui puissent l’arrêter. Il sait bien que je ne suis pas démesurée ni exigeante. Je sais excuser la fragilité humaine, et cela fait de nombreux mois que je diffère, mais maintenant, c’est nécessaire, sans perdre de temps. »

Quand il s’agissait de sauver une âme en péril de se perdre, la religieuse non seulement parlait sans détour, mais recourait à des pénitences extraordinaires et le manifestait ouvertement :

« Ne pense pas qu’il faille qu’à l’heure de ta mort, ce soit Dieu qui t’inflige une sentence de condamna-tion éternelle ! Ou qui te pousse pour te faire tomber en enfer ! Non ! C’est le péché, la vie de péché, le chemin que tu suis, voilà ce qui te précipite là !!!

« Sur ce point, peut-être as-tu eu le malheur d’en-tendre de fausses doctrines : Je ne crois pas, disent-ils, que Dieu condamne celui qui pèche par fragilité.

« Comme ils sont aveugles ! Oui, en vérité, ce n’est pas Dieu qui condamne, mais bien le péché que l’on commet. C’est bien lui qui nous entraîne en enfer !!! S’il n’en était pas ainsi, ma chère amie, penses-tu que nous nous serions tant sacrifiées pour te sauver ? »

LE CŒUR IMMACULÉ DE MARIE EN GRAND CHAGRIN

L’apparition du 13 juin 1917 est la révélation des souffrances du Cœur Immaculé de Marie, blessé d’une couronne d’épines, symbole de ces souffrances et qui demande réparation. Dès le 13 mai, François avait tout compris : « J’aime tellement Dieu ! Mais Lui, Il est si triste à cause de tant de péchés ! Nous, nous ne devons jamais en faire aucun. » Ce mystère de la peine de Dieu est inaccessible aux théologiens qui expliquent que Dieu est impassible, c’est-à-dire exempt de toute peine, incapable de souffrir, serait-ce même avec son Fils crucifié. Ce Dieu-là se trouve alors « très semblable à nous par son égoïsme trans-cendantal, mais parfaitement étranger à nous par sa béatitude incapable de toute peine et misère » ( CRC no  127, mars 1978, p. 11 ).

« Pourtant, continue notre Père, Dieu dans le Christ [ qui est Dieu, Fils de Dieu, Dieu lui-même... ] est familier de la douleur ; il ressent l’humiliation et la peine, au centre même de sa Personne, et il l’accepte avec une totale liberté, par amour. Très proche de nous par sa souffrance, il est très différent de nous en ce qu’il l’accepte comme une suprême beauté et gloire, alors que nous la détestons et fuyons comme malheur et laideur. »

À Fatima, la Vierge Marie sa Mère achève cette révélation en montrant son Cœur blessé par cette couronne d’épines qui symbolise les outrages dont elle est la victime et que Jésus énoncera à Lucie, dans la nuit du 29 au 30 mai 1930 :

« Blasphèmes contre l’Immaculée Conception.« Blasphèmes  contre  sa  Virginité.« Blasphèmes contre sa Maternité divine, en refusant

en même temps de la reconnaître pour notre Mère.« Blasphèmes de ceux qui cherchent publiquement

à mettre dans le cœur des enfants l’indifférence ou le mépris, ou même la haine à l’égard de cette Mère Immaculée.

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« Offenses de ceux qui l’outragent directement dans ses saintes images. »

Mais le motif suprême d’une douleur inconsolable, du grand chagrin de Marie, Lucie l’a contemplé le 13  juillet 1917, lors de la troisième apparition, après la vision de l’enfer :

« Ce qui m’est resté le plus gravé dans l’esprit et dans le cœur, ce fut la tristesse de cette Dame lorsqu’elle nous montra l’enfer ! Si la vision de l’enfer avait duré un instant de plus, nous serions morts de peur et d’épouvante. Cependant, une chose m’a encore plus impressionnée, ce fut l’expression douloureuse du regard de  Notre-Dame ! Si je vivais mille ans, je la conser-verais toujours gravée dans mon cœur. »

L’enfer existe, et je puis y tomber. Passer outre sans tenir compte de cet avertissement est folie, le contraire de la “ Sagesse ” qui paraît dans les larmes de cette Mère.

Moins de dix ans plus tard, en 1925, sœur Lucie, postulante à Pontevedra, âgée de dix-huit ans, dans la soirée du 10 décembre 1925, après le souper, reçoit dans sa cellule la visite de l’Enfant-Jésus et de Notre-Dame, venus lui révéler les promesses attachées à la dévotion des cinq premiers samedis du mois, et lui demander de la répandre.

« Alors que je traversais un océan d’angoisses, raconte sœur Lucie , la chère Mère du Ciel daigna venir de nouveau à la rencontre de sa pauvre fille, à qui elle avait promis sa protection spéciale.

« C’était le 10 décembre 1925. J’étais dans ma chambre, quand elle s’illumina tout à coup ; c’était la lumière de la chère Mère du Ciel qui venait avec Jésus Enfant sur une nuée lumineuse. Notre-Dame, comme si Elle voulait m’inspirer du courage, posa doucement sa main maternelle sur mon épaule droite, en me montrant en même temps son Cœur Immaculé entouré d’épines, qu’elle tenait dans l’autre main.

«  L’Enfant-Jésus me dit  : “ Aie compassion du Cœur de ta très Sainte Mère, couvert des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu’il y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer. ”

« Ensuite la très Sainte Vierge me dit : “ Vois,  ma fille, mon Cœur entouré d’épines que les hommes ingrats m’enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs  ingratitudes.  Toi,  du  moins,  tâche  de  me  consoler et dis que tous ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la sainte Commu-nion, réciteront un chapelet, et me tiendront compagnie pendant quinze minutes en méditant sur les quinze mys-tères du Rosaire, en esprit de réparation, je promets de les  assister  à  l’heure  de  la  mort  avec  toutes  les  grâces nécessaires  pour  le  salut  de  leur  âme. ”

« Après cette grâce, comment pouvais-je me sous-

traire au plus petit sacrifice que Dieu voudrait me demander ? Pour consoler le Cœur de ma chère Mère du Ciel, je serais contente de boire jusqu’à la der-nière goutte le calice le plus amer. Je désirais souf-frir tous les martyres pour offrir réparation au Cœur Immaculé de Marie, ma chère Mère, et lui retirer une à une toutes les épines qui le déchirent, mais je compris que ces épines sont le symbole des nombreux péchés qui se commettent contre son Fils, et se commu-niquent au Cœur de sa Mère. Oui, parce que par eux beaucoup d’autres de ses fils se perdent éternellement. »

C’est toujours la pensée de l’enfer...

Chargée de cette mission, Lucie fit tout son possible pour faire connaître les demandes de Notre-Dame. Elle s’en ouvrit aussitôt à sa supérieure, mère Magalhaes, qui était gagnée à la cause de Fatima et prête, quant à elle, à se conformer aux désirs du Ciel. Lucie en fit part aussi au confesseur de la maison, don Lino Garcia, qui lui fit remarquer que, seule, la supérieure ne pouvait rien.

Sur les entrefaites, elle reçoit une réponse du Père Pereira Lopes, son confesseur, auquel elle s’empresse d’écrire en lui donnant plus amples détails. Hélas ! c’est une fin de non-recevoir :

« Mon très révérend Père, je viens bien respectueu-sement vous remercier de l’aimable lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire.

« Quand je l’ai reçue et que j’ai vu que je ne pouvais encore répondre aux désirs de la Sainte Vierge, je me suis sentie un peu triste. Mais je me suis tout de suite rendu compte que les désirs de la Très Sainte Vierge étaient que je vous obéisse.

« Je me suis tranquillisée et, le lendemain, quand j’ai reçu Jésus à la communion, je lui ai lu votre lettre et je lui ai dit : “ Ô  mon  Jésus !  Moi,  avec  votre grâce,  la  prière,  la  mortification  et  la  confiance,  je  ferai tout ce que l’obéissance me permettra et ce que vous m’inspirerez ; le reste, faites-le vous-même. ” »

« Le reste », c’est la diffusion de cette dévotion réparatrice dans toute l’Église.

« Je suis restée comme cela, jusqu’au 15 février 1926. »

LA DÉVOTION RÉPARATRICE

«  Le 15 février 1926, j’étais occupée par mon emploi. J’allais vider une poubelle en dehors du jardin. Au même endroit, quelques mois auparavant, j’avais rencontré un enfant à qui j’avais demandé s’il savait l’Ave Maria. Il m’a répondu que oui, et je lui avais demandé de me le réciter, pour l’entendre. Mais comme il ne se décidait pas à le dire seul, je l’avais récité trois fois avec lui. À la fin des trois Ave Maria, je lui avais demandé de le dire seul. Comme il restait silencieux et ne paraissait pas capable de

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le dire seul, je lui demandais s’il connaissait l’église de Sainte-Marie. Il répondit que oui. Je lui dis alors d’y aller tous les jours et de prier ainsi : “ Ô ma Mère du  Ciel,  donnez-moi  votre  Enfant-Jésus ! ” Je lui appris cette prière, et je m’en allais.

« Le 15 février, en revenant comme d’habitude, je trouvai un enfant qui me parut être le même, et je lui demandai alors : “ As-tu demandé l’Enfant-Jésus à notre Mère du Ciel ? ”

« L’Enfant se tourna vers moi et me dit : “ Et toi, as-tu révélé au monde ce que la Mère du Ciel t’a demandé ? ” Et, ayant dit cela, il se transforma en un enfant resplendissant. Reconnaissant alors que c’était Jésus, je lui dis : “ Mon Jésus ! Vous savez bien ce que m’a dit mon confesseur dans la lettre que je vous ai lue. Il disait qu’il fallait que cette vision se répète, qu’il y ait des faits pour permettre de croire, et que la Mère supérieure ne pouvait pas, elle toute seule, répandre la dévotion dont il était question.

– C’est vrai que la Mère supérieure, toute seule, ne peut  rien,  mais  avec  ma  grâce,  elle  peut  tout.  Il  suffit  que ton confesseur te donne l’autorisation et que ta supérieure le dise pour que l’on croie, même sans savoir à qui cela a été révélé.

– Mais mon confesseur disait dans sa lettre que cette dévotion ne faisait pas défaut dans le monde, parce qu’il y avait déjà beaucoup d’âmes qui Vous recevaient chaque premier samedi, en l’honneur de Notre-Dame et des quinze mystères du Rosaire.

–  C’est  vrai,  ma  fille,  que  beaucoup  d’âmes  com-mencent, mais peu vont jusqu’au bout et celles qui persévèrent  le  font  pour  recevoir  les  grâces  qui  y  sont promises.  Les  âmes  qui  font  les  cinq  premiers  samedis avec ferveur et dans le but de faire réparation au Cœur de ta Mère du Ciel me plaisent davantage que celles qui en font quinze, tièdes et indifférentes.

– Mon Jésus ! Bien des âmes ont de la difficulté à se confesser le samedi. Si vous permettiez que la confession dans les huit jours soit valide ?

– Oui. Elle peut être faite même au-delà, pourvu que les  âmes  soient  en  état  de  grâce  le  premier  samedi  lors-qu’elles me recevront et que, dans cette confession anté-rieure, elles aient l’intention de faire ainsi réparation au Cœur Immaculé de Marie.

– Mon Jésus ! Et celles qui oublieront de formuler cette intention ?

– Elles pourront la formuler à la confession suivante, profitant de la première occasion qu’elles auront de se confesser. »

La confession pourra donc se faire le jour du premier samedi, ou anticipée de huit jours, ou à la confession mensuelle proche du premier samedi.

La pensée de faire réparation au Cœur Immaculé de Marie doit y être jointe également : il n’est pas besoin de formuler cette intention au confesseur, mais

seulement d’offrir à Dieu cette confession en esprit de réparation envers le Cœur Immaculé de Marie.

« L’âme ajoute au principal motif de la douleur que sera toujours le péché comme offense à Dieu qui nous a rachetés dans le Christ, cet autre qui indubitablement exercera une influence bénéfique : l’offense au Cœur Immaculé et Douloureux de la Vierge Marie », écrira le Père Alonso.

« Aussitôt après, écrit Lucie, il disparut sans que je sache rien d’autre des désirs du Ciel jusqu’au-jourd’hui. Et quant aux miens, c’est qu’une flamme d’amour divin s’allume dans les âmes pour que, soutenues dans cet amour, elles consolent vraiment le Cœur Immaculé de Marie. J’ai du moins le désir de consoler beaucoup ma chère Mère du Ciel, en souffrant beaucoup pour son amour. »

La fin de la lettre, bien que toute personnelle, mérite d’être citée. La candeur, l’humilité, la pureté d’âme de la voyante qui ne désire qu’une chose, plaire en tout à Jésus, s’y manifeste merveilleuse-ment :

« Mais pour le moment, je m’en tiens aux désirs, car lorsqu’il s’offre une occasion de souffrir une réprimande, un mot qui vient blesser mon amour-propre, ou une petite contrariété dans mon emploi, je vais le plus vite possible me plaindre à Jésus-Hostie. Et même parfois à Mère supérieure, lui racontant tout ce qui est arrivé et espérant toujours que Jésus me dise qu’il est content parce que je me suis tue ou que j’ai fait promptement ce qui m’a été demandé. Or, s’il y a un jour où il me semble que Jésus n’est pas content de moi, je n’ai envie que de pleurer et je ne sais plus ce que je dois faire pour qu’il soit content de moi.

« Je termine ma lettre avec tout mon respect, vous suppliant de bien vouloir me répondre en me disant ce que je dois faire pour accomplir les désirs du Ciel.

« Respectueusement, je vous prie de bien vouloir me bénir et de prier Jésus pour celle qui est votre servante très humble et obéissante. »

Après cette apparition du 15 février 1926, Lucie sentit un mélange de bonheur indescriptible et de douleur vive, en voyant Dieu tellement offensé. Elle aurait « voulu souffrir tous les martyres pour faire réparation au Cœur Immaculé de Marie, ma Mère chérie, et, une par une, lui retirer toutes les épines qui le déchirent, mais je compris que ces épines sont le symbole des nombreux péchés commis contre son Fils, qui transpercent le Cœur de la Mère. Oui, puisque, à cause d’eux, beaucoup d’autres enfants se perdent éternellement. »

À cette pensée, sacrifions-nous pour les pécheurs et disons souvent à Jésus, spécialement lorsque nous faisons un sacrifice :

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«   Ô  Jésus,  c’est  pour  Votre  amour,  pour  la  conversion des pécheurs et en réparation pour les péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie. »

13 MAI 1917 : LE CIEL ET LE PURGATOIRE

Le 13 mai 1917, l’apparition d’une Femme toute de blanc vêtue et plus brillante que le soleil engageait le dialogue avec Lucie :

« N’ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal.– D’où vient Votre Grâce ?– Je suis du Ciel.– Et que veut de moi Votre Grâce ?– Je suis venue vous demander de venir ici pendant

six mois de suite, le 13, à cette même heure. Ensuite, je vous dirai qui je suis et ce que je veux.

« Après, je reviendrai encore ici une septième fois. »

Le Ciel ! aller au Ciel, seul but de la vie :« Et moi aussi, est-ce que j’irai au Ciel ?– Oui, tu iras.– Et Jacinthe ?– Aussi.– Et François ?– Aussi, mais il devra réciter beaucoup de chapelets. »

Mais Notre-Dame a beaucoup d’autres enfants à conduire au Ciel. Il faut le leur “ gagner ” :

« Voulez-vous  vous  offrir  à  Dieu  pour  supporter  toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ?

– Oui, nous le voulons, répondit Lucie.– Vous  aurez  alors  beaucoup  à  souffrir,  mais  la  grâce 

de Dieu sera votre réconfort. »Les « souffrances » ne tardèrent pas. La mère de

Lucie, Maria Rosa, ne pouvait croire que sa fille avait vu la Sainte Vierge, et elle voulait l’obliger à confesser son « mensonge ». Parfois, elle en venait à la frapper avec le manche à balai. Pauvre Lucie ! « Mon unique soulagement était dans les larmes que je versais devant Dieu, en Lui offrant mon sacrifice. »

François sut trouver les mots pour la consoler : « Ne te chagrine pas, lui disait-il, Notre-Dame ne nous a-t-elle pas avertis que nous aurions beaucoup à souffrir pour réparer tant de péchés qui offensent Notre-Seigneur et son Cœur Immaculé ? Ils sont si tristes ! Si, avec ces souffrances, nous pouvons les consoler, soyons contents. »

Le 13 mai, les enfants avaient vu Notre-Seigneur dans la lumière jaillie des mains de Notre-Dame. François restait très impressionné par cette vision et il disait : « J’aime  tellement  Dieu !  Mais  Lui,  Il  est  si triste  à  cause  de  tant  de  péchés !  Nous  ne  devons  jamais en  faire  aucun ! »

Le petit voyant en était bouleversé au point de fondre en larmes. Une nuit, son père le retrouva le visage enfoui dans son traversin pour étouffer ses pleurs. Il lui demanda ce qu’il avait mais François ne répondit rien. Comme son père insistait, il lui dit timidement : « Je pensais à Jésus qui est si triste à cause de tant de péchés que l’on commet contre Lui. »

Souvent, François s’éloignait pour réciter le chape-let. Quand Lucie l’appelait, il répondait : « Après, je prierai aussi avec vous. Ne te rappelles-tu pas que Notre-Dame a dit que je devais réciter beaucoup de chapelets ? »

Un jour, Lucie le retrouva juché sur un rocher inconfortable. « Mais que fais-tu ici depuis si long-temps ? demanda-t-elle, stupéfaite.

« Je pense à Dieu qui est si triste à cause de tant de  péchés !  Ah,  si  j’étais  capable  de  Lui  faire  plaisir ! »

Plus tard, sœur Lucie écrira qu’ils s’en montraient capables, en effet, tous les trois.

Après l’apparition du 13 mai, Notre-Dame « s’éle-vant dans l’espace fut tout heureuse d’apporter à Dieu, comme le fit autrefois l’ange Gabriel pour Marie, la réponse des petits bergers choisis par Dieu pour transmettre son message ». Mais Dieu ne se laissa pas vaincre en générosité.

Et la guerre ? Nous sommes en 1917, au cœur de l’année la plus éprouvante de la Première Guerre mondiale !

« Récitez le chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre.

– Pouvez-vous me dire si la guerre durera encore longtemps ?

– Je ne puis te le dire encore, tant que je ne t’ai pas dit aussi ce que je veux. » Ce que veut cette Femme est comme la clause d’un “ traité ” à conclure avec Elle, notre Reine ; nous n’obtiendrons « la paix avec notre propre conscience, la paix avec Dieu, la paix à la maison et en famille, la paix entre voisins et entre nations » que par la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Ce sera la révélation du 13  juin.

13 JUIN 1917 : LE CHAGRIN DU CŒUR IMMACULÉ

Fidèles au rendez-vous, les enfants se retrouvèrent le 13  juin à la Cova da Iria. Soudain, Lucie aperçut les signes qui annonçaient l’apparition. « Jacinthe, Notre-Dame va venir ! Voilà qu’il y a déjà eu l’éclair ! »

Le trio courut vers le chêne-vert. Levant les mains comme si elle priait, Lucie demanda :

«  Que veut de moi Votre Grâce ?– Je veux que vous veniez ici le 13 du mois pro-

chain, que vous disiez le chapelet tous les jours et que vous appreniez à lire. Ensuite, je vous dirai ce que je veux.

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– Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel.

–  Oui,  François  et  Jacinthe,  je  les  emmènerai  bientôt, mais toi, Lucie, tu resteras ici pendant un certain temps. Jésus veut se servir de toi afin de me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je  promets  le  salut,  ces  âmes  seront  chéries  de  Dieu, comme  des  fleurs  placées  par  moi  pour  orner  son  trône.

– Je vais rester ici toute seule ? demanda-t-elle avec peine.

– Non, ma fille. Tu souffres beaucoup ? [ Oui, déjà ! à la seule pensée de cette solitude où elle sera pendant tout le siècle ! mais cela, elle ne le sait pas encore.] Ne te décourage pas, je ne t’abandonne-rai  jamais !  Mon  Cœur  Immaculé  sera  ton  refuge  et  le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. »

La preuve :« Ce fut au moment où elle prononça ces der-

nières paroles qu’elle ouvrit les mains et nous com-muniqua, pour la deuxième fois, le reflet de cette lumière immense. En elle, nous nous vîmes comme submergés en Dieu. Jacinthe et François semblaient se trouver dans la partie de cette lumière qui s’éle-vait vers le Ciel, et moi dans celle qui se répandait sur la terre. »

Ainsi, dans la lumière même de Dieu, les enfants virent l’expression symbolique de la divergence de leurs vocations qui allait les séparer. François s’éton-nait : « Tu te trouvais avec Notre-Dame, disait-il à sa cousine, dans la lumière qui descendait vers la terre, et Jacinthe et moi dans celle qui montait vers le Ciel. »

Dans cette lumière divine, tout est sous le régime de l’éternité : le passé, le présent, et le futur.

« Devant la paume de la main droite de Notre-Dame se trouvait un Cœur entouré d’épines qui semblaient s’y enfoncer. Nous avons compris que c’était le Cœur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’huma-nité, qui demandait réparation. »

Quand la Sainte Vierge s’éloigna de l’arbuste, il y eut comme le souffle d’une fusée de feu d’arti-fice. Lucie se leva très vite, et en tendant le bras, s’exclama : « Voyez, Elle s’en va ! » Les enfants restaient les yeux fixés sur le même point du Ciel, jusqu’à ce que Lucie déclarât : « C’est fini ! Mainte-nant, on ne La voit plus, Elle est rentrée au Ciel, les portes se sont refermées. »

Elle s’adressait à la cinquantaine de personnes présentes. Mais le 13 juillet, ils seront des milliers.

Ce jour-là, les petits voyants eurent donc la révé-lation de leur vocation particulière et ils reçurent de même une connaissance et un amour spécial du Cœur Immaculé de Marie.

Jacinthe débordait particulièrement de ferveur. Elle confiait de temps en temps à sa cousine : « Notre-Dame a dit que son Cœur Immaculé serait ton refuge et le chemin qui te conduirait jusqu’à Dieu. N’aimes-tu pas cela beaucoup ?  Moi,  j’aime  tant  son  Cœur,  il  est  si  bon ! »

« Il me semble, explique Lucie, que, ce jour-là, ce reflet avait pour but principal d’infuser en nous une connaissance et un amour spécial envers le Cœur Immaculé de Marie ; de même que les deux autres fois, il avait eu ce même but, mais par rapport à Dieu et au mystère de la très Sainte Trinité. Depuis ce jour, nous sentîmes au cœur un amour plus ardent envers le Cœur Immaculé de Marie. »

Pour Lucie, sa dévotion au Cœur Immaculé de Marie sera confirmée par les apparitions de Tuy et Pontevedra et elle sera la lumière de toute sa vie. Ainsi, le 1er  septembre 1940, elle écrit au Père Aparicio :

« Le Cœur Immaculé de Marie est mon refuge, surtout dans les heures les plus difficiles. Là, je suis toujours en sécurité. C’est le Cœur de la meilleure des mères ; il est toujours attentif et il veille sur la dernière de ses filles. Combien cette certitude m’en-courage et me réconforte ! En elle, je trouve force et consolation. Le Cœur Immaculé est le canal par lequel Dieu  fait  jaillir  sur  mon  âme  la  multitude  de  ses  grâces. Aidez-moi à en être reconnaissante et à correspondre à tant de miséricordes. »

De même, à mère Cunha Matos, qui s’apprête à partir pour Fatima, elle écrit le 14 avril 1945 :

« Je me souviens toujours de la grande promesse qui me remplit de joie : “ Je ne te laisserai jamais seule. Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira à Dieu. ”

« Je crois que cette promesse n’est pas pour moi seule, mais pour toutes les âmes qui veulent se réfugier dans le Cœur de leur Mère du Ciel et se laisser conduire par les chemins tracés par elle... Il me semble que telles sont aussi les intentions du Cœur Immaculé de Marie :  Faire  briller  devant  les  âmes encore ce rayon de lumière, leur montrer encore ce port de salut, toujours prêt à accueillir tous les naufragés de ce monde...

« Quant à moi, tout en savourant les fruits déli-cieux de ce beau jardin, je m’efforce d’en faciliter l’accès aux âmes, pour qu’elles y rassasient leur faim et leur soif de grâce, de réconfort et de secours. »

Que Notre-Dame soit glorifiée, honorée, aimée, servie par toutes les créatures ! C’est là le secret du Secret.

C’est pourquoi Dieu veut que la dévotion au Cœur Immaculé de Marie s’étende au monde entier. Il veut même qu’elle s’y « établisse », fondant un culte public, solennel et stable, donc liturgique, reconnu, exalté et répandu par la hiérarchie elle-même, ne se réduisant

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pas à une dévotion privée, qui peut naître puis dis-paraître.

Loin de contredire l’unique médiation du Cœur de Jésus, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie est le seul chemin qui y conduit :

« Nous voyons ainsi que la dévotion au Cœur Imma-culé de Marie s’établira dans le monde par une véritable consécration qui est conversion et don total. Comme, par la consécration, le pain et le vin se transforment en Corps et en Sang du Christ, qu’il a puisés, comme tout son être humain, dans le Cœur de Marie. C’est de cette manière que le Cœur Immaculé sera pour nous le refuge et le chemin qui mène jusqu’à Dieu.

« Nous formerons alors le cortège de ce nouveau lignage créé par Dieu, en puisant la vie surnaturelle à la même source fécondante,  le  Cœur  de  Marie  qui est  la  Mère  du  Christ  et  de  son  Corps  mystique. Si bien que nous deviendrons véritablement les frères du Christ, selon ses propres paroles : “ Ma Mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique. ” ( Lc 8, 21 ) »

La dévotion au Cœur Immaculé de Marie est désormais le gage certain du salut.

Et pour sauver les âmes de l’enfer, « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Imma-culé », a dit la Vierge de la Cova da Iria. L’affliction de Notre-Dame marqua profondément Lucie. Elle en fit la confidence, au début des années quarante, au Père Humberto Pasquale :

« Ce qui m’est resté le plus gravé dans l’esprit et dans le cœur, ce fut la tristesse de cette Dame lors-qu’elle nous montra l’enfer ! Si la vision de l’enfer avait duré un instant de plus, nous serions morts de peur et d’épouvante. Cependant, une chose m’a encore plus impressionnée, ce fut l’expression douloureuse du regard de Notre-Dame ! Si je vivais mille ans, je la conserverais toujours gravée dans mon cœur. »

Ainsi, la dévotion au Cœur Immaculé est le moyen que le Sacré-Cœur de Jésus a conçu dans sa Sagesse pour mettre le comble à la fois à sa Miséricorde infinie pour nous autres pécheurs, et à son premier amour, unique et incomparable, pour la très Sainte Vierge Marie ! En effet, le pouvoir donné par Dieu au Cœur Immaculé de Marie de sauver les âmes de l’enfer constitue le premier acte et aujourd’hui l’ultime grâce de l’économie de la Rédemption.

Cependant, face à l’enfer, notre très chéri Père Céleste nous offre le Cœur Immaculé de Marie « avec une certaine crainte », comme le dira sœur Lucie au Père Fuentes, parce que « si nous méprisons et repoussons cet ultime moyen de salut, nous n’aurons plus le pardon du Ciel ».

Cependant, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie n’est pas seulement l’ultime recours des plus grands pécheurs en perdition, elle est en vérité le

chemin le plus sûr et le plus rapide qui mène à la sainteté. L’exemple des trois voyants en est une preuve éclatante et un appel à le suivre.

NOTRE RÉSOLUTION DE CARÊME

L’autre jour, un prêtre a dit à nos amis, ses paroissiens : « Ce n’est pas un péché de ne pas dire le chapelet. » Vrai ou faux ?

Nous autres, les frères et les sœurs, nous sommes tenus à réciter l’office divin, les 150  psaumes, que notre Père nous a appris à aimer. Mais la pratique du chapelet a été instituée dans les familles, les tiers ordres, et toutes sortes de congrégations, sans que les pasteurs la considèrent comme un acte liturgique lié à l’office divin. Par exemple, Pie IX, le Bx Pie IX, très grand Pape, très grand saint, avait une immense dévotion à la Très Sainte Vierge, en particulier à ce privilège divin qui la fait nommer l’Immaculée Conception. Devenu Pape, il a défini ce privilège de Notre-Dame comme un dogme de notre foi, mais il n’a jamais dit que le chapelet était un office litur-gique de règle. Et cependant, dès le dix-neuvième siècle, c’est Marie, l’Immaculée Conception, qui s’est nommée ainsi à Lourdes le 25  mars 1858, comme pour confirmer le dogme défini par le Pape en 1854, c’est Elle qui a donné au chapelet son droit privi-légié, parmi les dévotions, et les Papes, ses succes-seurs, l’ont béni et recommandé à leur tour, jusqu’au concile Vatican II exclusivement. Le concile Vatican II fut un Concile réformateur, et un aspect très remar-quable de cette “ réforme ” est qu’elle exclut le cha-pelet. Le mot même est absent des Actes du Concile.

Et la chose elle-même a peu à peu disparu de la pratique officielle de l’Église.

Et pourtant, la Vierge Marie avait pris les devants, quarante ans avant le Concile, pour dire et répéter : « Je veux » ; « Mon Fils veut »... sans passer par l’Église hiérarchique. C’est Elle qui l’a dit : « Récitez le chapelet tous les jours. » C’est dit aux familles, aux congrégations. Ce n’est pas un devoir, mais c’est plus mobilisant encore parce qu’il le faut pour obtenir toute grâce et le Paradis au jour de la mort : « Avec le  saint  Rosaire, nous nous sauverons, nous nous sanc-tifierons, nous consolerons Notre-Seigneur et nous obtien-drons  le  salut  de  beaucoup  d’âmes. » (sœur Lucie, au Père Fuentes, 26 décembre 1957 )

Dès lors, nous sommes tenus, en toute liberté, mais nécessairement... Tu es libre, mais c’est néces-saire, si tu veux éviter l’enfer et aller au Ciel.

Car sans le Rosaire, nous nous perdrons, victimes d’une « campagne diabolique », écrivait sœur Lucie à un neveu prêtre, le 4 avril 1970 : « Nous devons faire front, sans nous mettre en conflit. Nous devons dire aux âmes  que,  maintenant  plus  que  jamais,  il  faut  prier  pour nous  et  pour  ceux  qui  sont  contre  nous !  Nous  devons réciter le chapelet tous les jours. C’est la prière que Notre-

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Dame a le plus recommandée, comme pour nous prému-nir,  en  prévision  de  ces  jours  de  campagne  diabolique ! »

Et pourquoi est-ce nécessaire ? Parce que la Mère de Dieu le veut comme moyen premier du règne de Dieu dans nos cœurs.

Dès lors, nous n’avons pas à chercher davantage quelle résolution prendre pour notre Carême :

« Récitez le chapelet tous les jours. »C’est pourquoi nous ajouterons, nous, en com-

munauté, un troisième chapelet aux deux autres que nous disons déjà. Le premier, c’est le matin, entre laudes et prime. Le deuxième, c’est l’après-midi, à 3 heures, avant none. Le troisième sera le soir, en écourtant le chapitre, à 8 h 30, avant complies.

C’est un “ devoir ” qui n’est pas inscrit dans le Décalogue, les dix commandements de Dieu qui expriment la volonté signifiée par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï. Mais c’est une volonté de bon plaisir, c’est-à-dire sans raison autre que... le bon plaisir de notre très chéri Père Céleste. C’est au-delà de toutes les raisons que l’on peut en donner. Mais il est très urgent de réparer l’ “ oubli ” du Concile en élevant le chapelet au rang de prière liturgique. Parce que laissé à l’initiative individuelle, c’est très difficile... de l’aveu même de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Elle disait à sa supérieure qu’elle aimait beau-coup les prières communes, donc liturgiques, « parce que Jésus a promis de se trouver au milieu de ceux qui s’assemblent en son nom, je sens alors que la ferveur de mes sœurs supplée à la mienne, mais toute  seule ( j’ai honte de l’avouer) [ la parenthèse est de sainte Thérèse] la récitation du chapelet me coûte plus que de mettre un instrument de pénitence... Je  sens  que  je  le  dis  si  mal !  J’ai  beau  m’efforcer  de méditer les mystères du rosaire, je n’arrive pas à fixer mon esprit... Longtemps je me suis désolée de ce manque de dévotion qui m’étonnait, car j’aime tant la  Sainte  Vierge qu’il devrait m’être facile de faire en son honneur des prières qui lui sont agréables. Maintenant je me désole moins, je pense que la Reine des Cieux étant  Ma  Mère, elle doit voir ma bonne volonté et qu’elle s’en contente. Quelquefois, lorsque mon esprit est dans une si grande séche-resse qu’il m’est impossible d’en tirer une pensée pour m’unir au Bon Dieu, je récite très lentement un “ Notre Père ” ( Mt 6, 9-13 ) et puis la “ Saluta-tion angélique ” ; alors ces prières me ravissent, elles nourrissent mon âme bien plus que si je les avais récitées précipitamment une centaine de fois... ( Lc 1, 28 ; Mt 6, 9-13 ) La Sainte Vierge me montre qu’elle n’est pas fâchée contre moi, jamais elle ne manque de me protéger aussitôt que je l’invoque. S’il me survient une inquiétude, un embarras, bien vite je me tourne vers elle et toujours comme la plus tendre des Mères elle se charge de mes intérêts. » ( Manuscrit à mère Marie de Gonzague, juin 1897 )

CONCLUSION DE RETRAITE : « PRIER POUR LE SAINT-PÈRE. »

Nos retraitants vont “ nous quitter et retrouver ce monde en proie à la « désorientation diabolique » qui marque l’accomplissement des prophéties dont les voyants de Fatima furent les messagers. Dont nous connaissons maintenant le dernier mot, le “ troisième secret ”, qui annonce une crise de l’Église, « à moitié en ruine », traversée par « un évêque vêtu de blanc », dont les enfants comprirent que c’était le Saint-Père, marchant d’un pas « vacillant » et quelque peu décou-ronné. Sans la mosette rouge, ni la tiare du Souverain Pontife : « un évêque vêtu de blanc ».

Il nous faut persévérer en constatant l’accomplisse-ment des prophéties dont les voyants de Notre-Dame de Fatima furent les messagers. « Vacillant » ? L’abbé de Nantes n’a pas eu de vision, mais il a pourtant “ vu ” clairement comment, de Jean XXIII à François, les Papes sont tombés dans le schisme, l’hérésie et le scan-dale, et ont réduit l’Église à l’état d’ « une cité à moitié en ruine » que nous avons aujourd’hui sous les yeux.

Pour faire prévaloir leur “ Réforme ”, les Papes se sont détournés de ce secret « à partir de 1960 », c’est-à-dire de l’indiction d’un Concile « réforma-teur » ; qui était précisément la date indiquée par Notre-Dame pour la révélation de son “ secret ”, de son grand secret annonçant un châtiment bien pire que les deux épouvantables guerres mondiales : la « ruine » de l’Église elle-même par la faute du Saint-Père « vacillant », paraissant comme « un évêque vêtu de blanc ».

Aujourd’hui, en cette année du centenaire des apparitions de Notre-Dame de Fatima, nous parvenons à une sorte de paroxysme du combat engagé par le diable contre la Sainte Vierge, de la « bataille décisive » livrée par l’enfer contre la dévotion au Cœur Immaculé de Marie que Dieu veut établir dans le monde pour éteindre l’incendie qui le dévore, et sauver les âmes de l’enfer éternel.

C’est un déchaînement tous azimuts. À Rome, le 4 février, les Romains ont pu découvrir, sur les murs de la Ville sainte, des dizaines d’affiches résolument hostiles au Pape, montrant un François au visage fermé avec cette légende, écrite en dialecte romain : « Tu as placé sous tutelle des congrégations, évincé des prêtres, décapité l’Ordre de Malte et les francis-cains de l’Immaculée, ignoré les cardinaux... Mais où est ta miséricorde ? »

« En réalité, ces affiches manifestent l’exaspération de clercs, de cardinaux et de fidèles, de n’être point entendus du Pape, d’où la mention qu’il a “ ignoré les cardinaux ” qui lui ont écrit avec respect pour lui demander des éclaircissements sur l’exhortation Amoris lætitia. François ne leur a pas répondu.

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« Y est également évoquée la mise sous tutelle des religieux de l’Immaculée, des franciscains célébrant la messe selon le “ rite extraordinaire ”, pleinement autorisé par Benoît XVI. François le fit dès le début de son nouveau pontificat.

« Au même moment, il évinça le cardinal amé-ricain Raymond Burke de sa fonction de préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, la Cour de cassation du Vatican, “ coupable ” de ne point approuver l’orientation du pontificat. Il est vrai que ce cardinal n’est pas un adepte de la “ langue de buis ”. Il interpellait François en ces termes : “ Le Pape a fait beaucoup de mal au synode en ne disant pas ouvertement quelle est sa position. Comme pasteur universel, il doit servir la vérité. Le Pape n’est pas libre de changer la doctrine sur l’immoralité des actes homosexuels, l’indissolubilité du mariage ou toute autre doctrine de la foi. ”

« Il y a aussi une référence à la crise qui frappe l’Ordre de Malte et qui a opposé le Pape au grand maître de l’Ordre, Matthew Festing, que le Souverain Pontife a contraint à la démission.

« La question “ Où est ta miséricorde ? ” est peut-être l’objection centrale, autour de la constatation qu’il y a “ deux poids, deux mesures ”. Il n’est pratiquement pas de discours ou d’homélies dans lesquels François n’évoque la nécessité de la miséricorde, au nom de laquelle, par exemple, il a souhaité, sous certaines conditions, que l’on accepte les divorcés remariés à la Sainte Communion.

« Mais il semble bien que la manifestation de cette miséricorde soit unilatérale, réservée à l’extérieur de l’Église [  par exemple lorsqu’il a ramené des réfugiés musulmans de préférence à des chrétiens, dans son avion au retour de la mer Égée] – de même que la “ révolution de la tendresse ” – et à ceux qui, à l’intérieur, sont en marge des normes morales. En revanche, les propos de François sont souvent très durs pour la Curie, les évêques, les cardinaux, ses collaborateurs ; ce n’est pas à leur égard que l’on peut entendre le désormais célèbre “ Qui suis-je pour les juger ? ” » ( Bulletin d’André Noël du 13 au 19 février 2017 )

Ce ne sont pas des anticléricaux qui ont répandu ce libelle accusateur mais des catholiques !

Ainsi s’accomplissent les prophéties de Jacinthe :En effet, c’est la vision du troisième Secret, mais

aussi les deux visions du Saint-Père dont Jacinthe eut le privilège, qui donnèrent aux trois pastoureaux leur vive dévotion pour le Saint-Père.

Une première fois, Jacinthe était restée un moment seule au puits. Elle dit ensuite à Lucie :

« N’as-tu pas vu le Saint-Père ?– Non.– Je ne sais pas comment, j’ai vu le Saint-Père dans

une très grande maison, agenouillé devant une table, la tête dans les mains et pleurant.  Au-dehors,  il  y avait  beaucoup  de  gens  et  certains  lui  jetaient  des pierres,  d’autres  le  maudissaient  et  lui  disaient beaucoup  de  vilaines  paroles .  Pauvre  Saint - Père   ! Nous devons beaucoup prier pour lui. »

Une autre fois, au Cabeço, elle interpella sa cousine :

«   Ne  vois-tu  pas  tant  de  routes,  tant  de  chemins et de champs pleins de gens morts, perdant leur sang, et d’autres gens qui pleurent de faim et n’ont rien à manger ? Et  le  Saint-Père,  dans  une  église,  priant devant  le  Cœur  Immaculé  de  Marie ?  Et  tant  de monde  qui  prie  avec  lui ? »

Lorsqu’elle demanda à sa cousine si elle pouvait raconter ce qu’elle avait vu, Lucie lui répondit vivement :

« Non. Ne vois-tu pas que cela fait partie du Secret ? Et qu’ainsi bientôt tout se découvrirait ?

– C’est bien, alors, je ne dirai rien. »Lorsque Jacinthe offrait ses sacrifices à Jésus,

elle ajoutait : « Et pour le Saint-Père. » Après le chapelet, elle disait toujours trois Ave Maria pour le Saint-Père.

Prions pour le Saint-Père, comme ne cessait de le faire Jacinthe, afin qu’il tombe à genoux devant le Cœur Immaculé de Marie, pour le salut du monde ! Car nous n’en sommes pas encore là !

LA DIVINE MARIE

Marie est divine puisqu’il lui suffit d’ouvrir les mains pour qu’une lumière divine en jaillisse. Dès le 13 mai, les enfants ont vu Dieu dans la lumière jaillie des mains de Notre-Dame. François restait très impressionné par cette vision. Il disait : « J’aime tellement Dieu ! » Que le geste des mains de la Sainte Vierge lui avait montré ! La preuve qu’il avait vu Dieu,, c’est la suite : « Mais lui, Il est si triste à cause de tant de péchés ! Nous, nous ne devons jamais en faire aucun. » François avait donc vu la tristesse de Dieu... Comment ? Sur son visage ? En théologie, on apprend que Dieu jouit d’une béatitude éternelle, inaltérable. La “ tristesse ” de Dieu, ça ne s’invente pas !

Une nuit, Ti Marto trouva son fils, François, le visage enfoui dans son traversin pour étouffer ses pleurs. Il lui demanda s’il avait mal, mais François ne répondait rien. Comme son père insistait, il lui dit timidement : « Je pensais à Jésus qui est si triste à cause de tant de péchés que l’on commet contre Lui. »

Il avait vu cela dans la lumière jaillissant des mains de Marie, elle-même Lumière divine à l’égal de son Fils, « lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. » ( Jn 8, 12 )

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Comme le soleil illumine notre route, ainsi est « lumière » tout ce qui éclaire le chemin vers Dieu. « Une lampe pour mon pied, votre parole, une lumière pour ma route. » ( Ps 119, 105 ) Aujourd’hui, depuis le 13 juin 1917, ce chemin qui conduit jusqu’à Dieu, c’est le Cœur Immaculé de Marie, nous le savons parce que Lucie l’a entendu de la bouche de la Sainte Vierge : « Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. »

Lucie ajoute : « Ce fut au moment où elle pro-nonça ces dernières paroles qu’elle ouvrit les mains et nous communiqua, pour la deuxième fois, le reflet de cette lumière immense. En elle, nous nous vîmes comme submergés en Dieu. Jacinthe et François semblaient se trouver dans la partie de cette lumière qui s’élevait vers le Ciel, et moi dans celle qui se répandait sur la terre. »

En signe de leurs vocations respectives : François et Jacinthe étaient destinés au Ciel. Lucie aussi ! mais après avoir répandu sur la terre cette lumière divine, dont la source est le Cœur Immaculé de Marie :

« Devant la paume de la main droite de Notre-Dame se trouvait un Cœur entouré d’épines qui sem-blaient s’y enfoncer. Nous avons compris que c’était le Cœur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation. »

Cette « lumière » n’était pas seulement pour Lucie. Elle est pour nous aujourd’hui, « pour peu de temps encore », comme disait Notre-Seigneur : « Pour peu de temps encore la lumière est parmi vous. Marchez tant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous saisissent : celui qui marche dans les ténèbres ne sait  pas  où  il  va.  Tant  que  vous  avez  la  lumière,  croyez en la lumière, afin de devenir des enfants de lumière. » ( Jn 12, 35-36 )

François et Jacinthe le sont déjà et près de monter là où « de nuit il n’y aura plus » ; là « ils se passeront de lampe ou de soleil pour s’éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour les siècles des siècles. » ( Ap 22, 5 )

Mais Lucie, elle, doit demeurer en ce monde :« Mais toi, Lucie, tu resteras ici pendant un certain

temps. Jésus veut se servir de toi afin de me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion,  je  promets  le  salut,  ces  âmes  seront  chéries  de Dieu, comme des fleurs placées par moi pour orner son trône.

– Je vais rester ici toute seule ? demanda-t-elle avec peine.

– Non, ma fille. Tu souffres beaucoup ? Ne te décou-rage  pas,  je  ne  t’abandonnerai  jamais ! »

Car ce sera un terrible combat, une « bataille décisive » entre le diable et la Vierge, entre la

Lumière et les ténèbres. Et ce combat commença pour Lucie dès le lendemain de ce 13  juin.

Le 14 juin, le curé de Fatima interrogea les enfants sur les apparitions de Notre-Dame et il conclut  : «  Cela pourrait être une tromperie du démon. Nous allons voir. L’avenir nous dira ce que nous devons en penser. » Cette réflexion fit beaucoup souffrir Lucie car elle n’imaginait pas qu’un prêtre puisse se tromper :

« Combien cette réflexion me fit souffrir, confie Lucie, seul Notre-Seigneur peut le savoir, parce que Lui seul peut pénétrer au fond de nous-mêmes. Je commençai à éprouver des doutes au sujet de ces manifestations. Serait-ce le démon qui essayait par ces moyens de me perdre ?

« Dans cet état d’âme, j’eus un rêve qui vint aug-menter les ténèbres de mon esprit. Je vis le démon qui, riant de m’avoir trompée, faisait des efforts pour m’entraîner en enfer. En me voyant entre ses griffes, je commençai à crier si fort en appelant Notre-Dame que je réveillai ma mère, laquelle m’appela, affligée, me demandant ce que j’avais. Je ne me souviens pas de ce que je lui répondis. Tout ce dont je me sou-viens, c’est que cette nuit-là je ne pus me rendormir, car j’étais transie de peur. Ce rêve laissa dans mon esprit un nuage de véritable peur et d’affliction. »

Comme Lucie le dira plus tard au Père Fuentes, la Sainte Vierge engage la bataille “ décisive ” contre l’enfer en ce début du vingtième siècle, et le diable se défend ! « et comme il sait ce qui offense le plus Dieu et qui en peu de temps lui fera gagner beaucoup d’âmes, il fait tout pour gagner les âmes consacrées à Dieu, car de cette manière il laisse le champ des âmes désemparé et ainsi il s’en emparera plus facilement ».

« ELLE SEULE POURRA VOUS SECOURIR. »

Le 13 juillet, quand vint l’heure de partir pour la Cova da Iria, Lucie se sentit poussée à s’y rendre par une force étrange à laquelle il lui fut impossible de résister. Passant par la maison de ses cousins, elle les trouva à genoux dans la chambre de Jacinthe, priant et pleurant. En un instant, le trio se reforma pour courir au céleste rendez-vous.

À peine arrivés, les pastoureaux virent le reflet de la lumière habituelle et Notre-Dame apparut sur le chêne-vert. Comme Lucie demeurait en extase, Jacinthe intervint :

« Allons, Lucie, parle ! Ne vois-tu pas qu’Elle est déjà là et qu’Elle veut te parler ? »

Humblement, comme pour implorer son pardon après avoir douté d’Elle, Lucie demanda :

« Que veut de moi Votre Grâce ?– Je veux que vous veniez ici le treize du mois

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qui vient, que vous continuiez à réciter le chapelet en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu’Elle seule pourra vous secourir. »

Pensant à sa mère et à monsieur le Curé qui doutaient des apparitions, Lucie demanda à la Sainte Vierge de faire un miracle.

« Continuez à venir ici tous les mois. En octobre, Je dirai qui Je suis, ce que Je veux, et Je ferai un miracle que tous verront pour croire. »

Lucie implora Notre-Dame de guérir des malades, de convertir des pécheurs. Tous devaient réciter le chapelet pour obtenir les grâces demandées. Puis la Vierge Marie reprit :

« Sacrifiez-vous pour les pécheurs, et dites souvent à Jésus, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice : Ô  Jésus,  c’est  par  amour  pour  vous,  pour  la  con-version  des  pécheurs,  et  en  réparation  des  péchés commis  contre  le  Cœur  Immaculé  de  Marie. »

À ces mots, “ Cœur  Immaculé  de  Marie ”, la Vierge ouvrit les mains comme les mois précédents : le 13 mai, le geste avait introduit les voyants dans la lumière de Dieu et son éternel chagrin, qui boule-versa François ; et le 13 juin la cause de ce chagrin divin fut montré aux enfants sous la forme d’une couronne d’épines blessant le Cœur Immaculé de Marie, « outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation ».

Le 13 juillet, – la veille de notre 14 juillet na-tional qui déchaîna l’enfer sur le monde par la révolution –, la lumière, le reflet de la lumière divine qui rayonnait des mains de Marie, « parut pénétrer la terre, raconte Lucie, et nous vîmes comme un océan de feu. Plongés dans ce feu nous voyions les démons et les âmes des damnés.

« Celles-ci étaient comme des braises transpa-rentes, noires ou bronzées, ayant formes humaines. Elles flottaient dans cet incendie, soulevées par les flammes qui sortaient d’elles-mêmes, avec des nuages de fumée. Elles retombaient de tous côtés, comme les étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur.

« C’est à la vue de ce spectacle que j’ai dû pousser ce cri : “ Aïe ! ” que l’on dit avoir entendu de moi.

« Les démons se distinguaient des âmes des damnés par des formes horribles et répugnantes d’animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme de noirs charbons embrasés.

« Cette vision ne dura qu’un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui, à la première appa-rition, nous avait promis de nous emmener au Ciel.

Sans quoi, je crois que nous serions morts d’épou-vante et de peur. »

Jacinthe, surtout, resta marquée par cette vision.« À quoi penses-tu en ce moment ? demanda un

jour Lucie à sa cousine, en remarquant son visage voilé de tristesse.

– Je pense à l’enfer et aux pauvres pécheurs. Que j’ai  pitié  des  âmes  qui  vont  en  enfer !  Et  dire  qu’il  y a  là  des  gens  qui  brûlent  comme  du  bois  dans  le  feu ! Oh,  Lucie !  Pourquoi  n’as-tu  pas  demandé  à  Notre-Dame de montrer l’enfer à tous ces gens ? S’ils le voyaient, ils ne feraient plus de péchés pour ne pas y aller ?

– J’ai oublié, répondit Lucie.– Moi aussi », reprit la petite.Cette pensée ne quittait pas Jacinthe. « Lucie,

quels sont les péchés que font ces gens pour aller en enfer ?

– Je ne sais pas ; peut-être de ne pas aller à la messe le dimanche, de voler, de dire de vilaines choses, d’injurier les autres, de jurer !

– Mais qu’est-ce que cela leur coûterait de se taire, ou d’aller  à  la  messe ?...  Que  les  pécheurs  me  font  pitié ! »

Parfois Jacinthe interrompait ses jeux et demandait à Lucie :

« Mais voyons, après tant et tant d’années, l’enfer ne finira pas encore ? Et tous ces gens qui sont là, à brûler, ne meurent pas ? Et si nous prions beaucoup pour eux, Notre-Seigneur ne les délivrera pas ? Et avec les sacrifices non plus ?

–  Non,  jamais,  jamais !  L’enfer  est  éternel. »Alors la petite, s’agenouillant sur le sol, joignit

les mains et répéta la prière que la Sainte Vierge leur avait aussi apprise, en ce 13 juillet, après leur avoir une nouvelle fois recommandé la récitation du chapelet :

« Ô  mon  Jésus,  pardonnez-nous  nos  péchés.  Pré-servez-nous  du  feu  de  l’enfer  et  conduisez  au  Ciel toutes  les  âmes,  surtout  celles  qui  ont  le  plus besoin  de  votre  miséricorde. »

Il arriva que François se mit en tête de faire comme fera l’Église postconciliaire : il conseilla à sa sœur de ne pas tant penser à l’enfer pour ne pas être effrayée. Or, un jour, tandis qu’il s’était retiré dans le creux d’un rocher, Lucie et Jacinthe l’entendirent crier et invoquer Notre-Dame. Elles le retrouvèrent alors, tremblant de peur.

« Qu’as-tu ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ? lui deman-dèrent-elles.

– C’était une de ces grandes bêtes qui étaient dans l’enfer,  qui  se  trouvait  ici,  jetant  du  feu ! »

Par cette vision, le Bon Dieu avait voulu le rappeler à l’ordre, et nous aussi ! en prévision de l’apostasie à venir. La pensée de l’enfer devrait nous remplir d’angoisse. Et d’abord parce que l’enfer est

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la cause du chagrin de Dieu dont celui du Cœur Immaculé de Marie est le reflet, l’enfer révélé à ces enfants dans toute sa terrifiante réalité. La Sainte Vierge leur dit avec bonté et tristesse :

« Vous  avez  vu  l’enfer  où  vont  les  âmes  des  pauvres pécheurs.  Pour  les  sauver,  Dieu  veut  établir  dans le  monde  la  dévotion  à  mon  Cœur  Immaculé.  Si l’on  fait  ce  que  je  vais  vous  dire,  beaucoup  d’âmes se  sauveront  et  l’on  aura  la  paix. »

« Si l’on fait ce que je vais vous dire. »On ne le fera pas parce que l’existence même

de l’enfer sera oubliée, méconnue et même niée, jusque dans l’Église ! Mais pour l’heure, le démon se déchaîne. Il n’a pas réussi à empêcher Lucie d’aller à la Cova da Iria le 13 juillet ? Eh bien ! il va empêcher les trois enfants d’y aller le 13 août en les faisant séquestrer.

Oliveira, surnommé “ le Ferblantier ”, était président fondateur de la loge maçonnique de Vila Nova de Ourem, dont dépendait Fatima. En 1913, il avait été promu administrateur du canton. Il exerçait un pouvoir tyrannique sur tout le concelho, et se fit fort d’étouf-fer cette affaire.

Le vendredi 10 août, Manuel Marto et Antonio dos Santos reçurent l’ordre de comparaître devant lui avec leurs enfants. Seul Antonio vint avec sa fille. « L’Ad-ministrateur, raconte Lucie, voulut à tout prix que je lui révèle le Secret, et que je lui promette de ne plus jamais retourner à la Cova da Iria. Afin d’obtenir cela, il n’épargna pas les promesses et, à la fin, les menaces. Voyant qu’il ne pouvait rien obtenir, il me renvoya, protestant que, de toute manière, il obtien-drait ce qu’il voulait, même s’il fallait m’ôter la vie. »

Pour la première fois, Lucie témoignait devant les autorités : elle tint bon et garda son calme.

Cependant, cette journée fut pour elle une dure épreuve...

« Ce qui me faisait le plus souffrir, raconte-t-elle, c’était l’indifférence que me manifestaient mes pa-rents, et qui m’apparaissait plus clairement quand je voyais la tendresse avec laquelle mon oncle et ma tante traitaient leurs enfants. Pendant ce voyage, je me souviens d’avoir fait cette réflexion : “ Comme mes parents sont différents de mon oncle et de ma tante ! Ceux-ci défendent leurs enfants et s’exposent eux-mêmes. Mes parents m’abandonnent aux autorités avec la plus grande indifférence pour qu’on fasse de moi ce qu’on voudra ! Mais patience, me disais-je au plus profond de mon cœur, car ainsi j’ai le bonheur de souffrir  davantage  pour  ton  amour,  ô  mon  Dieu,  et  pour la conversion des pécheurs. ” Dans cette réflexion, je trouvai consolation à tout instant. »

Mais la persécution déclenchée contre les voyants ne faisait que commencer. Pour le Ferblantier, l’inti-

midation du 11 août avait été un échec : il lui fallait maintenant trouver autre chose pour empêcher que le surlendemain ne soit un nouveau succès pour les apparitions...

Le matin du 13 août, il se présenta à Aljustrel et emmena les enfants au presbytère pour un nouvel interrogatoire. Puis, comme il n’en avait rien obtenu, il les fit monter dans sa voiture et fila vers son domi-cile. Il leur déclara qu’ils n’en sortiraient qu’après avoir révélé leur secret.

Quand le clocher de Ourem sonna les douze coups de midi, les pastoureaux se regardèrent, consternés ! François se dit alors : « Peut-être Notre-Dame nous apparaîtra-t-elle ici ? » Mais non, Elle ne vint pas.

Comme Oliveira ne parvenait pas à extorquer le Secret aux enfants, il sévit davantage encore et les conduisit à la prison publique parmi les délinquants aux figures patibulaires. Cependant la candeur de nos amis toucha le cœur des prisonniers qui finirent par réciter le chapelet avec eux.

Soudain, l’administrateur entra brusquement et emmena Jacinthe en lui criant : « L’huile est en train de bouillir. Dis le Secret si tu ne veux pas être brûlée !

–  Je  ne  peux  pas ! » répondit la petite.Vint le tour de François, puis celui de Lucie qui

fut stupéfaite de retrouver ses cousins bien vivants ! Oliveira les avait trompés pour les terroriser mais Notre-Dame, Elle, les avait assistés !

Lorsqu’il vit que toutes ses manœuvres avaient échoué, il comprit qu’il était inutile d’insister et il reconduisit les enfants à Fatima. Échec total, mais pas encore définitif... Il a renoncé à faire frire les enfants dans l’huile bouillante ; mais, depuis cent ans, il n’a pas manqué de suppôts de Satan comme lui pour attiser le feu de l’enfer et nous y entraîner, mon bien cher frère. Sa défaite finale est certaine puisque la Vierge Notre-Dame, « Notre-Dame du Rosaire », comme elle s’est nommée le 13 octobre, l’a promis :

« À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. »

LE MYSTÈRE DE LA SAINTE TRINITÉ

En la fête de saint Joseph que Dieu a choisi pour être son image sur la terre ; homme de prière, de labeur et de silence, élu pour compagnon et protecteur de la Vierge Sainte, pour père et pour éducateur de l’Enfant Jésus, il nous faut adorer le mystère de Dieu. Celui-ci, révélé par le Christ, est qu’ils sont UN, et qu’il est TROIS. « Le Père et Moi nous sommes UN. » Et cet UN est TROIS, ces TROIS sont UN. Dès lors, deux voies d’accès s’ouvrent devant nous pour entrer dans ce mystère.

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Deux voies illustrées par deux prières : celle de sainte Élisabeth de la Trinité, et celle de l’Ange du Portugal, à Fatima.

La première, celle de sainte Élisabeth de la Trinité, illustre bien un enseignement constant de notre Père, selon lequel « la Nouvelle et Éternelle Alliance est scellée par un seul ( Jésus) avec nous tous ensemble, mais cela n’empêche pas que la com-munion eucharistique soit une intimité de chacun de nous avec Jésus ! » ( Notre Père, retraite sur la Messe “ Mysterium fidei ”, 1994 ) comme il le dit lui-même dans l’Apocalypse : « Voici  que  je  me  tiens  à  la  porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. » ( Ap 3, 20 ) La prière de sainte Élisabeth est une action de grâces, l’action de grâces d’une âme qui répond pleinement à cette invitation comme vous le faites aujourd’hui, mon bien cher frère, en revêtant la robe nuptiale du saint habit pour prendre part à ce « souper » intime.

«  Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez- moi à m’oublier  entièrement  pour  m’établir  en  Vous,  immobile et  paisible,  comme  si  déjà  mon  âme  était  dans  l’éternité ! Que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de  Vous,  ô  mon  Immuable,  mais  que  chaque  minute m’emporte  plus  loin  dans  la  profondeur  de  votre  Mystère !

«   Pacifiez  mon  âme,  faites - en  votre  ciel,  votre  de-meure  aimée  et  le  lieu  de  votre  repos ;  que  je  ne  Vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre action créatrice. »

Dieu, nul ne l’a jamais vu. Et cependant, non seulement nous sommes sûrs de son existence, mais nous avons accès à son “ secret ”, non pas par le raisonnement, non pas par la force de notre logique, mais par une Révélation, par la Révélation absolue que constitue pour nous, créatures vivant dans la chair, la présence du Verbe fait chair et habitant parmi nous.

Jesus Caritas : dans le Christ est réellement « ap-parue la philanthropie divine » ( Tt 3, 4 ), c’est-à-dire l’amour dont Dieu nous aime.

Celui que « nul n’a jamais vu » ( Jn 1, 18 ), Jésus ne nous l’a pas seulement décrit et dépeint, il ne nous en a pas seulement donné une idée juste, mais étant lui-même « resplendissement de la gloire de Dieu, effigie de sa substance » ( He 1, 3 ), il nous l’a fait voir « de nos œils ». « Qui m’a vu a vu le Père. » ( Jn 14, 9 )

Ce que la vision trinitaire dont sœur Lucie a été favorisée à Tuy le 13 juin 1929, a figuré par la présence, au-dessus de la Croix, d’ « une face d’homme, avec un corps jusqu’à la ceinture. Sur sa poitrine une colombe, de lumière plus intense [ figure de la troisième Personne de la Sainte Trinité ], et, cloué à la croix, le corps d’un autre homme [deuxième Personne].

Comme il ne peut rien faire sans regarder le Père, le Fils ne peut dire ce qu’il est sans se référer au Père :

« Tout m’a été remis par mon Père et nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler. » ( Mt 11, 27 )

Il ne s’agit pas d’une reproduction, d’une copie même parfaite, d’un double conforme à l’original. Étant le Fils unique, étant dans le Père et possédant en lui le Père, Jésus ne peut dire un mot, faire un geste, demeurer sur la Croix, sans se tourner vers le Père, sans recevoir de lui son impulsion et orienter sur lui toute son action, en particulier l’action en laquelle consiste le Saint-Sacrifice de la messe mis en scène dans cette vision de Tuy :

«   Un  peu  en  dessous  de  la  ceinture  de  celui - ci, suspendu en l’air, on voyait un Calice et une grande Hostie sur laquelle tombaient quelques gouttes de sang qui coulaient sur les joues du Crucifié et d’une blessure à la poitrine. Coulant sur l’Hostie, ces gouttes tombaient dans le calice. »

Et la personnification de la troisième Personne, en qui réside la plénitude du Saint-Esprit, est là :

« Sous le bras droit de la Croix se tenait Notre-Dame avec son Cœur Immaculé dans la main. C’était Notre-Dame de Fatima avec son Cœur Immaculé dans la main gauche, sans épée ni roses, mais avec une couronne d’épines et des flammes.

« Sous le bras gauche de la Croix, de grandes lettres, comme d’une eau cristalline qui aurait coulé au-dessus de l’autel, formaient ces mots : “ Grâce  et  Miséricorde ”.

Dans son acte de consécration à l’Immaculée, le Père Kolbe l’invoque comme « ministre de la misé-ricorde ». Au même moment ( 1929 ), c’est ce que voit Lucie à Tuy, vision dont saint Maximilien n’a jamais eu connaissance, pas plus que des apparitions de Fatima.

« Je compris que m’était montré le mystère de la Très  Sainte  Trinité,  et  je  reçus  sur  ce  mystère  des  lu-mières qu’il ne m’est pas permis de révéler. »

Le Dieu de Jésus-Christ est son Père qui l’engendre de toute éternité : « Tu es mon Fils. » ( Mc 1, 11 ; 9, 7 ) Jésus s’adresse à lui avec la familiarité et l’élan d’un enfant : « Abba !  Père ! » en réponse au don qu’il lui fait de la divinité que lui, le Père possède sans la recevoir d’aucun autre. Entre Dieu et son Fils règne cette profonde intimité qui suppose une parfaite connaissance mutuelle et une communication de tout son Être, de l’Être dont il ne peut dire que « Je Suis » ! Et Jésus nous révèle qu’il aime son Père ( Jn 14, 31 ) en sacrifiant tout à son combat contre Satan, jusqu’à endurer l’ignominie de la Croix représentée au mémo-rial du Saint- Sacrifice de la messe.

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Par trois fois, saint Paul répète la formule qui exprime cette révélation du Père et du Fils : « Le Dieu et Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ. » ( Rm 15, 6 ; 2 Co 11, 31 ; Ep 1, 3 ) Le Christ nous révèle ainsi le mystère de la Sainte Trinité par la voie même à laquelle Dieu nous a prédestinés en nous créant à son image, celle de la dépendance filiale.

TRÈS SAINTE TRINITÉ

La prière de sainte Élisabeth de la Trinité est une voie d’accès à l’intimité familiale de ces Trois qui sont Un : “ Ô mon Dieu, Trinité que j’adore... ” Cette prière date de 1904, deuxième année du ponti-ficat de saint Pie X. Douze ans plus tard, à Fatima, Lucie, François et Jacinthe sont introduits à ce même Mystère par l’Ange qui leur enseigne à entrer dans ce mystère de cet UN qui est TROIS :

«   Très  Sainte  Trinité,  Père,  Fils  et  Saint - Esprit, je vous adore profondément, et je vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles de la terre, en répara-tion des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. »

Après leur avoir révélé que les Cœurs de Jésus et Marie avaient des desseins sur eux, l’Ange apprenait aux enfants que ce dessein était de faire d’eux les prémices, comme dit le cantique, de l’humain salut, par leurs prières et leurs sacrifices.

« Comment se peut-il, se demandait notre Père, que Jésus soit attentif psychologiquement dans son Corps, son Sang, son Âme et sa Divinité, comme Verbe, Dieu incarné, comment Jésus-Eucharistie peut-il être attentif à chacun d’entre nous, donc à des milliers, des millions d’êtres humains, pour ne pas dire des milliards et, au même moment, répondre à nos prières, tenir compte de nos besoins », si bien exprimées par la sainte carmélite de Dijon, à l’école de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus :

« Ô mon Christ aimé, crucifié par amour, je vou-drais  être  une  épouse  pour  votre  Cœur ;  je  voudrais  Vous couvrir  de  gloire,  je  voudrais  Vous  aimer...  jusqu’à  en mourir !  Mais  je  sens  mon  impuissance  et  je  vous  demande de  me  revêtir  de  Vous-même,  d’identifier  mon  âme  à  tous les  mouvements  de  Votre  Âme,  de  me  submerger,  de  m’en-vahir,  de  Vous  substituer  à  moi,  afin  que  ma  vie  ne  soit qu’un  rayonnement  de  votre  Vie.  Venez  en  moi  comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur. »

À la question posée par notre Père de savoir quel système cérébral ou quel ordinateur permet au Christ et à la Vierge d’être attentifs à tous et à tout en même temps, sœur Lucie apporte la réponse :

« C’est vers Dieu – par la foi – que je vais fixer mon regard, parce que c’est en Dieu que je trouve le commencement – qui, lui, est sans commencement – parce qu’en Dieu il n’y a ni passé ni futur, tout est présent dans la lumière de son Être immense, comme si tout se passait dans le même instant.

« C’est pourquoi, je vois le message [ la révélation de Fatima] présent dans l’Être immense de Dieu, depuis toujours, et il l’a envoyé sur terre [ par son Ange et sa Divine Mère] au jour et à l’heure qu’il a fixés dans les desseins et les plans de son infinie miséricorde [ il y a cent ans ! ], comme un nouvel appel à la foi, à l’espérance et à l’amour [ en cette période d’apostasie ]. »

« Ainsi donc, je vois le message à travers le temps, et hors du temps : dans les plans de Dieu, dans la lumière de son Être immense, il reste toujours aussi actuel qu’au jour, à l’heure et à l’instant qu’il a lui-même fixés parce que, dans l’immense miroir de son Être divin, tout est présent, sans passé ni futur. » (  Comment je vois le Message, p. 12, et sq.)

C’est donc une erreur magistrale du cardinal Rat-zinger d’avoir décrété que ce “ message ” concernait le siècle dernier ! Mais la vérité est que Benoît  XVI n’avait pas la foi qui fait voir ce que Lucie voyait clairement pour nous avertir. Cet aveuglement est le pire châtiment de tous ceux que Dieu envoie depuis cent ans à notre génération pour nous éclairer.

« La foi est le fondement de toute notre vie spi-rituelle, le terreau d’où provient la sève qui nous alimente et nous donne la vie. C’est par la foi que nous voyons Dieu et que nous le rencontrons, comme le disait le prophète Élie : “ Par le Seigneur Dieu qui est  vivant,  devant  qui  je  me  tiens ! ” ( 1 R 17, 1 )

« Si nous vivons pénétrés de cette vérité, de cette réalité, notre foi grandira, se fortifiera et nous amènera à entrer dans l’immensité de l’Être immense de Dieu. » ( ibid., p. 17-18 )

Tel fut le “ message ” de l’abbé Georges de Nantes, notre Père fondateur, docteur mystique de notre foi catholique.

« Cette vie est ainsi. Un souffle de vie qui passe et se fane, pour avoir un accomplissement plus grand dans l’éternité, dans la vie véritable qui là-bas n’a pas de fin, dans les bras de Celui qui nous aime d’un amour éternel et qui ne désire que compléter son union avec nous, transformant notre rien en son être immense, puissant et infini, dans lequel ni la douleur ni la mort ne pourront jamais pénétrer. C’est pourquoi à présent, il nous déchire quelquefois le cœur, afin que, blessé à l’imitation de son Cœur divin, il devienne apte à recevoir en lui un si grand bonheur. » ( Sœur Lucie, lettre du 29 juin 1968 à dona Lucia Neves, à l’occasion de la mort de sa mère )

frère Bruno de Jésus - Marie.

AVRIL 2017 No 174 - P. 22CAMP NOTRE-DAME DE FATIMA 2016

L A N A ISSA NC E DE L ’ ISL A M ET L A GE N È SE DU C OR A N

par frère Michel-Marie du Cabeço

« Il était une fois un pauvre caravanier arabe du nom de Mohammed, orphelin, illettré, mais tourmenté par le mystère de Dieu. Il s’enquérait avidement, au hasard de ses rencontres avec des moines chrétiens, de toutes les croyances de son temps et, déjà, il élaborait inconsciemment sa propre synthèse de tant de dogmes disparates. C’est alors qu’il reçut une révélation d’Allah qui lui parlait par son archange Gabriel, révélation qui constitue aujourd’hui le Coran, religion si pure et si parfaite qu’elle conquit, pour mille ans et plus, bien des peuples chrétiens d’Orient et d’Occident. »

Dans un article programme de février 1980, notre Père, l’abbé de Nantes, évoquait ainsi le commence-ment du “ conte des Mille et une nuits ” que constitue l’histoire de Mahomet et de l’expansion de l’islam aux septième et huitième siècles, telle qu’elle nous est transmise par la tradition musulmane.

Des scientifiques comme le Père Lammens, jésuite de l’université Saint-Joseph de Beyrouth, avaient déjà démontré de manière éclatante le caractère purement légendaire de la tradition historique musulmane en montrant qu’elle était tout entière issue du Coran. Le Père Lammens observait ainsi que la sîra, c’est-à-dire la vie de Mahomet, « relève non de deux sources parallèles et indépendantes, se complétant et se contrôlant mutuellement, mais d’une seule, le Coran, servilement interprété et développé par la Tradition d’après des idées préconçues [...], essayant de préciser le sens, de mettre partout des dates, des noms propres. Produit de cette exégèse, procédant au petit bonheur, la sîra reste à écrire, comme le Mahomet historique à découvrir. »

Et que nous dit cette tradition ? Par exemple, que Mahomet est né à La Mecque. Mais de Mecque, pas de traces dans les cartes anciennes de la péninsule arabique ! Voilà qui pose l’énigme des lieux où se situent les événements fondateurs de l’islam. Quant à l’auteur du Coran lui-même, on ne trouve pas plus de Mahomet dans l’histoire attestée que de Mecque dans la géographie réelle...

Pour sa part, le Père Lammens n’a pas tenté de résoudre ces deux énigmes... Ni lui, ni personne après lui. Et de fait : celui qui veut traduire et

commenter le Coran, où encore reconstituer l’histoire des premiers temps de l’islam, se heurte à une dif-ficulté majeure. Soit il a recours à l’abondante mais légendaire littérature musulmane sur le sujet, soit il décide de récuser totalement cette légende postérieure et se heurte alors à une histoire parcellaire, difficile à reconstituer, et doit se contenter des quelques éléments historiques et archéologiques sûrs dont on dispose à l’heure actuelle, quitte à laisser un certain nombre de questions en suspens !

Ce fut le parti de notre Père, dès 1957, lorsqu’il lui devint évident qu’il faudrait appliquer au Coran la méthode historico-critique depuis longtemps en usage dans la Bible, en expliquant le Coran par lui-même. Ce travail d’exégèse considérable fut confié à frère Bruno et donna lieu à une traduction et un commen-taire systématique des cinq premières sourates, réalisé sans aucun recours à ce qu’il nous faut appeler tout simplement “ la légende musulmane ”. Frère Bruno s’appuya essentiellement sur l’Écriture sainte, dans la langue hébraïque mais aussi sur les données histo-riques positives.

C’est cette “ histoire vraie ” de l’Arabie des sep-tième et huitième siècles qu’il nous faut retrouver aujourd’hui pour tâcher de comprendre comment sont apparus le Coran et l’islam.

Dans une première partie, nous considérerons d’abord “ l’Arabie ”, qui fut chrétienne avant l’islam, ce qui nous permettra de comprendre la conclusion de plus en plus affirmée chez notre Père et frère Bruno : le Coran est issu d’un terreau chrétien !

Dans une deuxième partie, nous nous intéresserons aux événements qui eurent lieu pendant la guerre de 603-628 entre l’Empire byzantin et la Perse, essentiels pour notre sujet : la prise de Jérusalem par les Perses en 614 et la naissance d’une “ ère des arabes ” suite à une grande victoire des Byzantins sur les Perses en 622.

Dans une troisième partie, nous considérerons quelques aspects significatifs de cette domination des arabes dans tout le Proche et le Moyen-Orient au cours du premier siècle de cette ère arabe, ce qui nous amènera, dans une quatrième partie à nous intéresser à la nouvelle “ hérésie des Ismaélites ”.

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QUAND L ’ARABIE ÉTAIT CHRÉTIENNE

LA CIVILISATION CHRÉTIENNE EN ARABIE

Qu’est-ce que l’ “ Arabie ” ? Au commencement de notre ère, elle désigne le pays des Arabes. « Et il est difficile de préciser davantage du fait que les “ Arabes ” se définissent par le nomadisme et sont répandus sur une aire qui englobe tout le territoire syrien, ainsi que le désert oriental jusqu’à l’Euphrate, la Mésopotamie, l’Égypte, la péninsule du Sinaï, le royaume des Nabatéens et l’Arabie Heureuse. » ( Michele Piccirillo, o. f.  m., L’Arabie chrétienne, Milan, 2002 ; aux éditions Mangès pour l’adaptation en langue française).

L’Évangile commença à se répandre en Arabie au lendemain de la Pentecôte, comme en témoignent les Actes des Apôtres qui notent la présence de juifs originaires d’Arabie à Jérusalem lors de la fête ( Ac 2, 5-11 ). Parti de Jérusalem, il gagna l’Orient par le territoire de la Pérée, situé à l’est du Jour-

dain et habité par des communautés d’obédience esséniennes.

Lorsque l’empereur Trajan fonda la province ro-maine d’Arabie, après l’annexion du royaume naba-téen, en 106, le christianisme était déjà répandu dans les villes et les campagnes, même si la présence de la communauté chrétienne n’est attestée par les sources qu’à partir du troisième siècle. Le lourd tribut de sang payé par les chrétiens de la province lors de la grande persécution de Dioclétien au début du qua-trième siècle témoignera de sa vitalité.

MISSION ET COLONISATION.

L’avènement des Sassanides en Perse, au cours de la première moitié du troisième siècle, avait provoqué la coupure des routes commerciales entre l’Empire romain et l’Extrême-Orient. Le commerce caravanier de Palmyre qui avait assuré jusque-là la

prospérité économique des tribus nomades depuis la péninsule ara-bique jusqu’au désert syrien en fut déstabilisé et les territoires romains furent alors soumis aux razzias des sarrasins.

Tout en cherchant à se garantir des incursions des pillards, Rome tenta de rétablir les routes commer-ciales en créant un système d’États satellites en Arabie centrale. Les empereurs commencèrent donc à accorder le statut de “ fédérés ” à des arabes en instituant des “ phylarques ” sous le contrôle de l’autorité militaire. C’était, pour les chefs de tribus, un gain réel d’autorité et, pour l’Empire, l’es-pérance d’une avancée de l’in-fluence romaine et chrétienne en Arabie centrale, qui constituerait une menace sur le flanc des Perses.

Sous Constance II ( 337-361 ), la cour du roi de Himyar, au sud de la péninsule, reçut ainsi une ambas-sade vers 340. Cette ambassade fut bien reçue, mais en définitive, cette première tentative romaine et chrétienne fut contrecarrée sur le plan religieux par les juifs déjà fortement implantés au Yémen et en relations constantes avec l’école rabbinique de Tibériade, foyer de la renaissance du judaïsme synagogal, ainsi que par les Perses à qui la

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dynastie indigène ne tarda pas à faire hommage.

Au nord de la péninsule, au cours de leurs incursions meur-trières, les sarrasins rencontrèrent les moines du désert. À leur contact, certains se convertirent, subjugués par le rayonnement et les miracles de quelque “ ma-rabout ”. C’est ainsi que saint Euthyme fonda Paremboles, en Palestine, en conver-tissant une tribu entière qui refusait de faire la police antichrétienne pour le compte du roi de Perse. L’évêque Théodoret de Cyr décrit le rôle joué par saint Siméon Stylite dans la conversion de ceux qu’il appelle les “ Ismaélites ” selon un terme biblique. Les récits rappellent que les chefs et leurs tribus se mirent au service des Romains pour dé-fendre les frontières de l’empire contre les Perses et leurs vassaux, les arabes lakhmides de Ḥira ( déjà cons titués en royaume depuis le quatrième siècle ), et participèrent aux campagnes contre les Juifs de Palestine. Où l’on voit que l’alliance politique avec Rome allait de pair avec la christianisation de la tribu placée à la tête de la confédération.

Pour tenter d’enrayer définitivement les incur-sions arabes, vers 529, l’empereur Justinien donna au Ghassanide El-Harit, déjà établi chef des arabes de Palestine, mieux que le titre de phylarque : celui de patrice, accompagné de toutes les épithètes qui dési-gnaient à Byzance les membres de la plus haute aris-tocratie. Les arabes, eux, l’appelèrent “ roi ”, du titre même de l’empereur. La “ barrière ghassanide ” était née, s’étendant du sud de la Palestine jusqu’à la région de Palmyre.

VERS  UNE  ARABIE  CHRÉTIENNE ?

Les fouilles menées sur le territoire de l’ancienne province d’Arabie ont montré qu’elle était peuplée pour sa plus grande part, de populations arabes parfaitement intégrées à la nouvelle société chrétienne.

Protégée des incursions des pillards et des Perses par le royaume Ghassanide, la province romaine d’Arabie connut un véritable apogée aux cinquième et sixième siècles, fruit de l’adhésion de la quasi-totalité de la population au christianisme. La conversion des tribus nomades eut pour effet de les établir dans une relation de confiance avec les populations sédentaires ainsi qu’avec les autorités romaines. La plus belle expression architecturale et artistique de cet apogée fut la construction de nombreuses églises décorées de mosaïques, fruit d’un élan de générosité du gouverne-ment central de l’Empire, des notabilités locales, ainsi que des phylarques des Banu Ghassan.

C’est dans ce contexte qu’apparaît la graphie

arabe, née, comme l’écrit notre Père dans sa postface au deuxième tome de la traduction du Coran, « non pas sur les pistes du Hedjaz [...] mais sous le signe du monogramme du Christ, au fronton des églises de la Syrie du Nord. » En effet, deux inscriptions, l’une découverte à Zabad sur le linteau du portail d’une basilique dédiée à saint Serge, datée de 512, et l’autre, à Harran, datée de 568, toujours en Syrie, au nord-ouest du djebel Druze, sur le linteau d’un martyrium dédié à saint Jean-Baptiste, constituent les plus anciens témoignages de l’utilisation de l’alphabet arabe. Ces deux inscriptions témoignent de ce que, au sixième siècle, la langue et l’écriture arabe étaient fixées et utilisées dans les communautés chrétiennes de Syrie, conjointement avec le grec et le syriaque.

L’action des moines fit qu’au début du septième siècle, tous les arabes de Mésopotamie, de Syrie et de la Province d’Arabie étaient chrétiens dans une certaine mesure, au moins par ambiance. Tous avaient vu des solitaires ou des ascètes, avaient mangé aux portes des monastères, avaient assisté à des contro-verses entre monophysites et diophysites et pris parti avec plus ou moins de discernement pour ou contre la nature humaine de Notre-Seigneur.

Au sud, le royaume d’Himyar connut un apogée sous le roi Abraha, après une persécution suscitée par les juifs et victorieusement combattue par l’Éthiopie, soutenue par Byzance, qui y rétablit une dynastie chrétienne vers 525. En 543, Abraha fit consacrer une église sur le barrage de Marib qu’il venait de faire reconstruire. L’empereur Justinien, le roi des Banu Ghassan, mais aussi le roi des Perses, Chosroès  I er et le roi de Hira, son vassal, ainsi que le Négus, envoyèrent des émissaires pour le féliciter, attestant ainsi du prestige dont jouissait le roi de Himyar en Arabie Heureuse. « Tout cela, analyse notre Père en postface du tome deuxième du Coran, nous révèle une péninsule arabique en passe de former une chrétienté accomplie sous le règne d’Abraha. »

C’est malheureusement le contraire qui eut lieu.

L’ ÉCHEC DE ROME EN ARABIE

La conversion des tribus n’eut pas l’effet escompté d’une avancée de la civilisation chrétienne vers le centre de la péninsule. Une fois installé en Palestine,

MartyriuM Saint-Jean-BaptiSte-de-Harran ( 568 ap. J.-C. ).Partie arabe d’une inscription grecque-arabe figurant sur le linteau d’un martyrium : « Moi, Sharâḥîl, fils de Ẓâlmû, j’ai construit ce martyrium [...]. »

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El-Harit perdit toute influence sur ses anciennes tribus du Hedjaz. Au Sud de la péninsule, le Yémen passa à nouveau sous l’autorité perse en 572.

Par ailleurs, la politique arabe de Byzance ne se solda pas par une influence sérieuse de la civilisation chrétienne en Arabie. Toute subordonnée à des buts de guerre immédiats, elle se réduisit à une embauche provisoire de clientèle qui n’entraîna aucun progrès de celle-ci. Entretenus par les subsides de Byzance, les princes Ghassanides ne se construiront jamais de capitale, mais resteront sous la tente, poussant leurs troupeaux, menant joyeuse vie selon des mœurs toutes païennes et vivant du butin de leurs pillages. Chez ces gens nés querelleurs et payés par les Byzantins pour faire la guerre à des tribus adverses détestées, la religion chrétienne ne fut qu’une occasion de querelles supplémentaires. L’adhésion d’El-Harit au monophysisme jacobite fut ainsi une source de conti-nuelle mésentente avec l’empereur, chalcédonien ou monothélite selon l’époque.

Enfin, les relations entre les Byzantins et les Ghassanides furent toujours entachées de défiance réciproque, ce qui gâtera jusqu’au bout une alliance dont les Byzantins, s’ils avaient été moins soupçon-neux, auraient pu attendre de si grands avantages. Le traité est brutalement rompu par les Byzantins en 581 lorsque l’empereur Maurice ordonne la capture d’El-Mundir, fils d’El-Harith, provoquant une révolte ouverte de ses fils qui pillent les établissements romains sur la lisière du désert. La dislocation du royaume Ghassanide se fera peu après, au grand détriment des populations sédentaires de la frontière romaine qui ne pouvaient plus compter sur l’autorité d’un chef suprême pour contenir les arabes pillards. Les cheikhs locaux reprirent l’indépendance qu’ils possédaient avant l’instauration de la phylarchie suprême, quinze chefs se partagèrent la conduite des tribus et plusieurs passèrent au service des Perses.

Il n’est pas exagéré de dire que la politique de Byzance envers les Ghassanides et les arabes chrétiens de Syrie, de Palestine et de la province d’Arabie fut une des causes qui contribua au succès ultérieur de l’islam en développant chez une partie de ces arabes la haine pour le christianisme orthodoxe identifié à la cause de l’Empire et en les attachant, par des mesures maladroites de persécution à un monophysisme que-relleur et anémiant.

LE  JUDAÏSME,  VÉRITABLE  GAGNANT    DE  LA  RIVALITÉ  PERSO-ROMAINE .

À la fin du sixième siècle, le bilan de la rivalité perso-romaine est nettement favorable aux Perses. Mais derrière eux, se cache le judaïsme, son allié traditionnel contre les chrétiens byzantins, solidement implanté au Hedjaz. En effet, après la destruction de

Jérusalem en 70 puis, sous l’empereur Hadrien, après la deuxième Guerre juive et la défaite de Bar Kokhba en 135, des communautés juives avaient commencé à se répandre en Arabie, non seulement dans l’antique Teima, au carrefour des grandes voies caravanières, mais encore sur la route du Yémen, à Khaibar, au nom hébraïque, ainsi qu’à Yathrib, l’actuelle Médine centre géographique du Hedjaz.

Et La Mecque ? Donnée traditionnellement pour une étape de la route de l’encens, au sud du Hedjaz, elle est absente de toutes les sources antiques, jusqu’à la veille de l’islam. La Géographie de Ptolémée, le Synekdémos d’Hieroklès, texte géographique byzantin daté du règne de Justinien ( 527-565 ), ou l’opuscule géographique de Georges de Chypre daté d’environ 600 n’en font nulle mention.

Bien implantés dans ces oasis, les juifs furent très actifs tout au long du sixième siècle, et sous leur autorité les régions principales du nord du Hedjaz atteignirent presque le haut niveau de civilisation du Sud de la péninsule. La barrière Ghassanide qui séparait la Palestine du Hedjaz et rendait si précaire la position des juifs a disparu en 584. N’était la présence romaine en Palestine, le Hedjaz apparaîtrait à partir de 584 comme une véritable province israélite, en continuité avec la vieille Terre des ancêtres.

Qu’un royaume juif ressuscite à Jérusalem, et le Hedjaz se trouvera tout naturellement englobé dans une « grande Palestine » ne le cédant en rien à l’Empire de Salomon lui-même !

Telle est précisément l’immense espérance qui a soulevé les juifs de Palestine et d’Arabie jusqu’aux confins du Yémen, et tous les juifs de la diaspora, au début du septième siècle.

NI JUIFS NI NAZORÉENS, “ PARFAITS ” !

UNE  NOUVELLE  LANGUE  RELIGIEUSE    AU  SERVICE  D’UN  DESSEIN  ORIGINAL .

Dès 1957, notre Père écrivait dans L’ Ordre français que « celui qui lit le Coran avec bon sens et honnêteté est invinciblement porté à le consi-dérer comme importé d’ailleurs [...]. La sagesse dont il témoigne a mûri sous d’autres cieux [ que le Hedjaz ]. » Cette appréciation se fondait sur les travaux d’un savant dominicain, le Père Théry, pour qui le Coran ne constituait pas autre chose qu’une entreprise de judaïsation des tribus arabes du Hedjaz, dans le contexte que nous avons retracé plus haut.

Or, les travaux de frère Bruno montrèrent qu’il y avait là beaucoup plus qu’une simple tentative de conversion des tribus au judaïsme. « Comme Ronsard forgeait de riches néologismes pour enrichir le “ gaulois ”, de même, l’auteur du Coran donne à l’aide de la langue hébraïque un vocabulaire

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religieux aux arabes. » Et ce voca-bulaire, tiré de l’hébreu biblique, mais aussi de l’araméen employé dans la littérature rabbinique, ou même du grec, n’est pas utilisé au hasard. L’auteur transpose en langue arabe la langue hébraïque dans un but précis : transférer à l’usage des arabes la révélation contenue dans la Bible en dépouil-lant Isaac des promesses faites par Dieu, au profit d’Ismaël, ancêtre éponyme des arabes, fils d’Agar, l’esclave. C’est une subversion radicale, une révolution sans précédent qui enlève a  fortiori la filiation adoptive aux chrétiens, enfants de Dieu « à la manière d’Isaac » ( Ga 4, 28 ), au bénéfice de la descendance d’Ismaël que sont les tribus de l’Arabie du Nord ( Gn 21, 12-18 ).

L’AUTEUR DU CORAN : UN ANCIEN MOINE CHRÉTIEN ?

L’auteur connaît l’Ancien Testament, mais égale-ment le Nouveau et particulièrement saint Paul dont il est un grand imitateur. La liste des contacts avec l’Apôtre est impressionnante et ne laisse aucun doute à cet égard. Alors pour notre Père, après la parution du deuxième tome de la traduction de frère Bruno, le doute n’était plus possible. L’auteur « est un arabe, mais héritier d’une immémoriale tradition religieuse, judaïque en son fond et certainement chrétienne en sa plus prochaine forme. Votre juste exégèse met en relief l’admiration et la bienveillance de l’auteur de la sourate  III pour les moines chrétiens et je n’hésite pas à trouver là l’indice et la plus simple raison de l’extraordinaire connaissance du Nouveau Testament dont témoigne le Coran : cet arabe n’a-t-il pas vécu au contact de ces moines ? N’en fut-il pas un élève ? Un disciple même, voire un membre de l’une de leurs communautés ? »

L’alphabet arabe fut très peu utilisé au cours du sixième siècle car il était, somme toute, illisible. « On s’explique dès lors, poursuit notre Père, que l’auteur du Coran ait rendu ce nouvel alphabet “ lisible ” en créant l’écriture coranique pour son peuple, afin de l’initier à la religion judéo-chrétienne génialement remaniée au profit des enfants d’Ismaël. De cette

“ Écriture ” et de cette “ Religion ”, il avait reçu les éléments dans son monastère d’origine. Il acheva l’œuvre des moines ses prédécesseurs en donnant à l’alphabet vingt-deux lettres, sur le modèle de l’alphabet syriaque et suivant le même ordre, comme le montrent les valeurs numériques des lettres ».

Ces hypothèses, formulées par notre Père sur la base du travail scientifique de frère Bruno, nous placent à l’opposé de la légende musulmane de Mahomet “ recevant ” le Coran comme une “ dictée divine ”. Et nous sommes tout proches, au contraire, de ces arabes du septième siècle, tous plus ou moins christianisés au contact des nombreux monastères de Syrie et d’Arabie.

Or l’archéologie vient confirmer cette hypothèse et nous révèle des contacts impressionnants entre l’auteur du Coran et les communautés chrétiennes d’Arabie. Ainsi du pèlerinage qu’entreprend l’auteur vers Jérusalem, semblable à ceux dont les archéo-logues retrouvent les traces, à Jérusalem, ou encore au mont Nébo, qui fut le sanctuaire d’Arabie le plus connu de l’Antiquité. Par ailleurs, on ne peut pas ne pas remarquer une concordance, parfois frappante, entre les motifs décorant les mosaïques des sanc-tuaires d’Arabie : nombreuses scènes de vendanges, de chasse, gerbes de blé, coupes de vin etc., et toutes les règles édictées par l’auteur tendant à en interdire l’usage, par exemple en ce qui concerne le banquet eucharistique des chrétiens.

Car l’auteur entend proposer une “ voie sans querelle ”, capable de mettre fin à l’affrontement qui oppose les juifs et les chrétiens depuis six cents ans et cela, par un retour à la religion “ parfaite ” des origines, en Abraham... et Ismaël. La guerre qui vient va lui donner l’occasion de mettre son programme à exécution.

LA GUERRE ENTRE BYZANCE ET LA PERSE :

L’ ÉMERGENCE D’ UN GOUVERNEMENT ARABE AUTONOME

De 603 à 628, Byzance et la Perse sont en guerre. La victoire sera finalement remportée par Byzance, mais ce conflit, de près de trente ans, va surtout avoir pour effet d’épuiser les deux belligérants et de laisser

le champ libre à la “ puissance montante ” des arabes. L’Empire byzantin est plongé dans l’anarchie depuis le renversement de l’empereur Maurice en 602 par Phocas, un centurion de l’armée byzantine.

Verset  151 de la sourate  III, copie fragmentaire du Coran “ Arabe  328 ”, manuscrit le plus ancien parvenu jusqu’à nous. L’écriture est raide et anguleuse comme l’inscription lapidaire du martyrium de Harrân (  cf. notre il lustration, supra, p. 24 ).

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LES VICTOIRES DES PERSES

Profitant de cet affaiblissement de l’Empire byzan-tin, le roi des Perses, Chosroès, prend la place straté-gique de Dara, en Mésopotamie, en 604. Les Perses envahissent l’Arménie romaine en 607, prennent Césarée de Cappadoce et poussent jusqu’au Bos-phore dès 610. Phocas conduit la guerre de manière désastreuse et c’est Héraclius, fils du gouverneur de Carthage qui le renverse en 610. C’est lui qui conduira le redressement byzantin, jusqu’à la victoire définitive sur la Perse en 628.

En plusieurs campagnes, les Perses prennent Antioche, en 611, puis ils envahissent la Syrie en 612. En 614, ils prennent Jérusalem d’où ils em-mènent le Patriarche et ses habitants en captivité après s’être saisis de la Vraie Croix.

Cette prise de Jérusalem marque un commencement dans la genèse de l’islam. Le déclin de la puissance byzantine face aux Perses suscitait l’espoir des juifs de rétablir un jour leur autorité sur la Ville sainte. En 613, les communautés juives avoisinant Tibériade avaient ouvert aux Perses la route de Césarée, capitale administrative de la Palestine. Lorsque les Perses se tournèrent vers Jérusalem, les juifs semblaient avoir obtenu d’eux la promesse formelle que la Ville serait remise à leur autorité.

UN “ PÈLERINAGE ” À JÉRUSALEM .

Or les juifs n’avaient pas été les seuls à ap-puyer les Perses. Les envahisseurs avaient aussi été rejoints par des bandes de sarrasins. L’étude de la sourate  II nous conduit à nous demander si leur chef ne serait pas l’auteur du Coran, qui, tout en prêtant son concours aux Perses, poursuivait un but bien précis.

En effet, la sourate  II se présente comme l’exhor-tation d’un chef à ses fidèles, qui cherche à enflam-mer les cœurs pour la “ montée à Jérusalem ”, où se trouve le « lieu d’Abraham » (verset 125 ), autrement dit, l’emplacement du Temple de Jérusalem, bâti, selon une tradition constante, sur le mont Moriyya, au lieu même du sacrifice d’Isaac ( Gn 22, 2 ).

L’exégèse de la sourate  II révèle l’intention de l’au-teur ; non pas de fonder une troisième religion, mais d’abolir le christianisme et le judaïsme en restaurant ce qu’il considère comme la seule tradition abraha-mique authentique. L’expression « Abraham rétablira les assises du Temple avec Ismaël » (verset  127 ) est très figurative de son intention de restaurer la religion “ parfaite ” d’Abraham à Jérusalem, comme il est d’ail-leurs écrit en toutes lettres au verset  208 : « Entrez dans la Salem ! »

Ce Temple dont l’auteur veut restaurer «  les assises » est donc celui de Jérusalem et non pas

de La  Mecque, comme glosent habituellement les traducteurs. La sourate  II est encore sans équivoque lorsque l’auteur exhorte ses fidèles : « Sortez donc dans le sentier du Dieu et rendez fortes vos mains jusqu’à la “ procession ”. » (verset 195 ) Le mot “ pro-cession ”, ’ at-tahlukat est la transcription de l’hébreu tahalûkhâh, du nom de la cérémonie qui marqua la dédicace des remparts de Jérusalem après le retour de l’exil à Babylone, comme on peut le lire dans le livre de Néhémie  12, 31.

Ainsi, tel un nouveau Néhémie, notre auteur se promet de célébrer une semblable cérémonie quand les enfants d’Ismaël auront remporté la victoire sur les chrétiens byzantins qui occupent la Cité sainte. Le Credo de l’auteur : « Votre Dieu, seul Dieu ! Point de Dieu sinon lui, le miséricordieux, plein de miséricorde » ( II,  163 ), est une transcription de la profession de foi monothéiste que les juifs opposent désormais aux chrétiens, comme si le Père, le Fils et le Saint- Esprit ne faisaient pas un seul Dieu mais trois !

Mais ce grand dessein ne trouva pas sa réalisation en 614. En effet, l’alliance des Perses avec les juifs n’eut qu’un temps. Dès 617, les Perses ménageaient les chrétiens et oubliaient les promesses faites aux juifs. Et les arabes subirent la même disgrâce. Frère Bruno a émis l’hypothèse d’une retraite de l’auteur et de ses fidèles à Pétra, où il tira les leçons de ce premier échec dans la sourate  III.

Mais c’était pour mieux ranimer l’énergie de ses fidèles, qu’il dote d’une loi et qu’il prépare à reprendre le chemin de Jérusalem, comme on peut le lire dans les sourates IV et V.

L’ EMPIRE BYZANTIN AUX ABOIS ET  LE  REVIREMENT  DE  622 .

Entre-temps, les Perses avaient pris Chalcédoine en 615, d’où ils menaçaient Constantinople. Entre 617 et 619, ils s’emparèrent de l’Égypte, une catastrophe pour Constantinople qui dépendait des plaines fertiles de la vallée du Nil et qui se trouva donc coupée de son approvisionnement en blé.

Pendant six années, Héraclius réorganisa les der-nières provinces encore sous son contrôle, reconstitua une armée solide et décida d’attaquer la Perse au cœur de sa puissance en entraînant contre elle les peuples guerriers de l’Arménie et du Caucase. Ce fut une opération militaire éclatante qui permit aux Byzantins de dégager l’Asie Mineure et de pénétrer en Arménie en 622, d’où ils battirent les Perses. De là, au printemps 623, Héraclius envahit la Médie Atropatène ( l’actuel Azerbaïdjan ), et manqua de cap-turer Chosroès à Gandzak.

L’avantage était désormais dans le camp byzantin, qui remporta une victoire définitive près des ruines de

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Ninive en 627. La paix fut signée en 628 et en 630, Héraclius entrait en triomphateur à Jérusalem, avec la Vraie Croix.

CONSÉQUENCES DU REDRESSEMENT BYZANTIN DE 622 : LE DÉBUT DE “ L’ÈRE ARABE ”

Il semblerait que cette victoire étonnante de la part des Byzantins, qui enregistraient défaite sur défaite depuis vingt ans, ait eu un retentissement considérable parmi les arabes.

C’est ce que nous apprend une inscription en grec, découverte sur les ruines des thermes de Gadara, en Palestine. Cette inscription est datée de « l’an 726 depuis la fondation de la ville », soit l’an 662-663 de notre ère. Mais cette datation est suivie d’une autre, en complément : « l’an 42 selon les arabes ». L’an 622 correspond donc à l’an  1 de cette “ ère des arabes ”.

Or, cette inscription porte le signe de la Croix au début de la première ligne où on lit : « au temps du “ serviteur de Dieu ”, Maawia, émir », ce qui laisse entendre de quel Dieu l’émir Maawia se dit le serviteur : c’est le Dieu des chrétiens !

Cette ère arabe, qui n’est pas musulmane, a commencé avec la prise de pouvoir en Iran par

les arabes, alors que la dynastie sassanide est en train de s’effondrer, à partir de la victoire byzantine de 622. L’émir Maawia, fondateur de la dynastie des Omeyyades porte un nom araméen : ce n’est qu’au neuvième siècle que la légende musulmane “ arabisera ” son nom en Mucâwîya et fera de lui un compagnon du prophète. En réalité, il personnifie ces chrétiens arabes de l’Est pour qui le grec n’était d’ailleurs pas une langue inconnue depuis que l’école d’Athènes, fermée par Justinien I er en 529, avait émigré vers l’Empire perse ( d’après Volker Popp, The early history of islam, following inscriptional and numismatic testimony, p. 37 ).

Ces recherches archéologiques convergent avec notre exégèse scientifique du Coran pour aboutir à de surprenantes mais solides conclusions remettant en cause les événements, c’est-à-dire l’“ Hégire ”, qu’il était convenu de considérer comme ayant marqué le début de l’islam, en 622.

Ce n’est que bien plus tard, à Bagdad, que les changements politiques de grande échelle qui suivirent cette grande victoire des Byzantins en 622 sur les Perses reçurent une “ signification musulmane ”. En réalité, une ère nouvelle commençait : la période de gouvernement autonome des chrétiens arabes.

“ INVISIBLE CONQUÊTE ”

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Les arabes ont-ils vraiment surgi d’Arabie en brandissant le Coran au nom d’Allah et de son prophète Mahomet comme le raconte l’histoire établie trois siècles plus tard par les historiens musulmans ?

En réalité, comme l’a bien montré frère Bruno dans une étude inédite sur les invasions arabes, la « conquête musulmane » fut plutôt une sorte de “ sub-version ” gagnant de proche en proche des provinces de l’empire déjà très livrées à la révolte.

LA FIN DE LA DOMINATION BYZANTINE AU PROCHE ET AU MOYEN-ORIENT

Au lendemain de la victoire, l’Arménie, la Méso-potamie byzantine, la Syrie, la Palestine et l’Égypte furent restituées à Byzance. Mais voici comment notre Père décrit la situation de l’empire d’Héraclius en 630 : elle « n’est brillante qu’en apparence. Les Grecs que l’on a appelés au secours contre les Perses sont aussi détestés des populations de Syrie et d’Égypte pour de subtiles dissensions religieuses indéfiniment envenimées. Tout l’Orient “ monophysite ” accentuant, exagérant l’unité de l’être divin du Christ, vomit les Byzantins fidèles au dogme de Chalcédoine, autant que les Perses tombés carrément dans le nestoria-nisme [...]. Les maigres garnisons aux ordres d’un lointain empereur, lui-même préoccupé par la menace des barbares qui franchissent le Danube et rôdent aux abords de Constantinople ne sont pas dans une situation confortable. L’Empire perse, à l’autre bout du désert, n’est plus que l’ombre de sa grandeur et de sa force passée. Le monde va basculer. »

Les arabes pillards ne sont plus arrêtés par les anciens États fédérés ghassanides et lakhmides, et réapparaissent dès la fin de la guerre. En Syrie, l’ef-fondrement du système économique d’échange avec les populations sédentaires pousse les nomades à engager une conquête pure et simple afin de garantir un flot stable de marchandises et de denrées pour leur subsistance.

Le premier témoignage de ce “ réveil arabe ” pour reprendre l’expression employée par notre Père, « se trouve dans l’homélie de Noël du patriarche de Jérusalem, saint Sophrone, en 634. Il dit l’impossi-bilité où l’on a été de se rendre en procession à Bethléem, la nuit précédente, à cause de l’insécurité de la campagne. »

Les premières batailles livrées par les bandes arabes contre les armées d’Héraclius semblent révéler une véritable offensive contre la Ville sainte, première conquête des arabes en Palestine puisque, contraire-ment à la chronologie reçue, il faut placer la chute de Gaza après la prise de Jérusalem. La déroute des Byzantins à Adjnâdain, en 634, la chute des villes de Syrie ; Émèse, Tibériade et Damas, de janvier à

août 635, leur évacuation à l’approche d’une nouvelle armée byzantine puis leur reconquête après la bataille de l’Yarmouk, en août 636, semblent bien avoir ouvert le chemin de Jérusalem aux arabes. D’An-tioche, Héraclius regagne alors l’Asie Mineure et donne l’ordre d’apporter la Vraie Croix de Jérusalem à Constantinople.

En 638, saint Sophrone ouvre les portes de Jéru-salem aux arabes. La chute de la Ville sainte leur ouvre la route du littoral et la prise de Gaza leur livre le passage de l’Égypte. La prise d’Antioche en 638 et celle de Césarée en 639, achèvent la conquête de la Syrie-Palestine et engagent les arabes dans la conquête de la Mésopotamie byzantine et de l’Arménie.

Les témoignages montrent qu’en Égypte, où les arabes pénètrent en 639, l’invasion ne fut nullement préméditée. Or, le chef de l’expédition, Amrou, adopta un plan stratégique d’une grande habileté... qui n’avait pu lui être dicté que par des indigènes. En effet, les monophysites, favorisés pendant l’occupation perse, accueillent les envahisseurs, les renseignent sur les troupes byzantines et les guident à travers le delta du Nil jusqu’au cœur du pays. L’invasion arabe prend très vite la tournure d’une révolution copte.

Le cas de l’Arménie est encore plus typique de ce caractère plus “ subversif ” que conquérant de l’invasion arabe. Les bédouins y ravagèrent le plat pays mais échouèrent devant la plupart des places fortes et essuyèrent même de lourdes pertes face aux Byzantins. C’est le refus des Arméniens de s’unir à l’Église de Constantinople et de reconnaître le concile de Chalcédoine, ordonné par l’empereur Constant vers 650 qui les conduisit à préférer la domination arabe à celle de l’Empire. Lorsque l’empereur intervient mili-tairement dans le pays, ce n’est ni contre les arabes ni contre l’islam, mais contre les Arméniens rebelles et le monophysisme.

Arrêtons-nous ici sur les traces des “ conqué-rants ” arabes. Ces deux exemples de l’Égypte et de l’Arménie illustrent assez que les arabes ne firent que profiter de l’affaiblissement militaire des Byzantins et de leurs divisions religieuses sans chercher à imposer un islam... qui n’existait pas encore.

“ RESTAURER LES ASSISES DU TEMPLE ”

Frère Bruno a montré que dès 634, Jérusalem fut le but des expéditions arabes en Syrie -Palestine. Cela révèle-t-il une intention en lien avec notre exégèse du Coran ? Nous avons vu qu’il s’ouvre sur une invitation pressante faite aux fils d’Ismaël de monter à Jérusalem, dans le but de rétablir les assises du « Temple dévasté » ( II, 127 ). Cela eut lieu en 614, selon notre hypothèse, lors de la prise de Jérusalem par les Perses, aidés des juifs et d’un parti de sarrasins.

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Les arabes s’attelèrent-ils dès 638 à cette tâche de rétablir les « assises du Temple » ? Nous possédons un court récit anonyme qui montre le patriarche saint Sophrone de Jérusalem, mort en 639, indigné de voir un diacre de son clergé, habile marbrier, apporter comme rétribution – en guise d’impôt, donc – son aide aux arabes.

Sous le règne de Maawia ( 660-680 ), Anastase le Sinaïte, moine au Sinaï, passant à Jérusalem, assiste aux importants travaux qui ont lieu sur l’esplanade du Temple, en face du mont des Oliviers, et il se fait l’écho, pour s’y opposer, du bruit qui se répand : les arabes sont en train de reconstruire le Temple de Dieu. Un évêque Franc, Arculf, en pèlerinage à Jérusalem en 670 décrit cet édifice, qui devait se trouver à l’em-placement de l’actuelle mosquée  ’Al-Aqsa, comme un bâtiment « assez laid », dont les murs consistaient en un assemblage de simples planches mais capable de contenir environ trois mille personnes.

Quelle est la religion de ceux qui travaillent ainsi à restaurer les « assises du temple » sur l’esplanade de l’ancien temple juif détruit par les armées de Titus en 70 ? Les chroniques contemporaines ne contiennent aucune trace de l’existence de l’islam au cours de la conquête et dans les premières décennies de l’occupation des anciennes provinces byzantines, bien au contraire...

UNE “ ÈRE ARABE ” CHRÉTIENNE ?

Les premières décennies de l’ “ ère des arabes ” nous dépeignent les conquérants en souverains chré-tiens... En 660, Maawia qui reçut l’allégeance d’une assemblée de chefs arabes à Jérusalem, pria au Golgotha, au jardin de Gethsémani et au tombeau de la Sainte Vierge ( Joachim Gnilka, Qui sont les Chrétiens du coran ? p. 155 ). En établissant sa capi-tale à Damas, il se mettait sous la protection d’un pro-phète : saint Jean-Baptiste, dont la basilique abritait la tombe. La crypte renfermant le chef de Jean-Baptiste rivalisait avec l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem.

Par ailleurs, Maawia bat monnaie à l’effigie de saint Jean-Baptiste, avec une colombe, ou un agneau.

D’autres pièces arabes frappées de la Croix et datant de la même période représentent des chefs arabes en souverains chrétiens. Des monnaies de cuivre, datées du début de l’ère des arabes, sont frappées de la Croix et représentent des chefs arabes en souverains chrétiens, selon la manière byzantine. Sur certaines, on trouve aussi la représentation du chef de saint Jean-Baptiste, ou de l’Agnus Dei.

Des monnaies en cuivre trouvées en Palestine, ou en Syrie, toujours frappées du signe de la Croix et portant en légende “ SION ”, manifestent que les arabes chrétiens, à l’époque du règne de Maawia, se considéraient comme les héritiers de la tradition d’Israël.

Historiens et archéologues sont aussi forcés de constater l’absence de rupture véritable entre la période byzantine et la période dite “ musulmane ”, au point que l’un d’entre eux n’a pas hésité à parler d’ “ invisible conquête ”. Certaines mosaïques, mises au jour par les fouilles, sont parsemées d’inscriptions qui permettent d’identifier les évêques et d’attester la survivance des églises chrétiennes après ce qu’il est convenu d’appeler “ la conquête musulmane ”.

Les fouilles menées dans les localités de Rihab et de Khirbat es-Samra montrent, par exemple, qu’au moment même ( 634-635 ) où les arabes occupaient Bosra, siège métropolitain de la province d’Arabie dont dépendaient les deux villages, la population avait commencé l’édification de plusieurs églises. « Si l’on tient compte du temps nécessaire à l’achèvement de ces constructions, il faut en conclure que la population de ces deux villages continua à vivre tranquillement, comme ignorante des bouleversements politiques [...]. » ( Michele Piccirillo, L’Arabie chrétienne, p. 222-223 )

Par ailleurs, les fouilles archéologiques révèlent la construction ou la restauration d’églises longtemps après la conquête arabe dans l’ancienne province d’Arabie : à Rihab, l’église Saint-Serge, construite et décorée de mosaïques en 691, à Quwaysmah, la restauration d’une mosaïque datée de 717, etc., jusqu’à la mosaïque de l’église de la Vierge à Madaba, datée de 767 !

L’ HÉRÉSIE DES ISMAÉLITES

“ LE CHRIST-JÉSUS, FILS DE MARIE ”

Les inscriptions ornant la mosaïque de l’église de la Vierge sont un touchant témoignage de la dévotion de la population de Madaba pour la Sainte Vierge « sainte et immaculée Reine », « Mère virginale de Dieu » et Notre-Seigneur, « engendré par elle, roi universel, fils unique du Dieu Unique » mais prennent aussi la signification d’une identité revendiquée de la part « du peuple amant du Christ de cette ville de Madaba ».

Le Père Piccirillo fait en effet remarquer que la formulation, la précision méticuleuse des qualificatifs, l’affirmation ferme de la maternité divine et virginale de la Sainte Vierge signifient que le peuple de Madaba « se range clairement du côté des tenants de l’orthodoxie » ( op.  cit., p. 238 ).

Les travaux de frère Bruno démontrent précisément que l’auteur du Coran polémique contre l’idée que les chrétiens se font du culte rendu à Notre-Seigneur et à sa Divine Mère, comme ici : «  Jadis, ils ont apostasié,

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ceux qui ont dit : “ Voici le Dieu, Lui, le Christ, fils de Marie ”, alors que le Christ disait : “ Ô fils d’Israël, servez le Dieu, mon Maître et votre Maître ! ” » ( V, 72 )

L’appellation « fils de Marie » est destinée à sup-planter définitivement le nom de « Fils du Très-Haut » ( Lc 1, 32 ). L’auteur manifeste également sa connaissance de l’Évangile de saint Jean en corrigeant la parole de Jésus « mon Père et votre Père » ( Jn 20, 17 ), en « mon Maître et votre Maître » ( III, 51 ). Comme saint Paul, l’auteur nomme Jésus « le Christ », mais en le dépouillant de sa royauté de Fils de David, donc de sa messianité elle-même. Car « la royauté des Cieux et de la Terre et de ce qu’ils contiennent appartient au Dieu » ( V, 120 ).

La polémique antitrinitaire affleure partout, dès la sourate  I où “ le Dieu ” reçoit les plus beaux noms, « miséricordieux », « maître », « roi »... mais jamais celui de Père, car il n’a pas d’enfant.

LE SCHISME

En dehors du Coran, le premier témoignage histo-rique daté de cette hérésie et du schisme qui s’ensui-vit se situe à Jérusalem, sur l’esplanade du Temple, à l’intérieur du Dôme du Rocher, édifié sous le règne d’Abd el-Malik ( 685-705 ).

Le plan et la construction du Dôme du Rocher le rattachent à une ancienne tradition de l’architecture byzantine, représentée par des monuments situés à Ravenne en Italie, mais aussi en Syrie ( Saint-Siméon, à Bosra ), et par le Saint-Sépulcre de Jérusalem, dont il imite la rotonde. Le Dôme du Rocher formait certainement avec la mosquée al-Aqsa, un ensemble imitant la basilique primitive du Saint-Sépulcre, alors de style constantinien. Mais dans quel dessein ?

Sous la coupole du Dôme se trouve le Rocher, que le Coran appelle le maqâm, le « lieu » d’Abraham.

C’est le point le plus élevé du mont du Temple, là où, selon l’antique tradition, Abraham monta, avec son fils Isaac, afin de l’offrir à Dieu en sacrifice ( Gn 22, 2 ). C’est là que se dressait le Saint des saints ou l’autel des holocaustes de l’ancien Temple.

Or, dans la basilique du Saint-Sépulcre, la roche affleure elle aussi, au lieu même de la crucifixion, de l’ensevelissement et de la Résurrection de Notre- Seigneur... que nie le Coran : « [...] ils ne l’ont pas tué ni crucifié, et c’est pourquoi il est revenu vers eux [...]. » ( IV, 157 )

Plus d’une centaine d’inscriptions ornent actuel-lement l’intérieur du Dôme du Rocher. Mais quatre d’entre elles, courant le long des arcades internes, remontent, selon les archéologues, à la construction du Dôme. Elles constituent une véritable profession de foi antitrinitaire comme en témoigne ce passage, que l’on retrouve dans la sourate  IV, verset  171 : « Ô vous, gens de l’Écriture, ne vous prévalez pas de votre justice et ne dites sur le Dieu que ce qui est conforme à la loi : le Christ-Jésus, fils de Marie n’est qu’un oracle du Dieu. »

Le mot islâm se trouve dans la dernière section de l’inscription et est habituellement compris comme la manifestation de cette nouvelle religion révélée à Mahomet. Il s’agit de la phrase que nous retrouvons au verset  19 de la troisième sourate, habituellement traduit ainsi : « La (seule vraie) religion aux yeux de Dieu, c’est l’islam. » La glose que nécessite cette traduction n’est pas dans le texte. En réalité, l’exégèse de ce verset, liée à celle des autres sourates nous indique un sens différent qui prend toute sa force en un tel lieu, où les arabes pensent retrouver la perfec-tion originelle, en Abraham et Ismaël.

En effet, c’est de la racine šlm, commune à l’hébreu et l’araméen qu’est dérivé le mot islâm, “ perfection ”, qui désigne “ la justice ”, ’ad-dîn, dont

est revêtu Abraham. Il s’agit de la perfection morale requise du fidèle pour être l’hôte de Dieu sur la Montagne sainte, c’est-à-dire pour lui rendre un culte. C’est la perfection de l’âme en paix avec Dieu, dont Abraham demeure le modèle. « La justice, aux yeux de Dieu, c’est la perfection. »

L’ IMMENSE ORGUEIL D’ UN DISSIDENT

Une cinquantaine d’années après la construction du Dôme du Rocher, entre 743 et 745, saint Jean Damas-cène consacre le dernier chapitre de son Livre des hérésies à la centième, qu’il intitule “ La religion des Ismaélites ”.

L’esplanade de l’ancien Temple de Jérusalem avec le Dôme du Rocher. Dans son prolongement  à  droite, la mosquée al-Aqsa. En contrebas à  gauche, le Mur des Lamentations, vestige du mur de soutènement de l’esplanade bâtie par Hérode.

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C’est la première fois qu’un auteur ecclésiastique mentionne le Coran et s’occupe du mahométisme. Saint Jean Damascène dénonce avec une ironie mordante “ la superstition des Ismaéliens, séductrice, prodrome de l’Antichrist [...], qui suivent un faux prophète nommé Mamed. ” Saint Jean Damascène donne un aperçu de leur “ livre ” qui suffit à l’identifier avec le Coran tel que nous le connaissons et manifeste qu’il avait une bonne connaissance de cette nouvelle hérésie. Notons qu’il ignore les termes “ islam ”, “ musulman ” et même “ Coran ”, mais qu’il fait déjà état de la tradition musulmane, en tenant “ Mamed ” pour le nom de ce faux prophète.

Muḥammadun revient dix fois dans les inscriptions des arcades internes du Dôme du Rocher. Dans le Coran, le mot revient quatre fois. Morphologique-ment, il est un participe passif, dérivé de la racine hébraïque ḥmd, qui a le sens de “ désirer, convoiter ”. Frère Bruno le traduisait par « Bien-Aimé » : objet des faveurs divines.

Le terme Muḥammadun apparaît pour la première fois au verset 144 de la sourate  III : « Un “ bien-aimé ” ( muḥammadun ) n’est qu’un oracle, déjà était faible avant lui l’oracle. Même s’il mourait, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos pas ?  [...] » Il qua-lifie un homme, oracle du Dieu, en transposant en

langue arabe l’appellation  ’îš ḥamudôt, « homme des prédilections », par laquelle l’ange Gabriel s’adresse de la part de Yahweh au prophète Daniel ( Dn 9, 23 ).

Si ce mot désigne indubitablement l’auteur du Coran, est-ce son nom propre, comme le croyait déjà saint Jean Damascène ? Pour frère Bruno, il est difficile de l’affirmer, mais l’important réside ailleurs. Il manquait à saint Jean Damascène le travail scien-tifique de frère Bruno qui permit à notre Père de comprendre parfaitement la volonté systématique de l’auteur « de contredire le Christ, de le blasphémer et, finalement, de se substituer à lui. Comme saint Paul n’hé-sitait pas à s’identifier au Christ, mais en disciple fervent, ce génie religieux et homme d’action d’une rare puissance fait de même, mais en dissident. » ( Postface au troisième tome du Coran, p. 323 )

Ainsi le Saint-Sacrifice est-il évacué au profit de la restauration des sacrifices d’animaux, la filiation divine de Jésus niée par de savantes déformations de ses paroles authentiques et le fait historique de la Crucifixion nié afin de retirer à Notre-Seigneur sa puissance royale par son exaltation sur la Croix.

Car l’auteur se dit l’ “ oracle ” du « Dieu vivant », objet de la faveur divine, venant après le Christ-Jésus et annoncé par lui.

C O N C L U S I O N

Voilà notre hérésie qui entre ainsi, « par la petite porte, dans l’histoire des religions », écrit notre Père. « Le témoignage de saint Jean Damascène est capital. Il nous permet d’affirmer que l’islam commence à se répandre parmi les arabes comme une secte nouvelle un bon siècle après les prétendus événements de La  Mecque. »

Que retenir de ce survol historique de la genèse de l’islam et de la naissance du Coran au cours du premier siècle de l’ “ ère des arabes ” ? Un certain nombre de points qui tous, contredisent la légende musulmane des origines de l’islam.

L’hérésie des Ismaélites est née sur un terreau chrétien, ce que l’exégèse du Coran, en plus des découvertes archéologiques, prouve abondamment. Nous la voyons se développer lentement tout au long du septième siècle, sur l’esplanade du Temple, à Jérusalem, dont les arabes ont restauré les assises et remonté les murs.

Mais loin d’être un retour pur et simple au temple d’Hérode, le « lieu d’Abraham » célèbre le dépassement de la vieille querelle entre juifs et chré-tiens, en restaurant tout dans la religion « parfaite » d’Abraham... et d’Ismaël.

Or, tout ce mouvement s’opère sous la domination de chefs arabes chrétiens, dans un contexte chrétien, du moins jusqu’à Abd el-Malik, au tournant du

septième et du huitième siècle, ce que la légende musulmane ne permettait pas de soupçonner ! Nous sommes très loin de La  Mecque, de Mahomet, et d’une fulgurante et irrésistible conquête de l’ancien Orient byzantin par le Coran...

Et pourtant, le témoignage de saint Jean Damas-cène, nous indique qu’il y a bien un « livre », dont il donne un aperçu, et que l’on parle déjà d’un « pro-phète nommé Mamed »...

Laissons l’abbé de Nantes, notre Père, conclure lui-même cet exposé :

« Saint Jean Damascène [...] mourra paisiblement en 749 dans sa cellule de moine, honoré de l’ami-tié du calife de Damas. Mais précisément, celui-ci sera renversé l’année suivante et tous les Omeyyades assassinés.

« Une nouvelle histoire arabe commence à Bagdad [avec la nouvelle dynastie des Abbassides], mais cette fois, elle est intégralement musulmane. La secte a conquis le pouvoir, elle va se refaire un incroyable et merveilleux passé à sa guise et jamais les Occiden-taux ne les chipoteront sur leurs légendes. »

Il reste donc à tâcher de continuer à démêler le vrai du faux en faisant œuvre scientifique pour l’amour du Cœur Immaculé de Marie et le salut des âmes !

frère Michel - Marie du Cabeço.

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A NGOR PATR I Æ

LE quinquennat Hollande s’achève sur un désastre comparable à celui de 1940 hérité du Front

populaire, y compris l’invasion étrangère, celle d’un islam conquérant dont le totalitarisme ne le cède en rien à celui du nazisme. Pour faire face, un seul homme a le courage de se dresser : François Fillon.

Les raisons de le soutenir et de  voter pour lui, dès le premier tour, sont impératives. Il y va du salut de la France et de l’avenir de la civilisation chré-tienne. C’est pourquoi il me faut en faire un devoir aux phalangistes, nonobstant toutes les objections que je n’ignore pas. Mais le débat du lundi 20 mars sur les ondes de TF 1 a montré que nous n’avons pas le choix. Il est le seul candidat à comprendre les raisons de  notre  angoisse  de  la  Patrie et à la partager. Il est honnête et dit la vérité : la dette abyssale creusée par cinq ans de démagogie socialiste, la pauvreté qui atteint un taux jamais vu dans notre pays, l’insécurité grandissante. Et il explique ce qu’il est possible de faire, sans détour, dans un discours accessible à tous.

Pour la journée consacrée à sainte Jeanne d’Arc, à Paris, le dimanche 12  mai 1985, notre Père célébrait la Messe à la Mutualité. Dans son homélie, il disait le mot de la situation : « Il faut retrouver une autorité politique souveraine, capable, elle, de se consacrer au bien commun. » Actuel, non ?

UN CHEF CATHOLIQUE

« Ce que nous aspirons à retrouver, c’est, à l’exemple de Jeanne d’Arc, un gouvernement fort, autoritaire, capable de sauver les Français d’eux-mêmes, en leur imposant les lois, les exigences du bien commun avant le souci de leurs intérêts parti-culiers. » C’est précisément à quoi François Fillon a appelé les Français accourus en foule au Trocadéro, dimanche 5 mars. À croire qu’il répondait à l’ap-pel de l’abbé de Nantes : « Nous prions pour que se lèvent des hommes providentiels – je dis bien le mot, il n’y en a pas d’autre –, nous n’avons plus personne, nous n’avons plus de grands caractères, de grandes personnalités qui soient, au moment du danger qui viendra demain, qui soient capables en un seul moment de se dresser en gouvernement de salut public et nous montrer la voie de l’honneur, la voie de la liberté. Il faut prier Dieu qu’Il nous en donne ! »

Aujourd’hui, il nous en donne un. Et la preuve que Fillon est l’instrument de la Providence, c’est le déchaînement de toutes les forces de l’enfer contre lui... Plus précisément : contre l’inspiration chrétienne qui réapparaît dans le vote catholique aux primaires, et qui vient contredire le libéralisme-roi.

À vrai dire, le programme de François Fillon reste celui d’un conservateur libéral, et les influences chré-tiennes se réduisent à quelques petites concessions.

Cependant, il est certain que son “ affaire ” a démarré deux semaines après son « Je suis chrétien ».

Car nous sommes exactement dans la situation prévue par notre père dans sa conférence du 12  no-vembre 1995 : « Ce qui, dès 1996, peut paraître possible avec l’aide de Dieu, c’est que les meilleurs des gens qui sont dans le gouvernement, ou près du gouvernement, puissent être soutenus pour faire un bon travail au détriment des francs-maçons et que, peu à peu, des hommes s’imposent. »

Avec Fillon et son équipe, nous en sommes là. Au grand dam de la fausse droite qui, après chaque “ alternance ”, sollicitait un adoubement à gauche et faisait une politique de gauche : Giscard d’Estaing, Chirac ; Juppé était leur successeur désigné. C’est raté ! Dans son discours de renonciation, Juppé a parlé d’un « noyau dur radicalisé » autour de Fillon. « Radicalisé » ? comme les djihadistes ? Oui ! Comme les Croisés... Du jour où Fillon a dit «   Je suis chrétien », il a encouru la haine inexpiable de la franc-maçonnerie qui nous gouverne.

Notre rôle à nous de la CRC, disait notre Père, parce que nous sommes catholiques et que nous avons une doctrine politique ferme, est de barrer la route à des aventuriers tels que la famille Le Pen. Il ajoutait :

« À partir du moment où on trempe les mains dans la politique, les choses deviennent horriblement tenta-trices, corruptrices, difficiles, et dès que je dis que la CRC va s’occuper de politique, même indirectement, en restant en marge, dès qu’on parle de politique, on voit toutes les ambitions, les caprices, les jalousies se développer. C’est effrayant ce que la politique est cor-ruptrice, parce que c’est de la politique politicienne.

« Dès que je parle de monsieur Le Pen, je vois des gens qui se lèvent contre moi avec fureur, parce qu’ils sont pour monsieur Le Pen. Il n’y a plus moyen de leur faire entendre raison ! La politique, ce sont des ambitions, des rêves fous, des divisions, des calculs commerciaux. » À l’époque, il espérait en Philippe de Villiers qui lui paraissait «  l’homme de la situation, dans tout ce concert épouvantable, anticlérical, laïcard et maçonnique, matérialiste... il a une femme et des enfants absolument légitimes, il met ses enfants à l’école catholique, il ne cache pas son catholicisme, il est contre l’avortement, etc. Il mérite qu’on s’intéresse un peu à lui. »

Aujourd’hui, vingt ans après, c’est Fillon, instru-ment d’un choix qui le dépasse, signifié par l’élan populaire du Trocadéro. Les électeurs de la primaire lui ont sauvé la mise : une marée humaine à la fois déterminée et bon enfant qui agitait des drapeaux tricolores. À lui de jouer, maintenant, au service du bien commun. D’abord par une campagne vigoureuse, victorieuse, dès le dimanche 23 avril, fête de saint Georges ! frère Bruno de Jésus - Marie.

LA LIGUE No 174 - P. 34

« PHALANGE AU COMBAT… »

DEPUIS le péché originel,  sous la gouverne du diable,

les conservateurs du “ désordre établi ” ne savent faire qu’une chose : se maintenir au pouvoir. Tous ennemis les uns des autres, pires que des hyènes, ils sont cependant capables de s’unir en toute « Liberté, Égalité, Frater-

nité » pour faire « front », même « national », et tous se mettre « en marche » contre « le juste de la droite du Seigneur » qui menace le “ désordre établi ” dont ils profitent.

JÉSUS, MARIE, FRANÇOIS DANS LA TOURMENTE .

Prodigieuse convergence de l’actualité liturgique, politique et ecclésiale ce mois-ci, dont seule la Phalange de l’Immaculée peut goûter la sagesse, la beauté, en raison des enseignements que frère Bruno ne cesse de lui communiquer, pour penser clair, comme aussi de la vigoureuse direction qu’il lui indique, au plus vif et au plus chaud de l’actualité, pour marcher droit ( Angor Patriæ, supra, p. 33 ). Réalisons ce qu’est la grâce de ce catholicisme de doctrine et d’action, d’un christocentrisme intégral, marial par conséquent, non seulement à contre-courant de ses contrefaçons religieuses et politiques, mais qui démasque chaque mois leur hypocrisie, leur nocivité, leur crime. N’est-ce pas cela que l’Esprit-Saint voulait suggérer aux Pères du concile Vatican II, lorsqu’il leur demandait de sortir de leur conservatisme tranquille et moralisant pour être « attentifs aux signes des temps » et « servir le monde et les hommes de ce temps ? »

Si la liturgie nous engage à suivre le Christ dans les jours de sa Passion, s’il est juste et bon de communier d’esprit et de cœur aux controverses qu’il soutint face à la haine déicide des autorités de Jérusalem, ce n’est pas pour fuir et se taire quand aujourd’hui on porte atteinte à la réputation d’un de ses frères ? D’autant plus que celui-ci, François Fillon, subit les outrages d’ennemis aussi pervers, et qu’apparemment insensible à leurs coups, il est tout absorbé par sa mission providentielle de salut national (  supra, p. 33 ).

Entre le Sauveur du monde et celui qui semble être le plus à même de gouverner la nation “ fille aînée ” de son Église, il existe une troisième petite personne, « juste », par excellence et par voie de conséquence, c’est la Vierge Marie, l’Immaculée Conception, leur Mère et Reine à tous deux. C’est finalement Elle qui est le plus à plaindre, car c’est Elle qui est le plus méprisée, tellement méchamment, comme ne cesse de nous le faire comprendre frère

Bruno tout au long d’une prédication, qui est un véri-table cœur à cœur avec sœur Lucie, la messagère de Notre-Dame de Fatima (  Contre-Révolution mariale, IV, supra, p. 5-20 ).

OÙ EST LE PAPE FRANÇOIS DANS CETTE PASSION ?

Dans sa quatrième supplique au Saint-Père, ( supra, p. 1-5 ) frère Bruno démontre que ce sont deux hérésies, deux désorientations conciliaires, dé-noncées à trois reprises par l’abbé de Nantes, qui rendent le pape François étrangement insensible aux demandes de la Vierge Marie. Notre-Dame de Fatima gémit et pleure sur le sort de son Souverain Pontife, comme jadis Jésus sur Jérusalem. Dieu veut qu’il consacre la Russie au Cœur Immaculé de Marie et qu’il répande la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois ; mais lui, François, « ne veut ou ne peut pas », toujours est-il qu’il tarde à entrer dans l’Alliance que lui propose l’Immaculée...

Alors, la vision du troisième secret se réalise : souffrances et mort du Saint-Père ; mort des martyrs et mort apparente de l’Église qui se vide de sa subs-tance ; mort des guerres dans le monde, éternité de souffrances pour les âmes des pauvres pécheurs. Si la justice de Dieu outragée par la folie des hommes n’anéantit pas le monde dans un déluge de feu, c’est grâce à la Divine Marie, qui s’interpose, Dieu ayant déposé dans son Cœur Immaculé tout l’ordre de la Miséricorde.

Elle n’a donc rien à voir avec cette « Madone superstar » ( supra, p. 4 ) qui infeste le Ciel de Med-jugorge et de l’Église sans que personne, pas même le pape François ! n’ose la chasser. Non ! Notre-Dame de Fatima est plus que jamais « la Femme » de l’Apocalypse ( cf. Ap 12 ), notre Mère à tous qui prie, milite et souffre pour nous sauver.

VŒUX PERPÉTUELS

Le samedi 18 mars, notre frère Pierre - Julien de la Divine Marie prononçait ses vœux perpétuels à la maison Saint-Joseph, entouré de sa proche famille, et en présence de tous les frères réunis pour la cir-constance. Ceux des différents ermitages de France étaient présents de corps, tandis que ceux du Canada l’étaient d’une manière sui generis, sous le mode de la plus pointue technologie informatique. Une perfor-mance de “ l’équipe de Seb ”, qui permit aux frères et sœurs canadiens de diriger eux-mêmes les caméras robotisées de la chapelle. Ils ne perdirent donc rien des beautés et bontés de la cérémonie.

Elle débuta par une procession intra- muros ; « l’éclat du soleil » du dehors n’étant pas au rendez-vous,

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celui de « la gloire de Dieu » (cf. Ap 21, 23 ), que les frères proclamaient en chantant le Vexilla Regis illuminait amplement les esprits et les cœurs. Après le Veni creator, commença un admirable dialogue entre le profès et le Prieur. Il s’acheva par le con-sentement – corde magno et animo volenti – de tous les frères et sœurs :

« Oui, nous recevons avec joie et reconnaissance à Dieu dans notre communion fraternelle, et pour toujours notre frère Pierre-Julien de la Divine Marie, à la louange de la gloire de Dieu, pour l’amour de Jésus et le service de l’Église parmi les humains les plus délaissés. »

L’imploration des grandes Litanies des saints est toujours aussi impressionnante. Notre frère s’allon-gea sur le sol, les bras en croix. Les yeux clos, le visage figé dans l’immobilité de la mort. Il semblait vraiment mort, et lorsque le linceul noir le découvrit, on crut pendant quelques secondes que le mystère s’était accompli. Mais oui, il s’était bien accompli, et notre frère se releva donc, “ mort ” mais “ ressuscité ”, pour prononcer ses vœux et signer sa Charte de profession. Ensuite se déroula la fraternelle cérémo-nie du baiser de paix à chaque frère, suivi du salut liturgique de l’assistance. Frère Bruno fit une homélie (supra, p. 16-17 ) où les trésors de la Bible et des apparitions de Fatima se prêtent un mutuel appui, à contre-courant des écolâtres intégristes ou progres-sistes, pour chanter les gloires de la Divine Marie, et compatir à la « tristesse de Dieu ». À la fin de la messe, Te Deum d’action de grâces et procession de sortie au chant de “ Mère de l’Espérance ”.

Nos sœurs avaient préparé pour la famille et l’en-semble des frères un festin, beau et bon, très convi-vial et fraternel surtout. En l’honneur du spécialiste de la Russie nos frères avaient composé un chant de circonstance où tout, paroles, rythmes, clochettes et percussions, chantaient les louanges de la “ Divine Marie de Russie ”. Chant d’un vigoureux et marial nationalisme russe.

Après le repas, nous sommes allés à la chapelle pour réciter le chapelet, entendre le sermon (supra, p. 17-19 ) de frère Bruno, véritable thérapie de choc sur l’enfer ; la même que la Vierge Marie donna à son petit voyant François, et à travers lui à un autre François, ainsi qu’à toute l’Église, afin de nous rejoindre tous...

Cette journée d’une charité fraternelle sans nuages s’acheva en beauté par une bénédiction donnée con-jointement par Jésus-Hostie et le prêtre “ que son cœur aime ”...

PRISE D’HABIT.

Le lendemain dimanche 19 mars, mêmes joies spirituelles, même charité fraternelle et familiale, mêmes délicieuses agapes chez nos sœurs, le tout

cette fois sous l’égide de saint Joseph au jour de sa fête, et pour la prise d’habit d’Henri-Bénigne de Fleurian. Le “ H B ” bien connu de nos camps est désormais parmi nous « en témoignage des liens mys-tiques qui l’unissent à son doux Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, et en signe de sa vocation nouvelle et éternelle », frère Henri - Bénigne de la Sainte Trinité. Deux sermons de frère Bruno (supra, p. 19-21 ) com-posent un petit traité sur la Trinité, fort abordable et des plus aimable, où une fois de plus la révélation de Fatima jointe à la doctrine mystique de notre bienheureux Père nous font goûter qui est Dieu, combien Il nous aime, et comment aussi son mystère intime a été chéri, notamment par sainte Élisabeth de la Trinité.

RETRAITES DES ENFANTS

Le samedi 12 et dimanche 13 mars, la retraite des enfants dirigée par frère Gérard se déroula dans un de ces cadres enchanteurs dont la Bretagne a le secret : une très belle église romane sur son promon-toire, une vaste “ salle d’exercices ”, et quatre bons prêtres qui s’annonçaient pour confesser les enfants au début de ce samedi après-midi...

En ce centenaire des apparitions de Notre-Dame de Fatima, notre communion phalangiste bretonne allait renouer avec l’esprit pénitent des premiers pèlerins portugais, et la proverbiale sollicitude de nos hôtes être mise à l’épreuve de mille manières. Frère Guy assistait heureusement frère Gérard, il a tout vu, tout entendu :

«  La retraite commença dans des conditions ex-trêmes : un prédicateur aphone et une maîtresse de maison qui se cassa la jambe deux heures avant l’ar-rivée des enfants. Mais c’est à ce prix que le Ciel répandit ses grâces en abondance ! Finalement, notre hôtesse sut diriger depuis sa chambre d’hôpital une équipe de mères de famille dévouées. Frère Gérard quant à lui, força son peu de voix, et réussit à en-seigner sa soixantaine d’enfants de sept à quinze ans venus de toute la Bretagne et au-delà.

« Afin de bien préparer les enfants à notre pro-chain pèlerinage à Fatima, frère Gérard leur fit une rétrospective des apparitions de la Sainte Vierge depuis 1830. Chaque enfant avait devant lui une pile d’images illustrant les différentes apparitions de la Vierge Marie, à charge pour lui de les coller sur son carnet au fur et à mesure que notre frère racontait les apparitions, et de se constituer ainsi son “ Album de la Sainte Vierge ”. Tous comprirent que depuis 1830, l’Immaculée avait engagé ici-bas un combat décisif contre Satan. Et de la rue du Bac à l’Île-Bouchard, en passant par Notre-Dame-des-Victoires, Lourdes, Loigny, Pontmain, Lisieux, le Cap-de-la-Madeleine et surtout Fatima, Elle vient au

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Directeur de la publication : Frère Gérard Cousin. Commission paritaire 0318 G 80889.Impression : Association La Contre-Réforme Catholique.

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POUR LES PAYS D’EUROPE 36 €, AUTRES PAYS 60 €, par avion 70 €.

secours de ses enfants, contre la race des suppôts du démon : athées, francs-maçons, libéraux, modernistes, démocrates-chrétiens et autres sectateurs des “ erreurs de la Russie ”. Frère Gérard se plut à nous montrer les liens multiples qui unissent tous ces événements, comment ils se préparent, se répondent, se complètent les uns les autres, constituant ce que notre Père appelait “ l’orthodromie mariale ”. Le message et les apparitions de Fatima en constituent le sommet, car ils nous assurent du triomphe final de Notre-Dame, par la dévotion à son Cœur Immaculé.

« Avant de renvoyer ses enfants dans le monde, frère Gérard devait leur faire prendre de bonnes réso-lutions, en leur proposant notamment celle-ci : deman-der à leurs parents quel effort il leur fallait accomplir afin de se bien préparer au pèlerinage de Fatima.

« Départ à pied pour la messe de 11 heures ; notre arrivée dans les petites rues de la ville en récitant le chapelet fit grande impression et réconforta beaucoup les paroissiens habituels, ainsi que le prédicateur qui nous remercia chaleureusement au début de son homélie.

« Un dernier chapelet à l’église du village puis, après un goûter très convivial, les amis se sépa-rèrent. Ils dirent au revoir à frère Gérard dans un assaut de reconnaissance, tandis que notre frère leur rendait la pareille par-devers lui tant ils avaient été si aimablement et, pour certains, si héroïquement dévoués.

« La retraite à la maison Saint-Joseph pour le reste des enfants de la Phalange sera prêchée de nouveau lors de la fin de semaine des 8 et 9 avril. »

COURRIER DES LECTEURS

REDÉCOUVERTE  DE  FATIMA .

« Mon bien cher frère Pierre,« Je voulais vous écrire depuis quelque temps,

pour remercier frère François de ses articles (   Il est ressuscité d’octobre et de novembre 2016 ) qui expliquent Fatima en réfutant l’esprit moderniste anti-Fatima. Ce contraste m’a fait comprendre pour la première fois, je crois, les apparitions de Fatima. Fatima, comme le chapelet, au premier abord cela paraît trop simple. Il faut des ennemis acharnés comme ces horribles du prétendu Congrès marial sur Fatima pour mettre en relief la force de ces vérités. Voir à quel point ils les détestent ( les vérités) ça me les fait aimer. En particulier de voir qu’ils ne supportent pas l’idée que les enfants ont rapporté des

faits historiques ; d’un seul coup ça me fait aimer le récit alors que j’étais tanné de l’entendre et que je n’y trouvais plus aucun intérêt. Pas seulement par goût de la contradiction, ça c’est le premier mou-vement, mais parce que d’un coup, comme pour l’Évangile, on se rend compte que dans cette sim-plicité accessible à tous il y a toute la révélation du cœur du Bon Dieu et de la Sainte Vierge, et qu’on passait à côté.

« Même choc, lorsque frère Bruno réfute à la suite de sœur Lucie ceux qui s’opposent à la réci-tation du chapelet comme prière liturgique.

« Un remerciement donc et un encouragement à vous les frères qui faites cette controverse épuisante. Ne faiblissez pas... » A. T.

frère Philippe de la Face de Dieu.

LES NOUVEAUTÉS DU MOIS

DVD : achat 7.50 E. AUDIO – CASSETTES : location (uniquement) 1.50 E .  CD : achat 5 E.

Ajouter le prix du port. La durée de la location est de deux mois.

♦  Conférences mensuelles à  la maison Saint-Joseph. 

Mars 2017

● ACT. La Contre-Réforme catholique sera le règne du Cœur Immaculé de Marie .

1 DVD – 1 cassette – 1 CD.

● L 158 . Georges de Nantes , docteur mystique de la foi catholique . 8 . « Une cathédrale de lumière » .

1 DVD – 1 cassette – 1 CD.

● PI 9 .   3 . Les sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie . Entre Concile et Révolution tranquille .

1 DVD – 1 cassette – 1 CD.

♦  Camp -retraite  de  la  Communion  phalangiste 2016.

Mars 2017

● P C 7 9 . M i l l e a n s d e C h r é t i e n t é . 1 0 . S a i n t A u g u s t i n , P è r e d e l’ O c c i d e n t

c h r é t i e n .11 . U n v r a i s e r m o n d e l’ é v ê q u e A u g u s t i n .

1 cassette – 1 CD.

12 . Le Saint Suaire au centre de la querelle iconoclaste .

1 DVD – 1 cassette – 1 CD.