Xavier DRAY D.I.U. de Pédagogie Médicale Année Universitaire … 2010/8.pdf · 2018. 7. 19. ·...

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0 Xavier DRAY D.I.U. de Pédagogie Médicale Année Universitaire 2009-2010 Modèle pédagogique porcin d’hémorragie gastrique d’origine ulcéreuse

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    Xavier DRAY

    D.I.U. de Pédagogie Médicale

    Année Universitaire 2009-2010

    Modèle pédagogique porcin

    d’hémorragie gastrique d’origine ulcéreuse

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    Remerciements

    Merci et félicitations au Dr Marine Camus-Duboc, interne, représentante des internes du DES

    d’Hépato-Gastroentérologie d’Ile-de-France, pour le développement du modèle décrit dans

    ce mémoire.

    Merci aux internes du DES d’Hépato-gastroentérologie d’Île de France et aux endoscopistes

    experts pour leur participation, ils se reconnaîtront.

    Merci àu Pr Philippe Marteau, pour son soutien et l’élan qu’il a donné au projet.

    Merci à l’équipe du Pr Drouet de l’Institut des Vaisseaux et du Sang pour leurs conseils

    Merci au Pr Anne Lavergne-Slove, anatomo-pathologiste pour son expertise.

    Merci au Pr Coffin et à la Coordination du DES d’Hépato-gastroentérologie d’Île de France

    pour leur intérêt.

    Merci à Karl Storz Endoscopy pour le prêt des endoscopes et pour leur implication dans nos

    projets de recherche à l’Ecole de Chirurgie de l’AP-HP.

    Merci aux sociétés Boston Scientific, Cook Medical, Lifeurope Partners, Olympus France

    pour leur soutien au projet et leur partenariat.

  • 2

    Résumé

    Introduction L’endoscopie digestive souple est la technique de référence de

    traitement de l’hémorragie ulcéreuse gastro-duodénale. Nous avons développé un modèle

    porcin simulant une hémorragie ulcéreuse active, par mucosectomie endoscopique chez des

    animaux vivants sous fortes doses d’anti-agrégants plaquettaires et d’anticoagulation. L’objet

    de notre travail était l’évaluation de ce modèle pour la formation des internes en Hépato-

    Gastroenterérologie.

    Méthodes

    Dix endoscopistes expérimentés et 16 internes du DES d’hépatogastro-entérologie

    (lors d’ateliers de formation avec pré-test et post-test) évaluaient le modèle selon notamment

    des critères de satisfaction globale, de vraisemblance d’abondance et d’intérêt pédagogique

    (échelle de Likert en 4 points).

    Résultats

    L’expertise indépendante par les endoscopistes confirmés concluait à une note

    globale de 7,7 +/- 2,0 sur 10 du modèle. Les scores des internes étaient de 1,9 +/- 0,6 lors du

    pré-test et de 3,5 +/- 0,0 lors du post-test. La satisfaction globale des internes a été de 4,0 +/-

    0 et son intérêt pédagogique était côté à 3,9 +/- 0,3.

    Conclusion

    Le modèle animal proposé simule de façon réaliste une hémorragie ulcéreuse active.

    Son intérêt pédagogique a été évalué favorablement par des experts et des étudiants en

    formation initiale. Des ateliers pratiques en animalerie utilisant le modèle proposé sont

    désormais intégrés dans la maquette du DES d’Hépato-Gastroentérologie.

    Mots-clés :

    Pédagogie médicale ; formation pratique ; endoscopie digestive; modèle animal

  • 3

    Introduction

    Généralités sur les hémorragies digestives sur ulcère peptique

    L’hémorragie digestive haute (HDH) est définie par la survenue d’un saignement

    digestif en amont de l’angle de Treitz. C’est un motif majeur de recours aux soins et

    d’hospitalisation. L’incidence des HDH varie de 48 à 160 cas pour 100 000 habitants par an

    selon les études [1-4]. Malgré les progrès réalisés dans leur prise en charge, la mortalité des

    HDH est de l’ordre de 5 à 10 % [5-7]. La première cause d’HDH est l’ulcère gastro-duodénal

    dans 40 à 60 % des cas [8, 9]. Les patients concernés sont âgés : 68 % des ulcères

    hémorragique survenant après 60 ans et 27 % après 80 ans [10]. Plusieurs données suggèrent

    une diminution d’incidence des HDH ces dernières années avec cependant un nombre stable

    d’HDH sur ulcère peptique [3, 4]. Cette inégalité tient en partie à l’usage croissant des anti-

    inflammatoires non stéroidiens (AINS) et de l’aspirine chez des patients âgés souffrant de

    pathologies cardiovasculaires ou rhumatologiques.

    L’endoscopie est une étape majeure du diagnostic et de la thérapeutique des HDH sur

    ulcères gastro-duodénal. Trois techniques d’hémostase endoscopique sont utilisées en

    pratique courante : l’injection sous-muqueuse de sérum physiologique adrénaliné dans les

    berges de l’ulcère, la pose de clip hémostatique et l’électrocoagulation [11, 12]. Ce traitement

    endoscopique constamment associé à un traitement médical par inhibiteurs de la pompe à

    protons. La récidive hémorragique est la cause la plus fréquente de mortalité [13, 14]. Un

    score endoscopique (classification de Forrest) a été validé pour classer les hémorragies

    ulcéreuses en fonction de leur risque de récidive, et pour juger de la nécessité de réalisé un

    traitement endoscopique systématique sur des lésions à haut risque [15, 16]. Les taux de

    récidive hémorragique varient respectivement de 5 à 55 % selon l’aspect de l’ulcère dans la

    classification de Forrest (cf annexe 2). Les lésions à haut risque incluent : les saignements en

  • 4

    jet (Ia), les saignements en nappe (Ib), les vaisseaux visibles (IIa), le caillot adhérent (IIb).

    Les lésions de risque peu élevé incluent quant à elle : l’ulcère à fond pigmenté (IIb) ou à fond

    propre (III).

    La formation pratique des endoscopistes dans la prise en charge des HDH, affection

    fréquente et grave, est capitale, ainsi que l’évaluation pré-clinique de nouveaux outils et

    techniques d’hémostase endoscopique. Le développement d’un modèle animal simulant un

    saignement actif d’origine ulcéreuse permettrait de répondre à ces besoins.

    Description et limites des modèles animaux d’hémorragie ulcéreuse

    Depuis le début des années 1940, des efforts constants ont été mis en œuvre afin de

    développer un modèle d’ulcère peptique hémorragique chez l’animal. Le premier modèle de

    création d’ulcère a été décrit en 1945 par Shay et al, une ligature pylorique chez le rat

    entraînait 18 heures après la manipulation une perforation gastrique et simulait un ulcère

    perforé. A partir des années 1960, l’administration systémique d’agents pharmacologiques a

    largement été utilisée pour induire des ulcérations gastroduodénales expérimentales chez

    différents animaux. Ces agents incluaient l’histamine, la sérotonine, les cathécholamines, la

    pentagastrine, les salicylates, l’indomethacine, le phenylbutazone, …[17-19] Des agents

    chimiques ont également été testés localement sur la muqueuse gastrique soit par diffusion

    soit par injection sous-muqueuse : HCl (0.1N), alcool à 95 %, et acide acétique [20].

    Cependant, ces ulcères chimiques obtenus dans des délais variables allant de quelques jours à

    quelques semaines étaient rarement hémorragiques et souvent perforants. Ces modèles

    animaux ont été très utilisés pour la compréhension de la physiopathologie de la maladie

    ulcéreuse mais ont perdu de leur intérêt après la découverte de l’implication d’Helicobacter

    pylori dans la pathogénie de l’ulcère gastro-duodénal.

  • 5

    Des méthodes mécaniques ont été testées afin de créer des ulcères hémorragiques :

    biopsies multiples de la muqueuse gastrique sur estomac de chien [21], excision au scalpel ou

    aux ciseaux d’une partie de la surface muqueuse après laparotomie [22], création d’une

    gastrotomie et suture au jéjunum adjacent [23]. Malheureusement ces méthodes mécaniques

    ne produisaient qu’un saignement minime et rapidement tarissable de localisation, de taille et

    de profondeur inconstantes.

    Afin de simuler une hémorragie de grande abondance, des modèles animaux

    d’hémorragie digestive gastrique alliant endoscopie et chirurgie ont été développés chez le

    chien [24, 25] puis chez le porc [26-28]. Le modèle canin est créé en 2 temps opératoires

    séparés de plusieurs jours, avec chirurgie ouverte première et endoscopie seconde. Sur ce

    modèle, plusieurs dispositifs endoscopiques : hémoclips, laser, pinces chaudes ont été

    comparés et testés [24, 29-31]. De même chez le porc, seules des techniques lourdes

    impliquant des abords combinés de laparotomie et d’endoscopie ont permis l’obtention d’un

    modèle reproductible. Le principe de base de ces modèles porcins réside dans l’invagination

    d’une artère de 2mm de diamètre à travers une gastrotomie chirurgicale. Le saignement est

    modulé soit par un clamp soit par la fixation d’un ballonnet dans l’artère d’intérêt. Une seule

    hémorragie est induite par animal. L’utilisation d’une artère de gros calibre sans création

    d’une perte de substance ne permet pas l’étude de la cicatrisation muqueuse en raison des

    remaniements de la paroi digestive dus à la gastrotomie. De plus de tels modèles

    d’hémorragie ne peuvent être que difficilement utilisé à des fins d’enseignement en raison de

    leur coût élevé et de leur durée de réalisation. Un système de suture endoscopique appelé

    Eagle Claw [27, 32] ainsi qu’une nouvelle poudre hémostatique (Hemospray) ont été validés

    sur ce type de modèle.

  • 6

    En parallèle des modèles in vivo (essentiellement dévolus la recherche), un modèle ex

    vivo d’œsophage et d’estomac de porcs exclus a été proposé et reproduit partiellement les

    conditions anatomiques d’une endoscopie digestive haute. Il s’agit du Compact Erlangen

    Active Simulator for Interventional Endoscopy model (‘‘compact EASIE model’’). Ce

    modèle facilite l’apprentissage des techniques endoscopiques, en particulier lors de la

    formation initiale [33-36]. Dans ce modèle, des cathéters de perfusion sont tunnélisés dans la

    paroi gastrique et reliés à des régulateurs de débit diffusant des liquides artificiellement

    colorés pour mimer un saignement artériel ; il ne simule donc pas la physiologie d’une

    hémorragie active. Aussi le succès d’une hémostase endoscopique ne pas être évalué de

    façon fiable sur un tel modèle. Seul des modèles animaux vivants permettraient de simuler

    correctement l’anatomie et la physiologie d’une HDH.

    Il n’existe donc pas à ce jour un modèle d’hémorragie gastrique d’origine ulcéreuse

    satisfaisant pour l’enseignement.

  • 7

    Objectif du travail

    L’objectif de notre travail était le développement puis la validation d’un modèle

    porcin d’hémorragie digestive de type ulcéreux obtenu par endoscopie seule, reproductible,

    réaliste et de réalisation rapide, permettant d’obtenir une hémorragie active sans tarissement

    spontané.

    Notre travail s’est déroulé en deux étapes successives.

    La première s’est attachée à la mise au point du modèle d’hémorragie sur ulcère

    mécanique. Elle a fait l’objet d’une année de recherche de Master d’une interne d’Hépato-

    Gastro-Entérologie. Cette phase de développement ne sera pas détaillée dans ce mémoire.

    La deuxième phase, objet de ce mémoire, s’est intéressée à la validation de ce modèle

    pour l’enseignement des techniques d’hémostase endoscopique.

    Matériel et méthodes

    Description du modèle porcin d’hémorragie ulcéreuse

    L’approbation d’expérimentation a été obtenue par le comité local d’éthique animal

    (Ecole de Chirurgie, Assistance Publique – Hôpitaux de Paris).

    Animaux

    Les expériences étaient effectuées sur modèle porcin de 25-30Kg de type Sus

    Domesticus Scrofus, sans survie de l’animal. Le porc a été choisi comme animal pour ce

  • 8

    modèle en raison de son anatomie digestive proche de celle de l’homme, sa taille permettant

    également une manipulation du matériel endoscopique standard.

    Les animaux étaient acclimatés durant 5 jours aux conditions d’hébergement et

    d’alimentation du Laboratoire de Chirurgie Expérimentale avant leur intervention. Leur

    alimentation solide était interrompue la veille de l’endoscopie. L’accès à l’eau restait illimité.

    Le développement du modèle et les interventions endoscopiques étaient menés sous

    anesthésie générale, intubation endotrachéale et ventilation artificielle. La prémédication

    anesthésique se composait de Kétamine (7mg/Kg), d’Azapérone (2mg/Kg), et d’Atropine

    (1mL/25Kg), toutes administrées par injection intramusculaire. L’anesthésie générale était

    réalisée en utilisant 1,5% à 2% d’Isoflurane administré par la sonde d’intubation et

    1mg/20Kg de Penthotal administré par voie intraveineuse. L’analgésie se composait d’une

    perfusion intraveineuse continue de Nalbuphine (0,2 mL/Kg) et d’Oxyde nitreux (0,2 mg).

    Procédures endoscopiques

    L’ensemble des procédures endoscopiques étaient réalisées au moyen d’un

    gastroscope double canal (G28/34, Karl Storz Endoscopy, Guyancourt, France) et d’un

    module de section/coagulation ICC 300 (ERBE Elektromedizin GmbH, Tuebingen,

    Germany). Une mucosectomie par technique « grasp and snare » était réalisée au moyen

    d’une pince à biopsie (Grasp Forceps 2.2, Karl Storz, Tuttlingen, Germany) enserrée dans une

    anse de polypectomie (Symmetrical polypectomy snare, 30mm, 2mm, 180cm, MTP,

    Neuhausen, Germany). Une traction de la muqueuse gastrique était pratiquée avec la pince à

    biopsie, l’anse de polypectomie était ouverte puis refermée sur la muqueuse tractée avec

    application d’un courant de section pure de 120W. On réalisait 8 à 12 mucosectomies

    successives sur chaque animal.

  • 9

    Modifications de la crase sanguine

    Des modifications de la crase sanguines étaient nécessaires pour que les pertes de

    substance soient quasi-constamment hémorragiques. Les animaux recevaient 450 mg/jour de

    clopidogrel, et 2g/jour d’acide acétyl salicylique pendant 5 jours (en deux prises par jour,

    mélangés à leur alimentation), pendant leur période de stabulation à l’Ecole de Chirurgie. Des

    tests d’agrégométrie plaquettaire permettaient de vérifier qu’une agrégation de moins de 20%

    pour l’aspirine et de moins de 30% pour le clopidogrel était obtenue. Dès après l’induction de

    l’anesthésie générale, ils recevaient un bolus de 25 000 UI et une dose de 10 000 UI/h

    d’héparine sodique non fractionnée (HNF). Les doses d’HNF étaient équivalentes à celles

    utilisées lors des circulations extracorporelles chez le porc (conseil apporté par le bureau de la

    CEC, Paris).

    Figure 1 : Vue endoscopique de la technique de mucosectomie « grasp-and-snare »

    Anse de

    polypectomie

    Muqueuse

    gastrique

    Pince à biopsies

  • 10

    Figure 2 : Schéma explicatif de la technique de mucosectomie « grasp-and-snare »

    Figure 3 : Exemple d’hémorragie en nappe sur ulcère gastrique créé selon notre modèle.

    Endoscope

    Anse de

    polypectomie

    Capuchon

    1 2

    3 4 Paroi

    gastrique

  • 11

    Résultats du modèle

    Les principales caractéristiques du modèle sont rapportées au tableau 1 et à la figure 4.

    Tableau 1: Caractéristique des ulcères créés chez 6 animaux au décours de la phase de

    développement

    Caractéristiques des ulcères

    Nombre total d’ulcère réalisés 53

    Nombre moyen d’ulcère par animal (écart-type) 8,8 +/- 1,5

    Rendement hémorragique % (N) 98,1 % (52/53)

    Classification de Forrest % (N) Ib: 100 % (53/53)

    Abondance : minime, modérée, abondante % 20,6 %, 60,4 %, 17,0 %

    Durée de l’hémorragie > 20 min : 96,2 % (51/53)

    Taille moyenne de la pièce de mucosectomie (cm2) 3,4 +/- 1,8

    - nombre d’ulcère traité efficacement par une seule

    technique (injection de sérum adrénaliné au 1/10

    000) % (N)

    56,2 % (18)

    - nombre d’ulcère traité efficacement par une

    technique combinée (injection de sérum adrénaliné

    au 1/10 000 + clip) % (N)

    43,8% (14)

    Volume moyen de serum adrenaline injecté 6,7 ml +/- 0,9

    Nombre moyen de clip posés 1,3 +/- 1

    Nombre d’échec du traitement hémostatique % (N) 6,2% (2)

  • 12

    Figure 4: Abondance de l’hémorragie chez chaque animal de reproductibilité

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    10

    nombre d'ulcères

    créés

    animal 1 animal 2 animal 3 animal 4 animal 5 animal 6

    Abondance de l'hémorragie

    abondante > 20 min

    modérée > 20 min

    minime > 20 min

  • 13

    étaient évalués selon une échelle de Likert en 4 points (1= improbable, 4= très probable, 1=

    pas du tout satisfait, 4= très satisfait).

    Lors de cette expertise, il était mesuré le temps nécessaire à la réalisation d’un ulcère

    hémorragique selon notre modèle, et le temps nécessaire le cas échéant à la réalisation de

    l’hémostase endoscopique par l’expert.

    Evaluation du modèle par les étudiants

    Après accord du comité de pilotage du DES d’Hépato-gastroentérologie et de son

    coordonnateur, les 16 internes les plus avancés dans le cursus du DES d’Hépato-

    gastroentérologie participaient à 5 heures de formation sur les techniques d’hémostase

    endoscopiques sur notre modèle porcin vivant d’hémorragie digestive. Deux sessions de 8

    internes chacune étaient organisées en collaboration avec les sociétés Cook Médical

    (Limerick, Irlande), Olympus France (Hambourg, Allemagne), Lifeurope Partners (Bagnolet,

    France), et Boston Scientific (Nanterre, France). Deux animaux étaient utilisés, pour chaque

    session, permettant de constituer deux binômes d’internes par animaux. Au sein de chaque

    binôme, les internes avaient successivement le rôle d’endoscopiste et d’infirmière

    d’endoscopie.

    L’évaluation du modèle pour l’enseignement s’est déroulée selon la séquence suivante.

    (figure 5)

    Les participants répondaient à un premier questionnaire concernant leur connaissance

    de trois méthodes d’hémostase endoscopique classiques (injection sous muqueuse de sérum

    physiologique adrénaliné au 1/10 000, pose de clip et électrocoagulation bipolaire), afin de

    savoir s’il en connaissait les principes, s’il avait déjà assisté ou bien réalisé l’une d’entre-elles.

    Ce questionnaire déterminait également leur semestre d’internat et le nombre de semaines

    passées dans une unité d’endoscopie digestive.

  • 14

    Ensuite, 2 endoscopistes séniors, provenant de 2 centres hospitaliers différents,

    évaluaient chacun successivement 4 internes sur chaque méthode hémostatique au moyen

    d’un pré-test. Si l’interne n’avait ni assisté ni réalisé une des techniques d’hémostase une note

    de 1 était donnée d’office. Puis chaque binôme d’interne avait une ½ heure de formation sur

    chaque technique hémostatique, soit un total de 1 heure 30 de formation par binôme, avec le

    même endoscopiste. Un post-test était réalisé à l’issue de la formation, chaque instructeur

    évaluant les 4 internes formés par l’autre endoscopiste sénior. Les items d’évaluation du pré

    et du post-test étaient les suivants : préparation du matériel, instruction donnée à l’infirmière

    d’endoscopie, positionnement de l’endoscope, procédure hémostatique en elle-même,

    assurance de l’étudiant. Ces items étaient cotés selon une échelle de Likert allant de 1 à 4 (1=

    mauvais, 4= excellent).

    Enfin les internes remplissaient un questionnaire de satisfaction concernant leur désir

    de participer à la formation, leur satisfaction globale de la formation, leur satisfaction

    concernant notre modèle porcin vivant d’hémorragie digestive, la vraisemblance du modèle

    hémorragique, leur satisfaction quant aux connaissances acquises durant la formation et le

    pourcentage de connaissances qu’ils jugeaient réutilisables. Ces items étaient également côtés

    selon une échelle de Likert en 4 points (1= pas du tout satisfait, 4= très satisfait).

  • 15

    Figure 5 : Schéma du déroulement de la formation aux internes.

    Injection

    de

    sérum

    adrénaliné

    Pose

    de

    clips

    Electro-

    coagulation

    bipolaire

    P

    R

    E

    -

    T

    E

    S

    T

    P

    O

    S

    T

    -

    T

    E

    S

    T

    Questionnaire

    de

    satisfaction

    Questionnaire

    de

    Satisfaction

    Questionnaire

    de

    Compétences

    Ateliers de formation

  • 16

    Résultats

    Validation par les experts (tableau 2)

    Dix endoscopistes experimentés (un gastro-pédiatre et neuf gastroentérologues-

    adultes) faisant partie de 6 centres hospitaliers différents participaient à l’expertise du modèle.

    Trente ulcères étaient créés, chacun des 10 experts cotant 3 ulcères. Quatre animaux étaient

    nécessaires pour cette expertise indépendante.

    La note moyenne globale de satisfaction donnée par les endoscopistes à notre modèle

    était de 7,7/10 +/-2,0. Tous des ulcères réalisés étaient hémorragiques. Les experts estimaient

    le saignement comme minime, modéré ou sévère dans respectivement 26,7 %, 50,0 % et 23, 3

    % des cas. La cotation selon la classification de Forrest était la suivante : Ia (saignement actif

    en jet) 3,3 %, Ib (saignement actif en nappe) 96,7 %.

    Les endoscopistes estimaient nécessaire un traitement hémostatique pour 100 % des

    ulcères : simple dans 26,7 % des cas, combinée dans 73,3 % des cas. La vraisemblance de

    l’ulcère était estimée à 3,2 +/- 0,7 selon l’échelle de Likert (improbable= 1, très probable à

    certain=4), et la vraisemblance de l’hémorragie a été estimée à 3,6 +/- 0,7 selon cette même

    échelle. Les principales critiques émises étaient le manque de caillots sanguins et la taille un

    peu élevée des pertes de substance.

    Les experts jugeaient que le modèle était utile pour l’enseignement avec

    respectivement un score de 3,9 +/- 0,4 et de 3,8 +/- 0,5 sur l’échelle de Likert en 4 points

    (certainement pas= 1, certainement= 4).

  • 17

    Tableau 2: Evaluation du modèle par 10 experts endoscopistes.

    Caractéristiques de l’expertise

    Note globale du modèle (sur 10) 7,7 +/- 2,0

    Rendement hémorragique % (N) 100 % (30/30)

    Cotation selon la classification de Forrest % (N) Ia 3,3 % (1/30)

    Ib 96,7 % (29/30)

    Ic, II, III 0 % (0/30)

    Abondance de l’hémorragie % (N) Minime : 26,7 % (8/30)

    Modérée : 50,0 % (15/30)

    Abondante 23,3 % (7/30)

    Nécessité d’un traitement hémostatique

    (simple et double) % (N)

    100 % (30/30)

    Simple : 26,7 % (8/30)

    Double : 73,3 % (22/30)

    Vraisemblance de l’ulcère* 3,2 +/- 0,7

    Vraisemblance de l’hémorragie* 3,6 +/- 0,7

    Intérêt du modèle pour l’enseignement** 3,9 +/- 0,4

    Intérêt du modèle pour l’évaluation de nouvelles techniques

    d’hémostase**

    3,8 +/ -0,5

    Temps moyen nécessaire à l’hémostase endoscopique 9 min 20 +/- 3 min 3

    Temps moyen nécessaire à la réalisation de l’ulcère hémorragique 3 min 47 +/- 39 s

    Echelle de Likert :

    * improbable= 1, peu probable=2, probable=3, très probable à certain=4 ;

    ** certainement pas= 1, peut être pas= 2, peut être bien= 3, certainement= 4.

  • 18

    L’expertise indépendante par 10 endoscopistes experts concluait à une note globale

    de 7,7 sur 10 +/- 2,0 pour notre modèle, et à son intérêt pour la pédagogie (figure 6).

    Figure 6 : Représentation synthétique de l’évaluation du modèle par les experts

    Evaluation du modèle par les étudiants

    Les 16 internes ayant participés à la formation était en moyenne en 7ème

    semestre +/- 1,2

    d’internat, et étaient pour 37,5 % des hommes. Ils avaient passés en moyenne 16,3 +/- 7,4

    semaines de formation dans une unité d’endoscopie digestive. Tous avaient déjà assisté à une

    injection de sérum adrénaline, 93,75% à la pose d’un clip, 68,75% avaient déjà pratiqué ces

    deux procédures contre seulement 18,75% pour la coagulation bipolaire (tableau 3)

    Vraisemblance de

    l’ulcère

    Intérêt pour la

    recherche

    Intérêt pour

    l’enseignement

    Vraisemblance de

    l’hémorragie

    1

    4

    2

    3

  • 19

    Tableau 3 : Niveau des internes ayant participé à la formation aux techniques d’hémostase

    endoscopiques sur notre modèle porcin vivant d’hémorragie digestive.

    Caractéristiques des internes

    Sexe (homme) (%) 37,5%

    Semestres d’internes effectués 7 +/- 1,2

    Nombre de semaines passées

    dans une unité d’endoscopie

    digestive

    16,3 +/- 7,4

    Proportion d’internes

    connaissant le principe

    de la technique (%)

    Proportion d’internes

    ayant vu faire la

    technique (%)

    Proportion d’internes

    ayant déjà réalisé la

    technique (%)

    Injection de serum adrénaliné 100% 100% 68,8%

    Pose de clip 100% 93,8% 68,8%

    Electrocoagulation bipolaire 81,2% 50,0% 18,8%

    Une amélioration significative des performances des internes était observée entre le pré-test et

    le post-test (1,89 +/- 0,64 versus 3,50 +/- 0,03) (tableau 4).

    Pour l’injection de sérum adrénaliné, le score moyen en pré-test a été de 2,5 +/- 0,7 et

    de 3,5 +/- 0,4 en post-test (p = 0,001). Pour la pose de clip, le score moyen des internes est

    passé de 2,0 +/- 0,6 en pré-test à 3,5 +/- 0,4 en post-test (p < 0,0001). Pour

    l’électrocoagulation bipolaire, le score initial au pré-test a été de 1,1 +/- 0,2, et a augmenté à

    3,5 +/- 0,4 en post-test (p < 0,0001).

  • 20

    Tableau 4 : Evaluation des internes. Résultats du pré-test et du post-test.

    Echelle de Likert : 4= excellent, 3=bon, 2=passable , 1=mauvais.

    Pré test Post test P*

    Score

    (échelle de Likert)

    Score

    (échelle de Likert)

    -

    Injection de sérum adrénaline au

    1/10 000ème (moyenne+/- ET)

    2,6 +/- 0,7 3,5 +/- 0,4 0,001

    Pose de clip (moyenne+/- ET) 2,0 +/- 0,6 3,5 +/- 0,4 < 0,0001

    Electro coagulation bipolaire (moyenne+/- ET) 1,1 +/- 0,2 3,5 +/- 0,4 < 0,0001

    Total 1,9 +/- 0,6 3,5 +/- 0,0 < 0,0001

    * Test Wilcoxon

    En ce qui concerne le questionnaire de satisfaction (tableau 5), tous les internes

    rapportaient un important désir de participer à la formation (moyenne de 3,9 +/- 0,2 sur une

    échelle de Likert en 4 points : 4= oui beaucoup, 1= non pas du tout). Ils déclaraient une

    excellente satisfaction globale (moyenne de 4 +/- 0) et un important degré de satisfaction

    concernant l’utilisation de notre modèle pour cette formation (moyenne 3,9 +/- 0,3 sur

    l’échelle en 4-point de Likert : 1= pas du tout satisfait, 4= très satisfait). Ils considéraient le

    modèle comme vraisemblable (moyenne 3,5 +/- 0,5 sur l’échelle en 4-point de Likert avec 1 =

    improbable, 4 = très probable à certain). Ils rapportaient une bonne satisfaction quant aux

    connaissances acquises durant l’atelier de formation (moyenne de 3,6 +/- 0,5). Les internes

    jugeaient qu’ils réutiliseraient les connaissances acquises lors de la formation à hauteur de 75

    à 100 % pour 75 % d’entre-eux, à hauteur de 50-75 % pour 18,8 % d’entre-eux et à hauteur de

    25-50 % pour 6,2 %.

  • 21

    Tableau 5: Satisfaction des internes

    Items du questionnaire de satisfaction Score

    (échelle de Likert)

    Désir de participer à la formation (moyenne+/- ET) * 3,9 +/- 0,2

    Satisfaction globale de la formation (moyenne+/- ET) ** 4,0 +/- 0,0

    Satisfaction de notre modèle pour la formation (moyenne+/- ET) ** 3,9 +/- 0,3

    Vraisemblance du modèle (moyenne+/- ET) *** 3,5 +/- 0,5

    Satisfaction des connaissances acquises (moyenne+/- ET) ** 3,6 +/- 0,5

    Pourcentage de compétences jugées réutilisables (moyenne+/- ET)

    75-100 %

    50-75 %

    25-50 %

    < 25 %

    75,0 % (12/16)

    18,8 % (3/16)

    6,2 % (1/16)

    0 % (0/16)

    Echelle de Likert :

    *4= oui beaucoup, 3= oui, assez, 2= non, pas vraiment, 1= non, pas du tout ;

    ** 4= très satisfait, 3=satisfait, 2= peu satisfait, 1= pas du tout satisfait;

    *** 4= très probable à certain, 3= probable, 2= peu probable, 1= improbable.

  • 22

    La formation aux techniques d’hémostase sur notre modèle vivant d’hémorragie

    digestive a fait significativement progresser 16 internes. La satisfaction globale des

    internes était importante ainsi que leur intérêt pour le modèle (figure 6).

    Figure 6 : Représentation synthétique de l’évaluation du modèle par les étudiants

    Satisfaction sur les

    connaissances acquises

    Pourcentage de

    connaissances jugées

    réutilisables

    Désir de participer

    à la formation Vraisemblance

    du modèle

    Satisfaction devis à

    vis du modèle

    pédagogique

    Satisfaction

    globale 4

    3

    1

    2

  • 23

    Discussion

    Nous avons développé un modèle animal simple (de création strictement

    endoscopique, non chirurgical) et hautement reproductible, d’hémorragie digestive active sur

    ulcère mécanique. Nous avons évalué ce modèle, pour l’instant court-terme, pour

    l’enseignement.

    Notre implication dans ce projet a été complète, de la conception jusqu’à la réalisation

    du modèle, puis à sa validation à travers des ateliers de formation. Depuis, ces ateliers ont été

    intégrés à la maquette du DES d’Hépato-Gastroentérologie et du DIU d’Endoscopie

    Pédiatrique. De nombreux partenariats ont été mis en place : avec les internes, et notamment

    la représentante des internes Hépato-Gastroentérologie (Dr Marine Camus), avec le Comité de

    Pilotage du DES d’Hépato-Gastroentérologie, avec l’industrie (obtention de matériel lourd

    d’endoscopie et de matériel ancillaire) et avec le Comité Pédagogique de l’Ecole de Chirurgie

    de l’AP-HP.

    Un des intérêts de notre modèle créé par endoscopie est sa reproductibilité. En effet,

    l’ulcère est obtenue dans 100% des cas par la technique de mucosectomie « grasp-and-

    snare », avec l’induction d’une hémorragie dans 96,2 % des cas. Bien que les animaux

    reçoivent de fortes doses d’anti-agrégants et d’anticoagulants, l’hémostase endoscopique était

    obtenue dans 93,8 % des cas. Il était obtenu des ulcères de grande taille (3 cm2), sièges de

    saignements actifs, non tarissables spontanément, d’abondance modérée à abondante dans

    77,4 % des cas, mais contrôlables le plus souvent après application d’un traitement

    endoscopique. Notre modèle était reconnu comme vraisemblable à la fois par des

    endoscopistes expérimentés et novices, avec respectivement un score de vraisemblance de

    3,6 +/- 0,7 et de 3,5 +/- 0,5.

  • 24

    L’expertise indépendante de notre modèle par des endoscopistes experts a permis de

    valider le réalisme de notre modèle. La note globale de satisfaction des endoscopistes

    expérimentés était de 7.7 +/- 2.0 sur 10. Ils ont jugé de la vraisemblance de l’hémorragie

    ulcéreuse, et confirmé l’intérêt potentiel de notre modèle comme outil d’enseignement.

    Nous avons choisi l’utilisation de l’échelle de Likert, plutôt qu’une valeur numérique

    comme note pour l’évaluation du modèle. L’échelle de Likert est une échelle de référence en

    sciences sociales et permet d’obtenir un score total à partir de l’ensemble des items de

    l’échelle. Cela lui confère l’aptitude à mesurer des construits de façon globale. Cette échelle

    est facile à comprendre et à utilisée, flexible, plus nuancé qu’une variable binaire (oui/non) et

    plus précise qu’un simple chiffre où il est difficile de dire ce qu’est une bonne et une

    mauvaise note. Nous avons décidé de faire une échelle en quatre points car il existe une

    tendance naturelle à choisir une réponse médiane. Sur une échelle en 4 points, il n’existe pas

    de proposition moyenne.

    L’évaluation du modèle par des étudiants en formation initiale en endoscopie

    digestive souligne encore son intérêt pédagogique. Il existait une différence significative du

    score entre le pré et le post test chez des internes avancés dans leur cursus, 7ème

    semestre en

    moyenne, et ayant passés 16,3 +/- 7,4 semaines dans une unité d’endoscopie lors de leur

    formation. Ceci illustre l’intérêt d’une formation sur animal vivant en parallèle de

    l’apprentissage quotidien en service hospitalier. La satisfaction des étudiants concernant la

    vraisemblance de l’hémorragie induite a permis une mise en conditions jugée comme réaliste

    par les intéressés.

    La possibilité de réaliser rapidement plusieurs ulcères chez le même animal, avec un

    temps moyen de réalisation d’environ 4 minutes par ulcère hémorragique, permet la

    formation de plusieurs internes en un temps réduit, réduisant le coût de la formation.

  • 25

    Afin d’évaluer l’impact à plus long terme de cette formation, en proposant un

    nouveau post-test à distance. Celui-ci est organisé 6 mois plus tard (novembre 2010).

    En fonction de la localisation de l’hémorragie, l’hémostase endoscopique était plus ou

    moins difficile notamment lorsque la lésion est tangentielle à l’endoscope ou lorsqu’elle

    nécessite une rétrovision, il est donc envisageable de définir des niveaux de difficulté

    croissante dans l’utilisation de notre modèle.

    D’autres modèles d’hémorragie digestive ont été proposés.

    Jensen et al ont développé un modèle canin d’ulcères hémorragiques créés en 2 temps

    opératoires séparés de plusieurs jours, avec chirurgie ouverte première et endoscopie seconde

    [24, 25]. Après création chirurgicale d’une hypertension portale par ligature du tronc porte,

    une endoscopie haute était pratiquée chez des chiens héparinés ; les ulcères hémorragiques

    étaient créés par biopsies multiples à la pince. Dans ce modèle, les hémorragies induites sont

    similaire à celles obtenues dans notre modèle (Ib), sans qu’il ait été contrôlé la profondeur

    des ulcérations. Cependant notre modèle est plus rapide de réalisation (quelques minutes

    versus plusieurs jours), et pose moins de problème éthiques (douleurs post-opératoires).

    Un autre modèle canin développé par Randall et al consiste, après la réalisation d’une

    gastrotomie lors d’une laparotomie, à repérer les branches de l’artère gastro-épiploïque

    plongeant dans l’épaisseur de la paroi gastrique, à les inciser après un repérage par

    grossissement à 2,5. Le volume sanguin perdu est mesuré et les traitements hémostatiques

    sont comparés en masse sanguine perdue [37, 38]. Ce modèle non endoscopique ne permet

    pas de tester la maniabilité des outils endoscopiques et ne peut être utilisé pour

    l’enseignement.

    Chez le porc des modèles animaux d’hémorragie digestive gastrique alliant

    endoscopie et chirurgie ont été développés afin de simuler une hémorragie de grande

  • 26

    abondance [26-28]. Seules des techniques lourdes impliquant des abords combinés de

    laparotomie et d’endoscopie ont permis l’obtention d’un modèle reproductible. Le principe

    de base de ces modèles porcins réside dans l’invagination d’une artère de 2mm de diamètre à

    travers une gastrotomie chirurgicale. Une dose d’héparine de 100 UI/kg à 300 UI/kg entoure

    le geste. L’avantage notable de ces modèles est la production d’un saignement artériel intra

    gastrique en jet de grande abondance. Ces modèles chirurgicaux présentent néanmoins des

    limites. Leur coût est élevé : un seul ulcère hémorragique par animal peut être créé. La durée

    de leur réalisation est un autre obstacle. Hu et al relatent une durée opératoire moyenne de

    75,3 minutes +/- 5,1 à 110,5 minutes +/- 22,8 selon le modèle effectué chez le porc contre

    seulement 3 minutes 47 +/-39s par ulcère pour notre modèle. L’utilisation d’une artère de

    gros calibre sans création d’une perte de substance ne reflète que partiellement la

    physiopathologie de l’hémorragie sur ulcère gastrique ou duodénal. L’étude de la

    cicatrisation muqueuse est donc impossible en raison des remaniements de la paroi digestive

    dus à la gastrotomie. De plus de tels modèles d’hémorragie ne peuvent être que difficilement

    utilisé à des fins d’enseignement en raison de leur coût élevé et de leur durée de réalisation.

    Le modèle de référence utilisé pour l’enseignement est le modèle EASIE (bloc

    œsophage, estomac, cadre duodénal ex vivo). Dans ce modèle, des cathéters de perfusion sont

    tunnélisés dans la paroi gastrique et reliés à des régulateurs de débit diffusant des liquides

    artificiellement colorés pour mimer un saignement artériel. Ses avantages notables sont son

    caractère mobile, son coût modéré et son respect des principes éthiques concernant

    l’utilisation d’animaux en recherche biomédicale. Son coût est moins élevé qu’un modèle sur

    animal vivant avec comme différence les frais de fonctionnement d’une animalerie.

    Cependant la possibilité de créer en moyenne 8 à 10 ulcères par animaux dans notre modèle,

    permettrait de réduire le nombre d’animaux nécessaires et par la même, le coût de formation.

    Il n’a pas été réalisé d’étude coût efficacité dans ce travail en raison de la variabilité des

  • 27

    coûts d’une animalerie en fonction des structures. Le compact EASIE permet en plus d’un

    entrainement aux techniques d’hémostase, une initiation à la polypectomie, à la ligature de

    varices œsophagiennes et à la cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE).

    Notre modèle pourrait également être modulable et intégrer ces autres apprentissages ainsi

    que celui de la gastrostomie endoscopique. S’agissant de l’infusion artificielle d’eau colorée

    en rouge à travers la paroi de l’estomac, le modèle compact EASIE ne simule pas la

    physiologie d’une hémorragie active. Aussi le succès d’une hémostase endoscopique ne pas

    être évalué de façon fiable sur un tel modèle. Seul des modèles animaux vivants

    permettraient de simuler correctement l’anatomie et la physiologie d’une HDH.

    En conclusion, notre modèle d’hémorragie se présente comme un modèle porcin

    d’hémorragie digestive de type ulcéreux obtenu par endoscopie seule, reproductible, fiable,

    réaliste, permettant d’obtenir une hémorragie active sans tarissement spontané. Une

    évaluation par des experts indépendants et par des étudiants souligne son intérêt

    pédagogique. Une évaluation à moyen terme par les étudiants formés est prévue dans le mois

    suivant la soutenance de ce mémoire. Des ateliers d’hémostase endoscopique sur ce modèle

    porcin sont désormais intégrés la maquette du DES d’Hépato-Gastroentérologie d’Ile-de-

    France (2 ateliers par an) et du DIU d’Endoscopie Pédiatrique (1 atelier par an). Nous

    travaillons à la diffusion de ce modèle à une échelle plus large.

  • 28

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