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Corrigé de la QUESTION du BAC BLANC – Janvier 2015 Les thèmes et les thèses des trois textes sont proches : La Fontaine, au XVIIe s, dans « Le Laboureur et ses enfants », cherche à montrer que le dur travail des champs amène à la fortune ; un siècle plus tard, Voltaire ridiculise dans cet extrait de Jeannot et Colin, ceux qui utilisent un vernis culturel pour mépriser des connaissances plus ardues et, enfin, Alain prône, dans le premier tiers du XXe s., la confrontation de l’enfant à la difficulté comme véritable méthode d’éducation. Même s’il s’agit de l’effort physique chez le poète et de l’effort intellectuel pour les deux philosophes, chacun, à sa manière, veut faire de cette notion d’effort une valeur éducative primordiale. Du point de vue générique, les deux premiers textes, si l’un est un poème (une fable) et l’autre un conte philosophique, laissent facilement voir leur parenté grâce au concept d’apologue (récit à portée morale). Le texte d’Alain s’éloigne en cela des deux autres puisqu’il est un extrait d’un essai sur le thème éducatif : Propos sur l’éducation. On peut parler d’argumentation indirecte pour les deux premiers textes et d’argumentation directe pour le dernier. Pour autant, Alain ne se prive pas d’utiliser des exemples concrets et des expressions imagées : « Un enfant trop aimé, qui avait reçu un théâtre de Guignol… » ; « je ne veux pas qu’on donne ainsi la noix épluchée ». Les différences se creusent un peu plus si l’on aborde la question par le biais des registres. L’humour est présent dans les deux apologues, mais à des degrés différents : Humour léger chez La Fontaine grâce à l’astuce du père qui encourage ses enfants, après sa mort, à continuer à labourer la propriété afin d’y trouver « un trésor (qui) est caché dedans » ; le père fait un jeu de mots en utilisant une expression qui peut être

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Corrigé de la QUESTION du BAC BLANC – Janvier 2015

Les thèmes et les thèses des trois textes sont proches : La Fontaine, au XVIIe s, dans « Le Laboureur et ses enfants », cherche à montrer que le dur travail des champs amène à la fortune ; un siècle plus tard, Voltaire ridiculise dans cet extrait de Jeannot et Colin, ceux qui utilisent un vernis culturel pour mépriser des connaissances plus ardues et, enfin, Alain prône, dans le premier tiers du XXe s., la confrontation de l’enfant à la difficulté comme véritable méthode d’éducation. Même s’il s’agit de l’effort physique chez le poète et de l’effort intellectuel pour les deux philosophes, chacun, à sa manière, veut faire de cette notion d’effort une valeur éducative primordiale.

Du point de vue générique, les deux premiers textes, si l’un est un poème (une fable) et l’autre un conte philosophique, laissent facilement voir leur parenté grâce au concept d’apologue (récit à portée morale). Le texte d’Alain s’éloigne en cela des deux autres puisqu’il est un extrait d’un essai sur le thème éducatif : Propos sur l’éducation. On peut parler d’argumentation indirecte pour les deux premiers textes et d’argumentation directe pour le dernier. Pour autant, Alain ne se prive pas d’utiliser des exemples concrets et des expressions imagées : « Un enfant trop aimé, qui avait reçu un théâtre de Guignol… » ; « je ne veux pas qu’on donne ainsi la noix épluchée ».

Les différences se creusent un peu plus si l’on aborde la question par le biais des registres. L’humour est présent dans les deux apologues, mais à des degrés différents : Humour léger chez La Fontaine grâce à l’astuce du père qui encourage ses enfants, après sa mort, à continuer à labourer la propriété afin d’y trouver « un trésor (qui) est caché dedans » ; le père fait un jeu de mots en utilisant une expression qui peut être interprétée par les jeunes au pied de la lettre, dans son sens concret. Ce faisant, ils découvriront un sens plus abstrait aux propos paternels et la conséquence ne sera que plus tangible : la richesse due à leur travail. L’humour est plus subtil encore chez Voltaire. Plusieurs indices nous montrent son intention satirique : par exemple, Voltaire désigne l’ « auteur » par « le gracieux ignorant » ; de même, la dernière phrase de l’extrait montre la distance que prend Voltaire face à monsieur et madame de la Jeannotière et face au « gouverneur ». C’est une sorte d’ironie de la part du philosophe. Enfin, le registre didactique voire légèrement polémique de l’essai d’Alain et son ton sérieux dominent mais n’excluent pas l’humour, incidemment : « Je pourrais citer des gens qui passent pour instruits et qui s’ennuient à La Chartreuse de Parme ou au Lys dans la Vallée. »

Ainsi, les textes du corpus, en effet, ont des visées voisines mais ils atteignent leur but par des voies différentes… avec quelques similitudes !