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Honor d'Urf, L'Astre - Troisime partie - Format Microsoft Word.Version moderne base sur l'dition de 1621 (Deux visages de L'Astre, http://astree.tufts.edu).L'original se trouve la Watkinson Library, Trinity College, Hartford, CT, E.-U.(PQ 1707.U7).

L'Astre du sieur d'Urf. Paris Par la Socit des Imprimeurs.

L'AstreDE MESSIREHONOR D'URF,MARQUIS DE VERROM,Comte de Chteauneuf, Baron de Chteaumorand,Chevalier de l'Ordre de Savoie, etc.OPAR PLUSIEURS HISTOIRES ET SOUSpersonnes de Bergers et d'autres sont dduits les diverseffets de l'honnte Amiti.

TROISIME PARTIE.

Revue, corrige, et augmente de beaucoupen cette dernire dition.

Ddi au roi.

PARIS,Chez TOUSSAINT DU BRAY, rue St. Jacques,aux pis-mrs: Et en sa boutique au Palaisen la Galerie des Prisonniers.

1621

AVEC PRIVILGE DU roi.

dition de Vaganay, III, pp.3-4.

AU ROI

SIRE,

Cette Bergre qui s'ose prsenter maintenant devant vos yeux est cellel mme qui, autrefois, prenant une semblable hardiesse, fut reue avec tant de faveurs par HENRI LE GRAND de trs heureuse et trs glorieuse mmoire, Pre de votre Majest. J'avais cru, en la lui ddiant, que cette ASTRE, que la sage Antiquit a toujours prise pour la JUSTICE,

se devait offrir celui qui, par ses armes, lui avait donn envie de descendre du Ciel pour revenir dans les Gaules, son ancienne et plus agrable demeure. Mais aussitt qu'elle a ou le nom de Louis que V.M. porte, elle a incontinent jug qu'elle tait bien plus oblige de se donner toute vous, SIRE, puisque, par l'lection d'une trs heureuse destine, s'il est vrai que les LOIS soient une mme chose que la JUSTICE, votre nom glorieux et le sien ne signifient qu'une mme chose: celui de LOUIS ne pouvant tre crit que l'on n'y lise aussi cette sacre parole de LOIS. Considrant cette heureuse rencontre de votre Nom avec votre louable inclination, j'avoue que je lai prise pour un infaillible augure que, comme

nous avons eu un HENRI LE GRAND par qui la France chancelante avait t releve et raffermie, ou, pour mieux dire, par qui, tant perdue, elle avait t reconquise, de mme nous verrons en nos jours un LOUIS LE JUSTE qui lui rendra sa premire splendeur, et la maintiendra en son ancienne Majest avec tant de prudence et d'quit que ce Rgne ne sera pas moins admirable ni redoutable par les solides fondements dune durable Paix que celui qui est pass l'a t par la force et par les armes. Dieu, qui a toujours maintenu la Couronne que vous portez avec des particuliers soins par-dessus toutes les autres de la Terre, augmentera le nombre de ses Grces en V.M. tant que cette ASTRE sera en votre me

et en vos desseins, et tant que l'pe que vous aurez au ct ne sera employe que pour la maintenir, on ne tranchera que par ses mains. Ne l'loignez donc point de vous, SIRE, mais au contraire, l'imitation de ce Grand Roi, Pre de V.M., aimez-la, et la chrissez avec une trs certaine assurance que, tant que vous rglerez vos actions son exemple, vous acquerrez une extrme Gloire par-dessus tous les Princes de la Terre, une trs grande Amour parmi vos Peuples, et une infinie bndiction de la main de Dieu. Toute l'Europe attend ces effets de V.M., tous les Franais les esprent, et tous bons et fidles sujets les souhaitent. Et moi, SIRE, en cette qualit, j'en supplie Dieu avec tous ceux qui dsirent

la grandeur de votre Couronne, le repos de vos Peuples, et la gloire de votre Nom, comme celui qui sera jamais,

SIRE,

Trs humble, trs fidle et trs obissant serviteur etsujet de votre Majest,

HONOR D'URF.

Le portrait de l'auteur manque.

dition de Vaganay, III, pp.5-7.dition de 1619, n.p.

L'AUTEUR la Rivire de LIGNON.

BELLE et agrable rivire de Lignon sur les bords de laquelle j'ai pass si heureusement mon enfance et la plus tendre partie de ma premire jeunesse, quelque payement que ma plume ait pu te faire, j'avoue que je te suis encore grandement redevable pour tant de contentements que j'ai reus le long de ton rivage, l'ombre de tes arbres feuillus, et la fracheur de tes belles eaux, quand l'innocence de mon ge me laissait jouir de moi-mme, et me permettait de goter en repos les bonheurs et les flicits

que le Ciel d'une main librale rpandait sur ce bienheureux Pays que tu arroses de tes claires et vives ondes. Mais il faut que tu croies pour ma satisfaction que, s'il me restait encore quelque chose avec laquelle je te pusse mieux tmoigner le ressentiment que j'ai des faveurs que tu m'as faites, je serais aussi prompt te la prsenter que de bon cur j'en ai reu les obligations et les contentements. Et pour preuve de ce que je dis, ne pouvant te payer d'une monnaie de plus haut prix que de la mme que tu m'as donne, je te voue et te consacre, mon cher LIGNON, toutes les douces penses, tous les amoureux soupirs, et tous les dsirs plus ardents qui, durant une saison si heureuse ont nourri mon me de si doux entretiens qu' jamais le souvenir en vivra dans mon cur. Que si tu as aussi bien la mmoire des agrables occupations que tu m'as donnes

comme tes bords ont t bien souvent les fidles secrtaires de mes imaginations et des douceurs d'une vie si dsirable, je m'assure que tu reconnatras aisment qu' ce coup je ne te donne, ni t'offre rien de nouveau et qui ne te soit dj acquis depuis la naissance de la passion que tu as vue commencer, augmenter et parvenir sa perfection le long de ton agrable rivage. Et que ces feux, ces passions, et ces transports, ces dsirs, ces soupirs et ces impatiences sont les mmes que la Beaut qui te rendait tant estim par-dessus toutes les Rivires de l'Europe fit natre en moi durant le temps que je frquentais tes bords, et que, libre de toute autre passion, toutes mes penses commenaient et finissaient en elle, et tous mes desseins et tous mes dsirs se limitaient sa volont. Et si la mmoire de ces choses passes t'est autant agrable que mon me ne se peut rien

imaginer qui lui apporte plus de contentement, je m'assure qu'elles te seront chres, et que tu les conserveras curieusement dans tes demeures sacres pour les enseigner tes gentilles Naades, qui peut-tre prendront plaisir de les raconter quelquefois, la moiti du corps hors de tes fraches ondes, aux belles Dryades et Nappes qui le soir se plaisent danser au clair de la Lune parmi les prs qui maillent ton rivage d'un perptuel Printemps de fleurs. Et quand Diane mme avec le chaste Chur de ses Nymphes viendrait aprs une pnible chasse dpouiller ses sueurs dans ton sein, ne fais point de difficult de les raconter devant elles. Et sois assur, mon cher LIGNON, qu'elles n'y trouveront une seule pense qui puisse offenser leurs chastes et pudiques oreilles. Le feu qui alluma cette affection fut si clair et beau qu'il n'eut point de fume, et l'embrasement

si pur et net qu'il ne laissa jamais noirceur aprs la brlure en pas une de mes actions, ni de mes dsirs. Que s'il se trouve sur tes bords quelque me svre qui me reprenne d'employer le temps ces jeunes penses, maintenant que tant d'Hivers ont depuis neig dessus ma tte et que de plus solides viandes devraient dsormais repatre mon esprit, je te supplie, mon cher LIGNON, rponds-lui pour ma dfense: Que les affaires d'tat ne s'entendent que difficilement, sinon par ceux qui les manient; celles du Public sont incertaines, et celles des particuliers bien caches, et qu'en toutes la vrit est odieuse; Que la Philosophie est pineuse, la Thologie chatouilleuse, et les sciences traites par tant de doctes personnages que ceux qui en notre sicle en veulent crire courent une grande fortune ou de dplaire, ou de travailler inutilement, et peut-tre de se perdre eux-mmes

aussi bien que le temps et le soin qu'ingratement ils y emploient. Mais qu'outre cela il faut qu'elle sache que les nuds dont je fus li ds le commencement sont Gordiens, et que la mort seule en peut tre l'Alexandre. Que le feu qui me brla est semblable celui qui ne se pouvait teindre que par la terre, et que celle de mon tombeau seule en peut touffer la flamme.De sorte que l'on ne doit trouver trange si, la cause ne cessant point, l'effet en continue encore. Que ni les Hivers passs, ni tous ceux qu'il plaira mon destin de redoubler l'avenir sur mes annes, n'auront jamais assez de glaons, ni de froideurs pour geler en mon me les ardentes penses d'une vie si heureuse. Ni je ne croirai point pouvoir jamais trouver une plus solide nourriture que celle que je reois de son agrable ressouvenir, puisque toutes les autres qui depuis m'ont t diverses fois prsentes m'ont toujours

laiss avec un si grand dgotement et avec un estomac si mal dispos que je tiens pour une maxime trs certaine, LA PEINE, L'INQUITUDE, ET LA PERTE DU TEMPS TRE DES ACCIDENTS INSPARABLES DE L'AMBITION. Et au contraire, aimer, que nos vieux et trs sages Pres disaient AMER, qu'est-ce autre chose qu'abrger le mot d'ANIMER, c'est--dire faire la propre action de l'me? Aussi les plus savants ont dit il y a longtemps qu'elle vit plutt dans le corps qu'elle aime que dans celui qu'elle anime. Si Aimer est donc la vraie et naturelle action de notre me, qui est le svre Censeur qui me pourra reprendre de repasser par la mmoire les chres et douces penses des plus agrables actions que jamais cette me ait produites en moi? Que personne ne trouve donc mauvais si je m'en ressouviens aussi longtemps que je vivrai. Et

de peur que, mme par ma mort, elles ne cessent de vivre, je te les remets, mon cher et bien aim LIGNON, afin que, les conservant et les publiant, tu leur donnes une seconde vie qui puisse continuer autant que la source ternelle te produit, et que par ainsi elles demeurent la postrit aussi longuement que dans la France l'on parlera Franois.

Le Privilge du Roi est insr lafin du Livre.

dition de Vaganay, III, p.8.

ODE LA RIVIREDE LIGNONPar le Sr. de Baro.

LIgnon qui par un doux murmure Charmes les soucis plus cuisan