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Programme de 6e : l’objet et l’oeuvre Dossier par Emmanuel Brasseur Dossier : Marcel Duchamp ou les objets suffisants 1 / La roue de bicyclette 1913 (réplique 1951). En réalisant cette oeuvre en 1913, Marcel Duchamp pose les fondations de ce que seront ses Ready-mades. Il propose ici une sculpture composée de deux éléments de fabrication industrielle : un tabouret et une roue de vélo montée sur sa fourche. Le tabouret fait office de socle. Le seul travail de l’artiste est l’assemblage. Marcel Duchamp amène ici l’idée que l’objet devient oeuvre dès lors que l’artiste le décide. L’idée et le geste deviennent plus importants que la réalisation. Cette idée lui permet de se détacher de la représentation comme résultat. L’oeuvre devient davantage un point de départ, elle perd de son intérêt esthétique pour devenir un élément de discours. De même il perd le besoin de réaliser lui même l’oeuvre, allant jusqu’à prétendre que l’oeuvre n’a finalement pas besoin d’être réalisée. Ici, l’artiste joue de son humour pour réfléchir sur un sujet qui lui est cher, le mouvement et la cinétique. Ce thème se retrouve dans des tableaux comme Nu descendant l'escalier, 1912, ou dans les séries Rotorelief. Voir l’oeuvre : http://www.moma.org/collection/works/81631?locale=fr 2 / Les Ready-mades ou la rupture avec l’art antérieur. Marcel Duchamp a bouleversé les règles établies de l’art. Il a notamment inventé un procédé en prenant des objets qui au départ ne sont fabriqués pour des raisons artistiques, et les a utilisés dans son travail, allant jusqu’à proposer l’objet seul, comme représentation de son travail.Le Ready-made consiste donc a élever au rang d’oeuvre d’art un objet usuel, sur lequel l’artiste n’est pas (ou peu) intervenu.Marcel Duchamp a initié cette démarche dès 1913, même si l’appellation ne sera choisie que plus tard. En assemblant une roue de bicyclette et un tabouret, il questionne la valeur esthétique accordée aux oeuvres d’art et propose de chercher du Roue de Bicyclette Marcel Duchamp 1913 – réplique 1951 129.5 x 63.5 x 41.9 cm Roue de métal montée sur un tabouret en bois peint. MoMA (New York)

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Dossier : Marcel Duchamp ou les objets suffisants

(Roue de BicycletteMarcel Duchamp1913 – réplique 1951129.5 x 63.5 x 41.9 cmRoue de métal montée sur un tabouret en bois peint.MoMA (New York))1 / La roue de bicyclette 1913 (réplique 1951).

En réalisant cette oeuvre en 1913, Marcel Duchamp pose les fondations de ce que seront ses Ready-mades. Il propose ici une sculpture composée de deux éléments de fabrication industrielle : un tabouret et une roue de vélo montée sur sa fourche. Le tabouret fait office de socle. Le seul travail de l’artiste est l’assemblage.

Marcel Duchamp amène ici l’idée que l’objet devient oeuvre dès lors que l’artiste le décide. L’idée et le geste deviennent plus importants que la réalisation. Cette idée lui permet de se détacher de la représentation comme résultat. L’oeuvre devient davantage un point de départ, elle perd de son intérêt esthétique pour devenir un élément de discours. De même il perd le besoin de réaliser lui même l’oeuvre, allant jusqu’à prétendre que l’oeuvre n’a finalement pas besoin d’être réalisée.

Ici, l’artiste joue de son humour pour réfléchir sur un sujet qui lui est cher, le mouvement et la cinétique. Ce thème se retrouve dans des tableaux comme Nu descendant l'escalier, 1912, ou dans les séries Rotorelief.

Voir l’oeuvre : http://www.moma.org/collection/works/81631?locale=fr

2 / Les Ready-mades ou la rupture avec l’art antérieur.

Marcel Duchamp a bouleversé les règles établies de l’art. Il a notamment inventé un procédé en prenant des objets qui au départ ne sont fabriqués pour des raisons artistiques, et les a utilisés dans son travail, allant jusqu’à proposer l’objet seul, comme représentation de son travail.
Le Ready-made consiste donc a élever au rang d’oeuvre d’art un objet usuel, sur lequel l’artiste n’est pas (ou peu) intervenu.
Marcel Duchamp a initié cette démarche dès 1913, même si l’appellation ne sera choisie que plus tard. En assemblant une roue de bicyclette et un tabouret, il questionne la valeur esthétique accordée aux oeuvres d’art et propose de chercher du sens là où les valeurs classiques de l’art s’épuisent (la beauté, bon goût, harmonie ou élégance).

Il propose quelques variations :
Le Ready-made assisté est assorti d’un texte ou phrase destiné à perdre davantage le spectateur dans ses réflexions.
Le Ready-made réciproque intègre une oeuvre connue.
Le Ready-made assisté nécessite une intervention de l’artiste.

Marcel Duchamp se débarrasse donc de l’aspect purement esthétique de ses oeuvres et ne leur accordera que si peu d’importance que beaucoup seront détruites ou disparaitront. L’idée étant plus importante que la réalisation physique, il s’accordera le droit d’en refaire certaines à l’identique (beaucoup d’oeuvres exposées actuellement sont en fait des répliques certifiées par l’artiste), et leur décernera ensuite le statut d’oeuvres originales.

Sa démarche marquera l’art à jamais. Des surréalistes à Warhol, de Kosuth à Jeff Koons, tous les artistes qui l’ont suivi sont profondément influencés par son travail. La notion de création artistique a été repensée par la démarche de Marcel Duchamp.

(FontaineMarcel Duchamp1917 – réplique 196463 x 48 x 35 cmFaïence blanche recouverte de glaçure céramique et de peintureMusée national d’art moderne de Paris) 3 / Fontaine 1917

Voir l’oeuvre originale.

Le plus connu des Ready-made de Marcel Duchamp tient sa réputation à la volonté provocatrice de son auteur.

En effet, l’artiste a cherché ici à remettre en cause les institutions artistiques de son époque. Il s’organise pour faire refuser son oeuvre dans une exposition (en choisissant l’objet le plus éloigné des attentes artistiques et en signant d’un pseudonyme inconnu alors). Cependant, il enverra un collectionneur renommé acheter cette oeuvre refusée, créant ainsi un scandale autour des valeurs élitistes des professionnels de l’art.

Pour défendre son travail, Marcel Duchamp écrit : « Que Richard Mutt ait fabriqué cette fontaine avec ses propres mains, cela n'a aucune importance, il l'a choisie. Il a pris un article ordinaire de la vie, il l'a placé de manière à ce que sa signification d'usage disparaisse sous le nouveau titre et le nouveau point de vue, il a créé une nouvelle pensée pour cet objet ».

Voir l’oeuvre : https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cMdzAer/rejLpXx

Programme de 6e : l’objet et l’oeuvre Dossier par Emmanuel Brasseur

Biographie


Né en 1887 et mort en 1968, cet artiste français (naturalisé américain en 1955) est sans doute l’artiste le plus important du siècle. Inventeur des ready-mades, sa marque reste visible sur l’ensemble de l’art contemporain.

Avec des débuts qui rassemblent dessins et peintures, il commence à exposer en 1908.

Il côtoie alors les plus grands noms de l’art de son époque. Dès 1913, il s’éloigne de la peinture pour s'intéresser aux objets qu’il élève au rang d’objets d’art.

Son travail questionne l’essence de l’art en bouleversant les notions esthétiques mais aussi en minimisant le travail de l’artiste. Il met l’art sur la voie du concept et l’art contemporain reste marqué par ses interventions

Vocabulaire

Oeuvre : réalisation de l’artiste. Quel que soit le travail effectué, l’artiste décide que sa réalisation est une proposition artistique.

Représentation : action de placer devant les yeux l’image de quelqu’un ou d’un objet. Cette représentation peut prendre de multiples formes mais peut aussi ne pas montrer une image fidèle à l’original (déformation, symbolisme...).

Cinétique : qui fait référence au mouvement. Les oeuvres faisant appel à la cinétique possèdent des parties mobiles.

Surréaliste : artiste attaché aux valeurs surréalistes. Il intègre à sa démarche des notions d’inconscient et de rêve. Les oeuvres surréalistes montrent souvent des éléments du réel où se mêlent des éléments imaginaires. Ce courant débute en 1924.

Dada : courant artistique qui tourne l’art en dérision. Marcel Duchamp a adhéré à ce courant. Ce courant débute en 1915 et ne va pas durer longtemps ; de nombreux dadaïstes iront ensuite vers le surréalisme.

Dossier : Les fonctions de l’objet

1/ L’objet d’art

La notion d’objet d’art fait référence à une réalisation, généralement de taille modeste, qui a une fonction principalement décorative. Une grande variété de matériaux tels que la céramique, les textiles, les métaux, l’ivoire, le verre caractérise leur fabrication. Ces objets ont souvent une fonction mais sont exposés pour la qualité de leur fabrication (plateaux, montres, boites, tapisseries, reliures...).

Voir le travail de Fabergé exposé au MBA de Montréal : http://faberge.mbam.qc.ca/

2 / L’objet usuel

Entendons par ce terme un objet qui appartient à la vie quotidienne. Il est utile, fonctionnel et facile à se procurer. Il peut être outil, ustensile, truc, bidule, machin et plein d’autres choses. Il est généralement manufacturé et accessible à tous. Marcel Duchamp va intégrer ces objets dit usuels dans ses oeuvres et les utiliser comme un matériau.

Voir le travail de Louis José Torres : http://www.joseluistorres.ca/index.php

3/ L’objet symbolique

L’objet symbolique est celui qui nous entraine vers quelque chose d’autre par ressemblance, correspondance, convention ou association. Par exemple la fumée nous conduit à penser au feu.

Certains objets portent donc par leur image une idée sous-jacente, comme deux anneaux feront penser au mariage, un piano à la musique...

La force du symbole est la connotation révélatrice qui sous-entend un langage universel. En effet pour faire les bonnes associations, il faudra avoir une culture commune. Alors attention de bien interpréter les symboles en relation avec l’origine de l’oeuvre et de l’artiste.

Voir : INFILTRATION HOMOGEN FÜR KONZERTFLÜGEL de Joseph Beuyshttps://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/crGy97/rRLAaGn

4 / L’objet culturel

L’objet culturel renvoie à une tradition, une culture, une histoire, des souvenirs. Il établit une relation entre soi et l’autre, comme un pond entre deux référents de nature différente. Il est donc aussi un objet référentiel.

Voir le musée du Quai de Branly à Paris : http://www.quaibranly.fr/

5 / L’objet design

Le design se situe entre l’art, la technique et les besoins de la société. Il va remettre en cause les conventions autour d’un concept établi, par exemple proposer de nouvelles représentations physiques d’un objet usuel comme la chaise.

Les choix artistiques et esthétiques sont tournés vers une commercialisation des réalisations en nombre plus ou moins important.

Voir le site de Philippe Starck : http://www.starck.com/fr/

Travail à faire : Trouvez un objet d’art, un objet usuel, un objet symbolique, un objet culturel ou un objet design . Mettez une reproduction dans votre cahier (une page complète que vous décorerez) identifiez correctement l’objet en suivant ce modèle :

1 : Type d’objet (art, usuel, symbolique…)2 : Nom (ou dénomination courante)3 : Auteur (ou marque du fabricant)4 : Dimensions (si disponibles)5 : Matériaux (avec quoi c’est fait - médium)6 : Année de fabrication 7 : Lieu où on peut le trouver (musée ou magasin).

Dossier : Picasso et les objets.

(Nature morte à la chaise cannée 1912 Peinture à l'huile, Toile, Toile cirée, Corde, CannageDimensions : 37 cm x 27 cmMusée Picasso - Paris) 1 - Nature morte à la chaise cannée - 1912 - Peinture à l'huile, Toile, Toile cirée, Corde, Cannage, Dimensions : 37 cm x 27 cm, Musée Picasso - Paris

Mouvement artistique : Cubisme

Pablo Picasso représente sur cette toile ovale, son espace de travail. Il y montre certains éléments figuratifs (verre, citron, pipe, journal) traités de façon cubiste (Picasso en était le précurseur), mais il y colle également une toile cirée portant un imprimé de cannage. Finalement il encadre la toile ovale d’une corde réelle.

La toile cirée et la corde sont deux éléments que l’artiste n’a pas réalisés lui-même (objets manufacturés), mais qu’il intègre à sa réalisation. Il propose donc un objet du réel dans le monde de la représentation.

(Tête de taureau 1942 Selle de cuir et guidon de métal33,5 x 43,5 x 19 cmMusée Picasso, Paris.)Cette oeuvre ouvre la porte à une création où les pinceaux de l’artiste ne sont plus les seuls à apposer de la couleur, des textures ou des motifs (ici le cannage n’est pas peint par l’artiste mais imprimé dans une usine). Cette nature morte, où se mélange atelier et scène de bistrot, propose donc une nouvelle technique (le collage) qui permettra à de nouveaux courants de trouver leur voie. En effet, dadaïstes et surréalistes vont faire du collage leur base de travail.

2 - Tête de taureau - 1942 - Selle de cuir et guidon de métal, 33,5 x 43,5 x 19 cm, Musée Picasso, Paris.

Il s’agit d’une sculpture par assemblage.

Picasso réalise ici dans une simplicité volontaire, une représentation animale à partir de deux objets, une selle et un guidon. Ces deux éléments sont issus d’un vélo, ils appartiennent donc au départ à un assemblage mécanique.Picasso ne les envisage pas en tant qu’objets (le guidon n’est plus un guidon, la selle n’est plus une selle), mais il ne les utilise que pour leurs formes. On imagine facilement l’artiste jouer avec différents objets pour se laisser dériver vers des assemblages judicieux.

La tête de taureau est ici inévitable (dans le titre déjà). Tellement évidente qu’on en oublie les objets qui la composent.

Le taureau est un animal omniprésent dans le travail de Picasso. De la mythologie à l’arène, cet animal symbolise la force destructrice balancée par une apparente attitude paisible.

Picasso n’a pas fabriqué les objets qui composent son travail mais il les a repérés et détournés.

Voir les œuvres :Nature morte à la chaise cannée  + Tête de Taureau : http://www.museepicassoparis.fr/en-ligne/

Il vous faudra faire une recherche en entrant les titres des œuvres.

Vocabulaire :

Mouvement artistique : plusieurs artistes se réunissent pour faire de l’art d’une façon nouvelle, créant une nouvelle tendance.

Cubisme : Mouvement artistique qui se concentre sur la représentation éclatée de l’objet vu simultanément sous plusieurs angles. La palette de couleur est en général réduite.

Dadaïsme : mouvement artistique où l’absurde est de mise. L’art ne doit pas être sérieux. Le collage sera leur médium de prédilection.

Surréalisme : mouvement artistique où l'influence du rêve et de l’inconscient est la priorité. Magritte ou Dali en sont les représentants les plus connus.

Objet manufacturé : objet fabriqué en usine par des machines.

Collage : action d’ajouter sur un support des éléments extérieurs réels ou imprimés sur papier.

Nature morte : représentation d’éléments inanimés mis en scène.

Travail à faire la maison : collecter quelques objets dans votre environnement quotidien. En conservant la forme (le contour) d’un objet particulier (éviter les cellulaires!), dessiner, dans le cahier (une page complète décorée) ce à quoi ce contour vous fait penser (cela doit s’éloigner de la fonction initiale de l’objet). Vous pouvez utiliser tout ce qui peut rendre votre travail le plus abouti possible (couleur, collage, texture, matière…).

Dossier : La nature de l’objet,par l’exemple.

L’objet détourné

Détourner un objet consiste à l’utiliser pour autre chose que ce pour quoi il est fait. Ainsi avec Arcimboldo les fruits ou les légumes deviennent des parties d’un visage, alors qu’avec Carl Warner ce sont des paysages qui naissent.L’artiste joue, il regarde l’objet pour sa forme et non pour sa fonction.

Carl Warner : http://www.carlwarner.com/Arcimboldo : http://www.artliste.com/giuseppe-arcimboldo/

L’objet suffisantMarcel Duchamp est celui qui a largement contribué à la présence de l’objet en art. Allant jusqu’à simplement exposer des objets manufacturés sur lesquels il n’a lui-même posé aucun geste. Voir le dossier complet.

L’objet collectionné

Arman est un collectionneur d’objets, il les accumule et compose avec ces quantités. De la poubelle (déchets), au masque à gaz, du pinceau au violoncelle, rien ne lui échappe. Alors il les entasse, il les détruit, il les colle, les peint, les assemble, les démonte…

Site de l’artiste pour voir l’oeuvre originale : http://www.arman-studio.com/

Violon découpé sur panneau de bois peint en noir Arman1967technique : Coupe711 x 292 x 67 mm

L’objet naturel

Le Land Art consiste a créé dans la nature avec les éléments naturels trouvés sur place. Généralement éphémère, l’artiste documente son travail par la photographie ou la vidéo. Cette documentation sera la seule trace du travail.

Certains artistes du Land Art élargissent leur action en intégrant des éléments non issus du lieu de création (des miroirs par exemple, voir YUCATAN MIRROR DISPLACEMENTS de Robert Smithson).

La nature morte fait aussi référence à l’objet naturel.

Site de l’artiste Robert Smithson : http://www.robertsmithson.com/

L’objet fiction

Les objets viennent d’abord de l’esprit des inventeurs. Certaines inventions ne verront jamais le jour ou bien plus tard des fois. C’est le cas pour Léonard de Vinci (Vis aérienne devenue plus tard hélicoptère) ou de Jules Verne (le sous-marin, déjà imaginé, se concrétisera quelques années après son livre 20000 lieux sous les mers).

Les surréalistes sont aussi très empreints à la fiction. Le rêve et l’inconscient les conduisent à imaginer des objets inventés.

Francis Picabia - Parade Amoureuse – 1917Voir l’oeuvre : http://www.abcgallery.com/P/picabia/picabia66.html

Site de l’artiste Francis Picabia : http://www.picabia.com/FP_WEB/FR/accueil.awp

L’objet du quotidien

César compresse des voitures. Défi à la solidité et à la résistance des matériaux, il questionne aussi la société de consommation.Yuken Teruya, jeune artiste japonais, utilise des sacs en papier, des rouleaux de papier toilette, des journaux, des billets de banque des chaussures, des revolvers, des couteaux pour ses créations pleines de poésie et de sensibilité.

Les objets impossibles- Jacques Carelman, Cafetière pour masochiste, tiré du Catalogue des objets introuvables, réédité en 2003.- Meret Oppenheim, Déjeuner en fourrure, 1936- Man Ray, Cadeau, 1921 Ici les artistes proposent de revisiter un objet en s’appliquant à le rendre inutilisable. Encore une fois, l’artiste essaie de changer notre regard sur ce à quoi nous sommes habitués.

Travail à faire à la maison : Rassemble des objets et compose une nature morte contemporaine. En t’inspirant des peintures qui montrent des natures mortes traditionnelles, essaies d'apporter une touche contemporaine en intégrant des objets qui marquent notre époque. Prends une photo, colle-la dans ton cahier, donne un titre et décore ta page.

Dossier : La présentation de l’Objet

Dans le muséeLe musée est traditionnellement le premier endroit mentalement associé à une exposition artistique. Cependant, certains lieux deviennent aussi musée de par leur vocation touristique, le château de Versailles en est un exemple. Celui-ci accueille d’ailleurs régulièrement des expositions contemporaines qui souvent créent une polémique de par le décalage observé entre les oeuvres et le lieu mais aussi par la surprise que les oeuvres créent dans cet espace que l’on vient visiter pour d’autres raisons, d’autres attentes.

Exemple : EXPOSITION DE TAKASHI MURAKAMI AU CHÂTEAU DE VERSAILLES du 14 septembre au 12 décembre 2010 : http://www.chateauversailles.fr/les-actualites-du-domaine/evenements/evenements/expositions/murakami-versailles

Le socle

Le socle permet de mettre en valeur une oeuvre généralement sculpturale. Il permet de mettre l’oeuvre au niveau des yeux, ou de lui donner une position supérieure.

Certaines oeuvres sont cependant exposées sans socle (Roue de bicyclette de Marcel Duchamp au MoMA NY).

Les sculptures Brancusi intègrent généralement le socle. C’est-à-dire qu’il ne faut pas séparer le socle de la sculpture, qu’ils fonctionnent ensemble. La question qui persiste est : lors d’une analyse, faudra-t-il penser à la sculpture comme deux éléments présentés ensemble ou comme une sculpture présentée sur un socle?

En savoir plus sur Brancusi : http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/ENS-brancusi.htm

La vitrine

Certains objets d’art sont mis sous vitrine, souvent dans un souci de protection, mais aussi pour permettre une présentation simple de certains objets.En général, ces objets appartiennent à des époques lointaines et il est important de ne pas les endommager (manipulation, chocs, vol ou vandalisme).

On les appelle d’ailleurs souvent des objets vitrine.

Le mur

Le mur est traditionnellement un espace d’accrochage d’oeuvre. Dans les musées, les galeries ou les maisons, cet espace est toujours utilisé pour montrer.Cela crée une présentation verticale avec laquelle nous sommes très habitués (de Lascaux au Louvre!).Cependant certaines approches contemporaines utilisent davantage l’espace du musée en le considérant sous tous les angles (sol, plafond, murs, accroches suspendues…). Les installations par exemple ne se limitent pas aux murs.

L’objet et l’écran

L’objet peut être filmé. Son image est alors accessible à travers un écran. Il existe un grand nombre de films sur ou avec des objets. Le site de l’ONF vous en fera découvrir une multitude. La technique de base consiste à produire une multitude d’images photographiques, on effectue de légers changements entre chaque photographie. Les images défilant à une vitesse soutenue monteront un mouvement, c’est la technique appelée Image par Image.

Exemple : Voisins - Norman McLaren, 1952, 8 min 6 s : https://www.onf.ca/film/voisins-neighbours

L’objet dans l’espace public

(ClothespinClaes Oldenburg1976Métal14 m × 3.73 m × 1.37 m PhiladelphiaCollection privée)Les oeuvres dans l’espace public sont généralement des sculptures. Elles sont prévues pour durer dans le temps et faire face à certains actes de vandalisme. Le public peut les toucher ou les escalader. Ces oeuvres interrogent le regard en cherchant à surprendre.

Avec cette oeuvre, Oldenburg propose un objet du quotidien (épingle à linge) agrandi de façon démesurée et sorti de son contexte habituel de la maison. Le propriétaire privé de cette oeuvre a choisi de la mettre dans la rue face à un immeuble sans grand recul. On ne pourra que se sentir tout petit au pied de cette production.

Voir l’oeuvre (il en existe plusieurs versions) http://oldenburgvanbruggen.com/largescaleprojects/clothespin.htm

Travail à faire à la maison : Dessine un objet que tu aimes en essayant d’être le plus réaliste possible (choisis un objet dont les formes ne sont pas trop compliquées). Trouve la photo d’un espace public de ton choix. Découpe ton objet et colle-le sur cette photo. Attention, tu dois essayer que ton objet s’intègre bien dans l’image.

Mets ce travail dans ton cahier, donne-lui un titre et décore ta page.

Dossier : les statuts de l’objet

1 - L’objet représenté

L’exemple de la VanitéLa vanité est une représentation qui symbolise le passage de la vie à la mort. C’est une oeuvre qui a donc une durée. Mais le temps ne peut pas se représenter, l’artiste a donc recours à la forme symbolique.

On retrouve des Vanités dès l’antiquité mais vers 1600 elles se répandent fortement en Europe. Elles vont plus tard presque disparaitre pour réapparaitre au XXe siècle.

Pour comprendre le tableau, il conviendra donc de décrypter chaque élément visible.La mort : crâne et squelette symbolisent le deuil (les teintes noires et argentées aussi).Le temps qui s’écoule : le sablier, le chronomètre, la montre, la bougie consumée, les nuages.La durée de la vie : le verre à moitié plein (ou moitié vide), les aliments ont une durée de vie courte, le fruit épluché (la peau du fruit serait le temps qu’il faut à l’homme pour atteindre le spirituel – la pulpe).La fragilité de la vie : les bulles de savon, le verre, les miroirs, bougie éteinte, les fleurs fanées, la fumée…Les biens superficiels de ce monde : les étoffes, les bjjoux, l’argent, l’orfèvrerie, Le pouvoir : les armes, les couronnes, les spectres…La vérité (connaissance) : les livres, les instruments scientifiques, les sculptures, les tableaux, les instruments de musique…Les plaisirs : le vin, la pipe, les cartes à jouer, les dès…La querelle, la discorde : les objets de luxe, grands plats, vase, tasses…Les cinq sens : l’ouïe, la vision, le gout, l’odorat et le toucher. Ils sont le plaisir mais aussi le péché.La religion chrétienne : le vin, le pain et le raisin (Eucharistie), les roses (Marie), l’oeillet (passion du Christ), papillon symbole paien de l’âme, le crabe symbole de la résurrection.La résurrection et la vie éternelle : épis de blé, couronnes de laurier, les citations religieuses.

Si les Vanités nous parlent de la transition entre la vie et la mort, on y trouve aussi un message indéniable, à savoir, profiter de la meilleure façon possible de cette vie courte.

Citations que l’on peut retrouver sur différentes vanités : «  J'ai été ce que vous êtes et ce que je suis, vous le serez aussi. »« vanitas vanitatum omnia vanitas » - Vanité des vanités, tout est vanité.« Memento mori » - rappelle-toi que tu es mortel.

Quelques vanités incontournables :

- Tête de mort avec les attributs du mendiant et du roi, avant 79 av. J.C. Mosaïque de Pompéi. Naples, musée archéologique nationale.- Lubin Baugin, La Nature Morte à l’Èchiquier ou Les Cinq Sens, XVIIe siècle, Louvre, Paris

- Philippe de Champaigne, La Vanité, 1646. Musée de Tessé, Le Mans- Jean Michel Alberola, rien (bleu) 2012 Galerie Daniel Templon.- Andy Warhol, Skull, 1976. The Andy Warhol Foundation for the Visuals Arts, Inc.- Georges Braque, L’Atelier au crâne, 1938, collection particulière

2 – L’objet est le sujet (oeuvre 2D)

Just what is it that makes today's homes so different, so appealing?Richard Hamilton

1956

Collage

26 cm × 24.8 cm

Kunsthalle Tübingen, Tübingen (Allemagne)

Hamilton utilise ici des éléments relevés dans des magazines et effectue un collage de petite taille. Cette œuvre sera l’introduction à un courant artistique appelé Pop Art.

Dans ce travail, l’artiste présente des objets de consommation courante et populaire  :aspirateur, enregistreur, mobilier, affiche de BD, TV, bonbon, théâtre… Les deux personnages principaux sont très concernés par leur apparence (culture du corps). Donc tout est objet ici, même des êtres humains.Dans une correspondance, l’artiste présente son travail comme Pop Art, c’est-à-dire « populaire, éphémère, jetable, bon marché, produit en masse, spirituel, sexy, plein d’astuces, fascinant et qui rapporte gros ».

Voir l’oeuvre : http://www.lespressesdureel.com/PDF/952.pdf

3 – L’objet est mis en scène (oeuvre 3D)

Oracle (1962-1965) Robert RauschenbergTôle galvanisée, eau et son

236 x 450 x 400 cmCentre Georges Pompidou

Voir l’oeuvre : https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/crgBo58/rAErGd

Billy Kluver se joint à Robert Rauschenberg pour la création de cette oeuvre visuelle et sonore. Des objets hétéroclites récupérés mis en scène avec un souci de la création d’un environnement sont accompagnés d’une ambiance sonore.Rauschenberg choisi toujours des objets qui on tune histoire, ils portent la marque de leur utilisation. Il rapproche ainsi l’art et le vivant.Le titre ici nous aiguille vers la construction de sens : l’oracle se prononce sur le futur en connaissance du passé et du present

L’artiste confiait, dans un entretien au quotidien Libération, avant sa mort en 2008 : « Le Pop Art veut que l'objet reste objet en soi, dans son lieu propre, avec sa marque propre et son usage propre. Alors que, dans mes premiers travaux, j'étais déjà plus attaché à le transformer. »

4 - Le tableau objet : 2D ou 3D ?

Le lit Robert Rauschenberg1955

Huile et crayon sur oreiller, couverture et drap Support 191.1 x 80 x 20.3 cm.MoMA NY

Voir l’oeuvre : https://www.moma.org/learn/moma_learning/robert-rauschenberg-bed-1955

Robert Rauschenberg crée ici un tableau objet. Un lit est représenté verticalement, mais cette représentation existe grâce à la présence effective des éléments reels : l’oreiller, le drap et la couverture. L’artiste travaille sur ce support reel en ajoutant des touches négligées de peinture et de crayons.

La légende dit que Rauschenberg aurait pris son propre lit pour travailler quand il ne pouvait pas se payer de nouvelles toiles. Connaissant son besoin de relier l’art à la vie, on peut alors y voir une sorte d’autoportrait.

5 - L’oeuvre objet (culturel)

Tambour de BronzeInstrument de musique

Indonésie

Date(s) : 4e siècle av. - 2e siècle ap. JC

Matériaux et Techniques : Bronze

Dimensions : 113 x 148 cm, 382000 g

Exposé : MQB, Quai Branly

Voir l’objet : http://collections.quaibranly.fr/#32f9158e-0840-459a-8f38-b304d7bab2e1

Ce tambour de très grande taille est composé d’un cylindre s’élargissant pour supporter le plateau. Celui-ci est orné au centre d’un astre à 12 branches (soleil ou étoile), de motifs circulaires sur la surface et de quatre grenouilles en ronde-bosse sur la bordure.

La fonction de cet objet reste musicale.

Le site de Dong Son au nord du Vietnam était un lieu important pour la métallurgie. Beaucoup de ces tambours ont été retrouvés lors de fouilles.

6 - L’objet est l’outil

Grand Tir - Séance de la Galerie J Niki de Saint-Phalle30 juin – 12 juillet 1961Plâtre, peinture, grillage, ficelle, plastique sur panneau d’aggloméré

Voir un exposition de Niki de Saint-Phalle consacrée à cette peériode de son travail : http://www.galerie-vallois.com/expositions/2013/niki-en-joue.html

Niki de Saint-Phalle réalise sur un support un assemblage de plâtre et grillage. Une fois le fond terminé, elle y accroche avec de la ficelle des ballons plein de peintures colorées variées. Elle tire ensuite à la carabine sur les ballons, afin de permettre à la peinture de se répandre.

«Un assassinat sans victime. J’ai tiré parce que j’aimais voir le tableau saigner" déclarait Niki de Saint-Phalle.

La carabine est ici un outil important, qui ne se voit pas dans l’oeuvre en tant qu’objet, mais dont l’utilisation est très visible.