VOLAILLE DE CHAIR Le sursaut - Synagri.com · On ne donnait pas cher de la peau du poulet export...

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27 DOSSIER 18 décembre 2015 VOLAILLE DE CHAIR Le sursaut Coordination du dossier Elodie Dezat (Chambre d'agriculture de Bretagne avec Paul Jegat (Terra). Rédaction Chambres d'agriculture de Bretagne : Arnaud Haye, Elodie Dezat, Christian Nicolas et Marion Ruch. Pascal Le Douarin

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VOLAILLE DE CHAIR Le sursaut

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Coordination du dossierElodie Dezat (Chambre d'agriculture de Bretagne avec Paul Jegat (Terra).Rédaction● Chambres d'agriculture de Bretagne : Arnaud Haye, Elodie Dezat, Christian Nicolas et Marion Ruch.

Rédaction● Chambres d'agriculture de Bretagne : Arnaud Haye, Elodie Dezat, Christian Nicolas et Marion Ruch.

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La Bretagne a perdu le tiers de sa production avicole et 40 % des emplois qui y sont liés depuis le début des années 2000. Malgré ce constat peu réjouissant, des signaux positifs sont envoyés depuis le début de l’année avec la bonne santé de la production de poulets et des investissements dans les outils de production, ce qui avait fait défaut aux filières bretonnes ces dernières années.

On ne donnait pas cher de la peau du poulet export avec la fi n des res-titutions, que l’on pensait obliga-toires pour vendre sur nos marchés extérieurs. Or, deux ans après la fi n des restitutions, la fi lière est tou-jours là, bien qu’elle ait été forte-ment secouée. Des effets conjonc-turels peuvent expliquer en partie la résistance du poulet export fran-çais, comme des avantages de taux de change ou le fait que le Brésil ait cherché d’autres débouchés notamment au niveau de la Russie.Ce serait sous-estimer les efforts importants qui ont aussi été réali-sés au niveau de la fi lière : inves-

tissements dans les abattoirs, efforts des éleveurs pour gagner en effi cience via des rotations sou-tenues et un travail sur l’indice de consommation. Une bonne nouvelle vient également des évolutions qui s’opèrent au niveau du groupe Doux, l’entrée de Terrena au capital apportant de la sécurité. L’activité s’adosse ainsi à une coopérative aux reins solides.

La dinde ne voit pas le bout du tunnelMalgré le rebond des abattages l’an dernier 1 , les signaux ne sont pas tous positifs pour la production de dindes. Le solde des échanges français de viande de dindes étant équilibré, le développement de la fi lière ne passera que par un déve-loppement de la consommation intérieure. Or, l’érosion de la consommation perdure donnant peu de perspectives pour les années à venir. Au niveau des éle-vages, cela se traduit par une subs-titution du parc dindes par de la production de poulet. Tant et si bien que les structures ont même du mal à trouver des éleveurs pour assurer les demandes.

Bonnes perspectives pour le poulet bretonLa redistribution des acteurs s’opère non seulement en poulet export, mais également en poulet standard avec la reprise d’outils par LDC. Le renforcement du numéro 1 de la volaille en Europe s’accom-pagne d’investissements impor-

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Des bouleversements dans les filières avicoles

Des installations à la peineNous notons chaque année dans l’enquête avicole un inexorable vieillissement de notre parc bâti-ment et une pyramide des âges des aviculteurs encore plus préoccupante. En 2010, le recense-ment agricole soulignait que 49 % des exploitations avicoles spécialisés étaient concernées par la succession, soit 1500 élevages. Et dans 13 % des cas, l’exploitant prédisait une disparition de son atelier. Plusieurs facteurs concourent…. Les conseillers transmission des chambres d’agriculture notent une inadéquation entre les profi ls des ateliers à transmettre et les souhaits des potentiels repreneurs. Les installations hors cadre familial concernent souvent des reconversions profes-sionnelles avec une demande importante pour des productions sous signe de qualité ou en vente directe. Lorsque les candidats sont prêts à travailler en fi lières longues, d’autres caractéristiques structurelles des ateliers peuvent freiner les reprises. Ainsi, l’absence de terres pour l’épandage peut faire peur alors même que des solutions de traitement existent. Les ateliers n’ont parfois pas la taille suffi sante pour dégager un revenu, ou le coût de la reprise est estimé trop élevé au vu des investissements nécessaires à la remise à niveau des poulaillers. Les jeunes installés en produc-tion de volailles de chair sont pourtant fi ers de leur métier. Mais ils ne sont pas philanthropes pour autant. Ils notent la diffi culté d’obtenir un revenu convenable une fois les annuités payées, ce qui est d’autant plus vrai avec des bâtiments neufs. L’activité de volailles de chair est aussi considérée comme stressante, c’est comme "piloter une formule 1". Si une bonne organisation permet de dégager du temps libre, il faut toujours une personne à proximité du bâtiment pour réagir en cas d’alarme. Sans compter que les rotations dans certaines productions peuvent être soutenues.

Elodie Dezat

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tants en Bretagne. La stratégie est claire : reconquérir le marché inté-rieur avec un volume correspon-dant à la moitié des importations et une spécialisation des bassins de production. La Bretagne s’orien-terait ainsi vers la RHD et les éla-borés. Si la présence d’un acteur de cette envergure rassure, nous constatons depuis plusieurs années un recul des acteurs bretons et un éloignement des centres de déci-sion. Avec le risque que les avicul-teurs soient encore moins maîtres de leur destin demain.Malgré tout, ce bouleversement a pour effet de créer une émulation auprès des autres abatteurs qui annoncent également des inves-tissements dans leurs outils. Une bonne nouvelle pour les produc-tions avicoles : les investissements

d’aujourd’hui pérenniseront les fi lières bretonnes de demain.

Arnaud Haye et Elodie Dezat

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Des bouleversements dans les filières avicoles

Coût du vif Royaume-Uni France Pays-Bas Allemagne PologneCoût de l'aliment (€/T) 395 368 378 388 367Poussin (€/100 p) 38,4 31,2 30,7 31,2 31,7Poids Vif (gr) 2300 1920 2200 2200 2300IC (Indice de Consommation) 1,75 1,75 1,67 1,68 1,76Coût sortie élevage (€/kg vif) 1,05 1,02 0,98 1,00 0,94Base 100 Allemagne 104 102 98 100 94Coût sortie élevage (€/kg mort) 1,50 1,46 1,40 1,43 1,35Coûts d'abattage (€/kg mort) 0,28 0,38 0,33 0,28 0,21Coût total (€/kg mort) 1,78 1,84 1,73 1,71 1,56Base 100 Allemagne 104 107 101 100 91

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Une bonne nouvelle pour les productions avicoles : les investissements d’aujourd’hui pérenniseront les filières bretonnes de demain

Une concurrence européenne féroceLes regards se sont tournés pen-dant longtemps vers le Brésil et ses faibles coûts de production, au point d’en oublier nos plus proches voisins. L’Allemagne et plus récem-ment la Pologne sont venus nous concurrencer sur notre terrain. Et le constat fait par l’Itavi cette année n’est guère réjouissant : en 2013, le poulet français était le plus cher à produire (en €/kg) 2 . L’écart de coût de production sor-tie élevage qui est de 8 % avec la Pologne et 2 % avec l’Allemagne grimpe de 15 % et 7 % dans ces mêmes pays sortie abattoir. Pour le maillon élevage, de moins bonnes performances techniques peuvent expliquer ces écarts : le coût de l’aliment est l’un des moins élevés, mais l’indice de consomma-tion est médiocre pour le poids vif produit. Il n’en reste pas moins que les écarts de coûts d’abattage sont autrement plus pénalisants.Les faibles coûts de production en-registrés Pologne en comparaison avec les autres pays européens ex-pliquent la montée en puissance de sa production avicole. Entre 2003 et 2014, alors que les abattages français reculaient de près de 10 %, ceux de la Pologne ont aug-menté de 110 % ce qui lui a permis d’atteindre la première place en nombre d’abattages l’an dernier.

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1 Estimation des abattages par espèce en Bretagne (tec)

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La technicité de l’élevage de volaille est de plus en plus poussée, ce qui nécessite des évolutions dans les poulaillers. La plus grande prise en compte de la qualité de l’air dans les poulaillers joue également un rôle prépondérant.

La ventilation de précisionLa gestion de la ventilation des éle-vages avicoles ne cesse de progres-ser. Le parc français de volailles de chair standard, a longtemps été composé pour moitié de bâtiments statiques et pour moitié de bâti-ments dynamiques, mais la pro-portion de poulaillers à ventilation dynamique a fortement augmenté ces dernières années, notamment en poulet.La parfaite maitrise des débits et des circuits de ventilation est en effet nécessaire pour exprimer plei-nement le potentiel génétique des souches actuelles.Le gain moyen quotidien, la densité, les caractéristiques de l’aliment ont beaucoup évolués.Quand dans les années 80, l’ob-jectif premier était d’obtenir la bonne température au démarrage, aujourd’hui cela ne suffit plus, il faut gérer les gaz, l’humidité et les vitesses d’air : on est entré dans l’ère de la ventilation de précision.

Capteurs et boîtiers de régulationSans l’électronique et l’informa-tique, la ventilation de précision n’existerait pas : la puissance de calcul des micro-processeurs permet de collecter un très grand nombre d’informations provenant de capteurs de différentes natures, de les stocker et de les analyser, avant de renvoyer des ordres aux différents organes de gestion du bâtiment. Les capteurs sont aujourd’hui omniprésents dans les élevages avicoles. Certains sont destinés plus particulièrement à la gestion de l’ambiance : mesures de température, d’hygrométrie rela-tive, de pression atmosphérique… Depuis peu, il devient même pos-

sible de mesurer la teneur en gaz carbonique. Toutes ces informa-tions sont par ailleurs accessibles par smartphone ou par tablette tac-tile. Cette révolution numérique a apporté de la précision, de la réac-tivité et un plus grand confort de travail.

Le retour de la ventilation progressiveEn aviculture, contrairement à la production porcine, la ventilation dynamique se gérait encore récem-ment en ‘’tout ou rien’’, les débits minimums étant assurés par un doseur cyclique, dont le temps de marche évolue selon le besoin des animaux. L’utilisation des échan-geurs récupérateurs de chaleur a montré tout l’intérêt de ventiler en permanence les volailles et ceci dès le plus jeune âge.Parallèlement, de nouvelles géné-rations de ventilateurs, plus per-formants, sont apparues sur le marché. Ces appareils sont équipés de moteurs à commutation électro-nique, leur permettant de fonction-ner à tous les régimes, en consom-mant peu d’énergie électrique tout en résistant très bien à la pression.

Ces nouveaux types de ventilateurs remplacent avantageusement les anciens modèles, les débits impor-tants de fi n de lot continuant d’être assurés par des turbines de grosse capacité moins coûteuses à l’achat.

Les entrées d’airLes spécialistes s’accordent pour dire qu’obtenir un bon circuit d’air dans un poulailler n’est possible que si la coque est bien étanche et les entrées d’air bien gérées.L’utilisation de trappes fraction-nées à jet dirigeable est un réel atout pour assurer les faibles débits de renouvellement. Hauteur sur la paroi, forme, absence d’obs-tacles dans la veine d’air sont des conditions qu’il faut absolument respecter.Pour les plus petits débits, une ouverture décalée des volets per-met d’optimiser le circuit en don-nant plus de dynamique à l’air, lui permettant de se réchauffer avant de retomber sur les animaux.Ainsi, pour renouveler 10 000 m3 par heure, il est préférable d’ouvrir une trappe sur trois, avec une sec-tion de 1,5 cm et une vitesse de 6 m par seconde, plutôt que d’ouvrir

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Le poulailler se transforme

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Les capteurs sont aujourd’hui omniprésents dans les élevages avicoles

Surface et équipements : le poulailler breton se transforme.

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toutes les trappes, au détriment de la vitesse ou de l’épaisseur de la veine d’air.

Des fonctionnements différents pour une même finalitéLes poulaillers dynamiques qui se construisent aujourd’hui peuvent fonctionner en extraction haute, mono latérale, bi latérale ou en pignon. Parfois 2 modes de ventila-tion se côtoient dans le même pou-lailler : un premier pour la phase

de démarrage qui permet d’assu-rer l’homogénéité du renouvel-lement en tout point du bâtiment et un second pour les fi ns de lots, lorsque les débits d’air recherchés sont plus importants.Les choix sont issus de compromis ou la technique et les coûts d’in-vestissement et de fonctionnement doivent être bien appréhendés.

Christian Nicolas

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Le poulailler se transformeA quoi ressemble un poulailler de dindes allemand ?Depuis les années 90, la production allemande de vo-lailles de chair a explosé en multipliant par 3 sa pro-duction en 25 ans. Dans le cadre du programme de recherche NéoDinde, une délégation française est par-tie à la découverte de la fi lière dinde allemande et a pu visiter des exploitations avicoles.

Des poulaillers durables et de grande tailleLes exploitations allemandes sont de grande dimension et spécialisées en dindes. Il n’est pas rare de trouver des élevages de 6 000 m² en Allemagne, contre une moyenne de 1 700 m² environ en France. Les bâtiments sont aussi de plus grande taille, avec des surfaces de poulaillers qui peuvent aller jusqu’à 2 000 m². La conception des bâti-ments est robuste avec une structure en brique et un bétonnage des sols systématisé.La taille et la durabilité des bâtiments permettent aux éleveurs d’écraser les charges de structures. Ainsi, ils peuvent employer de la main d’œuvre salariée et méca-niser leur élevage. De plus, les bâtiments sont parfai-tement isolés et performants d’un point de vue énergé-tique. Souvent, le chauffage se fait à partir de biogaz ou de biomasse. Les exploitations allemandes diversifi ent souvent leurs revenus en produisant de l’énergie.La conception des bâtiments est aussi parfois soumise à plus d’exigences qu’en France, notamment dans cer-taines zones géographiques où les équipements de la-vage d’air en sortie de poulailler sont obligatoires. Sur la majorité des poulaillers, des fenêtres sont présentes sur les longs pans, comme on en voit apparaître depuis récemment en France. La surface vitrée équivaut à 3 % de la surface d’élevage au sol et permet un éclairage naturel.

Des bâtiments spécialisés par stade physiologiqueLa conduite de lot est aussi différente avec, souvent, des sites dotés de poussinières et d’autres sites accueil-lant exclusivement les dindes en engraissement. Cette structuration particulière, permet d’augmenter légère-ment la rotation, avec ½ lot par an en plus. En effet, après le transfert des dindonneaux entre 4 et 5 semaines d’élevage, la poussinière peut-être de nou-veau remplie. Cette particularité a aussi l’avantage de permettre une spécialisation des équipements selon l’âge des dindes.Malgré toutes ces différences, les poulaillers allemands affi chent un coût proche de ceux observés en France. En effet, les prix annoncés variaient entre 200 et 250 €/m². Cela est permis par un coût de certains matériaux et de la main d’œuvre plus faible qu’en France. De plus les contraintes environnementales supplémentaires sont compensées par l’absence de taxes pour l’environne-ment.

Marion Ruch

L’extraction pignon se développe en France.

L’éclairage naturel se développe pour répondre à la demande de clients.