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Ma défense En 2010 j'ai démissionné de la marine nationale turque au grade d’amiral. Les raisons de mon départ concernaient les « opérations de complot ». Alors, qu’il déclarait être lui-même « le procureur et le soutien » dans cette machination, le Président de la République actuel Tayyip Erdoğan qualifie régulièrement lui- même ces opérations de « complot ». Ce complot visait principalement la marine turque et l’Académie navale formatrice des futurs officiers, ainsi que l’armée turque qui ont été discréditées, ont subies des purges, certains de leurs personnels ont même été emprisonnés, d’autres se sont subordonnés. Au cœur du complot, entre 2008-2010, pendant ces opérations, je servais alors en tant que commandant de l'Académie des forces navales. Depuis ma démission en 2010, je suis journaliste. Mes articles sont publiés en Grande-Bretagne, en France, aux Etats-Unis, en Suède, au Danemark, en Allemagne et en Turquie par l’intermédiaire du Journal Aydınlık, dans une vingtaine d’autres de quotidiens et sur plusieurs sites internet. En même temps, j’ai aussi participé à plusieurs émissions de télévision et de radio locales et étrangères. De plus, en parcourant plus de cinquante-cinq mille kilomètres de routes en Turquie et à l’étranger a forte population turque, j’ai participé à 270 conférences en tant qu’intervenant sur la politique, la sécurité, la stratégie maritime, la géopolitique, «le soi-disant génocide arménien», les révolutions turques et sur Atatürk. Ma 271éme conférence sera sur l’avenir de la Turquie, le 5 mai à İzmit au « Türk Ocağı ». Depuis 2010, en plus du journalisme, je suis entré en politique. Le 31 mai 2014, j’ai prononcé un discours à Tekirdağ en qualité de membre du Parti républicain du peuple (CHP). Non seulement je suis un citoyen et un électeur, mais je suis aussi un journaliste et un politicien actif. J’ai été invité à Tekirdağ en tant qu’intervenant, pour

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Ma défenseEn 2010 j'ai démissionné de la marine nationale turque au grade d’amiral. Les raisons de mon départ concernaient les « opérations de complot ». Alors, qu’il déclarait être lui-même « le procureur et le soutien » dans cette machination, le Président de la République actuel Tayyip Erdoğan qualifie régulièrement lui-même ces opérations de « complot ». Ce complot visait principalement la marine turque et l’Académie navale formatrice des futurs officiers, ainsi que l’armée turque qui ont été discréditées, ont subies des purges, certains de leurs personnels ont même été emprisonnés, d’autres se sont subordonnés.Au cœur du complot, entre 2008-2010, pendant ces opérations, je servais alors en tant que commandant de l'Académie des forces navales.Depuis ma démission en 2010, je suis journaliste. Mes articles sont publiés en Grande-Bretagne, en France, aux Etats-Unis, en Suède, au Danemark, en Allemagne et en Turquie par l’intermédiaire du Journal Aydınlık, dans une vingtaine d’autres de quotidiens et sur plusieurs sites internet. En même temps, j’ai aussi participé à plusieurs émissions de télévision et de radio locales et étrangères.De plus, en parcourant plus de cinquante-cinq mille kilomètres de routes en Turquie et à l’étranger a forte population turque, j’ai participé à 270 conférences en tant qu’intervenant sur la politique, la sécurité, la stratégie maritime, la géopolitique, «le soi-disant génocide arménien», les révolutions turques et sur Atatürk. Ma 271éme conférence sera sur l’avenir de la Turquie, le 5 mai à İzmit au « Türk Ocağı ».Depuis 2010, en plus du journalisme, je suis entré en politique. Le 31 mai 2014, j’ai prononcé un discours à Tekirdağ en qualité de membre du Parti républicain du peuple (CHP). Non seulement je suis un citoyen et un électeur, mais je suis aussi un journaliste et un politicien actif. J’ai été invité à Tekirdağ en tant qu’intervenant, pour participer à l’action de « Sessiz Çığlık » (cri silencieux) qui se fait tous les samedis dans toutes les villes de la Turquie pour sensibiliser l’opinion et soutenir les militaires qui sont emprisonnés pour « trahison » à la suite du « complot « .Ce jour-là, je n’ai jamais commis aucun acte de diffamation envers Erdoğan, premier ministre à l’époque. Pendant mon discours je n’ai jamais voulu l’insulter délibérément. Je ne faisais qu’évaluer l’actuelle politique de la Turquie.Je n’ai commis aucun acte de diffamation envers ni le premier ministre ni le président de la république. Mon éducation ne me permettrait pas de commettre une telle action. Depuis l’âge de 14 ans, j’ai été éduqué dans des établissements d’état. Je fais preuve du même respect envers la

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hiérarchie d’Etat qu’envers mes ainés. Je peux critiquer sans pitié un représentant de l’Etat sur sa politique économique, administrative et sa gestion, mais en aucun cas l’insulter ! Je sais précisément où et comment cela doit être traité et exprimé. Mon casier judiciaire et mes expériences en sont la preuve. J’ai représenté, à tous les niveaux, mon Pays tant au niveau national qu’international. Lors de mon discours pendant l’action de « Sessiz Çığlık » à Tekirdağ le 31 mai 2014, en tant que politicien j’ai critiqué le premier ministre Tayyip Erdoğan que j’ai qualifié de « fasciste et de dictateur ».C’était, ce jour-là, l’anniversaire du « mouvement protestataire de Gezi ». Ce que j’ai vu sur la route de Tekirdağ était complètement antidémocratique, on peut tout simplement parler d’un État Policier. Les forces de l’ordre étaient postées partout et portaient des armes lourdes. Le ferry, le métro et le tramway étaient annulés en ville on aurait dit que l’état d’urgence était appliqué. Cela fourmilier de policiers. On ne peut pas observer cela dans un pays démocratique !C’est dans cette atmosphère que j’ai suivi la route jusqu’à Tekirdağ et que j’ai prononcé mon discours. Erdoğan n’était pas n'importe qui, mais bien un politicien ! Il aurait dû être ouvert à toutes les critiques et les supporter. Pendant mon discours j’ai utilisé les déclarations "fasciste et dictateur" je le faisais en tant que politicien et journaliste, et cela aurait dû être considéré comme une analyse.La définition du mot fasciste que l’on trouve dans le dictionnaire est « Celui qui impose une autorité arbitraire, dictatoriale et violente à son entourage. » C’est en ce sens, que j’ai critiqué la politique économique administrative et de gestion du premier Ministre Erdoğan.

Au cours de ses discours, Erdoğan critique régulièrement les décisions de justice et il ajoute « si la justice ne nous entravait pas nous travaillerions mieux ». De plus il critique sans cesse la séparation des pouvoirs qui est un élément indispensable à la démocratie. Dans quel pays démocratique un politicien peut-il voir la justice en tant qu’obstacle et remettre en cause la séparation des pouvoirs? Erdoğan veut devenir Président, mais pas comme tout autre président dans le monde, lui, veut monopoliser le pouvoir, selon un modèle unique pour la Turquie. Dans les pays démocratiques comme les États-Unis, le système présidentiel est contrôlé par certains organismes de contrôle. Le plus important étant de préserver la séparation des pouvoirs par une double assemblée et par la cour suprême. Mais Erdoğan veut adapter un système présidentiel dans lequel ces organismes n’existent pas. Qu’on l’accepte ou pas, c’est belle et bien une idée dictatoriale. C’est contre cette vision et ces actions et dans ce contexte là que j’ai parlé de dictateur, je n’avais pas l’intention de l’insulter.

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Parmi les magazines les plus réputés dans le monde, The Economist, déclare que « la Turquie est entrain d’évoluer rapidement vers un régime autoritaire » et concernant son «application de la démocratie » il place la Turquie au 98éme rang après le Kenya et l’Ouganda. Le magazine ajoute également qu’ « avec son succès aux élections présidentielles de 2014, Erdoğan est devenu une menace pour la démocratie. » On peut condamner The Economist, mais l existe de nombreux autres exemples.Pendant une conférence à l’Université de Georgetown aux Etats-Unis en 2013, un livre intitulé « Psychologie de la dictature » a été offert à Emine Erdoğan. Cela a un sens ! C’est un avertissement envers le chemin que prend la Turquie vers l'autoritarisme et la dictature. Un reportage avec l’écrivain, professeur iranien, le prouve.Erdoğan dit « choisi ton camp, sinon sois en écarté » et ajoute que « la démocratie est juste un train qui amène à la station que l’on veut ». Je ne pense pas que ces discours respectent les traditions de la démocratie.Le 25 juin 2013, pendant la réunion de son parti le président Erdoğan dit : « Allez voir la photo du chef nationaliste, c’est lui l’architecte du massacre de Dersim, là vous y verrez un dictateur fasciste ». Je pense qu’ici Erdoğan n’insulte pas mais critique politiquement le héros de la guerre d'Indépendance que fut notre 2 ème président de la République İsmet İnönü, le plus proche frère d’arme d’Atatürk.Pendant son discours à Antalya-Demre, le 23 novembre 2013, le président du parti du mouvement nationaliste (MHP) Devlet Bahçeli traite Erdoğan de « dictateur » et ajoute « les interdits sont partout. La personnalité qui est venu au pouvoir avec des interdits se change en dictateur ».Le 15 juillet 2014, cette fois Erdoğan critique politiquement en disant « il n’y a pas meilleur dictateur que toi » au président du parti républicain Kemal Kılıçdaroğlu. Je pense qu’il n’avait pas l’intention de l’insulter.Lors du discours que j’ai tenu à Tekirdağ, j’ai usé de mon droit de le critiquer en tant que politicien et journaliste. C’est mon droit constitutionnel de liberté d'expression. De plus il doit accepter ces critiques en tant que politicien, il n’est pas un citoyen quelconque. Dans les décisions de la Cour suprême et de la Cour européenne des droits de l'homme il est dit que les politiciens occupent un statut différent de celui des citoyens et ils doivent accepter les critiques qui leurs sont faites.Dans l’affaire du 08.07.1986 9815/82 Lingens – Autriche, La Cour européenne des droits de l'homme dit que « les limites de la critique admissible venant d’un politicien sont plus étendues que les limites de la critique venant d’un particulier. Sachant que chaque mot et action d'un homme politique, à la différence d’une personne privée, conduit inévitablement, à un examen minutieux par les journalistes et le public. Une plus grande tolérance doit donc être appliquée ".

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Dans la décision de l’affaire du 13.11.2003 39394/98Scharsch – Autriche, La Cour européenne des droits de l'homme décide que « L’utilisation du terme nazi ne permet pas à terme être défendu en tant que délit de diffamation car il s’agit d’un terme spécifique. Les règles relatives aux activités politiques d’une personne sont différentes des actes relevant du droit pénal. »Si on regarde la juridiction en Turquie, on verra que la 7° Cours de première instance d’İzmir a prononcé l'acquittement d’un journaliste du journal « Yurt Gazetesi » qui avait écrit sur twitter « Les dictateurs ne démissionnent pas, ils sont renversés ». La cours a décidé que cela ne constituait pas un délit.De dire à un responsable de l’état qu’il gère mal et de façon tyrannique reste une critique et ne peut pas faire l’objet d’un jugement.Dans mon discours à Tekirdağ, j’ai fait la critique sur le « soi-disant génocide arménienne », dont l’année prochain sera le 100e anniversaire, en disant que c’est un mensonge impérialiste.Pendant mon discours sur le  « soi-disant génocide arménien », quand j’ai dit : « nos ancêtres n’ont pas commis d’action aussi odieuses mais je ne sais pas ce qu’il en est pour les autres », je voulais dire que nos ancêtres n’ont pas commis une telle erreur et qu’ils ont défendus leur honneur. Je ne visais ni Erdoğan ni quelqu’un d’autre en particulier, je m’adressais uniquement aux personnes qui défendaient la thèse calomnieuse du soi-disant génocide. C’était une critique politique, je n’insultais personne.Au 18é siècle, un paysan allemand a lancé un défi au roi de Prusse Frédéric le grand et lui dit a demandé de construire son palais à un autre endroit et pas sur sa terre. Parce qu’il sait que la justice allemande est présente et il lui dit aussi « il y a des juges à Berlin ». Malgré tout, je veux pouvoir dire qu’il y a des juges en Turquie.Depuis la Grèce antique jusqu’à nos jours des penseurs, ceux qui expliquent leurs point de vue, des intellectuels qui critiquent les dirigeants ont été de tout temps accusés jugés et punis. De même Socrate a été empoissonné et tué parce qu’il ne croyait pas aux dieux de la cité d’Athènes.Bien sûr, je ne me compare pas à un Socrate, je suis une des personnes qui essaie d’expliquer que le président Erdoğan gouverne mal la Turquie et que le pays est en route vers la catastrophe et je le critique très sincèrement avant que le vase ne se brise. Parce que cela est de ma responsabilité, envers mon pays et mes enfants.Hélas, les dirigeants d’aujourd’hui sont comme ceux du temps de Socrate, ils manquent de tolérance, d’ouverture d’esprit mais heureusement ni les lois ni les juges ne sont pas de cette époque là.

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C’est pour ces raisons que je crois en votre tribunal et en sa justice, je vous demande d’examiner mon cas, en prenant en compte les décisions rendues par la cours européenne des droits de l’homme et par les tribunaux turcs sur ce sujet, soyez assuré que mes critiques sont faites en ma qualité de journaliste et d’homme politique et qu’elles ne consistent en aucun cas un acte de diffamation mais une liberté d’expression, aussi, je vous demande mon acquittement.

Avec tout mon respectTürker Ertürk30