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Philosophie de la guerre Chapitre 1 : La philosophie de la guerre La réflexion sur la guerre porte sur 3 choses : 1. l’explication de la guerre 2. sur la distinction entre la guerre et la violence 3. sur trois alternatives : - la guerre ou la paix, - la guerre juste ou la guerre injuste, - guerre limitée ou guerre totale Selon Kenneth Waltz, il existe trois types d’explications de la guerre : - La nature humaine, la psychologie humaine - La nature des régimes politiques ( les institutions…) - La nature anarchique du système international Pierre Hassner considère que l’antonyme de la paix ce n’est pas la guerre car la guerre n’est qu’une forme de violence politique ( par ex dans la violence politique on trouve égt la dictature, la révolution, le génocide..). Dc la paix ne désigne pas l’absence de guerre, mais l’absence de violence politique. Dans la réflexion sur la guerre, on trouve trois grandes questions morales ou politiques : - La guerre peut-elle être dépassée ? abolie ? - La guerre peut-elle être juste ? - La guerre peut-elle être instrumentalisée ? A chacune de ces trois questions, il y a un postulat, un présupposé : 1. la guerre serait désuète ou illicite 2. la guerre serait susceptible d’une évaluation normative 3. la guerre est ou serait un moyen au service d’une fin ( politique, économique…) I. L’Etat et la violence L’expression que l’on emprunte à Norbert Elias « le progrès de la civilisation » cad rendre civil cad démilitariser. Ce progrès de la civilisation a consisté à éliminer peu à peu les institutions violentes, au fur et à mesure que l’Etat devenait l’unique institution habilité à employer la force (monopolisation étatique de la force). L’Etat associe deux choses : - La relation de commandement et d’obéissance - Relation de protection et d’obéissance Mais l’institution qui peut protéger peut également opprimer.

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Philosophie de la guerre

Chapitre 1 : La philosophie de la guerre

La réflexion sur la guerre porte sur 3 choses : 1. l’explication de la guerre 2. sur la distinction entre la guerre et la violence3. sur trois alternatives :

- la guerre ou la paix, - la guerre juste ou la guerre injuste, - guerre limitée ou guerre totale

Selon Kenneth Waltz, il existe trois types d’explications de la guerre : - La nature humaine, la psychologie humaine - La nature des régimes politiques ( les institutions…)- La nature anarchique du système international

Pierre Hassner considère que l’antonyme de la paix ce n’est pas la guerre car la guerre n’est qu’une forme de violence politique ( par ex dans la violence politique on trouve égt la dictature, la révolution, le génocide..). Dc la paix ne désigne pas l’absence de guerre, mais l’absence de violence politique.

Dans la réflexion sur la guerre, on trouve trois grandes questions morales ou politiques : - La guerre peut-elle être dépassée ? abolie ? - La guerre peut-elle être juste ? - La guerre peut-elle être instrumentalisée ?

A chacune de ces trois questions, il y a un postulat, un présupposé : 1. la guerre serait désuète ou illicite 2. la guerre serait susceptible d’une évaluation normative 3. la guerre est ou serait un moyen au service d’une fin ( politique, économique…)

I. L’Etat et la violence

L’expression que l’on emprunte à Norbert Elias « le progrès de la civilisation » cad rendre civil cad démilitariser. Ce progrès de la civilisation a consisté à éliminer peu à peu les institutions violentes, au fur et à mesure que l’Etat devenait l’unique institution habilité à employer la force (monopolisation étatique de la force).L’Etat associe deux choses :

- La relation de commandement et d’obéissance - Relation de protection et d’obéissance

Mais l’institution qui peut protéger peut également opprimer. Le Droit constitutionnel vise à empêcher l’oppression grâce à 3 moyens :

- La garantie des droits des gouvernés ( DDHC) - La distinction des pouvoirs - Au contrôle juridictionnel des gouvernants par le juge

La monopolisation étatique de la force a fait l’objet de 4 appréciations : 1. cette monopolisation est un progrès définitif ( la position conservatrice)2. progrès partiel, en attendant la transposition au plan international ( position

libérale ) 3. Cette monopolisation est un progrès provisoire en attendant le dépérissement de

l’Etat lui-même comme ultime instance de violence ( thèse marxiste )4. Selon la thèse anarchiste, ce monopole étatique de la force n’est pas un progrès car

c’est une source renouvelée de violence.

L’Apologie de la guerre :

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Selon Norbert Elias et Pierre Chaunu, l’institutionnalisation de la guerre entre Etats a constitué un facteur tendanciel, sur le long terme, de réduction de la violence. La guerre interétatique est un progrès par rapport à la violence interindividuelle ( violence sauvage ). Inversement, la remise en cause du monopole étatique et interétatique de la force, qui est typique des processus révolutionnaires, s’accompagne d’une régression du processus de civilisation. Mais contre ce pt de vue on peut faire remarquer que 2 choses sont négligées, et c’est que dénoncent les anarchistes notamment :

- Ce pt de vue néglige la persistance de la violence aux marges de l’Etat- Surtout ce pt de vue néglige la violence d’Etat elle-même et néglige les effets

collatéraux de la guerre interétatique, susceptible d’entraîner un processus de décivilisation. La guerre, et même la préparation de la guerre s’accompagne parfois d’autres phénomènes de violence politique, à savoir la dictature, le totalitarisme, ou encore la guerre peut s’accompagner de l’attaque des populations civiles en raison de leur identité ou de leur opinion.

II. De la guerre à la paix   ?

Au XXe siècle : - il y a moins de guerre entre Etats que de violence des Etats contre leurs populations. - moins de victimes de la violence guerrière que de victimes de la violence totalitaire. - Le crime contre l’humanité ou le crime de génocide sont des notions juridiques.

En polémologie, on parlera de violence totalitaire, pour désigner la violence qui ne distingue ni la paix et la guerre et qui ne distingue pas les combattants et les non combattants. D’autre part la violence qui vise tel ou tel groupe, du simple fait de ses opinions ou de son identité.

En politologie, on parlera de régime totalitaire pour désigner un régime dans lequel, au nom d’une idéologie et au moyen du contrôle de l’information, un parti unique commande à l’Etat, à l’économie et à la société, sans qu’il y ai de société civile autonome. Donc sans qu’il y ai de propriété privée des moyens de production. Si on suit cette définition, le communisme a été totalitaire ( sauf la NEP ), mais pas le fascisme qui maintenait la propriété privée. Par contre, le fascisme même si le régime n’était pas totalitaire, il se livrait à des violences totalitaires ( génocide juif ). Dc il faut bien faire la différence entre régime totalitaire et violence totalitaire.

Le lien entre régime totalitaire et violence totalitaire est fournit par un dernier concept : la terreur. Ce concept signifie l’insécurité juridique, cad la possibilité d’être arrêté ou interné par tout agent de police habilité, sans mandat, ni jugement, ni contrôle judiciaire, du simple fait de ses opinions ou de son identité.

III. Limitation ou prohibition de la guerre   ?

La tendance à long terme semble aller vers le déclin de la guerre en tant qu’institution. Autrefois considérée comme normale, de nos jours au XXe siècle, elle n’est plus admise qu’à titre d’exception. Mais face à cette vision optimiste s’oppose une vision pessimiste : des formes de violences pires que la guerre entre Etats se substituent ou s’ajoutent à la guerre inter étatique.

La participation des juristes au « progrès de la civilisation », a concerné deux choses : - D’une part la régulation de la guerre ( JIB ) - D’autre part l’ambition d’interdire la guerre

Ces deux logiques sont différentes, voir opposées : - dans la première logique ( JIB) il s’agit de limiter la guerre pour mieux

l’instrumentaliser. - Dans la seconde logique, il s’agit d’abolir la guerre pour garantir la paix.

Quoiqu’il en soit de ce débat, deux questions se posent :

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1. est-il possible de limiter/maîtriser la guerre ? 2. est-il possible de prohiber la guerre ?

La réponse à la première question est affirmative ; par contre la réponse à la seconde question parait négative en ce sens qu’une prohibition absolue n’a jamais été énoncée.

A. Les conditions de la limitation de la guerre ( 1ère hypothèse )

La limitation de la guerre comprend trois phases selon François Géré : - 1ère phase : la sélection des buts politiques- 2ème phase : la régulation des modalités militaires dans le choix des cibles, mais

également la limitation au niveau du choix des armes de combat. - 3ème phase : le contrôle matériel et rhétorique des effets générés par la violence

réciproque.

Qu’est-ce qui permet d’évaluer la guerre ? L’outil juridique qui nous sert en polémologie, le Droit de la guerre, qui permet d’évaluer la guerre. Cette évaluation porte sur les auteurs et les buts ( auteurs : Etats, MLN ; buts : offensifs, défensifs ). Le droit de la guerre porte égt sur les acteurs et les moyens. Ainsi, la guerre limitée est celle qui est conforme politiquement au JAB et stratégiquement conforme au JIB. Par conséquent, le respect des règles dessine les contours de la guerre limitée. Et au fond, le respect des règles trace la limite entre la guerre limitée et celle qui ne l’est pas. Evidemment, la limite peut être franchie en JAB mais pas en JIB. Cad que des buts exorbitants peuvent être atteints avec des moyens qui ne sont pas exorbitants. Inversement, des moyens exorbitants peuvent être utilisés pour des buts qui ne sont pas exorbitants.

B. Le problème de la prohibition de la guerre ( 2nde hypothèse)

En droit international, les idéalistes recherchent l’abolition de la guerre, par le grand projet de « la paix par la Loi ». Cette quête a fait l’objet de deux sortes de critiques :

1. la première critique porte sur la faisabilité du projet. Projet utopique ? 2. la seconde critique est plus intéressante et porte sur la désirabilité du projet.

1). Concernant la première critique : l’idéal de la paix par la loi est utopique. Les auteurs comme Schmidt ou Aron considère que l’humanité est politiquement divisée. De plus, il n’y a pas d’autorité universelle capable d’imposer ses décisions avec une force et une légitimité telle qu’aucun gouvernement n’oserait la défier. 2). Critique de Schmidt : l’idéal de la paix par la loi n’exclue pas le conflit. Cet idéal est potentiellement tyrannique, ou du moins il est conservateur. Cet idéal est tendanciellement discriminatoire. Ceci veut dire :

- l’éventualité de conflit entre les Etats dans la détermination du Droit : l’idée d’un règne du Droit dans les RI suppose évidemment le pouvoir de définir, d’interpréter et d’appliquer le Droit. Il faut dc une instance de décision. Par conséquent, cette idée implique l’éventualité d’un rapport d’hostilité entre les Etats sur la définition, l’interprétation et l’application du Droit. Et dc cette idée exige une coalition de puissances pour garantir et sanctionner ce Droit. - Le caractère tyrannique de cet idéal : Si l’on veut échapper au caractère interétatique de la sanction. Le règne du Droit aboutie à « l’Etat universel ». en langage politique, le règne du Droit aboutie à l’hégémonie d’une superpuissance dans un monde unipolaire. - Concernant le caractère conservateur : l’interdiction de l’agression et l’organisation de la sécurité collective, lorsqu’elles ne s’accompagnent pas du règlement juridictionnel obligatoire des différents, ni de modalités efficaces du règlement pacifique, finalement cette sécurité collective ne fait que consacrer le statu quo. Donc cet idéal est au service des puissances satisfaites. - Pourquoi dit on que cet idéal est tendanciellement discriminatoire ? l’assimilation de l’agresseur à un criminel a pour conséquence que les Etats réputés dans leur Droit, justifieront un emploi extrême de la force contre l’Etat réputé dans son tord. Parallèlement, ces Etats qui prétendent incarner le Droit romprons l’unité entre le gouvernement coupable et la population innocente, ceci dans le but de désolidariser la

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population de son gouvernement. Conséquence : la montée aux extrêmes du conflit, et la transformation tendancielle de la guerre inter étatique en guerre civile internationale.

IV. De la critique du pacifisme à l’axiologie de la guerre

En droit International, les réalistes s’en tiennent à la paix fondée sur la reconnaissance de la souveraineté et des antagonismes ( reconnaissance des indépendances réciproques, des ennemis). Julien Freund : on ne fait la paix qu’avec l’ennemi, ce qui implique par conséquent, de reconnaître l’ennemi tout simplement, négocier avec eux, voir même de se réconcilier avec l’ennemi. L’unique solution si l’on veut terminer le conflit est l’anéantissement ou la conversion de l’ennemi. La critique du pacifisme a revêtu trois formes :

- Une forme anthropologique- Une forme politologique  - Une forme axiologique- S’ajoute une critique conjoncturelle à partir de 1945. Au nom de l’entente avec l’Allemagne, certains pacifistes ont été parmi les plus ardents collaborationnistes. - Le pacifisme est susceptible de faire l’objet d’une critique morale, l’inaction peut être immorale. L’action armée peut être illégale mais légitime.

a). critique anthropologique : Léo Strauss nous dit qu’il y aurait une tendance de la nature humaine à former des groupes exclusifs. Les figures mnésiques de la guerre cad l’ennemi, le héros, la victime, semblent nécessaires aux groupes humains pour fonder leur unité et même leur identité. b). critique politologique : Selon Karl Schmidt, la relation d’hostilité est l’essence du politique si bien que la guerre est l’horizon du politique et cet horizon est indépassable tant que l’humanité restera plurielle dans ses identités, ses intérêts et ses idéaux. Le pacifisme lui-même est politique ( donc hostile ) : face à la guerre ou face aux risques de guerre, soit les pacifistes manifestent pour ou contre l’un ou l’autre des belligérants ; soit les pacifistes se trouvent les anti pacifistes dans leurs ennemis ; soit enfin les pacifistes désirent imposer la paix par la force

c). la critique axiologique : la définition du politique telle que Karl Schmidt la développe, par les situations d’exceptions peut conduire à deux positions :

- une position libérale : le politique est le risque de la guerre dc le danger, mais il faut dépasser ce danger et dépasser le risque d’une mort violente par les progrès de la civilisation.- et une position anti libérale ( celle de Schmidt, Machiavel..) il s’agira de maintenir ce risque au nom de valeurs héroïques.

De ce pt de vue là, affirmer la guerre, c’est une position politique mais également, une position éthique. Cela revient à affirmer que l’Etat prime sur l’individu. C’est aussi une position éthique qui revient à affirmer la primauté du pro patria mori ( mourir pour la patrie ). A partir de là plusieurs traditions philosophiques et intellectuelles vont faire l’éloge de la guerre : la guerre serait une exaltation de la vitalité ( Nietszch ). D’autres exaltent la citoyenneté ( le vrai citoyen est près à risquer sa vie pour la patrie (Hegel ). C’est le nationalisme qui a renouvelé l’axiologie de la guerre à l’époque de la société industrielle de masse. La figure héroïque devient le soldat inconnu. La nation par conséquent est la cause collective et transcendante, la cause sacrée, au nom de laquelle les citoyens se déclareraient près à mourir. La fonction de la guerre est d’éprouver la santé morale et physique des peuples. La Fonction de la guerre est de révéler si les peuples sont forts ou faibles, courageux ou lâches ( Hegel ).

Sur les 3 ensembles idéologiques qui dominent le XIXe siècle européen : libéralisme, nationalisme et socialisme.

- Le libéralisme admet la guerre comme une exception- Le nationalisme admet la guerre comme principe - Le socialisme admet la guerre comme moyen

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Au XXe siècle après la première guerre mondiale :- il y a radicalisation du marxisme en marxisme léninisme. - La radicalisation du socialisme donne naissance au communisme et la radicalisation du nationalisme en fascisme.- Les points extrêmes du communisme et du fascisme est le bolchevisme russe et le nazisme allemand. - Le fascisme hérite du nationalisme une sorte de passion de la guerre. le communisme lui hérite du socialisme une certaine passion de la révolution. Les deux passions peuvent se combiner. Le communisme fut en partie guerrier et le fascisme fut en partie révolutionnaire. - Bien que fondamentalement antagonistes, le communisme et le fascisme ont eut un adversaire commun : la démocratie libérale.

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Chapitre 2 : Révolution et contre révolution Après 1789 et 1917

L’époque moderne a connu deux grandes révolutions : la révolution française en 1789 ( précédée par la révolution américaine en 1776 ) puis la révolution russe. La révolution française a servi de référence à la révolution russe. Ces deux révolutions se sont accompagnées de contre révolutions ; il n’y a pas de révolution sans contre révolution au plan idéologique comme au plan politique. L’idée de révolution comme l’idée de contre révolution figure parmi les principales justifications de la violence. Elles figurent égt parmi les principales motivations pour accéder au pouvoir.

I. Précisions terminologiques  

Constat : La guerre au XXe siècle étant étroitement liée à la révolution, à la dictature et au totalitarisme. Conséquence : la réflexion sur la guerre incluse la réflexion sur ces 3 trois notions. Point commun : ces trois notions ont toutes en commun d’exprimer une relation d’hostilité plus ou moins violente.

A. La révolution

La révolution se différencie de la révolte et du coup d’Etat. Pquoi cette différence ? Ces situations de conflit interne ont un pt commun, à savoir le refus par les protagonistes d’accepter la légalité en vigueur d’où la désobéissance. La révolte est une contestation plus ou moins violente du pouvoir qui n’aboutie pas à un transfert du pouvoir ou à un changement du pouvoir. Le coup d’Etat ( le putsh ) est soit un détournement irrégulier du pouvoir lorsqu’il émane des gouvernés, soit un transfert irrégulier du pouvoir lorsqu’il émane des opposants. De 47 à 89 on a connu dans le monde 600 coups d’Etats. Lorsque le coup d’Etat n’aboutie pas à un simple transfert des titulaires du pouvoir, mais aboutie à un chgt de la nature du pouvoir ( cad un chgt de régime ), le coup d’Etat s’identifie à une révolution. La révolution

- Au sens large, est une transformation plus ou moins violente des structures idéologiques ou politiques, ou transformation des structures éco et sociales ( dans le cas de la révolution communiste ) d’un pays. - Au sens strict, la révolution est un renversement de régime violent ou non violent, comme dénouement d’un rapport interne d’hostilité, par un mouvement politique minoritaire ( coup d’Etat ) ou majoritaire ( élections ), au nom de certains idéaux.

Nous avons donc dans la révolution deux éléments clés : le changement et l’antagonisme. Par conséquent, la révolution partage avec la guerre la relation d’hostilité, pas nécessairement l’emploi de la violence. En effet, il est des révolutions légales ( modèle fasciste ) cad des renversements de régime qui s’effectuent à travers un accès régulier au pouvoir des anciens opposants ( Hitler nommé par le Pdt Edinburgh ). Il y a égt des révolutions pacifiques ( Europe de l’Est en 1989 ) cad des renversements de régime qui s’effectuent sans résistance de la part des anciens dirigeants. Enfin il y a aussi des révolutions violentes : sans guerre civile lorsque l’exercice de la violence d’Etat est unilatéral ; avec guerre civile lorsque l’exercice de la violence est réciproque entre le pouvoir révolutionnaire et les mouvements contre révolutionnaires. En cas d’intervention de puissances tierces, la guerre étrangère se greffe sur la guerre civile.

B. la dictature

En terme mythologique, la révolution est un Janus ( double face ) car elle est associée à deux choses :

elle est associée au progrès et à la démocratie ( gauche ) elle est aussi associée à la terreur et à la dictature ( droite )

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La dictature comprend deux choses : soit la dictature désigne tout gouvernement non démocratique parlementaire ; soit la dictature désigne une « exception » à la démocratie parlementaire. Il convient donc de distinguer deux choses :

- les dictatures provisoires constitutionnellement prévues dans tous les régimes démocratiques parlementaires ( cf article 16 )

- les autres types de dictatures Les premières relèvent de la « dictature commissariale » ( renvoie à l’article 16 ), à savoir que le dictateur commissarial détient les pleins pouvoirs qu’il détient discrétionnairement, pour surmonter une situation de crise, et dans le but de rétablir l’ordre constitutionnel normal. Les autres types de dictatures, soit suspendent indéfiniment l’ordre constitutionnel et aboutissent par conséquent à une confiscation du pouvoir de l’équipe en place, soit établissent un nouvel ordre constitutionnel.

En tant qu’institution révolutionnaire, la dictature signifie la concentration des pouvoirs, la réduction ou la suspension des libertés publiques, la suspension de la compétition politique et enfin l’immunité du pouvoir. Tels sont les éléments constants des dictatures. Tout cela de manière provisoire, pour vaincre la contre révolution ( on retrouve la relation d’hostilité ) et/ou pour transformer l’ordre social.

En tant qu’institution contre révolutionnaire, les moyens sont identiques ( concentration des pouvoirs…) mais le but est inverse, ici il s’agit de vaincre la menace révolutionnaire ( cf Pinochet en 1976 ) et/ou rétablir l’ordre social. Quelques distinctions au niveau des modalités :

- on peut distinguer les dictatures à direction personnelle ou collégiale. - Les dictatures dont la structure s’appuie sur l’armée ou sur un parti ou sur une combinaison armée-parti.

Quant à la tyrannie, il s’agit d’un terme ( un jugement de valeur ) qui qualifie/disqualifie l’illégitimité du pouvoir. Soit que le pouvoir procède d’une usurpation, soit qu’il s’exerce de manière abusive.

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II. Les points communs entre les révolutions française et russe

Evidemment que les révolutions françaises et russes ont été différentes dans leur déclenchement, leur développement et leur dénouement. Mais nos deux révolutions ont eu des pts communs essentiels :

Les deux révolutions se déroulent dans des pays ruraux et chrétiens, dont la paysannerie émet des revendications foncières.

Les deux révolutions sont préparées au niveau des idées et des sentiments par des intellectuels aliénés, cad des milieux instruits dont la position sociale est dégradée et dont l’attitude politique est critique vis-à-vis des autorités en place. Dc climat intellectuel.

Les deux révolutions débutent ac la défection de l’armée régulière autrement dit, lorsque les gouvernements en place s’avèrent incapables de réprimer les soulèvements en place.

Elles sont conduites depuis les capitales par des citadins ( en minorité mais instruits ) notamment des membres de minorités confessionnelles, à savoir des protestants en France, et des juifs en Russie. Ces minorités citadines laissent les paysans distribuer une partie des terres et liquider la noblesse foncière comme classe.

Les deux révolutions se veulent éducatrices, les intellectuels qui préparent la révolution sont des pédagogues, et se caractérise par la diffusion du français et de la philosophie des Lumières. En Russie, le nouveau pouvoir alphabétise les masses. Dc alphabétisation + diffusion de l’idéologie marxiste léniniste.

Aspects idéologiques : Les deux révolutions sont donc animées par une idéologie rationaliste, elles se

réclament du progrès. Mais cette idéologie rationaliste se métamorphosa en une espèce de théologie sécularisée. demander au prof

D’un point de vue sociologique, elles promeuvent un changement des institutions mais aussi des mœurs, dans le sens de l’égalité homme femme. Elles vont dc dans le sens d’un bouleversement familial et matrimonial.

Elles désirent rompre ac le passé au nom d’une philosophie de l’Histoire. Idée que l’histoire a un sens, et que ce sens est le progrès. La révolution sert à accélérer le sens du progrès, et dans l’espérance d’une ère nouvelle. On veut faire table rase des institutions du passé.

Mais d’un autre côté, ces 2 révolutions n’empêchèrent pas une certaine continuité géopolitique, avec le soupçon que la France révolutionnaire puis napoléonienne poursuivait les desseins hégémoniques en Europe de la France des Bourbons ( ou de Louis XIV ). Certes avec des moyens radicaux ( conscription ) et avec une idéologie nouvelle ( philo des Lumières ). En Russie, on poursuit les desseins hégémoniques en Eurasie de la Russie, avec des moyens radicaux et une idéologie nationale du communisme.

On retrouve dans les deux cas le caractère universel : nos deux révolution prétendent et veulent s’adresser au monde entier. . Cf texte «   la révolution selon Marx et Engels   » ou l’on peut lire « la révolution prolétarienne a une justification universelle ».

On retrouve dans les deux cas la capacité de susciter une certaine allégeance transnationale voir supranationale : « les relations d’amitié ou d’hostilité traversent les frontières. »

Dans les deux cas on retrouve la promesse de la paix et de la justice et le recours à la violence et à la guerre.

On retrouve égt dans les deux cas l’appel à l’insurrection des peuples. Aspects polémologiques :

on retrouve dans les deux cas le régicide. En France, régicide ac procès de Louis XVI, en URSS le régicide sauvage. Mais au-delà du monarque, il y a un défi lancé à la tradition, un sacrilège à cette autorité, et qui inquiète ainsi l’ensemble des monarques du monde.

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Dans le prolongement, on retrouve la vengeance contre les anciennes élites. Il y a ainsi dans les deux cas des destructions iconoclastes, culturelles et symboliques, afin de rompre ac le passé.

Dans les deux cas il y a les émeutes, les jacqueries (émeutes paysannes) et les mutineries. Dc les violences des foules contre les anciens pouvoirs.

Luttes entre factions : girondins vs jacobins, bolcheviques vs mencheviques En sens inverse, on retrouve la répression et la Terreur, à savoir la violence du

nouveau pouvoir contre les opposants. Aspects politiques :

On retrouve la désagrégation de l’ancien Etat, puis la reconcentration dictatoriale des pouvoirs pour lutter contre les ennemis intérieurs et/ou extérieurs

Le remplacement de l’ancienne armée par une nouvelle armée et dirigée par des commissaires politiques.

On retrouve le paradoxe d’un pouvoir prétendu populaire, mais exercé par des hommes sans élections concurrentielles périodiques.

L’anéantissement social des classes adverses On retrouve la « guerre contre une fraction de la paysannerie » : en France la

Vendée et en Russie l’Ukraine, et contre le clergé. Enfin dans les deux cas, la guerre contre le clergé.

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III. Les différences entre les révolutions française et russe

La Révolution française a éclaté dans un pays avancé, en paix et qui était «  au centre de l’Europe ».

La révolution russe a éclaté dans un « pays arriéré » en guerre, et dans un pays en périphérie de l’Europe.

Par conséquent, pour les jacobins français, la révolution a éclaté au bon endroit, pas pour les marxistes qui pensaient que la révolution devait éclater en France, en Allemagne ou en Angleterre cad ds le centre riche mais pas dans la périphérie retardée. Le marxisme est une idéologie occidentale, qui a été élaborée par des philosophes allemands ( Marx, Engels ) qui la destinait à triompher en Europe occidentale. Mais les partis se réclamant du marxisme ont accédé au pouvoir dans des pays non occidentaux. Et dans ces pays, ils ont voulu « construire le socialisme » en luttant contre la société traditionnelle, et en essayant de rattraper l’occident ( c’est l’aspect nationaliste ).

Au contraire de la révolution française, il est difficile de dater la terminaison/la fin de la révolution russe. Si la révolution française a connu un thermidor ( chute des révolutionnaires radicaux les girondins, en Août 1794 ). En Russie, les révolutionnaires radicaux, ,à savoir les bolcheviques n’ont jamais chuté dc il n’y a pas eu de thermidor. Le Parti bolchevique, devenu PC est resté au pouvoir de 1917 à 1991.

Autrement les différences les plus sensibles, résident dans 4 choses :

1. Le pouvoir constituant : en 1789 en France, une assemblée constituante se réunie. En 1918 pour le cas russe, l’assemblée constituante est dissoute par le parti bolchevique qui s’empare dc du pouvoir constituant.

2. Dans la propriété privée : en 1789, le droit de propriété est proclamé mais en 1917 la propriété privée des moyens de production, à l’exception de la propriété de la terre, est supprimée, si bien que l’économie, y compris l’agriculture passe aux mains de l’Etat.

3. Le disensus social : la révolution de 1789-91 a engendré une démocratie bourgeoise créant des inégalités sociales. La révolution russe se voulant l’héritière de la révolution de 1794 ( de Robespierre ) désirait une démocratie prolétarienne, à savoir égalité des droits et des conditions ( = égalitarisme ).

- La bourgeoisie française a face à elle par csq la noblesse et le clergé, mais elle peut s’appuyer sur une grande partie de la paysannerie et des ouvriers artisans. Par csq, aussi le niveau de violence fut-il plus modéré.

- En revanche, le prolétariat russe a face à lui la noblesse, le clergé, la bourgeoisie et plus tard ce prolétariat aura face à lui la paysannerie libre. Aussi, le niveau de violence interne fut-il bcp plus élevé.

La révolution française a rencontré un certain consensus ; la révolution russe, du fait d’objectifs plus ambitieux fut plus disensuelle.

Au niveau économique, les deux révolutions visaient une transformation économique et sociale. La dimension économique fut plus accusée dans le cas russe que dans le cas français. Dans le cas français, nous avons une redistribution de la propriété, nous avons une abolition de la corporation ( décrêt Dalard, loi le Chapelier ) et enfin nous avons la création du marché national en France. En Russie nous avons la collectivisation de la société, l’industrialisation planifiée à partir de 1929, et enfin nous avons la création d’une société socialiste en Russie.

4. Les rapports de force internationaux : La France était la plus grande puissance de l’époque, elle exporta sa révolution sous la forme de la révolution étrangère. L’armée en France à partir de 1795 est devenue la tutrice de l’Etat. Dc processus de militarisation. La Russie n’était pas la plus grande puissance de l’Epoque, la preuve l’Allemagne bat la Russie ac le tiers de ses forces. Elle ne réussit pas à exporter sa révolution, elle se ferma pour construire le socialisme dans un seul pays. Enfin, l’armée rouge resta sous la tutelle du PCUS ( parti communiste union soviétique ).

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IV. Le conflit international de la révolution et de la contre-révolution dans les cas français et russe

La révolution et la contre-révolution dans le cas français après 1789, conduisent à la guerre extérieure. Après 1914, c’est la guerre qui conduit et qui permet la révolution et la contre-révolution.

Même envahie, la France révolutionnaire est d’abord conquérante ; la Russie révolutionnaire, doit signer la paix de Brest-Litovsk en 1917 avec les puissances germaniques occupantes ( Allemagne Autriche-Hongrie ). Par la suite, les tendances révolutionnaires que la Russie de Lénine soutient en Europe échouent définitivement en 1923.

Ensuite, le conflit de la révolution et de la contre-révolution a suivi une évolution très différente du cas français par rapport au cas russe :

Les monarchies coalisées en 1792, luttent contre la France pendant plus de 20 ans ( de 1792 à 1815 ). En Russie, les interventions des alliés contre la Russie bolchevique commencent au printemps et à l’été 1918 et cessent dès avril 1919, dc cela ne dure même pas un an et cela reste périphérique. La normalisation des relations ac l’URSS, constitué en 1922, s’effectuera de 1922 ( date de la Grande conférence internationale éco de Gènes à laquelle participera l’URSS ) et en 1924, et jusqu’en 1933-1934 : le premier geste de l’administration américaine de Roosevelt est la reconnaissance de l’URSS qui entre à la SDN.

De 1792 à 1815, l’opposition demeure centrale entre la France et les monarchies coalisées. De 1815 à 1830, la Sainte Alliance ( Autriche-Prusse-Russie ) veille à l’ordre établi contre toutes tendances révolutionnaires. En Russie, il n’y a jamais eu d’opposition claire et constante entre l’URSS et les Etats capitalistes de 1917 à 1991, ni même d’alliance internationale contre la révolution communiste ( il n’ya a pas eu de Sainte Alliance capitaliste ), sauf une tentative avortée du pacte anti-comminterm ( qui réunissait l’Allemagne, le Japon et l’Italie ) en 1936-37, le Japon ne participera même pas à la guerre contre l’URSS. Cela s’explique tout simplement par la configuration triangulaire de l’Europe :- Démocraties occidentales ( France, GB ), il y a eu entente germano soviétique

contre Versailles ( référence au Traité ) et Genève ( siège de la SDN ) ; - une certaine entente franco-soviétique contre l’Allemagne 1934-1938 ; - enfin Pacte germano soviétique en 1939-41. - Et enfin nous avons la grande Alliance contre l’Axe de 1941-45, à savoir les

occidentaux et l’URSS contre l’Allemagne fasciste. Dc il n’y a pas eu clairement opposition entre pays capitalistes et URSS. Il n’y a même pas eu de coalition des puissances fascistes ou autoritaires contre l’URSS, le Japon ayant gardé sa neutralité vis-à-vis de l’URSS. Il n’y aura de coalition mondiale anti-soviétique qu’en 1955, lorsque après la conclusion de l’Alliance atlantique en 1949 et après l’alliance japon- Etats-Unis en 1951 et enfin lorsque la RFA entre ds l’Otan en Mai 1955.

Ce qui a sauvé la Russie c’est que l’adversité externe était plus grande pour la France que pour la Russie. Il y avait un disensus interne plus grand pour la Russie mais une adversité externe moins importante.

Au terme des guerres de la révolution et de l’Empire, il y a un rééquilibrage des puissances et une semi restauration, dc une sorte de stabilisation. En revanche, à la fin de la première guerre mondiale, et de la période révolutionnaire et contre révolutionnaire qui la suit ( 1918-1923 ), il n’y a pas de stabilisation, il n’y a ni système international homogène, ni système interne homogène. Les gouvernements établis, certes avec l’appui des mouvements bourgeois mais aussi des partis socialistes, réussissent à briser les tendances révolutionnaires, qui sont étouffées. Mais la contre révolution ne l’emporte pas complètement, l’Etat soviétique, mais aussi l’International communiste se sont constitués. Dans tous les pays européens, des partis communistes

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disputent aux partis socialistes l’hégémonie au sein de la classe ouvrière. Dc Hétérogénéité à gauche, à l’ouest. A droite, la contre révolution a pris une forme semi révolutionnaire : le fascisme est anti libéral au plan idéologique et politique, mais pas au plan éco et social.

Chapitre 3 : Communisme(s) et fascisme(s)

Origine structurelle : l’industrialisation a engendré une nouvelle classe sociale, pauvre, peu instruite et dc turbulente, à savoir les ouvriers d’usine. Ils étaient présents au cœur et aux portes des villes. A la fin des années 1880, cette classe sociale devenue consciente d’elle-même, éduquée par les élites, est largement dominée par le marxisme. Intellectuellement, le marxisme était supérieur aux autres courants.

Vu de droite, cela représente une énorme menace. Le marxisme menaçait tous les propriétaires, car il voulait abolir la propriété privée des moyens de production, et parce qu’il voulait instituer la hiérarchie des classes. Par la même abolition de la religion et de l’Etat lui-même.

A gauche au contraire, ce n’est pas une menace mais une promesse, on affirmait que la révolution prolétarienne réaliserait ce que la révolution bourgeoise a la française avait promis mais n’avait pas réalisée. A savoir la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité.

Autrement dit, on affirmait que la révolution prolétarienne poursuivait la démocratisation du plan politique au plan économique. Bref, la révolution prolétarienne conduirait le progrès à son terme, et marquerait la fin de l’Histoire.

I. La première guerre mondiale et la genèse du communisme et du fascisme

notes : ouvrage de François Furet «  Fascisme et Communisme » Chapitre 1 : Sur l’interprétation du fascisme

La guerre de 1914 a pour l’histoire du XXe siècle le même caractère matriciel que la Révolution française pour le XIXe siècle. Le fascisme mussolinien de 1919 peut être conçu comme une « reaction » à la menace d’un bolchevisme à l’italienne, surgi lui aussi de la guerre, et constitué plus ou moins sur l’exemple russe. Pour combattre Lénine, Mussolini l’a imité. Le système libéral est la matrice des deux idéologies, communisme et fascisme : la première à laquelle Marx a ouvert la voie, porte à l’extrême « transcendance » de la société moderne : par quoi l’auteur entend l’abstraction de l’universalisme démocratique qui arrache la pensée et l’action des hommes aux limites de la nature et de la tradition. En sens inverse, le fascisme veut rassurer ceux-ci contre l’angoisse d’être libres et sans déterminations. Il puise son inspiration lointaine dans Nietzsche, et sa volonté de protéger la « vie » et la « culture » contre la transcendance. A partir de là on ne peut pas étudier les deux idéologies séparément, car elles montrent toutes deux les contradictions du libéralisme, et leur « complémentarité-rivalité » a marqué notre siècle. extrêmisme universalisme du bolchevisme extremisme particulier du nazisme

Tout commence par la question du sens à donner au deuil collectif dû à la guerre. A gauche : Culpabilisation des classes dirigeantes. A droite : glorification des citoyens soldats La gauche considère que l’hécatombe entraîne l’obligation de revenir à l’internationalisme ( français et allemands ne doivent pas être ennemis ) et en finir avec le nationalisme. La position de la droite : elle considère que le sacrifice des soldats entraîne l’obligation de demeurer fidèle à la cause nationale pour laquelle ils sont morts. Ces deux positions se retrouvent dans la genèse, la cristallisation du communisme et du fascisme.

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1. Le communisme

Le communisme est né d’une protestation contre « la guerre impérialiste » et d’une dénonciation de la trahison de la cause internationaliste par les partis socialistes. ( on reproche à la gauche d’avoir voté la guerre ). A l’ouest, la révolution d’Octobre avait un handicap : elle prêtait à l’accusation de servir les intérêts de l’Allemagne. Mais d’un autre côté, la révolution d’octobre avait un atout : en dénonçant la guerre, la révolution d’octobre trouvait un immense écho auprès de l’opinion en général, et en tout cas un immense écho auprès de la gauche en particulier.

2. Le fascisme

Le fascisme est né d’une affirmation de la guerre et une dénonciation de la cause nationale par les partis marxismes. C’est précisément sur la question de l’intervention de l’Italie dans la guerre que Mussolini se sépare du Parti socialiste italien en 1914. Puis il fonde son journal, « le peuple d’Italie » volontairement belliciste et subventionné par les français.

II.Les caractéristiques polémologiques

1. Les objectifs

L’objectif du communisme est le changement de régime idéologique et politique, et cela à l’encontre des élites L’objectif du fascisme est le changement de régime idéologique et politique sans changement de régime économique et social, et cela avec le soutien des élites traditionnelles. Mise à part cette différence fondamentale, les partis communistes et les partis fascistes, bien qu’ennemis, ont des caractéristiques polémologiques communes :

- Ce sont des partis qui admettent la violence, comme moyen de la révolution du côté communisme, comme principe de la politique du côté fasciste.

- Ce sont des partis qui recourent à la dictature ( au sens conceptuel du terme ) même si il est vrai qu’il renouvellent les élites, et même s’ils invoquent aussi tous deux la légitimité populaire.

- Ce sont des partis qui utilisent la légalité pour proscrire leurs opposants. - Ce sont des partis qui développent le CMI ( complexe militaro industriel )

Chez les communistes comme chez les fascistes, la dictature doit servir à vaincre « l’ennemi intérieur » ( la bourgeoisie pour les communistes, le marxisme pour les fascistes). Mais les communistes visent surtout la transformation sociale et comme on est dans des pays agraire, l’industrialisation accélérée. Du côté fasciste, on vise surtout la conquête militaire. Dc chez les premiers la violence est plutôt intériorisée et chez les second elle est plus extériorisée.

2. L’arrivée au pouvoir

Les partis communistes ont toujours accédé au pouvoir par la force, jamais par la voie électorale. Par ex en 1956 au Vietnam, en 1971 au Chili ( Allende était un communiste pur et dur ). Coup d’Etat de Lénine et Trotski en Russie en 1917. Présence de l’armée rouge et coup d’Etat en Europe centrale, cette présence militaire favorise l’essor des PC et la « colonisation ». En Corée du Nord, en Afghanistan coup d’Etat en 1978 mais qui va mal tourné par la suite. Autre exemple, guerre contre l’occupant ( allemand ou japonais ) et surtout guerre civile contre les rivaux en Yougoslavie, en Albanie, et surtout en Chine. Enfin, guérilla anti coloniale, et /ou guerre civile ( Angola, Mozambique, Nicaragua, Cuba, Indochine.. ) dans divers pays du tiers monde.

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Les partis fascistes ont accédé au pouvoir par « la révolution légale et nationale » : Mussolini et Hitler sont nommés chefs de gouvernement par les autorités en place ; ou bien par le coup d’Etat ( Salazar ) ou par la guerre civile ( Franco en Espagne ) ou à la faveur de l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale.

3. L’exercice du pouvoir

Les PC étaient explicitement des partis d’anéantissement social ( on promet l’anéantissement des classes propriétaires. ) Les Etats communistes ont procédé à la destruction de classe, au minimum par l’expropriation sans indemnisation ( la spoliation en droit ), au maximum par la liquidation physique. Dans les pays coloniaux ayant accédé à l’indépendance par la lutte armée et ayant choisis la voie du socialisme, la révolution s’est confondue avec l’expropriation sans indemnisation et l’expulsion des européens ( en Algérie des français et en Angola des Portugais ).

Le nazisme allemand se livrera à un anéantissement racial, à savoir le génocide juif pendant et sous couvert de la guerre, hors d’Allemagne et en secret.

III. La trajectoire comparée du communisme et du fascisme

A. Au niveau des idées

Points communs : La généalogie intellectuelle du communisme comme du fascisme est antérieure à 1914. Mais pour tous les deux le choc de la guerre ( WWI ) a été décisif ds la cristallisation y compris dans la cristallisation idéologique.

La différence est flagrante : Le communisme se revendique du progrès, et le communisme vise à accélérer ce progrès, il s’inscrit dans le marxisme-léninisme. Le fascisme lui prône une toute autre philosophie de l’histoire : le fascisme prétend lutter contre la décadence, et il s’inscrit dans le nationalisme.

B. d’un point de vue plus sociologique

Les partis communistes prônent l’alliance des intellectuels et de la classe ouvrière ( idée de génie ). Les partis fascistes méprisent volontiers les intellectuels.

1. L’histoire des régimes 

L’histoire des régimes communistes débute en 1917 par le prise de pouvoir de Lénine. Et l’histoire des mouvements communistes débute en 1919 avec la scission de la 2nde

Internationale et la fondation de la 3ème : l’Internationale Socialiste. Trotski suscitera une 4ème internationale en 1933. Il est possible, mais pas certain, de considérer que l’histoire du communisme s’est achevée avec la disparition de l’URSS ( en Droit international la scission de l’URSS ) en 1991. Mais après tout subsiste des Etats gouvernés par des PC ( Corée du Nord, Chine…). Du côté des fascistes, l’histoire des mouvements fascistes débute en 1919 avec la création des « factio italiano di combativento » les factions italiennes de combat. En 1922, l’accès au pouvoir de Mussolini qui instaurera progressivement un gouvernement fasciste. Cette histoire s’achève en 1945 ac le suicide d’Hitler.

L’élite communisme s’est incarnée dans l’Etat soviétique, malgré la reconnaissance et le développement du polycentrisme du communisme.

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L’histoire du communisme en temps qu’idéologie, mouvement et régime, correspond au deux grandes périodes de l’histoire de l’URSS, c'est-à-dire avant et après 1953, cad la date du décès de Staline. Donc deux cycles :

- La phase révolutionnaire - La stabilisation post révolutionnaire

L’histoire du fascisme en temps qu’idéologie, mouvement et régime est plus diverse : elle s’est incarnée principalement dans deux Etats : l’Italie ( version modérée ) et l’Allemagne ( version radicale ). Là aussi cette histoire se divise en deux périodes : avant et après 1933 ( date de l’arrivée au pouvoir de Hitler ).

- La première période est menée par l’Italie qui demeure membre du Conseil de la SDN.

- Par contre la seconde période est dominée par l’Allemagne, dont le potentiel et le dynamisme mettent fin à l’ordre de Versailles puis précipitent la seconde GM, jusqu’à la défaite totale, suivie par des procès.

Le communisme a été structuré par une internationale avec un comité exécutif, une école léniniste internationale de Moscou. La capitale de L’Internationale était Moscou et qui était capable, par le biais du Kominterm, de susciter une allégeance envers l’Etat soviétique.

En revanche du côté fasciste, il n’y a jms eu d’Internationale fasciste, cad qu’il n’y a jms eu d’organisation centralisée dont la capitale aurait été Rome ou Berlin.

IV. Les Débats au sein de la gauche marxiste

Les débats au sein de la gauche marxiste ont été à l’origine du MCI( mouvement communiste international ) et par la même de la division entre les socialistes et les communistes ( jusqu’aux années 50, ils ont en commun d’être marxistes ).

A. la question de la propriété privée

Pour les forces soutenant la démocratisation : la question était de savoir si la propriété privée des moyens de production était indispensable à la démocratie parce que la propriété privée signifiait l’autonomie matérielle des individus vis-à-vis de l’Etat. Ou bien autre position, si la propriété privée était incompatible avec la démocratie parce que elle signifiait la hiérarchie sociale des classes. C’était la thèse initiale des socialistes. Autrement, dit, la question était de savoir si l’inégalité économique des individus rendait ou nom illusoire l’égalité politique des citoyens. vu de gauche, l’appropriation publique des moyens de production signifierait que le peuple ne serait pas seulement souverain politiquement mais économiquement. Toute l’économie appartiendrait à tout le peuple. vu de droite par contre, l’appropriation publique des moyens de production signifierait la privation des droits individuels et l’omnipotence de l’Etat.

AU début du XXe siècle, une partie des socialistes ( en France : membres de SFIO ) en Europe de l’Ouest ont accepté l’idée que la situation des travailleurs manuels salariés pouvait être améliorée dans le cadre de la démocratie parlementaire et dans le cadre de l’économie de marché, pourvu qu’elle prenne un tour social. P.csq, l’évolution est la suivante : la sociale démocratie ( comme cela que s’apellaient les premiers PS ) désignait l’extension de la démocratie dans l’économie et la société. Autrement dit, le passage de l’égalité des droits à l’égalité des conditions et autrement dit le passage de la propriété privée à la propriété publique. Désormais avec ce tournant réformiste, la sociale démocratie désignera le compromis entre le capitalisme d’une part, l’interventionnisme économique et la protection sociale d’autre part. Ce compromis ne sera définitivement adopté par les PS qu’après la seconde GM. Le communisme, ceux qui restent fidèles aux radicaux, continuera d’exprimer la volonté d’abolir le capitalisme et de réaliser un égalitarisme ( égalité non seulement politique, mais égt économique et sociale ).

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B. L’attitude face à la guerre en 1914-1918

La majorité des socialistes par allégeance nationale vote et soutient la guerre en 1914. Seule une minorité des socialistes refuse, par fidélité internationaliste. A l’époque, tous les Etats européens, sauf la Russie ( alliée de la France ) ont un régime parlementaire ou en voie de parlementarisation. Dc les gouvernements dans ces régimes, ne peuvent déclarer et poursuivre la guerre sans le vote des crédits militaires. Les partis communistes sont issus des minorités qui ont refusé « l’union sacrée », qui ont refusé de voter la guerre, qui ont persévérer dans l’antimilitarisme, qui accusent dc les socialistes majoritaires d’avoir trahis le programme de l’internationale, à savoir, empêcher la guerre impérialiste par la grève ou par la mutinerie. Par csq, les caractéristiques polémologiques du communisme furent exacerbées : la perception suivante, à savoir la guerre mondiale était un crime de la bourgeoisie contre la classe ouvrière, crime dont les socialistes majoritaires s’étaient rendu complices. D’autre part, pour accentuer les choses, il était probable que cette classe s’accrocherait au pouvoir par le recours à la dictature contre révolutionnaire. Le recours à la dictature révolutionnaire afin de vaincre la bourgeoisie se trouve légitimer du pt de vue communiste par cette perception de la bourgeoisie comme d’une classe criminelle. C’est ainsi que le MCI, est devenue à la fois un mouvement de protestation contre la guerre impérialiste, et un mouvement de guerre civile internationale contre la bourgeoisie.

C. La controverse sur la révolution russe

En Russie en 1917, on constate que les bolcheviques accèdent au pouvoir par un coup d’Etat. Ils le conservent en remportant la guerre civile et en maintenant la dictature du parti unique, et en concevant la classe ouvrière qui est minoritaire, comme une classe guerrière. Réaction des socialistes européens : la révolution bolchevique, ne correspond pas au schéma marxiste. Cependant, le pouvoir bolchevique prétend établir un régime modèle pour l’Europe, cad un régime universaliste et internationaliste, se situant ds l’histoire européenne des idées.

La controverse : Kautsky vs Lénine Pour Lénine, le pouvoir doit être pris et conservé par tous les moyens

( pacifiques comme violents ) au nom du progrès de l’histoire et lorsque les circonstances offrent le pouvoir à une avant-garde, même si l’isolement relatif de cette dernière impose le recours à la dictature et à la violence ( recours que l’on dit transitoire et provisoire ). ( demander au prof )

Pour Kautsky, le renversement de la bourgeoisie par le prolétariat passe par la conquête électorale et parlementaire du pouvoir ; Cette conquête sera inéluctable puisqu’il y aura de plus en plus de prolétaires, c’est pourquoi ils deviendront majoritaires. Il considère au fond que le marxisme participe au fond du progrès de la civilisation qui permet dc au mouvement ouvrier de se passer de la violence ( en organisant des élections par ex ). Le bolchevisme au contraire représente une régression, dans la mesure ou le bolchevisme remplace la lutte des classes par la guerre civile et remplace la démocratie par la dictature.

Le problème va être d’interpréter les textes fondateurs : en l’occurrence interpréter une phrase d’un ouvrage de Marx : La critique du programme de Gotha. Cette phrase a fait l’objet de tonnes et de tonnes de commentaires : «  entre la société capitaliste et la société communiste se situe la période de transformation révolutionnaire. A cette période correspond égt une phase de transition politique ou l’Etat ne saurait être autre chose que la dictature du prolétariat ». Dans cette formule, Kautsky ne voit qu’une hégémonie sociale de la classe ouvrière. Lénine quant à lui lit dans cette formule la recommandation d’un gouvernement dictatorial fondé sur un parti unique.

D. La scission de l’internationale

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A l’été 1920, le deuxième Congrès de l’Internationale communiste, adopte les 21 conditions qui font du Kominterm une organisation mondiale centralisée articulée en sections nationales. Ces conditions ont pour effet immédiat de scinder les grands partis socialistes européens ( le SPD allemand, le PCI italien, la SFIO en France ) pour créer donc des partis communistes, à savoir le KPD ( PC allemand ), le PCI en Italie et le PCF français.

Parmi ces 21 conditions, il y en a 2 qui faisaient des Partis communistes « des partis de guerre civile internationale » à savoir :

- Celle qui exigeait la création d’appareils clandestins à des fins insurrectionnelles

- L’engagement de soutenir tout Etat soviétique, dc engagement de solidarité

1. Intervient donc la fracture au sein du mouvement ouvrier.

Entre ceux qui adhèrent à la révolution russe ac hésitation ou enthousiasme, qui font allégeance à l’Etat communiste, qui fondent et adhèrent aux PC, et donc que se regroupent dans l’IC ( internationale communiste ). Les autres cad qui n’adhèrent pas à la révolution russe, demeurant fidèles à leur Etat national, restent dans les PS et dc restent dans l’IS ( Internationale socialiste ).

Jusqu’à la guerre froide, les socialistes garderont ac les communistes une base commune fondamentale : le marxisme. En 1959, le SPD allemand abandonne officiellement le marxisme. Les seconds, les communistes au contraire des socialistes seront des marxistes- léninistes, là et toute la différence, la doctrine sera transformée par Lénine. Lénine relie Marx, de là naît l’universalisme soviétique. Les partis socialistes verseront dans le réformisme, cad qu’on soutient par principe la démocratie parlementaire. Acceptation du capitalisme mais aussi évolution vers l’Etat de Droit social, et l’économie sociale de marché. Donc le capitalisme oui, mais corrigé par un puissant Etat providence. Les PC eux par contraste, resteront au moins théoriquement révolutionnaires ( au moins dans le discours ) jusqu’à la fin de la guerre froide, en apportant un soutien par tactique de la démocratie parlementaire, refus du capitalisme, maintien de la dictature du prolétariat en temps que concept et maintien de l’étatisation des moyens de production ( dc fin de la propriété privée ).

2. Les idéaux  

La Russie prolétarienne du XXe siècle prend la place et la suite de la France bourgeoise du XVIIIe siècle pour une nouvelle avancée démocratique. Autrement dit, ce que pense les communistes c’est que de la déclaration de 1789 à la déclaration soviétique de 1918 «   Déclaration des droits des travailleurs   » on passerait donc de l’égalité des droits à l’égalité des conditions, de la propriété privée à la propriété publique et dc de la démocratie politique à la démocratie économique.

Mais dans tous les pays où les PC accédèrent au pouvoir, les mêmes problèmes ac des circonstances différentes, les mêmes problèmes se posèrent à des équipes dirigeantes dont l’idéologie était axée sur l’industrialisation, sur la conscience de classe, sur le collectivisme gage d’égalité et de progrès et enfin axée sur l’athéisme. Par rapport à ces 4 thèmes se posèrent certains problèmes :

La paysannerie : comment s’y prendre ac les paysans ? La PB des nationalités La propriété privée qui peut exister par ex au niveau familial et qui peut poser pb

au collectivisme Pb de la religion

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La faiblesse de la classe ouvrière a pr conséquence que le projet socialiste n’est soutenu que par un petit monde intellectuel et en son sein par un petit groupe révolutionnaire. Ce noyau révolutionnaire, devenu la couche dirigeante à la faveur de la prise du pouvoir dans un contexte guerrier. Ce groupe a conscience et comprend tout à fait que ce projet idéologique est voué à l’échec, s’il ne construit pas un Etat ( efficace et modernisateur ) à la fois subordonné au Parti et capable d’industrialiser le pays. Il s’en suit donc la formation d’un régime à la fois minoritaire ( et qui sera forcément coercitif ), se considérant comme assiégé, coercitif du fait de l’ennemi intérieur et extérieur et qui se veut modernisateur.

La légitimité d’un tel régime fut de s’identifier contre l’impérialisme, et combat pour l’indépendance nationale et pour le développement.

V. Le fascisme en général

Certains éléments de l’idéologie fasciste sont apparus avant 1914, et d’autres sont apparus après 1918. Les fascistes maintiennent le principe de l’égalité politique des citoyens ( dc on conserve les acquis de la révolution française. Par contre, le fascisme exprime le rejet de l’idéologie des Lumières, dont se réclament au contraire le libéralisme et le marxisme. Pour que le fascisme apparaisse comme mouvement puis comme régime, il a fallu le choc de la guerre et de la révolution, cette dernière suscitant la contre révolution.

A. Les éléments idéologiques

En tant qu’idéologie, le fascisme ( italien ) regroupe 3 éléments : Le darwinisme social cad l’idée que la lutte et la sélection qui en résulte sont à la

fois inévitables et nécessaire. le nationalisme anti libéral et anti marxiste le militarisme : idée que le citoyen soldat est exalté, idée de la Nation armée,

exaltation de l’uniforme

Deux slogans sont postérieurs à 1918 : 1. « l’Etat fort » cad la substitution de la domination charismatique plébiscitaire et du

Parti unique à la démocratie parlementaire et au pluralisme des partis. 2. « le socialisme national » cad l’instauration donc dans le cadre de l’Etat fort d’une

économie à structure corporative, supprimant les syndicats et conciliant propriété privée et économie de marché d’une part, et dirigisme économique et intégration sociale.

Il y a deux éléments contrastes : 1. Au niveau des mœurs, le conservatisme familial, patriarcal et pénal 2. le style moderne avec l’apologie de la technique ( Mussolini et Hitler adorent la

technologie, l’automobile, la science…) et la puissance que confère la technique, notamment au plan militaire. Donc modernisme technologique.

S’ajoute une certaine dimension religieuse, cad « une foi politique » à travers laquelle s’exprime la volonté de créer « un homme nouveau ».

Les deux pbs qui se posent au fascisme : gouverner les masses intégrer la classe ouvrière à la nation

Pour cela, le fascisme au pouvoir recourt à « la psychologie des foules » cad à l’art de la propagande.

Au niveau de la politique étrangère : l’instauration du socialisme national, l’éducation militaire ( idéal du soldat ) visent à donner la puissance nécessaire à la politique étrangère. La politique intérieure est tournée, subordonnée à la politique étrangère, on est dans une logique de moyens/fins. La fascisme adopte un vieux thème qui est renouvelé : « le social impérialisme » cad idée qu’il faut trouver des colonies à donner au peuple, idée selon

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laquelle un peuple européen en croissance démographique a le droit de recourir à la force pour obtenir des débouchés outre mer ( Mussolini voulait un Empire en Ethiopie ) ou chez les voisins ( Hitler lui voulait s’étendre à l’Est ). Donc volonté d’expansion impérialiste.

B. La guerre, la révolution et la contre- révolution

L’impact de la guerre : La guerre 1914-18 au plan idéologique a été révélatrice et parait confirmer, vérifier les thèses du nationalisme darwinien anti libéral et militaire, à savoir la primauté de l’armée, la primauté de la nation et la primauté de l’Etat, dont les capacités de planification, de mobilisation, de suggestion ( propagande ) et enfin capacité de direction, furent donc pleinement révélées. Au plan idéologique, l’expérience de la guerre se retrouve dans la militarisation de la vie politique après 1918, avec la multiplication des ligues de vétérans, l’importance du phénomène ancien combattants ( qui sont des jeunes à l’époque ), la création par les partis politiques de formations de combat.

L’impact de la révolution : avec la révolution russe et la constitution du Kominterm, il est clair que la « communauté nationale » a pour ennemi principal « l’internationalisme prolétarien ». Les classes dominantes cherchent une protection face à la menace révolutionnaire et la trouvent dans un mouvement à la fois anti marxiste et populaire, avec lequel les classes dominantes sont prêtes à partager le pouvoir politique dès lors qu’il n’y a pas de transformation des structures économiques et sociales. C’est la révolution légale et nationale : le fascisme accède au pouvoir de manière légale ( Mussolini est appelé au pouvoir par les autorités en place ) non sans la pression des unités de combat qui ont gagné la rue. Et révolution nationale cad en s’alliant avec les élites traditionnelles à savoir, l’armée, la haute administration, l’industrie et les grands propriétaires fonciers. Mais les élites traditionnelles jouent avec le feu car le fascisme n’est pas simplement un mouvement contre révolutionnaire et anti marxiste, mais il est égt semi révolutionnaire et anti libéral sur le plan politique et idéologique. En tant que régime, le fascisme poursuit la logique de la prise du pouvoir en subordonnant ( cas italien ) ou en évinçant ( cas allemand ) les élites traditionnelles.

VI. Le national-socialisme allemand en particulier

L’Italie n’avait pas le potentiel de puissance, (sa politique étrangère était relativement modérée) pour permettre au fascisme de déstabiliser le système international. C’est lorsque Hitler et le NSDAP ( parti national socialiste des travailleurs allemands ) accèdent au pouvoir que tout change en Allemagne à partir de 1933. Le système international, européo centré encore à l’époque, va être déstabilisé, parce que l’Allemagne nationale socialiste aura la puissance et le dynamisme idéologique, diplomatique et militaire pour de grosses transformations.

Le nazisme ( national socialisme allemand ) est un fascisme mais un fascisme allemand et surtout qui systématise l’antisémitisme.

A. Le National socialisme en tant que mouvement allemand

En tant que mouvement allemand, le national socialisme constitue une prise de position sur une interrogation à la fois idéologique et géopolitique qui est spécifique à l’Allemagne. L’Allemagne est-elle à l’Est ou à l’Ouest ? ou bien est-elle « central nation » cad puissance centrale ?

1. L’Allemagne entre l’Est et l’Ouest

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En 1914, la masse de la population allemande considère que l’Allemagne lutte pour son existence nationale. Mais comment justifier auprès des masses ouvrières que la gauche allemande vote la guerre ? la gauche allemande invoque la lutte contre la Russie tsariste qui est considérée comme « la citadelle de la réaction » ( Marx ). La droite allemande quant à elle, invoque la lutte contre les démocraties occidentales . Du pt de vue de la droite allemande, les démocraties occidentales représentent «  l’impérialisme de la civilisation » ( Thomas Mann, le terme civilisation était péjoratif par opposition à la culture allemande ).

Après 1919, tous les allemands rejettent le dictat de Versailles. Au niveau intérieur, la moitié des allemands soutient la République de Weimar, qui a été instauré après la défaite dc régime de type occidental en Allemagne. L’autre moitié, rejette la République de Weimar. Pour la droite nationaliste c’est un régime occidental dc ennemi, et pour la gauche communiste c’est un régime capitaliste dc hostile également. Qui sont donc les pro Weimar ? Les libéraux et les socialistes ( le zentrum et le SPD ) qui souhaitent que l’Allemagne deviennent occidentale avec un régime capitaliste et démocratique. Les communistes eux qui sont anti Weimar veulent que l’Allemagne soit orientale, tournée vers l’Est et alliée à l’Urss. Les conservateurs et les nationalistes souhaitent que l’Allemagne demeure la « zentral nation » donc ni à l’Ouest ni à l’Est. Autrement dit que l’Allemagne maintienne son compromis entre tradition et modernité, et qu’elle maintienne son modèle militaire prussien.

Le pb d’une puissance « centrale » ( en admettant que cette voie l’emporte ) est de savoir vers qui ou contre qui se tourner en priorité, l’Est ou l’Ouest. Donc dilemme diplomatique et idéologique. Les nationalistes et les conservateurs sont eux-mêmes divisés : certains préfèrent s’appuyer sur l’occident contre l’URSS, cela revient à s’appuyer sur l’Occident malgré Versailles. D’autres préfèrent s’appuyer sur l’URSS, malgré le communisme. Seule la Pologne fait ( quasiment ) l’unanimité contre elle parmi les allemands : la Pologne est l’ennemi parce que, vue de droite elle possède des territoires autrefois allemands, à savoir la Prusse occidentale, la Posnanie et la haute Silésie ; et parce que le corridor polonais sépare la Prusse orientale du reste de l’Allemagne.

Donc nous avons une Allemagne très divisée, en 1933 il y a changement de gouvernement, puis mise en place d’une autocratie et finalement la voix de Hitler tranchera le débat.

2. L’Orientation d’Hitler en politique étrangère

Le NSDAP qui est le seul mouvement de masse à droite, est un mouvement tiraillé entre diverses tendances. Toujours la base nationaliste et conservateur selon laquelle l’Allemagne est une puissance centrale. Ce qui compte c’est l’opinion du Chef.

Jusqu’en 1933, Hitler se présente comme le champion de la lutte contre Weimar et contre Versailles. Après 1933, en 6 mois Hitler liquide la République de Weimar. Il entreprend alors la révision du diktat. Mais cette révision, Hitler la veut partielle. Donc il ne veut pas réviser tout Versailles, cette révision sera partielle parce qu’elle ne correspond pas à tout son programme de politique étrangère. D’après lui, l’Allemagne doit s’appuyer sur l’Occident et même sur la Pologne pour conquérir le fameux « lebensraum » ( l’espace vital ) cad un Empire à l’est et détruire l’Etat communiste.

- Ce dessein est nourrit par une passion, à savoir l’anti judéo bolchevisme.- Ce dessein est nourrit par une angoisse, issu de la première guerre mondiale, à

savoir la vulnérabilité de l’Allemagne face au blocus naval, due à son manque de matières premières, donc une Allemagne facile à étrangler économiquement.

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Hitler voulait dans un premier temps récupérer la souveraineté militaire, dc abolir les clauses de désarmement et de démilitarisation du Traité de Versailles. Dc on veut réarmer, rétablir le service militaire obligatoire et remilitariser la Rhénanie. Ceci pour avoir ensuite dans un second temps, ce qu’Hitler appelle « l’autodetermination des allemands » cad le rattachement à l’Allemagne de l’Autriche, des Sudètes et de Dantzig.

La plupart des partis allemands auraient soutenus un tel programme, et la plupart auraient ajouté la récupération de la Prusse occidentale, de la Posnanie et de la Silésie. Les nationalistes classiques étaient irrédentistes cad qu’ils auraient voulu récupérer les territoires germaniques perdus en 1919. Mais Hitler lui, avait un projet spécifique, uniquement soutenu par une petite partie du NSDAP, à savoir la conquête et la croisade à l’Est. Pour cela il lui fallait 3 choses :

- Des partenaires - Le consentement des puissances occidentales - Il lui fallait transformer la Pologne en puissance tremplin ( il souhaitait

l’Alliance ac la Pologne ce qui pour un nationaliste allemand était inouïe ) vis-à-vis de l’URSS.

Aussi Hitler renonça t-il à toute revendication sur tout le reste  : refus de revendication sur le colonies, et sur tous les territoires comme le Sud Tyrole, l’Epen Malmédie, le Nord Schléswig, sur l’Alsace Moselle, renoncer à toutes revendications sur la Stirye méridionale, le Burgenland oriental et enfin surtout, Hitler renonça jusqu’en Septembre 1939 sur la Silésie, la Posnanie et la Prusse occidentale.

En Janvier 1934, Hitler déjà maître mais pas encore autocrate, signe avec la Pologne un Traité de non agression, qui scandalisa ses alliés conservateurs et même une bonne partie de l’opinion allemande, puisqu’il prenait à contre-pied la politique étrangère traditionnelle. De L’Automne 1938 à l’été 1939, Hitler propose au colonel Beck ( ministre polonais des affaires étrangères ) une alliance anti soviétique en échange d’une revendication minimale : Dantzig, qui n’était pas polonaise mais il fallait l’Accord de la Pologne, ainsi qu’une autoroute et une voie de fer extra territoriale pour la relier à l’Allemagne. C’est donc le refus de Varsovie et la déclaration de guerre franco britannique qui obligeront Hitler à faire la guerre à l’Ouest et à envahir la Pologne à l’Est.

B. Le National socialisme en tant que mouvement antisémite

On retrouve dans le national socialisme, les éléments constitutifs du fascisme italien. Et on retrouve, outre les éléments idéologiques, la structuration en mouvements contre et semi révolutionnaires adoptant la stratégie de la révolution légale et nationale.

Cependant, on trouve des différences, dans le sens d’une radicalisation : - l’Etat fort signifie le « führer Staat »- le darwinisme social devient darwinisme racial - le social impérialisme devient projet de conquête à l’Est - l’antisémitisme a une importance centrale- La dimension « religieuse » aboutie quand même à un certain anti

christianisme sous jacent.

Ces éléments constituent le noyau spécifique du national socialisme allemand. A la différence du conservatisme patriarcal, ces éléments ne rencontraient guère de consensus dans la société allemande ou même chez tous les membres du NSDAP. Ces éléments appartenaient avant tout à l’idéologie de la SS.

Dans les discours électoraux comment Hitler a-t-il pu séduire les masses ? C’est la révision de Versailles, l’anti marxisme et la critique de Weimar qui occupent la première place, et non pas le Lebens Raum et l’antisémitisme.

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1. l’antisémitisme

Sur le thème de l’antisémitisme, la droite conservatrice des années 20 et 30 était favorable à l’exclusion des juifs de la fonction publique. Donc on voulait revenir à avant 1918 lorsque ni les catholiques ni les juifs n’avaient pleinement accès à la fonction publique. Egt limitation de l’accès des juifs à l’université. Et leur limitation d’accès à certaines fonctions notamment les professions libérales et les métiers de la presse.

L’antisémitisme était assez répandu depuis les années 1880 en Europe, dans les milieux d’extrême droite, on leur reprochait d’être des apatrides cosmopolites, mais aussi dans les milieux d’extrême gauche : le juif était considéré comme « un bourgeois racial ». En même temps, persistait le vieux anti judaïsme chrétien.

Pour la droite antisémite, la modernité dans ses aspects financiers et dans ses aspects subversifs était « juive ». Et cette modernité menaçait la tradition cad la structure rurale, patriarcale de la société. Enfin d’autre part, les juifs n’étaient pas considérés comme une confession ( c’est là la grande différence avec l’anti judaïsme chrétien ) mais comme une Internationale et comme un peuple. Un juif, même converti ou même athée, un juif restait un juif.

Pour Hitler ainsi que les « non croyants » du NSDAP ( les premiers adhérants ) l’antisémitisme était le cœur d’une vision darwinienne et millénariste, cad que la loi du monde réside dans la volonté de domination. Et le sens de l’histoire réside dans le combat entre les allemands et les juifs pour la domination du monde . Il ne pouvait pas y avoir 2 peuples élus, l’un ou l’autre devait céder.

En 1919-1920 : effervescence très vive, naissance du NSDAP : il avait ceci de spécifique qu’une partie de ses leaders étaient des allemands originaires des pays baltes qui avaient été traumatisés par la révolution bolchevique. Ses leaders : Eckart, Scheubner-Richter et A. Rosenberg : ils ont assisté aux atrocités de la révolution bolchevique et ont été marqués. Leur idée : parce que le judaïsme mondial était favorable à la révolution soviétique, parce que de nombreux cadres du parti bolchevique étaient des juifs et enfin parce que ce parti s’appuyait sur la révolution juive en Russie, dc ces personnages ainsi Qu’Hitler et les non croyants du NSDAP ont considéré ce mouvement comme dirigé par des juifs. L’antisémitisme de Hitler est antérieure, mais ces personnages vont apporter à Hitler l’idée que l’Etat soviétique était un Etat judéo-bolchevique. Le judéo bolchevisme signifiait dc le nivellement social, le chaos racial et la destruction de la culture à travers la liquidation des élites. En conclusion, face à la foi communiste, il fallait opposer une contre foi si la contre révolution voulait vaincre la révolution. P. csq il lui fallait donc trouver un coupable unique, une cause fondamentale : le juif ( = coupable, ennemi ). Le NS allemand à part du mouvement fasciste ( radical ), mais en tant que doctrine énonçant la culpabilité universelle des juifs, dans le cadre d’un darwinisme racial et millénariste : le NS allemand est un mouvement unique.

Chapitre 4 : l’URSS de Staline et l’Allemagne d’Hitler

L’histoire polémologique européen, sous l’angle germano soviétique a pour constat de départ, une vision de l’Empire germanique de Hitler en Europe orientale, s’est inversée après 1945 dans la réalité stalinienne d’un Empire soviétique en Europe centrale.

Depuis 1989 et 1991, la situation des peuples allemands et russes s’est à nouveau inversée : l’Allemagne intégrée à l’Occident et réunifiée ( et toujours intégrée à l’Occident ) fait partie des vainqueurs du conflit est-ouest. L’Urss elle, maîtresse d’un Empire au lendemain de la seconde GM, disparaît au terme du conflit est-ouest.

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Par conséquent, les deux plus grands challengers de l’hégémonie libérale anglo saxone furent les deux plus grands vaincus du XXe siècle : l’Allemagne en 1945 connaît une debelatio et l’URSS en 1991 connaît une scission, une disparition. Cependant, l’histoire polémologique du 20ème siècle fut pourtant une histoire germano-soviétique et si on peut personnalisé, sous angle charismatique, ce fut l’histoire de Joseph Staline et d’Adolf Hitler, les deux plus grands autocrates.

Autocrate = ils avaient le pouvoir exclusif et plénier, d’une part de déclarer et de conduire la guerre, et d’autre part ils disposaient de la police politique ( gestapo..).

Section 1 : Histoire

I. La construction de l’Etat soviétique et la montée au pouvoir de Staline ( 1917-1939 ) ( partie polémologique car il y a eu bcp de morts )

La montée de Staline au pouvoir est parallèle à l’histoire de la construction de l’Etat soviétique. A la bse de cette construction il y a 3 révolutions :

* Celle de Lénine en 1917-21 : cette première révolution se confondit avec le putsch, la guerre civile et l’anéantissement ( social ) de la noblesse, du clergé et de la bourgeoisie.

* Après la période de la NEP ( 2nd héritage de Lénine ) et la succession de Lénine : période de 1922-28 : la seconde révolution économique et sociale, celle de Staline en 1929-34, consista en l’anéantissement de la paysannerie libre ( cad propriétaire ), la collectivisation de l’agriculture et l’industrialisation planifiée avec renouvellement des cadres de l’administration et de l’industrie.

* La 3ème révolution politique et sociale celle de Staline en 1936-38, consista en la purge de l’ensemble des élites soviétiques signifiant à la fois le renouvellement et l’avènement de l’autocratie ( en 1936 : police politique et en 38 il peut déclarer la guerre ).

A. La Révolution de février

Le Parti social démocrate russe fondé en 1903 par Blekhanov était divisé en deux tendances jusqu’à la scission en 1912 :

- la tendance bolchevique ( celle de Lénine ) qui deviendra parti bolchevique, - et la tendance menchevique ( celle de Martov ).

Les mencheviques estimaient que compte tenu de l’arriération de la Russie, la tâche était d’œuvrer en faveur d’une révolution bourgeoise ( on respectes les états ) et plus tard d’œuvrer en faveur d’une révolution prolétarienne. Il y aurait donc une phase de développement capitaliste dans le cadre d’un Etat dirigé par le parti communiste ( menchevique ) et ensuite on passerait au développement socialiste. Les bolcheviques eux, si l’opportunité se présentait, voulaient œuvrer pour une révolution prolétarienne dans la foulée de la révolution bourgeoise, sous l’égide d’un parti discipliné, en coopération avec la paysannerie, dont les revendications sur les terres avaient un potentiel révolutionnaire. Il y aurait donc « révolution permanente » depuis la prise du pouvoir jusqu’au développement socialiste, sans phase capitaliste.

La révolution bourgeoise de Février ( en réalité en mars sur notre calendrier ) des 8 et 15 mars a été déclenchée :

- à partir de la révolution spontanée et massive de soldats exigeants la fin d’une guerre perdue ( dc mutineries ) ;

- à partir de révoltes de la paysannerie ( dc jacqueries massives)- et enfin avec la révolte des ouvriers en grève.

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Dans la confusion, après l’abdication du Tsar, deux centres auto proclamés se forment et fondent 2 centres de pouvoir :

- La Douma ( le Parlement ) de Petrograd dominé par les partis libéraux - Le Soviet ( le Conseil ) de Petrograd dominé par les partis socialistes ( les

Socialistes révolutionnaires non marxistes, les mencheviques et les bolcheviques qui étaient marxistes ).

Ces deux centres se mirent d’accord sur la formation d’un gouvernement provisoire, dirigé par un ancien SR : Kerenski. Le 27 septembre 1917, ces deux centres s’accordèrent égt sur l’élection prévue pour le 25 novembre d’une assemblée constituante, afin d’élaborer une Constitution démocratique pour la Russie.

Depuis Avril 1917, les SR étaient partagés en 2 tendances : - les SR de droite et les mencheviques ; - au contraire des SR de gauche et des bolcheviques.

Dans la pratique, le gouvernement ne pouvait faire exécuter ses ordres que si le soviet l’autorisait. Le Soviet ne se privait pas de donner ses propres ordres, notamment l’élection de comités de soldats dans l’armée, et la formation de gardes rouges. Enfin, dans tout le territoire, des soviets se constituèrent dans les villes, dans les villages de Russie cad des assemblées auto proclamées de militants des Partis socialistes, faisant office de pouvoirs locaux. Enfin, ces soviets locaux ont finis par élire fin Juin 1917 un Congrès national des soviets.

B. la Révolution d’Octobre

1). La prise du pouvoir : Grâce aux autorités allemandes, Lénine était arrivé le 3 Avril 1917 à Petrograd depuis la Suisse et le patron des bolcheviques était là. Arrive le putsch des gardes rouges, le 6 et 7 novembre 1917. Ce putsch réussi et les membres du gouvernement provisoire furent arrêtés et un nouveau gouvernement fut construit à Petrograd, sous l’appellation de « Conseil des commissaires du peuple », avec Lénine et ses principaux lieutenants.

2). Donc le pouvoir est pris mais encore faut-il le conserver : auparavant, avant Novembre 1917, tout devait être subordonné à la prise du pouvoir. Désormais, une fois qu’on a le pouvoir, tout devait être subordonné à sa conservation. La justification est la même, en temps qu’avant-garde, le Parti devait agir au nom du prolétariat et du progrès. L’exercice du pouvoir, excepté l’alliance avec les SR de gauche, l’exercice du pouvoir était sans partage. Lénine refuse une coalition des partis socialistes cad à une participation des mencheviques et des SR de droite qui aurait abouti à des compromis.

- Le 25 Novembre, se tenait des élections constituantes. - Le 5 Décembre, Lénine fit arrêter la commission chargée d’établir et de

compter les résultats électoraux, - et le 10 janvier 1918, Lénine ordonna la dissolution de l’Assemblée

constituante, dans laquelle les bolcheviques n’avaient que ¼ des sièges ( 25%).

Un mois avant avaient été crées : le 2 Décembre : le Conseil Suprême de l’Economie nationale ( outil économique : le VNSK ) et le 7 Décembre on crée un outils policier : La Commission extraordinaire chargée de réprimer les activités contre révolutionnaires.

En Décembre 1917 : les Causacs étaient désignés comme ennemis de classes et durant la guerre civile, ils seront la première population à subir le principe de la « responsabilité collective ».

3). La transformation : le parti bolchevique ne visait pas simplement à se maintenir au pouvoir, mais il était animé par une volonté de transformation sociale. Ce parti avait

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réussi à se placer à la tête de revendications de masse, à savoir l’aspiration à la paix d’une grande partie des soldats, mais également l’aspiration à la terre aux paysans. Globalement Octobre fut la conjonction de mutineries, de jacqueries et de grèves ouvrières, que un parti minoritaire ( 25 % des voies ) dirigé par des intellectuels a su utilisé et dominé à des fins révolutionnaires.

Qu’est-ce qui témoigne de ces objectifs révolutionnaires ? Les décrets adoptés par le gouvernement révolutionnaire :

- La recherche d’un armistice ac les empires centraux et de la conclusion de la paix : dc cela signifie la rupture politique avec les alliés occidentaux.

- L’expropriation sans indemnisation de la noblesse et du clergé - La redistribution des terres aux paysans ( décret de février 1918 ).

Mais aussi une deuxième série de décrets plus radicaux : - L’annulation des dettes extérieures et intérieures : dc rupture économique ac

les alliés. - Expropriation sans indemnisation de la bourgeoisie - La nationalisation du crédit ( dc de la banque ), de l’industrie et du

commerce

Au bout d’un an de révolution, les seules classes sociales qui subsistent sont donc les ouvriers et les paysans. La plupart des individus des groupes dépossédés étaient toujours là, mais la cohésion de groupe avait été détruite. Ce nivellement social avait pu se produire car la propriété privée avait été abolie et parce que la société civile russe était très faible ( il y avait peu de bourgeois et de clercs ). Elle ne comptait au dessus des classes laborieuses et au dessous des élites dirigeantes qu’une très faible classe moyenne urbaine.

C. De la paix de Brest-Litovsk à la guerre civile ( 1918-1921 )

Question : Faut-il faire la paix avec l’Allemagne ? La poursuite ou l’arrêt des hostilités avec les puissances centrales fut la première question cruciale qui s’est posée au nouveau gouvernement, au nouveau pouvoir bolchevique. Au cours de l’hiver 1918, la menace principale venait de l’armée allemande qui avait repris son avance vers Petrograd. Face à cela, la direction russe était divisée :

- les SR de gauche déclarait la poursuite des hostilités contre l’armée allemande sous la forme d’une guérilla, parce que accepter les exigences de Berlin revenait à sacrifier tous les territoires non russes acquis à l’Ouest par la Russie depuis le 17e siècle. - Les bolcheviques de gauche hésitaient : Lénine lui était pour la paix, il estimait qu’il n’y avait pas d’autres solutions que de signer la paix. Pourquoi ? car il ne fallait pas risquer de perdre le pouvoir, car si l’armée allemande arrivait jusqu’à Petrograd, le parti bolchevique aurait été dispersé, ou dépassé par le SR.

En même temps, le gouvernement lançait un appel ( appel de Lénine et de Trotski ) au soulèvement des paysans, des ouvriers et des soldats dans tous les pays belligérants, pour transformer la guerre impérialiste en guerre civile internationale. Le gouvernement bolchevique espérait également que les deux coalitions impérialistes ( alliés et les puissances centrales ) s’épuiseraient mutuellement. Et il espérait que la défaite des empires centraux face à l’Occident annulerait les clauses du Traité de paix.

Le Traité de paix entre la nouvelle Russie et les empires centraux a été signé le 3 Mars 1918 à Brest-Litovsk, la Russie sort de la guerre. Mais le 11 Novembre, les allemands seront obligés par les alliés de renoncer au traité de Brest-Litovsk et d’évacuer les territoires qu’ils occupaient à l’Est, à l’exception des pays Baltes jusqu’à la fin de 1919. Donc le plan de Lénine était vérifié.

La csq immédiate de la signature de la paix : les SR de gauche quittèrent le gouvernement et appelèrent à leur tour à l’insurrection contre le gouvernement bolchevique. En même temps des armées blanches se sont constituées, aidées par les alliés.

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Le 16 juillet le Soviet de L’Oural fit exécuter le Tsar Nicolas II sans jugement, ainsi que sa famille, confirmant ainsi la responsabilité extra judiciaire collective ( ss précédent). Le 30 Août 1918, l’attentat contre Lénine. Dc la violence monte un peu partout. Après cet attentat, une campagne de répression est organisée contre tous ceux soupçonnés d’être opposants. C’est ainsi que le pays glissa dans la guerre civile.

Seconde question : celle de la survie avec le régime ; Comment assurer la survie du gouvernement ?

- Il fallait battre la contre Révolution en Russie,- Et il fallait soutenir la Révolution en Allemagne et partout en Europe

D. La victoire bolchevique, le «   double commandement   » et la solution au problème des nationalités

Pas de réductionnisme, même à l’intérieur le gouvernement n’avait pas à faire à une coalition, mais devait affronter :

- L’armée blanche - une « armée verte » cad les milices paysannes SR, - mais également devait affronter des expéditions alliées.

Cependant que la Pologne, la Finlande, les Pays baltes, l’Ukraine, la Géorgie, l’Arménie, s’étaient constitués en Etats indépendants. Une partie des populations musulmanes du Sud Caucase et d’Asie centrale se soulevaient. Le gouvernement de Lénine ne contrôlait plus qu’un territoire, équivalent à la principauté de Moscou au XVe siècle. Par quel miracle ce gouvernement bolchevique a-t-il pu gagné la guerre civile ?

- d’abord 1er facteur : la division des forces anti bolcheviques à l’intérieur ( blancs, verts, séparatistes …) comme à l’extérieur ( il n’y a pas de plans d’intervention concertée entre les alliés ).

- L’entente avec le gouvernement de Kemal à Ankara pour réduire les républiques caucasiennes. C’est une alliance qui a compté.

- L’appel à la défense de la patrie socialiste et la création le 15 Janvier 1918 d’une force armée régulière ( l’Armée rouge ), armée de conscrit unifiée, sous la direction de Trotski.

Ces trois facteurs permirent : au «  communisme de guerre » de l’emporter et de restaurer l’autorité du

pouvoir central sur toute la Russie, Pologne, Finlande et Pays Baltes exceptés ;

de mettre au pas les soviets ruraux, tout en poursuivant l’anéantissement des classes ennemies.

Ainsi que la « décausakisation » du Caucase.

La création de l’armée rouge : avec la guerre civile, les gardes rouges ont donc été remplacés par l’armée rouge, de son vrai nom «  armée rouge des ouvriers et des paysans », cad une armée permanente basée sur la conscription rétablie le 22 Avril 1918 et encadrée d’une part par d’anciens officiers de l’armée tsariste, qui se sont ralliés par patriotisme, et d’autre part, encadré par des commissaires politiques dc des agents du partis ; dc double commandement : technique avec les officiers et politique avec les commissaires. Ce système de double commandement fut appliqué à toutes les fonctions administratives et sociales. Il fallait recourir à des « spécialistes bourgeois » en attendant que soient formés des « spécialistes rouges ». Mais ces spécialistes bourgeois seraient surveillés par les agents du parti.

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Pour résoudre la guerre civile il fallait résoudre le problème des nationalités   : Selon le principe de l’auto détermination des peuples par Lénine ( et par Wilson ) l’indépendance avait été reconnue aux finlandais et aux polonais. Certains bolcheviks critiquèrent la politique consistant à céder au nationalisme des petites nations, au détriment de la Russie révolutionnaire. Il y a eu un redéploiement de ce principe par Staline, en accord ac Lénine, Staline était géorgien et ministre ( des affaires étrangères ) et dc il a réinterprété le droit à l’auto détermination. Dans la monde capitaliste, l’auto détermination devait signifier l’indépendance nationale : c’est ce que proclama la fameuse Conférence de Bakou en 1921 réunissant les MLN des pays africains et asiatiques. Dans le monde soviétique, l’autodétermination devait signifier l’autonomie nationale, sous contrôle du parti communiste. D’où l’effort militaire réussi pour conserver les territoires non russes dans la nouvelle russie. L’intégration des nationalités non russes avait une très grande importance, non seulement au plan territorial mais aussi une importance idéologique. Cette intégration montrait que la Russie bolchevique certes n’était pas encore une fédération mondiale, mais qu’elle dépassait les limites ethniques de la seule Russie, devenue URSS, pour englober d’autres peuples slaves et chrétiens mais aussi des peuples turcs et musulmans, d’où l’internationalisme.

E. Du «   communisme de guerre   » à la NEP et au «   monolithisme   » du Parti

La victoire dans la guerre civile avait permit la survie du régime. L’URSS fut officiellement constitué la 30 Décembre 1922, mais 10 millions de personnes avaient péri du fait des combats, de la famine et des épidémies. Mais autre conséquence de la guerre civile : le secteur urbain et industriel représentait 10% de la population en 1914, sortit affaiblit de la guerre civile. Or c’était la base sociologique sur laquelle devait s’appuyer le Parti bolchevique. A contrario le secteur rural et agraire s’est renforcé : en 1917-18 une révolution paysanne a eu lieu en Russie entraînant une redistribution complète des terres, sans collectivisation. Un autre effet de la guerre civile : ce fut précisément l’apparition du « communisme de guerre ».

1). Le communisme de guerre c’est le premier héritage de Lénine : il désigne l’application de méthodes coercitives, non seulement pour vaincre les forces anti bolcheviques, mais aussi pour commander à la société et à l’économie russe. Notamment, réquisitionner les surplus alimentaires chez les paysans, afin d’approvisionner les villes ( rouges ) et l’armée rouge. Ces pratiques ( la réquisition forcée ), furent abandonnée avec la NEP en 1921. Le communisme de guerre fut considéré par la plupart des bolcheviques, comme l’époque héroïque de l’histoire du bolchevisme.

2). De 1921 à 1928, l’histoire de la Russie fut dominée par l’ambiguïté des rapports entre le pouvoir et le monde paysan. Officiellement, le régime restait fondé sur l’alliance révolutionnaire des ouvriers et des paysans, symbolisée par le marteau et la faucille. Mais cette alliance était tout de même précaire et délicate. Seul le prolétariat industriel pouvait être l’instrument du progrès. A l’inverse, les paysans, dès lors qu’ils avaient obtenu la terre, n’avaient plus guère d’intérêt à la poursuite de la Révolution.

Rappel : Lénine a su jouer de la division interne entre les blancs et les verts. De plus le gouvernement bolchevique a su rallier une bonne partie de la paysannerie. La paysannerie en effet craignait que la défaite des rouges ne soit suivie d’une restauration par les blancs de l’ordre ancien et dc d’une restitution des domaines fonciers à leurs anciens propriétaires. En 1921, Après la victoire bolchevique, une certaine opposition monte dans les campagnes. En même temps, une nouvelle opposition est apparue dans le secteur urbain et industriel, avec une double revendication :

1. coalition des anciennes formations socialistes ( mencheviques et SR ) à la place du parti unique

2. l’autonomie des syndicats vis-à-vis du Parti.

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Quel était donc le choix du gouvernement ?

La contestation ouvrière fut réprimée, et par conséquent la NEP ( Brest Litovsk paysan ) fut instituée en faveur des paysans. Donc paradoxe par rapport à l’idéologie, le régime a choisi, au moins provisoirement, de s’appuyer sur les paysans plutôt que sur les ouvriers. En même temps, début 1921 fut crée le Comité d’Etat pour la planification : le Gosplan.

L’objectif restait la construction du socialisme. Mais cette construction passait par une phase de « développement » ( dc finalement ils ont repri en partie le programme des mencheviques ) mi-socialiste, mi-capitaliste, dans lequel un Etat à parti unique disposait des gds secteurs économiques, à savoir la propriété de l’industrie lourde, de la banque, du commerce extérieur et transports. Tandis que au dessous existait un petit capitalisme de commerçants, d’artisans et surtout de paysans. Non seulement la propriété privée demeurait admise dans l’agriculture, mais en plus l’initiative et l’entreprise privée était réintroduite dans le petit commerce, la petite industrie et en plus on invitait le capital étranger ( firmes occidentales ) à venir en Russie.

En compensation de cette option semi menchevique, Lénine ordonna de briser l’église orthodoxe ( décret du 19 Mars 1922 ) et surtout le rôle dirigeant du parti fut réaffirmé et son unité fut consolidé par l’interdiction de tout « fractionnisme » donc choix du monolithisme du parti. Puisque le parti était minoritaire dans un pays plus ou moins hostile, lui-même encerclé par un monde hostile, il importait de renforcer la discipline du parti en la combinant avec sa démocratie interne au parti. Autrement dit, il y avait place pour le débat et pour le vote mais ensuite, une fois la ligne fixée, il fallait la suivre sans plus de critiques. Pour devenir une formation monolithique, le parti avait besoin d’une gestion quotidienne systématique. Cette tâche n’intéressant pas des intellectuels comme Trotski, Kamenev, Zinoviev ou Boukharine, donc Lénine a confié cette tâche à Staline. Et par conséquent, Staline qui était Commissaire aux nationalités, est devenu Secrétaire général du Parti. Il était donc le représentant du gouvernement avec qui les chefs locaux du parti dans les républiques fédérés non russes devaient traiter. Et il est devenu le représentant de la direction du parti avec qui les comités locaux du parti devaient traiter, hors Petrograd et Moscou. En bref, Staline était à l’interface du centre et des chefs du Parti dans les Républiques fédérées non russes d’une part, et à l’interface du centre et de la base du parti en province. C’est à travers cette fonction de Secrétaire général que Staline s’assura d’abord le contrôle du parti, puis le contrôle du pouvoir ( en 1929 il devient N°1 ) jusqu’à l’autocratie en Décembre 1938. Notamment, il a veillé au fichage des membres du parti, tâche qui relevait de la section secrète du Secrétariat, mais avant 1936 il ne dispose pas encore de la police politique. Autrement dit, pour diriger l’Etat, le Parti devait d’abord se diriger lui-même, à travers un appareil, en l’occurrence à travers un Secrétariat, qui est devenu le cœur du pouvoir jusqu’à la fin de l’URSS.

F. La bataille pour la succession de Lénine (1922-1929 )

L’échec définitif de la Révolution allemande en octobre 1923 pose une 3ème question cruciale au gouvernement : faut-il maintenir la pression révolutionnaire internationale ? Ou bien fallait il construire le socialisme dans un seul pays ? 2 positions :

- La position radicale de Trotski qui est internationaliste - Position de Staline qui était pour la NEP et qui était plu réaliste

Cette question se posa parallèlement à la bataille pour la succession de Lénine, bataille qui s’amorce en Mai 1922 et qui s’enclenche en 1925. En 1925, cette question fut tranchée en faveur du socialisme en un seul pays : Trostki démissionne du Commissariat à la guerre en 1925.

Une quatrième question se pose : fallait-il construire le socialisme en continuant la NEP favorable aux paysans, ou en accélérant l’industrialisation donc en renouvellent « le communisme de guerre » et cette fois-ci au détriment des paysans ?

Lénine avait laissé deux héritages :

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- Le communisme de guerre ( 1918-21 ) - La NEP ( 1921-28 )

Le pb était de savoir lequel de ces deux héritages indiquait la vraie voix menant au socialisme ?

1. Examen du système politique soviétique

Selon la Constitution de l’Etat fédéral soviétique de Décembre 1922, le gouvernement appelé Conseil des Commissaires du peuple

( Sovnarkom ) était donc l’organe exécutif du Soviet suprême ( le Parlement ). Le Parlement était composé du Soviet de l’Union qui représentait l’ensemble

des citoyens de la fédération et du soviet des nationalités. Le Parlement bicaméral élisait un Présidium ( chef d’Etat collectif )

composé d’un président ( chef d’Etat individuel sans grand pouvoir ) et de 12 vices présidents ( un par république fédérée ).

A son tour, le présidium élisait les membres du gouvernement. tel est la structure de l’Etat

Mais cette structure étatique était doublée par la structure du Parti : les comités locaux élisaient les membres du soviet. Le Comité central du parti proposait les membres du Présidium, mais cette

élection se fait sur la base de listes proposée par le Comité central. Enfin le Politburo s’identifiait largement au Sovnarkom.

Le Politburo était donc l’instance suprême réelle. Le Politburo est élu par le Comité central du parti ; le Comité central était élu par le Congrès du Parti, or le Congrès du parti était composé par des délégués des comités locaux dont les membres en province étaient en pratique nommés par le Secrétariat général, dont le Chef siégeait lui-même au Politburo.

Les membres du Politburo décidaient en tant que dirigeants du parti, et ceux du Sovnarkom faisaient appliquer les décisions en tant que dirigeants de l’Etat.

Dans les années 20, l’administration était composée de fonctionnaires de la Russie Tsariste qui avaient survécu et qui s’étaient adaptés. On a maintenu ces fonctionnaires car le Parti en avait besoin jusqu’à ce qu’une nouvelle génération soit formée.

2. la succession de Lénine

Lénine ne désigna pas de successeurs, il pensait à une direction collégiale entre Trotski, Kamenev, Zinoviev, Boukharine, Rykov, Tomski et Staline. Staline n’était donc pas le favori. Le successeur évident pour la plupart des membres du Parti était Trotski. Il avait en effet le charisme, il avait fondé l’armée rouge ( prestige militaire, prestige de la victoire dans la guerre civile ) et étaient jusqu’en 1925 ministre de la guerre.

Mais depuis la guerre civile, cette fonction militaire avait moins d’importance et elle ne pouvait retrouver son importance qu’en cas de regain des tensions internationales. Trotski était donc pour exporter la révolution et dc pour maintenir les tensions, c’était un belliciste.

En face, Staline était Secrétaire général du PCUS. Kamenev était président du Soviet de Moscou ( Maire de Moscou ) et Président du Politburo. Zinoviev était président du Soviet de Leningrad et président du Kominterm. Donc Staline tenait la province, les 2 autres tenaient les 2 Capitales. Tous les 3 se méfiaient de Trotski en qui il redoutait un nouveau Bonaparte et ne fasse un Coup d’Etat. Donc ils vont se liguer contre Trotski pour que celui-ci démissionne.

La bataille entre les héritiers de Lénine se déroule de 1923 à 1929. Parallèlement, elle se doublait d’un débat sur la NEP qui était poursuivie.

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Le résultat : en 1929 commence la série des grands anniversaires de Staline. Pour son cinquantième anniversaire, Staline a chassé du Politburo ses rivaux, après les avoir isolés, en s’alliant avec les uns :

- d’abord il s’allie à la droite pro-NEP ( Boukharine ) pour battre les autres, à savoir la gauche ouvriériste ( Zinoviev, Trotski )- pour ensuite se retourner contre les premiers et revenir au communisme de guerre.

Ceci grâce à la nomination des membres des comités locaux du Parti, qui eux-mêmes envoyaient les délégués au Congrès du Parti, Staline pouvait s’assurer une majorité au sein des Congrès du Parti et par conséquent accuser l’opposition de fractionnisme.

Tous les membres du PCUS croyaient que le marxisme léninisme fournissait le guide pour la construction du socialisme. Le jeu pour le pouvoir consistait donc à prétendre exprimer la position exacte par rapport à la doctrine, à gagner une majorité et à accuser l’opposition de fractionnisme. Staline est donc parvenu à faire ce tour de force. Il réussit à apparaître comme le véritable héritier de Lénine et parallèlement l’hostilité initiale de l’ensemble du politburo contre Trotski lui permit d’ériger le « trotskisme », comme hérésie anti léniniste.

Tous acceptèrent que les litiges soient confinés aux échelons supérieurs du parti. Ainsi, cette auto restriction montre la force de l’idée selon laquelle l’avant-garde du parti devait commander à un peuple encore arriéré et par conséquent la crainte qu’un appel aux masses mette en péril l’existence même du régime.

G. La collectivisation de l’agriculture et l’industrialisation planifiée

En 1929, 12 ans après la révolution politique, manquait toujours la base économique, cad qu’il y avait un Etat socialiste mais sans société socialiste. Une telle société ne pouvait être créée sans développement de l’industrie. Mais à son tour, l’industrialisation ne pouvait s’effectuer sans modernisation de l’agriculture, cad sans excédents alimentaires pour nourrir les ouvriers et sans excédents humains pour aller travailler dans les usines.

Par conséquent, au sein du Parti les débats portaient sur la question de savoir comment amener les paysans à fournir ces excédents ?

- Soit par des mesures incitatives : augmenter les prix des denrées pour les amener à vendre, et leurs fournir des biens manufacturés.

- Soit par des mesures coercitives.

Autrement dit l’alternative était de poursuivre le NEP pendant au moins 20 ans, au détriment de la classe ouvrière : c’était la solution Boukharine Ou bien, l’autre solution était de réutiliser les méthode du communisme de guerre pour soumettre rapidement la paysannerie : la solution Trotski

1. La débat Boukharine/Preobrajenski

La NEP était conçue par Boukharine comme une longue période de coexistence entre les grands secteurs de l’économie publique, le marché libre des produits agricoles, les petites entreprises de l’artisanat, du commerce, de l’industrie privés, et enfin les investissements étrangers, le tout sous l’égide du plan. En face, la gauche ouvriériste dénonçait dans la NEP une solution menchevique, un sacrifice de la classe ouvrière et on dénonçait également un abandon du vrai socialisme . Par conséquent, la gauche ouvriériste a élaboré un autre programme dont le penseur fut Preobrajenski, à savoir l’industrialisation par un investissement massif et rapide dans le secteur industriel public au dépend des secteurs agraires et privés.

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La droite pro-NEP et Boukharine étaient accusés de favoriser une nouvelle classe de paysans capitalistes : les Koulaks ; et de favoriser un nouvelle classe de spéculateurs bourgeois : les Nepmen

A l’inverse la droite pro-NEP a répondu et accusa la gauche ouvriériste et préobrajenski de remplacer l’alliance des ouvriers et des paysans par une dictature du prolétariat urbain sur la paysannerie. Au début la droite pro-NEP et Boukharine avait le soutien de Staline.

Toutefois un point commun : chacun des deux groupes prétendaient exprimer la fidélité au Léninisme. Les uns en invoquant l’héritage du communisme de guerre, et les autres en invoquant l’héritage de la NEP.

2. la décision de Staline et de la majorité du Parti

fin 28- début 29, Staline a tranché le débat : il a décidé de reprendre le programme de Trotski et de rompre avec la NEP pour mener ce que réclamait la gauche ouvriériste pour mener la collectivisation de l’agriculture ( on a appelé cela « l’octobre rural » ) et l’industrialisation planifiée.

- Le motif implicite était de mettre fin à l’autonomie de la paysannerie libre vis-à-vis du Parti-Etat.

- Le slogan proclamé était de mettre fin à l’arriération russe et de rattraper les puissances occidentales.

- le ressort était la menace virtuelle que faisait peser le monde capitaliste sur l’unique Etat socialiste.

En 1929, Staline est N°1 du Parti mais il n’est pas encore autocrate. Il a besoin de l’appui de la majorité du Parti. Or la majorité des membres du PCUS était plutôt hostile à la paysannerie, classe sociale condamné à l’extinction.

Par conséquent, il a fallu remobiliser le parti en usant de 3 thèmes : 1. le retour à l’époque héroïque du communisme de guerre 2. la présentation de la collectivisation et de l’industrialisation comme la vraie

construction du socialisme, suivant le concept de la révolution permanente. 3. la lutte contre un nouvel ennemi de classe : le Koulak, le Nepmen

3. La collectivisation et la «   dékoulakisation   »

La solution trouvée au pb de l’accumulation socialiste se fut : - L’expropriation ( sans indemnisation ) de la paysannerie libre - La conversion des fermes familiales en fermes publiques ( kolkhozes ) - La livraison de quotas alimentaires et en échange la fourniture d’outils et

de machines.

En cas de résistance, les paysans et leurs familles seraient déplacés, internés et utilisés pour de grands travaux publics forcés, notamment en Sibérie. Ce programme d’anéantissement social de la paysannerie devait affecter la vie de 120 millions de personnes qui vivaient dans 600 000 villages en réunissant leurs 25 millions de propriétés en 250 000 Kolkhozes ou fermes publiques. Ensuite on mécaniserait l’agriculture de manière à transformer les paysans en ouvriers d’usines agricoles. L’idée sous jacente était d’abolir le clivage entre villes et campagnes. Parallèlement, la collectivisation induit une « nouvelle campagne » contre la religion orthodoxe, qui était considérée comme le centre d’une culture paysanne tenue pour réactionnaire.

En 5 ans le résultat est visible en fin 1934 : 75% des surfaces agricoles étaient sous régime collectif. 95% en 1936.

Réaction de la paysannerie : elle prit sa revanche quelque part en réduisant sa coopération avec l’Etat au strict minimum et donc réduction de sa productivité.

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En 1936, Le régime dû concéder aux paysans des lopins familiaux et donc tolérer un petit marché libre des produits agricoles.

C’est en Ukraine que la dékoulakisation fut la plus dramatique : en effet, la République fédérée ukrainienne bénéficiait d’une autonomie culturelle et linguistique. Mais pour Staline, cette autonomie ukrainienne il y avait là la perception d’un danger séparatiste et par conséquent, la collectivisation des terres fut liée à l’élimination de la déviation nationaliste. Par conséquent, les réquisitions, les résistances des paysans et la répression provoquant famine, causèrent la mort de 5 millions de morts en Ukraine ( sur 20 millions ). Auxquels il faut ajouter 1 million au Kazakhstan.

4. l’industrialisation et le remplacement des «   spécialistes bourgeois   »

La collectivisation de l’agriculture fut menée en même temps que le premier plan quinquennal, en même temps que le renouvellement des cadres de l’administration et de l’industrie et en même temps enfin que la suppression de l’ensemble du secteur privé, qui mettait l’ensemble de l’économie entre les mains de l’Etat-Parti ( le Gosplan ). A partir de 1929 et la mise en place du plan quinquennal, on assiste à une révolution industrielle unique, car intervenant sur ordre du pouvoir, à travers une lutte de classe menée par une minorité urbaine armée contre une majorité rurale désarmée.

Le résultat : le contraste avec la collectivisation de l’agriculture ( désastreuse du pt de vue de

la productivité ) fut très nette, le plan quinquennal a réussi le saut qui a permit à la Russie de passer d’une société agraire à une société industrielle.

Second contraste entre la Russie et l’Europe : l’industrialisation s’était déroulée en Europe de manière progressive, de manière décentralisée. En Russie, l’industrialisation s’est accomplie de façon brutale et centralisée avec pour résultat. On a assisté en Russie à une super modernisation, un super rattrapage, au cours duquel des classes sociales qui en Europe n’avaient fait que passer en arrière plan ( paysannerie, artisanat ) et bien en Russie ces classes sociales se trouvèrent anéanties.

En même temps qu’un Etat industriel fut crée une puissance militaire perçue comme énorme menace par les anti communistes, et plus généralement par la bourgeoisie européenne. Perception d’autant plus forte que l’URSS était l’Etat le plus vaste et le plus peuplé du monde. D’autant que cet état était quasiment autarcique. D’autant que entre 1929 le monde capitaliste est en pleine crise et s’enfonce dans la dépression. Avec cette crise économique, les partis communistes montaient dans l’électorat ouvrier.

Le remplacement des « spécialistes bourgeois » : nous avons donc une nouvelle société industrielle socialiste, qui résolue à sa manière deux problèmes :

Le problème des cadres : une grande partie des spécialistes bourgeois fut remplacée par de nouvelles recrues issue de la scolarisation soviétique cad remplacée par des spécialistes rouges. Conséquence : l’Etat-parti disposait désormais de sa propre classe de cadres administratifs et techniques. Ceux-ci recevaient des avantages matériels proportionnés à leurs responsabilités. Ces responsabilités étaient réparties par les Comités du parti, à partir d’une liste des postes à pourvoir aux différents niveaux ( liste des postes = nomenklatura ). Donc l’Etat parti dispose de sa propre classe de cadres rouges.

Le problème de la main d’œuvre : le problème de la force de travail fut résolu par deux choses : déjà par le stakhanovisme et d’autre part par le contrôle centralisé de la répartition et de la circulation de la main d’œuvre ( déplacements spéciaux, passeport intérieur…). Parallèlement, le GULAG ( la direction centrale des camps des détenus, qui était l’un des départements du NKVD ( ministère de l’intérieur )), constituait un énorme réseau pénitentiaire

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qui rassemblait entre 5 et 10% de la main d’œuvre de l’URSS, et qui équivalait à un système de travail forcé.

H. Les grandes purges et l’avènement de l’autocratie

La collectivisation et le premier plan quinquennal furent suivies par une reprise de la Révolution par le haut/par le centre, qui culmina dans les purges. Par vagues successives d’arrestations la Terreur fut dirigée par Staline via le GUGB ( direction centrale de la sécurité d’Etat = police politique, qui était un autre département du NKVD )

- sur le Parti lui-même, et sur l’ensemble des élites soviétiques, qui furent ainsi renouvelées.

- Parallèlement, les purges s’accompagnèrent également de déplacements de populations (ou de déportations ethniques), dites socialement dangereuses vers l’Asie centrale ou la Sibérie ( cela a touché des polonais, des baltes, des finlandais) .

- Enfin, les purges touchèrent également les communistes étrangers qui trouvèrent refuges en URSS. Le Kominterm lui aussi devait avoir Staline pour unique maître.

En 1934, l’opposition à Staline monta ainsi que la volonté de réduire la coercition, la volonté de se réconcilier avec les anciennes fractions. Et enfin la volonté de satisfaire les aspirations de la population en privilégiant dans le plan les biens de consommation et l’agriculture. Mais Staline lui voulait maintenir la priorité de l’industrie lourde, concrètement le complexe militaro industriel, donc maintenir le sacrifice de la consommation civile qui rendait nécessaire évidemment le maintien de la coercition. Donc deux politiques économiques se font face. Cette opposition se manifeste lors du Congrès d’Octobre 1934 : ce fut la dernière réunion de la « vieille garde bolchevique » cad les hommes qui avaient été les compagnons de Lénine, entrés au parti avant la révolution. Au cours de ce Congrès il fut question de réduire le pouvoir du Secrétariat général et de revigorer par la même la démocratie interne au Parti ; donc des attaques lancées contre Staline. Mais il montra à nouveau sa maîtrise de l’intrigue politique, jouant les factions les unes contre les autres, et usant de son contrôle de la base provinciale. Donc il réussi à maintenir l’hégémonie du Secrétariat sur le parti.

La purge des SA en Allemagne fin juin 1934 a interpellé Staline. Il n’y avait jamais eu rien de tel au sein du PCUS. En même temps, cette purge des SA convaincu Staline que Hitler l’avait définitivement emporté en Allemagne et qu’il détenait le pouvoir absolu. Par conséquent, pour pouvoir rivaliser, Staline devait lui aussi détenir le pouvoir absolu.

6 mois plus tard, pt de départ des purges : l’assassinat de Kirov, Président du Soviet de Leningrad, le 1er Décembre 1934 fut le pt de départ originel du processus des grandes purges. L’argument de Staline était que cet assassinat faisait parti d’une vaste conspiration anti soviétique. Les purges ne commencèrent effectivement qu’à l’été 1936 lorsque la conjoncture internationale est devenue trop menaçante. La conjoncture devient menaçante et donc on peut justifier de la pression étrangère pour justifier la coercition, le complot.. mais aussi lorsque la victoire du front populaire à Paris assura à Staline qu’il n’y aurait pas de coalition des puissances capitalistes contre l’URSS. Staline invoqua donc l’urgence des circonstances pour obtenir des pouvoirs d’exception. En même temps, les purges affaibliraient l’URSS mais l’arrivée de la gauche au pouvoir en France et le tampon polonais permettrait à l’URSS de conserver une relative sécurité.

Les pouvoirs d’exception : Staline obtint du Politburo le rattachement du GUGB au Secrétariat du Parti. Dc la police politique se trouve à disposition du Secrétaire général le 25 septembre 1936. Staline désirait vaincre au sein du parti l’opposition à sa politique économique cad la priorité à l’armement. Au-delà de cette querelle relative à la politique économique, Staline voulait déraciner le potentiel d’opposition qui résidait dans la structure même du parti, cad dans sa direction collégiale, cad sa démocratie interne. Au sommet, ce que l’on a appelé la

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« conspiration hitlero-trotskiste » fut donc la formule d’accusation des grands procès spectacle au cours desquels les accusés devaient avouer leur culpabilité. A la base, les purges allaient atteindre l’ensemble du parti et chacune des sphères du système soviétique ( tactique du salami ) : l’administration, l’industrie, l’armée rouge elle-même et la police politique elle-même Iejov a été exécuté. Au terme du processus presque tous les membres de la vieille garde bolchevique avaient été arrêtés, inculpés, jugés, condamnés, exécutés. Donc la vieille règle selon laquelle au sein de l’élite communiste on ne se tue pas les uns les autres a été violée. Les rivaux de Staline ont été exécutés, lui permettant d’accéder à l’autocratie, Trotski parviendra à s’enfuir au Mexique. Il n’y avait plus aucune sécurité des fonctions, la peur devait être permanente pour prévenir le développement de toute opposition, laquelle signifiait l’internement, voir une condamnation à mort. Face à la Terreur, il n’y eu pratiquement pas de résistance de la part de l’élite du Parti communiste. Pourquoi ? 3 raisons :

- Chacune des factions du PCUS puis chacune des sphères du système soviétique furent visées les unes après les autres ( technique du salami ).

- Ceux qui remplaçaient les victimes des purges et qui accédaient aux plus hauts postes devenaient complices.

- Les communistes furent d’autant plus désarmer moralement car ils étaient auto inhibée. Eux-mêmes avaient participé à des actes de violence massive ou les avaient approuvés. Très peu avaient protesté donc contre les internements, déplacements et les exécutions des victimes non membres du PC. Mais surtout aucun d’eux n’avait remis en question le droit des dirigeants du parti de décider qui était un ennemi. Par conséquent, boomerang de la violence, et les pratiques qu’ils avaient accepté se retournèrent contre eux. « le Parti a toujours raison » cf Trotski

Conclusion : la seconde révolution de Staline en 1936-1938, à savoir les grandes purges, consista finalement en la liquidation quasi-totale de l’ancien parti de Lénine. Sur 2 millions de membres en 1938 il y a 1,5 million de nouveaux membres. La vieille garde bolchevique qui pesait 5% du Congrès du Parti en 1934 ne représentait plus que 2% en 1939. C’est l’avènement de l’autocratie de Staline. Staline était libre désormais de conduire la politique étrangère qui lui semblait conforme à l’intérêt de l’URSS, y compris une alliance avec Hitler, chose qui aurait été impensable dans l’ancienne direction collégiale.

II. La montée au pouvoir d’Hitler et l’édification de l’Etat national-socialiste ( 1929-1939 )   : partie politologique

La victoire de Hitler se confond avec la crise finale de la République de Weimar ( 1929-33 ) mais elle se confond également avec l’édification du führer Stadt ( 1933-38 ). Cette édification emprunta le modèle de la Révolution légale et nationale, avec le processus de l’alliance ( 33-36 ), de la subordination puis enfin éviction des élites traditionnelles ( mais jamais exécution ).

A. La configuration de crise de l’Allemagne weimarienne ( 1929-32 )

La crise économique de 1929 créa les conditions permettant à 2 mouvements de guerre civile tout deux fondés en 1919 ; l’un hostile à la bourgeoisie, l’autre hostile au marxise ; de recruter des partisans en grands nombre. Donc il y a eu une croissance du KPD ( à gauche, parti communiste allemand ) et du NSDAP ( à droite, parti national socialiste allemand ).

Quelle est la situation en Allemagne en 1930-32 ?

L’Allemagne est clivée en 5 partis politico-militaires : 1. le KPD et sa formation de combat : le front rouge qui regroupe 1 million de militants

rassemblés sous le drapeau rouge. 2. le SPD ( le parti social démocrate ) et le front gris : qui regroupe 2 millions d’hommes

sous le drapeau noir rouge or de la République de Weimar.

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3. le Zentrum ( formation catholique centre droit ) et les organisations catholiques4. le DNVP ( parti national allemand ) et sa formation de combat le Stahlhelm ( le casque

d’acier donc avec beaucoup de vétérans ) qui regroupe 1 million d’hommes sous le drapeau de l’ancienne Allemagne de Guillaume II.

5. le NSDAP et les SA : 500 000 hommes sous le drapeau à croix gammée. Donc c’est la formation la moins nombreuse mais la plus combative.

Les groupements et les clivages sont les suivants : - il y a d’abord confrontation entre les nationaux socialistes et les

communistes ( NSDAP vs KPD ) mais aussi collusion contre Weimar. Donc d’une certaine manière ils ont une certaine complicité, ils ont en commun d’être contre Weimar.

- « La coalition de Weimar » composée de la SPD et du Zentrum, ils soutiennent le régime de Weimar.

- Les conservateurs et les nationaux socialistes, tour à tour rivaux et partenaires, car ils ont conclu des alliances ( front de Artzbourg ).

- Les socialistes et les communistes se réclamant du marxiste et ils sont pourtant divisés.

Au parlement, la coalition de Weimar ne serait majoritaire qu’avec l’appoint du KPD impossible puisque la stratégie dite de « classe contre classe » dresse le KPD contre le SPD.

A l’inverse, le front de Artzbourg ne serait majoritaire qu’avec le Zentrum mais là encore impossible car le centre catholique défend la République.

L’antagonisme des partis a rendu caduque le système parlementaire prévu par la constitution ( pas de majorité stable…). Le système prévu par la constitution : un chancelier nommé par le Président qui gouverne soutenu par une majorité positive au Reichstag. Ce système a été rendu caduque par l’antagonisme des partis et par l’impossibilité de dégager une majorité . Aussi, ce système parlementaire a-t-il cédé la place à un système présidentiel prévu en cas de crise ( cf article 48 de la constitution allemande ). Le système présidentiel : un chancelier nommé par le Président qui gouverne en recourant à l’article 48 tant que une majorité négative au Reichstag ne vote pas la méfiance, au risque de la dissolution. De 1919 à 33 tous les Reichstag ont été dissout.

L’Allemagne connaît plus largement, au-delà du système politique central, deux types de domination politique :

- Au niveau du Reich, de l’Etat fédéral, dominaient les élites traditionnelles, sous la forme du gouvernement présidentiel, soutenues par l’armée et la haute administration.

- Au niveau des Lander par contre, dominaient les coalitions SPD et zentrum qui contrôlaient les forces de police et les forces administratives locales.

Dans cette situation là, le gouvernement présidentiel empêchait la guerre civile d’éclater, mais il n’était pas durable car la situation n’était pas tenable à terme.

1. première solution : Il aurait fallu recourir à l’armée pour briser le SA et le front rouge

2. seconde solution : coaliser les gauches et ne proscrire que le seul NSDAP. Mais il fallait pour cela que le SPD et le KPD s’entendent ; il fallait également que les élites traditionnelles acceptent de se priver d’un éventuel renfort face à la gauche.

3. troisième solution : coaliser les droites et proscrire le seul KPD. Il fallait pour cela que le DNVP et le NSDAP s’entendent ; que les partis de Weimar acceptent de se priver d’un éventuel renfort face à la droite ; et surtout qu’il n’y ai pas de grève général appelée par le KPD.

Les trois solutions présentaient donc des risques pour la République :

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- la guerre civile et la dictature militaire ; - la subversion à gauche dans le sens du communisme - la subversion à droite

La solution retenue par Hindenburg le 30 janvier 1933 fut la coalition des droites. Hitler devient chancelier d’un gouvernement de coalition.

B. La «   révolution légale et nationale   »

Pour Hitler, la lutte pour le pouvoir a pris un tour décisif à partir de la crise économique de 1929. Avec la Parti, il disposait :

- d’un programme multi classe ( pouvant séduire différentes classes sociales ),- d’une structure ( le führer prinzip ),- il disposait d’un instrument à savoir les SA et enfin, - il disposait d’une méthode, à savoir la propagande, - mais surtout une voie : la campagne électorale permanente.

Les buts : - le but immédiat de Hitler était de créer un mouvement organisé de masse à

droite. - Le but intermédiaire était de conquérir la rue. - Et enfin le but final était d’accéder au pouvoir.

Avant 1933, il y avait une multitude de courants au sein du NSDAP, et par conséquent la cohésion du pouvoir reposait sur la loyauté des cadres et des militants envers l’unique dirigeant, à savoir Hitler. Donc facteur personnel. Le succès du mouvement reposait sur les démonstration de force des SA et sur l’art oratoire d’Hitler. Et enfin, le Chef du NSDAP avec ses troupes avait la capacité de rallier les masses, et c’est pourquoi il séduisit la fraction des élites traditionnelles qui désiraient en finir avec le marxisme et en finir avec la République.

A partir de 1930, le but immédiat est atteint : nous avons un mouvement de masse organisé ; le but intermédiaire continue à se heurter au KPD ; le but final est en vue.

La question qui se pose à ce moment là est de savoir comment transformer les gains électoraux au gouvernement national socialiste. Deux solutions se présentent :

1. la voie parlementaire : le NSDAP emporte la majorité des sièges et par conséquent Hitler serait nommé chancelier

2. le coup d’Etat

Mais la solution trouvée fut la combinaison des deux à la fois, à savoir la Révolution légale. La révolution légale, expression paradoxale, désigne le détournement du droit par les gouvernants pour abolir pacifiquement le régime existant et lui en substituer un autre. Cette révolution légale fut une révolution nationale, cad en alliance avec les élites traditionnelles. Cette alliance avec les élites traditionnelles fut d’abord politique : elle s’effectua jusqu’au 24 mars 1933 dans le cadre d’un gouvernement présidentiel, sous la tutelle de Hindenburg, et dans le cadre d’une coalition des droites.

Après 1934, le gouvernement continua de compter des personnalités qui n’étaient pas membres du NSDAP ( par ex le ministre des finances était un conservateur ). Enfin l’armée, la haute administration, l’aristocratie foncière, la bourgeoisie industrielle conservèrent leur position éminente socialement, même si cette position n’était plus dominante politiquement après 1936.

C. Structure et évolution du Führerstaat

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L’Etat national socialiste n’a jamais eu de constitution national socialiste ( dc différent avec l’URSS qui le 30 Décembre 1922 possède sa propre constitution ) mais un ensemble de lois fondamentales, réalisant en partie ou dépassant en partie le programme du NSDAP.

Il y a eu en Allemagne une révolution idéologique et politique, mais pas de révolution économique et sociale. Les partis et les syndicats furent éliminés ( dc plus de société civile politique ), mais aucune classe sociale ne fut anéantie. L’armée, l’administration, la magistrature conservèrent une certaine autonomie et une certaine collision. Les entreprises privées et la propriété privée des moyens de production continuèrent à exister, malgré le corporatisme, le dirigisme. De même, continuèrent à exister les églises protestantes, catholiques, qu’il n’était pas question de briser ( contrairement en URSS ). Les juifs jusqu’en 1939 furent incités sinon contraint à émigrer.

L’objectif d’Hitler n’était pas la révolution économique et sociale à l’intérieur, l’objectif d’Hitler était la réunion de tous les allemands en un seul Etat et la conquête d’un Empire à l’Est ( le Lebensraum ), ac renonciation aux irrédentismes ( on renonce aux petits territoires anciennement allemands ). Par conséquent, pour réaliser ce programme de politique étrangère «  il fallait rendre le peuple allemand de nouveau capable de porter les armes » ce qui n’était pas facile 15 ans après la première guerre mondiale, autrement dit il fallait réarmer au plan industriel et psychologique. Le régime avait donc besoin de deux choses :

- de la coopération des élites militaires, des élites administratives et des élites économiques ;

- ainsi que la coopération en bas de la classe ouvrière et de la jeunesse.

L’édification d’une armée industrielle de masse implique de rallier les salariés de l’industrie lourde qui vont produire les moyens de la guerre, et les jeunes conscrits qui vont faire la guerre. Or, le problème est que si la jeunesse allemande était favorable au national socialisme, le marxisme dominait depuis longtemps le prolétariat allemand. De plus, les élites traditionnelles étaient fort peu national socialiste. Pour réaliser le consensus, le régime s’appuya sur le contrôle des moyens d’information et de communication. S’appuya sur le front du travail et enfin s’appuya sur les jeunesses hitlériennes. Quant aux élites traditionnelles, elles furent à la fois conservées, subordonnées et évincées. Par conséquent, pour atteindre les objectifs de politique étrangère, il fallait mettre en place un régime interne spécifique.

Le IIIe Reich a combiné au fond deux choses : füherprinzip et policratie ( qualifié de tel par Franz Neumann en 1944 ) car cette structure hybride s’explique à la fois par l’autocratie d’Hitler et d’autre part l’existence de « hiérarques » ( leaders ) au sein du Parti ( Goebbels, Himmler…) et l’alliance avec les élites traditionnelles de l’Etat, qui ont été certes évincées mais conservées. A cela s’ajoute la persistance d’une société civile économique, de même que les églises. Donc au plan politologique, on ne pouvait pas parler de totalitarisme.

Section 2 : Comparatisme

I. Les deux chefs

A. Les points communs

Staline et Hitler sont nés aux marges des nations dont ils sont les chefs ( Staline était géorgien et Hitler autrichien ) puis ils se sont identifiés à ces nations.

Les deux hommes partent au bas de l’échelle sociale. Ils croient en la volonté et au pouvoir. Staline croit surtout au pouvoir de la

peur et Hitler croit surtout au pouvoir de la force.

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Les deux personnages ont un Ennemi à dimension métaphysique, à savoir « le Bourgeois » ennemi de Staline, et « le Juif » pour Hitler.

Tous deux ont la certitude de posséder la clef de l’histoire, à savoir le matérialisme dialectique chez Staline, le darwinisme racial chez Hitler

Ils savent donc exploiter les circonstances, ils ont l’art de l’opportunisme, ce sont des machiavéliens, mais sans perdre de vue les objectifs finaux. Les circonstances chez Staline : la division des classes capitalistes et des puissances capitalistes. L’objectif final est la fédération soviétique universelle. Chez Hitler les circonstances : la recherche des élites traditionnelles d’un parti populaire de droite face à la gauche, et la recherche par les puissances occidentales d’un barrage face à l’URSS. Mais Hitler ne saura pas bien exploiter ce contexte international, d’où sa défaite finale. Son objectif était de construire un empire germanique à l’Est.

Les deux personnages pensaient que l’histoire leur pardonnerait les sacrifices qu’ils exigeaient, à savoir l’anéantissement de la bourgeoisie et du judaïsme, pourvu qu’ils sortent vainqueurs.

Leur position de 1923 à 29 est contrastée : le PCUS est au pouvoir mais Staline n’en est pas le Chef, inversement Hitler est le Chef incontesté du NSDAP mais celui-ci n’est pas au pouvoir. Néanmoins les deux personnages, au-delà de ce contraste, conservent un élément commun, aucun d’eux ne songe à accéder au pouvoir par un Putsch. Tous deux songent à la voie légale.

Tous les deux se hissent du pouvoir à l’autocratie en exploitant une position initiale «  constitutionnelle » ou « légale » : à savoir Staline était secrétaire général dans un parti unique, quant à Hitler était chancelier dans un gouvernement présidentiel de coalition des droites. L’avantage de la voie légale était de s’appuyer sur l’ordre établi et concrètement le maintien formel de la légalité garantissait l’obéissance des agents publics.

En 1938 au bout du processus Hitler et Staline ont atteint une position unique, n’admettant aucune opposition : le premier grâce à l’éviction des élites traditionnelles ; le second grâce à la purge des élites soviétiques

Tous les deux sont morts en défiant leurs adversaires : à savoir Hitler prive les alliés de la satisfaction de le traduire en justice ( il réussi son suicide ) ; Staline prive ses collaborateurs de tout espoir de prendre sa place.

B. Les différences

1. le rapport à l’histoire   :

Staline, marxiste convaincu, a tjs eu le sentiment qu’il luttait pour promouvoir une révolution sociale qui allait dans le sens de l’histoire. Il lui fallait donc soutenir le progrès et finalement qu’en jouant les Etats capitalistes les uns contre les autres, il assurerait à l’URSS la sécurité d’abord, l’hégémonie ensuite. Hitler lui par contre, nationaliste convaincu, il a tjs eu le sentiment qu’il luttait pour défendre une certaine culture germanique menacée par le cours de l’histoire. Il lui fallait donc enrayé, freiner la décadence ( opposé au progrès ) et que la seule chance de l’Allemagne avant que le rapport des forces ne bascule en faveur de l’URSS était de conquérir un Empire à l’Est, avec le consentement des puissances occidentales. Il voulait donc exploiter l’anti communisme en espérant que les puissances occidentales le laisserait faire. Donc on voit bien le rapport différent à l’Histoire : d’un côté on pense en terme de progrès ,de l’autre en terme de décadence ; Staline considère qu’il faut aller dans le sens de l’histoire, tandis qu’Hitler cherche à freiner l’histoire, la modernité qui est nocive à l’Allemagne.

2. l’itinéraire   :

Staline a 10 ans de plus qu’Hitler. A 20 ans, Staline est un séminariste en rupture de banc , il a fréquenté les écoles chrétienne, et il s’engage à 20 ans dans la vie

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politique pour devenir un révolutionnaire professionnel et finalement membre en 1912 du comité directeur du parti bolchevique fondé par Lénine. Son expérience existentielle décisive a été l’exil sibérien. Il fut arrêté 7 fois, évadé 5 fois. En 1913 il est condamné à 4 ans d’exil dans un camp sibérien. Il ne fut donc jamais un combattant, même s’il fut l’un des chefs bolchevique durant la guerre civile russe, et même s’il devient Maréchal de l’union après la seconde guerre mondiale.

Hitler, à 30 ans en 1919, artiste raté, s’engage dans la vie politique pour en devenir un professionnel, chef du parti national socialiste. Staline mettra 13 ans pour devenir lieutenant de Lénine, alors qu’en 2 mois Hitler est chef de parti. Son expérience existentielle décisive est l’expérience du front français lors de la première guerre mondiale, mais il ne sera jamais promu à un grade supérieur que Caporal. Il ne devint chef militaire qu’une fois cumulé les fonctions de chancelier, président et ministre de la guerre ( février 1938 ). Donc pour les deux il n’y eut pas de carrière militaire à proprement parler.

3. le style

Staline, l’ancien militant clandestin, est un homme d’appareil, c’est un aparatchique un pur bureaucrate. La conspiration ou l’intrigue dans le monde clos des échelons supérieurs du parti, fut donc son activité politique centrale. Hitler lui, l’ancien soldat inconnu, est un orateur. La réunion publique de masse au cours de multiples campagnes électorales ( campagne électorale permanente ) fut son activité politique centrale. Staline appartient au genre « bureaucratique de la politique » dans une tradition de gauche favorable à la collégialité et au débat et donc il n’alla jamais au peuple, il fonda une domination d’appareil et il publia des livres à teneur marxiste. Hitler lui par contre, appartient au genre « artiste » de la politique dans une tradition de droite favorable à la personnalité et à l’autorité. Il alla au peuple, il fonda une domination plébiscitaire ( relation du peuple et du chef…) et il se contenta de publier un manifeste tenant à la fois du bréviaire, du programme et de la prophétie : « Mein Kampf ».

4. la carrière

Staline se voulait l’interprète du marxisme léninisme et le successeur de Lénine. Hitler lui par contre, n’avoua jamais à quelle source il avait tiré ses idées ( pan germanisme ? darwinisme ? ) et il s’est convaincu qu’il jouerait le rôle du « führer » cad le guide et non le successeur. La chance de Staline fut la maladie et la mort prématurée de Lénine, après la victoire bolchevique. La chance d’Hitler se fut évidemment la caducité du système présidentiel en 1933, après la caducité du système parlementaire depuis 1930. Après avoir exploité et détourné la légalité, pour conquérir le pouvoir, les deux hommes devinrent autocrates en 1938, dc pt commun. Mais la différence, selon les textes, Staline n’était que Secrétaire du Parti ( jusqu’en mai 1941, c’est sa seule fonction, ensuite il devient chef du gouvernement ) dans une structure politique qui était « totalitaire », le parti unique commandait à l’Etat, l’Etat commandait à la société, dc ce seul titre lui suffisait pour être autocrate. Hitler, lui devait multiplié les titres pour être autocrate : il était chef du parti, chef du gouvernement ( 1933 ), chef de l’Etat ( août 1934 ) et chef de l’armée, dans une structure politique qui n’était pas totalitaire ( il y avait la propriété privée, l’église…). Staline avait réalisé une révolution économique et sociale ( bcp de tué, c’est pourquoi on l’a étudié en polémologique ), tandis qu’Hitler lui avait réalisé une révolution politique et idéologique ( plus politologique, pas bcp de morts ). Staline était à la tête d’une Internationale : le Kominterm, ce qui n’était pas le cas d’Hitler. Au niveau de la politique étrangère, Hitler entrepris de réviser un traité de paix ( Versailles ) avant et afin d’édifier un Empire. Son échec précipita le génocide juif, parallèlement à la guerre d’usure en 3 dimensions : terre, mer, air et à la lutte contre les partisans. Staline lui édifia un Empire quasiment jusqu’aux limites d’avance de l’armée rouge. Son succès entraîna un bouleversement des frontières géographiques et démographiques, a entraîné la guerre froide, et la séparation de l’Europe de l’Est du reste de l’Europe.

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5. la position

Staline, entouré de rivaux a du surmonté l’hostilité du parti communiste à toute espèce de personnalisation. Et par conséquent, il a préféré initialement rester dans l’ombre. Hitler exigea publiquement la direction du parti qu’il obtint presque d’emblée et cette position ne fut presque jamais contestée. Par conséquent, la position unique d’Hitler comme führer explique que le NSDAP ne connut jamais la série de purges que Staline imposa au PCUS ( la purge des SA est anecdotique par rapport à ce qui s’est passé en URSS ). Staline liquida la vieille garde bolchevique du PCUS, Hitler au contraire protégea la vieille garde du NSDAP. Staline n’avait guère confiance en ses collègues, l’autre par contre faisait confiance en ses lieutenants les plus proches, au point qu’il autorisa certains de ses lieutenants ( Goebbels, Goering, Himmler…) a avoir de larges prérogatives. Autrement dit, Hitler ne créa pas chez les élites allemandes une insécurité semblable à celle que Staline installa pour les élites soviétiques.

6. le destin

Pour Hitler, l’année 1945 fut celle de l’histoire du miracle ( cf miracle de la maison de Brandebourg ) et celle de la défaite totale. En revanche, Pour Staline, l’année 1945 fut celle de l’apothéose, la victoire marqua le pt culminant de ses relations avec son peuple, de même que Yalta puis Potsdam marquèrent le pt culminant de sa reconnaissance par la communauté internationale. Hitler a été vaincu après avoir remporté des victoires exceptionnelle ( Pologne, France, URSS ) mais il laisse un héritage de défaite : la débellatio. Staline lui a été vainqueur après avoir essuyé des défaites exceptionnelles, mais il a laissé un héritage de victoires à savoir un Empire jusqu’en 1989. Hitler s’est suicidé dans son bunker le 30 Avril 1945 dans Berlin en ruine . Son corps fut incinéré, il n’eut jamais de sépulture. Hitler devint ainsi un fantôme, il nous hante toujours. Staline quant à lui est mort dans son lit d’une agonie des suites d’une hémorragie cérébrale, le 4 mars 1953. Son corps repose dans un mausolée au côté de Lénine. Sa mort fut suivie de 3 jours de deuil national, dans tout le bloc soviétique. il est donc mort plus puissant que jamais. Il est donc devenu une momie, c’est son statu posthume.

Les deux hommes figurent donc, l’un comme le plus grand vaincu ( Hitler ), l’autre comme le plus grand vainqueur du XXe siècle ( Staline ).

II. Les deux régimes

A. La prise du pouvoir

La nomination d’Hitler à la chancellerie le 30 Janvier 1933, puis l’adoption de la loi sur les pleins pouvoirs le 24 Mars 1933, apparaissent comme les homologues du Putsch du 7 novembre 1917, puis de la dissolution de l’assemblée constituante le 10 Janvier 1918. A cette différence, que le processus allemand fut légal alors que le processus russe fut illégal. La semi révolution nationale socialiste de 1933 à 1934 ne fut pas la révolution bolchevique de 1917-1921. En effet, la semi révolution nationale socialiste ne conduisit pas à une guerre civile. La suppression du pluralisme politique ou syndical en Allemagne, et la répression qui frappa la gauche en Allemagne, cela n’équivalait pas à la destruction ou à l’élimination des classes capitalistes, ni à la dékoulakisation ( 1924-29 ), ni enfin aux grandes purges ( 1936-38 ). Malgré les révocations politiques ou antisémites, la fonction publique et la magistrature en Allemagne restèrent quasi identiques. De même que l’économie et les églises. L’armée ne fut pas remplacée par la SA contrairement à l’armée tsariste remplacée par les gardes rouges puis par l’armée rouge. Il y eu enfin un nouvel Etat en Russie, pas en Allemagne. La semi révolution nationale socialiste ne rompit pas les liens de l’Allemagne avec le reste du monde, il n’y a eu aucune rupture des relations diplomatiques avec les pays étrangers.

B. La structure du pouvoir

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L’URSS et l’Allemagne sont deux Etats à parti unique. A la différence des nationaux socialistes en 1933, les bolcheviques étaient membres d’une organisation clandestine en 1917. A la différence du PCUS, le NSDAP n’a jamais eu besoin de faire ses preuves au cours d’une guerre civile. Le NSDAP était un parti dirigé par un chef dont le but était de gagner des voies, des adhérents, des élections en agissant dans la légalité, non sans démonstration de force dans la rue. Il devint un parti de masse, puis il devint le parti unique de l’Etat. Ce parti garda un caractère multi-courants sans connaître aucune purge. Le PCUS avait une direction collégiale avant 1929. Son but était de mobiliser les masses mais sans dépendre d’elles, et cela afin de prendre le pouvoir par tous les moyens. Devenu parti unique, le PCUS est resté un parti élitiste : en 1939, le PCUS représentait 2% de la population alors qu’à la même date, le NSDAP représentait déjà 9% de la population. Le PCUS prétendait devenir monolithique ( à la différence du NSDAP multi- courants ) et donc il subit des purges massives.

Les liens entre le Parti et l’Etat : le NSDAP coexistait avec l’Etat, cad avec l’administration, la magistrature et l’armée. Sa domination politique sur l’Etat était en réalité beaucoup plus théorique que pratique. Hitler n’était pas uniquement chef du Parti, il était aussi chef de l’Etat ( chancelier + Président ). Le PCUS lui commandait à l’Etat, Etat qui subit lui aussi des purges massives et renouvelées. Concrètement, la composition du Politburo, était identique ou quasi identique à celle du Sovnarkom. Or la composition du gouvernement du Reich ne correspondait pas au corps du NSDAP. Enfin, Lénine et Staline n’étaient que chef de parti et cela suffisait.

Les liens entre le Parti et la société : en Allemagne, le pluralisme politique avait été abolit, donc plus de société civile politique, mais il subsistait une certaine société civile éco et sociale en Allemagne avec la propriété privée et l’église. En revanche, en URSS, l’Etat soviétique était propriétaire de l’économie et des moyens de production au contraire de l’Allemagne. Le rapport entre le parti et l’armée : l’armée rouge était commandée par le PCUS via d’abord le système des commissaires politiques, via la quasi identité entre le Conseil de défense et le Politburo et enfin via l’attribution de la Présidence du Conseil de Défense par le Secrétaire général du PCUS. Au contraire, l’armée allemande, la Reichvehr puis la Vermacht avaient conservées leur autonomie vis-à-vis du NSDAP : les soldats et les officiers prêtaient serment à Hitler mais en temps que Chef D’Etat. Le serment commence en Août 1934 lorsqu’il remplace Edinburgh. L’armée avait ses propres tribunaux. Et enfin, l’appartenance au parti était suspendue le temps du service militaire. Certes, l’armée de terre allemande eut progressivement pour concurrente la WaffenSS. Or celle-ci n’a jamais recruté que des volontaires et il y eut en tout 800 000 hommes dont 160 000 étrangers. La Vermacht elle, armée de conscrit a enrôlé 15 millions d’hommes dont 800 000 étrangers. Au contraire, les Komsomol ( la jeunesse soviétique ) dans l’armée rouge, la jeunesse hitlérienne n’avait pas de section dans la Vermacht.

C. La conservation du pouvoir

1. L’idéologie : Les deux régimes étaient idéologiques, l’idéologie permettant de légitimer mais aussi à mobiliser. Mais la légitimité était plus charismatique et plébiscitaire que idéocratique en Allemagne, au contraire de l’URSS.

2. La propagande : les deux régimes contrôlaient les moyens d’information et de communication de masse, contrôlaient l’éducation, la culture et les arts, contrôlaient enfin les organisations de travail et de jeunesse. Il s’agissait donc de prendre et de conserver le pouvoir dans la société et pas seulement dans l’Etat, en imprimant l’idéologie dans la société et pas seulement dans l’Etat, avec pour objectif de créer « un homme nouveau ». La tâche était bcp plus difficile en Allemagne, nation avancée, à haut niveau d’instruction, au cœur de l’Europe, avec économie privée, relations internationales développées, avec des églises toujours bien présentes, avec autonomie des corps de l’Etat. Donc tout cela rendait difficile d’imprimer l’idéologie

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nationale socialiste dans cette société allemande. En URSS, la première tâche du PCUS dans les campagnes russes était d’alphabétiser la population russe. Dans les deux cas, quoiqu’il en soit, on retrouvait la volonté « d’organiser l’enthousiasme » ( expression de Raymond Aron ). Mais en Allemagne subsistait une société civile en tout cas au plan économique, ce qui n’était pas le cas en URSS.

3. La Terreur : les deux régimes recouraient à la Terreur symbolisée par la police secrète et par le camp de concentration. Un gouvernement autocratique nécessitait un instrument spécial, responsable devant le seul autocrate et organisé pour exécuter ses ordres, sans égard pour la loi. L’autocrate a à sa disposition la police politique : en URSS, il s’agit du GUGB ainsi que le GULAG ; en Allemagne, la SS et les KL ( Koncentrazion lagger ). En 1936-38, dans le GULAG nous avons de 4 à 8 millions de détenus dans le système soviétique. En Allemagne, à la même époque, entre 6000 et 24 000 détenus. Le droit pénal était évidemment un instrument de lutte contre l’ennemi intérieur. Par conséquent la privation des droits était la situation dans laquelle il fallait réduire les opposants. Mais en Allemagne évidemment, ce qu’on appelle « l’Etat de droit » avait une tradition bien plus établie qu’en Russie. Ainsi par exemple, la responsabilité pénale collective appliquée dès le début en Russie bolchevique, avec l’exécution sans jugement de Nicolas II et de sa famille, ne le fut en Allemagne qu’à partir de Juillet 1944 ( attentat de Hitler ) et qu’ à l’encontre des personnes soupçonnées d’être impliquée dans l’attentat de Hitler. Dc mise en place progressive de la responsabilité familiale, alors qu’en URSS elle existait dès le départ

D. La résistance au pouvoir

Le régime nazi bénéficia d’un plus large consensus que le régime bolchevique. On peut mesurer le degré d’opposition des divers groupes politiques ou sociaux à un régime en observant ou en comptant le pourcentage de personnes issus de ces groupes qui résistent ou qui émigrent ou qui sont victimes de la répression il y a résistance politique lorsque l’opposition pacifique légale n’est plus possible du fait de l’exclusivisme du régime. Il ne reste donc le choix qu’entre la clandestinité ou bien l’exil ou encore le silence.

L’émigration russe avec déchéance de la nationalité, fut la plus ample que le monde ait connu depuis la révolution française, à savoir que 1 million de personnes ont quitté la Russie soviétique. elle fut la plus diversifiée au plan politique puisqu’elle toucha les représentants de toutes les tendances, des monarchistes jusqu’aux trotskistes. En Allemagne, les dirigeants communistes quittèrent presque tous l’Allemagne. La moitié des cadres socialistes ( SPD ) quittèrent l’Allemagne mais très peu de membres du Zentrum et de libéraux. Mais de nombreuses personnalités culturelles et scientifiques quittèrent l’Allemagne, notamment les personnes de confession juive. Au total, 70 000 personnes quittèrent l’Allemagne.

La plus forte opposition au régime hitlérien se manifesta dans les milieux ecclésiastiques mais aussi dans les échelons supérieurs de l’armée, comme en témoignent les multiples projets d’attentats et de Putsch contre Hitler. Au contraire en URSS, le système des commissaires et des purges garantissait la docilité de l’armée rouge.

E. La violence du pouvoir et son impact

Le potentiel objectif de violence du bolchevisme russe était plus grand que celui du nazisme allemand. Le bolchevisme russe visait l’anéantissement social ( et parfois physique ) de classes entières ( la noblesse, le clergé, la bourgeoisie et la paysannerie libre ). Mais le nazisme allemand visait essentiellement les juifs à l’intérieur et au plan extérieur visait l’URSS. En tant de paix en Allemagne, la violence du régime national socialiste ne pouvait être que limitée pour 2 raisons :

D’abord la grande majorité des élites allemandes n’était pas antisémite de manière virulente. Les juifs représentaient 0,8% de la population de l’Allemagne en 1937.

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En revanche en temps de guerre et d’occupation, le nazisme allemand a déchaîné une violence totalitaire contre des polonais, les membres du PCUS, les juifs à l’échelle de l’Europe : 5,1 millions de juifs ont été exterminés.

L’impact subjectif de la violence du nazisme allemand ne pouvait être plus grand que celui du bolchevisme russe pour des raisons médiologiques et idéologiques.

1. les raisons médiologiques

Au contraire de l’URSS, l’Allemagne qui était ouverte et au cœur de l’Europe, ne pouvait fermer ses frontières. En plus cette Allemagne s’attaquait à des internationales (Internationales communiste, socialiste et franc maçons ) mais également à une diaspora immense : les juifs. Enfin et surtout, l’Allemagne a été vaincu, son territoire a été administré, les archives allemandes ont été livrées, les dirigeants allemands ont été jugés. Ensuite des photos ont été prises, des films ont été tournés. La mémoire du génocide juif a été entretenue par les institutions juives, par Israël, par les Etats occidentaux…mais par contraste en URSS très peu de traces. La destruction de la civilisation paysanne et orthodoxe russo-ukrainienne a sombré dans l’oubli. De plus, la définition du crime contre l’humanité et de génocide ne prend pas en compte la notion de crime social.

2. les raisons idéologiques

Il devait être proclamé qu’un régime ennemi en 39-45 opposé aux Lumières, avait été responsable de la mort de millions de personnes pour  « raisons de race ». il ne devait pas être dit qu’un régime ami en 41-45 se réclamant de l’héritage des Lumières avait été responsable de million de morts pour « raisons de classe » ( expression de Nolte ).

Le fascisme italien : Une 50n de condamnations à mort entre novembre 1922 et Juillet 1943Le fascisme allemand : 16000 condamnations à mort entre 1933 et 45, 14000 par les tribunaux militaires et 7000 exécutions extra judiciaires.

III. Les deux politiques étrangères

De 1933 à 1937, la préoccupation centrale d’Hitler était d’éviter la guerre jusqu’à ce que l’Allemagne se soit réarmée. Les débuts de la politique étrangère de Hitler ne furent pas révolutionnaires.

- Hitler a quitté la SDN en octobre 1933 - mais pour compenser il conclu le Pacte à 4 en Juillet 1933 avec la GB, la France

et l’Italie. Ce pacte à 4 n’a pas été ratifié par les autres puissances mais il a servi lors des accords de Munich en 1938.

- Hitler a confirmé le Traité de Locarno en 1925 qui garantissait le statut quo territorial à l’Ouest.

- Il conclut également le Pacte de non agression avec la Pologne en Janvier 1934.

Donc l’orientation anti soviétique était déjà perceptible.

A l’intérieur, Hitler avait brisé le marxisme pour renverser la République de Weimar, en s’alliant avec les conservateurs. A l’extérieur, il voulait réviser partiellement le Traité de Versailles pour préparer la conquête du Lebensraum à l’Est, en utilisant l’anti communisme. Son objectif était donc que les puissances occidentales laissent à l’Allemagne « les mains libres à l’Est ».

Du côté de Staline : de 1929 à 1939, Staline lui aussi voulait éviter la guerre, parce que l’URSS n’est pas prête ( en 1929 elle n’est même pas encore industrialisée ) et la priorité était de renforcer l’unique Etat socialiste ( seconde révolution avec le premier plan quinquennal qui visait à industrialiser et à collectiviser l’URSS ) et à instaurer l’autocratie.

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La crainte fondamentale de Staline était la constitution d’une coalition occidentale anti soviétique autour de l’Allemagne. La vision stalinienne des rapports entre l’URSS et les puissances capitalistes ( vision en tout point conforme à la doctrine marxiste léniniste ) était ambivalente : d’un côté, les Etats capitalistes tendaient à s’allier contre l’Etat socialiste ; d’un autre côté, les contradictions internes au monde capitaliste maintenaient les conflits entre Etats capitalistes. Par conséquent, toute la politique étrangère de l’URSS avant comme après Staline visa à empêcher cette alliance et à exploiter ses contradictions.

Jusqu’ à l’invasion allemande, l’idée maîtresse de Staline entre 39 et 41 fut de rejeter puis de maintenir le conflit armé à l’Ouest. L’URSS n’interviendrait qu’au moment où les belligérants capitalistes européens seraient épuisés par leur conflit armé. C’est donc à la faveur de la guerre qu’est né l’URSS et la révolution bolchevique ( après la 1ère GM ) et c’est à la faveur de la guerre l’emporterait ( guerre à l’Ouest, épuisement capitaliste et intervention victorieuse des soviétiques ) tel était le scénario envisagé par les soviétiques.

A. Les configurations politiques possibles

Il y avait en Europe 2 Etats à parti unique. Le concept clé du premier Etat ( l’URSS ) était l’antifascisme Le concept clé du second ( Allemagne ) était l’anticommunisme Tous deux avaient des alliés transnationaux dans toute l’Europe :

Les PC pour l’URSS à l’Ouest Les minorités allemandes à l’Est

Cependant ces deux Etats avaient en commun l’hostilité à la Démocratie libérale. Dc les démocraties occidentales représentaient le 3ème facteur. donc il y avait un duel entre les deux, mais une configuration en triangle. L’une des puissances qui rallierait les démocraties occidentales aurait un avantage décisif sur l’autre.

A l’ouest l’enjeu de la compétition germano-soviétique fut précisément de savoir qui l’emporterait. Pesaient des raisons idéologiques, comme par ex en faveur de l’URSS la filiation entre le marxisme et les Lumières, mais égt des raisons géopolitiques. Ces raisons firent pencher la balance du côté de l’antifascisme, du moins dans les populations, sinon chez les élites. l’événement clé sera la guerre civile espagnole qui a entraîné une bataille de l’opinion. Franco a gagné la guerre civile mais le MCI ( mouvement communiste international ) après avoir soviétisé la République d’Espagne, a gagné la bataille de l’opinion.

Pour que Hitler rallie les puissances occidentales, il aurait fallu rejeter l’antisémitisme et modérer les ambitions extérieures. L’anticommunisme et le Lebensraum s’oppose au pt de vue diplomatique : l’Allemagne pouvait s’attirer des alliés dans la lutte contre le communisme, mais non pas s’attirer des alliés dans la conquête du Lebensraum, car la géopolitique de l’équilibre des puissances l’interdisait. D’où la contradiction.

Staline lui su modérer ses ambitions pour rallier les démocraties occidentales. Déjà, l’URSS était membre de la SDN depuis 1934 et il proposait de combattre le fascisme et non pas de propager la révolution. En Espagne, le Komminterm soulignait que le parti communiste espagnol luttait pour vaincre l’insurrection franquiste et protéger la république, et non pas pour l’instauration de la Dictature du prolétariat en Espagne.

B. La Pologne et les pactes germano-soviétiques

Le 5 Novembre 1937, Hitler présenta son programme d’expansion au ministre des affaires étrangères et au chef des armées. Ce programme envisageait d’annexer l’Autriche, de détruire la tchécoslovaquie et de conquérir un Lebensraum à l’Est à la faveur de la passivité occidentale et de la complicité polonaise. Or Hitler constata l’opposition des

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représentants des élites traditionelles, notamment l’opposition des chefs militaires et du ministre des affaires étrangères. Par conséquent, Hitler remania son commandement militaire. En Février 1938 l’armée est sous sa coupe dc il est véritablement autocrate. Il réussi l’Anschluss en Autriche, il réussit à supprimer la Tchécoslovaquie. Par csq, l’Allemagne acquit l’hégémonie en mars 1939 après le coup de Prague. Donc l’équlibre des puissances est rompu et l’Allemagne s’attire l’hostilité de la GB, suivie de la France. Staline devint ainsi l’arbitre de l’Europe, celui vers qui l’Occident et l’Allemagne devaient se tourner.

Au printemps 1939 va se jouer le destin de la Pologne.

1. L’état-tampon

La Pologne servait d’état-tampon entre l’Allemagne et l’URSS. Si l’URSS voulait intervenir contre l’Allemagne ou inversement, il fallait que la Pologne accorde un droit de passage et de stationnement à l’armée rouge ou à la Vermacht. Mais il n’en était pas question à Varsovie. Le gouvernement polonais comptait sur les forces franco-britanniques. Depuis l’occupation de la Bohème-Moravie et de la satellisation de la Slovaquie et donc la violation des Accords de Munich et le coup de Prague de mars 1939, Chamberlain n’avait plus confiance en Hitler, si bien que la GB suivie par la France donnent à la Pologne une garantie d’assistance militaire.

Mais les franco-britanniques n’avaient guère les moyens militaires de soutenir la Pologne car ils s’en tenaient à une stratégie défensive d’usure. Ainsi donc, les franco britanniques se trounaient vers l’URSS.

- Or les polonais refusaient toute entrée de l’armée rouge sur leur territoire- Le gouvernement soviétique n’entendait pas faire la guerre pour le compte

des franco-britanniques ou des polonais.

L’URSS à l’époque avait un gouvernement révolutionnaire. Il voulait diviser les puissances capitalistes pour rejeter le conflit armé à l’Est. Il prit dc l’initiative d’un Pacte avec l’Allemagne. Proposition à laquelle Hitler répondit le 26 Juillet 1839. Le Pacte sera ensuite signé un mois plus tard.

A cette date, le gouvernement polonais avait refusé les propositions allemandes, à savoir : - Le rattachement à l’Allemagne de la ville de Dantzig - La création d’une autoroute et d’une voie ferrée vers l’Allemagne, - La garantie de l’indépendance des frontières polonaises, - L’adhésion de la Pologne au Pacte anti Kominterm - Perspective d’une extension territoriale

Le colonel Beck, ministre des affaires étrangères polonais refusa ces propositions de Hitler car il se sentait en sécurité à l’Est comme à l’Ouest. Il avait les garanties franco britannique, et du côté de l’Est, il était persuadé que l’anti communisme de Hitler et l’anti fascisme de Staline empêcheraient toute alliance entre Allemagne et URSS. Mais ce fut une grosse erreur.

2. L’inversion de la politique de Hitler

Avec le Pacte germano soviétique de non agression du 23 août 1939, Hitler voulait isoler la Pologne et obliger les franco birtannique a admettre la vanité de leurs garanties vis-à-vis de la Pologne. S’il y parvenait, c’est en vain que Staline aurait signé le pacte car il se retrouverait seul face à Hitler. Mais Hitler commis une erreur en pensant que les britanniques et les français ne bougeraient pas. cf Déclaration de guerre franco britannique. Staline quant à lui a eu raison de prévoir que les puissances occidentales tiendraient leurs engagements.

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La guerre se trouvait rejetée à l’Ouest, et l’URSS confirmait sa position d’arbitre vis-à-vis des puissances capitalistes.

Donc inversion de la politique d’Hitler : En politique intérieure, Hitler a éliminé le marxisme révolutionnaire avec le

soutien des élites traditionnelles. En politique étrangère, il voulait transposer cette recette en luttant contre le

terrorisme de l’URSS en s’appuyant sur les démocraties occidentales. Mais l’équilibre des puissances a été rompu en 1933. Hitler représente désormais un ennemi plus puissant que Staline. Par conséquent, fin Août 1939/début Septembre, il y a eu inversion de la politique allemande et Hitler passa donc alliance avec la puissance révolutionnaire et les puissances conservatrices sur lesquelles il devait s’appuyer lui déclarèrent la guerre.

Staline lui voulait le retour des frontières de l’URSS à celle de la Russie de 1914. Autrement dit, il se souvient de ce que la Russie avait perdue en 1918-1921 et il voulait les récupérer. Tel était le sens des protocoles secrets sur :

La Pologne orientale La Finlande Les pays Baltes La Bessarabie ( actuelle Moldavie )

Tous ces Etats avaient des gouvernements contre révolutionnaires et dc anti soviétiques. 3. Le partage de la Pologne

Le Pacte germano soviétique de non agression du 23 Août 1939 puis le second Pacte, le Pacte d’amitié du 28 Septembre. Ces deux pactes et surtout le second étaient des alliances de guerre, de partage et d’anéantissement de la Pologne. En 1939, on assiste ainsi au quatrième partage de la Pologne. Après la debelatio en Septembre 1939, le traitement de la Pologne illustre bien les similitudes et les différences entre les deux régimes.

Hitler avait songé à laisser subsister un petit Etat polonais en espérant que la GB et la FR l’accepteraient comme forme de règlement pacifique. Cette initiative fut abandonnée après le rejet de l’offre de paix par la Fr et la GB. Donc la guerre a été confirmée.

A l’Est, les autorités soviétiques procèdent à l’annexion du territoire, non érigé en République soviétique de Pologne mais incorporé. Annexion du territoire ac abolition de la propriété privée, collectivisation et déplacements des polonais.

A l’Ouest, les autorités allemandes procédèrent à l’annexion d’une partie : le Warkhland ( une minorité allemande mais une majorité de polonais ). De plus les autorités allemandes instituèrent un gouvernora général pour les polonais, dans lequel les polonais seraient concentrés ( 1 million de polonais seront expulsés du warkhland vers le governora général + 1,6 millions de juifs polonais seront tués ) et les polonais juifs seront consignés.

Des deux côtés l’ordre social polonais fut détruit et les élites traditionnelles furent décimées par les agents du Parti ( PC et NSDAP ) et de la police.

Mais les objectifs furent différents : - Du côté allemand, cela se fit à des fins de colonisation avec germanisation des

polonais de bonne race. - Du coté soviétique cela se fit à des fins de collectivisation pour rallier les

polonais de gauche.

La différence c’est que du côté allemand on voulait exterminer les juifs polonais alors que les soviétiques voulaient rallier les polonais à la révolution. Des deux côtés, l’église catholique polonaise fut le pôle principal de résistance.

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C. La guerre germano-soviétique

La seconde guerre mondiale fut essentiellement germano soviétique ac avantage pour l’Allemagne que le régime soviétique était impopulaire mais égt avantage pour l’URSS que l’Allemagne subsistait un second front à l’Ouest.

1. les objectifs d’Hitler

Quels sont les buts de guerre ?

Hitler prophétisait pour l’avenir un Empire colonial germanique jusqu’à l’Oural. Mais qu’entendait-il par colonisation ? Selon Hitler, « ce que l’Inde a été pour l’Angleterre, les territoires de la Russie le seront pour nous. » S’agissait-il du type de colonisation au sens de la domination politique d’une minorité hologène ( étrangère ) sur une majorité autochtone, sans transfert de population ni de propriété foncière ( sauf minière ) ? Donc c’est le type de colonisation pratiquée en Inde et en Asie. Pas de transfert démographique mais domination politique. Ou s’agissait-il d’une colonisation au sens d’une substitution démographique et de propriété foncière, cad implantation des membres d’un peuple sur le territoire d’un autre peuple ? ( type de colonisation romaine ).

Selon ce qu’on a appelé le Document allemand, « les principes généraux de politique économique dans les territoires de l’Est » adopté le 8 novembre 1941 : l’ensemble de la propriété publique de l’état soviétique deviendrait propriété du Reich. Or la propriété publique de l’URSS était presque toute l’économie du pays du fait de la collectivisation. Les recettes qui se dégageraient de la vente d’une partie des biens conquis, permettraient de couvrir les dépenses de guerre, y compris les dettes et c’est ainsi que les dépenses militaires ne seraient pas improductives.

En attendant, deux commissariats furent ainsi crées : - l’un dans les pays baltes - l’autre en Ukraine

Deux autres étaient prévus pour la Moscovie et pour le Caucase. La cogestion de ce territoire conquis fut confiée à Rosenberg et à Baurmann pour l’administration générale, à Himmler pour la sécurité et à Goering pour l’économie.

La Vermacht avec les WaffenSS tenaient le front et les axes de communication. Les territoires à l’arrière relevaient du RSHA ( sipo, kripo, gestapo..). les forces étaient chargées en territoires occupés du maintien de l’ordre et de la lutte contre les partisans avec comme soutien les unités affectées à l’armée de terre.

2. Conquête ou libération   ?

opération Barbarossa : ce fut à la fois une guerre préventive contre l’URSS, une guerre de conquête pour le lebensraum et une guerre idéologique contre le communisme comme l’illustra le fameux ordre de liquidation des cadres du PCUS. Au contraire de la guerre pour le Lebensraum, la guerre contre le communisme pouvait être présentée comme une guerre de libération avec 2 versions :

- La libération des populations vis-à-vis de la domination communiste- La libération des nationalités non russes vis-à-vis de la domination russe.

Hitler et ses lieutenants partageaient l’objectif de détruire l’Etat communiste. Mais Rosenberg, l’idéologue officiel du Parti avait d’autres conceptions que ses collègues . Il pensait que l’Allemagne en se comportant en libératrice face au judéo bolchevisme, en décollectivisant les terres, en rétablissant les cultes, en offrant aux nationalités non russe la possibilité de se constituer en Etats « autonomes » sans protection allemande, l’Allemagne obtiendrait la coopération de millions d’habitants de l’URSS.

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Mais il ne fut pas écouté, et Hitler pensait vaincre l’URSS en une campagne sans l’aide des populations slaves. Mais ces deux aspects étaient contradictoires. Quand il est devenu évident que la guerre éclair cédait à la guerre d’usure ( hiver42- hiver43 ) le haut commandement de l’armée de terre, Goebbels et Himmler cherchèrent à rallier les populations non russes voir même les populations russes elles mêmes. C’est ainsi qu’entre Février 1942 et juin 1943 furent rétablies la propriété des terres et la liberté des cultes. Donc Rosenberg ne fut écouté que trop tardivement.

Hitler, Bormann ou même Goering demeurèrent très réticents à l’idée d’armer des mouvements nationaux slaves anti communistes russes. Le droit de porter des armes devait être réservé aux allemands, car il signifiait le droit à la domination politique . Par conséquent, Rosenberg ne fut pas écouter ou du moins pas suffisamment ou pas assez tôt. Cette politique ne fut appliquée que dans les pays baltes et au Sud caucase. Elle fut appliquée avec succès puisqu’une partie des populations baltes et turcophones collaborèrent pour l’autonomie, l’autonomisme, la liberté des cultes et la décollectivisation. Mais par la suite les turcophones ont fait partis des peuples punis par Staline. Responsabilité pénale collective, ils ont trahis l’URSS et donc ont été déportés après la guerre.

Pour le reste, mis à part les pays baltes et le sud Caucase, la guerre à l’Est s’apparenta à une guerre d’asservissement contre les slaves et à une guerre d’anéantissement contre les juifs.

Donc conquête ou libération ? Plutôt conquête.

3. La montée aux extrêmes des hostilités

Les enjeux : Avec l’invasion allemande en Juin 1941, l’existence de l’Etat soviétique était en jeu. A l’inverse, avec la contre offensive soviétique à partir d’août 1943, ce fut l’existence de l’Etat national socialiste qui fut en jeu. Par conséquent, la radicalité des enjeux dictat la montée aux extrêmes des moyens.

Les moyens : la terre brûlée, l’intensité des combats, les rigueurs de l’occupation, la guérilla et la contre guérilla, la guerre civile résistants et collaborateurs, la liquidation des juifs, les famines, les épidémies, expliquent l’énorme mortalité à l’Est. ( on estime environ 22 millions de morts en URSS ).

Du côté allemand, Les considérations idéologiques se mêlèrent aux considérations stratégiques. La planification militaire allemande visait une victoire rapide sur l’URSS ( guerre éclaire avec trio char/avion/radio ). Pour cela, la planification militaire allemande devait résoudre 2 problèmes :

- D’abord l’insuffisance de la logistique, du fait de la médiocrité des transports ferroviaires soviétiques ;

- L’insuffisance des effectifs car refus imposer à la population une trop forte mobilisation. ( seulement 3,5 million )

Par conséquent l’armée allemande ne pouvait espérer avancée vite et profondément en URSS qu’à deux conditions :

- Si on écarte du ravitaillement tout le superflu notamment les denrées ; Mais comment nourrir les soldats ?

- Si le maximum de soldats était affecté aux opérations de guerre au détriment des taches d’occupation de l’arrière pays conquis.

Par conséquent, il était prévu que les unités affectées à cette tâche de l’armée de terre s’emparerait des produits des kolkhozes ( fermes publiques ), provoquant ainsi la famine parmi la population civile. Les unités affectées du RSHA ( police allemande ) mettraient en œuvre une politique de terreur pour sécuriser les arrières des forces allemandes. Or le haut commandement soviétique connaissait les vulnérabilités de l’ennemi et donc organisa de quoi paralyser l’armée allemande, rendant plus difficile l’occupation en

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pratiquant la terre brûlée et la guérilla. Dc on va détruire tout ce qui peut être utile à l’armée allemande. Par conséquent, la pop des territoires qui allaient être occupés, se voyait privée de biens essentiels qui étaient donc détruits ou déplacés à l’Est, cependant que du côté allemand, les ressources alimentaires et minérales restantes seraient donc enlevées par l’occupant. Aux attentats, aux embuscades, aux sabotages répondirent du côté allemand les exécutions sommaires des partisans capturés. Mais également les prises d’otages ; répondirent également les évacuations ou même les exécutions préventives des hommes en âge de porter les armes ; et enfin, répondirent « les villages brûlés » à savoir que les habitants de localités n’ayant pas signalés la présence de partisans connaissaient des mesures de rétorsion.

La politique de terreur : A partir de l’hiver 1942 et plus encore hiver 43, on se rend compte qu’on entre dans une guerre d’usure, les autorités allemandes toujours en manque d’effectifs s’efforcèrent de remplacer leur politique visant à susciter la terreur par une politique visant à susciter des collaborateurs. Donc on commence à écouter Rosenberg, et à chercher à rallier les populations. Les résultats furent mitigés : en 1942, les formations anti partisans en URSS étaient composées de 150 000 allemands et de 250 000 auxiliaires locaux.

Le cas des prisonniers de guerre soviétiques : dans la montée aux extrêmes des hostilités, le cas des prisonniers de guerre soviétique a été révélateur. D’abord, le nombre énorme de soldats de l’armée rouge qui s’était rendu ( 3,9 millions soit plus que le nombre de soldats allemands présents en URSS, ce qui était d’autant plus étonnant que le droit militaire soviétique interdisait les rééditions ). Ce nombre important de rééditions avait montré que les troupes et donc la population n’avaient guère envie de se battre pour son propre état. Ce qui prouve l’impopularité du régime soviétique. Mais du côté allemand :

- la recherche d’une avance la plus rapide possible ( or s’occuper de bcp de prisonniers pd du temps ),

- les difficultés logistiques couplées à celles de prendre en charge des masses de prisonniers de guerre,

- la négligence coupable, - le fait que les soldats soviétiques n’étaient pas protégés par les conventions

internationales, car l’URSS n’avait pas signé la Convention de Genève de 1929,

tous cela a fait que de l’été 1941 à l’hiver 1942, 2,6 millions de prisonniers de guerre sont morts d’épuisement, de mauvais traitements, de maladie, mais aussi du fait de l’exécution des commissaires politiques, des membres du PCUS, des fonctionnaires, par les commandos du RSHA. Il y aurait eu sur 2,6 millions de prisonniers morts, on estime environ 600 000 fusillés. Le traitement des prisonniers de guerre soviétique par l’armée allemande commença à changer à partir des instructions du 6 mai 1942 qui avaient pour objectifs de favoriser les désertions et les rééditions dans l’armée rouge.

4. la «   guerre civile internationale   »

La guerre germano soviétique se répercuta dans toute l’Europe. En Effet, la résistance à l’occupation n’était soutenue que par la stratégie indirecte britannique. Dc à partir du 3 Juillet 1941 et l’appel de Staline, la résistance à l’occupation a pris une nouvelle tournure avec l’implication des partis communistes obligeant l’armée de terre allemande et la RSHA à s’impliquer dans les tâches de police administrative et les tâches de police judiciaire ( répression ). Par conséquent éclata au sein de la guerre interétatique, une guerre civile internationale. En effet, de nombreux mouvements dans l’Europe occupée se rangèrent soit aux côtés de la Grande Bretagne, soit aux côtés de l’URSS, soit de l’Allemagne contre leurs propres gouvernements.

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Staline qui avait besoin du soutien de la population de l’URSS, et qui avait besoin de l’alliance des anglo américains, n’a pas appelé au socialisme et au soulèvement du prolétariat mais il en a appelé au patriotisme russe et slave, et d’autre part il en a appelé à l’antifascisme élargi à la droite anti collaborationniste. D’où la dissolution du Kominterm le 22 mai 1943. Pour la première fois, avec la guerre contre le nazisme allemand, le régime soviétique et le gros de la population avaient un but commun. C’est pourquoi le souvenir de « la grande guerre patriotique » fut à ce point cultivé en URSS après 1945. L’Etat soviétique, qui se réclamait de l’internationalisme, a pu susciter une allégeance nationale. Le gros de la population a soutenu le régime soviétique et dc à partir de 1942-43 il y a une solidarité nationale.

De son côté, l’Allemagne nationale socialiste aurait elle la capacité de susciter une allégeance non seulement nationale, mais internationale ? Réponse mitigée : il existait en Europe un grand nombre de mouvements fascistes qui s’étaient rangés aux côtés de Hitler. Il était cependant difficile de créer une internationale des nationalistes. Par conséquent la solution trouvée fut la suivante : l’idée européenne a joué un rôle catalyseur, on crée un « nationalisme européen » contre l’URSS. Cela a été un des grands thèmes de la résistance, mais surtout de la collaboration contre le communisme et contre le capitalisme anglo saxon.

En conclusion, la guerre de l’URSS contre l’Allemagne fut évidemment une guerre internationale en raison de la « grande alliance » contre l’Axe ( URSS, EU, GB ). En sens inverse, la guerre de l’Allemagne contre l’URSS fut elle aussi une guerre internationale :

- du fait de la participation des partenaires italiens, slovaques, finlandais, hongrois, roumains, croates ;

- du fait également de l’envoi par l’Espagne de Franco de la légion de Azul. - du fait de l’enrôlement de volontaires ou d’auxiliaires étrangers dans la WaffenSS

et dans la Wehrmacht. En tout l’armée allemande a enrôlée 800 000 ressortissants étrangers.

La question des volontaires issus de l’URSS fut cruciale. Il y a eu bcp de volontaires ou d’auxiliaires soviétiques dans les forces allemandes, militaires et paramilitaires ( 600 000 ). Il y avait des russes et aussi des non russes. En septembre 1942, l’un des généraux soviétiques les plus connus, le général Vlassov fut capturé et il proposa de collaborer ac les allemands. Ce n’est qu’en novembre 1944 que Vlassov a reçu l’autorisation de former « une armée russe de libération » et de créer « un comité de libération des peuples de Russie » dc tourné contre le régime soviétique.

D. Le génocide juif

1). Pendant le temps de paix   : Le NSDAP avait inscrit dans son programme l’exclusion politique des juifs : ils seraient déchus de la citoyenneté allemande, révoqués de la fonction publique et exclus de la presse. Au pouvoir, d’avril 1933 à octobre 1938, (les juifs représentaient 0,8% de la pop allemande), on met en œuvre la phase de la discrimination et de la ségrégation. Cf Lois de Nuremberg qui interdisent tout mariage et rapports sexuels entre juifs et allemands. L’objectif était de pousser les juifs à l’émigration vers la Palestine ou bien et surtout à partir de 1935, soucieux de ménager les arabes on ne pousse plus à l’émigration vers la Palestine mais on voulait que les juifs partent ailleurs. On fait dc comme si les juifs étaient un peuple étranger à la germanité, dont l’assimilation était impossible. Cependant que les critères utilisés pour savoir qui est juif reposent sur la confession des grands parents ( on combine donc la confession et l’hérédité ). En novembre 1938, arrive la phase de l’expropriation avec faible indemnisation ( pas de spoliation, on nationalise les biens juifs mais les indemnisations étaient ridicules ). Cette phase vise à accélérer l’émigration mais aussi vise à contribuer au financement du réarmement.

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Avant la guerre, les juifs étaient donc privés de leurs droits, pas encore de leur vie. En août 1939, les 2/3 des juifs ont quitté l’Allemagne.

2). L’entrée en guerre marque un tournant : en 1939 un décret secret d’octobre 1939 prévoit l’euthanasie des malades et des handicapés physiques et mentaux incurables. On a appelé ce programme T4 qui était un programme eugénique, économique ( du fait de la pénurie d’infirmières et de médecins pour les blessés de guerre ). Ce programme fut anti daté au 1er septembre suggérant ainsi que le seuil de la guerre franchi, bcp de choses deviendrait possibles, qui ne l’aurait pas été en temps de paix ( 70 000 tués ac ce programme T4 ). Ce programme fut abandonné en août 1941 car on euthanasiait des grands blessés de guerre, après des protestations publiques des églises confirmant encore l’influence de ces dernières. Hitler en tira la conclusion qu’il ne devait plus courir le risque de procéder à des homicides collectifs planifiés en Allemagne même. Effectivement les génocides collectifs planifiés par la suite se déroulèrent en Pologne occupée et sous le sceau du secret et de la SS. La SS qui contrôlait la police via le RSHA, avait pour mission de défendre le régime contre ses ennemis intérieurs et extérieurs en Allemagne et dans l’Europe allemande. Ce rôle de police politique était redoublé par l’idéologie de la SS et notamment son principe de dureté : obéissance inconditionnelle aux ordres et volonté de dépasser les limites physiques, de dépasser les inhibitions morales dans l’exercice de la violence ( l’homme SS devait être capable de tuer froidement ). Mais également par sa vision des juifs comme peuple ennemi par nature.

En Allemagne, dès septembre 1939, un gd nombre d’opposants potentiels ou présumés furent arrêtés et internés en camp de concentration. Par la suite dans chaque pays occupés, décrêt nacht und neble ( nuit et brouillard ) appliqués à la fin d’octobre 1941, les personnes convaincues, ou suspectes ou susceptibles de résistance purent être arrêtées et transférées et garder au secret en Allemagne ( dc pas seulement dans leur propre pays ) au lieu d’être internées et jugées sur place. De Septembre 1939 à l’hiver 1942 : le nbre de détenus en camp de concentration en Allemagne est passé de 25 000 à 100 000, puis à 700 000 en 1945.

Côté soviétique, immédiatement après l’invasion allemande en juin 1941, le GUGB procéda à l’exécution d’une grande partie des détenus politiques. Le MKVD ( ministère de l’intérieur ) entrepris en Août 1941 le déplacement forcé ( on ne parle de déportation que s’il s’agit de déplacement d’étrangers) des allemands de la Volga vers l’Asie centrale.

La conséquence de la guerre ( 1941-44 ) : au fur et à mesure de la conquête de l’Europe, des millions de juifs tombèrent au pouvoir de l’Allemagne ( en cas d’occupation directe ou indirecte en cas d’Etats fantoches ou partenaires de l’Allemagne ), cependant que les possibilités d’occupation étaient bloquées. En décembre 1941, second tournant, l’échec devant Moscou et l’entrée en guerre des EU marquent un second tournant à savoir que la guerre éclair cède à la guerre d’usure avec mobilisation totale, et risque de défaite totale. Or, les gros contingents du judaïsme européen se trouvaient précisément en Pologne, qui était l’espace de transit de la logistique allemande vers le front russe. De plus, ces gros contingents se trouvaient en Biélorussie et en Ukraine qui furent les principaux théâtres des combats entre allemands et russes, mais aussi les théâtres de la terre brûlée. En Europe, la spoliation des juifs ( on n’indemnise plus ) fit partie des procédés d’exploitation des territoires occupés ou satellisés ( dc aspect de prédation économique ) aux fins de soutenir l’effort économique de guerre allemand. De plus, les juifs servaient fréquemment d’otages dans la lutte contre les partisans.

La pratique des otages : cette pratique a été décisive dans la montée aux extrêmes de la lutte entre occupation et résistance à l’occupation. Elle visait à prévenir et à réprimer les attentats perpétrés contre les troupes d’occupation, en appliquant un principe de responsabilité pénale collective. Au cas où un attentat serait commis contre des soldats allemands sans que les auteurs soient appréhendés, les autorités militaires avertissaient la population que un certain nombre de personnes condamnées, ou écrouées ( pas encore de jugement ) pour des activités supposées clandestines, seraient exécutées. Par conséquent,

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les détenus politiques assumaient donc en tant qu’otages, la responsabilité des actes de violence commis à l’encontre de soldats allemands. Qui était d’otage ? Des listes d’otages étaient constituées par les services de police allemands, avec pour chaque personne un dossier exposant les griefs à charge. Mais pouvait être otages les personnes appartenant à certains groupes :

- les communistes, - les juifs- des membres de l’administration de la police ou de la magistrature locale

En URSS, la liquidation des juifs fit partie à la fois de la campagne contre le judéo-bolchevisme, la préparation de la germanisation et de la lutte contre les partisans. Cette liquidation en URSS fut essentiellement menée par les Ersatz grüppen ( 4 groupes mobiles totalisant 4000 hommes ce qui est très peu ) au moyen de fusillades de masse : entre 41 et 44 ils ont tués 700 000 personnes. Pour le reste c’est dans le gouvernorat de Pologne qu’eu lieu le génocide juif, à savoir la liquidation des juifs polonais, ainsi que les juifs d’URSS et d’Europe qui y furent déportés en Pologne.

Outre les épidémies de typhus, celle liquidation s’effectua au moyen de fusillade et au moyen du gazage qui a eu lieu de février 1942 à octobre 1944.Concernant les camps : en Allemagne et dans le reste de l’Europe, le camp de concentration était un camp d’internement et de travail pour :

- les criminels de droit commun- les opposants- les résistants - les civils suspects ( très larges )

En Pologne par contre, le camp de concentration était un camp d’internement pour populations hostiles ( les juifs et les communistes étaient considérés comme tel ). C’était un camp de travail forcé et un camp d’extermination. Mais ce qui est unique sont les modalités. Avec le gazage dans les camps, l’homicide collectif se détache du théâtre d’opération pour devenir :

- un procédé autonome, cad sans lien avec les opérations militaires, - pour devenir un procédé administratif ( identifier, saisir et déporter les juifs ),- pour devenir un procédé logistique ( acheminer les juifs dans les camps ), - et enfin pour devenir un procédé industriel ( gazage, on construit des

installations particulières et on fait appel à des produits chimiques ).

Question : Quand, où, comment, par qui et avec qui, les décisions de spolier les juifs, de les exploiter comme main d’œuvre, de les évacuer à l’Est, et de les exterminés comme peuple ennemi, furent-elles prisent et appliquées ?

Sur le dernier point ( l’extermination ), on a jamais trouvé d’ordres écrits. Par conséquent : quand ? janvier 1942, où ? Dans un quartier de Berlin, qui ? Il est probable que Hitler est donné un ordre oral à Himmler et que celui-ci se soit chargé de l’organisation du judéocide, en mettant au point un langage codé, en mettant au point une méthode de déportation, une méthode de liquidation physique efficace ( le gazage ), une méthode de récupération des biens et surtout, en mettant au point une méthode de disparition des corps ( la crémation ) afin de faire disparaître les traces. Cette entreprise de destruction des juifs d’Europe « vengeresse » devait rester secrète ( pas d’ordres écrits, langage codé, disparition des corps…). Voir ouvrage Christian Destremo : ce que savaient les alliés, p.212, 213. Les britanniques n’ont rien trouvé lorsqu’ils ont essayé de décrypter les codes allemands.

Examen : oral 10 min préparation, 10 min exposé

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ANNEXESPHILOSOPHIE DE LA GUERRE / ETUDES POLEMOLOGIQUES

Les « guerres en chaîne » en Europe (1914-1990)

En 1914 comme en 1939, l’Europe, avec ses Etats rivaux, est à mi-chemin. Elle est déjà une société démocratique (au sens sociologique), scientifique, industrielle et urbaine, avec ses passions idéologiques ; elle est encore une société aristocratique (au sens sociologique), religieuse, agraire et rurale, avec ses

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inégalités sociales ; les mentalités traditionnelles et les mentalités modernes se cotoient. D’où les clivages internes et le dynamisme externe qui les accompagne. L’Europe dispose déjà de moyens de mobilisation et de destruction énormes ; elles disposent encore d’hommes jeunes en abondance habitués à une existence rude. Bref, existe l’infrastructure démographique, économique, sociologique et psychologique qui rend possible de « grandes guerres ». On ne se bat pas longtemps sans foi et sans chefs. Or, l’Europe a foi , non seulement en son droit de dominer et en son devoir de civiliser le reste du monde, mais en des religions séculières : patrie et nationalisme, progrès et socialisme. Et en des temps d’exception, des chefs d’exception ne tarderont pas à survenir.

Dans l’Europe mi-démocratique mi-aristocratique, mi-industrielle mi-agraire, un conflit local (austro-serbe) se transforme, par le jeu des alliances, en guerre européenne. Celle-ci, par suite de l’échec de la « guerre éclair » allemande à la fin de l’été 1914, devient une guerre d’usure à l’échelle continentale avec blocus naval et course sous-marine, mobilisant la population, l’industrie, la propagande, la science, entraînant l’intervention d’abord économique puis militaire des Etats-Unis. Le génocide arménien est perpétré par l’Empire ottoman. La « guerre totale » finit par provoquer la révolution chez la Puissance la plus arriérée économiquement et culturellement, mais la plus vaste géographiquement et la plus nombreuse démographiquement (la Russie des Romanov). Les empires multinationaux s’effondrent (Autriche-Hongrie, Empire ottoman). Mais la révolution échoue partout en Europe, notamment en Allemagne et en Italie. Seule la Russie voit la victoire du PC à l’issue de la guerre civile. L’URSS se constitue, ainsi que l’Internationale communiste. Puis l’Etat soviétique collectivise l’agriculture et se lance dans l’industrialisation planifiée. L’Amérique continue de disposer du premier potentiel de puissance du monde. Quant à l’Allemagne, même réduite, ruinée et désarmée, elle garde le premier potentiel de puissance d’Europe.

La crise de 1929 fait sauter l’ordre, péniblement rétabli, des monnaies et des économies. Avec l’appui des élites traditionnelles, un mouvement à la fois contre- et semi-révolutionnaire accède au pouvoir à Berlin, désireux de restaurer la puissance militaire allemande, de réunir tous les Allemands puis de conquérir un empire à l’Est. La France et la GB tentent de conserver leur statu quo hégémonique. L’URSS aspire à la révolution mondiale. L’Europe se trouve déchirée par les conflits idéologiques entre partis, ainsi que par les rivalités territoriales et commerciales entre Etats. La guerre éclate en 1939. Une nouvelle fois, l’échec de la « guerre éclair » allemande, fin automne 1941 puis fin été 1942, mène à la guerre d’usure à l’échelle mondiale, à trois dimensions (terre, mer, air), avec mobilisation totale. L’enjeu porte à la fois sur l’hégémonie en Europe : Allemands, Soviétiques ou Anglo-Saxons ? et sur l’identité idéologique de l’Europe : fascisme, communisme ou libéralisme ? La guerre des Etats-nations, menée par des combattants réguliers, avec le nationalisme comme idée principale, s’est muée en guerre des Etats-continents, menée par des soldats et des partisans, avec « l’antifascisme » et « l’anticommunisme » comme idées principales. D’où l’apparition d’une « guerre civile internationale » (entre résistants et collaborateurs) se greffant sur la guerre interétatique (entre l’Axe et la « Grande Alliance »), cependant que le génocide juif est perpétré par l’Allemagne.

En 1945, l’Allemagne comme le Japon sont écrasés. La France et même la GB sont surclassées. L’Amérique et l’URSS acquièrent la prépondérance, la seconde édifiant un empire en Europe centrale. La suprématie soviéto-américaine en 1945, non la domination allemande, a remplacé la suprématie anglo-française de 1919. Le macro-conflit Est-Ouest qui s’ensuit en 1947, englobant de multiples conflits régionaux et locaux, est à la fois idéologique et géopolitique : des superpuissances s’affrontent pour l’hégémonie mondiale au nom du libéralisme ou du communisme. L’Allemagne est l’épicentre du conflit. Du côté soviétique, il s’agira de rattraper les Etats-Unis au plan économique, de consolider et d’étendre le bloc communiste, de « découpler » l’Europe de l’Ouest de l’Amérique du Nord pour la « finlandiser » à terme, de soutenir la subversion au Sud. Du côté américain, il s’agira de maintenir la supériorité économique sur l’URSS, d’endiguer le communisme en attendant le regime change à Moscou, de construire un « ordre occidental » qui serait « mondialisé » à terme, d’empêcher la subversion au Sud. Le point d’accord fondamental des deux côtés fut l’arms control nucléaire, afin de prévenir la guerre nucléaire d’une part, la prolifération nucléaire d’autre part. En 1989-90, le dénouement de la «  guerre froide » sera la « victoire froide » de l’Ouest sur l’Est : en termes étatiques, la victoire des Etats-Unis et de la RFA sur l’URSS.

La révolution selon Marx et Engels

Malgré leur division, l’ensemble des socialistes de 1830 à 1880 partagent la même révolte et la même vision : la société est essentiellement clivée en deux classes, la minorité qui possède sans travailler (la bourgeoisie), la majorité qui travaille sans posséder (le prolétariat). En résulte une tension révolutionnaire latente. Marx (1818-1883) et Engels (1820-1895) pensent ce clivage et cette tension de manière systématique. Leur œuvre se présente comme une

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explication globale de l’histoire humaine. Elle analyse le présent : la société bourgeoise, sur la base de la critique du capitalisme, dont Marx et Engels soulignent cependant qu’il a été un facteur de progrès. Elle analyse le passé et le futur : l’histoire des sociétés (esclavagiste puis féodale hier, capitaliste aujourd’hui, socialiste puis communiste demain), sur la base du matérialisme dialectique (l’histoire comme développement des forces productives et des contradictions sociales). Cette orientation à la fois économique (à partir de, et contre, Smith et l’économie classique anglaise) et philosophico-historique (à partir de, et contre, Hegel et l’idéalisme allemand) converge dans la théorie de la lutte des classes, moteur de l’histoire. Au sens politique, celle-ci est à la fois nationale et transnationale : elle se déroule au sein de chaque Etat ; elle substitue l’appartenance de classe et les oppositions de classe à l’appartenance nationale et aux oppositions nationales. Les relations d’amitié ou d’hostilité traversent les frontières.

Marx et Engels furent les théoriciens de la révolution. Celle-ci intervient lorsque le développement de l’économie (l’évolution des modes de production) entre en contradiction avec la structure de la société (avec la hiérarchie sociale). Les contradictions sociales sont à elles seules insuffisantes à enclencher le processus révolutionnaire. Celui-ci requiert un parti révolutionnaire, qui exprime une « conscience de classe » et qui agisse politiquement. Mais l’activisme politique est prématuré lorsque les contradictions sociales font défaut. La révolution socialiste doit intervenir après le développement du capitalisme, par le jeu de la polarisation sociale d’une part : le clivage prolétariat/bourgeoisie, qui aura absorbé toutes les autres classes du fait de l’extension du salariat et de la concentration du capital (« lois du capitalisme »), de la rupture politique d’autre part : la prise légale ou insurrectionnelle du pouvoir. La révolution prolétarienne a une justification universelle. Parce que le prolétariat n’a rien -ni propriété, ni instruction, ni patrie, ni religion- et qu’il tend à absorber la quasi-totalité des hommes, il a le droit de conduire une révolution totale. Les révolutions peuvent n’être que partielles, tant qu’elles substituent la domination d’une classe à celle d’une autre : ainsi des révolutions bourgeoises, qui substituent la domination de la bourgeoisie à celle de l’aristocratie, en masquant cette domination derrière l’idéologie des « droits de l’homme ». La révolution prolétarienne, elle, supprimera la propriété et la domination. Il y aura d’abord une phase de transition : le socialisme, caractérisée par l’étatisation des moyens de production et la « dictature du prolétariat ». Après cette phase, le dépérissement de l’Etat, du fait de l’abolition de la division en classes, permettra de passer au communisme, stade final de l’histoire, qui verra la réconciliation de l’humanité dans une nature maîtrisée.

Jusqu’en 1871, les socialistes européens, continuant à se référer à 1792, pensent que la France est la patrie de la révolution : ils espèrent qu’un conflit entre une France républicaine d’une part, les Puissances monarchiques d’autre part, déclenchera un processus révolutionnaire à l’échelle du continent. Après la défaite de la France et l’écrasement de la Commune de Paris, Marx et Engels tirent la conclusion du changement de l’équilibre des puissances : c’est l’Allemagne qui doit devenir la patrie de la révolution. Les socialistes européens s’attendront à ce que la révolution éclate d’abord dans ce pays*, qui aura de 1880 à 1933 le mouvement ouvrier le plus puissant d’Europe. Or, en 1917, c’est en Russie que la révolution a éclaté : si Février était conforme au schéma marxiste (la bourgeoisie renversant la monarchie et l’aristocratie dans un pays pré-industriel), Octobre (la révolution prolétarienne dans un pays n’ayant pas connu un développement du capitalisme) ne l’était pas. Lénine (1870-1924) était convaincu que la révolution prolétarienne, commencée au point le plus faible du « système de l’impérialisme », serait condamnée à terme si elle ne s’étendait pas aux peuples européens, et d’abord en Allemagne. Or, c’est là qu’elle échoua, brisée par l’alliance de l’armée et des socialistes (SPD) au pouvoir.

L’échec de la révolution allemande (1918-23)

Lénine était persuadé que le sort du communisme se jouerait en Allemagne : la révolution russe deviendrait européenne et marxiste à l’instant où la révolution éclaterait dans les pays capitalistes avancés. La révolution en Russie avait semblé ouvrir la voie à la victoire * Seule une minorité (Rosa Luxemburg) comprendra en 1905 que la révolution se déplaçait d’ouest en est, de Berlin à St-Pétersbourg.

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allemande au printemps 1918 ; la défaite allemande à l’automne semblait ouvrir la voie à la révolution en Allemagne. La République avait été proclamée ; le Kaiser avait abdiqué ; 10000 conseils de soldats et d’ouvriers s’étaient constitués ; ceux de Berlin avaient élu un conseil exécutif -équivalent du soviet de Petrograd- qui disputait le pouvoir au Conseil des commissaires du peuple, i.e au gouvernement provisoire composé des chefs du SPD et de l’USPD (créé en avril 17 à la suite de la scission d’avec le SPD dont la majorité continuait à soutenir la guerre)*. Mais au contraire de l’USPD, le SPD ne voulait pas d’une révolution sociale, en tout cas pas dans la violence ; il voulait une république démocratique et parlementaire. Il s’appuya sur l’armée et les corps francs (ligues nationalistes) pour briser l’extrême-gauche, dont les membres quittèrent le gouvernement ; il s’allia avec le Zentrum catholique pour gouverner la République de Weimar. En janvier 1919, une assemblée nationale constituante fut élue, qui élabora (à Weimar) une constitution et qui ne fut pas dissoute. Elle donna naissance à une république démocratique et parlementaire. La bourgeoisie allemande continua cependant de craindre une révolution. Le 1er janvier, avait été fondé le parti communiste d’Allemagne (KPD), qui avait repris l’ancien programme de la sociale-démocratie désormais gagnée au réformisme : l’abolition de la propriété privée des moyens de production et de la société de classes. L’impression que la révolution avait échoué de très peu, fut entretenue par le KPD. Celui-ci répétait que si le mouvement ouvrier n’avait pas été divisé et « trahi » par le SPD, la révolution aurait réussi ; il répétait aussi qu’elle vaincrait une prochaine fois si la classe ouvrière s’unissait derrière le KPD. C’est à cette tâche qu’il se consacra : rassembler derrière lui la classe ouvrière en évinçant, en absorbant ou en neutralisant le SPD. Début 1933, il semblait près du but.

Contrairement au SPD d’avant-guerre, le KPD devait regarder en direction d’un parti frère qui dirigeait déjà un grand Etat. Si le KPD voulait devenir le « frère aîné » du parti bolchevik conformément au schéma marxiste, il devait vaincre en Allemagne puis aider le parti russe. Mais ce fut l’inverse. Le parti russe l’emporta dans la grande guerre civile russe ; la petite guerre civile allemande vit la défaite du parti allemand. A la différence de la Russie, la volonté de paix de la grande majorité n’était pas tournée contre le gouvernement, puisque celui-ci avait signé l’armistice le 11 novembre. L’administration continua de fonctionner ; l’armée fut ramenée en bon ordre dans le pays puis démobilisée. En Allemagne, au contraire de la Russie, le gouvernement issu de la révolution républicaine s’entendit avec les forces contre-révolutionnaires (administration, armée) pour étouffer toute révolution communiste. Ebert et Noske s’appuyèrent sur les corps francs pour écraser les spartakistes : c’est comme si Kerenski et Kornilov avaient agi de concert pour briser le parti bolchevik ! Les chefs communistes allemands, Eisner, Liebknecht, Luxemburg, furent tués : c’est comme si Lénine, Trotski et Staline avaient été tués en Russie ! Les corps francs réussirent ce que ne réussirent pas les Blancs en Russie : vaincre la révolution. En novembre 1918, une République polonaise avait été proclamée par Pilsudski à Varsovie et Dmowski à Paris. Du début 1919 à la fin 1920, de sévères combats opposèrent la nouvelle Pologne à la Russie bolchevique. En mai 1920, les Polonais, alliés aux nationalistes ukrainiens de Petlioura, s’emparèrent de Kiev*. Mais en juin, les Russes reprenaient la ville et entamaient la contre-offensive. Celle-ci renouvela le processus révolutionnaire : pour la première fois, l’Armée rouge franchit des frontières internationales, en visant Berlin par-delà Varsovie* * ; en même temps, le gouvernement de Lénine appelait les ouvriers à empêcher tout transport de matériels militaires vers la Pologne. Mais le général Weygand, dépêché par la France, l’emporta sur la Vistule, obligeant l’Armée rouge à battre en retraite fin août. Les bolcheviks avaient gagné en Russie ; le MCI avait échoué en Europe (Allemagne, Italie, Hongrie...). Il échoua à nouveau en 1923, dernière année convulsive de l’après-guerre mondiale.

La doctrine soviétique (marxiste-léniniste) de la guerre

** Fin 1918, la révolution allemande en était à sa phase Kerenski : l’avènement de la démocratie parlementaire avec Ebert ; début 1919, Liebknecht devait être le Lénine allemand : l’avènement de la dictature du prolétariat.** Pilsudski voulait recréer une grande fédération polono-lituano-ukrainienne de la Baltique à la mer Noire (comme au XVIIème siècle).* * Trotski voyait s’approcher le moment où les Germano-Russes livreraient ensemble aux Franco-Britanniques la grande bataille du Rhin.

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Marx et Engels prévoyaient que, par le jeu du suffrage universel, le parti de la classe la plus nombreuse -le parti socialiste- accèderait au pouvoir, s’en emparerait dans sa totalité et mènerait la transformation révolutionnaire de la société. Mais cette prévision ne se réalisa pas. Selon Trotski, « la révolution violente (devient) une nécessité parce que les exigences immédiates de l’histoire ne (peuvent) pas être satisfaites par la démocratie parlementaire ». L’originalité de Lénine est d’avoir combiné Marx et Engels, Clausewitz, Machiavel : la guerre est la continuation de la lutte des classes par le moyen de la violence armée et l’instrument du parti révolutionnaire utilisé en fonction de l’opportunité des circonstances. Le marxisme-léninisme est pacifiste au niveau des finalités ; il ne l’est pas au niveau des moyens. La pacification de l’humanité est un but ultime qui dépend de l’abolition de la division en classes, donc de la propriété privée*, autrement dit, de la réalisation du socialisme universel. Il ne saurait y avoir de paix sur la base de rapports d’exploitation ou de domination ; l’exploité ou le dominé a le droit de se révolter ; il existe des guerres justes*. Pour abattre le capitalisme, donc instaurer les conditions d’un nouveau « progrès de la civilisation », il n’est pas question de compter uniquement sur des moyens pacifiques, légaux ou réguliers. « La solution n’est pas le pacifisme, mais l’armement du prolétariat, afin de désarmer la bourgeoisie » (Lénine). L’adhésion au pacifisme impliquerait de juger la guerre en soi, en référence à une éthique transcendante (« tu ne tueras point »), donc en dehors de tout critère moyen/ fin et objectif/résultat. Mais la guerre étant un moyen, elle doit être jugée par rapport au but et par rapport à l’adéquation au but : il s’agit d’évaluer son efficacité. Le pacifisme limite les moyens mis à la disposition du prolétariat ou des peuples colonisés pour renverser le capitalisme ou le colonialisme : il les

désarme objectivement. Aussi sert-il le conservatisme du statu quo ; c’est pourquoi il est qualifié de « théorie bourgeoise ». Le MCI ne surestime pas le rôle de la violence, il n’en fait pas l’apologie*. Il veut le pouvoir, non la guerre, et il utilise la guerre à cette fin, lorsque la résistance des forces contre-révolutionnaires empêche la révolution*.

L’importance de la réflexion sur la guerre dans le MCI a été historiquement amplifiée dans le contexte de la naissance et de la croissance de l’URSS : la Première guerre mondiale, la guerre civile, la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide*. Après l’échec de l’exportation armée de la révolution puis la « construction du socialisme » dans un seul pays, la doctrine de l’inévitabilité de la guerre avec les Etats capitalistes fut remplacée par celle de la permanence de l’antagonisme entre capitalisme et socialisme. Dans ce contexte, l’URSS a développé une science et un art de la guerre spécifiques. La perception d’un monde divisé en deux systèmes sociaux eut pour conséquence un examen approfondi des formes et des contenus de la belligérance. La pratique soviétique était déterminée par référence à une doctrine écrite. Celle-ci s’articulait sur un système d’interprétation de l’histoire fourni par le marxisme-léninisme*. La doctrine soviétique de la guerre faisait partie du « matérialisme dialectique ». L’histoire étant le développement des contradictions sociales, la guerre trouve son fondement dans la division de la société en classes antagonistes. De l’état de paix à l’état de guerre, le changement n’est pas la lutte des classes, mais l’emploi de la violence armée comme moyen spécifique. La doctrine soviétique de la guerre est clausewitzienne. Elle partage avec la doctrine occidentale moderne le même fondement de pensée : la guerre comme moyen militaire au service d’une fin politique. Mais, étant marxiste, cette doctrine n’est pas centrée sur l’Etat, elle est centrée sur la classe sociale donc sur le parti révolutionnaire : la guerre n’est pas la continuation de la politique d’Etat (l’Etat comme auteur et l’intérêt de la nation comme but), elle est la continuation de la politique du Parti (le Parti comme auteur et l’intérêt

** Pour obtenir la paix, il ne suffit pas de renoncer à la guerre, il faut s’attaquer à ses causes  ; or, celles-ci procèdent de la division en classes, elle-même due à l’appropriation privée des moyens de production.** « La valeur de la paix ne signifie pas que les marxistes-léninistes se prononcent pour la défense de n’importe quelle paix et soient prêts à accepter pour elle n’importe quel compromis. Ils ne transigeront jamais avec leurs principes quand il s’agit par exemple d’une paix injuste qui ne peut pas subsister éternellement et qui, tôt ou tard, sera inévitablement enfreinte par les classes et nations opprimées, comme elles en ont pleinement le droit » (Marxisme-léninisme sur la guerre et l’armée, Moscou, Editions du progrès, 1976). Cf. Bertrand Lang : « Discours soviétique sur la guerre », Stratégique, n°35, 3/1987, pp.25-76.** Il « s’efforce d’utiliser avant tout les moyens pacifiques pour transformer de façon révolutionnaire le régime politique ». Il « oriente les masses vers la violence armée uniquement à condition qu’elle soit historiquement nécessaire, quand il n’y a pas d’autre issue pour remporter le succès ».** Plus la bourgeoisie s’affaiblit du fait du développement des contradictions sociales, plus elle accroit sa résistance, passant de la démocratie libérale à la dictature fasciste par exemple, et plus elle impose l’exigence de la lutte armée pour la briser.** Au poids de la guerre dans les théories et pratiques de Lénine, Staline, Tito, Mao, Ho Chi Minh, Castro -autant de leaders qui doivent leur stature charismatique au fait qu’ils furent chefs de guerre- répond aussi le poids du CMI dans l’économie soviétique. ** « La doctrine marxiste-léniniste de la guerre et de l’armée est une doctrine cohérente qui englobe les origines et l’essence de la guerre, son caractère et ses types, les causes de son apparition, les lois et les facteurs qui commandent le déroulement et l’issue de la guerre, l’attitude à son égard des différentes couches de la société, la nature sociale et la destination de l’armée ».

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de la révolution comme but). En même temps, « l’internationalisme prolétarien » exprime la solidarité des forces « progressistes » mondiales.

Sur la base d’une société divisée en classes, l’Etat est dirigé par la classe dominante et sa politique exprime les intérêts de celle-ci, ce qui peut l’amener à la confrontation avec les intérêts d’autrui. « La guerre est avant tout la continuation de la politique intérieure, elle-même reflet de la structure de classe de la société ». Elle est aussi « la totalisation de la politique », car ce sont les intérêts les plus importants qui doivent être attaqués ou défendus par la violence armée. « Les buts politiques de la guerre concentrent... les buts politiques essentiels des classes dominantes ». Comme la politique est lutte des classes et la guerre instrument politique, la guerre est la manifestation violente de la lutte des classes, autrement dit, l’exacerbation de la politique. « La guerre est le plus grand révélateur de toutes les contradictions sociales... entre les classes ». Par son statut d’expression la plus totale de la politique, la guerre non seulement regroupe l’utilisation des moyens qui lui sont propres -la violence armée- mais assujettit à ses fins -la réalisation des buts politiques- tous les autres moyens de la politique. C’est autour de la violence, en fonction des contraintes liées à son emploi, qu’est organisée l’utilisation des moyens non violents. Bref, la guerre mobilise les forces militaires, mais aussi économiques, morales et diplomatiques. C’est pourquoi la direction de la guerre dépasse le cadre purement militaire. Faire la guerre revient à organiser l’ensemble des moyens au service de la politique selon un plan qui s’articule autour de l’emploi de la violence armée, cette dernière étant le « contenu principal de la guerre », son « indice décisif ». La guerre est donc l’ensemble des activités en vue de l’utilisation optimum de la violence armée pour le succès des buts essentiels de la politique, en tant que celle-ci est l’expression des intérêts d’une classe.

La guerre étant une continuation de la politique, la classification des guerres s’effectue suivant le type de politique qui les provoque. Les buts politiques déterminent la nature ou le caractère de la guerre. L’histoire étant décrite comme un progrès à travers la lutte des classes, les guerres ont un rôle qui est fonction de la dualité « progrès-réaction » : une guerre est progressiste, donc juste, lorsqu’elle est faite par/ pour une classe sociale qui représente une organisation sociale avancée ; inversement, une guerre est réactionnaire, donc injuste, lorsqu’elle est faite par/pour une classe sociale qui représente une organisation sociale dépassée ou arriérée. Toute classe se situe par rapport à une autre, dans le référentiel de l’histoire. Il en va de même de la guerre. Ce positionnement relatif détermine le caractère juste ou injuste de la guerre que mène chaque belligérant. « Selon son contenu social, son orientation politique et ses buts, la violence peut présenter un caractère réactionnaire (et injuste) ou au contraire un caractère révolutionnaire (et juste) ». Les guerres injustes sont la continuation de la politique de la bourgeoisie visant à entraver le cours du développement social ; les guerres justes sont la continuation de la politique du prolétariat visant à favoriser le cours du développement social. Nécessairement, le prolétariat sera victorieux, car le développement des forces productives condamne le capitalisme et rend objectivement inéluctable le passage au socialisme. La guerre peut être « l’accoucheuse » de la révolution. Elle ne doit pas être une « aventure » : « les partis communistes ne peuvent engager le combat décisif pour le renversement du régime bourgeois qu’en présence d’une situation révolutionnaire ». Tout est question d’opportunité : « pas un seul parti communiste ne peut avoir une ligne stratégique juste s’il ne tient pas compte du rapport des force de classe à l’échelle internationale ». Au contraire des maoïstes chinois, les Soviétiques admettaient la possibilité de voies pacifiques vers le socialisme*.

La doctrine soviétique distinguait également les conflits armés d’après le type de belligérants. Il y a les guerres entre systèmes sociaux opposés ; les guerres civiles entre prolétariat et bourgeoisie ; les guerres de libération nationale entre peuples colonisés et Etats coloniaux ; les guerres entre pays en développement ; les guerres entre Etats capitalistes. Evidemment, la guerre pour la défense de la patrie soviétique est la plus juste des guerres*. Une guerre ** « La lutte de classes comprend non seulement des rapports qui s’expriment sous forme de violence, mais également des rapports qui se caractérisent par telles formes de collaboration et de compromis, aussi bien à l’intérieur de pays différents que dans l’arène internationale entre systèmes sociaux opposés. Selon la situation internationale concrète et le rapport des forces de classe, l’antagonisme entre socialisme et capitalisme se manifeste par des moyens pacifiques ou non » (V. Denissov).** « Quand nous étions des représentants de la classe opprimée, nous étions les aversaires de principe (de la défense de la patrie dans la guerre impérialiste). Devenus les représentants de la classe dominante qui a commencé à organiser le socialisme, nous exigeons de tous une attitude sérieuse envers la défense du pays » (Lénine).

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mondiale entre systèmes sociaux opposés serait la plus intense des luttes de classes à l’échelle internationale ; elle serait une guerre juste d’un côté, injuste de l’autre ; tous les moyens seraient employés, y compris les armes nucléaires ; elle ne pourrait déboucher que sur la disparition de l’un des deux systèmes. Les guerres civiles que mène le prolétariat contre la bourgeoisie sont justes, de même que les guerres de libération nationale que mènent les peuples colonisés contre les Etats coloniaux*. Quant aux deux autres types de guerre, la justice est du côté des défenseurs et l’injustice, du côté des agresseurs. Le critère de l’agression et de la légitime défense -le critère du droit international- ne vaut que pour ces guerres là, pour lesquelles l’URSS (membre permanent du CSNU) serait prête à s’engager du côté du droit. Pour les autres, joue le critère du « progrès » ou de la « réaction ». Les guerres menées par/pour le socialisme peuvent être offensives aussi bien que défensives : elles restent « justes »*. De même, le principe de non intervention ne joue que dans le monde capitaliste : dans le monde socialiste, l’URSS a un droit d’intervention (« doctrine Brejnev », dite « de la souveraineté

limitée ») lorsque le socialisme est menacé, suivant l’idée que tout acquis du socialisme doit être irréversible. Du moins jusqu’en 1988, date du tournant vers la « nouvelle pensée » gorbatchévienne, l’Union Soviétique n’adhérait ainsi au droit international que sous réserve de ses propres principes.

Le programme du NSDAP et la « constitution » de l’Allemagne nationale-socialiste

La structure du IIIème Reich s’exprime par un ensemble de lois fondamentales qui forment sa « constitution », elle-même inspirée par le programme du NSDAP et ses 25 points.

Quel est le contenu de ces 25 points, considérés depuis 1921, date de leur adoption, comme la charte intangible du mouvement ? 1) La politique étrangère et de défense est résumée dans les points 1, 2, 3 et 22 : réunion de tous les Allemands en une seule Allemagne (point 1)  ; égalité des droits et abolition des traités de Versailles et de Saint-Germain (point 2) ; restitution des colonies et revendication d’un « espace vital » (point 3) ; création d‘une armée nationale et licenciement de l’armée de métier (point 22). 2) La conception de la nationalité et de la citoyenneté est fixée dans les points 4, 5, 6 et 9 : seul peut être citoyen celui qui est de sang allemand, à l’exclusion des Juifs (point 4) ; celui qui n’est pas citoyen doit être considéré comme un étranger (point 5) ; seuls les citoyens jouissent des droits politiques et ont accès aux emplois publics (point 6) ; tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs (point 9). 3) Le programme économique et social est fixé dans les points 7, 8, 10 à 17, 20 et 21 : l’Etat doit assurer du travail et des moyens d’existence aux citoyens (point 7) ; les ressortissants étrangers doivent être expulsés et l’immigration stoppée (point 8) ; le premier devoir du citoyen est de travailler et de servir la communauté (point 10) ; le revenu qui n’est pas le produit du travail et le prêt à intérêts doivent être abolis (point 11), les bénéfices de guerre confisqués (point 12), les trusts nationalisés (point 13) ; les salariés doivent participer aux bénéfices des grandes entreprises (point 14) ; le régime des retraites doit être refondu (point 15) ; une « classe moyenne saine » doit être constituée et les petites entreprises soutenues (point 16) ; l’intérêt foncier et la spéculation immobilière doivent être supprimés, la loi permettre l’expropriation sans indemnité du sol pour des buts d’intérêt public et une réforme foncière mise en place (point 17) ; l’Etat doit promouvoir un nouveau système d’instruction publique basée sur l’égalité des chances et le mérite (point 20) ; il doit protéger la famille, la jeunesse et la santé publique (point 21). 4) La réforme du droit pénal, dans le ** Marx et Engels interprétaient différemment l’impérialisme européen. S’ils critiquaient la rhétorique de la conquête au nom de la civilisation, il ne doutait pas de la supériorité de la civilisation occidentale et du caractère « historiquement nécessaire » de cette conquête. En détruisant les structures traditionnelles des sociétés afro-asiatiques et en permettant l’accès de ces sociétés stagnantes au monde moderne, l’impérialisme européen favorise la « mondialisation » du capitalisme, donc de la lutte des classes et du passage au socialisme. S’il est illégitime en tant que domination, il est légitime en tant que processus historique : il est le corollaire du processus d’« unification » du monde sous une forme bourgeoise et européenne. Par la suite, ceux qui se réclameront du marxisme condamneront l’impérialisme et appelleront à l’alliance entre le prolétariat européen et mouvements de libération nationale afro-asiatiques.** Le caractère « juste » d’une guerre offre une grande force morale aux combattants et à la population. L’URSS est dans son droit, elle représente le progrès, elle vaincra : autant d’éléments qui doivent galvaniser les soldats et les citoyens de l’URSS, et leur faire accepter les sacrifices que pourrait exiger la patrie socialiste. Le combattant soviétique est « héroïque » en double sens : il est prêt au sacrifice, il sert une juste cause. La doctrine soviétique allie pro patria mori, « matérialisme historique » et universalisme. Mais elle n’est pas « chevaleresque » : l’ennemi est un ennemi absolu, que l’on hait (« la formation morale et politique des soldats soviétiques développe en eux la haine de classe pour l’ennemi ») et contre lequel la guerre totale est justifiée jusqu’à sa destruction totale (non pas extermination physique des populations des Etats bourgeois, mais destruction de l’Etat bourgeois).

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sens d’un renforcement de la répression, est prévue dans le point 18. 5) La reconstruction du droit est envisagée dans le point 19 : le droit romain doit être remplacé par un droit commun allemand. 6) La règlementation et le contrôle de la presse, des arts et de la littérature, sont l’objet du point 23, qui stipule que les directeurs et collaborateurs des journaux allemands doivent être de « sang allemand », que la presse « non allemande » ne doit paraître qu’avec l’autorisation de l’Etat et ne doit pas être imprimé en allemand. 7) Le point 24 expose les principes spirituels du national-socialisme : celui-ci défend un « christianisme positif » ; il protège la liberté des confessions pour autant qu’elles ne menacent pas l’Etat et n’offensent pas les sentiments de la race germanique ; il combat « l’esprit matérialiste juif ». 8) La réforme de la structure de l’Etat dans un sens unitaire et corporatif est stipulée dans le point 25.

Le programme du NSDAP a été en partie réalisé et en partie dépassé par l’évolution politico-juridique des années 1933-1936. Ce sont essentiellement une quinzaine de lois fondamentales, successivement adoptées et complétées, qui forment la « constitution » de l’Allemagne. 1) La loi du 24 mars 1933 complétée par celle du 30 janvier 1934 et prorogée le 30 janvier 1937, accorde au gouvernement du Reich le droit de légiférer. 2) Les lois du 31 mars et du 7 avril 1933, complétées par celles du 15 décembre 1933, du 30 janvier 1934, du 14 février 1934 et du 30 janvier 1935, abolissent la structure fédérale de l’Etat et la remplacent par une structure unitaire et centralisée (réalisation du point 25). 3) La loi du 7 avril 1933 puis celle du 26 janvier 1937 réorganisent la fonction publique allemande en garantissant sa fidélité au national-socialisme. 4) L’Erbhofgesetz du 14 juin 1933 et la loi du 13 septembre sur la Reichsnährstand (« corporation agro-alimentaire du Reich ») restructurent l’ensemble de la paysannerie allemande (réalisation du point 17). 5) La loi du 14 juillet 1933 donne le droit au gouvernement de consulter le peuple par référendum. 6) La loi du 14 juillet 1933 sur la constitution de l’Eglise protestante et le Concordat du Reich avec le Saint-Siège du 20 juillet organisent les rapports entre l’Etat et les Eglises (réalisation du point 24). 7) La loi du 14 juillet 1933 consacre le NSDAP comme parti unique et celle du 1er décembre garantit l’unité de l’Etat et du Parti. 8) La loi sur la Chambre de Culture du Reich du 29 septembre 1933 et celle sur les rédacteurs de presse du 4 octobre organisent et placent sous le contrôle de l’Etat et du Parti l’ensemble des professions culturelles, artistiques et de presse (réalisation du point 23). 9) La loi sur l’Organisation du Travail national du 20 janvier 1934 et le réglement du 24 octobre sur le Front du Travail, complétés par la loi du 26 juin 1935 sur le Service du Travail, fixent la structure corporative de la société et de l’économie allemandes (réalisation des points 7, 10, 14 et 25). 10) Les lois du 24 avril 1934, du 20 décembre 1934 et du 28 juin 1935, assurent la protection pénale de l’Etat et du Parti, et modifient les principes mêmes du droit pénal (réalisation du point 18). 11) La loi du 2 août 1934 réalise l’unité de la direction politique au sommet de l’Etat en supprimant le dualisme du chef de l’Etat et du chef de gouvernement, et en transférant au Chancelier les pouvoirs du Reichspräsident. 12) La loi du 16 mars 1935 rétablit le service militaire obligatoire et celle du 21 mai organise la nouvelle Wehrmacht, dont le commandant suprême est le Führer (réalisation du point 22). 13) Faisant suite à la loi du 14 juillet 1933 sur le retrait des naturalisations et la déchéance de la nationalité allemande, les lois de Nuremberg du 15 septembre 1935, complétées par le réglement du 14 novembre, définissent la nationalité et la citoyenneté allemandes, tout en excluant les Juifs (réalisation des points 4, 5, 6, 8 et 9). 14) Après la loi sur la stérilisation obligatoire du 14 juillet 1933, la loi sur la santé et le mariage du 18 octobre 1935 fixe les principes eugéniques, moraux et raciaux de la législation allemande en matière sanitaire et matrimoniale (réalisation du point 21). 15) La loi sur les Jeunesses Hitlériennes du 1er décembre 1936 embrigade la jeunesse allemande dans les organisations nationales-socialistes (réalisation des points 20 et 21).

La montée au pouvoir d’Hitler et l’édification de l’Etat national-socialiste (1923-1938)

Après le putsch du 9 novembre 1923, Hitler, d’agitateur local, devient une figure de la vie politique nationale, et le parti national-socialiste (NSDAP) acquiert un prestige qu’il n’avait pas auparavant. L’ère des coups d’Etat est close. C’est par le suffrage universel que le

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NSDAP s’emparera du pouvoir, en restant sur le terrain de la légalité, non sans utiliser la violence pour conquérir la rue. La légalité, obstinément suivie par Hitler, est l’arme qu’il faut pour lutter contre la République, sans s’attirer l’hostilité de la Reichswehr. A l’issue de son procès, Hitler est condamné à cinq ans de forteresse, pour haute trahison. Mais il est amnistié par le gouvernement bavarois, le 20 décembre 1924. Pendant ses treize mois de détention, il rédige Mein Kampf. Après sa libération, il procède, lentement, à la reconstitution d’un parti miné par ses dissensions intérieures, dont la refondation a lieu le 27 février 1925. A la fin de l’année, il compte 27000 membres, deux ans plus tard, 70000. Mais l’année 1928 est marquée par le retour offensif des partis de gauche : aux élections législatives du 20 mai, les socialistes (SPD) l’emportent avec 153 sièges, contre 73 aux nationaux-conservateurs (DNVP), 62 au Centre catholique (Zentrum), 54 aux communistes (KPD) et 12 seulement au NSDAP. En juin, le Chancelier Marx (Zentrum) est remplacé par Müller (SPD), assisté par Severing et Hilferding ; le général Groener, qui a succédé depuis le 20 janvier à Gessler, conserve son poste de ministre de la Reichswehr, et Stresemann, celui de ministre des Affaires étrangères. Devant l’échec manifeste du NSDAP, les partis de gauche se rassurent : l’interdiction de parler en public promulguée contre Hitler est levée en Prusse le 28 septembre 1928 (elle l’a été en Bavière quelques temps auparavant). Mais l’ère de prospérité factice inaugurée en 1924 par la création du Rentenmark touche à sa fin. Dès l’été 1929, le chômage passe à 1,2 million, et à la recrudescence de l’agitation ouvrière s’ajoute la révolte des paysans de l’Allemagne du Nord.

1) La campagne référendaire contre le plan Young La Grande Dépression de novembre 1929 emporte l’économie allemande dans la tourmente. C’est à nouveau la ruine des classes moyennes avec son cortège de faillites, de misère, de troubles sociaux. Le chômage passe de 1,2 million à l’été 1929 à 3,2 à l’hiver 1930, puis 4,8 à l’hiver 1931, et 6,3 à l’hiver 1933. La paysannerie est ruinée et écrasée sous le poids de ses dettes. Le mécontentement général profitera au KPD et, plus encore, au NSDAP. Pour l’heure, en 1929, c’est le Stahlhelm, dirigé par Seldte et Düsterberg, et le DNVP, emmené par Hugenberg, qui entrent en lice. Président du conseil d’administration des aciéries Krupp, Hugenberg est l’un des plus importants patrons de presse, et il possède l’UFA, la plus importante compagnie cinématographique. Disposant de moyens publicitaires considérables, il s’en sert pour réaliser un programme politique qui n’est pas sans analogie avec celui du NSDAP : renverser la République, abattre la gauche, réviser le Traité de Versailles. Il décide de lancer un référendum d’initiative populaire contre le plan Young relatif aux réparations allemandes. Il demande à Hitler de lui prêter son concours. Malgré la désapprobation de l’aile gauche du parti emmenée par Strasser, celui-ci accepte, désireux de profiter des énormes moyens de diffusion d’Hugenberg. Le « comité national » réunissant Stahlhelm, DNVP, Ligue pangermaniste (L. Class) et NSDAP, lance le 4 août 1929 un appel public en faveur d’une votation contre le plan Young. Le 25 novembre, la pétition obtient les voix requises à l’établissement du référendum. Le 22 décembre, celui-ci recueille 6 millions de voix sur 42 millions d’inscrits, soit 14% au lieu des 50% nécessaires. Le plan sur les réparations pourra alors être adopté par le Reichstag. Mais les adhérents affluent au NSDAP, qui compte 176000 membres à la fin de l’année. Il en comptera 806000 à la fin de 1931. La campagne référendaire a véritablement lancé le mouvement national-socialiste. Dès janvier 1930, se pose le problème de la participation des nazis au gouvernement de nombreux Pays ainsi qu’à Dantzig.

2) La période Brüning Le 27 mars 1930, le Cabinet Müller est renversé. La Chancellerie Brüning commence (mars 1930-mai 1932). Son histoire se divise en trois phases articulées autour de la dissolution du Reichstag (septembre 1930), puis de la présentation de la démission de son premier Cabinet au Président Hindenburg qui le charge immédiatement d’en former un second (octobre 1931). Ne disposant pas d’un soutien parlementaire suffisant, Brüning tente de faire face à la crise financière et à la montée du chômage à coup de décrets-lois. Mais il doit rapidement faire face au refus du Reichstag de voter son programme de déflation. Faisant alors usage de l’article 48, il promulgue par décret les impôts nécessaires à l’équilibre du budget. Une seconde fois, le Reichstag s’oppose en exigeant le retrait de ces mesures. Ne pouvant sortir de l’impasse, Brüning demande alors au Président de dissoudre l’Assemblée. Les élections sont fixées au 14 septembre. Elles marquent un triomphe du NSDAP et le début de la fin pour la République. Le parti national-socialiste devient le second parti politique du Reichstag : il passe de 800000 voix à 6,5 millions et de 12 sièges à 107 ; le

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SPD en obtient 143 (-10), le Zentrum, 68 (+6), le KPD, 76 (+22), le DNVP, 41 (-31). Durant l’année 1931, l’opposition nationale, groupée après le 11 octobre dans le « Front de Harzburg », ne cesse de s’opposer au Cabinet présidentiel Brüning, en exigeant l’abrogation des décrets-lois et la dissolution du Reichstag, ainsi qu’au gouvernement socialiste prussien Braun-Severing.

Le Cabinet Brüning est renversé fin octobre 1931, après la constitution du « Front de Harzburg ». Mais le Président lui conserve sa confiance, puisqu’il lui demande aussitôt de former un nouveau gouvernement. Néanmoins, 1932 s’ouvre sous de sombres auspices. A la catastrophe économique et sociale et à la banqueroute financière vient s’ajouter, pour le Chancelier, un nouveau motif d’inquiétude : le septennat du maréchal Hindenburg touche à sa fin et il va falloir procéder à des élections présidentielles. C’est en vain que Brüning demande à Hitler (chef du second parti au Reichstag) que le mandat du Président soit renouvelé par un simple vote de l’Assemblée (selon la procédure de révision constitutionnelle). Hitler réclame au contraire ces élections et exige que le Chancelier lui cède la place s’il n’est plus à même de gouverner. Le 15 février 1932, le Maréchal annonce officiellement qu’il repose sa candidature. Mais alors qu’il était en 1925 le candidat des partis de droite, il est soutenu cette fois-ci par le SPD et le Zentrum, qu’il abhorre ! Les milieux conservateurs hésitent d’abord à prendre position, puis le DNVP et le Stahlhelm annoncent qu’ils voteront contre lui, qu’ils formeront un « bloc de combat noir-blanc-rouge » et que leur candidat sera Düsterberg. Après avoir lui aussi hésité à affronter le Président sortant, Hitler engage à son tour la bataille électorale. Hindenburg recueille 18,5 millions de voix (49,6%), Hitler, 11,3 (30,1%), Thaelmann (KPD), près de 5 (13,2%), Düsterberg, 2,5 (7%). Quelques jours plus tard, le Chancelier ordonne la fermeture des permanences SA. Le 10 avril, jour du second tour, Hindenburg est élu avec 19,3 millions de voix (53%), Hitler en recueille 13,4 (36,8%) et Thaelmann, 3,7 (10,2%).

Lorsque le gouvernement apprend qu’Hitler a obtenu 13 millions ½ de suffrages, il prend conscience de l’ampleur du danger. La seule manière de l’empêcher d’accéder au pouvoir est de briser son parti. Le général Groener, qui cumule les fonctions de ministre de la Reichswehr et de ministre de l’Intérieur, se charge de lui porter le coup de grâce. Le 13 avril, sous la pression du gouvernement socialiste prussien et d’autres Pays, il publie un Décret pour la sauvegarde de l’Etat qui prescrit la dissolution immédiate des SA. Furieux, Röhm parle de marcher sur Berlin ; Hitler doit user de toute son autorité pour l’en retenir. Le projet de Groener fera long feu. Schleicher, alors secrétaire d’Etat au ministère de la Reichswehr, fait savoir à Hitler qu’il s’est désolidarisé de son ministre, et Hindenburg demande à ce dernier d’appliquer à la Reichsbanner le même traitement qu’aux SA. Groener est stupéfait par la demande du Maréchal : la Reichsbanner n’a-t’elle pas soutenu sa candidature (pour faire barrage à Hitler) ? Quelle commune mesure peut-il y avoir entre l’organisation d’Hörsing, qui s’emploie à défendre le régime, et l’organisation de Röhm, qui s’efforce de le renverser ? Aussi refuse-t’il de souscrire à la demande du Président. Plus encore, il publie un nouveau décret qui vise, cette fois, le Stahlhelm, auquel les généraux sont résolus à ne pas laisser toucher. Le 12 mai, malgré le soutien de Brüning et bien que le Reichstag ait repoussé une motion de censure par 287 voix contre 257 (« droite nationale »+KPD), Groener est contraint de donner sa démission, sous la pression du corps des officiers. Quinze jours plus tard, démissionne à son tour Brüning, qui n’a pas de majorité au Reichstag et qui n’a plus la confiance du Reichspräsident. Groener est remplacé par Schleicher et Brüning, par Papen, qui lèvent le décret d’interdiction des SA. Le problème des SA a donc provoqué un conflit décisif au sein du corps des officiers, entre Groener, qui leur est hostile, et Schleicher, qui refuse leur dissolution. La tendance Schleicher l’a emporté.

3) La période Papen Le gouvernement Papen est un gouvernement présidentiel en ce sens qu’il s’appuie exclusivement sur l’autorité du maréchal Hindenburg et sur l’article 48. Avec ce « Cabinet de barons », c’est le DNVP qui accède au pouvoir. Brüning avait traité les nationaux-socialistes comme des révolutionnaires, qu’on écarte de l’armée et de l’administration, dont on dissout les formations, auxquels on interdit le port de l’uniforme et les manifestations sur la voie publique. Selon les nouveaux dirigeants, c’est là une erreur ; ce qu’il faut, c’est non plus barrer la route au NSDAP, mais l’intégrer à la politique allemande, l’associer à l’exercice du pouvoir en le mettant au pied du mur. Schleicher est « l’homme

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fort » du nouveau Cabinet. Il entend : primo, canaliser les forces du national-socialisme pour les mettre au service de l’Etat, en obtenant la participation du NSDAP au gouvernement et celle des SA à la protection des frontières orientales ; secundo, aligner le gouvernement de la Prusse sur celui du Reich, d’où le « coup d’Etat » du 20 juillet 1932, qui met fin, avec l’appui du NSDAP, au gouvernement socialiste Braun-Severing, remplacé par un commissariat du Reich dirigé par Papen, qui sera à moitié désavoué par l’arrêt de la Cour constitutionnelle de Leipzig du 25 octobre.

Hitler, dont les 107 députés peuvent s’opposer à l’investiture du nouveau gouvernement, n’accepte sa création qu’à deux conditions : primo, Papen dissoudra le Reichstag et procédera à de nouvelles élections ; secundo, il retirera le décret interdisant les SA. Sur ces deux points, Papen accepte de donner satisfaction à Hitler, puisqu’ils vont dans le sens de la politique d’« intégration » souhaitée du NSDAP. Le 4 juin, l’Assemblée est dissoute et les élections fixées au 31 juillet. Le 15 juin, les mesures d’interdiction sont annulées. De véritables combats de rues éclatent entre SA et communistes. Dix jours après le « coup d’Etat » contre la Prusse, les élections législatives marquent un nouveau triomphe du NSDAP, qui remporte 230 mandats et devient le premier parti du Reichstag ; le SPD recueille 133 sièges (-10), le KPD, 89 (+13), le Zentrum, 70 (+2), le DNVP, 40 (-1). Avec ses 13,7 millions d’électeurs, ses 1,2 million d’adhérents et ses 500000 SA et SS, Hitler est aux portes de la Chancellerie. Le 13 août, il est reçu par Papen qui lui propose le poste de vice-Chancelier : il s’agit de donner aux nationaux-socialistes quelques portefeuilles de second plan, de les atteler au Cabinet, mais sans leur donner la direction des affaires, qui devra rester entre les mains des conservateurs. Hitler rejette ce compromis défavorable. C’est le premier échec de Schleicher dans sa tentative d’intégrer le parti en l’associant au gouvernement. Un deuxième entretien a lieu entre Hindenburg et Hitler ; étant le chef du plus important groupe parlementaire, celui-ci réclame le droit de former le nouveau Cabinet, mais le Maréchal refuse de lui donner satisfaction. Est alors rompu le « Front de Harzburg » que la lutte pour la présidence avait déjà altéré, mais que l’avènement de Papen, en mai, avait paru ressouder. Le duel qui s’engage entre les nationaux-socialistes et les conservateurs se poursuivra jusqu’à la défaite complète de ces derniers (au printemps 1933). Le 12 septembre, s’ouvre une séance mémorable au Reichstag : l’Assemblée, présidée par Goering, est décidée à renverser Papen ; lorsque ce dernier dépose le décret présidentiel portant dissolution (préventive) du Reichstag, le n°2 du NSDAP, se dressant en défenseur des droits du Parlement, refuse de lire le décret avant la fin du scrutin qu’il déclare commencé ; ce scrutin est défavorable au gouvernement puisque le Cabinet est mis en minorité par 513 voix contre 32 ! Mais celui-ci ne se soucie pas du vote, ni ne donne sa démission, puisque le Reichstag est déjà dissous.

Une nouvelle campagne électorale commence donc, cependant que la grève dans les compagnies de transports de Berlin, soutenue par les communistes et les nationaux-socialistes, prend une tournure insurrectionnelle. Le résultat des élections législatives confirme les prévisions du Chancelier sur la lassitude des électeurs et l’essoufflement du NSDAP, dont les caisses sont vides. Il perd deux millions de voix et régresse de 230 à 196 mandats (il reste le premier parti du Reichstag) ; le DNVP, lui, passe de 40 à 62 sièges, le Zentrum en obtient 76 (+6), le SPD, 121 (-12), le KPD, 100 (+11). A gauche, on mesure l’érosion du parti socialiste (de 153 sièges en 1928 à 121 en 1932) et la montée du parti communiste (de 54 à 100). Malgré les progrès du DNVP, Papen reste sans majorité parlementaire, puisqu’il ne peut compter sur le NSDAP. Le 17 novembre, il remet sa démission au Président. Le 21, Hindenburg se tourne une nouvelle fois vers Hitler et lui propose de former un nouveau gouvernement, avec le DNVP en position de force. Celui-ci décline encore la proposition.

4) De Schleicher à Hitler Le 1er décembre, le Maréchal décide de confier la formation d’un nouveau Cabinet au général Schleicher, qui conserve le portefeuille de la Reichswehr. Jusque-là à l’arrière-plan, ce personnage accède au-devant de la scène. Sa position exceptionnelle, tout au long de la République, tient à ce qu’il est placé à l’intersection de la Reichswehr et du Cabinet, position devenue officielle en 1929 lorsque le Chancelier Müller le nomme secrétaire d’Etat au ministère. A ce point stratégique de la vie politique allemande, qui lui a permis de faire tomber Groener puis Brüning, il sert de trait d’union entre l’armée et le gouvernement, entre le gouvernement et la présidence. Toutefois, il sait que le pouvoir se trouve dans les masses. Aussi cherche-t’il à négocier avec les syndicats socialistes et chrétiens, et à entraîner

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la gauche nationale-socialiste auprès de lui, ce qui précipiterait la chute du parti. Mais il reste isolé. Après avoir échoué à intégrer le NSDAP, il échoue à le faire éclater et à attirer la frange du parti emmenée par Strasser (la défection de ce dernier n’entraîne pas la scission espérée du mouvement). A son tour, il voit se nouer des intrigues contre lui.

Le 4 janvier 1933, Papen et Hitler s’entendent pour dresser les grandes lignes d’un nouveau ministère. Cette fois-ci, l’ancien Chancelier accorde au chef du NSDAP ce qu’il lui avait refusé six mois plus tôt : Hitler sera Chancelier et Papen, vice-Chancelier. De son côté, Schleicher entend constituer un Cabinet de « front populaire », avec Strasser vice-Chancelier, qui s’appuierait sur l’aile gauche du NSDAP et sur certains éléments du SPD ; le Reichstag serait dissous, les SA interdits -il reprend, trop tard, le projet de Groener !- et Hitler écrasé dans la prochaine bataille électorale, car Strasser présenterait ses propres listes. Mais Hindenburg ne montre aucun empressement à entrer dans ces vues, d’autant moins que Papen lui propose la formation d’un Cabinet de « concentration nationale », majoritairement conservateur et DNVP, qui n’aurait pas besoin des socialistes et pourrait gouverner sans dissoudre l’Assemblée. Le 15 janvier, des élections ont lieu dans le petit Pays de Lippe : les nationaux-socialistes recueillent près de 40% des suffrages et enlèvent 9 sièges sur 21, dans une Diète où ils n’en possédaient jusqu’alors aucun. Pour Hindenburg, c’est sûr, il n’y a pas de désagrégation du NSDAP. Schleicher a échoué ; Strasser n’est d’aucune utilité. L’agitation sociale, avec la grande misère qui règne en Allemagne, prend une tournure extrêmement grave, en janvier, d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une sorte de divorce entre l’armée et la police. La première est soumise à l’autorité du ministre de la Reichswehr et du Reichspräsident ; la seconde dépend des Pays, qui sont en majorité socialistes ou SPD/Zentrum, et qui sont hostiles au gouvernement central depuis qu’il a nommé un commissariat en Prusse ; il y a donc une dangereuse opposition entre le Reich et les Länder. Le Chancelier joue alors son va-tout : il demande au Président de dissoudre le Reichstag, d’interdire le KPD et le NSDAP, d’instaurer la dictature militaire. Mais le Maréchal refuse : la dictature militaire équivaudrait à un putsch qui serait brisé par la grève générale. Comment gouverner sans l’appui des masses, c’est-à-dire sans l’appui, soit du NSDAP, soit du SPD ? Rejeté par la droite comme par la gauche, n’ayant plus la confiance du Président, ne pouvant ni dominer ni dissoudre le Reichstag, Schleicher finit par donner sa démission, le 28 janvier.

Le 30, le Président nomme Hitler Chancelier. Le nouveau gouvernement ne comprend que deux autres nationaux-socialistes : Goering, ministre du Reich sans portefeuille et commissaire-adjoint pour le ministère de l’Intérieur de Prusse ; Frick, ministre de l’Intérieur du Reich. Le reste du Cabinet est composé de la manière suivante : Papen, vice-Chancelier et commissaire du Reich en Prusse ; Blomberg, Reichswehr ; Neurath, Affaires étrangères ; Gurtner, Justice ; Krosigk, Finances ; Rübenach, Postes et Transports ; Seldte, Travail ; Hugenberg, Economie et Agriculture. Avec cette « coalition des droites », Hindenburg croit avoir constitué un Cabinet d’union nationale et Papen pense tenir Hitler. Il s’agit en vérité d’un changement révolutionnaire.

5) Du 30 janvier au 23 mars 1933 La première conquête du Reich -l’accès au pouvoir- s’est faite de l’extérieur pendant quatorze ans ; la seconde -l’élimination de toute opposition politique et l’édification du pouvoir total- se fera de l’intérieur en six mois. L’évolution vers le Führerstaat peut se diviser en trois étapes : 1) l’accroissement des pouvoirs du gouvernement de « concentration nationale » et la mise hors de combat des partis de gauche grâce à l’article 48 (du 30 janvier au 23 mars 1933) ; 2) la liquidation de l’Etat de droit fédéral et l’instauration de l’Etat unitaire à parti unique grâce à la loi des pleins pouvoirs voté par le nouveau Reichstag (du 24 mars au 14 juillet 1933) ; 3) l’institutionnalisation du Führerstaat (du 15 juillet au 2 août 1934), qui passe par la purge des SA. Tous les éléments structurels de l’Etat de droit fédéral, démocratique et parlementaire weimarien ont été supprimés : suspension des droits fondamentaux (décret-loi du 28 février 1933), abolition de la séparation des pouvoirs (loi d’habilitation du 24 mars 1933), liquidation du pluralisme politique (décrets de mai, juin, juillet 1933, lois du 14 juillet et du 1er décembre 1933) et social (lois du 2 mai 1933 et du 20 janvier 1934), abolition du dualisme Président/Chancelier (loi du 2 août 1934), suppression du fédéralisme et fusion administrative des Pays et du Reich (lois du 31 mars et du 7 avril 1933, du 30 janvier et du 14 février 1934).

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« L’encadrement » des nationaux-socialistes semblait réussi. Mis à part Goering et Frick, tous les ministères et secrétariats d’Etat -armée, diplomatie, justice, finances, économie- étaient aux mains de conservateurs ou de membres du DNVP, cependant que dans la rue le Stahlhelm faisait contrepoids aux SA. Aussi les partis de gauche et du centre, dans l’opposition au gouvernement du Reich mais qui tenaient la plupart des Länder, virent en Hitler l’instrument et l’otage des élites traditionnelles, et dans ces dernières les véritables vainqueurs du 30 janvier. Elles acceptaient Hitler comme Chancelier, elles lui refusaient cependant les leviers de commande, tout en s’assurant la possibilité de réprimer la gauche. Mais en quelques semaines, le rapport des forces au sein de la « coalition des droites » fut renversé. Dès le 31 janvier, le nouveau Chancelier exige la dissolution du Reichstag, qu’il obtient du Président le 1er février, grâce à l’appui de Papen et d’Hugenberg. La promulgation du décret de dissolution et la fixation des élections pour le 5 mars constituent un premier succès pour Hitler, car ces élections ne doivent pas seulement neutraliser la gauche et le Zentrum, comme l’espère le DNVP, mais désigner ceux qui au sein de la coalition gouvernementale disposent du pouvoir réel. Au-delà, il s’agit de permettre au Chancelier de se faire accorder les pleins pouvoirs. Parallèlement, un nouveau commissariat du Reich s’est constitué en Prusse, avec Papen, Hugenberg, Popitz et Goering. Mais il ne dispose pas non plus d’une majorité à la Diète et il se heurte à l’opposition des partis de gauche et du centre. Pour modifier le rapport des forces, il décide le 5 février de dissoudre le Landtag et les Diètes provinciales (les élections sont fixées, elles aussi, au 5 mars). Puis, le 6 février, Papen obtient d’Hindenburg un décret-loi transférant au commissariat toutes les attributions dont disposait encore l’ancien gouvernement Braun-Severing, qui restait le gouvernement légal en vertu de l’arrêt de la Cour de Leipzig du 25 octobre 1932. Face à ce nouveau « coup d’Etat », les socialistes en appellent une nouvelle fois à la Cour constitutionnelle, mais la lenteur de la procédure et la rapidité de la Gleichschaltung rendront inutile l’action en justice.

Légalité, propagande et terreur se combinèrent dans la « révolution nationale », à la fois « destruction du marxisme », renversement de la démocratie libérale et abolition du fédéralisme, avec le soutien des élites traditionnelles et de larges fractions populaires. L’utilisation révolutionnaire de l’article 48 (décrets des 4, 17, 22 et 28 février, des 1er et 3 mars), l’exploitation des pouvoirs de la puissance publique, aussi bien la radio et la presse du Reich que la police prussienne, la conquête de la rue par les SA et les « formations auxiliaires » de la police, permettent d’écraser le parti communiste (arrestation des élus et dirigeants, fermeture des locaux, interdiction des publications) et de neutraliser le parti socialiste, sans que les syndicats ouvriers, subjugués, proclament la grève générale. La mise sous contrôle de la Prusse à la suite du « coup d’Etat » du 20 juillet et l’attribution à Goering du ministère de l’Intérieur prussien (l’un des ministères les plus puissants du Reich puisqu’il contrôle les deux tiers de la police allemande) s’avèrent décisives pour la conquête du pouvoir, puisque c’est à l’administration des Pays que revient l’application des décrets-lois, dont la flexibilité des clauses offre de larges possibilités pour réduire au silence les adversaires du gouvernement. Plus encore, le décret-loi du 28 février, pris au lendemain de l’incendie du Reichstag, ne fait pas qu’instaurer l’état de siège et suspendre les droits fondamentaux, il autorise le gouvernement du Reich à assumer les pouvoirs (notamment de police) des autorités des Länder lorsqu’elles ne prennent pas « les mesures nécessaires au rétablissement de la sécurité et de l’ordre publics ». Toutefois, jusqu’au 5 mars, les mesures d’exception prises par le gouvernement de « concentration nationale », en vertu de la thèse de la culpabilité communiste et de la co-responsabilité socialiste dans la préparation d’un soulèvement révolutionnaire, restent encore comparables à celles décrétées par les premiers gouvernements de la République, sous Ebert. Mais cette fois, elles ne visent plus à protéger la République, mais à la renverser. Autre différence, de taille, les camps pour détenus politiques constituent d’ores et déjà un domaine de la SA et de la SS (puis de la seule SS après le 30 juin 1934) soustrait à tout contrôle judiciaire.

Durant tout le mois de février, Hitler se consacre entièrement à la campagne électorale, où la puissance de l’organisation de masse nationale-socialiste joue à plein. Le NSDAP recueille 17,3 millions de voix (44% des suffrages, avec un taux de participation de 88%) et 288 sièges (211 au Landtag de Prusse), le DNVP, 3,1 millions de voix (8%) et 52 sièges (-10) ; chez les partis adverses de la coalition gouvernementale, le Zentrum obtient 70 sièges (-6), le SPD, 118 (-3), le KPD, 81 (-19). Présentés comme une victoire du seul NSDAP et comme une

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décision révolutionnaire, les résultats électoraux sont le vrai point de départ de la Gleichschaltung. Les mandats communistes au Reichstag et au Landtag de Prusse devenus vacants, le NSDAP y dispose de la majorité absolue sans l’appoint du DNVP. Faisant usage de la violence et/ou des pouvoirs de police auxiliaire, les commandos SA occupent des mairies, des syndicats, des journaux, etc. et procèdent à de nombreuses arrestations. En même temps, l’union entre les formations de combat nationales-socialistes et la police transforme cette dernière en instrument du parti. Les administrations, notamment en Prusse, se plient aux exigences du NSDAP, c’est-à-dire à des démissions forcées et à de nouvelles occupations de postes (qui profitent surtout, à vrai dire, aux éléments conservateurs). Usant de l’intimidation, de la coercition et de la répression contre les partis de gauche et du centre, le mouvement national-socialiste s’assure un monopole politique de facto, avant même la légalisation du processus. Le 12 mars, un décret présidentiel supprime le drapeau noir-rouge-or de la République de Weimar, remplacé par l’ancien emblème impérial. Le même jour, est créé le ministère de l’Information et de la Propagande, sous la direction de Goebbels, qui entre ainsi au gouvernement du Reich. L’une de ses premières tâches est d’organiser la « journée de Potsdam » du 21, grande préparation psycho-politique de l’opinion préalable à l’adoption de la loi des pleins pouvoirs.

6) Du 24 mars au 14 juillet 1933 La loi des pleins pouvoirs du 24 mars est décisive. En donnant au gouvernement, c’est-à-dire au Chancelier, le droit de légiférer (y compris en matière conventionnelle et constitutionnelle), elle remplace le régime des décrets-lois présidentiels par la concentration des pouvoirs législatif et exécutif entre les mains d’Hitler. Seul le SPD, largement hors de combat, refusa de voter la loi. Le KPD était entré dans la clandestinité. Les partis de droite (dont de nombreux membres cherchaient à rejoindre le NSDAP, qui accepta au début ces « convertis de mars ») et le Zentrum (séduit par le projet d’un Concordat entre le Reich et le Vatican) votèrent oui. La loi du 24 mars et celle du 31, qui autorise les gouvernements des Pays à légiférer sans la participation des Diètes, signifient avant tout que les partis politiques ont perdu leur raison d’être. A l’interdiction pratique du KPD succède sa liquidation légale le 26 mai. Un traitement identique est réservé à la Reichsbanner et au SPD : de février à mai, il n’y a pas d’interdiction générale du parti socialiste (ni du parti communiste), mais arrestation des cadres, occupation des bureaux et des syndicats, émigration des dirigeants ; l’activité du SPD à l’étranger (publication du Neuer Vorwäts à Prague le 18 juin) fournit le prétexte pour mettre hors la loi, le 22, un parti qualifié, lui aussi, d’« ennemi de l’Etat et du peuple ». Reste un problème majeur pour le NSDAP : son conflit avec le DNVP. Tandis que la tendance Seldte se rallie au mouvement national-socialiste et remet la direction du Stahlhelm à Hitler, la tendance Düsterberg rebaptise le DNVP en Deustche National Front ; celui-ci ne peut toutefois empêcher la multiplication des ralliements au NSDAP, ni l’intégration du Stahlhelm à la SA, ni la disparition du DNF lui-même. Le Zentrum, dernier parti politique, est sacrifié par les responsables catholiques au Concordat, dont les négociations se déroulent depuis avril à Rome ; il doit se résigner à accepter sa dissolution le 5 juillet. Neutralisant la force d’opposition potentielle représentée par le catholicisme face au national-socialisme, le Concordat du 20 juillet est un très grand succès pour Hitler. Le 14 juillet, le gouvernement promulgue la « loi contre la reconstitution des partis », qui fait du NSDAP la seule formation politique légale en Allemagne et punit toute tentative de maintenir ou de fonder un autre parti politique. La suppression du pluralisme politique a été précédée par l’épuration de la fonction publique (loi du 7 avril) et par la dissolution des syndicats dans le Deutsche ArbeitsFront (loi du 2 mai).

7) Du 15 juillet 1933 au 2 août 1934 Le 6 juillet 1933, Hitler peut déclarer la révolution terminée, puisque « le Parti est devenu l’Etat » (sic). Il se heurte désormais à Röhm et aux chefs SA, qui réclament une seconde révolution, nationale-socialiste. Pour le Chancelier, il faut maintenant stabiliser le régime, s’attaquer aux problèmes économiques et sociaux qui accablent le peuple allemand, et réarmer. Pour cela, il a plus que jamais besoin de la collaboration, non seulement de l’armée et de la fonction publique, mais aussi de la grande industrie et de la grande propriété foncière, toutes deux hostiles à l’agitation qu’entretiennent les miliciens bruns. Le dernier problème, de plus en plus aigu, porte donc sur la SA, plus précisément sur les rapports entre la SA et la Reichswehr, qui a assisté passivement à la « révolution nationale » mais qui conserve sa position centrale dans l’Etat.

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Dès la loi sur la fonction publique, le 7 avril, Hitler et ses alliés conservateurs ont cherché à limiter les tendances révolutionnaires du mouvement. Mais ils avaient encore besoin des SA pour abattre les partis de gauche et du centre. Ce n’est plus le cas en juillet. En août, les « formations auxiliaires » de la police sont licenciées. C’est le divorce entre les chemises brunes et la police d’Etat. Le 25, un décret stipule que seuls les chefs de peloton SA auront le droit de porter des armes. Plusieurs sections se mutinent et sont dissoutes. Des procès sont intentés contre certains miliciens. Survient la décision du retrait de l’Allemagne de la SDN, le 14 octobre, suivi du référendum couplé avec l’élection d’un nouveau Reichstag (dissous ce même 14 octobre). 95% du corps électoral se prononce en faveur du « oui » et 92% en faveur de la liste unique nationale-socialiste (l’Assemblée ne comptera plus que 661 députés nationaux-socialistes). Ces élections marquent la liquidation complète de l’Etat démocratique, libéral et pluraliste. Auparavant, l’ensemble de la presse et des professions culturelles et artistiques ont été placées sous le contrôle de l’Etat et du Parti (loi du 29 septembre). Par la loi du 1er décembre sur l’unité de l’Etat et du Parti, Hitler pense intégrer les SA au nouvel Etat, et pour marquer la place qui leur revient, il élève Röhm au rang de ministre du Reich. Mais sa présence au gouvernement accentuera le conflit entre les forces conservatrices et les tendances révolutionnaires du mouvement. Un désaccord violent dresse le général Blomberg, ministre de la Reichswehr, contre le chef des chemises brunes. La question centrale qui se pose, au vu de la tournure des négociations à Genève (à l’occasion desquelles Hitler a garanti le caractère non militaire des SA et SS), du retrait de la SDN et du réarmement, est la suivante. De quoi sera faite la future armée allemande et qui la commandera ? Röhm entend incorporer en masse les SA à la Reichswehr et exige le poste de chef d’état-major ou de ministre de la Guerre. Mais le corps des officiers refuse de telles revendications, au nom de son autonomie et de sa cohésion. La Reichswehr entend rester l’unique force armée de l’Etat et continuer à se tenir à l’écart des luttes politiques. Elle considère les SA comme une milice de guerre civile. Or, cette milice n’a cessé de progresser. Forte de 450000 membres en janvier 1933, elle en compte 3 millions au printemps 1934, d’où une perte d’homogénéité et un relâchement des liens avec le Parti. L’Etat-Major, de son côté, sous la direction du général Fritsch, dresse les plans de la future armée nationale, qui excluent toute pénétration des SA ou du Parti. Dans ce conflit, Hitler est du côté de Blomberg contre Röhm. Il entend maintenir séparées la Reichswehr, force armée (apolitique) de l’Etat, et la SA, instrument (politique) du Parti. Mais tant que le conflit avec les SA ne sera pas résolu, l’armée gardera ses distances avec lui. Or, la succession d’Hindenburg, c’est-à-dire le transfert des pouvoirs présidentiels, notamment le commandement de l’armée, est à l’ordre du jour.

Au printemps 1934, les intrigues de certains éléments de la droite conservatrice (Schleicher, Papen) avec certains éléments de la gauche nationale-socialiste (Strasser, Röhm), l’agitation des SA et les rumeurs de coup de force, inquiètent les milieux industriels et financiers, nuisent à la politique étrangère de l’Allemagne et à la reconstruction de son armée. Hindenburg puis Blomberg répètent à Hitler le même conseil que Mussolini : « mettre de l’ordre dans sa maison ». Le 6 juin, il prescrit un mois de vacances aux SA, à dater du 1er juillet, avec interdiction du port de l’uniforme, des défilés, des réunions et des manifestations. Isolé face à la police de Goering, aux SS d’Himmler et à l’armée de Blomberg, Röhm a transformé les SA en une puissance autonome, s’administrant elle-même, séparée de l’Etat et du Parti. Dans la seconde quinzaine du mois, la tension monte et les avertissements d’Hitler, de Goering ou de Hess deviennent plus péremptoires : il n’y aura ni restauration (à l’adresse de Schleicher ou de Papen) ni seconde révolution (à l’adresse de Strasser ou de Röhm). Mais le problème est le suivant. Si Röhm et son état-major n’exécutent pas l’ordre de congé, ils se mettront hors la loi et ils provoqueront l’intervention de l’armée, mise en état d’alerte le 27 juin ; s’ils résistent, l’Allemagne sombrera dans la guerre civile, avec les risques d’intervention étrangère dans un pays encore désarmé. Le 30, Hitler se résout à l’action. Il se rend à Munich pour arrêter les chefs SA. A Berlin, Goering étouffe l’insurrection puis entame la répression. Il y aura une centaine de victimes en raison des réglements de compte personnels livrés sous le couvert de la purge. Celle-ci, en mettant fin à toute « seconde révolution », a scellé dans le sang l’alliance du NSDAP avec les élites traditionnelles, même si elle a aussi éliminé les éléments conservateurs qui auraient voulu contrecarrer Hitler en s’appuyant opportunément sur Röhm ou Strasser. Le 1er juillet, l’état de siège est levé. Le 3, le gouvernement adopte une loi dont l’article unique légalise les mesures prises le 30 juin, en vertu du « droit de légitime défense de l’Etat ». Après cette date, un décret sépare les SA et les SS, sous les ordres respectifs de

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Lutze et d’Himmler. Hindenburg et Blomberg félicitent Hitler d’avoir écrasé les « menées séditieuses ». La Reichswehr lui en témoignera reconnaissance, assure le ministre. Chose faite après la mort du Maréchal. Avec l’accord de l’armée, la loi du 2 août 1934 fusionne les fonctions de Président et de Chancelier. L’institutionnalisation du Führerstaat s’achève ainsi à l’été 1934. Elle est ratifiée par le plébiscite du 19 : par 38,3 millions de voix (89% des suffrages), le peuple allemand entérine la loi du 2 août. Sept mois plus tard, le 16 mars 1935, Hitler rétablit la conscription, prétendument en réponse à la prolongation du service militaire en France d’un an à deux ans, en promulguant la « loi sur la reconstruction de la Wehrmacht ». La loi du 21 mai organise cette Wehrmacht, force armée et école militaire de la nation, selon les principes suivants : le service militaire est pour tout citoyen allemand un devoir et « un service d’honneur rendu au peuple allemand » ; le chef suprême de l’armée est le Führer et Chancelier, investi de tous les droits régaliens, y compris le pouvoir de déclarer la guerre et de décréter la mobilisation.

8) Structure et évolution du Führerstaat Le IIIème Reich combina Führerprinzip et « polycratie ». Cette structure hybride s’explique à la fois par l’autocratie d’Hitler d’une part, l’existence de hiérarques au sein du Parti et l’alliance avec les élites traditionnelles de l’Etat d’autre part. Trois grands domaines permettent de comprendre le caractère partiel de la révolution NS : l’Etat, l’économie, la société. Tout sembla transitoire sous le IIIème Reich : l’emprise du Parti augmenta sans que les anciennes structures administratives, économiques et sociales disparaissent.

A) L’Etat Du 30 janvier 1933 au 2 août 1934, Hitler devint jurislateur : maître du pouvoir constituant, conventionnel, législatif et réglementaire*. Il n’y eut cependant pas de refonte territoriale et administrative, ni des Länder, ni de la fonction publique. La contradiction entre le principe de légalité et le principe de neutralité du service public d’une part, le Führerprinzip (l’exigence que la fonction publique obéisse au chef) et le Weltanschauungsprinzip (l’exigence que la fonction publique soit NS) d’autre part, ne fut jamais surmontée. La structure gouvernementale et administrative de l’Allemagne se trouva bouleversée, mais pas stabilisée. Hitler était Führer du Parti ; il transféra cette position unique dans l’Etat, tout en maintenant séparés le Parti et l’Etat, le premier ne commandant que théoriquement au second. Hitler admit en effet qu’il n’y avait pas assez d’éléments compétents dans le Parti pour s’emparer de l’armée, de l’administration et de la justice, et les faire fonctionner. C’est sa situation personnelle, non celle du Parti, qu’Hitler transféra dans l’Etat. Il délégua les tâches quotidiennes de la gestion du Parti et de l’Etat à ses hiérarques ou à ses alliés conservateurs. Il admettait que l’organisation était indispensable ; mais il garda un style « artiste », ne s’occupant que de ce qu’il estimait décisif : armement, diplomatie, stratégie.

Au-dessous d’Hitler, il y avait l’Etat et le Parti (7 M de membres en 1940), ayant chacun leur propre administration, juridiction et budget. Le Parti avait un secrétariat général (Hess puis Bormann, qui étaient également ministres sans portefeuille) et un état-major avec 18 directions. Il englobait 55 organisations, dont les plus importantes étaient la SA, la SS, le DAF et la HJ. Au niveau territorial, le Parti comme l’Etat étaient subdivisés en Gaue, dirigés par des Gauleiter (agents du Parti) qui étaient en même temps Statthalter (agents de l’Etat). Au niveau de l’Etat, il y avait : l’administration traditionnelle, i.e les ministères, dont la Propagande (Goebbels) et les Finances (Krosigk) ; l’administration parallèle, i.e les « Autorités suprêmes du Reich », dont l’Organisation Todt, le Plan quadriennal et l’Office central de sécurité du Reich (RSHA) ; au plan budgétaire, l’ensemble relevait du ministère des Finances. A partir de juillet 1934, le gouvernement se réunit de moins en moins ; la dernière réunion eut lieu le 4 février 1938. Entre le sommet du pouvoir et la haute administration en déclin, un vide apparut qui devait être rempli par une nouvelle structure : la « Chancellerie ». La Chancellerie du Reich (l’Etat), la Chancellerie du Parti (le NSDAP) et l’OKW (l’Armée) étaient les trois maillons entre Hitler et les trois énormes organisations à la base du régime.

** Le Reichstag, intégralement composé de députés NS, ne fut pas aboli. Il fut renouvelé trois fois : le 12 novembre 1933 (après le retrait de la SDN), le 30 mars 1935 (après le rétablissement du SMO) et le 10 avril 1938 (après l’Anschluss). Il resta législateur, mais il ne fut appelé à voter que sept lois nouvelles, dont celles de Nuremberg en septembre 1935 sur la citoyenneté, sur « la protection du sang et de l’honneur allemands » et sur le drapeau. C’est en septembre 35 que la croix gammée devint l’unique emblème officiel de l’Allemagne, à la place de l’ancien emblème impérial, restauré en mars 1933 ; en revanche, l’hymne du NSDAP ne remplaça pas l’hymne allemand traditionnel, mais s’ajouta à lui.

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Chacune des trois structures, respectivement dirigées par Lammers, Hess puis Bormann, Keitel et Jodl, assurait la liaison entre le Führer d’une part, le corps des hauts fonctionnaires, le corps des chefs du NSDAP et le corps des officiers généraux d’autre part. Hitler était autocrate ; avoir accès à lui était décisif, cependant que lui avait besoin d’instances pour faire appliquer ses directives. Les ministres devaient passer par Lammers, les Gauleiter par Hess puis Bormann, les généraux par l’OKW. Les responsables des « Autorités suprêmes du Reich », eux, avaient directement accès à Hitler car ils étaient chargés d’exécuter les missions qu’il jugeait prioritaires. La première, en 1933, fut l’Organisation Todt, du nom de son chef, pour la construction des autoroutes, les fortifications (le Westwall) et les travaux publics ; en août 1936, ce fut le Plan quadriennal, pour l’aviation et l’armement, confié à Goering puis à Speer ; en septembre 1939, ce fut le RSHA, confié à Himmler, qui englobait l’ensemble de la Police (Sipo, Kripo, Gestapo et Sicherheitsdienst) tout en relevant de la SS (le Parti) et du ministère de l’Intérieur (l’Etat)*.

B) L’économie Pour résorber le chômage, le régime mit en oeuvre un programme de grands travaux et de réarmement, avec émergence d’un Etat-providence, dans le cadre d’un « keynésianisme » militaro-industriel. Malgré les mesures en faveur de l’artisanat, du commerce et, surtout, de l’agriculture (conformément au programme populiste du NSDAP), la structure économique de l’Allemagne resta dominée par la grande industrie capitaliste. Outre l’abolition des syndicats, les deux grandes modifications concernèrent la structure corporative des professions et la répartition autoritaire de la main d’oeuvre (le « livret ouvrier »), parallèlement au contrôle des changes, des prix, des salaires et du crédit. En août 1936, le Plan quadriennal marqua le tournant économique du régime, i.e le déplacement de l’équilibre du pouvoir, avec la substitution de Goering, déjà responsable de la Luftwaffe, à Schacht (qui avait succédé à Hugenberg comme membre non NS du gouvernement) comme responsable suprême de l’économie (en novembre 1937, Funk remplaça Schacht au ministère de l’Economie). Hitler avait stipulé que l’armée et l’économie allemandes devaient être sur le pied de guerre dans quatre ans. Il n’y eut pas d’expropriation, mais : intervention de l’Etat dans l’économie avec l’extension du Plan à l’ensemble de l’industrie, du commerce et des transports ; recherche de l’autosuffisance pour une trentaine de produits cruciaux ; connexion entre le Plan, le Syndicat du charbon de Rhénanie-Westphalie, le plus grand cartel industriel d’Europe, et l’IG Farben, la plus grande société industrielle d’Europe. Avec la fondation des Hermann Goering Reichswerke (HGR) pour l’extraction et la métallurgie du fer à partir du minerai à faible teneur de Salzgitter, un nouveau stade fut atteint : le régime passa de la direction de l’économie à la propriété et à la gestion étatiques d’une partie de l’industrie lourde*. Avec le Plan quadriennal*, Hitler avait confié la direction de l’économie de guerre à Goering, sans que les industriels allemands participent à la planification du réarmement, exceptés Carl Krauch et l’IG Farben. C’est en janvier 1942 qu’il accepta les changements dans l’organisation de l’économie que préconisait Todt et que ce dernier avait commencé à introduire à l’automne 1940. Il écarta Goering et confia à Speer la direction de l’Armement. Celui-ci restaura « l’autoresponsabilité de l’industrie », faisant participer les industriels aux comités créés pour rationaliser et augmenter la production de chaque secteur. Alors fut réalisée la « mobilisation totale » : les chiffres de la production connurent un gonflement spectaculaire malgré les bombardements aériens.

C) La société Dans le domaine de l’Etat, Hitler établit un compromis entre le corps des fonctionnaires et des officiers d’une part, le corps des chefs du NSDAP d’autre part ; dans le domaine de l’économie, il donna les pouvoirs à Schacht puis à Goering enfin à Speer. Dans le domaine de la société, il s’impliqua davantage avec Goebbels et Rosenberg pour la

** En juin 1936, Himmler était devenu chef de la Police allemande. Celle-ci était soustraite à l’Etat pour être rattaché au Parti, plus précisément à la SS, organisation (civile) qui se considérait comme un corps d’élite NS dévoué à l’exécution de la volonté du Führer. La Police fut divisée en deux sections : l’Ordnungspolizei et la Sicherheitspolizei, au sein de laquelle se trouvaient la police du maintien de l’ordre (la Sipo), la police judiciaire (la Kripo) et la police secrète (la Gestapo). S’ajoutaient le Sicherheitsdienst (SD), le service de sécurité du Parti, relevant de la SS, et l’Abwehr, le service de renseignement de la Wehrmacht. Himmler, en tant que Reichsführer SS, relevait du Parti (Hess) ; en tant que « chef de la Police allemande au sein du ministère de l’Intérieur », il relevait de l’Etat (Frick). La protection personnelle d’Hitler était confiée à la Leibstandarte SS Adolf Hitler (LSSAH).** En 1939, les HGR étaient la première entreprise publique industrielle d’Europe.** Du fait de l’augmentation énorme de l’endettement public, l’Allemagne avait emprunté une voie conduisant à la guerre. De mars 1938 à mars 1939, les coups de force d’Hitler étaient des « actes de guerre » sans effusion de sang, qui étaient caractéristiques d’une « économie de butin ». Hitler dira qu’il avait investi dans les armes toute la fortune du peuple allemand : seule une guerre rapportant des bénéfices (un empire à l’Est) était en mesure de faire fructifier cette fortune, car le peuple allemand ne serait plus en état de procéder à un deuxième réarmement.

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Propagande et la Culture*, Darré pour la paysannerie, Ley pour le DAF, Schirach puis Axmann pour la HJ. L’objectif du NSDAP était d’endoctriner et embrigader les masses pour constituer une nation engagée idéologiquement. Après avoir supprimé les organisations politiques et syndicales du « marxisme », confisqué leurs biens et internés ou bannis leurs dirigeants, il s’agissait de rallier leurs partisans à la « communauté nationale ». La question était de savoir si, au-delà de la paysannerie et des classes moyennes, le régime pouvait exercer son emprise sur le groupe le plus nombreux : la classe ouvrière. Il y parvint. Le DAF était la plus grande organisation NS ; il disposait des biens confisqués aux syndicats et des cotisations de tous les salariés et employeurs de l’industrie (23 M de personnes). Il s’employa à élever le statut du travail manuel et à diffuser une idéologie du travail. Les salaires, les prix et le crédit furent contrôlés ; le niveau de consommation s’éleva ; les congés, les assurances sociales, les allocations familiales, les logements sociaux, les loisirs furent développés* * ; les impôts augmentèrent peu et pesèrent essentiellement sur les hauts revenus, sur les entreprises et, durant le conflit, sur les bénéfices de guerre. Le chômage fut supprimé ; il y eut même pénurie de main d’oeuvre, soit une situation favorable aux salariés, mais que le régime verrouillait en remplaçant les négociations collectives par l’arbitrage de l’Etat, en contrôlant les salaires et en limitant la liberté de changer de travail. In fine, le régime réussit à galvaniser la moitié la plus jeune du peuple allemand, celle qui fit la guerre. Cependant, Hitler n’était pas capable, contrairement à Staline, d’exiger de la population qu’elle consente à une baisse de son niveau de vie : parallèlement à l’endettement public, il préféra (et il dut) spolier les Juifs et exploiter les populations des territoires occupés ou satellisés en 1939-45*.

D) L’éviction des élites traditionnelles Dans les trois secteurs réservés aux forces conservatrices : armée, diplomatie, économie, dont l’entrée leur restait difficile, les NS créèrent des organisations parallèles : la Waffen SS et le SD face à la Wehrmacht et à l’Abwehr ; l’AuslandOrganisation du NSDAP (Bohle) face au ministère des Affaires étrangères ; la Direction du Plan face au patronat. A l’automne 1937, Hitler décida de passer à la seconde étape de sa politique étrangère : le réarmement était accompli, le SMO rétabli et la Rhénanie remilitarisée. Il était persuadé qu’il ne vivrait pas vieux et que le temps travaillait contre l’Allemagne et pour l’URSS*. D’autre part, il craignait que la propagande de paix ne rende le peuple allemand incapable de recourir à la force. Après la réunion du 5 novembre 1937, Hitler comprit qu’il devait remanier l’armée et les affaires étrangères, dont les chefs s’opposaient à ses projets en Europe centrale et orientale. Fin novembre, le ministère de l’Economie passa sous le contrôle du Plan : la dictature économique de Goering s’abat sur le grand capital, pour substituer la règle de l’utilité collective militaire à celle du profit individuel. Début février 1938, Neurath fut remplacé par Ribbentrop ; les ambassadeurs à Rome, Vienne et Tokyo furent également remplacés. La relation critique était avec l’armée, qui possédait une tradition unique d’autonomie dans l’Etat. A la différence de Staline, Hitler, commandant suprême des forces armées depuis août 1934, n’opéra pas de purge du haut commandement, il en remania la structure. Le général Blomberg fut destitué, seize généraux mis à la retraite, le ministère de la Guerre supprimé et remplacé par l’OberKommando der Wehrmacht, i.e l’état-major des forces armées du Reich. L’OKW avait pour chef suprême Hitler, secondé par Keitel et Jodl. Il supervisait l’armée de terre (Heeres, OKH, Brauchitsch puis Zeitzler), la marine (Kriegsmarine, OKK, Raeder puis Doenitz) et l’armée de l’air (Luftwaffe, OKL, Goering), ainsi que la Waffen SS, force armée (terrestre) du Parti (Himmler). Hitler annonça ces changements le 4 février 1938, lors de ce qui s’avéra la dernière réunion de Cabinet du IIIème Reich.

** Au niveau de l’Etat, les Chambres de culture du Reich (Goebbels) ; au niveau du Parti, la Ligue de combat pour la culture allemande (Rosenberg).* * Durant la guerre, le revenu du chef de famille appelé sous les drapeaux fut remplacé par une pension versée par l’Etat (loi d’indemnisation pour la mobilisation dans la Wehrmacht adoptée le 28 août 1939).** De 1914 à 1918, le niveau de vie en Allemagne diminua en moyenne de 65% ; de 1939 à 1943, il augmenta, ne diminuant qu’ensuite, jusqu’à l’effondrement après 1945. Les deux tiers des prélèvements de guerre allemands provinrent de sources étrangères (160 MM de marks), sous l’appellation générale de « recettes tirées des frais d’occupation » (incluant les contributions des partenaires du Reich) ; un tiers d’Allemagne (80 MM de marks). En Allemagne même, un tiers des contribuables supportait les deux tiers des charges de la guerre. Cf. Götz Aly : Comment Hitler a acheté les Allemands. Le IIIème Reich, une dictature au service du peuple, Paris, Flammarion, 2005, pp.269-275.** Le sommet de la courbe de supériorité de l’Allemagne par rapport à la Russie fut atteint en 1905. En 1914, cette courbe avait déjà baissé. En 1933, lorsque l’Allemagne touche le fond de la dépression et que l’URSS achève le premier plan quinquennal, elle a encore baissé. Bientôt viendrait le moment où l’URSS, Etat-continent autarcique, dépasserait l’Allemagne, Etat-nation dépendant du commerce extérieur. Cf. Paul Kennedy : Naissance et déclin des grandes puissances, Paris, Payot, 1991 (1988), p.282.

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La confrontation germano-soviétique lors de la guerre civile espagnole

Avant la confrontation militaire directe de 1941-45, il y eut une confrontation militaire indirecte entre l’Allemagne et l’URSS : lors de la guerre civile espagnole* (juillet 36-avril 39). Les interventions respectives d’Hitler et de Staline dans la guerre d’Espagne montrent le caractère parallèle de leur politique étrangère en 1936-38. Tous deux avaient compris « l’effet de diversion » de la guerre en Méditerranée et l’intérêt qu’elle dure le plus longtemps possible : pour détourner l’attention occidentale de l’Autriche dans le cas allemand, des purges dans le cas soviétique. Des deux côtés, l’Espagne devint un champ d’expérimentation de matériels et de tactiques, notamment aériennes. L’URSS comme l’Italie et l’Allemagne

** L’Etat espagnol comme l’Etat russe sont nés de la lutte contre des Puissances non chrétiennes  : les Arabes dans le cas espagnol, les Mongols dans le cas russe. La conséquence en était l’importance de la religion d’Etat, catholicisme et orthodoxie. On trouvait un peuple-noyau dominant, Castillans et Russes, et des peuples minoritaires ou dominés, Catalans et Basques, Ukrainiens et Turcophones. Les sociétés demeuraient rurales au début du XXème siècle, avec des grandes propriétés et de nombreux paysans sans terre, quelques poches industrielles, un clivage entre européanisateurs et traditionalistes (afrancesados v. carlistes ou occidentalistes v. slavophiles), une tradition de violence insurrectionnelle (anarchistes ou SR). Mais l’Espagne était une monarchie parlementaire depuis 1839 avec suffrage universel en 1889 ; la Russie ne devint une monarchie parlementaire qu’en mars 1917 et pour quelques mois seulement. La (IIème) République espagnole (1931) avait de rudes adversaires : droite monarchiste et phalangiste, gauche anarchiste et communiste. Elle était gouvernée par un centre gauche (Azana) ou un centre droit (Robles) qui s’opposaient notamment sur la laïcité et la régionalisation. Le parti socialiste, avec son aile droite Prieto et son aile gauche Caballero, évoluait dans un sens révolutionnaire, au point que Caballero était appelé le « Lénine espagnol ». La droite -Bloc national de Sotelo, Phalange de Primo de Rivera, Requetes (carlistes) de Fal Condé, réunis dans une Confédération espagnole des droites autonomes (CEDA)- passait de la contre-révolution à l’hostilité envers la République. Les élections du 6 février 1936 montrèrent que deux blocs d’électeurs d’importance à peu près égale se faisaient face. Mais le mode de scrutin donna la victoire au «  Front populaire » (républicains, socialistes, communistes), majoritaire au Parlement. Les troubles sociaux se multiplièrent, cependant qu’éclatèrent les tendances centrifuges au Pays basque ou en Catalogne. Le Président Azana, qui avait succédé à Zamora, était présenté à gauche comme le « Kerenski espagnol », cependant que l’hypothèse d’un putsch militaire, facilement maîtrisable, était comparé à la tentative de Kornilov. L’assassinat de Calvo Sotelo, le 12 juillet 1936, précipita la conjuration militaire (Sanjurjo, Mola, Goded et finalement Franco). Mais celle-ci échoua. La guerre civile éclata, provoquant l’effondrement de l’Etat espagnol, dont le territoire fut bientôt scindé en un « gouvernement de Burgos » fondé sur la coalition des droites insurgées, et un gouvernement légal Front populaire (Quiroga, Barrio, Giral) déplacé à Valence (Caballero, Negrin, Besteiro).

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adhérèrent au pacte de non intervention proposé par Londres, qui prévoyait un embargo sur les armes. Mais le pacte (signé le 9 septembre 36) ne fut pas respecté : Rome et Berlin, avec Lisbonne (10000 hommes), soutenaient les forces insurgées, i.e la coalition des nationalistes dirigée par Franco (les meilleures troupes de l’armée de terre et le gros de l’encadrement, plus les partis et milices de droite, soutenus par l’Eglise) ; Moscou, les forces gouvernementales, i.e le Frente popular (le reste de l’armée de terre, la quasi-totalité d’une marine et d’une armée de l’air faibles, les syndicats et partis de gauche, les milices basques ou catalanes)  ; quant à la France du Front populaire, elle jouait le double jeu de la non-intervention officielle et de la livraison de matériel de guerre (soviétique ou français) au gouvernement espagnol. L’aide allemande (30000 hommes) décisive fut le transport aérien des troupes de Franco du Maroc à l’Espagne fin juillet 36, puis l’appui aérien (Légion Condor) des forces franquistes, en échange de la livraison et de la promesse de livraison de matières premières . L’Italie envoya 80000 hommes en tout. L’URSS, n’envoya pas de troupes, à l’exception de pilotes et de conseillers ; le Komintern leva des Brigades internationales de volontaires étrangers (il y eut en tout 50000 brigadistes), placées sous commandement communiste et équipées en matériel soviétique payé par les réserves d’or (les quatrièmes du monde) de la Banque centrale espagnole (les deux tiers de l’or avait été déposé à Moscou dès novembre 36, Staline l’exigeant comme garantie de paiement et le gouvernement espagnol craignant que Paris ou Londres bloquent plus tard cet or). Pour Hitler, les avantages étaient nets : il pouvait se présenter comme le champion de l’anticommunisme, nouer un partenariat militaire avec l’Italie et aggraver l’antagonisme entre Rome d’une part, Paris et Londres d’autre part, réduisant à néant le « front de Stresa » qui garantissait l’indépendance de l’Autriche, donc la sécurité de la Tchécoslovaquie. Staline, lui, pouvait se présenter comme le champion de l’antifascisme, à un moment où les procès de Moscou dégradaient l’image de l’URSS . Le fait que l’URSS soit la seule source sûre d’approvisionnement militaire permit au PC , qui avait constitué les milices les plus disciplinées, de dominer les forces armées de la République espagnole puis la République elle-même*, après l’élimination des trotskistes (POUM, Parti ouvrier d’unification marxiste) et des anarchistes*. Mais la supériorité militaire des nationalistes et les dissensions au sein du Frente popular donnèrent la victoire finale à Franco*.

** Suivant une stratégie, non de conquête directe, mais de contrôle des instruments clés (armée, police, information), d’emprise sur le PS et d’élimination progressive des forces rivales incontrôlables (anarchistes, trotskistes).** Ceux-ci avaient spontanément déclenché la révolution économique et sociale dans les zones qu’ils contrôlaient : « communes populaires », expropriation et collectivisation des moyens de production. Au grand dam des communistes, dont la priorité était la victoire militaire et dont la stratégie, conséquemment, visait à ne pas effrayer les classes moyennes espagnoles ni les démocraties occidentales (auxquelles l’URSS désirait s’allier). ** Après la bataille de Madrid (août 36-mars 37), qui vit l’échec des franquistes, cinq séries de batailles se déroulèrent  : avril-octobre 37, la bataille du Nord (Bilbao, Santander et Asturies) ; décembre 37-février 38, la bataille de Teruel ; juillet-novembre 38, la bataille de l’Ebre ; décembre 38-janvier 39, la prise de Barcelone ; février-mars 39, la prise de Madrid.