VENTES DE PRESTIGE D’ART MODERNE des 23 et 24 octobre 2008

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VENTES DE PRESTIGE D’ART MODERNE des 23 et 24 octobre 2008 HOTEL MARCEL DASSAULT 23 OCTOBRE 2008 HOMMAGE A HANS RICHTER 14H30 PART I – 20H 24 OCTOBRE 2008 PART II – 10H30 Exposition du 18 au 22 octobre 2008, de 11h à 19h Commissaire-priseur : Francis Briest Spécialistes Art moderne : Violaine de la Brosse-Ferrand tel : + 33 (0)1 42 99 20 32 Bruno Jaubert – tel : +33 (0)1 42 99 20 35 Artcurial Briest – Poulain - F.Tajan Hôtel Marcel Dassault. 7, Rond - Point des Champs-Elysées. Paris 8e tél : +33(0)1 42 99 20 20 – www.artcurial.com Contact presse : AM communication. Armelle Maquin - tel : +33(0)6 11 70 44 74 – + 33 (0)1 43 14 05 69 - email: [email protected]

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VENTES DE PRESTIGE D’ART MODERNE

des 23 et 24 octobre 2008

HOTEL MARCEL DASSAULT

23 OCTOBRE 2008

HOMMAGE A HANS RICHTER – 14H30 PART I – 20H

24 OCTOBRE 2008

PART II – 10H30

Exposition du 18 au 22 octobre 2008, de 11h à 19h Commissaire-priseur : Francis Briest

Spécialistes Art moderne : Violaine de la Brosse-Ferrand – tel : + 33 (0)1 42 99 20 32 Bruno Jaubert – tel : +33 (0)1 42 99 20 35

Artcurial Briest – Poulain - F.Tajan Hôtel Marcel Dassault. 7, Rond - Point des Champs-Elysées. Paris 8e tél : +33(0)1 42 99 20 20 – www.artcurial.com Contact presse : AM communication. Armelle Maquin - tel : +33(0)6 11 70 44 74 – + 33 (0)1 43 14 05 69 - email: [email protected]

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VENTES DE PRESTIGE D’ART MODERNE des 23 et 24 octobre 2008

Les ventes de prestige d’Art moderne des 23 et 24 octobre prochains proposeront près de 300 œuvres qui se distinguent par leur grande qualité, leur rareté, et le prestige de leur provenance. Nombre de ces pièces sont inédites et n’ont jamais été mises sur le marché. Les estimations globales de cette cession se situent entre 9 et 12 M€. Quelques tableaux exceptionnels dominent ces ventes : - une toile exceptionnelle de Jacques-Emile Blanche (1861-1942), La partie de tennis, 1882, sans doute son chef-d’œuvre, qu’il conserva pendant près de 50 ans, avant de l’offrir à Pierre Gilou, président de la Fédération Française de Tennis qui la légua au Racing Club de France en 1946 (estimation sur demande). - Bouquet de tulipes, circa 1908, de Kees Van Dongen (1877-1968), au sujet rarement abordé par l’artiste, provenant d’une collection particulière, France (est. 600-800 000 €) - un tableau d’ Yves Tanguy (1900-1955), Pour rompre l’équilibre, 1937, de l’ancienne collection Paul Garson, rare sur le marché par sa date et sa qualité (est. 500-700 000 €) - L’amateur d’estampes, très beau tableau d’Honoré Daumier (1808-1879), de l’Ancienne collection Docteur Albert Charpentier (est. 300-400 000 €) - une toile muséale d’Eva Gonzales, Le sommeil, circa 1877-1878, d’une rareté insigne, issue d’une collection particulière (est. 250-350 000 €) La vente proposera également un dessin au fusain d’Henri Matisse, Femme assise, 1938 (est.300-400 000 €), une toile de Jean Metzinger, Nature morte, 1918 (est.300-400 000 €), un dessin au fusain de Pablo Picasso, Eugenia Errazuriz et sa fille Carmen, circa 1918 (est.250-350 000 €), une gouache de Marc Chagall, Le violoncelliste, 1964 (est.200-300 000 €), un tableau d’Albert Marquet daté de 1935, Jardin sur le bassin d’Arcachon (est.180-220 000 €), ainsi que des œuvres importantes de Maurice Utrillo, Georges Braque, Henri Laurens … Des toiles de la collection post-impressionniste de Madame Carole Davis seront également présentées lors de la vente du 23 octobre Une sélection d’une centaine de tableaux, sculptures et collages de l’artiste dadaïste et avant-gardiste Hans Richter (1888-1976), provenant de la succession de l’artiste, sera proposée le 23 octobre (est. 600-700 000 €). Un ensemble d’une cinquantaine d’œuvres de Jean Fautrier (1898-1964), peintures, dessins et livres illustrés, provenant de la famille de l’artiste, sera vendu le 23 octobre à 20h (est. 400 000-600 000 €). Suivront une dizaine de pièces d’André Lhote issues de la collection de Monsieur X, le 23 octobre, et une dizaine d’œuvres d’Hélène d’Oettingen dite François Angiboult, provenant de l’Ancienne collection Dimitri Snegaroff, le 24 octobre

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SOMMAIRE I – Tableaux exceptionnels à divers amateurs, le 23 octobre à 20h - Jacques Emile Blanche, La partie de tennis, 1882, provenant du Racing Club de France - Van Dongen, Bouquet de tulipes, circa 1908, collection particulière, France - Yves Tanguy, Pour rompre l’équilibre, 1937, provenant de l’Ancienne collection Paul Garson - Daumier, L’amateur d’estampes, provenant de l’Ancienne collection Docteur Albert Charpentier - Eva Gonzalès, Le sommeil, circa 1877-1878, provenant d’une collection particulière II - Autres œuvres importantes à divers amateurs, le 23 octobre à 20h Pablo Picasso, Henri Matisse, Georges Braque, Maurice Utrillo, Albert Marquet, Marc Chagall, Henri Laurens, Jean Metzinger … III - Collection post-impressionniste de Madame Carole Davis, le 23 octobre à 20h IV – Hommage à Hans Richter : une centaine de pièces provenant de la succession de l’artiste, le 23 octobre à 14h30 V - Ensemble d’une cinquantaine de pièces de Jean Fautrier provenant de la famille de l’artiste, le 23 octobre à 20h VI – 10 œuvres d’Hélène d’Oettingen dite François Angiboult provenant de l’Ancienne collection Dimitri Snegaroff, le 24 octobre à 10h30 VII - 11 œuvres d’André Lhote, provenant de la collection de Monsieur X, le 23 octobre à 20h

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LA PARTIE DE TENNIS, 1882 : CHEF-D’ŒUVRE DE JACQUES-EMILE BLANCHE

ET ICONE DE LA BELLE EPOQUE Artcurial Briest-Poulain-F.Tajan vendra le 23 octobre 2008 à l’Hôtel Dassault une œuvre majeure de Jacques-Emile Blanche (1861-1942), La partie de tennis, rare huile sur toile de très grand format (220,5x285,5cm) dans la production du peintre, réalisée en 1882 et présentée la même année lors du 1er Salon des Arts Décoratifs à Paris. Cette œuvre est à l’origine de la reconnaissance de l’artiste et constitue sans doute le chef-d’œuvre de Jacques-Emile Blanche. Il s’agit de la première représentation du « lawn tennis ». Jamais cette toile n’a été présentée sur le marché. Refusant de s’en séparer, Jacques-Emile Blanche la conserva pendant plus de 50 ans avant d’en faire don au président de la Fédération Française de Tennis, Pierre Gilou, en 1934. En 1946, ce dernier la légua au très sélect Racing Club de France – institution mythique fondée en 1882. Elle ne l’a pas quitté depuis, ornant la salle à manger et où elle vit se succéder les sportifs les plus distingués du monde. La partie de tennis est vendu en collaboration avec la maison de ventes Daguerre, et avec le concours de Jane Roberts, spécialiste de l’œuvre de Jacques-Emile Blanche (estimation sur demande). Amoureux de la vie outre Manche, Jacques-Emile Blanche est naturellement le premier à prendre pour sujet le « lawn tennis », ce sport d’invention britannique qui depuis 1878 fait fureur sur les côtes bretonnes et normandes. Icône de la Belle Epoque, son tableau capte l’élégance toute anglo-saxonne d’une société internationale où domine la douceur de vivre. Sur les pelouses de Normandie, la mode venue de Londres redessine le profil de jeunes filles en fleurs dans l’ombre fraîche du terrain de jeu. Autour de quelques verres de « soda-water », les joueuses ont posé leur raquette pour laisser filer sur l’herbe un après-midi de loisir que rien ne saurait troubler. Des rivages français aux bords de la Tamise, il n’y a qu’un pas. Jacques-Emile Blanche le franchit en permanence. A l’horizon de La partie de tennis, son admiration pour Manet, auteur du célèbre Déjeuner sur l’herbe : « l’influence de Manet crève les yeux sans que ce soit un pastiche », commente Blanche. Et la jeune femme rêveuse qui apparaît au premier plan du tableau, Henriette Chabot, n’est autre qu’un modèle du maître impressionniste. Les influences de Londres, de son ami James Tissot, et du grand Whistler, sont tout aussi sensibles. A la modernité du sujet abordé, répond celle d’une œuvre précoce et maîtresse, aux sources de laquelle le peintre viendra longtemps puiser.

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JACQUES-EMILE BLANCHE (1861-1942) Peintre d’abord, mais aussi écrivain, mémorialiste et critique attentif, Jacques-Emile Blanche est un témoin de tout premier ordre de son temps. Sa vie et son œuvre sont le reflet d’une époque de profondes correspondances entre les arts, et constituent une chronique particulièrement éclairante de la modernité émergeant d’un siècle à l’autre. Le dénombrement de ceux qu’il côtoie et dont il fait le portrait semble infini, et montre combien il porte un regard libre et intelligent sur cette modernité. Citons seulement : Proust, Gide, Valéry, Mallarmé, Joyce, James, Maeterlinck, Jacob, Cocteau, de Noailles, Colette, Crevel, Woolf parmi les auteurs ; Degas, Monet, Sickert, Denis, parmi les peintres ; Debussy, Fauré, Ravel, Poulenc, Stravinski parmi les musiciens. Ajoutons les danseurs Nijinski et Ida Rubinstein… Son histoire et sa sensibilité le poussent très tôt à se passionner pour la culture anglo-saxonne qui imprègne son œuvre entière. Né à Paris – où son père, le célèbre médecin aliéniste de Nerval et de Maupassant, reçoit ses patients – il passe, enfant, toutes ses vacances en Normandie, à Dieppe. Et embarque vers l’Angleterre à neuf ans à peine, seul aux côtés de sa nourrice, pour fuir les bombes de la guerre de 1870. Il y apprend très vite la langue, et découvre les fastes de l’époque victorienne. Plus tard, il y retourne si régulièrement – y vivant même plusieurs années de suite – qu’il est assimilé par certains critiques aux artistes britanniques contemporains. Depuis Londres, il écrit en 1886 : « je retrouve toujours mes impressions dans cette ville unique. Tout y est d’un intérêt supérieur ». L’amitié partagée avec les peintres Tissot, Sargent, Sickert, et avec Whistler dont il admire en particulier le travail, renforce encore ce lien singulier avec l’Angleterre. En 1879, le père de Jacques-Emile Blanche lui fait construire deux spacieux ateliers, dans le parc de sa maison parisienne, et à Dieppe, face à la mer. Parallèlement, Jacques-Emile Blanche s’applique à copier les maîtres anciens au Louvre et y reçoit les conseils de Degas. Suit la rencontre enthousiaste de Renoir à Dieppe. Mais il n’entrera dans l’atelier d’aucun de ces deux maîtres, car ses dieux sont surtout Ingres, Corot, et Manet. En 1880, seul Manet, qui ne prend pas d’élèves, était encore en vie. Il lui donne cependant ses conseils, et l’invite un après-midi de 1881 à venir peindre dans son atelier, où il le sacre alors « peintre à ses yeux ». Son influence restera toujours sensible. En 1881, Blanche commence à fréquenter l’atelier d’Henri Gervex (1852-1929), puis à partir de 1885, l’« académie de peinture » – fondée par ce dernier et Jacques-Fernand Humbert (1842-1934) – où il côtoie Seurat, Signac et Angrand. Les œuvres de Jacques-Emile Blanche sont notamment conservées dans les collections du Musée d’Orsay, au Petit Palais, à Paris, et la Tate Gallery de Londres. Entre 1921 et 1933, le peintre donne au Musée des Beaux-Arts de Rouen plus d’une centaine de ses œuvres. En 1997, celui-ci lui a consacré une importante rétrospective rendant ainsi hommage à son amour de la Normandie qu’il ne se lassa jamais de représenter, et où il s’installa définitivement en 1902, jusqu’à sa mort.

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Jacques-Emile BLANCHE (1861-1942) LA PARTIE DE TENNIS, 1882 Huile sur toile signée et datée "1882" en bas à droite 220,50 x 285,50 cm Provenance : Don de Jacques-Emile Blanche à Pierre Gilou en 1934 Legs de Pierre Gilou au Racing Club de France en 1946 et exposé dans la salle à manger du Racing Club de France jusqu’en 2006 Expositions : Paris, 1er Salon des Arts Décoratifs, Section: classe III - Peinture décorative, 1 er mai-15 juillet 1882, n°88 Paris, Hôtel Charpentier, "Mes modèles, images pour l'illustration des mémoires 1881-1929", 2-26 mai 1929 Paris, Galerie de l'Orfèvrerie Christofle, "Les sports et leurs trophées de la Grèce antique aux temps modernes", 20 mars-15 avril 1944, n°206, page 83, reproduit page 85 Rouen, Musée des Beaux-Arts, "Jacques-Emile Blanche", 1997, reproduit page 150 Bibliographie : Revue du Racing, n°318 (spécial), septembre 1975, reproduit Mireille Bialek, "Jacques-Emile Blanche à Offranville, peintre-écrivain", Mairie d'Offranville-Musée Jacques-Emile Blanche, 1997, reproduit page 28 Cette oeuvre sera incluse au catalogue raisonné actuellement en préparation par Madame Jane Roberts Estimation sur demande

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KEES VAN DONGEN, BOUQUET DE FLEURS, CIRCA 1908

Kees VAN DONGEN (1877-1968) BOUQUET DE TULIPES, CIRCA 1908 Huile sur toile signée en haut à droite 73 x 60 cm Provenance : Collection particulière, France Expositions : Paris, Galerie Druet, 1908 Paris, Galerie Georges Petit, juin 1930 Paris, Galerie Zalber, "Van Dongen, Dessins et importants tableaux", juin-octobre 1963 Estimation : 600 000-800 000 €

Ce tableau exceptionnel fait partie des rares bouquets réalisés par Van Dongen. Il est inspiré des œuvres hollandaises du XVIIIe siècle qui traitent souvent le sujet. Retour aux sources donc pour l’artiste, jusque dans le choix des fleurs : des tulipes. L’environnement, ponctué de taches colorées délirantes, est fortement marqué par le fauvisme.

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YVES TANGUY : POUR ROMPRE L’EQUILIBRE, 1937

Yves TANGUY (1900-1955) Pour rompre l’équilibre,1937 Huile sur toile signée et datée "37" en bas à droite 55 x 45 cm Provenance : Ancienne collection Paul Garson, Paris Resté dans la famille par descendance jusqu'à ce jour Estimation : 500 000-700 000 €

1923 : un tableau de Giorgio de Chirico, Le cerveau de l’enfant, déclenche la vocation de peintre d’Yves Tanguy. Le choc est immédiat et profond. Surréaliste à part entière dès 1925, il participe très activement à l’effervescence créatrice du mouvement. Pour rompre l’équilibre est exécuté en 1937. En 1938, l’artiste choisira cette toile pour qu’elle figure dans l’exposition du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles : René Magritte, Man Ray, Yves Tanguy. A l’époque, il jouit déjà d’une reconnaissance internationale suite à ses premières expositions personnelles aux Etats-Unis, notamment à la Julien Levy Gallery de New York. On retrouve dans cette œuvre tous les ingrédients qui font la qualité exceptionnelle et la beauté étrange qui caractérisent le travail de Tanguy : vaste étendue où ciel et terre se confondent, lumière laiteuse, formes biologiques et inconnues, silence des épaves pétrifiées. Les pièces de cette période et de cette qualité sont aujourd’hui rares sur le marché.

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HONORE DAUMIER : L’AMATEUR D’ESTAMPES

Honoré DAUMIER (1808-1879) L'AMATEUR D'ESTAMPES Huile sur panneau 31 x 25 cm Provenance : Ancienne collection Docteur Albert Charpentier, Paris Resté par descendance dans la famille jusqu'à ce jour Estimation : 300 000- 400 000€

De Daumier, on connaît la plume caustique ; on connaît moins la peinture. De son vivant, celle-ci resta quasiment ignorée. Sa production fut confidentielle : 300 œuvres sont aujourd’hui répertoriées (contre 4000 œuvres sur papier). La peinture fut son jardin secret. L’artiste tînt son pinceau avec autant d’audace que son crayon : il peignit avec liberté. Libéré des contraintes académiques et des règles à respecter, Degas, Monet, Van Gogh, puis Munch, Picasso et Giacometti admirèrent sa fascinante émancipation. Car Daumier ne fut rien d’autre qu’un précurseur de la peinture moderne. Le thème de l’amateur d’art a été souvent abordé par Daumier. Il est intéressant de constater que les collectionneurs des tableaux intitulés L’Amateur d’estampes portent tous des noms célèbres dans le monde artistique : Madame Jacques Doucet, Le marchand Brame, le peintre Camille Corot … Notre tableau appartint au Docteur Albert Charpentier, illustre collectionneur. Mais Daumier était fâché avec les chiffres et ne datait pas ses œuvres, ce qui explique ici l’absence de date. Ce tableau figurera au supplément du Catalogue Raisonné de l'œuvre de Daumier par K.E Maison, actuellement en préparation par le Comité Honoré Daumier.

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LE SOMMEIL, CIRCA 1877-1878 : PIECE MUSEALE D’EVA GONZALES

Le sommeil est l’un des tableaux les plus forts d’Eva Gonzales. Exécuté en 1877-1878 dans une technique virtuose, cette toile est sans aucun doute l’un des chefs-d’œuvre de l’artiste impressionniste. Il forme une paire avec Le réveil qui appartient au Musée de Brême (Allemagne). Du fait de son décès précoce à l’âge de 34 ans, la production de l’artiste est limitée. Ses œuvres majeures se trouvent soit dans les musées américains - National Gallery of Art de Washington, The Art Institute de Chicago, The Minneapolis Art of Institute de Minneapolis et The Wadsworth Atheneum de Hartford - soit en mains privées. La qualité exceptionnelle de la toile Le sommeil lui confère une rareté plus grande encore. Fille du romancier Edouard Gonzales et d’une musicienne, Eva Gonzales naît en 1847 et grandit dans un milieu cultivé. Dotée d’un caractère fort, elle décide de devenir peintre. Elle sera l’unique élève d’Edouard Manet. Aux côtés du maître incompris de ses pairs, elle se tourne résolument vers l’avant-garde. L’influence du peintre de l’Olympia va marquer fortement ses meilleures œuvres. Le sommeil, demeuré dans son atelier, fut montré pour la première fois à l’exposition rétrospective de 1885 qui était consacrée à l’artiste dans les salons du journal la Vie Moderne. Etaient présents Pierre-Auguste Renoir, Alphonse Daudet, Octave Mirbeau, Stéphane Mallarmé, et Edgar Degas. Touche fougueuse, réalisme et transparence des tissus et étude vibrante de la lumière montrent combien Eva Gonzalès est digne des plus grands impressionnistes dans ses meilleures toiles.

EVA GONZALES (1847-1881)

LE SOMMEIL, circa 1877-1878 Huile sur toile, porte le cachet de l'atelier en bas à droite, 81 x 100 cm Provenance : Moniard, 1885 Jeanne Guérard-Gonzalès, Paris Jean-Raymond Guérard, Paris, 1924 Collection particulière Expositions : Paris, Salons de la Vie Moderne, 1885, Eva Gonzalès, n° 66 Paris ; Grand Palais des Champs Elysées, 1907, Salon d'automne, n° 4 ; Paris, chez MM. Bernheim-Jeune, 1914, Eva Gonzalès, n° 4, reproduit ; Principauté de Monaco, Sporting, 1952, Eva Gonzalès, n° 4 ; Paris, Musée Marmottan, 1993, Les Femmes Impressionnistes, Mary Cassat, Eva Gonzalès, Berthe Morisot, n° 37, reproduit Estimation : 250-350 000 €

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HENRI MATISSE, JEAN METZINGER, PABLO PICASSO, MARC CHAGALL, ALBERT MARQUET, HENRI LAURENS, GEORGES BRAQUE, MAURICE UTRILLO

Henri MATISSE (1869-1954) Femme assise, 1938 Fusain sur papier signé et daté "5/38" en bas à droite 61 x 41 cm Provenance : Collection particulière, Paris Estimation : 300 000-400 000€

A la fin des années 30, le dessin au fusain était devenu pour Matisse une préoccupation dominante. Exécutée en mai 1938, cette très belle pièce illustre la grande maîtrise de la technique du dessin de Matisse à la fois dans la sobriété du noir et blanc et dans la puissance du trait.

Jean METZINGER (1883-1956) NATURE MORTE, 1918 Huile sur toile signée en bas à droite 73 x 92 cm Provenance : Galerie de l'Effort Moderne, Léonce Rosenberg, Paris Galerie Simone Heller, Paris Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel, en 1963 Expositions : Paris, Galerie de l'Effort Moderne, novembre 1919 Paris, Galerie de L'Effort Moderne, "Les maîtres du cubisme", novembre 1921 Paris, Galerie Georges Petit, juin 1930 New York, K.S. Dreier, Société Anonyme, 1926-1927 Estimation : 300 000-400 000€

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Pablo PICASSO (1881-1973) EUGENIA ERRAZURIZ ET SA FILLE CARMEN, CIRCA 1918 Dessin au fusain sur papier signé et dédicacé "A mis amigas Eugenia y Carmen" en bas à droite 61 x 40,50 cm Provenance : Ancienne collection Madame Errazuriz Collection particulière, Paris Estimation : 250 000-350 000 €

Ce portrait, inconnu jusqu’à aujourd’hui, permet de rappeler qui fut Eugenia Errazuriz pour Picasso : une muse. De 20 ans son aînée, la belle chilienne entretint avec lui des relations d’affection et de travail entre 1917 et 1925. Elle était fière de côtoyer celui qu’elle considérait comme le plus grand artiste du monde, et l’introduisit auprès de l’aristocratie, de la grande bourgeoisie, des milieux artistiques et des marchands. Elle joua auprès de l’artiste un rôle déterminant pour sa carrière. C’est le seul portrait d’Eugenia Errazuriz en pied.

Marc CHAGALL (1887-1985) LE VIOLONCELLISTE, 1964 Gouache, pastel, encre de Chine et lavis d'encre sur papier japon signé en bas à gauche 90 x 61,40 cm Provenance : Collection particulière, Paris Estimation : 200 000-300 000€

Albert MARQUET (1875-1947) JARDIN SUR LE BASSIN D'ARCACHON, 1935 Huile sur toile signée en bas à droite 61 x 50 cm Provenance : Svensk-Franska Konstgalleriet, Arsenalsgatan, Stockholm Collection Turitz, Göteborg (acquis auprès de celle-ci dans les années 1930 1940) Resté par descendance dans la famille jusqu'à ce jour Estimation : 180 000-220 000 €

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Henri LAURENS (1885-1954) FLÛTE ET GUITARE, 1917 Papier collé, fusain et craie blanche sur carton signé et daté "1917" au crayon en bas à droite, contresigné et dédicacé à l'encre au dos "A Monsieur de Léché en souvenir de sa visite avec Léger – de l'atelier de l'E.l.V. (Etang-la-Ville), avril 1930, Amicalement, Henri Laurens" 36 x 48 cm Provenance : Ancienne collection du Vicomte Alain de Léché, Paris, acquis auprès de ce dernier par l'actuel propriétaire en 63 Estimation : 160 000-200 000 €

Georges BRAQUE (1882-1963) LE CANARD, 1956 Huile et gouache sur carton marouflé sur panneau, monogramme en bas à droite, 59 x 84 cm Provenance : Collection de l'artiste ; cadeau de l'artiste à l'actuel propriétaire Exposition : Venise, XXIX Biennale internationale d'art, 15 juin-19 octobre 1958, n°2 ; Rome, Palais Barberini, décembre 1958 ; Cincinnati, The Contemporary Art center ; Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts ; Strasbourg, Musée d'Art Moderne, "Braque en Europe", 4 mai-28 novembre 1982 ; Bâle, Kunsthalle, n°0097 Estimation : 120 000-160 000 €

Maurice UTRILLO (1883-1955) L’EGLISE DE GROSLAY, CIRCA 1910 Huile sur toile signée en bas à droite 55 x 73 cm Provenance : Ancienne collection Docteur Albert Charpentier, Paris Resté par descendance dans la famille jusqu'à ce jour Estimation : 120 000-160 000 €

Cette œuvre provient de la prestigieuse collection du Docteur Albert Charpentier qui comprenait des œuvres de Matisse, Cézanne, Monet, Renoir, Marquet ou encore Vuillard et fut partiellement vendue à Paris en 1954. Après avoir rejeté l’impressionnisme qu’il jugeait « misérable » pour peindre selon sa vérité, Maurice Utrillo pratique une peinture sombre les premières années (1903-1909), puis aborde la période dite blanche de sa création (1910-1915), à laquelle appartient L’Eglise de Groslay. Ce tableau date du tout début de cette période. L’artiste poursuit une peinture sur le motif, habité par une grande exigence de rendre la réalité. Il fait ici la démonstration de la prodigieuse diversité des blancs qu’il utilise pour y parvenir. Il écrase ses blancs au couteau et les enrichit de plâtre, de chaux et de sable pour intensifier le rendu de la matière des murs de l’église. Les vues de Paris et des villages de la banlieue sont un thème récurrent dans l’ensemble de son œuvre.

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COLLECTION POST-IMPRESSIONNISTE DE MADAME CAROLE DAVIS 5 ŒUVRES DE LOUIS VALTAT, 3 ŒUVRES D’ALBERT MARQUET, 1 ŒUVRE DE CHARLES CAMOUIN, 1 ŒUVRE D’EUGENE BOUDIN

Eugène BOUDIN (1824-1898) ENVIRONS D'HONFLEUR, MAREE BASSE, CIRCA 1854-1857 Huile sur panneau signé en bas à droite 28 x 35 cm Provenance : Vente Palais Galliera, Paris, 8 décembre 1961, n°26 Galerie Etienne Sassi, Paris Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel Collection Madame Carole Davis Estimation : 80 000-100 000€ Albert MARQUET (1875-1947) LA VILLE ET LA MOSQUEE, 1923 Huile sur toile signée en bas à droite, annotée par Marcelle Marquet " La Mosquée 23 mm" au dos 50 x 65 cm Provenance : Ancienne collection de Madame Albert Marquet Galerie Etienne Sassi, Paris Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel, circa 1989 Collection Madame Carole Davis Expositions : Belgrade, Musée Narodni, "Albert Marquet", juin 1960, n°13 Estimation : 100 000-120 000€ Louis VALTAT (1869-1952) VASE DE CHARDONS, 1934 Huile sur toile signée en bas à droite 65 x 54 cm Provenance : Galerie Matignon Saint-Honoré, Paris Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel, avril 2004 Collection Madame Carole Davis Estimation : 60 000-80 000€

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HOMMAGE A HANS RICHTER

UNE CENTAINE DE PIECES PROVENANT DE LA SUCCESSION DE L’ARTISTE

Berlin – Zürich – New York

La vente Hommage à Hans Richter propose une centaine de pièces retraçant le parcours singulier de l’artiste dadaïste et avant-gardiste - tableaux, dessins, sculptures, et collages. Cet ensemble, qui provient de la succession de l’artiste, est estimé 600-700 000 €. Pionnier en perpétuelle expérimentation, Hans Richter (1888-1976) a réalisé une œuvre novatrice et protéiforme qui est la combinaison unique d’un travail acharné de peintre et de cinéaste. Les pièces présentées font écho à l’exposition estivale consacrée à Hans Richter, et organisée par Artcurial Briest-Poulain-F.Tajan à l’Hôtel Marcel Dassault jusqu’au 30 septembre. C’est la première exposition monographique de cette envergure depuis celle qui fut dédiée à l’artiste au Kunsthaus de Zürich en 1982. Témoignant de l’importance de l’œuvre de Hans Richter, des expositions monographiques sont en préparation, dans plusieurs musées européens – à Berlin, et à Zürich – et au LACMA (Los Angeles Contemporary Museum of Art). AU CENTRE DES AVANT-GARDES Le trajet artistique de Hans Richter noue des liens entre les grands mouvements d’avant-garde du début du XXe siècle. Formé au sein de l’Expressionnisme allemand à Berlin, il fait un court détour par le Cubisme. Sa période expressionniste est illustrée dans la vente par la toile Arbeiter (Les travailleurs), 109x80cm, de 1913, estimée 50 000-70 000 € et par quelques dessins de cette époque dont Africa, dessin au fusain de 191, 41x31cm, (est. 2 500-3 000 €), et Strasse, dessin à l’encre rehaussé de gouache, 1914, 29x20cm, (est. 5 000-6 000 €). Très vite, l’artiste entrevoit un art affranchi du sujet et qui libère la forme et la couleur. Zürich, 1916 : il rencontre Jean Arp, Tristan Tzara et les autres protagonistes du mouvement Dada. Les conventions explosent. Dada adopte un credo : Improviser. Richter le fera sien. La liberté absolue est au rendez-vous. Dès 1917, il prend une part active aux expositions (Zürich, Berlin), et publications des dadaïstes. Il peint alors « ces portraits visionnaires », représentant ses amis dadaïstes, animés de couleurs explosives et d’une liberté formelle « sans inhibitions ». Il cherche encore sa voie.

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Son très vif intérêt pour le portrait se poursuit dans une série de Têtes dada, utilisant exclusivement le noir et le blanc. Le Portrait du Dr.Levin, dessin à l’encre et mine de plomb, daté 1917, 26x21cm, est estimé 2 000-2 500 €. Ayant participé à de nombreuses expositions à New York, Berlin, Munich et Zurich, Dada Kopf, dessin à l’encre et mine de plomb, 1917, 27x20cm, est proposé à 4 000-5 000 €. Souvent exposé aussi, Dada Kopf Redner ou Orator, linogravure et rehauts de Gouache, 1918, 24x17cm, est estimé 2 000-2 500 €.

Hans Richter, Portrait du Dr.Levin, Hans Richter, Dada Kopf, 1917 1917, Est : 2 000-2 500 € Est : 4 000-5 000 € Hans Richter se lance dans une peinture quasi abstraite, influencée par le constructivisme et fondée sur la décomposition du mouvement. Abstraktion, dessin à la mine de plomb et crayons de couleur sur papier de 1919, 26x18cm, illustre les débuts de cette évolution (est. 5 000-6 000 €). A partir de 1919, Richter cherche à introduire un rythme temporel dans sa peinture. Il s’inspire de l’ancienne tradition chinoise des rouleaux et réalise ses premiers tableaux rouleaux. Les formes s’enchaînent sur de longues bandes de toile : il découvre un dynamisme de l’expression jusque-là inédit et qui marquera durablement son œuvre. Les années 20 sont consacrées au cinéma et à l’écriture. Du rouleau à la pellicule, il n’y a qu’un pas, que Richter va franchir en 1921 avec Rythme 21, l’un des premiers films abstraits de l’histoire du cinéma. Ses films se succèdent, s’apparentant à Dada puis au Surréalisme. En 1947, son film Dreams that money can buy obtient le prix international de la Biennale de Venise « pour la meilleure contribution originale au progrès du cinéma ». A partir de 1921, Hans Richter croisera sans relâche recherches picturales et cinématographiques.

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DU TABLEAU ROULEAU AU PRO CONTRA En 1940, il quitte l’Europe pour les Etats-Unis. Nommé directeur de l’Institut Cinématographique au City Collège de New York en 1942, il continue de peindre de façon intensive. Ses œuvres, fortement marquées par l’abstraction géométrique, conjuguent rythme et mouvement. Citons Rythmical scroll, rouleau rythmique de 1942, huile sur toile, 38x131cm, estimé 8 000-10 000 € et Counterpoint variation, huile sur toile de 1943, 64x34cm, (est. 15 000-20 000 €). Hans Richter, Rythmical scroll, 1942, Hans Richter, Counterpoint variation, 1943 Est : 8 000-10 000 € Est : 15-20 000 € Hans Richter réalise dans les années 40 et 50 des grands rouleaux qui sont la fusion de son travail pictural et cinématographique. Ses œuvres font l’objet d’expositions personnelles à New York, Chicago, San Francisco, Paris, Bâle, Amsterdam. Parmi les travaux préalables à la réalisation des grands rouleaux, la vente présente Twilight-Night-Dawn (triptyque pour une variation des rêves), huile sur cartons toilés montés sur panneau, 30x92cm, 1949, estimée 15 000-20 000 €. Cette pièce a participé à de nombreuses expositions – Berlin, Zurich, Rome, Amsterdam et Turin. Hans Richter, Twilight-Night-Dawn, 1949, Est : 15 000-20 000 €

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Major to minor variation triptych, triptyque vertical, huile sur toile de 1959, 37x31cm, est proposé 10 000-15 000 €. La vente salue cette étape majeure de l’œuvre de l’artiste avec une très belle peinture rouleau de 1957, Fugue # 57, 193x38cm, estimée 5 000-7 000 €. Hans Richter, Major to minor variation triptych, 1959, Hans Richter, Fugue # 57, 1957, Est : 10 000-15 000 € Est : 5 000-7 000 € Jusqu’au bout, le portrait restera un sujet de prédilection pour l’artiste qui poursuit son travail sur les têtes dada. Dada head variation Arp, huile et collage sur toile de 1958, 69x49cm, est estimée 18 000-20 000 €, tandis que Tête dada IV, feutre et crayon sur papier, 1969, 26x18cm, est proposé 2 000-2 500 € et Dada head variation, dessin au fusain sur papier, 1970, 28x19cm, 1 500-2 000 €. Hans Richter, Dada head variation Arp, 1958, Est : 18 000-20 000 €

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Dans les années 60, son travail aboutit aux Pro Contra : en utilisant des carrés qu’il divise, il réussit à établir une nouvelle forme de continuité, obtenant des variations d’expression infinies pour ses reliefs ou de couleurs pour ses toiles, en utilisant le même module dans différentes positions. Une maquette Pro contra, travail préparatoire circa 1960, collage de carton contrecollé sur panneau, 21x28cm, est estimée 2 000-2 500 €. La vente propose un très bel ensemble d’une quinzaine de Pro contra parmi lesquels Cohesion VII, relief en métal et bois sur panneau de 1967, 75 x 89 cm, (est. 6 000-7 000 €), Pro und contra # 48, relief en bois polychrome de 1968, 79x 79cm, (est. 10 000-12 000 €) et Pro contra variation, relief en bois peint de forme tondo de la même année, diamètre 58,5 cm (est.10 000-15 000 €). Plus tardif, Dada head after a drawing 1918, relief en bois découpé et peint, est daté de 1974, 75x65 cm, (est. 8 000-10 000 €). Hans Richter, Pro und contra # 48, 1968, Hans Richter, Dada head after a drawing 1918, Est : 10 000-12 000 € 1974, Est : 8 000-10 000 €

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COUP DE PROJECTEUR SUR JEAN FAUTRIER AVEC UN ENSEMBLE DE 50 ŒUVRES

Artcurial Briest-Poulain-F.Tajan propose un très beau coup de projecteur sur l’œuvre de Jean Fautrier, peintre, dessinateur et graveur, avec un ensemble de 50 œuvres couvrant l’ensemble de son parcours artistique. Au total douze toiles, vingt-six œuvres sur papier, quatre livres illustrés, et une dizaine d’estampes seront proposés pour une estimation comprise entre 400 000 et 600 000 €. Ces pièces proviennent de la famille de l’artiste. Figure centrale du renouvellement de l’art français entre les années 30 et 60, Jean Fautrier (1898-1964) est considéré comme le père de la figuration informelle. Artiste au parcours somptueusement solitaire, il fut, selon le mot de Jean Paulhan, « l’un des peintres les plus exigeants et les plus virtuoses de sa génération ». Malgré une force immense, son œuvre est restée à l’écart du marché parce qu’elle n’appartenait pas aux grands courants de l’époque. FAUTRIER PEINTRE Les toiles illustrent toutes les époques de la production de l’artiste. Celles des années 20, assez méconnues malgré leur singularité et leur beauté, sont évoquées par Portrait de jeune fille, 1925 (35x27cm), Petit nu noir, 1926 (35x27cm), Le lapin écorché, nature morte de 1926 également (65x80cm), et Peinture en jaune et gris, 1929 (33x41cm), tableau qui accréditera plus tard l’antériorité de l’informel chez l’artiste. Ces œuvres caractérisées par une figuration allusive et une palette sombre sont estimées 20-30 000 €. Les trois dernières ont été présentées à la rétrospective Jean Fautrier du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1964. Jean Fautrier, Petit nu noir, 1926, Jean Fautrier, Peinture en jaune et gris, 1929, Est : 20-30 000 € Est : 20-30 000 €

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Petit nu noir, 1926. Noir sur fond noir. Figure hiératique, immobile, silencieuse. Cette toile s’apparente à ces Nus noirs dont le Centre Pompidou conserve un exemple. Le corps de la femme surgit d’un fond très sombre qui évoque les ténèbres. Ce tableau, qui se situe au plus fort de l’époque noire de Fautrier (1925-1926), a appartenu à Paul Guillaume et a été racheté par l’artiste. Soutenu par les galeristes les plus influents de son temps, Jean Fautrier marche rapidement vers la célébrité : dès 1926, il expose ses œuvres chez Léopold Zborowski aux côtés de Soutine, Kisling, Utrillo et Derain et en 1927, il signe un contrat avec Paul Guillaume. 1928-1930 : il travaille d’arrache-pied au projet d’illustration de l’Enfer de Dante, à la demande d’André Malraux. Mais l’ensemble est jugé trop abstrait par les Editions Gallimard qui renoncent à la publication. L’échec de l’Enfer affecte profondément Fautrier. 1930 : la crise économique touche durement artistes et marchands ; Paul Guillaume rompt son contrat avec Fautrier qui traverse une période dramatique au cours de laquelle il peint très peu. Totalement démuni, il quitte Paris pour les Alpes et devient moniteur de ski à Tignes. Parmi les rares tableaux réalisés pendant cette période difficile, trois seront présentés à la vente : Les arbres I, 1937, 39x40cm, (est. 12-15 000 €), Sans titre, 1938, 34x41cm, (est.35-45 000 €), et Nature morte, 1939, 39x54cm, (est. 25-35 000 €). Ces œuvres qui sont parmi ses premières huiles sur papier marouflé sur toile marquent son abandon définitif de la toile. Fautrier se remet vraiment à la peinture en 1940 et commence à peindre dans sa technique matiériste, les hautes pâtes, ce qui deviendra les Otages. Il conservera la technique de cet enduit épais et travaillé qui constitue l’une des singularités de sa peinture jusqu’à la fin de sa vie. Une mixtion mêlant huile, pastel broyé, aquarelle, encre, colle, essence … De cette époque, Sans titre, huile sur papier marouflé sur toile exécutée vers 1943 (27x35 cm), de la veine de la série emblématique des Otages, bien que n’ayant pas reçu de nom. Si le sujet garde ici son mystère, la matière règne en maître (est. 60-80 000 €). Plus tardif, Visage triste, circa 1954, huile, encre, et pastel marouflé sur toile (27x22cm) est estimé 50-70 000 €. Jean Fautrier, Visage triste, circa 1954 Jean Fautrier, Sans titre, circa 1943, Est : 60-80 000 € Est : 50-70 000 €

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FAUTRIER DESSINATEUR Fautrier est un dessinateur. Trait rageur, nervosité, élégance, le caractère entier et révolté de l’artiste trouve dans le dessin une forme d’exutoire ; il est souvent l’ultime répétition avant la gravure des livres. Deux ensembles de dessins seront proposés, les premiers datent des années 1943 à 1945, les autres des années 1956 à 1960. Ils ont pour sujet quasi unique le nu féminin. A l’encre ou au fusain, ces pièces, situées entre figuration et abstraction et caractérisées par une grande rapidité d’exécution sont estimées entre 1 500 et 4 000 €. Citons Têtes d’otages, encre bleue sur papier de 1943, 27x22cm, (est. 3 000-4 000 €), et Sans titre, lavis d’encre et encre sur papier, circa 1960, 32x49cm, (est. 2 500-3 500 €). Jean Fautrier, Têtes d’otages, 1943 Jean Fautrier, Sans titre, 1960, Est : 2 500-3 000 € Est : 3 000-4 000 € FAUTRIER GRAVEUR L’œuvre gravé de Jean Fautrier apparaît comme le fruit d’une activité primordiale pour l’artiste. Ses formidables gravures ont parti liée avec le dessin et vice-versa. Après l’échec de l’Enfer, Fautrier débute en 1942 une longue collaboration avec l’éditeur Georges Blaizot. Quatre des ouvrages importants qu’il réalise avec ce dernier sont présentés dans la vente. 1942 : Fautrier crée des eaux-fortes et aquatintes en couleur pour illustrer Orénoque et des lithographies pour Lespugue, deux recueils de poèmes de Robert Ganzo. La vente propose le n°67 d’Orénoque sur une édition totale de 84 exemplaires (est. 2 500-3 500 €) et l’un des 20 exemplaires réservés à l’auteur et à l’artiste de Lespugue (est. 4 000-5000 €). 1944 : il entreprend l’illustration de L’Alleluliah de Georges Bataille – 18 lithographies en violet et 18 gravures en noir et blanc. L’ouvrage sera publié en 1947. L’exemplaire présenté ici est exceptionnel puisqu’il est l’un des 20 exemplaires à comporter 9 dessins originaux à l’encre et une suite à l’eau-forte. Il est estimé 30-40 000 €. 1947 : il illustre superbement le poème d’André Frénaud, La femme de ma vie (est. 6 000-8 000 €).

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LUMIERES SUR UNE PERSONNALITE HORS DU COMMUN : HELENE D’OETTINGEN DITE FRANÇOIS ANGIBOULT

PEINTRE RUSSE AU CENTRE DES AVANT-GARDES

10 ŒUVRES PROVENANT DE L’ANCIENNE COLLECTION DIMITRI SNEGAROFF

Arrivée d’Ukraine à Paris vers 1902, Hélène d’Oettingen (1887-1950) prend très vite place au centre des avant-gardes. Elle vit une passion avec le florentin Ardengo Soffici et assiste à la naissance du Futurisme. Avec son cousin Serge Férat et Guillaume Apollinaire, elle assure à l’initiative du poète la renaissance de la célèbre revue Les Soirées de Paris, puissant vecteur de diffusion du Cubisme en Europe. Et partage avec Apollinaire une amitié qui durera toujours. Max Jacob l’admire, Archipenko la surnomme sa « Barynia » et lui offre ses œuvres, elle apprend le russe à Picasso, Modigliani et Survage font son portrait. Avec ce dernier, elle vit l’une de ses plus belles histoires d’amour. Multiple, sa personnalité séduit et fascine. Elle est aussi forte qu’énigmatique. Peintre sous le pseudonyme de François Angiboult, écrivain sous le nom de Roch Grey, et poète sous celui de Léonard Pieux, elle a construit une œuvre à la fois nourrie d’avant-gardisme et tournée vers l’imaginaire russe de son enfance. En témoigne le très bel ensemble de 10 œuvres de François Angiboult présenté par Artcurial Briest-Poulain-F.Tajan le 24 octobre prochain. Cet ensemble provient de l’Ancienne collection Dimitri Snegaroff et a été conservé par descendance dans la famille jusqu'à ce jour. Dimitri Snegaroff, russe émigré à Paris en 1907, fut activiste révolutionnaire avant de diriger l’imprimerie Union consacrée à l’art et aux avant-gardes. Sa première commande importante, en 1913, la revue Les Soirées de Paris, l’invite à collaborer étroitement avec Apollinaire, Serge Férat et Hélène d’Oettinguen. Fidèle de la communauté russe, il a construit une impressionnante collection autour de ses peintres. Les œuvres de François Angiboult sont très rares sur le marché. A l’Hôtel Marcel Dassault, celles qui composaient la vente Hommage à Serge Férat le 22 octobre 2007 étaient toutes enlevées, certaines multipliant très largement leur estimation, et les deux plus hauts prix pour les œuvres de l’artiste étaient obtenus le 22 février 2008, Architecture, huile sur toile (99x72cm) emportée à 69 400 € (est. 8 000-12 000 €), et Bouquet-paysage, huile sur toile (81x54cm) suivant à 44 600 € (est. 7 000-9 000 €).

Passeport russe d’Hélène d’Oettingen Hélène d’Oettingen dans le jardin de l’Hôtel d’Ottingen, 21, boulevard Berthier, dans le 17e arrondissement, vers 1910

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LA VIE COMME UN ROMAN Un personnage énigmatique L’histoire d’Hélène d’Oettingen, née Elena Francezna Miontchinska, appartient à l’espace romanesque. Elle la raconte dans Le château de l’Etang rouge, roman qu’elle achève en 1919 sous le pseudonyme de Roch Grey. Au fil de son enfance russe dans le Château de Krasny Staw, Elena se découvre comme la fille secrète de François Joseph, Empereur d’Autriche et Roi de Hongrie, et rêve sa mère en comtesse fabuleuse. Elle grandit avec le sentiment d’une différence profonde et ne tarde pas à l’affirmer dans l’expression d’une très forte personnalité, et dans une puissante imagination qui fera d’elle une artiste… Réalité et fiction se fondent dans sa vie même. A l’art de l’écrivain s’ajoute celui d’une femme laissant croire à chacun en l’exactitude biographique de ce récit des origines, tout en entretenant le mystère de ses origines. Elle se plaira à réécrire sa vie jusque dans ses actes civils, jouant sur la retranscription difficile du russe. On y trouve la mention de sa naissance en 1885 – alors qu’elle est très probablement née entre 1875 et 1880 – en Russie, à Stepavroka – ville absente des cartes, certainement donnée pour celle de Stepanovka, située dans la région de Kiev. Ses masques sont multiples et ses rôles se répondent : la solitaire Elena, la Baronne Von Oettingen, l’écrivain Roch Grey, le poète Léonard Pieux, le peintre François Angiboult, donnent forme à un seul être insaisissable. Serge Férat : un frère pour la vie Les liens qui les unissent sont aussi indestructibles que ceux que noue le secret. Le mystère de leur rencontre reste entier. Serge Jastrebzoff dit Serge Férat (1881-1958) et Hélène d’Oettingen seraient cousins par leurs mères. Ils se disent frère et sœur, s’admirent et se disputent, sont l’un pour l’autre la famille la plus chère. Ensemble, ils quittent la Russie vers 1899. Ils ont une vingtaine d’années, l’Europe les attend. S’engage une vie commune qui durera toujours. Elena a divorcé après un an de mariage du Baron Otto Von Oettingen, séduisant officier d’origine balte dont elle ne gardera que le titre, et part du château familial avec une dote conséquente. Serge est lui aussi bien doté. A Paris, ils seront les mécènes et les instigateurs d’un esprit nouveau. Dans l’effervescence de Montparnasse 1903. A Montparnasse, où elle vit avec Serge, Hélène découvre la Ruche à l’invitation du jeune peintre florentin Ardengo Soffici qui s’y est établi. Pour ce lieu tout juste inauguré où se retrouvent les artistes du monde entier, mais plus encore pour l’artiste italien, le coup de foudre est immédiat. Débute une véritable passion. Les gravures sur bois de Soffici paraissent dans La Plume où Guillaume Apollinaire publie aussi ses écrits. Les deux hommes se rencontrent, et Soffici présente très vite Hélène et Serge au poète. Entre ces quatre êtres naît une solide amitié. 1904. Dans les environs de Montparnasse, Serge et Hélène emménagent rue Boissonnade, dans un spacieux appartement. Hélène écrit des poèmes en prose et peint des compositions d’inspiration symboliste. Serge propose à Ardengo de s’installer dans leur grand atelier. Avec Hélène, ils forment un joyeux trio. Hélène et Ardengo resteront amants jusqu’en 1908, il n’en restera pas moins son ami fidèle et son confident.

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1908. Serge et Hélène habitent pendant un an dans un immeuble du boulevard Montparnasse accolé au célèbre café du Dôme. Autant musicien que peintre, Henri Rousseau organise des soirées dans son atelier et invite Apollinaire. Le poète y entraîne toute une assemblée : Picasso et Fernande, Serge et Hélène, Soffici, Marie Laurencin, Delaunay, Max Jacob, Gertrude et Léo Stein, pour ne citer qu’eux. La peinture de Rousseau séduit Hélène et Serge. Naît une belle amitié avec le Douanier qu’ils reçoivent fréquemment et dont ils collectionnent les œuvres. 1909-1910. Ils vivent dans un hôtel particulier du très chic quartier Pereire, dans le XVIIe arrondissement. Loin de Montparnasse, ils sont désormais proches de Montmartre. Aux côtés d’Apollinaire, ils fréquentent Picasso et sa bande dans les cafés et les cabarets de la Butte, mais surtout au cirque Médrano où plusieurs fois par semaine les peintres cubistes, les écrivains et les poètes se rejoignent. Au début de l’année 1912, Hélène d’Oettingen retrouve Montparnasse et s’installe dans un luxueux immeuble modern style récemment construit, 229 boulevard Raspail. Il comprend un atelier ; Serge installe le sien à deux pas, au 278. Pendant plus de 20 ans elle connaîtra dans ce lieu les plus heureux et les plus difficiles moments de sa vie. Les Soirées de Paris 1913. Récemment fondée, la revue Les Soirées de Paris, vecteur de la diffusion du Cubisme en Europe, va mal et croule sous les dettes. Apollinaire se tourne tout de suite vers son amie pour la faire renaître. Elle fera de la métamorphose du mensuel sa raison de vivre. 15 novembre 1913. Date marquante dans le monde des arts et des lettres : les collaborateurs de la publication fêtent chez la Baronne d’Oettingen la renaissance des Soirées de Paris, revue résolument avant-gardiste désormais co-présidée par Apollinaire – directeur littéraire – Serge Férat – directeur artistique – et Hélène d’Oettigen – Serge et Hélène se trouvant réunis sous le nom de Jean Cérusse (ces Russes). Dans son salon où les œuvres de Picasso, Braque, Mondigliani, Archipenko, et Henri Rousseau se rencontrent, Hélène étincelle dans une robe de Paul Poiret, ce couturier en vogue, libérateur du corset. Les textes qu’elle livre sous le pseudonyme de Roch Grey, mais aussi ses poèmes, qu’elle signe Léonard Pieux, vont bientôt trouver la reconnaissance dans ces nouvelles pages. Ce soir là, Max Jacob, Picasso, Archipenko, Mondigliani, Cendrars sont présents, de même que la joyeuse troupe des Futuristes italiens. Mais celui qui fait l’objet de toute son attention est Léopold Sturzwage, bientôt dit Survage, jeune peintre venu de Finlande introduit par Apollinaire. La guerre débute. La parution des Soirées de Paris cesse avec elle. C’est dans l’intimité de Survage qu’Hélène traversera cette guerre.

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Léopold Survage : histoire d’un amour Apollinaire présente Survage (1879-1968) à Hélène. Résolument avant-gardiste, il est encore inconnu, et se trouve dans une misère totale. Elle s’éprend de lui, propose de l’héberger et met à sa disposition son grand atelier. Ils peignent ensemble, lui trace des lignes, elle fait vivre les surfaces colorées. L’enseignement de Survage restera toujours sensible dans l’œuvre de François Angiboult. 1915. Leur entente et leur complicité sont absolues. Les amants se retrouvent à Nice et s’installent dans les plus beaux hôtels de Villefranche sur mer, Saint-Jean de Cap Ferrat et Menton. L’un dans ses bois gravés, l’autre dans la poésie, collaborent à un ouvrage à paraître aux Editions SIC, L’homme-La Ville-Les Voyages. 1917. Au 229 boulevard Raspail, Hélène accueille les répétitions de la nouvelle pièce d’Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias, pour laquelle Serge Férat conçoit les costumes et les décors. Faisant date, une unique représentation aura lieu de 24 juin. Survage inaugure avec Irène Lagut la première exposition des Soirées de Paris, et reçoit un bel accueil. Hélène lui inspire un impressionnant portrait aujourd’hui conservé au Centre Georges Pompidou. 1918. Les amants retrouvent Nice. Sur la Promenade des anglais, ils croisent Germaine Tailleferre, musicienne du Groupe des 6, qui, déjà éprise de Survage, deviendra sa femme… « je ne suis pas digne d’être ta femme » déclare Hélène : « tu seras beaucoup plus heureux avec Germaine, c’est elle que tu devrais aimer. Epouse-la ». Comme avec Soffici, la baronne choisit de perdre l’amant pour garder l’ami. Ils continueront à se voir et échangeront une importante correspondance. Avec la mort d’Apollinaire qui frappe cruellement ses proches, l’année 1918 marque aussi la fin d’une amitié chère entre toutes. 1919. Sous le pseudonyme de Roch Grey, elle achève Le Château de l’étang rouge. Il paraîtra en 1925, illustré par 4 bois gravés en trois couleurs de Survage, rencontrant un beau succès. Hélène d’Oettingen et Léopold Survage (à gauche sur la photographie), 1914-1918

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UNE ŒUVRE ACCOMPLIE Après avoir emprunté aux cubistes leur technique, François Angiboult prend la liberté de s’en affranchir. Pendant la guerre, Survage lui a appris à « construire des villes » et son travail sur la fragmentation des motifs et les contrastes de lumières la marque durablement. Mars 1920. Sous le nom de François Angiboult, elle expose à la Galerie La Boétie dans le groupe de la deuxième Section d’Or, aux côtés des peintres russes, Férat, Marie Vassilief Archipenko, Gontcharova, Larionov : son art reflète un tempérament de feu. Hautement colorées, ses toiles mêlent l’art populaire russe, le décor de théâtre et la fantaisie, et sont fortement influencées par l’art décoratif. Leurs cadres s’ornent de figures totémiques, de guirlandes de fleurs, de nuages et d’oiseaux. Autour de 1920, son œuvre s’enrichit encore au contact du groupe Dada. Elle est alors très proche d’Iliazd, artiste et éditeur d’avant-garde bouleversant toutes les traditions. Ils s’écrivent en russe des lettres d’amour. En 1924, à la Galerie Percier, rue de la Boétie, une exposition de gouaches, étoffes peintes, tableaux, vases et paravent, révèle François Angiboult. La critique la salue… Waldemar George affirme que le peintre « a su conserver en pleine maturité sa candeur d’enfant ». Sous le nom de Léonard Pieux, elle termine l’un de ses plus beaux poèmes, Les chevaux de minuit, en 1936. Il fera l’objet d’une édition posthume en 1956, illustrée de pointes sèches par Picasso. Peintre, écrivain, poète, jusqu’à la fin de sa vie en 1950, Hélène d’Oettingen poursuivra dans l’affirmation d’un art profondément libre et total. 10 ŒUVRES DE FRANÇOIS ANGIBOULT PROVENANT DE L’ANCIENNE COLLECTION DIMITRI SNEGAROFF Parmi les pièces les plus importantes conservées dans l’Ancienne collection Dimitri Snegaroff, citons d’abord Paysage, très belle huile sur toile (169x224cm) témoignant de l’influence de Survage estimée 70-100 000 €. Sous le titre de Paysage, trois autres pièces seront présentées : Paysage, 1931, huile sur toile, 186x136cm (est. 40 000-60 000 €), Paysage, huile sur panneau, 115x95cm (est. 30 000-40 000 €), et Paysage, huile sur carton avec encadrement peint par l'artiste, 79x100 cm (est. 5 000-8 000€). Suivra Composition aux deux cygnes, remarquable huile sur carton avec encadrement peint par l'artiste, 97x124cm, très inspirée du folklore russe (est. 40 000-60 000€). A ses côtés : Composition, huile sur toile avec encadrement peint par l'artiste, 59x41cm (est. 8 000-10 000€), et Composition, huile sur toile, 136x91 cm (est. 7 000-10 000 €). Hommage à Heine et à Schuman, huile sur toile, 250x150 cm, est estimé 25-35 000€. Autoportrait, huile sur toile, 73x60cm (est. 4 000-6 000€) et Portrait de Dimitri Snegaroff, dessin au fusain sur papier, 71x57cm, (est. 3 000-4 000€), compléteront cet ensemble.

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Hélène d'Oettingen dite François ANGIBOULT (1887-1950) PAYSAGE Huile sur toile signée en bas vers la droite 169 x 224 cm Provenance : Ancienne collection Dimitri Snegaroff Resté par descendance dans la famille jusqu'à ce jour Estimation :70 000-100 000 €

Hélène d'Oettingen dite François ANGIBOULT (1887-1950) COMPOSITION AUX DEUX CYGNES Huile sur carton signé en bas à droite, encadrement peint par l'artiste 97 x 124 cm Provenance : Ancienne collection Dimitri Snegaroff Resté par descendance dans la famille jusqu'à ce jour Exposition : Kiki et Montparnasse, n°53 Estimation : 40 000-60 000€

Hélène d'Oettingen

dite François ANGIBOULT (1887-1950) PAYSAGE Huile sur panneau signé en bas à droite, encadrement peint par l'artiste 115 x 95,50 cm Provenance : Ancienne collection Dimitri Snegaroff Resté par descendance dans la famille jusqu'à ce jour Estimation :30 000-40 000€

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11 ŒUVRES D’ANDRE LHOTE PROVENANT DE LA COLLECTION DE MONSIEUR X

Un ensemble important de 11 œuvres d’André Lhote, dominé par trois toiles cubistes, sera proposé. André Lhote adhère au cubisme en 1912 et participe à son émergence aux côtés de Picasso, Braque, Gris, Gleizes et Metzinger. Refusant la rupture totale et l’hermétisme du cubisme analytique, il se tourne vers un cubisme synthétique qui ménage le sujet et la composition. Ces tableaux sont les témoins de l’évolution du cubisme de Lhote. André LHOTE (1885-1962) LE RIVAGE, 1912 Huile sur toile signée en bas à droite 50 x 73 cm Provenance : Ancienne collection famille de l'artiste Acquis directement par l'actuel propriétaire Estimation : 50 000-70 000 € André LHOTE (1885-1962) LE MARIN ET LA MARTINIQUAISE, CIRCA 1918-1920 Huile sur papier marouflé sur toile signée en bas à droite 92 x 73 cm Provenance : Ancienne collection famille de l'artiste Acquis directement par l'actuel propriétaire Estimation : 70 000-90 000 € André LHOTE (1885-1962) LES VOILIERS, CIRCA 1935-1940 Huile sur toile signée en bas à droite 54,50 x 45,50 cm Provenance : Ancienne collection famille de l'artiste Acquis directement par l'actuel propriétaire Estimation : 60 000-80 000 €