Venins et défensines des scorpions

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Venins et defensines des scorpions

Max Goyffon

Les venins de scorpions sont caracterises par le grand nombre et la diversite des neurotoxines actives sur les canaux ioniques membra- naires. Ces neurotoxines constituent de veritables familles de molecules pepti- diques polymorphes de haute specificit auxquelles s’appa- rentent structurellement les defensines, famille de pep- tides antimicrobiens circulants presents dans l’hemolymphe des scorpions et dans celle d’autres ordres d’arthropodes. La diversification et la specifi- cite fonctionnelles P partir d’un schema stucturel com- mun sont discutees d’un point de vue physiologique et eve- lutif.

Lerai, Museum national d’histoire naturelle, 57, rue Cuvier, 75005 Paris, France.

A vet moins de 1 500 especes toutes venimeuses, les scor- pions constituent un ordre

numeriquement mineur de l’em- branchement des arthropodes dont on estime qu’ils rassemblent 80 % des especes animales recensees. Consider& comme des represen- tants typiques des zones deser- tiques chaudes, ils sont en realite capables de coloniser les milieux terrestres les plus divers : forets, savanes, littoral maritime, mais aussi regions montagneuses jus- qu’a 5 000 m d/altitude (cordillere des Andes, massifs himalayens). 11s ne depassent cependant pas au nord le 50” de latitude. Le plus sou- vent, les especes sont endemiques. Une seule est consideree comme ubiquiste, 1sSsometrus maculatus, un t&s petit nombre d’entre elles oc- cupe une large surface de distribu- tion. Le &ant de l’ordre, Pundinus imperutor, de l’Afrique equatoriale occidentale est aussi, avec une taille adulte qui depasse 20 cm, le geant des arthropodes terrestres 1921. Tous les scorpions sont des predateurs carnivores de mceurs nocturnes, lucifuges, consomma- teurs habituels d’arthropodes de taille inferieure a la leur (parfois port& au cannibalisme) mais pou- vant, pour les plus grandes especes, capturer un reptile ou un mammifere de petite taille (lezard, rongeur). 11s peuvent @tre eux- memes victimes de predateurs varies, toujours occasionnels : oiseaux surtout (corvides, gallina- c&s, rapaces nocturnes), mais aussi

reptiles (lezards de grande taille) et mammiferes (renards, mustelides, et meme singes). Les consomma- teurs de scorpions peuvent @tre aisement identifies par l’examen de leurs feces sous lu-mike ultra-vio- lette. En effet, les scorpions sont les seuls arthropodes dont la totalite de la carapace chitineuse emet alors une brillante lumiere de fluo- rescence jaune ou jaune-vert, resis- tante aux processus chimiques de la digestion : les fragments de la carapace rest& intacts sont ainsi aisement detectables. Bien plus, cette propriete d&rite par divers auteurs en 1954 178, 109, 1101 mais signalee en note des 1939 par Pus- sard 11141, est largement utilisee avec une grande efficacite pour le ramassage nocturne des scorpions. La nature du (ou des) pigment(s) responsable(s) de cette fluorescen- ce, dont le maximum d’emission se situe dans une bande comprise entre 465 et 490 nm [41, reste encore inconnue. Les scorpions se rangent parmi les plus anciens arthropodes terrestres. 11s sont connus du Silurien et du Carbonifere, et leur morphologie externe est deja tres proche de celle des formes actuelles [ 1271. Leur sta- bihte morphologique a et& souli- gnee a maintes reprises : les scor- pions figurent au nombre des especes panchroniques dites encore improprement <( fossiles vivants )>. Toutefois, l/existence de formes aquatiques, primitives ou secon- dairement devenues aquatiques, reste un sujet de controverses non

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resolues et au reste impossibles a resoudre en l’etat actuel des connaissances [59,65]. En depit du petit nombre d’es- p&es, l’homogeneite de la mor- phologie externe rend delicate la systematique des scorpions. On s’accorde a reconnaitre l’existence de deux sous-ensembles, les Buthoi’des et les Chactdides, qu’il est difficile de considerer zoologi- quement comme de veritables sous-ordres [92]. Cependant, a l’ex- ception de 1’Italie consideree comme une faille chorologique [127], partout oti vivent des scor- pions se rencontrent un (ou des) representant des Buthdides et un (ou des) representant(s.1 des Chac- toi’des, ceux-ci se trouvant en quelque sorte definis (incorrecte- ment) comme des non-ButhoIdes. Les Buthdides ne comptent qu’une seule famille, celle des Buthides, numeriquement la plus importante (40 % des especes), celle aussi qui compte les especes dangereuses, parfois dites cc mortelles jj, pour l’homme. Certains Chactoi’des, chez lesquels on distingue selon les auteurs six a huit familles, peuvent etre responsables d’envenimations graves, mais aucune de leurs especes ne semble capable de pro- voquer regulierement des acci- dents mortels [61]. Les venins les plus etudies sont de loin ceux des Buthides en raison de leur impor- tance medicale, en particulier ceux des genres paleotropicaux Andvoc- tows, Buthus, Leiurus, Parabuthus dune part, et ceux des genres neo- tropicaux Centruroides et Tityus d’autre part. Outre leur caractere venimeux [49], les scorpions ont retenu l’attention par un ensemble de traits physiolo- giques qui ont ete parfois definis comme une aptitude specifique, au moins pour les especes deserti- coles, a resister aux facteurs d’agression de l’environnement [481 : facteurs nutritionnels tels que le jeune [128] ou la deshydratation [54], radioresistance elevee [47, 48, 581, resistance a l’infection bacte- rienne [101, 1021. Cette derniere particularite initialement d&rite

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sans recevoir de veritable interpre- tation s’est eclairee a la lumiere de travaux &cents conduisant a la decouverte chez les scorpions de peptides a proprietes antibacte- riennes et structuralement appa- rent& a une famille de toxines pre- sentes dans leurs venins [ 181.

1. Les toxines des venins de scorpions L’effet des venins de scorpions est avant tout neurotoxique. Cet effet a ete demontre experimentalement en 1865, pour la premiere fois semble-t-il, par Paul Bert [lo] qui, en eleve de Claude Bernard, met- tait en pratique les principes de l’Introduction a la medecine expe- rimentale : <( j’ai montre que c’est un poison du systeme nerveux qui parait agir a la fois sur l’excito- motricite de la moelle qu’il exalte et sur l’extremite peripherique des nerfs moteurs qu’il paralyse comme le curare j) [ll]. Par la suite, les travaux experimentaux se pour- suivirent dans differents labora- toires, sur tous les continents, mais de facon espacee : Phisalix et Vari- gny (1896) [112], Altamirano (1899) [3], Wilson (1904) [132], Arthus (1913) [6], Houssay (1919) [57], Kubota (1918) [70], Shulov (1939) [124], Del Pozo et Anguiano (19471 [30]. En 1956, Diniz et Goncalves [31] rattachaient l’action du venin 2 une fraction proteique rep&e par electrophorese. Mais le veritable debut des connaissances sur les toxines de venin de scorpions etait marque par les travaux d’une equi- pe marseillaise qui isolait pour la premiere fois en 1960 une neuro- toxine proteique a partir du venin d’Androctonus australis 1961. A la meme ‘ epoque, apparaissaient les premieres revues devalues a l’etu- de des toxines. Des lors, les travaux sur les venins de scorpions en par- ticulier, et sur les venins en general, connaissaient un essor qui ne s’est depuis jamais ralenti. Les venins de scorpions sont carac- t&is& par la predominance et la diversite de leurs neurotoxines qui sont toutes de nature proteique.

Cette diversite s’exprime dans le polymorphisme moleculaire de chaque famille de toxines [89, 117, 1191, mais aussi dans les recep- teurs-cibles des canaux ioniques membranaires neuronaux. En fonc- tion de la cible, on distingue actuel- lement quatre grandes familles de toxines, celles qui agissent sur les canaux sodium, celles qui agissent sur les canaux potassium, celles qui agissent sur les canaux calcium et celles qui agissent sur les canaux chlore [83]. Les deux premieres families, de loin les mieux connues, seront presentees plus precisement dans leurs rapports structuraux avec les defensines.

n 1.1. Les toxines actives sur les canaux sodium

Ces toxines furent les premieres a @tre purifiees, une seule d’abord [96], puis deux par espece de scor- pion etudiee [97,98, 1161, puis plu- sieurs par venin [94]. On a pu en isoler plus de dix dans un m@me venin, comme chez Buthus occita- nus tunetanus [86]. Leur caractere de petites proteines basiques les fit appeler initialement <c scorpa- mines X) [95], terme aujourd’hui abandonne. Leur similitude est rapidement soulignee [99], puis confirmee [loo] et leur ensemble est alors regard6 comme l’expres- sion d’un veritable polymorphisme moleculaire [21, 117, 1191. Elles ne constituent qu’une faible fraction du poids set du venin, generale- ment inferieure a 5 % [50, 87, 94, 1161, exceptionnellement de l’ordre de 10 % chez un Buthide americain, Centruroides limpidus limpidus [79]. Elles constituent cependant la clas- se de toxines la plus abondante dans les venins de Buthides et sont chez les mammiferes responsables des signes cliniques et des effets letaux de l’envenimation [36, 871. Leur grande similitude n’empeche pas une specificite d’especes- cibles : les unes sont actives sur les mammiferes [94] et plusieurs dizaines d’entre elles ont ete sequencees a ce jour [83], d’autres sont actives sur les insectes [138],

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d’autres, plus rares, sur les crusta- c&s [38, 1391. Cette specificite peut ne pas etre stricte [25, 831. Parfois encore appelees (< toxines longues X> par rapport aux autres familles de toxines, en particulier les toxines agissant sur les canaux potassium, les sequences en acides amines des toxines actives sur les canaux sodium comptent une soixantaine de residus pour une masse molaire de l’ordre de 7 000 Da. Elles sont de plus caracte- risees par la presence de quatre ponts disulfure [68]. Les demi-cys- tines se repartissent au long de la sequence, par exemple aux posi- tions 12,16,22,26,36,48, et 63 pour la toxine II d’Androctonus austrulis hector active sur les mammiferes. Cette disposition explique leur grande stabilite [21]. 11 existe en par- ticulier un pont entre la premiere demi-cystine de la sequence et la derniere, c8te C-terminal. Le maxi- mum d’homologie apparait lorsque les demi-cystines sont alignees [117]. Toutefois, l’un des ponts disulfure est en position differente chez les toxines actives sur les mammiferes et chez les toxines actives sur les insectes : la cysteine 12 se trouve replacee en position 38 1241. On peut distinguer au total cinq sous-groupes de toxines qui correspondent a autant de types immunochimiques, c’est-a-dire que les anticorps neutralisants prepares a partir d’une toxine donnent des reactions croisees avec les toxines du m@me groupe, mais non avec les toxines des autres groupes [29,37]. En ce qui concerne les toxines actives sur les mammift?res, deux modes distincts d’activite pharma- cologique ont ete decrits, permet- tant de definir deux types de toxines [20]. - Les toxines a, potentiel-depen- dantes, induisent un ralentisse- ment du potentiel d’inactivation des canaux sodium des cellules excitables [44]. Plus la membrane est depolarisee, plus l’affinite est faible. Le site de fixation de ces toxines reconnait aussi de facon specifique des toxines peptidiques d’anemones de mer. Ces toxines a

sont caracteristiques des venins de Buthides paleotropicaux [62], mais ont ete parfois trouvees dans les venins de Buthides neotropicaux, en particulier Tityus serrulatus [5, 81. La toxine AaH II du venin d’An- droctonus australis hector est en quelque sorte la toxine de reference de cette sous-famille. On a montre en outre l’existence de canaux sodium repondant a ce type de toxine dans diverses categories de cellules non excitables [88]. - Les toxines B agissent sur le potentiel d’ouverture du canal sodium. Leur liaison est indepen- dante du potentiel de membrane [44]. Elles entrainent un train d’ondes successives, amorties ou durables, par diminution du seuil d’activation. Elles n’ont ete identi- frees jusqu’a present que dans les venins des Buthides neotropicaux. La toxine Css II du venin de Cen- truroides centruroides centruroides est la toxine de reference. Ces deux types de toxines se fixent sur des sites differents du canal sodium, site 3 pour les toxines a, site 4 pour les toxines B [60]. Onto- genetiquement, les recepteurs des toxines a apparaissent chez la sou- ris plus precocement que ceux des toxines J3 [20]. Deux types de toxines actives sur les insectes ont ete decrits a partir de leurs effets sur les asticots. - Les toxines dites <q contractu- rantes >) ou <c excitatrices )) : elles entrainent une paralysie de type spastique par un mecanisme rap- pelant celui des toxines B de mam- miferes, depolarisation de la mem- brane et train de potentiels d’action [ill, 1371. Elles se fixent sur un seul site du canal sodium de facon inde- pendante du potentiel[45,83]. L’un de leurs quatre ponts disulfure est dans une position differente de celle des toxines actives sur les mammiferes [24]. Le type en est la toxine AahITl du venin d’Androcto- nus australis hector. - Les toxines dites << relaxantes j) ou <c depressantes >) (ou encore Q flac- tides j>, << flasques >>> : elles indui- sent une paralysie progressive flasque. Elles bloquent les poten-

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tiels d’action par inhibition des courants sodiques [137]. La posi- tion de leurs quatre ponts disulfure est conservee [23, 671. Le type en est la toxine Lqq IT2 (136). Une toxine a structure (c relaxante >) mais a activite contracturante, la toxine LqhIT5, a ete isolee recem- ment du venin de Leiurus quinques- tiutus [103]. Quelques toxines a double specifi- cite, a la fois anti-mammiferes et anti-insectes ont ete signalees : toxines Ts VII du scorpion bresilien Tityus serrz&tus, Aah IT4 du scor- pion nord-africain Androctonus aus- trulis, Lqq3 du scorpion paleotropi- cal a large distribution Leiurus quin- questriatus quinquestriatus [28, 66, 841, toxines LqhII et LqhIII de la sous-espece Leiurus quinquestriutus hebmus [122]. Les recepteurs des toxines inactivant les canaux so- dium, quoiqu’ils soient distincts, seraient de structure t&s proche [461. On trouve aussi dans les venins de Buthides des analogues atoxiques de toxines qui se cornportent comme de veritables anatoxines naturelles [2, 511.

W 1.2. Les toxines actives sur les canaux potassium

Elles sont de connaissance plus recente que les precedentes. La pre- miere toxine bloqueur de canaux potassium a @tre identifiee dans un venin de scorpion fut la noxiustoxi- ne du Buthide neotropical Centru- roides noxius [15,113]. La premiere a @tre identifiee a partir du venin dun Buthide paleotropical, a Ptre synthetisee par voie chimique, puis par voie genetique [71,107,126] fut la charybdotoxine, de Leiurus quin- questriatus [91]. Rapidement ensui- te, de nombreuses autres toxines bloqueurs de canaux potassium potentiel-dependants et Ca++- dependants furent d&rites dans le venin de diverses especes de scor- pions Buthides ou Chactoi’des. Leurs sequences comptent de tren- te a quarante residus acides amines et trois ponts disulfure en position conservee. Ces trois ponts ont une

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configuration identique a celle des trois ponts centraux des toxines blo- queurs de sodium [121 : les toxines cc bloqueurs )j de canaux potassium apparaissent stucturellement com- me des toxines bloqueurs de canaux sodium auxquelles on aurait retran- the un segment de la sequence N- terminale et un segment de la chai- ne C-terminale, entrainant de ce fait la perte des demi-cystines N-termi- nale et C-terminale. Dans l’en- semble, ces toxines, presentes dans le venin en tres faible quantite (< 1 % du poids set), sont chez le mammifere faiblement actives par voie generale, et manifestent leur pouvoir toxique surtout par voie cerebrale : elles peuvent alors se montrer de puissants agents convul- sivants. En pratique, elles n’ont guere d’incidence en pathologie humaine. L’activite de bloqueur de canal potassium peut aussi s’exercer sur des tissus ou des cellules autres que nerveux ou musculaires [l], tels que les fibres musculaires lisses tra- cheales [771 ou arterielles [7l, les cel- lules endocrines de l’hypophyse anterieure [130], les osteoclastes [42] ou encore les hematies [133] et les leucocytes [32]. La classification proposee actuellement n’est que provisoire et repose sur la sequence en acides amines [83]. On distigue deux familles principales, les toxines tres courtes et les toxines courtes.

7.2.7. Les foxines t&s courtes

Ces toxines comptent de vingt-neuf a trente-cinq residus acides amines. Elles possedent une haute specifici- te et une grande affinite pour les canaux potassium Ca++-depen- dants SK a faible conductance apa- mine-sensibles [34, 401, non seule- ment des tissus excitables mais aussi de certains tissus non-exci- tables. Les principales toxines de cette famille sont la leiurotoxine I (LTX ou scyllatoxine) de Leiurus quinquesfriufus, la toxine PO5 du scorpion marocain Androcfonus maurefanicus, la toxine TSK du Buthide sud-americain Tifyus serru- Zatus. Plusieurs analogues de la

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LTX et de la PO5 ont ete synthetises et ont servi d’elements de compa- raison fonctionnelle vis-a-vis de la toxine originelle [120,121,1351.

1.2.2, Les toxines courtes

Elles comptent de trente-sept a trente-neuf residus acides amines. De specificite moins etroite que les precedentes, elles peuvent @tre divisees en quatre sous-familles. La sow-far&e de la chaybdotoxine (CTX). Celle-ci reste encore la toxi- ne de reference des toxines blo- queurs de canaux potassium [90]. Elle agit sur les canaux potassium Ca++-dependants BK a large conductance et sur les canaux vol- tage-dependants de divers tissus [41]. Liberiotoxine (IbTX) du venin de Bufhofus (= Bufhus, = Mesobu- thus) tumulus, le scorpion rouge de l’Inde, espece dangereuse, possede 68 % de similitude avec la CTX et bloque uniquement les canaux BK. Des peptides chimeres de synthese CTX-IbTX ont ete construits : on a pu de cette facon preciser les roles respectifs des segments N- et C-ter- minaux dans les interactions toxi- ne-recepteur [43]. La sous-famille de la noxiusfoxine (NTX). Cette toxine agit sur les canaux voltage-dependants et cal- cium-dependants de nombreux tis- sus excitables et non excitables. Des travaux reposant sur l’utilisation de peptides synthetiques ont mon- tre qu’elle interagit avec ses recep- teurs par sa region N-terminale [52]. La margatoxine du venin du scorpion latino-americain Cenfru- roides margarifafus [42], la hongo- toxine du venin de Cenfruroides lim- butus [69] se rangent dans ce grou- Pe. Ces toxines possedent trente-neuf residus acides amines soit deux de plus que les autres toxines courtes. La sow-famille des kaliofoxines. Les toxines de ce groupe, kaliotoxines et agitoxines, sont tres homogenes. Elles presentent plus de 70 % de similarite dans leurs sequences [83]. La kaliotoxine (KTX) du venin du Buthide endemique du Maroc Androcfonus maurefanicus, la pre-

m&e du sous-groupe a avoir ete isolee [22], la KTX2 du venin d’An- drocfonus ausfrulis [76], sont speci- fiques des canaux K+ calcium- dependants. Les agitoxines du venin de Leiurus quinquesfriafus [39] sont specifiques des canaux K+ vol- tage-dependants. La sous-famille de la TsKa. Cette toxi- ne extraite du venin de Tifyus serru- lattls possede une similitude de sequence moins marquee avec les toxines des deux sous-familles pre- cedentes. Elle bloque specifique- ment les canaux K+ potentiel- dependants [131]. Un certain nombre de toxines recemment d&rites echappent au precedent schema, en particulier un ensemble de toxines a quatre ponts disulfure : toxines de Pandinus impe- rufor, scorpion d’Afrique equatoria- le de la famille des Scorpionides [27, 105, 1061, maurotoxine du Scorpio- nide paleotropical Scorpio maurus 164, 1181, toxine du Scorpionide indien Heferomefrus spinifer [80] : on notera que ces toxines ont ete prefe- rentiellement identifiees chez des Chacto’ides. Leurs sequences mon- trent une grande similarite avec les toxines a trois ponts, egale ou supe- rieure a 60 % [104]. Une toxine a quatre ponts, comptant quarante et un residus acides amines, dont la sequence presente le m@me ordre de similarite, vient d’etre isolee du venin de Tifyus serrulafus [104]. Ainsi se degage aussi pour les toxines bloqueurs de canaux potas- sium l’existence d’un polymorphis- me moleculaire deja observe pour les toxines agissant sur les canaux sodium, a partir d’un schema de base a trois ponts disulfure conser- ves, parfois a quatre ponts disulfu- re, et a courte ou longue chaine de haut degre de similarite.

2. Les dbfensines de scor- pions

n 2.1. Peptides antibact&iens chez les Arthropodes

Les insectes reagissent aux agres- sions bacteriennes en produisant une gamme de peptides antibacte-

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riens le plus souvent rapidement synth&s& a l’occasion de l’agres- sion, parfois pr&ents en permanen- ce dans le milieu intkrieur. Cette forme de rkponse immunitaire depourvue de mkmoire [56,108] est parfois d&ignt?e sous le terme g&+ rique d’immunitk innee [16]. Les premieres mol&ules anti-micro- biennes circulantes furent identi- frees en 1981 par Steiner et al. [125]. Les recherches se d&e!oppPrent alors consid&ablement. A ce jour, plus de cent soixante-dix peptides antimicrobiens d’invert&br& ont &e caractQis& [14], chez seulement une trentaine d’esp&ces [55], la plu- part chez les arthropodes (insectes surtout, crustaces, arachnides), mais aussi dans d’autres embran- chements comme les mollusques [16]. 11s sont classes en quatre grandes familles : les peptides & ponts disulfure ou dbfensines, les hGlices a amphipathiques dGpour- vues de cysMine dont le type est la sous-famille des cecropines de Dro- sophila melanogaster, les peptides riches en glycine, les peptides riches en proline [ 721. Les defensines sont typiquement des peptides cationiques non glyco- syl& comptant de vingt-neuf 5 qua- rante-trois r&idus acides amines avec trois ponts disulfure, et de masse molaire comprise entre 4 et 5 kDa. Le terme de defensine a &Z utilisb la premiPre fois pour d&i- gner des mol&ules isolkes chez les dipteres Phormia terranovz et Sarco- phuga sp. [56] en raison d’une certai- ne similitude de structure avec des peptides antibactkriens de mammi- f&es ainsi nommes en 1985 par Sel- sted et al. [123]. Des defensines ont &Z caract&i&es dans diverses classes d’insectes superieurs (Dip&es, Hemipteres, Colbopt&res, Hym&opt&es, mais non chez les L&pidopt&es), et d’insectes inf& rieurs (Odonates). On en a is016 ega- lement chez les Mollusques [16]. On en connait au total une trentaine [14]. Dans l’ensemble, elles sont actives surtout sur les germes a Gram+. C’est plus particuliPrement cette famille de peptides antimicro- biens qui a fait l’objet de travaux

spbcifiques chez les scorpions Buthid&.

n 2.2. Defenses antimicrobiennes du scorpion

Dans un travail rest4 largement ignore, datant du dgbut des an&es 1970, Morel [lOl, 1021 avait montre la rksistance tout 2 fait exceptionnel- le du Buthide languedocien Buthus occitunus & l’infection bactQienne, qu’il s’agisse de batteries entomo- pathogPnes comme Bacillus thurin- giensis ou de bactQies ti large spectre pathog&ne, telles que Psew domonas aeruginosa ou Serratia mar- cescens. Buthus occitanus supporte des doses 105 & 106 fois plus klevkes que les insectes, B l’exception de Gryllus domesticus qui se situe en position intermediaire [loll. Morel attribuait cette r&istance exception- nelle B l’importance des rkactions phagocytaires d’une part (hGmo- cytes, glande lympho’ide propre aux scorpions), 2 l’efficacite d’une reac- tion de type granulomateux au point d’injection et aussi dans la cavitk g&&ale, ensuite, mais kgale- ment par l’existence de rgactions d’irnrnunit~ humorale se traduisant par l’apparition de formes d’involu- tion bactkrienne dans l’hemo- lymphe. Des ph&om&es d’immu- nit4 acquise Gtaient du reste d&rits chez Androctonus australis g la meme epoque [53]. Dans l’ensemble, les observations rapportkes par Morel, qui relevait qu’on ne connaissait pas de maladies infectieuses bact& riennes ni virales chez les scorpions [loll, ne diffkraient pas fondamen- talement de ce qui etait decrit chez les insectes, si ce n’est par une parti- culiPre efficacitk. Cependant, les recherches sur les defensines chez les scorpions ne connaissaient pas de developpement specifique, jus- qu’B ce que pres de vingt ans plus tard une equipe du CEA, en 1991 [13], relgve la parent6 structurale de la charybdotoxine et des dkfensines d’insectes. D&s lors une question se posait : le Buthide Leiurus quinques- triatus posskdant dans son venin une neurotoxine bloqueur de canaux potassium, la CTX, avait-il

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aussi dans son hkmolymphe une dkfensine circulante de structure apparentee ? La rkponse 2 cette question fut positive [18]. Une dkfensine fut isolke, comptant tren- te-sept r&idus acides amines, de structure comparable & celle des autres dkfensines alors connues et done aussi B celle des neurotoxines B trois ponts disulfure bloqueurs de canaux potassium. C’est de la dkfensine d’un Odonate, Aeschna cyaneu, ordre d’insectes consid&& comme primitifs, qu’elle est structu- rellement le plus proche : cha&e de m@me longueur, vingt-six r&idus identiques. A la difference des insectes, la dGfensine de Leiurus quinquestriutus est pr&.ente en per- manence dans l’hemolymphe. Des defensines, egalement constitutives, devaient @tre caract&i&es ensuite dans l’hemolymphe d’un autre Buthid& Androctonus australis, l’une de structure trPs proche de la defen- sine de Leiurus quinquestriatus dont elle ne diff$re que par la permuta- tion de deux acides amines (lysine et phknylalanine), l’autre, appelee buthinine, & trente-quatre r&idus acides amin& [35]. Ainsi, outre les defenses immunitaires cellulaires et humorales d&rites par Morel [101, 1021, le scorpion dispose d’une irnmunitk de type <c inn6 j), sans memoire, comparable & celle des autres arthropodes.

n 2.3. Caractkristiques structurales et fonctionnelles des dkfensines de scorpion

- Les dbfensines de scorpions pos- &dent en commun avec les dbfen- sines d’invertgbr& connues & ce jour le motif consensus suivant & trois ponts disulfure :

1 -1 C-x-x-L [-I C-x-x-H-C [-I G-G-Y-C-x-x-K-x-x-C-x-C-

- Le motif consensus commun aux dkfensines et aux neurotoxines du venin de scorpion bloqueurs de canaux potassium repose essentiel- lement sur le nombre et les posi- tions relatives des ponts disulfure, en plus desquels on releve une gly- tine conservke :

-ICI- I c-x-x-x c [ -1 c-x-c-

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Cependant la buthinine, dont la sequence s’eloigne de celle des autres defensines, possede une similarite plus elevee avec les neu- rotoxines bloqueurs de canaux potassium : 45-50 % avec le groupe kaliotoxine-agitoxines, 35-40 % avec la CTX et l’iberiotoxine, 33 % avec la leiurotoxine et la toxine PO5 1351. - Les neurotoxines longues a et p actives sur les canaux sodium ont un pont disulfure supplementaire, mais les trois ponts disulfure pre- sents dans les molecules prece- dentes y restent en position conser- vee [12]. En outre, les defensines possedent un motif -G-G-Y-C- qui se retrouve dans de nombreuses toxines p, ou sous la forme ecourtee -G-Y-C- dans la plupart des autres toxines longues, mais non dans les toxines bloqueurs de canaux potas- sium [18]. - L’etude de la structure tridimen- sionnelle fait apparaitre l’existence d’un motif CSaP commun aux neu- rotoxines longues et courtes et aux defensines. Ce motif (cysteine stabi- lized a-helix P-sheet) est caracterise par l’existence dune helice a cen- trale amphipathique reliee par deux ponts disulfure a un feuillet /3 a deux brins antiparalleles [12, 19, 73, 741. Le troisieme pont disulfure fixe la partie amino-terminale flexible sur le premier brin du feuillet j3 d’oh une structure rigidi- free et compacte qui offre une gran- de stabilite et une resistance parti- culiere aux proteases [14]. Ce motif se retrouve aussi dans les defen- sines de plantes [72]. - Lactivite antimicrobienne de la defensine de Leiurus quinquestriatus et de la defensine similaire d’An- droctonus australis s’exerce sur Micrococcus luteus mais non sur Escherichia coli. La buthinine est active sur ces deux germes l’un a Gram+, l’autre a Gram-. Aucun effet de ces molecules sur les canaux ioniques des cellules exci- tables ni plus generalement aucune cytotoxicite n’ont pu @tre mis en evidence.

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n 2.4. Autres peptides antimicro- biens du scorpion

D’autres peptides antimicrobiens ont et6 identifies dans l’hemo- lymphe d’Androctonus australis. L’un d’eux, l’androctonine, a et6 sequence et synthetise [35]. L’an- droctonine, dont la sequence n’a aucune similarite avec celle des defensines hormis le motif -R-R-R- G-G- propre aux defensines de scorpion (absent toutefois de la buthinine), se caracterise par une sequence courte de vingt-cinq resi- dus acides amines et deux ponts disulfure. Elle semblerait ainsi se rapprocher de l’apamine du venin d’abeille, neurotoxine bloqueur de canaux potassium calcium-depen- dants de type SK, qui compte dix- huit residus et deux ponts disulfu- re. En fait, on ne retrouve que le motif -C-x-x-x-C- commun non seulement aux neurotoxines du venin de scorpion, aux defensines et a l’apamine mais encore a divers neuropeptides neurotoxiques ou vaso-actifs tels que le peptide MDC (mast-cell degranulating) du venin d’abeille, les sarafotoxines du venin du serpent Atractaspis sp., les endothelines, mediateurs vaso- actifs physiologiques de structure tres similaire aux sarafotoxines. L’androctonine presente une simi- larite plus nette avec l’a-conoto- xine SII du venin du gasteropode marin Conus striatus, neurotoxine de dix-neuf residus bloqueur des recepteurs nicotiniques de l’acetyl- choline. Si cette neurotoxine comp- te trois ponts disulfure contraire- ment a l’androctonine (et aux autres neurotoxines de cone habi- tuellement a deux ponts disulfure), le nombre de residus d’acides ami- nes situ&s entre les quatre cysteines communes est identique, et l’un des ponts disulfure est en m@me position. De plus, l’androctonine montre pour le recepteur nicoti- nique de l’acetylcholine de Torpedo sp. une affinite du m@me ordre de grandeur que celle de I’a-conotoxine SII [35]. L’activite antimicrobienne de l’an- droctonine est remarquable. Cette toxine possede une activite antibac-

terienne envers des batteries a Gram+ et a Gram-, mais aussi une nette activite antifongique, compa- rable a celle de certains peptides antimicrobiens d’arthropodes : a) thanatine de Podisus maculiventris (Hemiptere), b) drosomycine du diptere Drosophila melanogaster [74, 75, 851, c) tachyplesine et polyphe- musine de Merostomes (Arach- nides), a dix-sept et dix-huit resi- dus acides amines et deux ponts disulfure en position identique provenant respectivement de Tachypleus tridentatus et Xiphosura (= Limulus) polyphemus [33]. L’an- droctonine apparait ainsi comme le premier exemple d’un peptide cir- culant ayant a la fois des proprietes antibacteriennes et neurotoxiques, avec cette curiosite : le venin de scorpion ne contient aucune neuro- toxine postsynaptique connue a ce jour.

3. Discussion - Conclusion Les scorpions, predateurs carni- vores, possedent dans leurs venins des toxines bloqueurs de canaux potassium capables de neutraliser des arthropodes, leurs proies habi- tuelles. Dans leur hemolymphe, cir- culent des peptides antimicrobiens de la famille des defensines, qui les protegent d’infections et de conta- minations bacteriennes. Morel [ 1011 a du reste souligne l’efficacite de leurs defenses antimicrobiennes. Toxines et defensines de scorpions possedent une m@me architecture de base, une sequence consensus a trois ponts disulfure en position conservee pour une chaine de tren- te a quarante residus acides amines. Avec une reelle economic de moyens, le scorpion a final&e des cibles precises (proies, agents bacteriens) a l’egard desquelles il est en mesure d’agir ou de reagir avec des moyens d’une extreme efficacite concourant a la survie de l’espece. On notera que les deux familles de molecules, neuro- toxines et defensines, presentes dans l’organisme du scorpion de facon constitutive, ont un mode d’action apparent6 : les toxines

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agissent en se fixant sur des recep- teurs membranaires de cellules eucaryotes, neuronaux mais aussi extra-neuronaux, et en perturbant un flux ionique, les defensines agis- sent sur la membrane cytoplas- mique de la bacterie par un meca- nisme dependant du potentiel, en y creant des pores et une fuite de potassium [17]. Les trois ponts disulfure, le motif commun C&P, conferent a ces molecules une structure compacte, capable de resister a l’action de proteases, par- ticulierement stable. L’hypothese d’un ancetre molecu- laire commun aux neurotoxines et aux defensines a ete d’emblee pro- posee [18]. Cependant l’existence d’une difference genomique des sequences codantes n’est apparem- ment pas en sa faveur : les genes des neurotoxines sont composes d’exons et d’introns [9, 261, les genes des defensines d’insectes sont depourvus d’introns [Bl]. Lexistence recemment rapportee de deux neurotoxines longues a trois ponts disulfure, actives sur les canaux potassium, la toxine Aa TX KP d’Androctonus australis et la toxine Ts TX KP de Tityus serrulutus, presentant entre elles 61 % de simi- larite, et 42 % de similarite avec les defensines confirme bien en fait la parent6 des deux types de mole- cules [821 : la similitude avec les defensines se verifie pour les 38 acides amines comprenant les trois ponts sur lesquels l’alignement est opere. Ainsi, des peptides a structure de base commune peuvent presenter deux types d’activites differentes, exclusives l’une de l’autre, s’exer- cant soit au niveau des cellules eucaryotes soit au,niveau des cel- lules procaryotes. A cet egard, l’an- droctonine reste une molecule unique : differente des neuro- toxines du venin de scorpion, elle possede une tres courte chaine a deux ponts disulfure comme l’apa- mine, bloqueur de canaux potas- sium du venin d’abeille. Ses deux ponts sont en position comparable a deux des trois ponts dune autre neurotoxine, une conotoxine d’effet

curarisant, l’a-conotoxine SII, et elle en a effectivement l’activite neurotoxique. Differentes des defensines, elle possede une acti- vite antimicrobienne a large spectre. Ainsi apparait-elle comme une molecule de transition posse- dant la double fonction antibacte- rienne (primitivement detectee) et neurotoxique, dans un registre different, il est vrai, de la neuro- toxicite des bloqueurs de potas- sium. En s’attachant au nombre et surtout a la position des ponts disulfure sur lesquels s’operent les alignements, plus qu’a la longueur de la chaine peptidique, on peut distinguer trois sous-familles. a) Une sous-famille de tres courtes chaines, a deux ponts disulfure le plus souvent, a nombre de resi- dus I 25 : on y trouve majoritaire- ment des neurotoxines ou des toxines neuromusculaires telles que l’apamine, l’a-conotoxine ST1 (l’ex- ception a trois ponts), le peptide MCD du venin d’abeille, les sarafo- toxines du venin de serpent Atrac- tuspis sp., celles-ci presentant une haute similarite avec des media- teurs vaso-actifs, les endothelines. Ces molecules ont en commun un motif, -C-x-x-x-C-, qui se retrou- ve egalement dans les neurotoxines bloqueurs de canaux sodium et potassium des venins de scorpion [134]. Un autre motif commun, -C-x-C-, situe a l’extremite N-ter- minale des neurotoxines de venin de scorpion se retrouve en position C-terminale dans les defensines. Le seul peptide antibacterien connu se rattachant a cette sous-famille est l’androctonine, qui en outre possede des proprietes neurotoxiques. b) Une sous-famille comprenant de courtes cha^mes (trente a quarante residus acides amines) et trois ponts disulfure, avec une sequence consensus et un motif CSaP com- muns. Elle rassemble des neuro- toxines bloqueurs de canaux potas- sium et les peptides antimicrobiens de la categoric des defensines. Apparaissent, dans cette sous-famil- le, des neurotoxines bloqueurs de canaux potassium a quatre ponts

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disulfure [63], sans peptide antibac- terien correspondant actuellement connu, dune part, et d’autre part, des neurotoxines a chaine longue et a trois ponts disulfure ayant une grande similarite de sequence avec les defensines lorsque les trois ponts sont align&. Par la longueur de la chaine, celles-ci paraissent etablir un lien avec la sous-famille suivan- te. c) Une sous-famille, a chaine longue, de l’ordre de soixante-cinq residus acides amines et quatre ponts disulfure. Trois des positions des ponts disulfure et le motif CSaP sont communs avec la sous- famille precedente. Toutes sont des neurotoxines. On ne connait pas jusqu’a present de peptide antibac- terien correspondant a cette struc- ture. Au total, la fonction neurotoxique est presente dans chacune des sous-familles de peptides, alors que la fonction antimicrobienne ne se manifeste que pour les chaines courtes ou tres courtes. Le motif Csap, bien qu’il soit largement pre- sent, n’apparait indispensable a aucune des deux fonctions. Enfin, en depit de motifs structuraux ou sequentiels communs aux trois sous-familles, les defensines s’ap- parentent essentiellement aux neu- rotoxines bloqueurs de potassium. Si on considere la coexistence de fonctions antimicrobienne et neu- rotoxique a l’interieur de ces sous- groupes, on voit qu’elle n’existe que pour les molecules a deux ou trois ponts. On est ainsi conduit a penser que l’elaboration des neuro- toxines et des defensines s’est faite d’un point de vue phylogenetique par developpement de la longueur de la chaine peptidique plutot que par reduction d’une longue mole- cule dont un noyau de base actif aurait et+ conserve pour les plus petites. A l’interieur de la deuxie- me sous-famille, d’autres classifica- tions ont ete suggerees [82]. Ainsi les neurotoxines de venin de scor- pion et les defensines peuvent-elles @tre considerees comme apparte- nant a une m@me famille ayant eu primitivement, par leur action sur

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la membrane cellulaire, un double effet neurotoxique et antimicrobien dont chaque composante s’est ensuite isolee. Leur structure de base commune d’une grande stabi- lit6 pourrait servir de point de depart pour la synthese de mole- cules auxquelles on confererait, par genie genetique, une nouvelle pro- priete prealablement choisie : ainsi peut-on envisager d’elargir les fonctions d’une famille de peptides naturels primitivement a double vocation [33,129]. L’economie de moyens dont le scorpion fait preuve pour differen- tier des cibles diversifiees a partir d’un meme schema moleculaire, deja signalee dans d’autres exemples cornparables [115], pour- rait @tre a la base du caractere pan- chronique d’un animal apte a s’adapter sans changement structu- rel ou metabolique fondamental aux pressions de selection.

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