VENDREDI 9 MAI 2008 L’art de filmer le Maroc en plongée · PDF fileLa guitare...

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Page 1: VENDREDI 9 MAI 2008 L’art de filmer le Maroc en plongée · PDF fileLa guitare d’Alexandre attendra la prochaine fête de la Saint-Pa-trick. Marc, ... Cette astuce nous donne la

LA LIBERTÉVENDREDI 9 MAI 2008

29SPORT

L’art de filmer le Maroc en plongéePARAPENTE • Comment filmer le ballet aérien d’une escadrille de parapentistes ballottés par une aérologiemouvementée? C’est toute la difficulté du cinéaste placé entre le ciel et la terre du Maroc.

PIERRE-ALAIN HAYOZ

La guitare d’Alexandre attendrala prochaine fête de la Saint-Pa-trick. Marc, Mathieu et Nicolasont rangé leurs skis. Nous nousenvolons pour le Maroc, étapehivernale de notre tournage,après l’Australie et la Nouvelle-Zélande (voir «La Liberté» du 28décembre et du 30 janvier)

A deux pas de chez nous ouplus communément à 2 h 30d’avion de Genève, le Marocnous offre un terrain de jeuidéal pour tourner des imagesde vol en parapente. Notre amiet caméraman Julien Magninnous accompagne (lire son in-terview ci-desous).

LE CHOC Dès notre arrivée, ledépaysement est total. Avons-nous connu un tel choc? Nouscherchons dans nos souvenirsA l’unanimité, nous concluonsque Marrakech n’a rien à envierà New Delhi ou Katmandu. Am-biance, saveurs, chaleur, le Ma-roc nous donne le goût del’exotisme et nous promet unvoyage haut en couleur, où lesdéserts arides s’opposent auxmontagnes couvertes de forêtsde cèdres.

GRANDIOSE Pour varier lesprises de vues, le voyage enJeep nous paraît être une excel-lente solution. Ainsi, dès le pre-mier jour, nous sillonnons lesroutes jusqu’à Agergour, petitvillage situé à la porte des som-mets de l’Atlas. Là, les fortespluies des semaines précé-dentes ont rendu les prés ver-doyants. Contraste saisissantpuisque en quittant nos foyersce matin, la Gruyère étaitencore enfouie sous uneépaisse couche de neige. Arri-vés à destination, nous décou-vrons que les Marocains n’ontrien usurpé de leur réputation:ils sont hospitaliers et gentils.Ce pays musulman a réussi àconserver ses traditions et sanature. Les paysages gran-dioses et variés se prêtent àmerveille pour les premierstests de notre matériel audio etvidéo.

MOUVEMENTÉE Commentconcilier pilotage et prises devues? Toute la difficulté del’exercice est là. Nous évoluonsen parapente dans une régionmontagneuse qui nous estinconnue. Les pilotes, un peumal à l’aise, effectuent leurspremiers vols quasiment sansaucun matériel vidéo afin des’imprégner de l’aérologielocale. Celle-ci peut, à cettepériode de l’année, être capri-cieuse et mouvementée!

BALLET AÉRIEN Préparationminutieuse de notre matérielde tournage, coordination suc-cincte de notre ballet aérien, unzeste de concentration, et touss’envolent… Enfin presque…Filmer demande de l’organisa-tion et des concessions: alorsque deux pilotes doivent resterau sol pour pouvoir filmer, lesautres placent une caméradans la voile et un responsabledonne des ordres à la radio:«Dans trois secondes,Alexandre tourne à gauche etNicolas à droite, 3,2,1, top!»

Chaque mouvement est décor-tiqué par les caméras qui bra-quent les pilotes. Ainsi, mêmesi la tension est bien réelle, letemps défile au rythme d’unejournée de vacances.

DANS LA BOÎTE Toutes lesimages ne sont pas utilisables,mais parfois, en vol, tout estréuni pour une prise de vueparfaite. La disposition despilotes est idéale, le vent estlaminaire, les caméras posi-tionnées correctement et lessupports «maison» bien réglés.A ce moment-là, toute l’équipele ressent, nos respirationss’espacent, nos gestes s’adou-cissent, nous laissons vivrel’instant... Tout au fond denous, nous nous disons: «C’estbien, ne bouge plus, pas trop àdroite, freine un peu, encorequelques secondes.» Et là, c’estdans la boîte! Tous se posent endouceur, pas besoin de discu-ter pendant des heures. Nousvenons de vivre un volmagique entre amis, nousavons réussi à le filmer, quevouloir de plus?

ASTUCE Dans un reportage,les différentes prises de vuesdonnent une véritable vie ànotre sport. Au col de «Tizi ‘N-Test» dans le Haut-Atlas, nousmettons à rude épreuve tout lematériel vidéo que nous avonsemmené. Mathieu se fixe unecaméra sur la jambe gauchetandis que je peaufine les ré-glages de mon casque audiovi-suel avec viseur intégré. Dufond de la vallée, Nicolas lanceun appel à la radio: «Nous re-montons avec la voile biplace etle caméraman: nous allonsvous filmer devant ces sommetsenneigés et au-dessus de ce pe-tit village berbère». Dans untournus ininterrompu de maté-

riel et de vols, nous laissonslibre cours à notre imaginationsous le regard étonné de notreguide, Rachid. Les derniers gad-gets électroniques du marchéne font guère peur à Marc, notre«Mac Gyver» du vol libre. Il nousa même préparé un kit permet-tant de fixer la caméra dans lavoile. Cette astuce nous donnela possibilité de filmer les milleet une teintes des paysages défi-lant sous nos pieds…

L’ŒIL DE JULIEN Le soir venu,Julien ne se sépare jamais de sacaméra. Il fixe la prière à Allahinondant le calme du désert,une discussion sur nos futursvols autour d’une tasse de thé àla menthe… Tout est bon pourdiversifier notre documentaire.

RICHESSE Partagé entre le dé-sir de vivre le moment présentau maximum et l’envie de fil-mer chaque scène de notrequotidien, nous remarquonsrapidement que notre présenceici est bien plus que touris-tique. Le message que nousportons dorénavant dans nosbagages est bien clair: sport,nature et liberté. Il peut pa-raître simple et sommaire, maisbeaucoup d’enfants que nouscroiserons durant nos esca-pades n’ont pas cette richesse.Quelques échanges, un regardet un sourire, un dessin à mêmele sol pour nous indiquer lechemin du retour… Voilà la re-cette pour un film sur le para-pente autour du monde, sanseffets spéciaux. I

Instructeur de parapente, Pierre-AlainHayoz est en train de tourner un film quil’emmènera sur les quatre continents(voir «La Liberté» du 28 décembre et du30 janvier). Au Maroc, il était accompa-gné par Nicolas Horner, Marc Pugin,Alexandre Dey et Mathieu Doutaz. Info:www.anemos-parapente.ch

Vol à Amzouda. PIERRE-ALAIN HAYOZ

«Il y a toujours quelque chose qui me fait bouger»En deux mots,explique-nous ta mission au Maroc!Julien Magnin:(PHOTO) J’étais vrai-ment là pour soutenirl’équipe dans leursaventures, mais égale-ment pour revaloriserla qualité du film enapportant des idées deplans et scénario.

Ça veut dire quoi «tourner un film de parapente»?C’est essayer de faire tout, sauf ce qu’on adéjà vu sur nos écrans de télévision. Unnouveau style d’images inconnu dans lemonde du parapente.

Etais-tu en sécurité, pendu sous ces parapentes?A aucun moment je n’ai eu peur... J’étaistellement concentré à filmer que je ne me

suis pas trop posé de questions. On a euun ou deux atterrissages un peu scabreux,vu le relief du pays, mais j’étais toujours àl’aise.

Le vol en parapente biplace avec une grossecaméra, ce n’est pas trop pénible ?Ah! là oui, c’est difficile d’être stable etd’amortir les secousses. Il y a toujoursquelque chose qui me fait bouger. Filmer enparapente, c’est un peu comme lire en voi-ture, de la folie pour mon estomac. Je tepasse des détails!

Quelle est la suite de ton programme pour l’an-née 2008?Il faut que je me familiarise avec la prisede vue par hélicoptère pour les scènes quiseront tournées cet été en Gruyère.Ensuite, je commencerai le montage dufilm. Je me réjouis!

PAH

Comment stabiliser une caméra: sur le casque, sur la jambe. PIERRE-ALAIN HAYOZ/ALEXANDRE DEY

Notre message estbien clair: sport,nature et liberté