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1 ÉVALUATION D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL RÉSUMÉ ANALYTIQUE Titre du projet : PROJET HYDROÉLECTRIQUE GIBE III Pays : ÉTHIOPIE Code du projet : P-ET-FAB-005 1. Introduction 1.1 La Compagnie éthiopienne d’électricité (Ethiopian Electric Power Corporation EEPCO) s’emploie actuellement à développer le potentiel hydroélectrique en Éthiopie. Dans cette optique, le projet de Gibe III offre une capacité de production pour répondre à la demande intérieure et accroître les exportations d’électricité, faisant ainsi du secteur une source de recettes en devises pour le pays. Les retombées directes du présent projet se présentent sous forme de 1 870 MW d’électricité et de 6 400 GWh d’énergie garantie par an. 1.2 L’évaluation d’impact environnemental et social (EIES) a été préparée conformément aux procédures en matière d’EIES de l’Éthiopie et aux normes internationales, telles que traduites dans les politiques, les procédures de protection et les directives de la Banque africaine de développement. 1.3 Le présent résumé analytique comprend des informations tirées des rapports connexes préparés dans le cadre de l’étude en question, à savoir : i) Évaluation d’impact environnemental et social : Barrage et réservoir ii) Évaluation d’impact environnemental et social : Aval iii) Plan de gestion environnementale et sociale iv) Plan d’action de réinstallation v) Évaluation d’impact environnemental et social : ligne de transport Gibe III-Sodo 1.4 Le cabinet italien CESI, en association avec MDI Consulting Engineers d’Éthiopie, s’est vu confier la responsabilité de préparer l’EIES ; AGRICONSULTING d’Italie, en association avec MDI, a procédé à l’évaluation de la zone en aval. 2. Description du projet 2.1 Site du projet Le projet de Gibe III se situe dans le bassin du fleuve Gibe-Omo, sur le cours moyen du fleuve Omo, près de 450 km par voie routière au sud d’Addis-Abeba. Le projet, de la base de son réservoir à son émissaire d’évacuation, s’étend sur un corridor de quelque 155 km de long. Au plan administratif, le réservoir couvre cinq zones et douze weredas. Le secteur en aval va de l’emplacement du barrage jusqu’au lac Turkana. Le fleuve Omo en dessous du barrage de Gibe III traverse les quatre weredas de la zone au sud delOmo. Le barycentre approximatif de la zone du projet se situe à 757.225 Nord et 312.293 Est. Les cartes 1 et 2 présentent la localisation de la zone du projet respectivement pour le barrage et le réservoir et le nouveau tracé de la route. Les travaux de construction du projet Gibe III se concentrent sur une petite superficie d’environ 1 km 2 .

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ÉVALUATION D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL

RÉSUMÉ ANALYTIQUE

Titre du projet : PROJET HYDROÉLECTRIQUE GIBE III

Pays : ÉTHIOPIE

Code du projet : P-ET-FAB-005

1. Introduction

1.1 La Compagnie éthiopienne d’électricité (Ethiopian Electric Power Corporation –EEPCO) s’emploie actuellement à développer le potentiel hydroélectrique en Éthiopie. Danscette optique, le projet de Gibe III offre une capacité de production pour répondre à lademande intérieure et accroître les exportations d’électricité, faisant ainsi du secteur unesource de recettes en devises pour le pays. Les retombées directes du présent projet seprésentent sous forme de 1 870 MW d’électricité et de 6 400 GWh d’énergie garantie par an.

1.2 L’évaluation d’impact environnemental et social (EIES) a été préparée conformémentaux procédures en matière d’EIES de l’Éthiopie et aux normes internationales, telles quetraduites dans les politiques, les procédures de protection et les directives de la Banqueafricaine de développement.

1.3 Le présent résumé analytique comprend des informations tirées des rapports connexespréparés dans le cadre de l’étude en question, à savoir :

i) Évaluation d’impact environnemental et social : Barrage et réservoir

ii) Évaluation d’impact environnemental et social : Aval

iii) Plan de gestion environnementale et sociale

iv) Plan d’action de réinstallation

v) Évaluation d’impact environnemental et social : ligne de transport Gibe III-Sodo

1.4 Le cabinet italien CESI, en association avec MDI Consulting Engineers d’Éthiopie,s’est vu confier la responsabilité de préparer l’EIES ; AGRICONSULTING d’Italie, enassociation avec MDI, a procédé à l’évaluation de la zone en aval.

2. Description du projet

2.1 Site du projet

Le projet de Gibe III se situe dans le bassin du fleuve Gibe-Omo, sur le cours moyen dufleuve Omo, près de 450 km par voie routière au sud d’Addis-Abeba. Le projet, de la base deson réservoir à son émissaire d’évacuation, s’étend sur un corridor de quelque 155 km delong. Au plan administratif, le réservoir couvre cinq zones et douze weredas. Le secteur enaval va de l’emplacement du barrage jusqu’au lac Turkana. Le fleuve Omo en dessous dubarrage de Gibe III traverse les quatre weredas de la zone au sud de l’Omo. Le barycentreapproximatif de la zone du projet se situe à 757.225 Nord et 312.293 Est. Les cartes 1 et 2présentent la localisation de la zone du projet respectivement pour le barrage et le réservoir etle nouveau tracé de la route. Les travaux de construction du projet Gibe III se concentrent surune petite superficie d’environ 1 km2.

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2.2 Projet hydroélectrique Gibe III

2.2.1 Le projet hydroélectrique Gibe III sera le troisième d’une série de projets (GilgelGibe/ Gibe I, opérationnel et Gibe II en voie d’achèvement) sur le cours principal du fleuveGibe/Omo. Un autre projet hydroélectrique – dénommé Gibe IV – est prévu en aval du fleuveOmo.

La carte 4 présente le plan général du projet hydroélectrique et du barrage de Gibe III,comprenant un barrage de 240 m de haut qui créera un réservoir d’une superficie de 200 km²et d’une capacité de stockage dynamique de 11 750 millions de m³. L’aménagementcomprendra des conduites forcées souterraines et inclinées, une centrale au fil de l’eau dotéede dix unités de production d’énergie et des postes de manœuvre, aux caractéristiquessuivantes :

10 turbines Francis N., à axe vertical, de 187 MW, 211 m Hn, 95 m3/s Q ; une centrale à facteur de charge de 0,46 (0,46 pour Gibe I ; 0,44 pour Gibe II) ; 6400 GWh d’énergie produite par an.

2.2.2 L’énergie électrique sera disponible à toute heure de la journée ou de la nuit pourrépondre à la demande à la fois aux heures de pointe et hors pointe sur les réseaux électriquesinterconnectés d’Éthiopie ou à l’exportation. Le coût unitaire spécifique du projet de Gibe III,sur la base de la composante de production (le volet transport non compris), s’élève à 2,86centimes d’euro par kWh, ce qui dénote un projet de production d’énergie hydroélectriquetrès rentable.

2.3 Ligne de transport

2.3.1 L’énergie produite par la centrale de 1 870 MW de Gibe III sera évacuée dans lesystème interconnecté (ICS) par le biais d’une ligne de transport aérienne de quatre systèmesde double circuit de 400 kV devant relier Gibe III à une nouvelle sous-station à Sodo. Cetteligne sera de 65 km de long.

2.3.2 Les pylônes de transport seront des pylônes en treillis métalliques autoportants.L’espace normal entre deux pylônes sera d’environ 350 m. La superficie au sol occupée parles pylônes sera d’environ 12 m sur 12 m. Le parcours exact de la ligne de transport est déjàdéfini pour la première tranche de 22,6 km tandis que celui de la section restante est en cours.Autant que possible, le tracé évitera les habitations ou les établissements humains, et s’il y alieu, les zones agricoles. Toutefois, une indemnisation sera requise du fait de la constructiondes voies d’accès et des pylônes eux-mêmes. Une emprise d’une largeur de 50 m situéeapproximativement au centre du passage d’exploitation devra être débarrassée de toutevégétation et construction. L’emprise sera utilisée pour la fondation des pylônes de transportet comme chemin d’accès pour l’aménagement et l’entretien de la ligne de transport. Cetespace de terrain restera la propriété de ses propriétaires actuels. Un total de 350 hectares deterre sera requis pour l’emprise.

2.4 Voies d’accès

2.4.1 Le pont actuel sur le fleuve Omo (sur la route Chida-Sodo) sera submergé par le futurréservoir de Gibe III. Un nouveau pont routier sera construit en aval du barrage. Suite auremplissage du réservoir, la liaison permanente entre les rives gauche et droite du fleuve serapossible en utilisant la route (sur le plateau de la rive droite) menant au site du barrage, lepassage au-dessus du pied aval du barrage et une nouvelle route sur le plateau gauche du sitedu barrage qui rejoint la route existante (ou vers Kindo Halale).

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2.4.2 Le nouveau tracé de la route, tel que proposé, reste toujours dans les zones deWalayita et Dawro des SNNPRS et dessert la même communauté. La carte 4 présente la routeexistante et la nouvelle route. La longueur totale de la route le long du tracé retenu estd’environ 80 km. L’entreprise d'ingénierie/approvisionnement/construction clé en main a,suite à son étude, défini un axe de 54,8 km sur la rive gauche et un autre de 24,5 km à droite.Cependant, la route sur la rive gauche traverse une zone à forte intensité d’activités agricoleset densément peuplée. L’évaluation sociale a recommandé d’envisager une solution derechange afin de réduire au minimum la réinstallation et la réhabilitation, ainsi que l’impactsur les moyens d’existence de la population locale, et le second tracé sur la rive gauche estactuellement en cours d’examen. La conception détaillée de la route est présentée dans lesrapports pertinents actuellement en voie d’achèvement.

2.4.3 En termes de fonction, la route est considérée comme une bretelle. La largeurproposée pour la route est de 10 m, avec des accotements de 1,5 m de large de part et d’autre.La route est revêtue de gravier. Les études sur le terrain et la coupe transversale ont permisd’identifier des besoins de drainage le long de la route et d’autres mesures de protection. Parconséquent, les propositions comprennent la construction de caniveaux le long de la route(rigole de drainage maçonné), de murs de soutènement, le contrôle du ravinement, etc. Lesautres dispositions incluent pour l’essentiel, des panneaux de signalisation, des marques sur lachaussée et des équipements routiers.

3. Cadre politique, légal et administratif

L’étude d’EIES du projet hydroélectrique Gibe III proposé a été réalisée conformément auxréglementations environnementales locales, nationales et internationales. Le cadre législatifapplicable au projet propose est régi par la République fédérale démocratique d’Éthiopie(FDRE) et la Banque africaine de développement.

3.1 Cadre réglementaire de la FDRE

3.1.1 La République fédérale démocratique d’Éthiopie a adopté sa Constitution en 1995, quidéfinit les principes et directives complètes et essentielles en matière de protection et degestion environnementale dans le pays.

3.1.2 L’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA) administre le processusd’EIE en Éthiopie, comme stipulé dans sa proclamation de création. EEPCO s’est conforméeaux exigences en matière d’EIE et de procédures et documentation de l’EPA, notamment parla soumission de l’EIES, du PGES et des rapports sur le Plan d’action de réinstallation.

3.1.3 EEPCO et l’entreprise d’ingénierie/approvisionnement/construction auront la chargede mettre en œuvre les mesures d’atténuation et les plans de gestion environnementale, encoordination ave l’EPA fédérale et les offices régionaux de protection de l’environnement. Lesuivi de la performance environnementale du projet sera assuré, de façon régulière, par unestructure propre à EEPCO et également à travers des audits externes/réalisés par des tiers.

3.2 Directives de la Banque africaine de développement

3.2.1 Conformément aux critères d’évaluation du Groupe de la BAD, le projet de Gibe IIIest classé sous la catégorie 1, c'est-à-dire un projet pour lequel une étude d’impactenvironnementale complète est requise. Le présent rapport d’EIES a été établi en vue de seconformer aux exigences liées à l’intervention de la Banque dans le financement du projet.

3.2.2 Les politiques et directives suivantes de la BAD relatives aux questionsenvironnementales et sociales liées au projet ont été prises en compte dans la préparation del’EIES et du PGES. Le projet Gibe III est donc conforme aux politiques de la BAD.

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Procédures et directives d’évaluation environnementale et sociale

Directives relatives au déplacement involontaire et au transfert des populations dansles projets de développement

Politique en matière de genre

Politique en matière de collaboration avec les OSC

3.3 Banque mondiale

3.3.1 La Banque mondiale et la SFI disposent de directives détaillées en ce qui concerne leprocessus d’évaluation environnementale (EE). Conformément aux critères de performance etprocédures connexes de la Banque mondiale pour l’évaluation des projets, le projethydroélectrique Gibe III s’inscrit sous la catégorie A.

3.3.2 En outre, les huit critères de performance de la SFI – Évaluation sociale etenvironnementale et systèmes de gestion ; Main d’œuvre et conditions de travail ; Préventionet réduction de la pollution ; Hygiène, sécurité et sûreté communautaires ; Acquisition desterres et déplacement forcé ; Conservation de la biodiversité et gestion durable des ressourcesnaturelles ; Populations autochtones, et Patrimoine culturel – seront observés tout au long del’exploitation du projet.

3.4 Conventions internationales

La République fédérale démocratique d’Éthiopie a ratifié plusieurs conventions et protocolesinternationaux, dont certains sont applicables au projet hydroélectrique Gibe III, notamment :

Convention sur la biodiversité (Convention de Rio) ;

Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ;

Convention africaine pour la conservation de la nature et des ressources naturelles ;

Convention relative aux zones humides d'importance internationale, particulièrementcomme habitats de la sauvagine (Ramsar) ;

Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.

4. Description de l’environnement du projet

Les informations sur les ressources naturelles et socioéconomiques existantes sont d’uneimportance capitale pour l’évaluation des impacts environnementaux. Les Données de basesur la situation actuelle de l’environnement physique, biologique et socioculturel de la zonedu projet ont été collectées, évaluées et présentées.

A. Barrage et réservoir/amont

4.1 Environnement physique

4.1.1 Climat

Les précipitations diminuent dans les zones de captage de l’Omo-Gibe au fur et à mesure quel’altitude baisse, et varient d’un minimum de 1200 mm à un maximum d’environ 1900 mm.La moyenne annuelle des précipitations, calculée sur l’ensemble du bassin de Gibe III où sesitue le barrage, s’établit à 1426 mm. 75 à 80 % des précipitations annuelles s’enregistréessur une période de cinq mois, à savoir de mai à septembre. La température moyenne annuelleest de 20,4°C.

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4.1.2 Géologie

Du point de vue de la géologie, la région Sud de l’Éthiopie comprend essentiellement desroches métamorphiques de schiste vert, d’amphibolite et de granulite facies, qui représententles limites australes du bouclier arabo-nubien.

La zone de l’emplacement du barrage est caractérisée par une profonde gorge avec desmurailles sous-verticales. L’alluvion du fleuve est constitué de sable fin et de gravierd’épaisseurs variables, avec une profondeur maximum de l’ordre de 15 m. À partir des rivesdu fleuve commencent les pentes de 30-50 m de colluvions angulaires grossiers incrustésdans des matrices silto-sablonneuses. Les affleurements des murailles de trachyte légèrementaltérées sont principalement caractérisés par deux familles jointes sous-verticales, parallèleset perpendiculaires au fleuve. Les murailles sont également affectées par un système de failletransversale d’une orientation NO-SE.

La rive gauche a une hauteur de près de 200 m et semble quasiment intacte, tandis que cellede droite est affectée par un système de failles NNO-SSE. La larve trachytique paraît altérée àcertains endroits par des fractures et des fluides hydrothermiques. Au dessus de la rivegauche, une principale faille majeure de direction NNO-SSE a causé un déplacement verticalet mis en contact des structures de basalte et de trachyte structures. Près du contact avec lescolluvions, la roche prend un aspect plus plutonique. Les extrémités des murailles sontsouvent caractérisées par des colonnades basaltiques (au moins deux) perturbées par unmouvement structurel.

4.1.3 Sismologie

Quoique le barrage de Gibe III soit situé en Éthiopie, à proximité (environ 70 km) de lasection orientale du système de vallée d’effondrement de l’Afrique de l’Est, l’ensemble de lazone intéressant le projet, selon le rapport « LEVEL 1 DESIGN Geological », ne semble pasprésenter actuellement de signes d’activité sismique.

4.1.4 Hydrogéologie

Les données disponibles concernant le réservoir ont été collectées à partir des forages réaliséssur le site du barrage, des documents du projet de Gibe II, et de la télédétection. Lastratigraphie et la géologie structurelle des rives du réservoir ont été définies sur la base del’interprétation des images d’ASTER et d’autres données de télédétection. Les valeurs de laperméabilité locale ont été obtenues à partir des forages réalisés sur le site du barrage. Selonle rapport géologique, aucun couloir de filtration à partir du réservoir n’a été observé le longdu bassin du fleuve. La perméabilité serait de type secondaire (liée à la fracturation de lamasse rocheuse), tandis que la perméabilité primaire (c’est-à-dire liée à la porosité) seraitlimitée aux éléments pyroclastiques interstratifiés dans des coulées basaltiques.

4.1.5 Hydrologie

Le bassin du fleuve Omo est alimenté par deux principaux fleuves provenant des hautesterres, le fleuve Gibe coulant vers le sud et le fleuve Gibe, vers l’est. En aval de leur point deconfluence, seuls des affluents mineurs se rejoignent, alors que le fleuve continue vers le sudpour pénétrer la gorge profonde où a été identifié le site du barrage de Gibe III. Au site dubarrage, la zone de captage a une superficie d’environ 34 150 km2, soit 45 % de la superficietotale de la zone de captage au niveau du lac Turkana et contribue pour 80,5 % du débit dubassin. Le fleuve Omo a une inclinaison moyenne de 3,1 m/km. Le débit moyen sur le longterme au site de Gibe III est estimé à 435 m3/s, soit 13,5 milliards de m3 par an. Les variationssaisonnières sont extrêmes, le débit moyen mensuel passant d’environ 60 m3/s en mars à plusde 1 500 m3/s en août.

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4.1.6 Qualité de l’eau

Afin de décrire les caractéristiques chimiques de l’eau en amont et en aval du site du barrage,il a été procédé à un échantillonnage d’eau à l’effet de définir l’abondance des paramètreschimiques définis dans les trois stations (aval de la centrale hydroélectrique de Gibe II, auniveau du pont de Bele et près du site du barrage de Gibe III). Avec des niveaux très faiblesde salinité sur l’échelle habituelle des eaux minérales, les eaux du fleuve Omo peuvent êtreclassées dans la catégorie alcalino-terreux et saumâtre, et contiennent du bicarbonate.

4.2 Environnement biologique

4.2.1 Utilisation des terres et couverture terrestre

L’évaluation de la couverture terrestre a été effectuée pour la zone du réservoir de Gibe III, àpartir de l’interprétation des images satellitaires, des observations sur le terrain, de la collecteet de l’analyse des données de terrain. La classification a donné les quatre catégoriessuivantes : la végétation riveraine de la zone du réservoir a été observée le long des berges dufleuve et couvre 1839 ha de terre (8,8 %), et des forêts d'arbres à feuilles caduques couvrentenviron 17 158 ha (82,2%) et était caractérisé par environ 2 % de couverture arborée et 98 %d’herbe au moment de la réalisation de l’enquête sur le terrain. La surface exposée et desterres limoneuses/graveleuses couvrent 4,7 % de la zone du réservoir, essentiellement le longdes parties inférieures du fleuve, sur les pentes raides des rivières et des coteaux dégradés etdes affleurements rocheux. Le fleuve/plan d’eau couvre 4,3 % de la zone du réservoir. Lesactivités culturales et les habitations, qui sont concentrées dans certaines parties (à l’extérieurde la vallée sur la haute terre), ne seront pas affectées par le futur réservoir.

4.2.2 Végétation naturelle et ressources forestières

La végétation sur les flancs de la vallée est caractérisée par des arbres à feuilles caduques dugenre qui perd ses feuilles pendant la saison sèche et les retrouvent durant la saison pluvieusecomme moyen d’adaptation à la longue saison sèche. Les espèces végétales dans la vallée del’Omo ont, au fil des ans, développé des mécanismes et caractères d’adaptation qui leurpermettent soit de résister aux feux de brousse, de germer après la vague de chaleur, soit dese régénérer après des incendies. La végétation générale, qui a évolué en réaction auxfréquents feux de brousse, est pauvre en composition taxinomique. Il existe une bande étroitede végétation riveraine d’une composition en espèces presque similaire à celle des forêtssituées sur les pentes de la colline. Du fait du taux élevé d’humidité, les arbres rencontrés à lalisière de la rive ne sont pas touchés par les feux, tout comme le reste des arbres situés dansles parties supérieurs de la zone d’étude.

Les variations d’altitudes, la température, l’humidité, la composition floristique et laphysionomie de la végétation dans le bassin du fleuve Omo et de celui du Gibe offrent desconditions idéales pour l’infestation des mouches tsé-tsé.

4.2.3 Ressources fauniques

Sur la base de l’évaluation, la zone du projet compte un faible nombre d’espèces fauniques,contrairement aux zones en aval du barrage de Gibe III (parcs nationaux de Mago et d’Omo)et n’abrite qu’un nombre limité d’espèces sauvages. Toutefois, les résidents locaux et lesprofessionnels exerçant dans les bureaux de l’agriculture qui ont été interrogés durant lesétudes sur le terrain ont indiqué la présence d’animaux sauvages dans la zone du projet. Lesespèces sauvages enregistrées dans la zone du réservoir sont très courantes dans plusieursparties du pays ; aucune de ces espèces n’est en danger ou menacée.

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La végétation offre un bon habitat à diverses espèces fauniques. Toutefois, les habitats de lafaune sont menacés du fait des feux sauvages qu’y sont pratiqués durant la saison sèche, cequi affecte énormément l’écologie générale et la base de ressources. Les forêts en particuliersont très menacées par les feux.

4.2.4 Ressources halieutiques

Le bassin du fleuve Omo-Gibe contient une grande diversité d’espèces halieutiques, dont plusde 70 ont été dénombrées. La pêche dans la zone d’étude comprend : la pêche sur le fleuve lelong du cours principal du fleuve Omo, la pêche dans la plaine d’inondation (et Dipa Haik),et la pêche lacustre sur le Turkana (Bubua et Toltale).

Les études biologiques des différentes espèces halieutiques ont révélé différentes répartitionssaisonnières et spatiales pour une croissance optimale – alimentation, reproduction et survie.La grande variété d’espèces rencontrées dans le système fluvial est répartie dans toutes sortesd’habitats tels que les lits profonds des rivières ou dans des bassins (Hetrobranchuslongifilis), dans les plaines d’inondation, les habitats rocheux tels que les Labeo cylindricus,les grands fonds (Hyperpisus bebe), etc. De même, les habitudes alimentaires varienténormément entre les espèces vivant dans toutes les niches disponibles. Certaines espècesmigrent de façon saisonnière des aires de recherche d’alimentation pour frayer dans le fleuveOmo – par ex. Distichodus niloticus, Labeo horie. D’autres préparent leurs propres lieux defraie (nids) près des berges végétalisées dans le lac et achèvent le cycle de vie (Oreochromisniloticus). Il existe également certaines espèces de poissons qui fraient dans le lac et unepartie de la population dans les réseaux fluviaux (Hydrocynus forskalii).

Quelques espèces sont endémiques dans le lac Turkana et le delta inférieur du fleuve Omo.Cependant, aucun des rapports cités dans les études n’indique l’existence d’espèceshalieutiques en danger ou menacées dans le système Omo-Turkana. Les espèces halieutiquesendémiques se reproduisent à différents endroits dans le lac à près du lac – tels que leshabitats estuariens, littoraux et pélagiques du lac. Ces espèces halieutiques ont apparemmentévolué dans le lac à partir de leurs ancêtres fluviaux pour peupler les niches créées dans lesystème lacustre.

La pêche fluviale n’est pas développée, en partie en raison du manque d’accès aux lieux depêche convenables, et aussi des habitudes alimentaires ou de la culture de la majorité descommunautés rurales qui n’encourage pas la consommation de poisson. La pêche se faitessentiellement avec des hameçons et les filets maillants. La pêche commerciale se faitessentiellement dans le cours inférieur du fleuve bien en dessous du site du barrage,notamment à Omorati et dans le lac Turkana.

4.2.5 Zones protégées

L’Éthiopie a édicté un nombre de réglementations visant à conserver et à protéger le reste desécosystèmes naturels du pays se trouvant dans les parcs nationaux, les refuges fauniques, leszones forestières nationales de première classe prioritaires et les zones de chasse réglementée.Cependant, la zone du réservoir n’est ni contiguë à l’une quelconque de ces zones protégéesau plan national ni située à proximité.

4.3 Environnement socioéconomique

L’évaluation socioéconomique a été réalisée en vue de fournir une analyse exhaustive desconditions socioéconomiques de la population dans la zone du futur réservoir.

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4.3.1 Population et peuplement

En 2006, on estimait à 253 412 le nombre de personnes vivant dans les 67 Associationspaysannes situées autour de la zone du réservoir de Gibe III, dont 49,9 % d’hommes et50,1 % de femmes. Cette population représente 10,8 % de la population du wereda.Cependant, en raison de la raideur des pentes et de l’infestation des mouches tsé-tsé, iln’existe aucun peuplement dans la zone du futur réservoir, et les habitations sont concentréessur la haute terre dans des zones situées en dehors de la vallée. Le peuplement autour de lazone du projet est aussi essentiellement rural, les habitants étant organisés en de petitsvillages. La densité moyenne de la population au sein des associations paysannes situéesautour de la zone du réservoir s’établit à 127,8 habitants/km2.

Plus de 13 différents groupes ethniques vivent autour de la zone du futur réservoir, lesprincipaux étant : Hadiya (25,3 %), Wolayita (23,0 %), Oromo (20,4 %), Dawro (6,9 %),Kembata (6,7 %), Tembaro (5,0 %), et moins d’un pour cent d’Amhara, de Keffa et de SodoGurage, de Silte et de Sebatbet Gurage. Le reste des groupes ethniques représente au totalmoins de 3,3 %.

Les principales religions pratiquées dans le wereda du projet sont le christianisme (67,7 %) etl’islam (24,6 %). Les religions traditionnelles sont pratiquées par environ 5,3 % de lapopulation.

4.3.2 Agriculture et élevage

Les principales zones de culture se situent se trouvent sur les pentes médianes ou supérieuresdes collines où sont situées les habitations. Les agriculteurs dans la zone du projet(essentiellement sur les hautes terres) produisent de petites quantités d’un large éventail decultures (15-20 cultures différentes), dont les céréales, les racines, les tubercules, leslégumineuses, les épices, le café et les fruits. Cette utilisation des terres est très judicieuse,permettant à la terre d’être couverte de végétation tout au long de l’essentiel de l’année, cequi contribue à réduire les effets de l’érosion causée par les fortes pluies de juillet et août.

En raison de la pluviométrie peu favorable, de l’infestation des mouches tsé-tsé et del’occurrence conséquente de la maladie du bétail qu’est la trypanosomiase, il existe peud’activités agricoles sur les terres situées au bas de la vallée d’Omo. La raideur de la pente depart et d’autre de la vallée semble constituer un autre facteur important qui découragel’exploitation de la vallée à des fins agricoles.

Les principales espèces élevées dans la zone du projet sont les bovins, les ovins, les caprins,la volaille et les équidés. Peu d’éleveurs possèdent des bœufs, quoique cette situation varie àtravers la zone du projet.

4.3.3 Santé publique

Les principaux problèmes de santé identifiés dans la zone du projet sont les maladiestransmissibles et la malnutrition. La majorité des maladies est contagieuse et, directement ouindirectement, liée au manque de services adéquats de fourniture d’eau potable etd’assainissement, aux faibles niveaux de vie et à la malnutrition. Les maladies hydriques etautres maladies transmissibles par vecteur prédominent également dans la zone. Les zones duprojet connaissent une grande endémie de paludisme, caractérisées par des contagionsrépétées, cette pathologie étant de loin la plus courante. La présence de plusieurs cours d’eau(affluents du fleuve Omo) crée des habitats idéaux de reproduction pour les moustiques. Lacouverture en matière de santé des weredas affectés varie de 34,6 % à 83,6 % (c’est-à-dire lapopulation vivant dans un rayon de 10 km autour du centre de santé).

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4.3.4 Sites culturels, religieux, historiques et archéologiques

L’importance de la zone du réservoir de Gibe III et de l’environnement immédiat a étéétudiée en termes de reliques, de sites religieux et culturels et d’importance archéologique.Sur la base de cette étude, des sites historiques connus tels que « King Ejajo Kelle et KingHalala Walls » ont été identifiés de part et d’autre du fleuve Omo. Une autre étude d’impactarchéologique ainsi que sur les longs remparts de pierre à Wolayita et à Dawro a été initiéeavec l’Autorité chargée de la recherche et de la conservation du patrimoine culturel(ARCCH).

Si la vallée inférieure du fleuve Omo (en aval du barrage de Gibe III) figure sur la liste dupatrimoine mondial de l’UNESCO (de par son importance géologique et archéologique), leszones du barrage et du réservoir proposées ne se situent pas à proximité de ce site.

Aucun vestige archéologique visible qui ait une importance scientifique, culturelle, publique,économique, ethnique et historique n’a été observé dans la zone et sur les sites du barrage.Les sites n’ont aucune importance archéologique. Toutefois, un protocole de découverte dedernière minute a été préparé pour couvrir toute découverte fortuite.

B. Données de base : zone en aval

4.4 Population et peuplement

Le cours inférieur du fleuve Omo s’étend sur les weredas de Salamago, Hamer, Nyangatomet Dassanech et il est riche en diversité culturelle et ressources naturelles. La populationvivant dans ces quatre weredas était estimée en 2007 à 131 831 habitants, dont 50,3 %d’hommes et 49,7 % de femmes. Elle comptait 28 713 ménages constitués respectivement de4,6 personnes en moyenne. Sur l’ensemble de la population, environ 50 % sontéconomiquement actifs (âge 14-64), 45 % sont des jeunes (âge 0-14) et 2 % appartiennent autroisième âge. La population est à prédominance rurale, près de 94,8 % vivant dans les zonesrurales. La population urbaine est estimée à seulement 5,2 %.

4.5 Agriculture

Il existe différents systèmes de cultures dans le cours inférieur de l’Omo, qui sontdéterminées par les conditions agroclimatiques et socioéconomiques. Il s’agit en effet desystèmes de polycultures céréalières et de culture de décrue.

4.5.1 Agriculture pluviale : On pratique des cultures pluviales dans trois des quatreweredas où l’agriculture de décrue est également importante, à savoir Hamer, Salamago etNyangatom, à des altitudes plus élevées vers les limites occidentales et orientales de la valléede l’Omo. Les précipitations aux plus basses altitudes (par ex. dans le wereda de Dassanech)sont peu suffisantes pour permettre la pratique de cultures pluviales. La main d’œuvre pour laculture à la houe et le désherbage constitue le principal intrant, et serait généralement en deçàdes besoins, en raison de la demande pour assurer la garde du bétail, de la faible démographieet du mauvais état de santé générale. On utilise très rarement des bœufs, en partie à cause desinterdits culturels et également des pertes liées aux maladies.

4.5.2 Agriculture de décrue : Les eaux du fleuve Omo montent durant la saison des pluieset débordent de son lit pour inonder les terres sur les plaines riveraines, ce qui permet depratiquer des cultures en tirant parti de l’humidité résiduelle des sols après la crue. Plus loinen amont où les pentes des vallées sont très abruptes pour permettre une inondation à largeéchelle, des parcelles de culture de décrue sont exploitées sur les berges du fleuve, enparticulier là où le limon s’est déposé en courbes dans le fleuve. L’agriculture de décrue estimportante dans les quatre weredas traversés par le fleuve Omo, à savoir Hamer, Salamago,Nyangatom et Dassanech. L’agriculture de décrue commence avec l’aplanissement du relief,

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c'est-à-dire autour de la latitude 5.15ºN, à quelque 70 km au nord du lac Turkana, dans lesenvirons de Karakorocho, dans le wereda de Hamer. Les abords du lac Dipa (Dipa Hayk), unlac en croissant, dans la zone de Kara du wereda de Hamer font également l’objet de cultureau fur et à mesure que le niveau du lac baisse. Les inondations de pointe interviennentnormalement entre août et septembre et les eaux se retirent 2-4 semaines après pour permettreles semailles d’août à octobre.

4.5.3 Selon les responsables des weredas, pour la majorité des habitants, les céréalesproduites dans le système de décrue suffisent seulement pour une période de 3-6 mois, aprèsquoi les populations dépendent de l'aide alimentaire fournie par le gouvernement et les ONG.L’insécurité alimentaire dans le bassin inférieur du fleuve Omo est liée aux facteurs naturelset à la situation socioéconomique de la population. La répartition inégale des pluies et lesprécipitations irrégulières, les inondations, les glissements de terrain, l’infestation deravageurs, les maladies épidémiques humaines et animales sont tous considérés comme desfacteurs naturels. En revanche, le fait de posséder une petite parcelle de terre (pourl’agriculture de décrue), le manque de bœufs de trait, l’existence de peu d’infrastructure etd’intrants agricoles insuffisants sont associés au second facteur.

4.5.4 Agriculture irriguée : On rencontre des périmètres irrigués et des aménagementshydroagricoles principalement à l’aval du fleuve Omo, parce que les rives en amont du fleuvesont généralement trop hautes pour permettre un pompage efficace. Il s’agit essentiellementde petites exploitations qui produisent des cultures à fort rapport économique comme lesfruits et légumes, notamment la banane, en utilisant soit des pompes à moteur diesel ou despompes éoliennes pour extraire l’eau du fleuve. De manière générale, le niveau actuel dedéveloppement de l’irrigation est en effet très bas. Les dégâts causés par les inondationsannuelles, le niveau bas des eaux du fleuve durant la saison sèche (trop bas pour être pompé)et le développement peu poussé des marchés figurent au nombre des raisons.

4.6 Bétail et ressources pastorales

Le cheptel de la zone d’étude est estimé à 1,2 million de têtes, la volaille à 71 880 et 132 500colonies d'abeilles. Le bétail procure aux éleveurs des terres basses au sud de l’Omo unnombre d’avantages, dont les principaux concernant leurs moyens d’existence sont le lait, laviande et les animaux vivants.

Les principales sources d’aliments pour le bétail dans le bassin inférieur du fleuve Omo sontles pâturages naturels, les aires de repousses et les résidus de récolte. Les pâturages naturelsconstituent une plus grande part, suivis des résidus de récolte. Une caractéristique importantede l’ensemble des quatre weredas est que la décrue offre également des aliments.

Un large éventail d’épizooties affect les animaux dans le cours inférieur de l’Omo. Lesservices vétérinaires disponibles dans la zone d’étude sont limités et sérieusement handicapéspar le manque de ressources.

Le bassin inférieur du fleuve Omo est sous-développé et reculé. L’accès est très difficile etles autres infrastructures (routes, marché, etc.) sont très peu développées. Les types demarché de bétail dans la région sont essentiellement des marchés de brousse, tandis que danscertains weredas, on rencontre des marchés de type primaire.

4.7 Parcs nationaux et autres aires protégées

Les parcs nationaux de l’Omo, de Mago, de Mazie et de Chabara Chorchora et la zone dechasse contrôlée de Murele sont situés en aval du projet Gibe III. Les parcs nationaux del’Omo et de Mago sont des parcs classés. Il est recommandé de renforcer la protection de cesparcs, car ils abritent au moins quelques, sinon toutes les espèces d’animaux et d’oiseaux de

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la zone du projet ; ces sites constituent par ailleurs un refuge potentiel de certains de cesanimaux dans la zone du projet. Selon les informations obtenues auprès des gardes des parcs,la réduction du débit de crue en aval du fleuve Omo n’aura aucun effet sur les animauxsauvages vivant dans les parcs en aval.

4.8 Tourisme

Les activités touristiques dans la zone au sud de l’Omo sont limitées et sont le fait de petitsgroupes qui s’intéressent essentiellement aux ressources naturelles (parcs, réserves naturelles,animaux, le fleuve Omo) et aux attractions à caractère ethnique. En particulier, les parcsnationaux de Mago et d’Omo constituent les principales destinations touristiques.

Selon les informations recueillies auprès des responsables des deux parcs nationaux, desefforts sont faits actuellement pour promouvoir le tourisme communautaire en utilisant letransport par bateau du lac Turkana via la gorge de l’Omo aux parcs nationaux situés enamont (parcs nationaux d’Omo et de Mago). Le tourisme communautaire devrait permettred’encourager les touristes à visiter les différents groupes ethniques vivant le long du fleuve.

C. Données de base : Ligne de transport Gibe III-Sodo

4.9 Environnement naturel : Pour ce qui est de l’utilisation des terres, on compte desterres agricoles, des pâturages, des plantations d’eucalyptus et des établissements humains. Ila été également observé qu’une proportion des terres reste exploitée, notamment sur lesflancs des coteaux. Les plantations d’eucalyptus deviennent plus courantes à plusieursendroits de la zone du projet, particulièrement autour des cours.

Les interventions humaines dans la zone, sous formes d’aménagement pour l’agriculture et lepâturage et de défrichement illicite pour le bois de chauffe et la construction, ont eu unimpact sensible sur le couvert végétal de la zone qui, par conséquent, ne pourra offrir unhabitat viable pour faire vivre diverses espèces sauvages.

Le couloir de transport n’est ni contigu à l’une quelconque des zones protégées au plannational, telles que les parcs nationaux, les réserves fauniques ou les zones de chassecontrôlée, ni située à proximité.

4.10 Type de peuplement et d’habitat : Les établissements humains situés le long de laligne de transport sont à prédominance rurale et regroupés en petits villages. Ces villages sontsitués sur les sommets et sur les versants des vallées. Les populations vivant le long du lacTurkana habitent dans les « tukuls » traditionnels, des maisons d’une pièce. Les tukuls sontconstruits en matériaux locaux, avec des murs en bois enduit d’argile et un toit de chaumeessentiellement.

4.11 Agriculture : La population et l'économie de la région traversée par la ligne detransport sont presque quasiment tributaires de l’agriculture et de l’élevage. Le système deproduction est bien connu pour sa complexité et la variété de cultures pratiquées. La zone estcaractérisée par une forte densité de la population humaine, avec des niveaux extrêmes dedemande pressante de terres et par conséquent des exploitations agricoles de petite taille. Lesressources foncières s’avèrent désormais insuffisantes pour répondre aux besoins deshabitants. Les principales cultures de la zone comprennent le teff, le blé, l’orge et legingembre. Les principales cultures pérennes produites dans les trois weredas affectés par leprojet sont le café, l’enset (« fausse banane »), la mangue, l’avocat, le gishta, koke et labanane. Le café, l’enset et la banane sont les principales sources de revenu des populations.

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4.12 Sites d’importance historique ou archéologique : Il ressort des enquêtes menéesauprès des personnes résidant le long de la ligne de transport qu’il n’existe aucun site connud’importance historique ou archéologique dans les environs du tracé retenu.

5. Solutions de rechange du projet

5.1 Aspects généraux

Cinq solutions de rechange au cas de référence ci-dessus ont été passées en revue et lesimplications de chacune sont décrites dans les sections suivantes.

5.1.1 Option I – Statu quo : Dans le scénario « sans le projet », il faudra renoncer auxavantages sociaux et économiques potentiels pour la nation, et la qualité de la vie continuerad’être de faible niveau pour plusieurs des habitants du pays. Les plans de développement àlong terme seraient compromis et ralentis, étant donné que la fourniture fiable d’électricité etl’amélioration du service qui y est associée sont essentielles pour tirer les pleins avantagesdes autres initiatives de développement et réaliser les objectifs du millénaire pour ledéveloppement (OMD). Par conséquent, du point de vue environnemental, l’option de « non-intervention » n'est pas préférable à la mise en œuvre du projet.

5.1.2 Option II – Autres types de barrage et emplacements : En ce qui concernel’emplacement général du projet hydroélectrique Gibe III, deux principales options debarrage ont été examinées : le barrage de type BF (Bituminous Face) en enrochement à facesupérieure imprégnée de bitume a été examinée comme solution la plus prometteuse, puis lasolution de RCC GD (barrage-poids en béton compacté au rouleau) a été développée etretenue ; le type RCC a été également passé en revue à trois emplacements différents.

5.1.3 Option III – Conservation et gestion de la demande : La conservation et la gestion dela demande permettent de libérer de l’énergie existante pour être utilisée ailleurs, ce qui remetà plus tard le besoin de nouvelle capacité. Toutefois, pour suivre le rythme de croissance de lapopulation, le besoin de production d’électricité augmentera tous les ans de l’ordre de 200 et300 MW, de sorte qu’au cours de la prochaine décennie le besoin total de productiond’électricité du réseau interconnecté pourrait s’établir à 4 250 MW au strict minimum.Quoique la conservation et la gestion de la demande soient des options préférables du pointde vue environnemental, les prévisions de la demande appellent une augmentation sensibledes capacités de production afin de soutenir la croissance économique et le développement.

5.1.4 Option IV – Énergie thermique : Le coût élevé de l’importation des combustiblesfossiles dans le pays sans littoral qu’est l’Éthiopie exclut les options d’énergie thermique dontla production dépendrait de combustibles venant de l’étranger. Outre le fait de remplacer lacapacité et l’énergie, l’utilisation de l’hydroélectricité entraînera également une réductiondes émissions propres aux centrales thermiques, à savoir le CO2, qui est le facteur le plusimportant à la base des émissions de gaz à effet de serre. Par conséquent, du point de vueenvironnemental, l’option thermique n’est pas préférable à la mise en œuvre du projetd’hydroélectricité.

5.1.5 Option V – Énergies renouvelables (éolienne et solaire) : Les perspectives deproduction d’énergie solaire et éolienne à évacuer dans le réseau ne sont pas particulièrementintéressantes en Éthiopie. Les coûts spécifiques de production pour ces systèmes ne sont pascompétitifs pour l’évacuation dans le réseau national, ce qui ne veut pas dire que l’énergiesolaire et l’énergie éolienne n’ont pas d’avenir dans le pays. Elles peuvent être intéressantespour les centres éloignés de petite capacité.

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5.1.6 Analyse/Évaluation des solutions de rechange ; Le projet hydroélectrique Gibe IIIproduira de l’énergie électrique sans brûler de combustibles et sans émission de cheminée,mais avec une réduction potentielle de la pollution. Par conséquent, le projet est faisable, eneffet exceptionnellement intéressant des points de technique, économique etenvironnemental. Par conséquent, la mise en œuvre de ce projet intéressant, dans lesmeilleurs délais, produira des avantages nets pour la nation, en général, et pour lescommunautés locales, en particulier.

6. Impacts potentiels et mesures de bonification et d’atténuation

6.1 Impacts bénéfiques/positifs

Les principaux avantages potentielles liés à la mise en œuvre du projet Gibe III interviennenttous à la phase postérieure à la construction, et se présentent comme suit :

6.1.1 Production d’électricité : Le projet Gibe III vise à produire 1870 MW d’énergieélectrique et 6400 GWh d’énergie moyenne par an pour évacuation dans le réseauinterconnecté de l’Éthiopie.

6.1.2 Électrification rurale : Au titre du programme de développement du secteur del’énergie électrique, le gouvernement prévoit d'augmenter la couverture en électricité, de22 % en 2005 à 50 % à l’horizon 2010, et le nombre d’abonnés, de 138 000 à 2,6 millions. Laréalisation de nouveaux raccordements au réseau requiert une fourniture adéquated’électricité. L'augmentation de la capacité de production qu’offre le projet Gibe III,conjuguée aux programmes en cours d’électrification rurale, contribuera à améliorer l’accèsde la population éthiopienne à l’électricité, avec les avantages qui y sont associés dans lazone en aval.

6.1.3 Développement de la pêche : Le projet créera un réservoir de 20 000 ha de superficieet de 240 m de profondeur à l'emplacement du barrage. Il s’agira d’un grand lac artificiel quioffrira différentes niches environnementales et écologiques pour diverses espèceshalieutiques, qui ont besoin d’habitats de profondeur variable allant de la zone littorale peuprofonde aux grands fonds et aux zones pélagiques. La pêche dans le réservoir est beaucoupplus productive que celle dans le fleuve (qui ne se fait pas actuellement). Cette activité peutdirectement occuper plus de 300 familles sur le long terme. Ainsi, cela pourrait être considérécomme une opportunité, en termes de développement d’une pêche plus productive etflorissante qui aide à améliorer les sources de revenu dans la zone, et à obtenir des avantagesadditionnels pour les pêcheurs locaux.

6.1.4 Perspectives d’exportation d’énergie électrique : Le projet augmentera la capacité deproduction d’électricité du pays et rendra viable son programme d’exportation d’énergieélectrique.

6.1.5 Évitement de l’émission de CO2 : L'hydroélectricité compense le thermique et lesautres types de production. Outre le fait de remplacer la capacité et l'énergie, l'utilisation del'hydroélectricité entraîne également une réduction des émissions que les centralesthermiques auraient produites (environ 4,5 millions t/an d’émission de CO2).

6.1.6 Régulation du débit du fleuve en vue de l’irrigation: Selon les attentes desresponsables des weredas, avec la construction du barrage et la création du réservoir, lefleuve Omo se rapprochera des établissements humains aux alentours et les populationsauront l’opportunité d’utiliser les eaux du fleuve pour la petite irrigation. L’extension despérimètres irrigués augmentera la production des cultures agricoles par unité de surface etcontribuera à accroître les revenus et la sécurité alimentaire pour la communauté.

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6.1.7 Lutte contre les inondations : La présence du réservoir de Gibe III constituera unmoyen de protection contre les inondations (réduira les inondations à la fois en termes deniveau maximal et de fréquence) pour les zones en aval. En conséquence, les dégâtsprovoqués par les inondations tels que les pertes de récoltes, d’habitations et la souffrance, etéventuellement la mort des personnes affectées, seront réduits. Les mesures effectuées enaoût 2006 lors des inondations indiquent un débit de crue maximum de l’ordre de 3500 à4 000 m3/sec, les inondations étant très fréquentes, avec une période de retour de moins de 10ans. Les inondations de 2006 ont causé la mort de centaines de personnes, de milliersd’animaux et un déplacement de populations d’environ 15 000. On estime à plusieursmillions de dollars les fonds requis pour réhabiliter les installations de santé, d’éducation, lesabris, les infrastructures d’eau et d’assainissement, d’agriculture, d’élevage de pêche, lesroutes, et autres emportés par les eaux. Avec ce moyen de régulation, les zones exposées auxfréquentes inondations peuvent être exploitées à des fins agricoles.

6.1.8 Activités touristiques : Le réservoir offre des possibilités d’écotourisme, d’éducationenvironnementale, d’observation d'oiseaux et de pêche sportive.

6.1.9 Opportunités d’emplois durant la construction : La comparaison avec d'autresprojets de type et de taille similaires donne à penser que la main-d’œuvre totale employéedans le cadre de la construction, y compris l’ensemble du projet, serait supérieure à 5 000personnes en période de croisière. La production de plus d’énergie hydroélectrique permettrale développement des industries et des usines qui nécessitent l’électricité dans les zonesurbaines environnantes, créant ainsi davantage d’opportunités d’emploi pour les personnesdéplacées et autres dans la région.

6.1.10 Questions de genre : Les femmes bénéficieront au même titre que les hommes desopportunités d’emploi qui seront créées et des routes d’accès commodes et sûres. Les femmestiennent des boutiques et des bars dans la zone et durant la période de construction. Ons’attend à ce qu’il y ait de nouvelles activités génératrices de revenu pour les femmes tellesque la vente d’aliments/les restaurants pour les travailleurs sur les chantiers de construction,davantage de bars, et la vente de produits locaux aux travailleurs sur les chantiers deconstruction. Ces activités profiteront essentiellement aux femmes qui sont très souvent lesseuls soutiens financiers de la famille. Il est également recommandé que l’entrepreneur assurel’égalité d'accès à l'emploi aux femmes et aux hommes selon les exigences de qualificationsdu projet, et de donner préférence à l’acquisition des produits et services locaux.

6.2 Impacts négatifs et mesures d’atténuation : barrage et réservoir

Sur la base des conclusions de l’EIES, les principaux impacts environnementaux durant lesphases de construction, d’exploitation et d’entretien du projet ont été identifiés. Les impactsnégatifs potentiels du projet hydroélectrique Gibe III sur l’environnement physique,biologique et socioéconomique ont été identifiés, et les mesures de bonification etd’atténuation devant être adoptées pour éviter ou réduire ou minimum ces impacts ont étérecommandées. Certaines de ces mesures ont trait aux bonnes pratiques d’ingénierie, etd’autres, aux aspects socioéconomiques et humanitaires.

Il n'y a aucune occurrence confirmée d'activité géothermique dans le secteur du barrage. Enraison de la distance qui le sépare des principaux centres sismiques en Éthiopie, situés dans lavallée du Rift, tout événement tectonique aura des effets et des impacts négligeables sur lazone du projet.

6.2.1 Impacts sur les zones protégées : Aucun impact négatif direct ou indirect n’est prévuen rapport avec les habitats sensibles, les parcs nationaux, les réserves fauniques ou les forêtsnationales classées. La zone du réservoir n’est ni contiguë à ces zones protégées au plan

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national, telles que les parcs nationaux et les refuges fauniques ainsi que les zones classéesécologiquement sensibles, ni située à proximité. Il n’existe aucune connaissance confirmée demenace pour les espèces endémiques ou rares dans les aires de retenue.

6.2.2 Impacts sur la végétation naturelle : La perte de forêts et de prairies sur les versantsde la vallée ainsi que de l’étroite bande de végétation riveraine le long du fleuve et desruisseaux n’entraînera pas de différences notables au niveau de la capacité de charge.Toutefois, pour compenser cette perte, environ 60 000 ha de terres autour du réservoir serontaménagés pour servir de zone tampon, censée contribuer à la conservation de la biodiversitéen améliorant la valeur biologique de la zone.

6.2.3 Impacts sur les ressources fauniques : La zone n’abrite qu’un nombre limitéd’espèces sauvages, contrairement aux autres zones du bassin inférieur du fleuve Omo. Parconséquent, il n’y aura qu’une perte minimale de coût d'opportunité causée par laconstruction du barrage et la création du réservoir. Durant l’enquête, il a été observé qu’enmoyenne, les établissements humains dans la zone étaient limités à une altitude de 1300 mau-dessus du niveau de la mer. Pour la faune, il existe beaucoup de sites de part et d’autre dufleuve (en amont et en aval), car le niveau maximum de l’eau se situe autour de 900 m au-dessus du niveau de la mer. Par conséquent, la plupart des animaux terrestres peuvent trouverrefuge dans la zone entre les deux altitudes (900 et 1 100 m).

6.2.4 Impacts sur les terres agricoles et autres biens privés, y compris la ligne detransport de Sodo et la rectification du tracé de la route de Sodo : Le tableau 1 ci-dessousprésente un résumé de l’impact direct du projet sur les personnes affectées par le projet (PAP)en termes de pertes de biens et de propriétés. Le projet affectera au total 311 ménages,environ 222,07 ha de terres privées, dont 175,19 ha de terres agricoles, 113 unitésd’habitation et 71 844 cultures pérennes et autres arbres (voir le tableau 1).

Tableau 1: Résumé de l’impact du projet sur les biens ménagers par weredaet par composante du projet

Ménages(Nbre)

Terres privées affectées (ha) Habitations(Nbre)

Culturespérennes et

arbres (Nbre)Superficietotale

Terresagricoles

Par wereda

Kindo Didaye 98 73 56,52 29 58 171

Loma 143 87,1 56,7 14 12 903

Sodo Zuriya 32 28,34 28,34 32 350

Damot Sore 38 33,63 33,63 38 420

Total 311 222,07 175,19 113 71 844

Par composante du projet

Réservoir 58 97,55 70,14 0 6 523

Chantier d’EEPCO 47 22,95 14,38 29 51 748

Nouveau tracé de la route Chida-Sodo

136 39,6 28,7 14 12 803

Ligne de transport Gibe III – Sodo 70 61,97 61,97 70 770

Total 311 222,07 175,19 113 71 844

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L’un des points les plus importants qui ressort du tableau est que, bien que le projet Gibe IIIsoit l'un des plus grands projets hydroélectriques jamais entrepris dans le pays, l’impact duréservoir en termes de déplacement des populations est très faible. Cela s’explique par le faitque l’eau retenue sera confinée dans la gorge du fleuve, loin des zones densément peuplées.

Le recensement (pour le réservoir, chantier d’EEPCO et la rectification du tracé de la route) arévélé que toutes les personnes affectées par le projet (PAP) préféreraient recevoir leursindemnisations sous forme d’espèces pour les pertes de terres agricoles, de cultures pérenneset d’autres arbres, ainsi que d’habitations et autres structures. Par conséquent, étant donné lapréférence exprimée, il a été recommandé l’indemnisation en espèces et la fournitured’emploi dans le cadre du projet.

En raison du manque très prononcé de ressources, les terres en particulier, du faible niveau derevenu et de la pauvreté de la population, on pense que les principaux avantages pour les PAPproviendront des programmes de rétablissement des sources de revenus et de développementsocial. Le plan recommandé comporte deux composantes : la composante de rétablissementet d’amélioration des sources de revenus, qui cible directement les PAP, et la composante dedéveloppement communautaire et social pour les communautés ainsi que les PAP devant êtremise en ouvre pour les kebeles affectés par le projet. La possibilité de les établir en leurcréant de petites entreprises individuelles ou de petites entreprises agro-industrielles s’estavérée comme une solution de rechange intéressante à la production agricole.

6.2.5 Impacts sur les groupes tribaux : Il n’existe aucun groupe tribal ni de minoritéethnique dans les environs du barrage de Gibe III et de la zone du réservoir dont les modestraditionnels de vie pourraient être perturbés par la mise en œuvre du projet hydroélectriqueproposé. Par conséquent, aucun plan de développement des populations autochtones ne serarequis.

6.2.6 Impacts sur la santé publique : Les niveaux de prélèvement annuels d’environ 40 mdevraient permettre que ni les escargots ni les macrophytes ne prospèrent dans les eaux desnouvelles retenues. Cependant, les impacts sur la santé publique dus aux différentes espècesde maladies ne sont pas, à ce stade, considérés comme étant un facteur majeur susceptibled’entraver la mise en œuvre du projet. Afin de réduire le risque de contraction du paludismeet de faire face aux cas de paludisme, il est recommandé de mettre en œuvre des mesuresvisant à gérer le paludisme et la lutte antivectorielle.

L’autre question importante à laquelle il faudra accorder une attention adéquate en ce quiconcerne les problèmes sociaux liés à l’afflux de la main-d’œuvre durant la période deconstruction. En particulier, la propagation des maladies transmissibles, notamment leVIH/sida, pourrait énormément gagner en ampleur, à moins que des mesures rigoureuses decontrôle ne soient prises. Sur le site de la construction, des services de santé de qualité serontfournis aux travailleurs de la construction par la création d’un centre de santé approprié. Descampagnes de sensibilisation sur les maladies sexuellement transmissibles (MST/VIH/sida) etleurs méthodes de prévention seront organisées à l’intention des travailleurs de laconstruction et des communautés locales.

6.2.7 Impacts sur les installations et infrastructures de services sociaux : La vaste étenduede la formation du réservoir de Gibe III sur les fleuves Gibe, Gojeb et Omo, aura uneincidence sur les installations et infrastructures de services sociaux. Il s’agit de la submersiondu tronçon de la route Chida-Sodo et du pont sur le fleuve Omo et plusieurs passagesfluviaux. Il est prévu de procéder à un nouveau tracé de ce tronçon en aval du site proposépour le barrage. Il est également recommandé d’établir un service de bac aux neufs pointstouchés afin d’assurer la traversée des personnes et du bétail.

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6.2.8 Impacts sur les sites historiques : Les sites historiques connus, tels que les « KingEjajo Kelle Walls » seront partiellement affectés par le réservoir. Les parties qui serontinondées s’étendront sur moins de 2 % de la longueur totale, et ne sont pas aussi particuliersen termes de type et de situation. Par conséquent, cet impact est jugé mineur. Comme mesurede compensation, EEPCO a apporté une assistance financière à ARCCH en vue d’étudier, dedocumenter et enregistrer correctement ces sites comme éléments du patrimoine de l’Éthiopieet de promouvoir et faire connaître ces sites historiques à la fois aux touristes locaux etinternationaux. Le résultat de cette étude aidera également à préparer un plan de gestion pourla protection, la conservation et la gestion des sites restants (plus de 98 % des muraillesexistantes) contre les risques anthropiques et les catastrophes naturelles. Le projet financerapar ailleurs la construction d’une voie d’accès aux sites représentatifs les plus proches, ainsique des services touristiques y associés.

Quoique le site du patrimoine mondial de l’UNESCO soit situé dans le bassin inférieur de lavallée du fleuve Omo en aval du site du barrage et du réservoir de Gibe III, il ne sera pasaffecté par la construction et l’exploitation du projet Gibe III.

6.3 Impacts sur l’environnement en aval du bassin inférieur du fleuve Omo et mesuresd’atténuation

6.3.1 Impacts sur l’agriculture de décrue et les ressources pastorales : Dans les conditionsactuelles d’inondation « moyenne », les rives des fleuves sont submergées chaque année lelong du bassin inférieur du fleuve Omo et autour de l’embouchure. L’inondation annuelle desterres bordant le fleuve Omo apporte de l’eau aux terres pour l’agriculture traditionnelle dedécrue et le pâturage en saison sèche, rechargent les lacs et les marécages dans la plained'inondation et favorisent la pisciculture.

L'évaluation de l’environnement en aval indique que pour répondre aux besoins del'agriculture traditionnelle de décrue, du pâturage en saison sèche et des ressourceshalieutiques, par saison, davantage d’eau sera libérée pour inonder les terres bordant le fleuveOmo. Ces inondations contrôlées permettront de maintenir les écoulementsenvironnementaux requis également pendant les années de sécheresse. La capacité derégulation du réservoir permettra également de contrôler les débits de crue de pointe decourte durée des inondations naturelles (un facteur à la base des inondations de 2006).

6.3.2 Inondations contrôlées de l’environnement : L’exploitation du réservoir permettra deréguler les écoulements du fleuve Omo en aval de la centrale. Grosso modo, on assistera àune augmentation des écoulements durant la saison sèche et à leur réduction durant la saisondes pluies, au moment où l’eau est retenue pour remplir le réservoir, avec une baisse sensibledes écoulements de pointe lors des inondations. Plus loin en aval, les effets de la régulationdiminueront avec l’entrée des écoulements non régulés dans le système fluvial à partir desaffluents.

La centrale hydroélectrique Gibe III devrait optimiser le fonctionnement du réservoir et laproduction électrique pendant la durée de vie opérationnelle, en tenant compte des besoinstant du marché et de l’environnement en aval.

L’évaluation actuelle prévoit l’inondation contrôlée de l’environnement selon lescaractéristiques suivantes :

Période : août/septembre ;

Débit : environ 1 600 m3/s au niveau du lac Turkana (1 000 – 1 300 m3/s d’eaulibérée de Gibe III) ;

Durée : 10 jours (avec Q = 1 600 m3/s au niveau du lac Turkana).

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Les débits prévus sont comparables approximativement aux apports moyens d'eau mensuelsau niveau du site de Gibe III (relevé sur une période de 38 ans) en septembre (Q=1057 m3/s)et en août (Q=1520 m3/s). Ce volume d’eau libéré permettra de recréer une inondationraisonnablement similaire à une inondation naturelle « moyenne » dans le bassin inférieur dufleuve Omo sur une durée d’environ une semaine. Les grands ouvrages d’évacuation (deuxévacuateurs de crue médians de Qmax=725 m3/s chacun, un canal de fuite doté à neuf vannesde Qmax=2065 m3/s chacune, un déversoir écologique de Qmax=24 m3/s), ainsi que le volumedu grand réservoir (11 750 Mm3 de stockage dynamique) et la capacité installée permettentune souplesse particulièrement adéquate de l’exploitation de la centrale.

6.3.3 Écoulement dans le milieu riverain/dans l’environnement

Quoiqu’il n’existe pas de réglementation en Éthiopie définissant le débit minimum requis auniveau des cours d’eau, un débit minimum devra être maintenu naturellement pour satisfaireaux exigences écologiques de la zone en aval de l’Omo.

Du point de vue écologique, le débit minimum durant une saison sèche normale est le pluspertinent, car le fleuve reçoit alors peu d’eau de ses affluents en aval. Le débit naturelminimum moyen mensuel a été enregistré en mars (environ 25 m3/s). Cette valeur a étéprioritairement recommandée comme un débit de compensation mensuel minimum moyen etabsolu qui devra être maintenu durant l’exploitation générale de la centrale. Ce débit préservele régime naturel durant la saison sèche. Toutefois, avec l’exploitation de la centrale, et lecontrôle du débit qui sera assuré, il y aura un avantage environnemental supplémentaire sousforme de réduction de l’incidence des débits mensuels moyens extrêmement faibles qui ontété enregistrés par le passé. Pendant le remplissage de réservoir, Il est égalementrecommandé de libérer un débit de compensation d'environ 25 m3/s.

6.3.4 Impacts sur les ressources halieutiques : Pour ce qui est des impacts surl'environnement aquatique, la création de plans d’eau additionnels aura un effet positifnotamment en augmentant de manière significative le potentiel de pêche dans la zone. Unnombre d’espèces de poissons d’importance commerciale migrent du lac Turkana dans lefleuve Omo pour frayer. Toutefois, aucune de ces espèces migratrices n’atteint le coursmoyen ou supérieur du fleuve. Par conséquent, la construction du barrage de Gibe III proposén’affectera pas les populations de poissons migrateurs, étant donné que les frayères sontsituées plus loin en aval du site du barrage. Les espèces endémiques de poissons du lac neseront pas menacées par le projet, car leurs sites de fraie et aires de recherche de nourrituresont situés le long des rives du lac Turkana et dans les zones du delta du fleuve. On n’arecensé aucune espèce de poisson menacée ou en danger de disparition dans l’un quelconquedes rapports d’étude sur la faune piscicole dans le bassin du fleuve Omo qui pourrait êtreaffectée par la construction du barrage. En revanche, la réduction de la variation desinondations flood pulse pourrait avoir une incidence sur les activités de frai dans le bassininférieur de l’Omo. Il est prévu de libérer de façon saisonnière davantage d’au pour créer uneinondation sur les terres bordant le fleuve Omo. Toutefois, un suivi détaillé est envisagé pourdéterminer le mécanisme d’évacuation et le programme opérationnel (choix du moment etvolume d’évacuation d'eau) et pour s’assurer de l’importance de ces inondations sont pour lesuccès de la reproduction des espèces de poisson d’importance commerciale.

6.4 Impacts négatifs et mesures d’atténuation : Ligne de transport Gibe III – Sodo

Les principaux impacts négatifs potentiels liés à la mise en œuvre du projet proposéconcernent essentiellement l’acquisition de terres pour abriter la ligne de transport et leséquipements connexes. Plusieurs des autres impacts potentiels seront de courte durée et denature réversible, et découleront de la perturbation des sols, de l’exploitation de l’équipement

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et du logement de la main-d’œuvre, mais très peu entraîneront des changements irréversibles.Cela dit, on ne prévoit aucun impact direct ou indirect négatif en ce qui concerne les airesprotégées (par exemple, les parcs nationaux, les zones de chasse contrôlée, les espaces boisésclassés, etc.), les habitats sensibles, la faune ou les sites de patrimoine culturel, et aucunnouvel accès ne sera créé dans les secteurs jadis inexploitées.

La réalisation de la construction de la ligne de transport Gibe III-Sodo, telle que proposée,aura un degré variable d’impact direct sur les terres de production agricole appartenant auxcommunautés dans les weredas affectés situés tout au long de l’itinéraire de la ligne. Ainsidonc, le projet de ligne de transport affectera au total 70 ménages, environ 61,97 ha de terresagricoles privées, 70 habitations et 770 cultures pérennes et autres arbres.

Il est donc recommandé de procéder à une indemnisation complète et juste en espèces, denature à permettre aux personnes touchées par le déplacement de se retrouver dans unesituation, tout au moins, égale à celle dans laquelle elles étaient auparavant.

6.5 Impacts négatifs et mesures d’atténuation : Nouveau tracé de la route Chida – Sodo

Le principal impact négatif potentiel est l’expropriation des terres et des propriétés, du fait dunouveau tracé de la route. Plusieurs des autres impacts potentiels seront de courte durée et denature réversible, et proviendront de la perturbation des sols, de l’utilisation des équipementset du logement de la main-d’œuvre, mais très entraîneront des changements irréversibles.Toutefois, on ne prévoit aucun impact direct ou indirect négatif en ce qui concerne les airesprotégées (par exemple, les parcs nationaux, les zones de chasse contrôlée, les forêts classées,etc.), les habitats sensibles, la faune ou les sites de patrimoine culturel, et aucun nouvel accèsne sera créé dans les secteurs auparavant inexploitées.

En ce qui concerne la conception technique, une attention particulière a été accordée durant laphase de conception détaillée afin de réduire la nécessité d'expropriation de terres et depropriétés, sans sacrifier, de manière significative, le caractère fonctionnel de la route. Parconséquent, la route sur la rive gauche fait l’objet d’étude. Cependant, même si l’on tient deces considérations, bien que cet impact ait été sensiblement réduit, la question del'expropriation de terre et de propriété ne saurait être occultée.

Au regard de la conclusion de l’évaluation partielle, le projet de nouveau tracé de la routeChida-Sodo affectera au total 136 ménages, environ 39,6 ha de terres, dont 28,7 ha de terresagricoles, 14 habitations, et 12 803 cultures pérennes et autres arbres. La plupart deshabitations sont, cependant, de petite taille et de construction simple, comportant des cadresen bois avec du banco pour mur. Il est donc recommandé de procéder à une indemnisationcomplète et juste en espèces, de nature à permettre aux personnes touchées par ledéplacement de se retrouver dans une situation, tout au moins, égale à celle dans laquelleelles étaient auparavant.

6.6 Évaluation des impacts cumulés

Le projet hydroélectrique Gibe III sera le troisième d’une série d’aménagementshydroélectriques (Gibe I, en exploitation et Gibe II en voie d’achèvement) sur le coursprincipal du fleuve Gibe/Omo. Un autre projet hydroélectrique – dénommé Gibe IV – estprévu en aval du fleuve Omo. Dans le cadre de la présente EIES, une évaluation d’impactcumulé a été effectuée, afin d’analyser les effets combinés de ces quatre projets. Leurs effetscumulés sur l'environnement naturel et social paraient négligeables, du fait de leurs situationsgéographiques.

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7. Programme de gestion et de suivi environnemental

7.1 Gestion environnementale

Le plan de gestion environnementale décrit l’ensemble des enjeux environnementaux liés auprojet et présente les stratégies de gestion à mettre en œuvre pour atténuer les effets négatifséventuels sur l’environnement.

L’essentiel des activités de gestion environnementale du projet sera réalisé durant la phase deconstruction, car c’est à cette étape qu’on s’attend à ce que le plus d’impacts puissent seproduire. Ces impacts concernent principalement la construction du barrage de Gibe III, destunnels, de la centrale hydroélectrique, des camps de travailleurs, de la route d’accès, et lacréation de carrières, des aires d’entreposage des matériaux et des sites de déchets, et laprésence d’une main-d’œuvre importante. Il existe également des impacts liés au remplissageinitial du réservoir et à l’exploitation ultérieure de la centrale.

Le plan de gestion environnementale comprend une série de plans de gestion. Chaque planfait l’objet d’une section distincte, notamment par composante environnementale, et contientdes mesures spécifiques d’atténuation et de bonification environnementales.

Le plan recommande des mesures de protection et d’atténuation de l’impact environnementalrésultant des activités de construction. Les plans recommandés sont les suivants :

Plan de gestion des forêts/de la végétation naturelle ; Plan de gestion et de protection des ressources fauniques ; Plan de gestion des ressources culturelles et historiques ; Plan de lutte contre l’érosion et la sédimentation ; Plan de gestion des sites de déchets et des déchets ; Plan d'urgence et d’intervention en cas de déversement ; Plan de création et de remise en état des carrières ; Lutte contre la pollution de l'eau ; Qualité de l’air ; Bruits et vibrations ; Plan de gestion de la circulation sur le site ; Stockage et manipulation des explosifs ; Construction de camps et des installations du site.

D’une manière générale, l’entreprise d'ingénierie/approvisionnement/construction estresponsable de la mise en œuvre de l’essentiel des mesures quotidiennes d’atténuation desimpacts environnementaux liés à la construction spécifiées dans le présent rapport ainsi quedans le contrat. EEPCO aura l’entière responsabilité de l’application des mesuresd’atténuation des impacts concernant le projet et la zone en aval, le plan d’action deréinstallation et le plan d’aménagement de la zone tampon. Après l’achèvement de laconstruction, EEPCO sera chargée de mettre en œuvre les mesures de gestionenvironnementale liées à l’exploitation de la centrale et du réservoir de Gibe III.

7.2 Suivi environnemental

Un plan de suivi environnemental a été recommandé. Il sera mis en œuvre à toutes les étapesdu projet (construction, mise en service et exploitation) afin que les impacts ne soient pasplus importants que prévu et pour vérifier les prévisions. Pour le projet, il est recommandé deprocéder à la fois à une surveillance de la conformité et des effets. Le suivi devra indiquer lesniveaux où les modifications des procédures de construction ou d’exploitation sont requises,afin de réduire l’impact sur l’environnement ou la population locale.

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Les principaux domaines d’intérêt nécessitant un suivi comprennent ce qui suit et relèverontde la responsabilité de l’EEPCO/EMU : Remplissage et vidange du réservoir ; Sédimentation dans le réservoir ; Qualité de l’air et bruit ; Gestion des déchets ; Qualité de l’eau dans le réservoir et en aval de la centrale électrique ; Écologie aquatique et stock de poissons ; Étude des zones de reproduction et prévalence des vecteurs dans le réservoir ; Inspection périodique de la zone du réservoir en vue du contrôle de la prolifération

des plantes aquatiques ; Ressources fauniques et leur habitat ; Santé et sécurité publiques ; Indemnité de réinstallation et amélioration des moyens d’existence ; Mise en œuvre du programme de gestion des bassins versants et création de zone

tampon ; Patrimoine culturel et historique ; et Remise en état des chantiers de construction.

7.3 Cadre de suivi

Le suivi efficace de toutes les phases du projet pourrait être assuré par une équipe de gestionenvironnementale. Le principal objectif de cette équipe consisterait à conseiller les autoritésdu projet et l’administration locale quant aux moyens les plus pratiques de protégerl’environnement durant toutes les phases de la vie du projet. L’équipe fera aux promoteurs duprojet et au directeur d’exploitation de la station des propositions concrètes pour le suivi del’environnement, et indiquera les procédures opérationnelles pour la protection del’environnement.

La responsabilité de ce plan de suivi relèvera au premier chef de la compagnie EEPCO, quiest le promoteur du projet. La gestion du plan de suivi environnemental de Gibe III seraassurée par le Service de suivi environnemental (EMU) devant être créé au sein du bureau decoordination d’EEPCO. EMU entamera ses activités de mise en œuvre du programme par laformation d’une équipe de spécialistes qui aura pour mission d’aider au suivi des effetsenvironnementaux durant la phase de construction. En outre, un suivi environnementalindépendant par une entité extérieure peut également être envisagé par l’Agence de protectionde l’environnement d’Éthiopie (EPA) pour ce qui est des activités qui ne relèvent pas laresponsabilité de l’ingénieur du propriétaire de l’ouvrage.

Par ailleurs, il existe d’autres organismes qui ont la responsabilité et l’autorité de faire le suivide certaines mesures. Il est recommandé que la compagnie EEPCO associe d’autresorganismes (dont EPA) et les sous-traitants, comme requis, pour constituer l’équipe degestion environnementale.

Durant la phase de construction, l’entreprise d'ingénierie/approvisionnement/constructiondésignera un inspecteur en environnement, qui sera chargé des questions de suivienvironnemental concernant le projet Gibe III.

Il est recommandé de faire réaliser par un organisme indépendant un audit annuel formel dela performance environnementale et sociale.

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8. Consultations publiques et plan de diffusion de l’information

Sous forme d’activité continue, le projet hydroélectrique Gibe III a entrepris desconsultations publiques et de diffusion de l’information dès le départ, et est déterminé àpoursuivre le processus tout au long de sa la durée de vie du projet life. Une consultationpublique a été effectuée notamment en 2006, 2007 et 2008 au cours de la phase initiale duprojet hydroélectrique Gibe III. Dans le cadre de ce processus continu, une série deconsultations publiques a été tenue avec les autorités et institutions fédérales, régionales,locales, des zones, des weredas, les PAP, les notables des communautés, les ONG, etc. Lesconsultations ont été bien programmées et menées afin d’assurer l’efficience et l’efficacitédans l’examen des préoccupations majeures à la fois des personnes affectées par le projet(PAP) et des communautés, d’une part, et des intérêts du projet, d’autre part.

Recours a été fait à une combinaison de différentes méthodes de consultation pour évaluer lesconnaissances, la perception et l’attitude des communautés par rapport au projet proposé etses impacts potentiels. Ces méthodes comprennent des entretiens avec desinformateurs/personnes clés, des discussions en petits groupes et des réunionspubliques/communautaires.

Le nombre total de participants aux consultations issus des administrations et descommunautés s’élève à plus de 1749, dont 203 responsables de zone et de wereda, 409membres des conseils des associations paysannes de kebeles, 869 membres descommunautés, ont été consultés dans le cadre des discussions communautaires et 268 chefsdes ménages individuels ont été consultés en privé.

Des discussions et des entretiens ont été menés avec les communautés locales au coursdesquels les leaders ont manifesté une attitude positive par rapport au projet proposé. Ilspensent que ce type de projet est de nature à contribuer à la réalisation des objectifs locaux,régionaux et nationaux de développement.

Toutefois, ils ont exprimé leurs craintes et préoccupations, résumées ci-dessous :

8.1 Préoccupations majeures exprimées lors des consultations relatives au barrage et àla zone du réservoir

Pertes de terres communes de pâturage le long des rives du fleuve ;

Pertes d’arbres producteurs de résine (encens), d’eucalyptus et d'autres arbresimportants rencontrés le long des rives du fleuve;

Pertes de produits de forêt vierge comme mitimita, berbere, zinjible, korerima,etc. ;

Perte de production de miel sauvage dans la forêt suite à l'inondation ;

Perte de sources sacrées/hydrothermales le long de l’Omo, utilisées par lacommunauté locale et leur bétail ;

Perte de voies de passage du fleuve Omo et perturbation des relations sociales etéconomiques entre les différentes communautés vivant de part et d’autre del’Omo ;

Inondation de certaines sections de « King Halala Wall » et « King Ijajo Walls » ;

Risque de propagation du paludisme au niveau des populations riveraines, du faitde la création d’un large plan d’eau ;

Propagation du VIH/sida dans les populations locales ;

L’inondation des habitats fauniques peut entraîner l’attaque des hommes et leurbétail par les animaux sauvages ;

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Augmentation du temps et du coût des déplacements suite au déplacement du pontde la route Chida-Sodo, qui sera installé plus bas.

8.2 Conclusions des consultations sur les ressources culturelles

Les participants ont exprimé des inquiétudes quant aux dégâts potentielsl’inondation pourrait causer aux sites historiques que sont « King Halala » et« King Ijajo Walls ». Ils ont demandé que ces sites soient érigés en sites dupatrimoine.

Les leaders locaux ont demandé que l’organisme ARCCH, avec l’assistance duBureau de l’information et de la culture de SNNPRS, entreprenne une recherchesur ces murailles.

Des travaux complets et urgents de documentation devraient être réalisés sur lessections qui seront inondées.

À titre de compensation pour cette perte, les leaders ont proposé que la compagnieEEPCO mette en œuvre un plan de développement social.

8.3 Principales préoccupations enregistrées lors des consultations avec lescommunautés agro-pastorales

Les moyens d’existence des populations reposent sur le système de productionagro-pastorale, dominé par l’élevage de bétail.

Les éleveurs se déplacent de lieu en lieu le long des rives de Gibe, Gojeb et del’Omo en quête de terres de pâturage. Cependant, ils sont constamment en conflità propos de l’utilisation des ressources avec les populations autochtones deslocalités. Ils mènent souvent des attaques, se livrent à des pillages, et mettent lefeu à leurs habitations temporaires.

Les membres de la communauté considèrent que l’inondation potentielle de leurspoints de passage et la possibilité de perdre leurs ressources pastoralestraditionnelles de part et d’autre des cours d’eau affectent sérieusement lesprincipales sources de pâturage pour leur bétail.

Ils ont fait état de l’existence d’un commerce florissant, de liens culturels, de sanget de mariage entre les communautés de part et d’autre du fleuve. Les populationsde la zone de Hadiya, en particulier, de Soro Gibe et du wereda de Gembortiennent un marché hebdomadaire avec les communautés des zones de Dawro etde Jimma, et des weredas spéciaux de Konta et de Yem.

Comme mesures d’atténuation, la communauté agropastorale a proposé laconstruction d’un pont sur le fleuve Gibe.

8.4 Principales préoccupations exprimées lors des consultations dans le bassininférieur de l’Omo

La communauté a souligné l'importance de l’Omo pour les activités agricoles,d’élevage et de pêche, aussi bien pour la consommation domestique que pour lacommercialisation, et autres aspects économiques.

L'absence des cures de l’Omo entraînera une forte baisse de la production agricolede décrue, des ressources pastorales en saison sèche et de la pêche.

Les populations ont proposé comme mesures d’atténuation de procéder à uneinondation artificielle afin de garantir le débordement du fleuve, et favoriser ainsila poursuite de l'agriculture de décrue et l’existence de terres riveraines de vertpâturage.

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8.5 Diffusion de l’information

Il convient de souligner d’emblée que le projet hydroélectrique Gibe III intéresse unemultitude de parties prenantes, allant des PAP au promoteur du projet, en passant pas legouvernement fédéral et les gouvernements des régions, les bailleurs de fonds, les ONG et lesenvironnementalistes. Il incombe au projet de fournir à toutes ces parties prenantes à tous lesniveaux des informations précises et à jour sur ses plans et opérations.

En fonction de la nature et de l’ampleur du projet, les méthodes suivantes seront adoptées auxfins de la consultation publique :

8.6 Atelier national de consultation : Le projet organisera un atelier national deconsultation afin de réunir tous les acteurs clés pour exprimer leurs points de vue etpréoccupations par rapport au projet et son impact, discuter du contenu de l’EIES etparticiper à sa finalisation.

8.7 Site Web permanent du projet : Le projet concevra, abritera et maintiendra un siteInternet tout au long de la durée de vie du projet. Ce moyen de communication électroniqueservira de forum permanent de promotion, d’information et de relations publiques du projet,afin de faciliter les échanges entre les parties prenantes tant nationales qu’internationales etde répondre à leurs préoccupations, en plus de leur fournir des informations précises et à joursur le projet et son programme.

9. Coût d’atténuation, de gestion et de suivi des impacts environnementaux et deformation

Le tableau 2 présente un résumé du coût de mise en œuvre des mesures d’atténuation desimpacts environnementaux, de gestion environnementale et des programmes de suivi, deformation et de développement des capacités qui, selon les estimations, s’élève à 455,5millions de birrs éthiopiens, soit près de 45,6 millions de dollars. Ce montant comprendégalement le coût du Plan d’action de réinstallation et les mesures d’atténuation del’environnement en aval.

Les coûts de certains éléments liés à la gestion environnementale et au suivi environnementalfont partie intégrante des postes spécifiques de dépenses pris en compte dans le budget globalde l’ensemble du projet de construction. Par conséquent, aucun budget séparé n’estnécessaire pour couvrir ces aspects. Les frais accessoires encourus par l’entrepreneur pour seconformer aux clauses de protection environnementale prévues dans le contrat deconstruction sont inclus dans les taux unitaires et les éléments de la facture et le coût de laconstruction. Il convient de noter qu’aucune hausse significative du coût de construction n’estprévue en relation avec l’obligation de respect des clauses de protection environnementale,car celles-ci exigent simplement de l’entreprise d'ingénierie/approvisionnement/constructionclé en main et ses sous-traitants qu’ils se comportent de manière responsable à l’égard del’environnement, conformément aux bonnes pratiques en matière de construction.

Le coût du plan d’atténuation des impacts environnementaux est considéré comme unecomposante des besoins de financement du projet. Les ressources liées aux avantagesmarginaux de l'exploitation de la centrale hydroélectrique devraient être mises de côté pourfaire face au financement à long terme des besoins sociaux et environnementaux de la zone,tels que la réinstallation, la vulgarisation agricole, la gestion des bassins versants,l’aménagement et la gestion des zones tampons.

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Tableau 2 : Résumé du coût estimatif de l’atténuation environnemental, du suivi et dela formation

N° DésignationCoût estimatif

(Birr)1 Coût d’atténuation et de gestion environnementale: Barrage et réservoir 21 500 0002 Coût d’atténuation et de gestion environnementale : Aval 236 191 8003 Plan d’action de réinstallation 124 174 6154 Suivi environnemental 3 600 0005 Renforcement des capacités et passation des marchés 5 200 0006 Formation et voyage d’étude 4 100 0007 Établissement et revue de rapport environnemental 300 0008 Audit environnemental (audit annuel par une entité indépendante sur 5 ans) 1 000 000

Total partiel 396 066 4159 Frais d’administration (5 %) 19 803 321

10 Provision pour imprévu (10 %) 39 606 642Total 455 476 378

10. Conclusion

Au regard de l’évaluation de l’EIES, le projet est jugé judicieux et durable du point de vueenvironnemental et social.

11. Contact

Pour toute observation ou information complémentaire, prière de contacter :

Mme Azeb Asnake Projet hydroélectrique Gibe III,BP 1233 Addis-Abeba, Éthiopie

Tél.: +251 11 5546830 / Fax : 251 11 5546844

Courriel : [email protected]

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Carte 1 : Emplacement de la zone du projet

Carte 2 : Nouveau tracé de la route Chida - Sodo

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Carte 3 : Carte administrative de l’environnement autour du réservoir

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Carte 4 : Vue générale des installations sur le site