Validation de la version en arabe dialectal de l’échelle d’impulsivité de Barratt, la BIS-11

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L’Encéphale (2013) 39, 13—18 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP MÉTHODOLOGIE Validation de la version en arabe dialectal de l’échelle d’impulsivité de Barratt, la BIS-11 Validation of the dialectal Arabic version of Barratt’s impulsivity scale, the BIS-11 F. Ellouze , O. Ghaffari , O. Zouari , B. Zouari , M.F. M’rad Service de psychiatrie « G », faculté de médecine de Tunis, hôpital Razi, Tunis, Tunisie Rec ¸u le 2 aoˆ ut 2011 ; accepté le 6 juin 2012 Disponible sur Internet le 1 er novembre 2012 MOTS CLÉS Études de validation ; Impulsivité ; Violence ; Psychiatrie médico-légale Résumé Le concept d’impulsivité bénéficie d’un intérêt croissant. La psychiatrie légale en est particulièrement concernée. En effet, l’impulsivité est reliée à la violence des malades psychia- triques. L’impulsivité confronte aussi l’expert psychiatre au délicat problème de l’évaluation de la responsabilité et apparaît comme indétournable dans l’évaluation de la dangerosité des malades mentaux. Le but de ce travail est la validation en arabe dialectal de l’échelle de Barratt dans sa plus récente version, la Barratt Impulsiveness Scale (BIS-11). On a recher- ché, dans un second temps, la prévalence et les éventuels facteurs démographiques associés à l’impulsivité au terme de la BIS-11 dans un échantillon représentatif de la population tuni- sienne. Il s’agit d’une étude prospective ayant inclus 134 personnes de la population générale après avoir eu leur consentement. La version en arabe dialectal a été réalisée grâce à la méthode de traduction-retraduction. On a apprécié la validité externe et la validité interne en calcu- lant le coefficient de Cronbach. Dans une seconde étape, nous avons évalué la prévalence de l’impulsivité et ses éventuelles corrélations avec les facteurs démographiques. La version arabe de la BIS-11 a montré une bonne validité apparente et une bonne fiabilité avec des valeurs respectives du coefficient alpha de Cronbach de 0,66 pour l’impulsivité cognitive, 0,72 pour l’impulsivité motrice, 0,61 pour l’impulsivité non planifiée et 0,78 pour l’impulsivité totale. La prévalence de l’impulsivité est de 9 % dans notre population. On n’a pas retrouvé de corré- lation significative entre les différents facteurs démographiques et les scores d’impulsivité. Nos résultats ont montré une bonne validité apparente et interne de la version arabe de la BIS-11. Cette version pourra ainsi être utilisée dans l’estimation de la dangerosité de nos patients. © L’Encéphale, Paris, 2012. Auteur correspondant. Adresse e-mail : dr ellouze [email protected] (F. Ellouze). 0013-7006/$ see front matter © L’Encéphale, Paris, 2012. http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2012.06.034

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L’Encéphale (2013) 39, 13—18

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

journal homepage: www.em-consul te .com/produi t /ENCEP

MÉTHODOLOGIE

Validation de la version en arabe dialectal del’échelle d’impulsivité de Barratt, la BIS-11Validation of the dialectal Arabic version of Barratt’s impulsivity scale,the BIS-11

F. Ellouze ∗, O. Ghaffari, O. Zouari, B. Zouari, M.F. M’rad

Service de psychiatrie « G », faculté de médecine de Tunis, hôpital Razi, Tunis, Tunisie

Recu le 2 aout 2011 ; accepté le 6 juin 2012Disponible sur Internet le 1er novembre 2012

MOTS CLÉSÉtudes de validation ;Impulsivité ;Violence ;Psychiatriemédico-légale

Résumé Le concept d’impulsivité bénéficie d’un intérêt croissant. La psychiatrie légale en estparticulièrement concernée. En effet, l’impulsivité est reliée à la violence des malades psychia-triques. L’impulsivité confronte aussi l’expert psychiatre au délicat problème de l’évaluationde la responsabilité et apparaît comme indétournable dans l’évaluation de la dangerosité desmalades mentaux. Le but de ce travail est la validation en arabe dialectal de l’échelle deBarratt dans sa plus récente version, la Barratt Impulsiveness Scale (BIS-11). On a recher-ché, dans un second temps, la prévalence et les éventuels facteurs démographiques associésà l’impulsivité au terme de la BIS-11 dans un échantillon représentatif de la population tuni-sienne. Il s’agit d’une étude prospective ayant inclus 134 personnes de la population généraleaprès avoir eu leur consentement. La version en arabe dialectal a été réalisée grâce à la méthodede traduction-retraduction. On a apprécié la validité externe et la validité interne en calcu-lant le coefficient de Cronbach. Dans une seconde étape, nous avons évalué la prévalence del’impulsivité et ses éventuelles corrélations avec les facteurs démographiques. La version arabede la BIS-11 a montré une bonne validité apparente et une bonne fiabilité avec des valeursrespectives du coefficient alpha de Cronbach de 0,66 pour l’impulsivité cognitive, 0,72 pourl’impulsivité motrice, 0,61 pour l’impulsivité non planifiée et 0,78 pour l’impulsivité totale. Laprévalence de l’impulsivité est de 9 % dans notre population. On n’a pas retrouvé de corré-lation significative entre les différents facteurs démographiques et les scores d’impulsivité.

Nos résultats ont montré une bonne validité apparente et interne de la version arabe de

urra ainsi être utilisée dans l’estimation de la dangerosité de nos

la BIS-11. Cette version po patients.© L’Encéphale, Paris, 2012.

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : dr ellouze [email protected] (F. Ellouze).

0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2012.http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2012.06.034

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14 F. Ellouze et al.

KEYWORDSValidity;Psychometricproperties;Violence;Forensic psychiatry

SummaryIntroduction. — Impulsivity is a symptom of several disorders such as personality disorder, bipo-lar disorder, suicidal behaviour, substance use disorders, schizophrenia. . . Forensic psychiatry isparticularly concerned with impulsivity. It increases the risk of violence among clinical popula-tions and figures in various instruments such as the HCR-20, the VRAG and the PCL-R to assessviolence risk. It is one of many dimensions that can lead to aggressive behaviour among psychia-tric patients. The Barratt Impulsiveness Scale (BIS), in its 11th version, is a 30-item self-reportinstrument that helps assessing impulsivity trait among normal and clinical populations. The BISis the most commonly administered self-assessment of impulsiveness. As of March 2009, therehave been 551 citations of the BIS-11 among many publications. The purpose of the presentstudy is to examine the psychometric properties of the Arabic translation of the BIS-11th ver-sion in a sample of the general population and to identify an eventual correlation betweenimpulsivity and socio-demographic characteristics.Patients and methods. — This is a prospective study conducted over a five-month period, fromJune to October 2010, and including 134 persons from the general population having providedtheir informed consent. The dialectal Arabic version was carried out by translation from Englishto dialectal Arabic followed by a back translation to English. Some questions were modified tobe understood by a population with low education. After giving their verbal informed consent,the participants filled in the Arabic version of the BIS-11. For the illiterate, responses andquotations were performed by the interviewer. The persons were also asked to fill in socio-demographic data. Cronbach’s coefficient was calculated, and then we assessed impulsivityprevalence and a correlation between demographic features and impulsivity scores. For theanalyses, the statistical software SPSS 11 was used.Results. — The sex ratio is 1.02. Most of the interviewed persons were 20 to 49 years old. Around25.4% of the sample were analphabets, 32.1% had primary education, 29.1% had secondaryeducation and 13.4% were undergraduates. The Cronbach’s alpha was respectively 0.66 forattention, 0.72 for motor impulsivity, 0.61 for lack of planning and 0.78 for total impulsivity.Factor analysis identified three factors explaining the total variance of 32.6%. Impulsivity pre-valence was 9%. We did not find significant correlation between demographic features andimpulsivity scores.Discussion. — Limits of the study: scale stability over time was not verified. This was due to thedifficulty in re-inviting the same persons to fulfil the scale a second time. Because no instrumentfor assessing exists in Arabic, comparison was not possible between the translated Barratt’s scaleand the reference. Our sample represents the general population. This choice was justified inorder to study an eventual correlation between impulsiveness and socio-demographic charac-teristics. We must mention difficulties when asking persons with low education to complete thescale, what may have caused a poorer performance of the scale due to difficulties in understan-ding some questions. Moreover, we had chosen a non-clinical sample. The validation of the scalecould be performed in a clinical population. The measure of internal consistency (Cronbach’salpha) fell within an acceptable range (0.61—0.78), suggesting that the Arabic version of theBIS-11 is reliable. Exploratory factor analysis of the current version identified three factors, butthese factors differed from those of other translated versions.Conclusion. — There is growing interest in the impulsivity concept. Forensic psychiatry is particu-larly concerned by impulsivity. In fact, it is related to psychiatric patients’ violence. Impulsivityalso reveals the problem of responsibility assessment in psychiatric expertise and the dangerous-ness of psychiatric patients. The Arabic version of the BIS-11 has a good apparent and internalconsistency. This version could be useful in assessing psychiatric patient’s dangerousness.© L’Encéphale, Paris, 2012.

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ntroduction

’impulsivité est classée parmi les dimensions qui sous-endent le lien entre la pathologie mentale et le risquee violence [1]. On retrouve ainsi une association entrempulsivité et actes médicaux légaux parmi les patients psy-

hiatriques. L’impulsivité est constatée dans la majorité desroubles psychiatriques, qu’elle vient de ce fait aggraver.lle confronte aussi le psychiatre expert au délicat problème

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e l’évaluation de la responsabilité ; les actes impulsifs enehors de tout contexte délirant représentaient un véritableéfi.

L’impulsivité est également une dimension essentielleour l’évaluation de la dangerosité. Selon plusieurs auteurs,e défaut de mentalisation et l’impulsivité figurent parmi

es prédicteurs de dangerosité liés à l’état mental duujet [2]. L’impulsivité figure à ce titre comme un itemonstant dans différents instruments utilisés dans un but
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Validation de la version en arabe dialectal de l’échelle d’im

d’évaluation tels que l’échelle HCR 20, le PCL-R et le VRAG[3].

Plusieurs instruments d’évaluation ont été crées pourmesurer l’impulsivité. L’échelle de Barratt, la BarrattImpulsiveness Scale (BIS-11), reste cependant l’outil deréférence. Il s’agit de l’échelle spécifique la plus utili-sée de part le monde. Elle a été validée par plusieurséquipes et en 11 langues (le francais, le portugais, l’italien,l’allemand. . .). Elle a fait le sujet de plusieurs publicationsdepuis sa création [4—8].

L’idée d’une validation de cette échelle nous a donc sem-blé pertinente.

L’objectif de ce travail est d’évaluer les propriétés psy-chométriques de la BIS-11 traduite en arabe dialectal, afind’assurer une meilleure utilisation de cet instrument.

Dans un second temps, nous avons recherché la préva-lence et les facteurs associés à l’impulsivité au terme dela BIS-11 dans un échantillon représentatif de la populationtunisienne.

Sujets et méthodes

L’outil : l’échelle d’impulsivité de Barratt dans sa11e version, la Barratt Impulsiveness Scale (BIS-11)

Sa version originale a été publiée en 1959. À mesure queses recherches progressaient, Barratt a conclu qu’il existaittrois dimensions théoriques de l’impulsivité :

• l’impulsivité motrice : c’est le fait d’agir en l’absence deréflexion. Elle présente la dimension comportementale del’impulsivité. Elle implique l’action sans penser ;

• l’impulsivité cognitive : c’est la prise de décision rapide.Elle peut se traduire par des difficultés éprouvées par lessujets lors de tâches intellectuelles ;

• l’impulsivité non planifiée : elle est caractérisée par uneorientation vers le présent et une absence d’anticipationet d’orientation vers le futur.

La dernière version de la BIS-11 est un auto-questionnairefait de 30 questions portant sur la manière avec laquelle lapersonne agit et pense indépendamment du facteur temps.Il explore l’impulsivité comme un trait de personnalité.Les réponses sont qualitatives, fermées, cotées en quatredegrés. Elles sont cotées dans un ordre croissant sauf pourles items no 4, 5, 13, 14, 15, 16, 17, 19, 20, 21 et 26.

Le score total varie de 30 à 120.Un score supérieur à 72 signifie un degré élevé

d’impulsivité.Les scores compris entre 52 et 71 traduisent un degré nor-

mal d’impulsivité.Les scores qui sont inférieurs à 52 révèlent un sujet qu’on

peut facilement contrôler ou qui n’a pas répondu honnête-ment au questionnaire.

L’étude

Notre étude est une étude transversale descriptive et ana-lytique réalisée sur une période de cinq mois, allant du moisde juin au mois d’octobre de l’année 2010.

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vité de Barratt 15

Elle a porté sur un échantillon de 134 personnes constituéelon la méthode des quotas pour être représentatif de laopulation tunisienne de l’année 2008 âgé de 20 ans et plus,elon l’âge, le sexe et le niveau d’éducation (Tableau 1). Uneois les quotas constitués, les personnes ont été choisies auré des rencontres parmi les voisins, les amis, les collèguest les parents des enquêteurs qui ont assuré la passation duuestionnaire.

Les personnes ayant des troubles neuropsychiatriques ontté exclues. Afin de les identifier, chaque sujet pressentiour faire partie de l’échantillon a été interrogé avant laassation de l’échelle sur ses antécédents neuropsychia-riques et sur une éventuelle prise actuelle de psychotropes,vec un inventaire grossier d’éventuelles plaintes psychia-riques. Dans un premier temps, l’échelle de Barratt a étéraduite de sa langue originale (anglais) à l’arabe dialectalunisien. La traduction a été faite par un premier traducteurilingue, puis dans un second temps, cette version traduiten arabe a été retraduite en anglais par un second traduc-eur bilingue. Les deux versions anglaises et arabes ont étéonfrontées à la recherche d’erreur de sens.

Une pré-enquête a porté sur 30 personnes choisies parmia population générale avec les mêmes critères d’exclusiont qui n’ont pas été incluses par la suite dans l’échantillones 134 personnes. Cette étape a permis d’entraîner lesnquêteurs qui sont au nombre de deux et de vérifier laompréhension des questions. Lors du déroulement de’enquête proprement dite, après avoir obtenu le consente-ent des participants et avoir expliqué le but de l’étude et

e principe du questionnaire, les réponses ont été cotées para personne elle-même. Pour les personnes analphabètes ouyant un bas niveau d’éducation, l’enquêteur a lu les diffé-ents items à la personne interrogée et a inscrit les réponsesu’elle a choisies. Pour réduire le biais potentiel lié à la lec-ure des items par les enquêteurs, ces derniers ont formuléhaque question de la même facon convenue au préalable.

ropriétés psychométriques de la version arabeialectale de la Barratt Impulsiveness Scale (BIS-11)

a validité d’apparence de l’échelle dépend de la formu-ation des questions. Celles-ci doivent être comprises sansmbiguïté par les sujets qui passent le test. La pré-enquêteonduite auprès des 30 personnes a montré que cette condi-ion a été satisfaite.

La fiabilité de l’échelle est mesurée par sa capacité donner des résultats comparables dans des situationsomparables. Elle s’intéresse à l’homogénéité existantentre les items. La fiabilité est vérifiée en calculant le coeffi-ient alpha de Cronbach. Les seuils communément acceptésour conclure à la fiabilité d’une échelle sont de 0,6 à 0,89].

La validité de construit de l’échelle a été explorée par laéthode d’analyse en composantes principales après rota-

ion Varimax. La validité de construit consiste à vérifier si’instrument garde en particulier la structure du construit,’est-à-dire les dimensions identifiées initialement et les

onséquences du construit. Si elle est satisfaisante, on doitetrouver les mêmes dimensions et les items destinés àesurer chacune des dimensions doivent se grouper sur les

acteurs correspondants.

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16 F. Ellouze et al.

Tableau 1 Échantillon représentatif de la population générale.

Classes d’âge Sexe Analphabète Études primaires Études secondaires Études supérieures

20—29 ans Féminin 2 5 8 5Masculin 1 5 9 4

30—39 ans Féminin 3 6 4 2Masculin 1 5 5 2

40—49 ans Féminin 5 5 3 1Masculin 2 6 4 2

50—59 ans Féminin 5 3 1 0Masculin 2 4 3 1

60—69 ans Féminin 4 1 1 0Masculin 2 2 1 1

> 70 ans Féminin 4 0 0 0Masculin 3 1 0 0

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Total = 134 34 43

Les données ont été saisies et analysées avec le logicielPSS dans sa version 11.5.

Les liaisons entre deux variables quantitatives ont ététudiées par le coefficient de corrélation de Pearson et pare coefficient de corrélation des rangs de Spearman.

On parle de corrélation si le coefficient p < 0,05. Selonu’il est positif ou négatif, il y a une corrélation positive oune corrélation négative statistiquement significative.

ésultats

aractéristiques générales de la population’étude

otre échantillon est constitué de 50,7 % de femmes contre9,3 % d’hommes, le sex-ratio est de 1,02. Il est composéssentiellement de sujets âgés de 20 à 49 ans.

Les sujets de notre échantillon sont dans 25,4 % des casnalphabètes. Environ 32,1 % des sujets ont un niveau pri-aire, 29,1 % ont un niveau secondaire et 13,4 % ont un

iveau universitaire.

alidité d’apparence

a pré-enquête portant sur 30 personnes a montré une bonnealidité apparente. Toutes les questions ont été comprisesans ambiguïté et n’ont pas nécessité de reformulation.

iabilité

es coefficients de Cronbach pour les différents facteurs’impulsivité ont des valeurs acceptables, respectivement :mpulsivité cognitive : 0,66 ; motrice : 0,72 ; non planifiée :,61 ; totale : 0,78.

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39 18

nalyse factorielle

’analyse en composantes principales après rotation Varimax fait dégager trois facteurs avec une variance de 32,6 %.e facteur 1 comprend les items 10, 12, 13, 15 et 18, leacteur 2 correspond aux items 14, 17, 28 et les items 8 et0 définissent le dernier facteur.

révalence et sous-scores d’impulsivité

a moyenne de l’impulsivité dans notre échantillon est de3,12 ± 8,928. La moyenne de l’impulsivité motrice étant de3 ± 3,6, celles de l’impulsivité cognitive de 20 ± 4,1. Enfin,a moyenne de l’impulsivité non planifiée est de 20 ± 4,1.

Se référant aux seuils proposés par les auteurs de’échelle de Barratt, la prévalence de l’impulsivité est de

%. Dans 60 % des cas, les scores sont en faveur d’un niveauormal d’impulsivité.

tude analytique

es scores élevés sont retrouvés chez les sujets de sexe mas-ulin. Toutefois, le sexe n’est pas un facteur influencant lescores d’impulsivité. Il est de même pour l’âge. Quant àa scolarité, les valeurs du coefficient p sont limites pour’impulsivité cognitive et totale sans que ce soit significatifTableau 2).

iscussion

otre échantillon est représentatif de la population géné-ale comprenant les différentes classes d’âge et de niveaucolaire et des sujets des deux sexes. Cela a été d’un grandpport pour évaluer la corrélation entre l’impulsivité et ces

ifférents facteurs démographiques. Mais il est importante mentionner la difficulté de passer le questionnaire à desujets analphabètes, malgré l’adaptation qui a été faiteour faciliter la compréhension de l’échelle en citant un
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Validation de la version en arabe dialectal de l’échelle d’impulsi

Tableau 2 Les scores d’impulsivité en fonction du sexe, del’âge et de la scolarité.

Impulsivité Coefficientp pour lesexe

Coefficientp pour l’âge

Coefficientp pour lascolarité

Sous-scorecognitive

0,370 0,216 0,057

Sous-scoremotrice

0,610 0,725 0,476

Sous-scoreplanifica-tion

0,950 0,761 0,215

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Score total 0,816 0,842 0,056

synonyme de plus qui est de langage plus familier pour lesitems no 12, 16 et 20.

Pour la validation de cette version, nous nous sommesbasés sur trois paramètres. Premièrement, nous avonstesté la validité apparente du questionnaire, c’est-à-diresa compréhensibilité et sa faisabilité. Le questionnaireétait compréhensible par les sujets interrogés. Dans unedeuxième étape, nous avons procédé à l’étude de la consis-tance interne à l’aide du calcul du coefficient alpha deCronbach. Sa valeur était de 0,78, ce qui est en faveur d’unebonne cohérence interne de notre version de la BIS-11. Troi-sièmement, l’analyse factorielle a permis de dégager troisfacteurs avec une variance de 32,6 %.

Concernant l’étude de la cohérence interne, notre résul-tat est comparable à ceux de la littérature. En effet, dans laversion originale, le coefficient de la cohérence interne estde 0,83 [10]. Les versions italienne, japonaise, chinoise etportugaise avaient des coefficients respectifs de 0,79, 0,8,0,79 et 0,62 [11—14].

Le coefficient de corrélation interne des sous-scores amontré également de bonnes valeurs qui sont proches decelles retrouvées dans la littérature. Concernant le coeffi-cient de l’impulsivité cognitive, sa valeur était de 0,66. Laversion anglaise et japonaise ont montré des valeurs respec-tives de 0,74 et 0,6 [10,12]. L’impulsivité motrice a montréun coefficient de Cronbach de 0,72. Le coefficient rapportépar l’étude anglaise et japonaise a été respectivement de0,59 et 0,64 [10,12]. Enfin, l’impulsivité non planifiée a mon-tré un coefficient de 0,61. Il est de 0,72 pour la versionanglaise et de 0,65 pour l’étude japonaise [10,12].

Concernant l’analyse factorielle, nos résultatsconcordent également avec ceux retrouvés dans la lit-térature. Pour la version arabe dialectale, l’analyse adéfinit trois facteurs. Cela est partagé par la version portu-gaise et la version japonaise [12,14]. L’étude de Baylé et al.a délimité neuf premiers facteurs expliquent 55,6 % de lavariance et trois facteurs de second ordre correspondantbien globalement aux dimensions proposées par Barratt[15]. La version originale de la BIS-11 a définit six facteursde premier ordre et trois facteurs de second ordre [10].

Dans notre étude de validation, on n’a pas mesuré lafidélité test-retest. Cela est à un problème de faisabilité ;recontacter les mêmes sujets pour leur passer une secondefois le questionnaire n’était pas toujours facile. Cela nous

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vité de Barratt 17

empêchés de vérifier la stabilité et la reproductibilité de’échelle en fonction du temps.

La validité convergente, également, n’a pas été mesu-ée. Elle aurait pu chercher d’éventuelles corrélations entrea BIS-11 et un autre instrument de référence permettant deesurer l’impulsivité. Cela est dû à l’absence d’échelle éva-

uant cette dimension validée en langue arabe littéraire ouialectal.

Concernant l’étude de corrélation, les valeurs du coef-cient p n’ont pas montré de lien entre les différentesaractéristiques démographiques et les scores d’impulsivité.a majorité des études de validation de la BIS-11 dans diffé-entes langues ont utilisé des populations homogènes et leurut a été principalement l’étude de validation. On retrouvear exemple que les études italienne, chinoise et portugaisent recruté des étudiants de niveau scolaire proche pourasser l’échelle [11,13,14]. Le sexe n’apparaît pas commen facteur qui influence l’impulsivité dans notre travail.oncernant les données de la littérature, les conclusionse sont pas unanimes. Certaines études ont montré quees traits d’impulsivité figurent aussi bien chez la femmeue chez l’homme [16]. Les scores d’impulsivité sont mêmeroches [17]. Une différence est toutefois notée dans le typee comportement impulsif. Les actes de pyromanie seraienterpétrés par les hommes alors que les femmes feraientlus d’auto mutilations [17]. Dans l’étude de Patton et al.e validation de la BIS-11, les scores totaux ainsi que lesous-scores d’impulsivité ne diffèrent pas selon le sexe [10].ertaines autres études n’on pas noté également de diffé-ence entre les genres dans des populations cliniques. Dansne étude récente, par exemple les scores d’impulsivitétaient proches chez les alcooliques des deux sexes [16]. Cesésultats pourraient s’expliquer par le fait que les hormonesexuelles ne semblent pas être impliquées dans la pathogé-ie de l’impulsivité contrairement à celle de l’agressivité. Ilst à noter aussi que la population de certaines études por-ant sur l’impulsivité est faite de sujets d’un même sexe,omme c’est le cas de l’étude portugaise [14].

Certaines autres études en revanche ont noté une dif-érence entre les taux d’impulsivité retrouvés chez lesommes et ceux relevés parmi les femmes. C’est parxemple le cas dans l’étude de Standford et al. où les scores’impulsivité diffèrent entre les étudiants des deux sexes18]. L’étude de validation de la BIS-11 en langue japonaise

également trouvé des scores d’impulsivité différents selone sexe [12]. Ces résultats pourraient être imputables auxifférences entre les populations auxquelles le test a étéassé. Concernant l’âge, il n’apparaît pas comme un facteurorrélé aux scores d’impulsivité dans notre travail. Ce résul-at est partagé par plusieurs études antérieures [11,13,17],ais pas par Baylé et al. qui ont retrouvé une corrélation

aible entre l’âge et le niveau d’impulsivité [15]. Le mêmeésultat est retrouvé par l’équipe japonaise qui a validé laersion japonaise de la BIS-11 [12]. Dans une autre étude,a tendance à l’impulsivité semble s’estomper avec l’âge ete, chez les sujets alcooliques [16].

D’une manière générale, il apparaît que les jeunes per-onnes ont une plus grande tendance à l’impulsivité que lesujets plus âgés.

Ces résultats controversés seraient expliqués, encore uneois, par l’hétérogénéité de la population intéressée par’étude et par le niveau d’impulsivité. En effet, il semblerait

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ue la baisse du taux d’impulsivité avec l’âge soit plus sou-ent constatée parmi des sujets ayant un score initial élevé’impulsivité. Une baisse de l’impulsivité même minimearmi ces sujets serait plus facilement notée puisque se tra-uisant directement sur le plan comportemental et d’uneanière évidente [16].

onclusion

n milieu psychiatrique, l’impulsivité accède à une placee choix avec son implication dans divers troubles psychia-riques et avec le développement de la psychiatrie légale,ette position semble être de plus en plus ancrée.

L’impulsivité semble en particulier venir interroger’expert psychiatre et lui poser des défis. Défis et interro-ations concernant :

la relation entre impulsivité, actes médico-légaux etpathologie mentale ;

l’évaluation de la responsabilité des sujets impulsifs ; la prédiction de la dangerosité des sujets impulsifs.

Les résultats de l’étude de validation ont montré uneonne validité apparente et interne de la version arabeialectale de la BIS-11. D’autres études sur des popula-ions différentes devraient être réalisées en particulier surne population clinique pour apprécier la prévalence de’impulsivité dans les différents troubles psychiatriques.

éférences

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