Utopie N°67 JuilAou06

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Utopie Concrète ! Journal des Jeunes Socialistes Gersois. NUMERO 67 JUILLET-AOUT 2006 SOMMAIRE: Page 1: Édito. Page 2: Agenda. Blog, Net. Publireportage. Pages III-VI: Cahier spé- cial sur l’immigration. Page 7: Actualité. Page 8: Rentrée. Tensions estivales et devoir de victoire ! Le début de l’été 2006 a été marqué par le formi- dable parcours de l’équipe de France de Football. Sa- lués par ses supporters, encouragés par de nombreux politiques, qui croyaient renouveler le formidable en- gouement de 1998 quand l’équipe « blanc black beur » remportait le titre de champion du monde, les « bleus » ont créé un sentiment éphémère d’espoir dans la population. D’un point de vue sportif, ce parcours est emblématique d’un savoir faire sportif. Une fois le phénomène médiatique s’es- soufflant, la réalité du quotidien pour « le peu- ple de France » refait surface comme un coup de fouet : précarité de l’emploi, pouvoir d’achat rogné par la hausse des prix du logement et des services de la vie quotidienne. Les ventes d’écran plats de télévision n’auront été que des éléments supplétifs à la consom- mation des ménages qui creusent dans leur « bas de laine » pour vivre avec décence un quotidien chargé d’inquiétude et d’incertitude. Enfin, ce parcours sportif de l’équipe et le « coup de boule » de Zizou, acte inexcusable sur un terrain de sport, sont, pour moi, les reflets de notre société, avec ses repères fondateurs mais aussi ses mouvements de révolte non maîtrisés. Dans un contexte international explosif, une nou- velle crise au Proche Orient aura déboussolé une région exsangue de conflits territoriaux et religieux. Cette guerre « Israélo Libanaise » déra- cine des populations par milliers, compte ses victi- mes civiles toujours trop nombreuses. La seule solution est politique. L’acti- visme de la diplomatie onusienne, européenne et américaine pose encore la problématique rhétori- que de l’ingérence politique. L’adoption de la réso- lution 1701, le redéploiement de la FINUL, l’enga- gement de troupes européennes, restent des fac- teurs d’apaisement et de prise en considération de cette crise. Malheureusement, ces crises internationales apparaissent comme des éléments de notre quoti- dien, ne portant pas notre idéal pacifiste et interna- tionaliste. Une réelle politique de diplomatie internationale doit prendre le pas sur les in- térêts partisans et économiques des Etats. Elle ne se construira que par la force des femmes et des hommes qui auront la volonté de l’incarner et la mettre en pratique. De retour de La Rochelle, après leurs cahiers de vacances, les socialistes connaissent le long chemin à parcourir pour réussir en 2007 ! Etre au pouvoir pour la gauche, ce n’est pas seulement voter des lois et publier des décrets, c’est exercer le mandat de ceux qui ensemble aspirent à mieux vivre. Pour cela, il va falloir réhabiliter la politi- que, le politique, la puissance publique et les choix collectifs qui en déterminent l’orientation et le sens. En 2007, cela fera 12 ans que les Français n’auront pas connu d’opposition frontale entre la gauche et la droite au second tour d’une l’élection présidentielle et ce n’est qu’en incarnant l’alterna- tive que nous y parviendrons. C’est un projet de so- ciété que nous voulons porter, pas seulement pour les prochaines élections mais aussi pour les pro- chaines générations. Là où ils défendent le privilège nous porterons la redistribution, là où ils suscite- ront le communautarisme nous rappellerons que la laïcité est un préalable au vivre ensemble. A leur libéralisme autoritaire nous opposons le socialisme démocratique. Michaël BOUTINES Animateur Fédéral du MJS 32.

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Pages III-VI: Cahier spé- cial sur l’immigration. Tensions estivales et devoir de victoire ! De retour de La Rochelle, après leurs cahiers de vacances, les socialistes connaissent le long chemin à parcourir pour réussir en 2007 ! Etre au pouvoir pour la gauche, ce n’est pas seulement voter des lois et publier des décrets, c’est exercer le mandat de ceux qui ensemble aspirent à mieux vivre. exsangue de conflits territoriaux et religieux.

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Utopie Concrète !

Journal des Jeunes Socialistes Gersois.

NUM

ERO 6

7

JUIL

LET-A

OUT 2

006

SOMMAIRE: Page 1: Édito. Page 2: Agenda. Blog,Net. Publireportage.

Pages III-VI: Cahier spé-cial sur l’immigration.

Page 7: Actualité. Page 8: Rentrée.

Tensions estivales et devoir de victoire !

Le début de l’été 2006 a été marqué par le formi-dable parcours de l’équipe de France de Football. Sa-lués par ses supporters, encouragés par de nombreux politiques, qui croyaient renouveler le formidable en-gouement de 1998 quand l’équipe « blanc black beur » remportait le titre de champion du monde, les « bleus » ont créé un sentiment éphémère d’espoir dans la population. D’un point de vue sportif, ce parcours est emblématique d’un savoir faire sportif.

Une fois le phénomène médiatique s’es-soufflant, la réalité du quotidien pour « le peu-ple de France » refait surface comme un coup de fouet : précarité de l’emploi, pouvoir d’achat rogné par la hausse des prix du logement et des services de la vie quotidienne. Les ventes d’écran plats de télévision n’auront été que des éléments supplétifs à la consom-mation des ménages qui creusent dans leur « bas de laine » pour vivre avec décence un quotidien chargé d’inquiétude et d’incertitude.

Enfin, ce parcours sportif de l’équipe et le « coup de boule » de Zizou, acte inexcusable sur un terrain de sport, sont, pour moi, les reflets de notre société, avec ses repères fondateurs mais aussi ses mouvements de révolte non maîtrisés.

Dans un contexte international explosif, une nou-velle crise au Proche Orient aura déboussolé une région

exsangue de conflits territoriaux et religieux. Cette guerre « Israélo Libanaise » déra-cine des populations par milliers, compte ses victi-mes civiles toujours trop nombreuses.

La seule solution est politique. L’acti-visme de la diplomatie onusienne, européenne et américaine pose encore la problématique rhétori-que de l’ingérence politique. L’adoption de la réso-lution 1701, le redéploiement de la FINUL, l’enga-gement de troupes européennes, restent des fac-teurs d’apaisement et de prise en considération de cette crise.

Malheureusement, ces crises internationales apparaissent comme des éléments de notre quoti-dien, ne portant pas notre idéal pacifiste et interna-tionaliste. Une réelle politique de diplomatie internationale doit prendre le pas sur les in-térêts partisans et économiques des Etats. Elle ne se construira que par la force des femmes et des hommes qui auront la volonté de l’incarner et la mettre en pratique.

De retour de La Rochelle, après leurs cahiers de vacances, les socialistes connaissent le long chemin à parcourir pour réussir en 2007 ! Etre au pouvoir pour la gauche, ce n’est pas seulement voter des lois et publier des décrets, c’est exercer le mandat de ceux qui ensemble aspirent à mieux vivre. Pour cela, il va falloir réhabiliter la politi-que, le politique, la puissance publique et les choix collectifs qui en déterminent l’orientation et le sens. En 2007, cela fera 12 ans que les Français n’auront pas connu d’opposition frontale entre la gauche et la droite au second tour d’une l’élection présidentielle et ce n’est qu’en incarnant l’alterna-tive que nous y parviendrons. C’est un projet de so-ciété que nous voulons porter, pas seulement pour les prochaines élections mais aussi pour les pro-chaines générations. Là où ils défendent le privilège nous porterons la redistribution, là où ils suscite-ront le communautarisme nous rappellerons que la laïcité est un préalable au vivre ensemble. A leur libéralisme autoritaire nous opposons le socialisme démocratique.

Michaël BOUTINES Animateur Fédéral du MJS 32.

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AGENDA DU MOIS 2 Toutes les dates (passées ou à venir) à retenir

de l’activité du MJS 32.

Réunions :

Vendredi 15 Septembre Assemblée Générale à Auch

RDV à 20h45

Prochainement :

Festival de l’IUSY du 18 au 23 Juillet en Espagne.

Université d’été de la Rochelle

25-26-27 Août

Tractages & Affichages. Campagne de rentrée sur les Lycées.

Campagne des 12 propositions. Rendez-vous le lundi 18 Septembre

Journal :

Prochain numéro d’Utopie prévu vers le 15 Septembre

n’hésitez pas à envoyer vos articles.

Net

Publireportage...

Quelques adresses Internet à visiter pour surfer intelligent et militant :

Le site qui pète ! www.circ-asso.net

A voir www.regards.fr

Actu

www.educationsansfrontieres.org

COMMANDER LE PATCH « FERME TA BUSH !!! »

Tarifs: 1,5 euro

Contact :

www.goeland.fr

Boutik à Paris.

Blog

Après les bouquins, films, documen-taires, une fois n’est pas coutume, nous al-lons faire la promo d’un blog personnel qui mérite un détour sur la toile.

Personne n’a oublié le visage du jour-naliste le plus célèbre au service de Karl ZERO à l’époque dorée de son émission que nous n’allons pas tarder à regretter.

John Paul LEPERS, rien à voir avec Julien qui sévit sur France 3 depuis…, continue sans relâche son travail de jour-naliste. Avec les nouvelles technologies, il a créé son blog personnel, de dixit « journal citoyen ».

Avec la même technique, caméra au poing, John Paul va voir le monde, un petit génie dans un bidonville de Dakar, les sans abris, interview d’un politique etc. Un blog ouvert, sans censure avec un esprit qui fait défaut sur un autre média… On retrouvera peut-être JPL dans notre rubrique « Bouquins » pour son livre sur Bernadette Chirac (« Madâme, impossible conversa-tion).

Rendez-vous donc sur : johnpaullepers.blogs.com

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Utopie Concrète !

Cahier Spécial Immigration

C’est fort de ses convictions et de sa volonté de s’op-poser fermement au projet de loi liberticide présenté par le gouvernement de Villepin-Sarkozy que le Mouvement des Jeunes Socialistes s’est engagé dès les premiers jours au sein du collectif « Uni-e–s contre une immigration jetable » (UCIJ). Le MJS appelle l’ensemble des socialistes à se mobiliser à la hauteur du danger que représente ce projet.

Nous ne devons pas faire l’erreur d’accepter les ter-mes du débat que cherche à imposer Nicolas Sarkozy, vou-lant le réduire à l’opposition entre une supposée immigration choisie et une immigration prétendument subie. C’est une ré-gression historique visant à opposer dans un discours déma-gogique et sécuritaire ceux qui seraient les bons immigrés, les travailleurs qualifiés, aux mauvais, les réfugiés, ceux du re-groupement familial et des mariages… ceux qui déjà à l’au-tomne dernier étaient accusés d’être la cause des émeutes urbaines.

C’est pour défendre sa vision d’une République ou-verte que déjà le MJS s’investit au sein du Réseau Éducation Sans Frontières (RESF), pour dénoncer les expulsions de lycéens sans papiers ou de parents d’élèves étrangers. Si d’un côté Nicolas Sarkozy tente d’apaiser la légitime indigna-tion des élèves et parents d’élèves choqués par ses expul-sions en annonçant leur suspension le temps de finir l’année scolaire (il est vrai que l’on expulse mieux quand l’opinion pu-blique est au soleil), de l’autre des instructions infamantes sont envoyées dans les Académies pour les inviter à lister les élèves potentiellement expulsables.

La droite veut des résultats, Sarkozy veut remplir des charters, les préfectures sont priées de faire du chiffre. Au-jourd’hui ce n’est pas seulement une loi que nous combattons, mais le fait qu’il y a autant d’applications différentes du droit qu’il n’y a de préfectures. Le pouvoir discrétionnaire et arbi-traire l’emportent sur la règle, l’égalité devant la loi et l’équité de traitement.

Lors du congrès du MJS de Paris en décembre 2005, nous affirmions dans le texte d’orientation « Porter l’alternative à gauche » adopté par les militants notre vo-lonté d’assumer une politique d’immigration de gauche.

Cela passe tout d’abord par refuser les discours populistes qui consistent à faire porter sur le dos des étran-gers le poids des difficultés économiques et sociales. Ce n’est pas la polygamie qui fait brûler les voitures, mais l’in-justice sociale et les discriminations.

C’est refuser les discours xénophobes qui font de tout immigrant un criminel potentiel, incapable de res-pecter les lois de la République. Refuser de se laisser en-traîner, c’est aussi s’inscrire en faux face au discours des libéraux qui en appellent au recours à une main d’oeuvre étrangère flexible et docile, au pillage des cerveaux des pays du Sud au seul profit économique d’une Europe vieillis-sante. L’immigration jetable, où l’ouvrier kleenex est appelé comme force de travail mais prié de laisser sa famille au pays.

Affirmer et assumer une politique de gauche, c’est s’entendre sur un constat qui ne s’alimente pas de fan-tasmes mais au contraire s’inscrit dans la réalité des flux migratoires, de l’histoire et de l’apport de l’immigra-tion dans notre pays et en Europe, mais aussi qui prenne en compte la dimension humaine de ces hommes et ses femmes qui quittent leur pays le plus souvent contre leur gré et des sacrifices qu’ils sont amenés à consentir.

Certains faits-divers amènent parfois les médias à évoquer ce dernier point : un bateau de boat-people qui s’échoue au large de l’Italie, un immeuble d’hébergement d’urgence qui brûle à Paris, des hommes sur lesquels on tire et que l’on abandonne dans le désert quand ils tentent de franchir les murs de Ceuta. Mais l’on préfère ne pas regar-der en face ce que représente aujourd’hui la politique de contrôle aux frontières extérieures de l’UE et celle d’externa-lisation à des pays tiers : une politique d’abattage. Selon l’ONG United for Intercultural Action, ce sont plus de 4000, chiffre à minima, personnes qui sont mortes en tentant de franchir les barrières de l’Europe forteresse ces 10 dernières années.

Le MJS dénonce le projet de loi Sarkozy sur l’immigration et l’intégration qui, au nom de l’immigration choisie s’attaque à la dignité des étrangers et aux libertés fondamentales qui fondent notre République. Parce que l’immigration est une chance pour la France, battons nous contre les expul-sions et la stigmatisations des étrangers. Exceptionnellement et en guise de forma-tion, nous avons décidé de consacrer un cahier spécial sur cette question cruciale de l’actualité qui ne manquera pas de se poser à la rentrée et jusqu’aux élections de 2007.

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ment évoluées vers ce que souhaitaient les deux ministres, cela n’est pas suffisant pour cacher la réalité. Là où il y a moins de réfugiés et de de-mandeurs d’asile, il y a plus de déboutés du droit d’asile. Là où les préfectures refusent toujours plus la délivrance de titres de séjours et où le gouvernement expulse à tour de bras, le nombre de candidat à l’immigration ne baisse pas et le nombre de sans-papiers lui ne cesse d’augmen-ter.

La fermeture du centre de Sangatte est un

exemple flagrant d’une politique d’affichage in-conséquente. Ceux que l’on ne voulait pas voir dans ce centre, certes inhumain, errent aujour-d’hui dans les villes et les campagnes avoisinan-tes, toujours dans l’attente de passer en Grande-Bretagne.

Le gouvernement parle d’immigration choisie, mais pourtant, et sans recourir aux quo-tas, la possibilité de faire appel à une immigration de travail, qualifiée ou non, existe déjà. Il s’agit de l’opposabilité de la situation de l’emploi : les visas pour raisons professionnelles sont accor-dés en fonction des besoins de la France. Des circulaires peuvent être édictées pour donner des consignes précises lorsque que certains besoins se font sentir, comme ce fut le cas. Ce fut le cas à l’approche du fameux « bug » de l’an 2000 avec une circulaire Aubry concernant les informa-ticiens. Et que constate-t-on depuis 2002 et alors que le gouvernement dit vouloir faire appel aux compétences ? Une diminution de l’immigration de travail !

Que se passe-t-il là où des quotas sont en

place ? Le quota de « qualifiés » est toujours dé-passé, celui de main d’oeuvre dépassé. D’ailleurs l’argument de l’appel d’air, souvent utilisé pour dénoncer les législations d’ouverture, joue ici pleinement. Quand vous annoncez 20 places, le nombre de candidat sera plus élevé, et la proba-bilité que ceux qui ne gagneront pas à cette lote-

Le premier constat à tirer pour éclairer l’avenir, c’est tout d’abord celui d’un mensonge à l’égard de la population, d’une illusion dange-reuse de la classe politique, d’une duperie au détriment des étrangers.

Au milieu des années 70, pour faire face

à la crise économique et à l’apparition du chô-mage de masse, il fût décidé d’interrompre l’im-migration de travail. Progressivement, l’immigré, et alors que c’est la France qui fit appel à lui, a été présenté comme la cause d’une partie des maux de la société française, dont il était lui-même l’une des premières victimes.

Cause du chômage de masse dans les

années 80, on le présente comme volant le tra-vail des ouvriers français, on cède progressive-ment au discours de l’extrême droite stigmati-sant les étrangers pour ne pas assumer les conséquences de ses propres politiques. Cela se matérialisera par le mythe de « l’immigration zéro », la possibilité pour un pays de fermer hermétiquement ses frontières.

Au cours des années 90, c’est sur le ter-

rain sécuritaire, puis sur celui du communauta-risme et de l’intégrisme, que le débat se cristal-lise. La France refuse d’assumer l’échec de ses politiques d’intégration et la persistance de dis-criminations structurelles. Face à une montée de la violence et à la prégnance du thème de l’insécurité, face à la crise qui couve dans les banlieues et qui explosera fin 2005, l’immigré, et plus particulièrement les jeunes de confes-sion musulmanes ou dont les parents sont origi-naires d’Afrique noire, est un bouc émissaire tout désigné.

Quelles sont les réalités

d’aujourd’hui ?

Tout d’abord, un chiffre est éloquent : depuis 1995, la part d’étrangers dans la popula-tion résidant sur le territoire français est stable (7,4%).

La mise en scène du Ministre de l’Inté-

rieur autour de son nouveau projet cache mal l’échec de la première loi qui porte son nom et votée en novembre 2003, ainsi que de la loi Vil-lepin, alors Ministre des Affaires étrangères, de décembre 2003 sur le droit d’asile, regroupées dans ce que l’on appelle le Céséda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile). Car si les statistiques ont progressive-

Cahier Spécial d’UC IV

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V Non à l’immigration jetable rie reste tout de même est très élevée.

Le gouvernement politise la question

de l’immigration sur le dos de l’ensemble des étrangers, qu’ils soient en situation irrégulière ou non, à des fins idéologiques et électorales. C’est pourquoi la gauche ne doit avoir de complexe, ni dans la contestation ni dans sa capacité à propo-ser.

Une politique alternative de gauche doit prendre en compte la dimension humaine et cesser de croire que tout ne se résumerait qu’à une question de flux, un robinet que l’on peut couper ou ouvrir au maximum pour satisfaire sa satiété. Considérer les étrangers comme des français en devenir serait un premier pas. Il ne s’agit pas seulement de savoir quels sont les be-soins économiques et démographiques de la veille Europe, ni les capacités d’accueil de cha-cun, mais d’offrir une politique cohérente de l’im-migration.

Assumer une politique

d’immigration de Gauche

L’échec des politiques dites d’« intégra-tion » explique pour partie les difficultés de la gauche. N’est-ce pas insultant de parler d’inté-gration à des personnes nées en France, dont les parents et les grands-parents issus de l’immigra-tion sont présents en France depuis des décen-nies : « issus de l’immigration », jusqu’à quand ? Il nous faut en finir avec ces faux-semblants d’« intégration », et leur préférer le combat pour l’Égalité véritable. On parle d’intégration à de jeu-nes citoyens français alors que leurs parents, qui participent à la richesse de notre pays, à la crois-sance de nos entreprises, qui payent leurs im-pôts, n’ont toujours pas leur carte d’électeur, mal-gré les promesses réitérées de la Gauche depuis 1981. Et ce, alors que les citoyens de pays au sein de l’Union européenne peuvent voter en France aux élections locales et européennes.

Assumons notre erreur, ce préalable per-mettrait à la gauche et aux socialistes de s’affran-chir d’une certaine culpabilité. Le premier signe d’une réelle volonté d’égalité et non d’intégration de la part de la République serait de reconnaître le droit de vote des étrangers résidant en France à toutes les élections, dans le cadre d’une citoyenneté de résidence. Il faut également faciliter l’accès à la nationalité française.

Il est d’usage chez certains politiques de faire payer aux immigrés le poids des maux de

notre pays. Trop nombreux un jour, mal « sélec-tionnés », le lendemain on en appelle à l’immi-gration choisie et aux quotas. Demain, c’est le MEDEF qui fixera le nombre d’étrangers autori-sés à s’installer en France, c’est le score des racistes du FN aux élections qui déterminera le chiffre des quotas par pays. Nous prônons au contraire une immigration ouverte combinée à une véritable politique de co-développement en direction des pays du Sud. Car le jour où les causes qui amènent des gens à quitter leur pays, la misère et l’absence d’avenir, auront disparu, la question des migra-tions internationales se posera différemment. Trop de demandeurs d’asile sont aujour-d’hui rejetés, la Droite ne remet pas en cause le système profondément injuste d’accès au statut de réfugié mais crie aux fraudeurs et en durcit l’accès. Nous devons ré-étudier les dossiers de tous ces faux-déboutés du droit d’asile (200 000 selon France Terre d’asile) pour leur permettre de faire valoir leurs droits. La Gauche doit abroger le décret du 30 mai 2005 qui oblige les étrangers en zone de rétention à rémunérer eux-mêmes leurs inter-prètes au risque d’être expulsés sans avoir pu simplement déposer une demande. Parce que l’asile est un droit fondamental, une nouvelle loi spécifique en faveur des réfugiés doit être votée, de nouvelles places en centre d’accueil doivent être offertes aux deman-deurs pour qu’ils puissent pleinement se préva-loir de leurs droits.

Par les règles qu’elles instaurent, la France et l’Europe produisent des centaines de milliers de clandestins, pour le plus grand bonheur du pa-tronat à la recherche d’une main-d’oeuvre do-cile et corvéable. Dans le même temps, les peurs sont attisées et les expulsions se multi-plient. Nous devons clairement affirmer

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VI Campagne Le premier constat à tirer pour éclairer

l’avenir, c’est tout d’abord celui d’un mensonge à l’égard de la population, d’une illusion dange-reuse de la classe politique, d’une duperie au dé-triment des étrangers.

Au milieu des années 70, pour faire face à

la crise économique et à l’apparition du chômage de masse, il fût décidé d’interrompre l’immigration de travail. Progressivement, l’immigré, et alors que c’est la France qui fit appel à lui, a été pré-senté comme la cause d’une partie des maux de la société française, dont il était lui-même l’une des premières victimes.

Cause du chômage de masse dans les

années 80, on le présente comme volant le tra-vail des ouvriers français, on cède progressive-ment au discours de l’extrême droite stigmatisant les étrangers pour ne pas assumer les consé-quences de ses propres politiques. Cela se maté-rialisera par le mythe de « l’immigration zéro », la possibilité pour un pays de fermer hermétique-ment ses frontières.

Au cours des années 90, c’est sur le ter-

rain sécuritaire, puis sur celui du communauta-risme et de l’intégrisme, que le débat se cristal-lise. La France refuse d’assumer l’échec de ses politiques d’intégration et la persistance de discri-minations structurelles. Face à une montée de la violence et à la prégnance du thème de l’insécuri-té, face à la crise qui couve dans les banlieues et qui explosera fin 2005, l’immigré, et plus particu-lièrement les jeunes de confession musulmanes ou dont les parents sont originaires d’Afrique noire, est un bouc émissaire tout désigné.

Quelles sont les réalités

d’aujourd’hui ?

Tout d’abord, un chiffre est éloquent :

depuis 1995, la part d’étrangers dans la popula-tion résidant sur le territoire français est stable (7,4%).

La mise en scène du Ministre de l’Inté-

rieur autour de son nouveau projet cache mal l’échec de la première loi qui porte son nom et votée en novembre 2003, ainsi que de la loi Vil-lepin, alors Ministre des Affaires étrangères, de décembre 2003 sur le droit d’asile, regroupées dans ce que l’on appelle le Céséda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile). Car si les statistiques ont progressive-ment évoluées vers ce que souhaitaient les deux ministres, cela n’est pas suffisant pour ca-cher la réalité. Là où il y a moins de réfugiés et de demandeurs d’asile, il y a plus de déboutés du droit d’asile. Là où les préfectures refusent toujours plus la délivrance de titres de séjours et où le gouvernement expulse à tour de bras, le nombre de candidat à l’immigration ne baisse pas et le nombre de sans-papiers lui ne cesse d’augmenter.

La fermeture du centre de Sangatte est

un exemple flagrant d’une politique d’affichage inconséquente. Ceux que l’on ne voulait pas voir dans ce centre, certes inhumain, errent au-jourd’hui dans les villes et les campagnes avoi-sinantes, toujours dans l’attente de passer en Grande-Bretagne.

Le gouvernement parle d’immigration choisie, mais pourtant, et sans recourir aux quo-tas, la possibilité de faire appel à une immigra-tion de travail, qualifiée ou non, existe déjà. Il s’agit de l’opposabilité de la situation de l’em-ploi : les visas pour raisons professionnelles sont accordés en fonction des besoins de la

France. Des circulaires peuvent être édic-tées pour donner des consignes précises lorsque que certains besoins se font sen-tir, comme ce fut le cas. Ce fut le cas à l’approche du fameux « bug » de l’an 2000 avec une circulaire Aubry concernant les informaticiens. Et que constate-t-on de-puis 2002 et alors que le gouvernement dit vouloir faire appel aux compétences ? Une diminution de l’immigration de travail !

Que se passe-t-il là où des quotas

sont en place ? Le quota de « qualifiés » est toujours dépassé, celui de main d’oeu-vre dépassé. D’ailleurs l’argument de l’ap-pel d’air, souvent utilisé pour dénoncer les

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ACTUALITE 7

Utopie Concrète

Journal N°67 – Parution Mensuelle

Resp. de publication : M.BOUTINES.

Comité de Rédaction: Collectif Fédéral du MJS 32.

Imprimé par nos soins. Tirage: 120 exemplaires.

Pour nous contacter : Tél: 06.81.27.28.21

E-mail: [email protected]

Qui a dit ?

« Les demandeurs d’emploi sont la principale richesse de ce pays.» Jean-Louis BOR-LOO, après quatre années passées au Ministère de l’Em-ploi et de la Cohé-sion sociale, ne sait plus comment dissimuler ses sta-tistiques maquil-lées du chômage. U n e r i c h e s s e comme celle-là on pourrait s’en pas-ser.

Allocation de rentrée universitaire : une petite escroquerie politi-cienne pour un mauvais coup de marketing politique

C’est le dernier 14 juillet que Jacques Chirac vivra en tant que Président de la Ré-publique. Un symbole fort pour une fin de règne décadente. Sans doute a-t-il souhaité profiter de cette dernière occasion pour conquérir les jeunes. Sans doute que la droite y a vu l’opportunité de faire oublier la guerre à la jeunesse qu’elle mène sans relâche depuis qu’elle est installée au pouvoir. La vérité est que cette proposition d’allocation est de la poudre aux yeux, un arti-fice déplorable qui signifie l’apogée de l’ère du cynisme que l’UMP a inauguré il y a déjà plusieurs années. Les jeunes se feraient-ils acheter pour 150 euros ? Que signifie cette mesurette quand on observe avec colère que les tous les étudiants ne reçoivent pas leur bourses d’études à temps, quand on réalise l’amer constat que les budgets des CROUS ont chuté, quand on s’afflige encore de l’augmentation du coût des inscriptions en fac ?! Que représentent 150 euros pour les 800 000 étudiants qui doivent se salarier pour financer leurs études ? Les jeunes aspirent à un meilleur avenir, ils ne veulent pas de l’aumône d’un gouvernement clientéliste mais revendiquent une véritable et durable autonomie, ils veulent tout simplement bénéficier d’un statut dans notre société. Pour le Mouvement des Jeunes Socialistes, cela passe par la création d’un système d’aide sociale à destination de chaque jeune en formation que l’on appelle allocation d’autonomie, présente dans le projet des socialistes.

Le MJS reconnaît la paternité des "tongs marquantes" à l’UMP et s’engage à ne pas ex-ploiter cette immense trouvaille politique

Depuis quelques jours, l’UMP raille les socialistes qu’ils accusent de copier-coller le principe de la caravane militante. Cette polémique estivale à haute teneur politique qui, à n’en pas douter, passionne les français, nous of-fre la possibilité d’apporter quelques précisions. Si l’UMP s’est découvert l’an dernier une chaude passion pour les plages, le Mouvement des jeunes socialis-tes déploie des caravanes militantes au moins depuis dix ans. Souvent thématiques (lutte contre le racisme et l’an-tisémitisme, lutte contre le FN, ...) nous avons aussi été à l’initiative des "caravanes de campagne" (voir par exem-ple pour la campagne de Lionel Jospin : La Dépêche du Midi - Edition Ariège du Mardi 16 avril 2002). Par ailleurs, les deux caravanes se distinguent sur plusieurs points. La caravane du projet, menée en asso-ciation avec le Parti socialiste a davantage vocation à défendre et promouvoir le texte qui alimentera le programme du candidat que de réaliser des adhésions. Si nous nous réjouissons que les avancées sociales gagnées par le Front Populaire permettent aujourd’hui à l’UMP de battre le sable fin, nous observons également que de nombreux fran-çais n’ont toujours pas la possibilité de partir en vacances. Ainsi, les socialistes privilégient les destinations urbai-nes et notamment les quartiers populaires (le 16 août, la caravane du projet stationnera à Clichy-sous-Bois). C’est

pourquoi cet été la probabilité est faible pour les socialis-tes de croiser les marchands de glaces de l’UMP. Pour autant, rendons à César ce qui lui revient. Ou-til technologique de pointe et révolution politique in-contestable, la sandalette en plastique qui marque "UMP" dans le sable humide est bel et bien l’oeuvre du parti de Nicolas Sarkozy. Sans doute parce que nous espérons da-vantage offrir aux français une ambitieuse politique pour la France que de leur laisser une éphémère trace dans le sable, nous reconnaissons la paternité de ces tongs à la droite et nous nous engageons bien entendu à ne jamais exploiter une telle technique.

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8 Rentrée UNIVERSITES : AVIS DE DEMOLITION

Cette année encore l’année universitaire commencera pour les étudiants par un passage à la caisse des plus salés. 60 % l’an passé, 62 % pour cette rentrée, ce sont les pourcentages d’universités hors la loi recensées par l’UNEF, syndicat étudiant, du fait de l’application de frais d’inscription illé-gaux. Les montants sont parfois exorbitants comme à l’université d’Aix-Marseille III (jusqu’à 3500 €) ou encore à l’université Jean Monnet de Saint Etienne (jusqu’à 500 €).

Outre le fait que de plus en plus d’universi-tés se mettent hors la loi, la tendance est au ca-mouflage en pratiquant ces frais illégaux dans l’opacité, preuve que les universités ont connais-sance de l’illégalité de leur démarche. « Eviter la clochardisation » Les présidents d’universités se défendent en se posant en gestion-naires de la pénurie budgétaire qui touche de plein fouet les universités françaises. Le président de l’université Bretagne occidentale avait déclaré que c’était pour lui la seule manière « d’éviter la clo-chardisation » de son établissement.

Et la « clochardisation », les étudiants en pâtissent déjà dans leurs facs. A l’université des Sciences Sociales de Toulouse par exemple les frais illégaux sont minces mais les carences et défaillan-ces en services nombreuses : reprographie des do-cuments de TD au compte goutte quand elle n’est pas laissée à la charge des étudiants via internet (ceux qui n’ont pas de matériel informatique chez eux n’ont qu’à se partager les 3 ou 4 imprimantes laissées à la disposition de plusieurs milliers d’étu-diants) ; le manque de salles d’examen conduit à des partiels tenus dans des amphis archis bondés ; les enseignants chargés de gérer la pénurie de per-sonnel ,devant gagner des heures, organisent sur leur quotas d’heures de cours des examens rac-courcis, au rabais et où le principe de l’anonymat bien que fondamental est souvent remis en cause car trop exigeant en temps et en moyens humains. La liste pourrait s’allonger au grès des témoigna-ges. Double jeu du gouvernement Le gouverne-ment via le ministre de l’éducation dénonce la pra-tique des frais illégaux tout en étant responsable de la pénurie budgétaire à l’origine de cette privatisa-tion qui ne porte pas son nom.

Gilles de Robien n’a pas tenu ses promesses faites à l’UNEF en 2005 de mettre un terme à ces pratiques illégales. Aujourd’hui, devant la persis-tance de la situation, il fait aveu de faiblesse et d’impuissance en renvoyant les étudiants à faire

eux-mêmes appliquer la loi en intentant des pro-cédures judiciaires devant les tribunaux adminis-tratifs. Là où la loi est très facile à appliquer quand il s’agit d’expulser des étudiants étrangers, il semble qu’elle le soit un peu moins lorsqu’il s’agit d’interdire les frais illégaux.

Cynique jeu du ministre qui fait reposer sur les étudiants la responsabilité de supprimer une recette supplémentaire aux universités alors qu’ils sont les premiers à se battre pour que la do-tation de l’Etat aux établissements soit augmen-tée. Silence, on privatise ! Le manque de moyens chroniques dont souffre le système universitaire en France conduit depuis plusieurs années à une privatisation rampante dont les frais d’inscription illégaux peuvent être le symbole. Force est de constater que la sélection par l’argent fait un re-tour en force et remet en cause des principes d’égalité que l’on croyait intangibles.

Au fil des années, la médiocre qualité de l’enseignement universitaire a permis, à sa marge, le développement d’un système de forma-tions payant et prospère. C’est ainsi que par exemple en médecine les chances d’un étudiant doué et sérieux mais à qui les parents ne peuvent payer un institut privé de bachotage verra ses chances de réussir son année s’amenuiser très sé-rieusement dans la jungle compétitive de méde-cine. Qui plus est si ce même étudiant grossit les rangs toujours plus fournis des « étudiants-salariés », autant dire que l’obtention de son an-née relève de l’exploit !

On en est là. Et l’on privatise d’autant plus vite que le système est obsolète, rongé par le cor-poratisme de l’intérieur, en dépit d’une concen-tration de moyens et d’hommes de qualité.

Alors que l’on peut déjà compter l’échec de l’université française comme l’un des plus gra-ves revers de la Vème république, ne baissons pas les bras face aux démolisseurs de nos conquêtes sociales. L’espoir est dans notre camp, concréti-sons le en 2007 pour redonner à l’éducation la priorité et sa force émancipatrice.

Romain SABATHIER

Petit rappel de la législation en vigueur :

Pour l’année universitaire 06/07 les droits d’inscriptions (hors sécurité sociale) s’élèvent à 162 € en licence, 211 € en master et 320 € en doctorat. A cela s’ajoute la cotisation obligatoire pour la

Medecine Préventive Universitaire, soit 4,57 €. Est illégal tout frais complémentaire qui n’est pas facultatif.