La Lettre du Créa n°67

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Lorsque vous « innovez » dans n’importe quelle discipline hors des cadres institutionnels, l’évolution de votre structure est semée d’obstacles, d’embuches, de pièges. Il n’y a qu’une réponse possible : marcher droit avec passion sans aucun compromis, sans céder aux tentations de la récupération. 26 ans pour « prouver » l’impact positif et original de cette philosophie d’éducation applicable demain dans toutes les écoles et/ou conservatoires de France… « Très intéressant monsieur Grojsman, mais vous êtes hors case » est la phrase que j’ai le plus entendue lors de mes entretiens divers et variés. Il ne fait pas bon innover en France si vous n’entrez pas dans une « case ». On m’a même conseillé de partir dans les pays nordiques ou Anglo-Saxons où je n’aurais pas attendu 26 années pour voir se construire le Centre de création vocale et scénique. Mais restons positifs en ce début d’année. Une première réunion du groupe de travail autour de la création du Centre a eu lieu au ministère en novembre dernier. À l’issue de cette rencontre, les personnalités du ministère de la Culture et de la Communication (DGCA/ Direction Générale de la Création Artistique) ont semblé fortement intéressées par le projet. Je suis donc sorti de cette première séance rassuré d’avoir entendu des respon- sables de haut niveau positifs, constructifs et visiblement très sensibles à toutes les actions développées par le CRÉA. Nous ne connaissons pas encore concrètement le positionnement du Ministère quant à la hauteur de sa participation financière à la construction 26 è année… on concrétise ? du futur centre, mais cette rencontre m’a redonné espoir dans la capacité de notre pays à reconnaitre et soutenir un électron libre tel que le CRÉA qui vogue en parallèle des institutions depuis… 26 ans ! Cette première lettre de l’année est essentiel- lement consacrée au chœur de l’Éducation nationale dont la direction artistique a été confiée au CRÉA depuis janvier 2012. Là encore, espérons que cette expérience de « création-formation » proposée aujourd’hui à 38 professeurs/chanteurs issus des trois académies d’Île-de-France soit renouvelée et développée progressivement sur tout le territoire national. Pour débuter l’année en beauté, je vous donne rendez-vous le mardi 21 janvier prochain en direct du Théâtre du Châtelet dès 20h sur Radio Classique et Dailymotion pour la 22 è Nuit de la Voix organisée par la Fondation Orange. Cette soirée exceptionnelle permet la mise en lumière d’une centaine d’artistes professionnels que la Fondation soutient dans le cadre de son mécénat. Déjà invités au cours de trois éditions précédentes, le Chœur de Scène et les CRÉA’tures donneront un programme sur mesure (Les Enfants du Levant, Pinocchio et Somewhere) et inter- prèteront avec plus de 600 choristes des salariés d’Orange une partition commandée à Thierry Lalo sur le thème de l’enfant, citoyen du monde… Bonne année à tous. Didier Grojsman Directeur du Créa CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES .......... p. 2-6 En scène avec le chœur de l’Éducation nationale Questions à Vincent Maestracci, Inspecteur général de l’Éducation nationale Paroles d’interprètes Orange chante Nuit de la voix, plus de 600 salariés d’Orange et les chœurs du CRÉA au Théâtre du Châtelet CRÉATION VOCALE ET SCÉNIQUE ............... p. 7 Le CD de Pinocchio, enfin disponible RETOUR SUR ................. p. 8 Les Enfants du Levant Création 2013 Les Indiens sont à l’Ouest Création 2014 Formation professionnelle Voix en scène N°67 - JAN. / MARS 2014 WWW.LECREA.FR SOMMAIRE CRÉATION VOCALE ET SCÉNIQUE

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SOMMAIRE : CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES En scène avec le choeur de l’Éducation nationale Questions à Vincent Maestracci, Inspecteur général de l’Éducation nationale Paroles d’interprètes Orange chante Nuit de la voix, plus de 600 salariés d’Orange et les choeurs du CRÉA au Théâtre du Châtelet CRÉATION VOCALE ET SCÉNIQUE Le CD de Pinocchio, enfin disponible RETOUR SUR Les Enfants du Levant (Création 2013) Les Indiens sont à l’Ouest (Création 2014) Formation professionnelle (Voix en scène)

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Lorsque vous « innovez » dans n’importe quelle discipline hors des cadres institutionnels, l’évolution de votre structure est semée d’obstacles, d’embuches, de pièges. Il n’y a qu’une réponse possible : marcher droit avec passion sans aucun compromis, sans céder aux tentations de la récupération.26 ans pour « prouver » l’impact positif et original de cette philosophie d’éducation applicable demain dans toutes les écoles et/ou conservatoires de France…« Très intéressant monsieur Grojsman, mais vous êtes hors case » est la phrase que j’ai le plus entendue lors de mes entretiens divers et variés. Il ne fait pas bon innover en France si vous n’entrez pas dans une « case ». On m’a même conseillé de partir dans les pays nordiques ou Anglo-Saxons où je n’aurais pas attendu 26 années pour voir se construire le Centre de création vocale et scénique.Mais restons positifs en ce début d’année. Une première réunion du groupe de travail autour de la création du Centre a eu lieu au ministère en novembre dernier. À l’issue de cette rencontre, les personnalités du ministère de la Culture et de la Communication (DGCA/Direction Générale de la Création Artistique) ont semblé fortement intéressées par le projet. Je suis donc sorti de cette première séance rassuré d’avoir entendu des respon-sables de haut niveau positifs, constructifs et visiblement très sensibles à toutes les actions développées par le CRÉA. Nous ne connaissons pas encore concrètement le positionnement du Ministère quant à la hauteur de sa participation financière à la construction

26è année… on concrétise ?du futur centre, mais cette rencontre m’a redonné espoir dans la capacité de notre pays à reconnaitre et soutenir un électron libre tel que le CRÉA qui vogue en parallèle des institutions depuis… 26 ans !

Cette première lettre de l’année est essentiel-lement consacrée au chœur de l’Éducation nationale dont la direction artistique a été confiée au CRÉA depuis janvier 2012. Là encore, espérons que cette expérience de « création-formation » proposée aujourd’hui à 38 professeurs/chanteurs issus des trois académies d’Île-de-France soit renouvelée et développée progressivement sur tout le territoire national.

Pour débuter l’année en beauté, je vous donne rendez-vous le mardi 21 janvier prochain en direct du Théâtre du Châtelet dès 20h sur Radio Classique et Dailymotion pour la 22è Nuit de la Voix organisée par la Fondation Orange. Cette soirée exceptionnelle permet la mise en lumière d’une centaine d’artistes professionnels que la Fondation soutient dans le cadre de son mécénat. Déjà invités au cours de trois éditions précédentes, le Chœur de Scène et les CRÉA’tures donneront un programme sur mesure (Les Enfants du Levant, Pinocchio et Somewhere) et inter-prèteront avec plus de 600 choristes des salariés d’Orange une partition commandée à Thierry Lalo sur le thème de l’enfant, citoyen du monde…Bonne année à tous.

Didier Grojsman Directeur du Créa

CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES . . . . . . . . . . p. 2-6

En scène avec le chœur de l’Éducation nationale Questions à Vincent Maestracci, Inspecteur général de l’Éducation nationale Paroles d’interprètes

Orange chante Nuit de la voix, plus de 600 salariés d’Orange et les chœurs du CRÉA au Théâtre du Châtelet

CRÉATION VOCALE ET SCÉNIQUE . . . . . . . . . . . . . . . p. 7

Le CD de Pinocchio, enfin disponible

RETOUR SUR . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 8 Les Enfants du Levant Création 2013

Les Indiens sont à l’Ouest Création 2014

Formation professionnelle Voix en scène

N°67 - JAN. / MARS 2014

WWW.LECREA.FR

SOMMAIRE

CRÉATION VOCALE ET SCÉNIQUE

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Ldc : Aujourd’hui, le chœur est constitué de 38 professeurs/chanteurs issus des trois académies d’Île-de-France (Créteil, Paris, Versailles). Quelles suites souhaitez- vous donner à ce projet unique ? Envisagez- vous une déclinaison dans d’autres aca-démies ?« Il était évidemment plus simple de débuter un tel projet sur l’Île-de-France. Si, comme cela semble se confirmer de jour en jour, le bilan qui sera tiré de ce premier projet est positif (quel impact sur la qualité des pratiques professionnelles des professeurs participants ?), il serait souhaitable de pouvoir le poursuivre certes en région parisienne mais également de le décliner sur d’autres territoires. C’était l’idée initiale qui sous- tendait la première saison du CEN. Cependant, cette opération à un coût et il reviendra aux académies désireuses de s’emparer de cette action d’en garantir un financement à la hauteur de l’enjeu artistique, pédagogique et de formation continue des professeurs. »

Rachel ROGUIN Professeur d’éducation musicale en collège

« Les programmes d’éducation musicale au collège placent la voix au centre des apprentissages. Mais comment faire travailler des élèves quand on n’est pas un expert dans le domaine vocal ? Comment les aider à apprivoiser leur voix alors qu’ils ne se sentent pas à l’aise dans leur corps ? On ne sait pas toujours quels exercices choisir pour les faire progresser et on a souvent peur de mener nos élèves sur de mauvais chemins. Je cherchais un moyen de renou- veler mes pratiques dans les échauffements corporels et vocaux, de libérer la voix et le corps de mes élèves pour développer l’expression et l’interprétation. Le travail mené par le CRÉA constituait pour moi une référence dans ce domaine. Le CEN offre l’avantage de pratiquer chaque semaine et de vivre les choses de l’intérieur : on se met en situation, on teste, on se trompe, on persévère, on surmonte nos appréhensions et on comprend parfois un peu mieux les blocages de nos élèves ! La pratique régulière permet de cerner les objectifs des différents exercices, de se les approprier et de les réinvestir en classe. J’ai constitué une base de données d’exercices ludiques qui m’ont permis de constater les progrès dans mes classes et dans ma chorale. Et les élèves adhèrent, quel que soit le niveau. La naissance du CEN a été également très instructive quant à la construction de la cohésion du chœur : donner un esprit de groupe, créer de l’émulation et de l’entraide, trouver une couleur vocale, vivre la musique pour l’interpréter et laisser jaillir l’énergie (celle qui fait souvent défaut à nos collégiens ! ). L’expérience vécue au CEN m’a fait réfléchir à la manière de travailler avec ma chorale. Je mesure chaque semaine la chance d’appartenir au CEN. J’allie formation professionnelle et plaisir de participer à un projet de qualité. Je me fais plaisir tout en progressant dans ma pratique professionnelle et les élèves en tirent un vrai bénéfice. Les répétitions du CEN sont devenues un moment incontournable de ma semaine. Je n’imagine pas un instant arrêter en mars. »

Damien ROBILLOTIntervenant musical

« Je fais 120 km aller-retour pour y participer, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, pour rien au monde, je ne voudrais manquer une séance… Plaisir vocal, exigence, rigueur, qualité, harmonisation somptueuse,... désolé, mais je ne cèderai pas ma place. Mon sen-timent… indéfinissable, si ce n’est savoir que j’ai une chance formidable d’en être. Didier Grojsman et son équipe ont su donner patiemment, à coups de jeux, de vocalises, de mise en espace, une cohésion à un groupe très hétérogène au départ. Au bout d’une année et demie, le chœur est définitivement soudé, a un « son », une signature. J’y ai trouvé une grande rigueur, une absence de jugement, un autre regard, une grande qualité d’écoute. Je m’y sens bien. Une autre famille. Les jeudis se suivent et ne se ressemblent pas. À chaque fois, il y a apport de nouveaux jeux, de ficelles, pour qui saura se les réappro-prier. Une attention particulière est donnée à la voix. Techniques vocales, respiration, placement de voix… mais aussi pédagogie appliquée. Vocalises, livret et CD… Depuis plus de vingt ans, je propose des ateliers mêlant mon expérience de la scène et la pédagogie dans le but de réaliser, avec les équipes enseignantes, leur spectacle. Mais des habitudes s’installent, on s’enferme peu à peu dans des routines, des protocoles… ça ronronne un peu. La piqûre de rappel du CRÉA me fait un bien fou. Ils sont pour moi une mine d’idées pédagogiques, dans laquelle je puise quotidiennement de nouveaux savoirs que je mets dès le lendemain en pratique au sein de mes séances. Cela a en partie renouvelé la base de mes ateliers, m’a ouvert d’autres perspectives, notamment en danse. Le retour des équipes enseignantes est notable. Il en va de même du retour des enfants avec lesquels je monte les spectacles. Ils réagissent très positivement à cette nouvelle exigence dont je fais part et manifestement l’apprécient. »

En janvier 2012, le CRÉA a été sollicité par le ministère de l’Éducation nationale pour assurer la direction artistique du chœur de l’Éducation nationale. Il réunit chaque semaine trente-huit

professeurs, chanteurs expérimentés des trois académies d’Île-de-France. En mars prochain, il présentera sur les scènes de la Ferme de Villefavard et de la Cité de la Musique « Rutabaga,

chansons de 1939 à 1945 » une création originale du CRÉA. Retour sur cette action de formation et de création unique avec Vincent Maestracci, inspecteur général de l’ Éducation nationale

En scène avec le chœur de l’Éducation Nationale

Ldc : Vincent Maestracci, pourquoi avoir choisi de créer un chœur de l’Éducation nationale ? Quels sont les objectifs, les enjeux artistiques et pédagogiques ? « Les pratiques vocales occupent une place très importante au sein de l’éducation musicale dispensée à tous les niveaux scolaires. Elles sont au cœur de l’enseignement obligatoire et les élèves sont nombreux à prolonger cette expérience dans les chorales de leurs écoles et établissements. Chaque année, près de 300 000 élèves-choristes (pour ce qui est des collèges, beaucoup plus si on y ajoute les écoles…) investissent les planches des salles de concert pour témoigner de leur travail

sous la direction de leurs professeurs et en étant souvent accompagnés d’instrumentistes professionnels. Dans ce contexte, la création du chœur de l’Éducation nationale vise un double objectif. Il s’agit d’une part de faire connaître et entendre l’engagement et la compétence des professeurs pour développer les pratiques vocales des élèves, finalement valoriser un travail insuffisamment reconnu malgré les énergies considérables déployées chaque année. Par ailleurs, il s’agit d’apporter une formation continue de très haut niveau à des professeurs qui parallèlement montent des projets musicaux de même nature avec leurs élèves. »

Ldc : Pourquoi avoir choisi de placer le CEN* sous la direction artistique du CRÉA ?« Répertoire des œuvres interprétées, exigence artistique, diversité des compétences des choristes, travail avec des professionnels (compositeurs, instrumentistes, chorégraphes, metteurs en scène, etc.) : le travail du CRÉA entretient une forte parenté avec celui des professeurs dans leurs écoles et établis-sements. En outre, l’expérience du centre avec les publics scolaires est considérable. Tout concourait à ce que le CRÉA devienne dès lors le partenaire privilégié du ministère de l’Éducation nationale sur un tel projet, qu’il en assure finalement la direction artistique. »

Ldc : Pour valoriser le travail du CEN, le chœur se produira le 13 mars prochain dans la salle des concerts de la Cité de la Musique, qu’attendez-vous de ce grand moment ?« Qui dit projet dit aussi que le travail mené est tendu vers un but à atteindre. C’est très naturellement que celui-ci est un concert car, si on fait de la musique, c’est certes pour se faire plaisir mais aussi pour partager ce plaisir avec un public. C’est cette même démarche qui dynamise sur l’ensemble du territoire les chorales scolaires qui toutes se produisent en public en fin d’année. De ce seul point de vue, le concert du 13 mars est une évidence avant même d’être une nécessité. Il fallait juste trouver un écrin à la hauteur de l’ambition artistique du projet et je remercie vivement la Cité de la musique de nous accueillir en ses murs prestigieux à cette occasion. Toutes les conditions seront ainsi réunies pour que ce concert, faisant entendre une fois n’est pas coutume les professeurs et non leurs élèves, montre les compétences artistiques mobilisées au quotidien pour l’éducation musicale des élèves. »

CEN* : Chœur de l’Éducation nationale

CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES

« Il s’agit d’apporter une formation continue de très haut niveau à des professeurs qui parallèlement montent des projets musicaux de même nature avec leurs élèves. »

Paroles d’ interprètes

Le CEN en représentation le 21 juin 2013 dans la cour du ministère de l’Éducation nationale.

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Ldc : Aujourd’hui, le chœur est constitué de 38 professeurs/chanteurs issus des trois académies d’Île-de-France (Créteil, Paris, Versailles). Quelles suites souhaitez- vous donner à ce projet unique ? Envisagez- vous une déclinaison dans d’autres aca-démies ?« Il était évidemment plus simple de débuter un tel projet sur l’Île-de-France. Si, comme cela semble se confirmer de jour en jour, le bilan qui sera tiré de ce premier projet est positif (quel impact sur la qualité des pratiques professionnelles des professeurs participants ?), il serait souhaitable de pouvoir le poursuivre certes en région parisienne mais également de le décliner sur d’autres territoires. C’était l’idée initiale qui sous- tendait la première saison du CEN. Cependant, cette opération à un coût et il reviendra aux académies désireuses de s’emparer de cette action d’en garantir un financement à la hauteur de l’enjeu artistique, pédagogique et de formation continue des professeurs. »

Rachel ROGUIN Professeur d’éducation musicale en collège

« Les programmes d’éducation musicale au collège placent la voix au centre des apprentissages. Mais comment faire travailler des élèves quand on n’est pas un expert dans le domaine vocal ? Comment les aider à apprivoiser leur voix alors qu’ils ne se sentent pas à l’aise dans leur corps ? On ne sait pas toujours quels exercices choisir pour les faire progresser et on a souvent peur de mener nos élèves sur de mauvais chemins. Je cherchais un moyen de renou- veler mes pratiques dans les échauffements corporels et vocaux, de libérer la voix et le corps de mes élèves pour développer l’expression et l’interprétation. Le travail mené par le CRÉA constituait pour moi une référence dans ce domaine. Le CEN offre l’avantage de pratiquer chaque semaine et de vivre les choses de l’intérieur : on se met en situation, on teste, on se trompe, on persévère, on surmonte nos appréhensions et on comprend parfois un peu mieux les blocages de nos élèves ! La pratique régulière permet de cerner les objectifs des différents exercices, de se les approprier et de les réinvestir en classe. J’ai constitué une base de données d’exercices ludiques qui m’ont permis de constater les progrès dans mes classes et dans ma chorale. Et les élèves adhèrent, quel que soit le niveau. La naissance du CEN a été également très instructive quant à la construction de la cohésion du chœur : donner un esprit de groupe, créer de l’émulation et de l’entraide, trouver une couleur vocale, vivre la musique pour l’interpréter et laisser jaillir l’énergie (celle qui fait souvent défaut à nos collégiens ! ). L’expérience vécue au CEN m’a fait réfléchir à la manière de travailler avec ma chorale. Je mesure chaque semaine la chance d’appartenir au CEN. J’allie formation professionnelle et plaisir de participer à un projet de qualité. Je me fais plaisir tout en progressant dans ma pratique professionnelle et les élèves en tirent un vrai bénéfice. Les répétitions du CEN sont devenues un moment incontournable de ma semaine. Je n’imagine pas un instant arrêter en mars. »

Damien ROBILLOTIntervenant musical

« Je fais 120 km aller-retour pour y participer, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, pour rien au monde, je ne voudrais manquer une séance… Plaisir vocal, exigence, rigueur, qualité, harmonisation somptueuse,... désolé, mais je ne cèderai pas ma place. Mon sen-timent… indéfinissable, si ce n’est savoir que j’ai une chance formidable d’en être. Didier Grojsman et son équipe ont su donner patiemment, à coups de jeux, de vocalises, de mise en espace, une cohésion à un groupe très hétérogène au départ. Au bout d’une année et demie, le chœur est définitivement soudé, a un « son », une signature. J’y ai trouvé une grande rigueur, une absence de jugement, un autre regard, une grande qualité d’écoute. Je m’y sens bien. Une autre famille. Les jeudis se suivent et ne se ressemblent pas. À chaque fois, il y a apport de nouveaux jeux, de ficelles, pour qui saura se les réappro-prier. Une attention particulière est donnée à la voix. Techniques vocales, respiration, placement de voix… mais aussi pédagogie appliquée. Vocalises, livret et CD… Depuis plus de vingt ans, je propose des ateliers mêlant mon expérience de la scène et la pédagogie dans le but de réaliser, avec les équipes enseignantes, leur spectacle. Mais des habitudes s’installent, on s’enferme peu à peu dans des routines, des protocoles… ça ronronne un peu. La piqûre de rappel du CRÉA me fait un bien fou. Ils sont pour moi une mine d’idées pédagogiques, dans laquelle je puise quotidiennement de nouveaux savoirs que je mets dès le lendemain en pratique au sein de mes séances. Cela a en partie renouvelé la base de mes ateliers, m’a ouvert d’autres perspectives, notamment en danse. Le retour des équipes enseignantes est notable. Il en va de même du retour des enfants avec lesquels je monte les spectacles. Ils réagissent très positivement à cette nouvelle exigence dont je fais part et manifestement l’apprécient. »

En janvier 2012, le CRÉA a été sollicité par le ministère de l’Éducation nationale pour assurer la direction artistique du chœur de l’Éducation nationale. Il réunit chaque semaine trente-huit

professeurs, chanteurs expérimentés des trois académies d’Île-de-France. En mars prochain, il présentera sur les scènes de la Ferme de Villefavard et de la Cité de la Musique « Rutabaga,

chansons de 1939 à 1945 » une création originale du CRÉA. Retour sur cette action de formation et de création unique avec Vincent Maestracci, inspecteur général de l’ Éducation nationale

En scène avec le chœur de l’Éducation Nationale

Ldc : Vincent Maestracci, pourquoi avoir choisi de créer un chœur de l’Éducation nationale ? Quels sont les objectifs, les enjeux artistiques et pédagogiques ? « Les pratiques vocales occupent une place très importante au sein de l’éducation musicale dispensée à tous les niveaux scolaires. Elles sont au cœur de l’enseignement obligatoire et les élèves sont nombreux à prolonger cette expérience dans les chorales de leurs écoles et établissements. Chaque année, près de 300 000 élèves-choristes (pour ce qui est des collèges, beaucoup plus si on y ajoute les écoles…) investissent les planches des salles de concert pour témoigner de leur travail

sous la direction de leurs professeurs et en étant souvent accompagnés d’instrumentistes professionnels. Dans ce contexte, la création du chœur de l’Éducation nationale vise un double objectif. Il s’agit d’une part de faire connaître et entendre l’engagement et la compétence des professeurs pour développer les pratiques vocales des élèves, finalement valoriser un travail insuffisamment reconnu malgré les énergies considérables déployées chaque année. Par ailleurs, il s’agit d’apporter une formation continue de très haut niveau à des professeurs qui parallèlement montent des projets musicaux de même nature avec leurs élèves. »

Ldc : Pourquoi avoir choisi de placer le CEN* sous la direction artistique du CRÉA ?« Répertoire des œuvres interprétées, exigence artistique, diversité des compétences des choristes, travail avec des professionnels (compositeurs, instrumentistes, chorégraphes, metteurs en scène, etc.) : le travail du CRÉA entretient une forte parenté avec celui des professeurs dans leurs écoles et établis-sements. En outre, l’expérience du centre avec les publics scolaires est considérable. Tout concourait à ce que le CRÉA devienne dès lors le partenaire privilégié du ministère de l’Éducation nationale sur un tel projet, qu’il en assure finalement la direction artistique. »

Ldc : Pour valoriser le travail du CEN, le chœur se produira le 13 mars prochain dans la salle des concerts de la Cité de la Musique, qu’attendez-vous de ce grand moment ?« Qui dit projet dit aussi que le travail mené est tendu vers un but à atteindre. C’est très naturellement que celui-ci est un concert car, si on fait de la musique, c’est certes pour se faire plaisir mais aussi pour partager ce plaisir avec un public. C’est cette même démarche qui dynamise sur l’ensemble du territoire les chorales scolaires qui toutes se produisent en public en fin d’année. De ce seul point de vue, le concert du 13 mars est une évidence avant même d’être une nécessité. Il fallait juste trouver un écrin à la hauteur de l’ambition artistique du projet et je remercie vivement la Cité de la musique de nous accueillir en ses murs prestigieux à cette occasion. Toutes les conditions seront ainsi réunies pour que ce concert, faisant entendre une fois n’est pas coutume les professeurs et non leurs élèves, montre les compétences artistiques mobilisées au quotidien pour l’éducation musicale des élèves. »

CEN* : Chœur de l’Éducation nationale

CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES

« Il s’agit d’apporter une formation continue de très haut niveau à des professeurs qui parallèlement montent des projets musicaux de même nature avec leurs élèves. »

Paroles d’ interprètes

Le CEN en représentation le 21 juin 2013 dans la cour du ministère de l’Éducation nationale.

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CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES

Hélène LELOUPConseillère pédagogique en éducation musicale

« Je connais le travail du CRÉA depuis de nombreuses années et j’ai collaboré plusieurs fois avec Didier Grojsman au cours de stages interdisciplinaires (professeurs des écoles et musiciens intervenants) organisés en Essonne dans le cadre de la charte départementale de développement des pra-tiques vocales et chorales. La participation au CEN m’a alors paru être une formidable opportunité, tant sur le plan de la forma-tion professionnelle que personnelle. J’ai bien sûr l’occasion de transposer cette démarche dans mon travail, notamment dans le cadre d’un atelier « voix et corps » que j’anime à l’attention des enseignants d’Évry, mais aussi au travers d’animations pédagogiques qui ont pour objectif d’accom- pagner les enseignants en matière de pratique vocale, avec un début de mise en scène et en espace, en vue de dynamiser les rencontres de chœurs scolaires organisées chaque année. »

Christophe MOLLEInstituteur, directeur d’école maternelle

« Ce projet me permet d’expérimenter une pédagogie de projet en étant du côté de l’élève. C’est assez inhabituel pour un enseignant ayant plus de 30 ans d’ancienneté ! Comme l’on n’enseigne pas ce qu’on sait mais ce qu’on est, surtout en maternelle, cette position d’apprenant me permet de développer des compétences toutes d’abord sociales… travailler en équipe, respect de l’autre, amitiés,… puis sensitives et artistiques. Cette « personne » s’enrichit donc humainement. Indirectement, l’école et l’élève en tireront profit. Il y a aussi bien évidemment la compétence technique acquise qui me facilite la tâche ; j’anime avec l’équipe pédagogique une chorale d’école (130 élèves de 3 à 6 ans) une fois par semaine. J’ai vraiment touché du doigt que l’exigence demandée, la quête de l’excellence, accom-pagnées par de la bienveillance et le soutien du chef de chœur, peuvent être transposables à mes petits choristes ! »

Estelle VERNAY Professeur d’éducation musicale en collège

« Sur le plan professionnel, le CEN, du fait de son fonctionnement hebdomadaire, est une formation continue exceptionnelle : il me permet une remise en question permanente de mes méthodes pédagogiques. Chaque semaine, vivant de l’intérieur de nouvelles expériences, j’enrichis sans cesse les acti-vités proposées à mes collégiens, en ayant d’autant plus conscience de ce qu’elles peuvent apporter que je les ai moi-même pratiquées. Une immense importance est accordée à l’expressivité, travaillée dans le chant comme dans le théâtre et la danse. C’est elle qui est au départ de tout, et non le son auquel on rajouterait un sens après. Au collège, en classe comme à la chorale, j’ai donc essayé d’accentuer cette dimension théâtrale, qui commence dès la mise en voix : les élèves sont tout de suite dans le texte, s’amusent, se lâchent et leurs yeux pétillent de malice ! Mon projet chorale a également fortement évolué depuis ma participation au CEN. Cette année, tout élève inscrit au projet ne pratique pas seulement le chant mais aussi la danse et le théâtre, comme

cela se passe au CEN. Ils sont davantage investis, moralement et corporellement, et cela a un impact évident sur la qualité du travail. Dès le début du travail avec le CEN, les mises en voix extrêmement ludiques ont forgé un esprit de troupe. Cette équipe, de plus en plus soudée, évolue dans un contexte très rassurant : les chefs font preuve d’une grande bienveillance, proposent que l’on se mette en binômes si l’on n’est pas sûr de soi, dédramatisent l’erreur, créant ainsi un climat de confiance entre tous les acteurs du projet. Sur le plan personnel, c’est un véritable plaisir de retrouver la troupe du CEN. Côtoyer des personnes partageant les mêmes passions, motivées, agréables, curieuses, et ce dans une ambiance de travail détendue, que rêver de mieux ! Se retrouver dans la position de celui qui fait, et non de celui qui enseigne, est aussi fort revigorant et rafraîchissant. Nous sommes mis dans la position d’artistes complets, comédiens, danseurs, chanteurs, choyés par nos chefs, costumés sur mesure, program-més à la Cité de la Musique ! ... J’ai encore du mal à réaliser la chance que j’ai de faire partie de ce projet incroyable. Un seul mot : merci. »

CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES

Eric BONTEMPELLIProfesseur d’éducation musicale en collège

J’ai choisi de m’engager dans ce projet car je souhaitais aller plus loin dans ma formation en tant que professeur ayant fait à peu près le tour des stages proposés dans le cadre de la formation continue du rectorat de Créteil. Participer à un projet de cette ampleur avec l’exigence qu’il requiert, me semblait répondre à mes attentes, d’autant plus sous la direction de Didier Grojsman dont le travail m’avait séduit à l’occasion d’un stage que j’avais fait sous sa direction en 2010.Professionnellement, cette pratique m’apporte un sens plus approfondi de ce que signifie faire de la musique ensemble dans lequel rien n’est laissé au hasard. Cela me donne la conscience d’un degré d’exigence qu’il est possible d’avoir, même auprès d’adolescents, pas spécialement enclins à la pratique vocale. Ce qui m’intéresse le plus est le cheminement qui va de la partition, du projet « sur le papier » à sa réalisation : toutes ces étapes qui progressivement contribuent à donner du corps au projet, à voir les éléments se mettre en place et s’agencer petit à petit, prendre forme dans la tête puis dans le concret pour finalement exister en tant que spectacle abouti. Et également, comment on passe d’une chanson à sa mise en scène ainsi que le travail d’échauffement corporel (mise en répétition) et l’échauffement vocal proprement dit. Cette action me permet de déclencher de nouvelles pratiques au quotidien, notamment en ce qui concerne la phase de « mise en répétition », à savoir la concentration, la prise en compte de la dimension corporelle dans la pratique vocale, l’opposition et la complémentarité individu/groupe... mais aussi les vocalises et autres exercices de mise en voix. Pratiquer soi-même ces exercices dans le cadre des jeudis de répétition m’a permis de mieux prendre conscience de l’intérêt de ces pratiques, de leur utilité et également de ce qu’il faut éviter.

Amélie BUCELLEProfesseur d’éducation musicale en collège

« J’ai la chance d’enseigner à des classes CHAM (classes horaires aménagés musique) à dominante vocale. Or avec ma collègue de musique nous faisions chaque année de très beaux concerts avec nos classes, mais très statiques, avec un enchainement de chants très académique qui commençait à ne plus du tout me convenir ! Je sentais qu’il fallait que j’aille vers autre chose, donner du sens à une pratique vocale de haut niveau en l’associant à la danse et au théâtre. Apprendre à monter un vrai spectacle musical avec les élèves. Avec le CEN, le but est totalement atteint : chaque répétition est une source incroyable d’exercices concrets à faire avec nos élèves. J’admire sa façon de transmettre. Cela a révolutionné ma façon de concevoir les échauffements vocaux par exemple : avant je ne savais pas quoi faire, je faisais tout le temps la même chose, c’était un moment pénible pour moi - que je zappais fréquemment du coup - car je n’étais pas à l’aise avec ma voix et j’avais l’impression que les élèves le sentaient. Maintenant c’est un moment de bonheur, on peut même passer presque une heure avec les Cham à ne faire que des échauffements, des jeux, des canons, ils aiment ce moment du début du cours et me le disent ! J’ai vu les progrès dans toutes mes classes, et j’adore leur enthousiasme quand je leur présente un nouvel exercice. Ce qui est génial c’est que ça fonctionne avec toutes les classes du collège, même les plus difficiles. Une chose très importante que m’a apprise Didier : je suis à la fois plus exigeante avec mes élèves mais en même temps plus douce. C’est-à-dire que je suis plus exigeante sur la qualité vocale, et je leur apprends à être eux-même plus exigeants, à s’écouter, mais je me suis adoucie sur ma façon de corriger leurs erreurs. J’avais tendance à être très sévère ; ils n’osaient plussortir leurs voix de peur de faire une fausse note ! Maintenant je leur dis « trompez-vous ! Mais faites signe quand vous êtes perdus ! » et ça marche ! Je suis moi-même plus à l’aise avec ma voix et mon corps grâce à cette pratique vocale et scénique hebdomadaire, et le fait de passer de l’autre côté du pupitre, c’est-à-dire de se retrouver au milieu des chanteurs devant le chef aide à comprendre les difficultés des élèves, à être plus indulgent sur leur fatigue, plus exigent sur leur posture... J’espère de tout cœur que l’aventure ne s’ar-rêtera pas après Rutabaga. J’ai l’impression de n’être qu’au début de quelque chose ! J’ai encore besoin d’enrichir ma pratique quotidienne avec mes élèves auprès du CRÉA, de me nourrir de son enseignement. »

RUTABAGA, chansons de 39 à 45Direction musicale : Didier Grojsman Assistante : Isild Manac’h Dialogues, mise en scène : Christian Eymery Chorégraphie : Armelle Cornillon Décor : Claire Belloc Costumes : Isabelle Pasquier Lumières : Marie-Hélène Pinon Régie générale : Saïd Mechehar Piano et arrangements : Bruno Perbost Contrebasse, Guitare, Violon : en cours de distribution

C’est le temps des alertes, des descentes aux abris et des bombardements… Le temps des restrictions, des cartes de rationnement, des files d’attente interminables devant les magasins aux étagères de plus en plus vides… C’est le temps des rutabagas et des topinambours, des légumes que l’on n’apprécie guère mais qui calment la faim en ces périodes où l’on manque de tout. Rutabaga : légume symbole de l’occupation ! Pour tenter d’échapper à un quotidien bien morose, les Français vont au théâtre, au cinéma, dans les salles de concert et les cabarets. À la radio, les voix de Tino Rossi, Edith Piaf, Lucienne Delyle, Maurice Chevalier et bien d’autres encore chantent avec des mots simples des histoires qui racontent la vie de tous les jours… Ce sont ces chansons que les 38 interprètes du chœur de l’Éducation nationale vous invite à découvrir ou redécouvrir.

Ferme de Villefavard en Limousin : Sam. 1er mars à 18h, Dim. 2 mars à 15h Réservations : 05 55 76 54 72Cité de la Musique Jeudi 13 mars à 20h Réservations : 01 44 84 44 84Le ministère de l’Éducation nationale a confié la coordination artistique et la gestion administrative du chœur de l’Éducation nationale au CRÉA d’Aulnay-sous-Bois.

Répétition du CEN (chant et chorégraphie) au Lycée Jacques Decour à Paris.

Page 5: La Lettre du Créa n°67

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CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES

Hélène LELOUPConseillère pédagogique en éducation musicale

« Je connais le travail du CRÉA depuis de nombreuses années et j’ai collaboré plusieurs fois avec Didier Grojsman au cours de stages interdisciplinaires (professeurs des écoles et musiciens intervenants) organisés en Essonne dans le cadre de la charte départementale de développement des pra-tiques vocales et chorales. La participation au CEN m’a alors paru être une formidable opportunité, tant sur le plan de la forma-tion professionnelle que personnelle. J’ai bien sûr l’occasion de transposer cette démarche dans mon travail, notamment dans le cadre d’un atelier « voix et corps » que j’anime à l’attention des enseignants d’Évry, mais aussi au travers d’animations pédagogiques qui ont pour objectif d’accom- pagner les enseignants en matière de pratique vocale, avec un début de mise en scène et en espace, en vue de dynamiser les rencontres de chœurs scolaires organisées chaque année. »

Christophe MOLLEInstituteur, directeur d’école maternelle

« Ce projet me permet d’expérimenter une pédagogie de projet en étant du côté de l’élève. C’est assez inhabituel pour un enseignant ayant plus de 30 ans d’ancienneté ! Comme l’on n’enseigne pas ce qu’on sait mais ce qu’on est, surtout en maternelle, cette position d’apprenant me permet de développer des compétences toutes d’abord sociales… travailler en équipe, respect de l’autre, amitiés,… puis sensitives et artistiques. Cette « personne » s’enrichit donc humainement. Indirectement, l’école et l’élève en tireront profit. Il y a aussi bien évidemment la compétence technique acquise qui me facilite la tâche ; j’anime avec l’équipe pédagogique une chorale d’école (130 élèves de 3 à 6 ans) une fois par semaine. J’ai vraiment touché du doigt que l’exigence demandée, la quête de l’excellence, accom-pagnées par de la bienveillance et le soutien du chef de chœur, peuvent être transposables à mes petits choristes ! »

Estelle VERNAY Professeur d’éducation musicale en collège

« Sur le plan professionnel, le CEN, du fait de son fonctionnement hebdomadaire, est une formation continue exceptionnelle : il me permet une remise en question permanente de mes méthodes pédagogiques. Chaque semaine, vivant de l’intérieur de nouvelles expériences, j’enrichis sans cesse les acti-vités proposées à mes collégiens, en ayant d’autant plus conscience de ce qu’elles peuvent apporter que je les ai moi-même pratiquées. Une immense importance est accordée à l’expressivité, travaillée dans le chant comme dans le théâtre et la danse. C’est elle qui est au départ de tout, et non le son auquel on rajouterait un sens après. Au collège, en classe comme à la chorale, j’ai donc essayé d’accentuer cette dimension théâtrale, qui commence dès la mise en voix : les élèves sont tout de suite dans le texte, s’amusent, se lâchent et leurs yeux pétillent de malice ! Mon projet chorale a également fortement évolué depuis ma participation au CEN. Cette année, tout élève inscrit au projet ne pratique pas seulement le chant mais aussi la danse et le théâtre, comme

cela se passe au CEN. Ils sont davantage investis, moralement et corporellement, et cela a un impact évident sur la qualité du travail. Dès le début du travail avec le CEN, les mises en voix extrêmement ludiques ont forgé un esprit de troupe. Cette équipe, de plus en plus soudée, évolue dans un contexte très rassurant : les chefs font preuve d’une grande bienveillance, proposent que l’on se mette en binômes si l’on n’est pas sûr de soi, dédramatisent l’erreur, créant ainsi un climat de confiance entre tous les acteurs du projet. Sur le plan personnel, c’est un véritable plaisir de retrouver la troupe du CEN. Côtoyer des personnes partageant les mêmes passions, motivées, agréables, curieuses, et ce dans une ambiance de travail détendue, que rêver de mieux ! Se retrouver dans la position de celui qui fait, et non de celui qui enseigne, est aussi fort revigorant et rafraîchissant. Nous sommes mis dans la position d’artistes complets, comédiens, danseurs, chanteurs, choyés par nos chefs, costumés sur mesure, program-més à la Cité de la Musique ! ... J’ai encore du mal à réaliser la chance que j’ai de faire partie de ce projet incroyable. Un seul mot : merci. »

CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES

Eric BONTEMPELLIProfesseur d’éducation musicale en collège

J’ai choisi de m’engager dans ce projet car je souhaitais aller plus loin dans ma formation en tant que professeur ayant fait à peu près le tour des stages proposés dans le cadre de la formation continue du rectorat de Créteil. Participer à un projet de cette ampleur avec l’exigence qu’il requiert, me semblait répondre à mes attentes, d’autant plus sous la direction de Didier Grojsman dont le travail m’avait séduit à l’occasion d’un stage que j’avais fait sous sa direction en 2010.Professionnellement, cette pratique m’apporte un sens plus approfondi de ce que signifie faire de la musique ensemble dans lequel rien n’est laissé au hasard. Cela me donne la conscience d’un degré d’exigence qu’il est possible d’avoir, même auprès d’adolescents, pas spécialement enclins à la pratique vocale. Ce qui m’intéresse le plus est le cheminement qui va de la partition, du projet « sur le papier » à sa réalisation : toutes ces étapes qui progressivement contribuent à donner du corps au projet, à voir les éléments se mettre en place et s’agencer petit à petit, prendre forme dans la tête puis dans le concret pour finalement exister en tant que spectacle abouti. Et également, comment on passe d’une chanson à sa mise en scène ainsi que le travail d’échauffement corporel (mise en répétition) et l’échauffement vocal proprement dit. Cette action me permet de déclencher de nouvelles pratiques au quotidien, notamment en ce qui concerne la phase de « mise en répétition », à savoir la concentration, la prise en compte de la dimension corporelle dans la pratique vocale, l’opposition et la complémentarité individu/groupe... mais aussi les vocalises et autres exercices de mise en voix. Pratiquer soi-même ces exercices dans le cadre des jeudis de répétition m’a permis de mieux prendre conscience de l’intérêt de ces pratiques, de leur utilité et également de ce qu’il faut éviter.

Amélie BUCELLEProfesseur d’éducation musicale en collège

« J’ai la chance d’enseigner à des classes CHAM (classes horaires aménagés musique) à dominante vocale. Or avec ma collègue de musique nous faisions chaque année de très beaux concerts avec nos classes, mais très statiques, avec un enchainement de chants très académique qui commençait à ne plus du tout me convenir ! Je sentais qu’il fallait que j’aille vers autre chose, donner du sens à une pratique vocale de haut niveau en l’associant à la danse et au théâtre. Apprendre à monter un vrai spectacle musical avec les élèves. Avec le CEN, le but est totalement atteint : chaque répétition est une source incroyable d’exercices concrets à faire avec nos élèves. J’admire sa façon de transmettre. Cela a révolutionné ma façon de concevoir les échauffements vocaux par exemple : avant je ne savais pas quoi faire, je faisais tout le temps la même chose, c’était un moment pénible pour moi - que je zappais fréquemment du coup - car je n’étais pas à l’aise avec ma voix et j’avais l’impression que les élèves le sentaient. Maintenant c’est un moment de bonheur, on peut même passer presque une heure avec les Cham à ne faire que des échauffements, des jeux, des canons, ils aiment ce moment du début du cours et me le disent ! J’ai vu les progrès dans toutes mes classes, et j’adore leur enthousiasme quand je leur présente un nouvel exercice. Ce qui est génial c’est que ça fonctionne avec toutes les classes du collège, même les plus difficiles. Une chose très importante que m’a apprise Didier : je suis à la fois plus exigeante avec mes élèves mais en même temps plus douce. C’est-à-dire que je suis plus exigeante sur la qualité vocale, et je leur apprends à être eux-même plus exigeants, à s’écouter, mais je me suis adoucie sur ma façon de corriger leurs erreurs. J’avais tendance à être très sévère ; ils n’osaient plussortir leurs voix de peur de faire une fausse note ! Maintenant je leur dis « trompez-vous ! Mais faites signe quand vous êtes perdus ! » et ça marche ! Je suis moi-même plus à l’aise avec ma voix et mon corps grâce à cette pratique vocale et scénique hebdomadaire, et le fait de passer de l’autre côté du pupitre, c’est-à-dire de se retrouver au milieu des chanteurs devant le chef aide à comprendre les difficultés des élèves, à être plus indulgent sur leur fatigue, plus exigent sur leur posture... J’espère de tout cœur que l’aventure ne s’ar-rêtera pas après Rutabaga. J’ai l’impression de n’être qu’au début de quelque chose ! J’ai encore besoin d’enrichir ma pratique quotidienne avec mes élèves auprès du CRÉA, de me nourrir de son enseignement. »

RUTABAGA, chansons de 39 à 45Direction musicale : Didier Grojsman Assistante : Isild Manac’h Dialogues, mise en scène : Christian Eymery Chorégraphie : Armelle Cornillon Décor : Claire Belloc Costumes : Isabelle Pasquier Lumières : Marie-Hélène Pinon Régie générale : Saïd Mechehar Piano et arrangements : Bruno Perbost Contrebasse, Guitare, Violon : en cours de distribution

C’est le temps des alertes, des descentes aux abris et des bombardements… Le temps des restrictions, des cartes de rationnement, des files d’attente interminables devant les magasins aux étagères de plus en plus vides… C’est le temps des rutabagas et des topinambours, des légumes que l’on n’apprécie guère mais qui calment la faim en ces périodes où l’on manque de tout. Rutabaga : légume symbole de l’occupation ! Pour tenter d’échapper à un quotidien bien morose, les Français vont au théâtre, au cinéma, dans les salles de concert et les cabarets. À la radio, les voix de Tino Rossi, Edith Piaf, Lucienne Delyle, Maurice Chevalier et bien d’autres encore chantent avec des mots simples des histoires qui racontent la vie de tous les jours… Ce sont ces chansons que les 38 interprètes du chœur de l’Éducation nationale vous invite à découvrir ou redécouvrir.

Ferme de Villefavard en Limousin : Sam. 1er mars à 18h, Dim. 2 mars à 15h Réservations : 05 55 76 54 72Cité de la Musique Jeudi 13 mars à 20h Réservations : 01 44 84 44 84Le ministère de l’Éducation nationale a confié la coordination artistique et la gestion administrative du chœur de l’Éducation nationale au CRÉA d’Aulnay-sous-Bois.

Répétition du CEN (chant et chorégraphie) au Lycée Jacques Decour à Paris.

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Orange Chante

Une soirée dédiée à l’éducation par la musiqueChaque année depuis 1991, la Fondation Orange organise dans une grande salle parisienne la Nuit de la Voix. Ce rendez-vous musical est reconnu par le milieu musical et culturel et permet la mise en lumière de chœurs, orchestres et artistes talentueux que la Fondation soutient dans le cadre de son mécénat musical. Pour sa 22è édition, la Nuit de la Voix s’installe au théâtre du Châtelet le 21 janvier. Son programme est dédié cette année à la diversité des répertoires et à l’éducation par la musique. La Fondation orange souligne l’engagement de ces artistes dans l’éducation des jeunes par la pratique de la musique et du chant, en France et en Afrique ; Rokia Traoré avec sa fondation Passerelle au Mali (formation et insertion professionnelle de jeunes artistes maliens) ; Zahia Ziaoui avec l’Académie Divertimento (sensibilisation à la musique et créations de jeunes orchestres en Seine-Saint-Denis) et Didier Grojsman avec le CRÉA.

De la musique dans tous ses étatsSur la scène du Châtelet, près de 100 artistes professionnels offriront leur talent selon leur culture et inviteront au voyage ; des musique maliennes de Rokia Traoré (Victoire de la Musique 2009), aux extraits de l’opéra baroque Didon et Enée de Purcell inter-prété par le chœur Aedes et l’Ensemble Correspondances aux musiques tziganes présentées par Amari Famili. Déjà invités au cours de trois éditions précédentes, (théâtre des Bouffes du Nord, Salle Gaveau, Cirque d’Hiver) les jeunes interprètes

du CRÉA donneront un programme sur mesure avec des extraits de leurs dernières productions (Les Enfants du Levant, Pinocchio et Somewhere).La Nuit de la Voix est aussi la rencontre exceptionnelle entre artistes professionnels et choristes salariés d’Orange (Orange Chante). Placés sous la direction de Didier Grojsman, 600 choristes venant de Madagascar, Côte d’Ivoire, Botswana, Île Maurice et France, vont interpréter ensemble pour la première fois deux compositions de Thierry Lalo qu’ils répètent depuis plusieurs mois.

Orange chante avec le CRÉADepuis le 21 juin 2010, la Fondation Orange a réussi le pari fou de créer un ensemble de chœurs composés de salariés du Groupe. Résultat, fin 2013, c’est plus de 1 200 salariés engagés et 36 chœurs à travers le monde. Cette initiative s’inscrit dans la continuité des actions de la Fondation, en faveur de la culture vocale. Les chœurs se réunissent chaque semaine, sur leur lieu de travail, autour d’un chef de chœur profes-sionnel accompagné par un pianiste. Cette opération inédite est accompagnée depuis le début par le CRÉA sur la coordination artistique et administrative.

Les 31 chœurs Orange chante de France se réu- nissent chaque semaine à : Arcueil (2), Bordeaux, Caen, Châtillonsur-Seine, Dijon, Guyancourt, Issy-les-Moulineaux, Kinshasa, Lannion, Lille, Lyon, Madrid, Marseille, Metz, Montpellier, Nancy, Nantes, Orléans, Paris-Bercy, Paris ODS, Paris Madrid, Rennes, Rouen, Saint-Denis-sur-Seine, Strasbourg, Toulon, Toulouse, Tours, Tunis, Yahoundé.

Nuit de la Voix, plus de 600 salariés d’Orange et les chœurs du CRÉA au Théâtre du ChâteletLe 21 janvier prochain « la Nuit de la Voix » s’installe au Théâtre du Châtelet ! Près de 100 artistes professionnels, 60 interprètes du CRÉA et 600 choristes salariés d’Orange venant de toute la France et de 4 pays d’Afrique seront réunis pour une soirée unique !

CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES

LA NUIT DE LA VOIX EN DIRECT sur Dailymotion et Radio Classique

Chœur Aedes Direction Mathieu Romano

Ensemble Correspondances Direction Sébastien Daucé Extraits de l’Opéra Didon et Enée de Purcell

Groupe Amari Famili Chant et musique Tziganes de l’Europe de l’Est

Rokia Traoré (voix et guitare) Musique du monde et traditionnelle du Mali

Chœur d’enfants du CRÉA d’Aulnay-sous-Bois Direction Didier Grojsman Extraits d’opéras et de comédies musicales

Chansons jazz avec 600 choristes « Orange chante » de France, Botswana, Île Maurice, Côte d’Ivoire et Madagascar

En savoir plus : www.fondationorange.com

Les choristes d’Orange Chante dirigés par D. Grojsman lors de la Nuit de la Voix 2011 au Théâtre du Châtelet (S. Foulon)

Création

Le CD de Pinocchio enfin disponibleUn an après la création de l’opéra au théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois, le CRÉA est heureux de vous annoncer la sortie du CD de Pinocchio, un album entièrement autoproduit en partenariat avec le compositeur Thierry Lalo.

Depuis longtemps déjà, vous étiez nombreux à nous demander s’il était possible de se procurer l’enregistrement de nos dernières productions. À notre grand regret cette expérience ne s’était pas renouvelée depuis la sortie en 2006 de Rutabaga, chansons de 1939 à 1945 faute de moyens. Avec la com-plicité et la détermination du compositeur Thierry Lalo, nous sommes heureux de vous annoncer un an après la création de l’opéra la sortie du cd Pinocchio. Suite aux repré-sentations à l’amphithéâtre de l’Opéra de Paris, l’Opéra de Vichy, la Scène nationale du théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, le cd a été enregistré en hiver dernier aux célèbres studios Davout à Paris. Un exercice tout nouveau pour nos 40 jeunes interprètes qui se sont pliés au travail en

studio au cours de 3 séances d’enregis-trement : un travail exigeant qui nécessite une grande concentration et beaucoup de patience. Nos interprètes ont également saisi l’opportunité de découvrir les métiers du son en questionnant et en regardant tra-vailler les ingénieurs du son. L’album com-prenant une quinzaine de titres et un livret de 20 pages est disponible dès maintenant, exclusivement par correspondance auprès du CRÉA (voir détails ci-dessous). Pinocchio fera ensuite l’objet d’une distribution natio-nale début mars sur le label Black and Blue (distribution Socadisc) en partenariat avec France Musique. Nous vous proposons de découvrir des extraits de l’album ainsi que le livret sur le site du CRÉA : www.lecrea.fr

Pour commander Pinocchio, un opéra jazz :Envoyer un chèque de 16 € TTC par CD (port compris) libellé à l’ordre du CRÉA.Le CRÉA 85 rue Anatole France - 93600 Aulnay-ss-Bois Merci de préciser également l’adresse où vous souhaitez recevoir les disques

PINOCCHIO, UN OPÉRA JAZZ

Musique : Thierry Lalo - Paroles : Christian EymeryPar : le chœur de Scène du CRÉADirection : Didier GrojsmanTrompette : Fabien Mary Trombone : Guy FiglionlosSaxophones, flûte, clarinette : David SauzayPiano, Fender Rhodes : Thierry LaloContrebasse, basse électrique : Raphaël Dever Batterie : Mourad Benhammou

PINOCCHIO par Arnaud Merlin, producteur à France Musique« T. Lalo avait déjà conçu pour le CRÉA, en 2001, un premier opéra jazz intitulé

Ramdam !, salué en son temps. Pour Pinocchio, le compositeur s’est replongé dans l’esprit et la couleur des voix du CRÉA, tout en se pénétrant du personnage originel et du livret peaufiné par C. Eymery. Entouré par des jazzmen de premier plan, il a pris un malin plaisir à varier les atmosphères et les situations musicales, en s’appuyant sur sa profonde connaissance des styles jazzistiques. Ainsi faut-il chercher du côté de la puissance du swing des rutilantes machines orchestrales à la Count Basie les notes pédales et les breaks de telle scène (Je promets), ou tel changement de tempo aux vertus dramaturgiques (Les remords). L’efficace énergie des quintettes hard bop renaît ici ou là (La plus belle des revues), évoquant le martial shuffle des Jazz Messengers d’Art Blakey dans les moments difficiles (Accusé, levez-vous !), tandis que l’inspiration privilégie les sources électriques du funk pour mettre en valeur une prosodie plus articulée (Authentiques pickpockets ou La récompense). Le musicien se souvient encore de Bill Evans et de son amour du « ternaire » lorsque le livret convoque un certain balancement (Au bout d’une branche), lequel se mue en une saisissante valse jazz lorsque l’on s’interroge sur la bonne santé du patient (Mort vivant). Et si le blues apparaît au détour des Mensonges, (Mon trésor) bénéficie d’un sensuel traitement latin. Mais c’est peut-être la manière dont le compositeur se montre habile à élaborer de subtiles mélodies lorsque le conte se fait onirique (Au pays des récréations) qui suscite notre plus sincère admiration. Une fois encore, dans ses choix musicaux, le CRÉA fait montre d’exigence et de professionnalisme. Pour notre plus grand plaisir ! »

CRÉATION VOCALE ET SCÉNIQUE

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Orange Chante

Une soirée dédiée à l’éducation par la musiqueChaque année depuis 1991, la Fondation Orange organise dans une grande salle parisienne la Nuit de la Voix. Ce rendez-vous musical est reconnu par le milieu musical et culturel et permet la mise en lumière de chœurs, orchestres et artistes talentueux que la Fondation soutient dans le cadre de son mécénat musical. Pour sa 22è édition, la Nuit de la Voix s’installe au théâtre du Châtelet le 21 janvier. Son programme est dédié cette année à la diversité des répertoires et à l’éducation par la musique. La Fondation orange souligne l’engagement de ces artistes dans l’éducation des jeunes par la pratique de la musique et du chant, en France et en Afrique ; Rokia Traoré avec sa fondation Passerelle au Mali (formation et insertion professionnelle de jeunes artistes maliens) ; Zahia Ziaoui avec l’Académie Divertimento (sensibilisation à la musique et créations de jeunes orchestres en Seine-Saint-Denis) et Didier Grojsman avec le CRÉA.

De la musique dans tous ses étatsSur la scène du Châtelet, près de 100 artistes professionnels offriront leur talent selon leur culture et inviteront au voyage ; des musique maliennes de Rokia Traoré (Victoire de la Musique 2009), aux extraits de l’opéra baroque Didon et Enée de Purcell inter-prété par le chœur Aedes et l’Ensemble Correspondances aux musiques tziganes présentées par Amari Famili. Déjà invités au cours de trois éditions précédentes, (théâtre des Bouffes du Nord, Salle Gaveau, Cirque d’Hiver) les jeunes interprètes

du CRÉA donneront un programme sur mesure avec des extraits de leurs dernières productions (Les Enfants du Levant, Pinocchio et Somewhere).La Nuit de la Voix est aussi la rencontre exceptionnelle entre artistes professionnels et choristes salariés d’Orange (Orange Chante). Placés sous la direction de Didier Grojsman, 600 choristes venant de Madagascar, Côte d’Ivoire, Botswana, Île Maurice et France, vont interpréter ensemble pour la première fois deux compositions de Thierry Lalo qu’ils répètent depuis plusieurs mois.

Orange chante avec le CRÉADepuis le 21 juin 2010, la Fondation Orange a réussi le pari fou de créer un ensemble de chœurs composés de salariés du Groupe. Résultat, fin 2013, c’est plus de 1 200 salariés engagés et 36 chœurs à travers le monde. Cette initiative s’inscrit dans la continuité des actions de la Fondation, en faveur de la culture vocale. Les chœurs se réunissent chaque semaine, sur leur lieu de travail, autour d’un chef de chœur profes-sionnel accompagné par un pianiste. Cette opération inédite est accompagnée depuis le début par le CRÉA sur la coordination artistique et administrative.

Les 31 chœurs Orange chante de France se réu- nissent chaque semaine à : Arcueil (2), Bordeaux, Caen, Châtillonsur-Seine, Dijon, Guyancourt, Issy-les-Moulineaux, Kinshasa, Lannion, Lille, Lyon, Madrid, Marseille, Metz, Montpellier, Nancy, Nantes, Orléans, Paris-Bercy, Paris ODS, Paris Madrid, Rennes, Rouen, Saint-Denis-sur-Seine, Strasbourg, Toulon, Toulouse, Tours, Tunis, Yahoundé.

Nuit de la Voix, plus de 600 salariés d’Orange et les chœurs du CRÉA au Théâtre du ChâteletLe 21 janvier prochain « la Nuit de la Voix » s’installe au Théâtre du Châtelet ! Près de 100 artistes professionnels, 60 interprètes du CRÉA et 600 choristes salariés d’Orange venant de toute la France et de 4 pays d’Afrique seront réunis pour une soirée unique !

CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES

LA NUIT DE LA VOIX EN DIRECT sur Dailymotion et Radio Classique

Chœur Aedes Direction Mathieu Romano

Ensemble Correspondances Direction Sébastien Daucé Extraits de l’Opéra Didon et Enée de Purcell

Groupe Amari Famili Chant et musique Tziganes de l’Europe de l’Est

Rokia Traoré (voix et guitare) Musique du monde et traditionnelle du Mali

Chœur d’enfants du CRÉA d’Aulnay-sous-Bois Direction Didier Grojsman Extraits d’opéras et de comédies musicales

Chansons jazz avec 600 choristes « Orange chante » de France, Botswana, Île Maurice, Côte d’Ivoire et Madagascar

En savoir plus : www.fondationorange.com

Les choristes d’Orange Chante dirigés par D. Grojsman lors de la Nuit de la Voix 2011 au Théâtre du Châtelet (S. Foulon)

Création

Le CD de Pinocchio enfin disponibleUn an après la création de l’opéra au théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois, le CRÉA est heureux de vous annoncer la sortie du CD de Pinocchio, un album entièrement autoproduit en partenariat avec le compositeur Thierry Lalo.

Depuis longtemps déjà, vous étiez nombreux à nous demander s’il était possible de se procurer l’enregistrement de nos dernières productions. À notre grand regret cette expérience ne s’était pas renouvelée depuis la sortie en 2006 de Rutabaga, chansons de 1939 à 1945 faute de moyens. Avec la com-plicité et la détermination du compositeur Thierry Lalo, nous sommes heureux de vous annoncer un an après la création de l’opéra la sortie du cd Pinocchio. Suite aux repré-sentations à l’amphithéâtre de l’Opéra de Paris, l’Opéra de Vichy, la Scène nationale du théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, le cd a été enregistré en hiver dernier aux célèbres studios Davout à Paris. Un exercice tout nouveau pour nos 40 jeunes interprètes qui se sont pliés au travail en

studio au cours de 3 séances d’enregis-trement : un travail exigeant qui nécessite une grande concentration et beaucoup de patience. Nos interprètes ont également saisi l’opportunité de découvrir les métiers du son en questionnant et en regardant tra-vailler les ingénieurs du son. L’album com-prenant une quinzaine de titres et un livret de 20 pages est disponible dès maintenant, exclusivement par correspondance auprès du CRÉA (voir détails ci-dessous). Pinocchio fera ensuite l’objet d’une distribution natio-nale début mars sur le label Black and Blue (distribution Socadisc) en partenariat avec France Musique. Nous vous proposons de découvrir des extraits de l’album ainsi que le livret sur le site du CRÉA : www.lecrea.fr

Pour commander Pinocchio, un opéra jazz :Envoyer un chèque de 16 € TTC par CD (port compris) libellé à l’ordre du CRÉA.Le CRÉA 85 rue Anatole France - 93600 Aulnay-ss-Bois Merci de préciser également l’adresse où vous souhaitez recevoir les disques

PINOCCHIO, UN OPÉRA JAZZ

Musique : Thierry Lalo - Paroles : Christian EymeryPar : le chœur de Scène du CRÉADirection : Didier GrojsmanTrompette : Fabien Mary Trombone : Guy FiglionlosSaxophones, flûte, clarinette : David SauzayPiano, Fender Rhodes : Thierry LaloContrebasse, basse électrique : Raphaël Dever Batterie : Mourad Benhammou

PINOCCHIO par Arnaud Merlin, producteur à France Musique« T. Lalo avait déjà conçu pour le CRÉA, en 2001, un premier opéra jazz intitulé

Ramdam !, salué en son temps. Pour Pinocchio, le compositeur s’est replongé dans l’esprit et la couleur des voix du CRÉA, tout en se pénétrant du personnage originel et du livret peaufiné par C. Eymery. Entouré par des jazzmen de premier plan, il a pris un malin plaisir à varier les atmosphères et les situations musicales, en s’appuyant sur sa profonde connaissance des styles jazzistiques. Ainsi faut-il chercher du côté de la puissance du swing des rutilantes machines orchestrales à la Count Basie les notes pédales et les breaks de telle scène (Je promets), ou tel changement de tempo aux vertus dramaturgiques (Les remords). L’efficace énergie des quintettes hard bop renaît ici ou là (La plus belle des revues), évoquant le martial shuffle des Jazz Messengers d’Art Blakey dans les moments difficiles (Accusé, levez-vous !), tandis que l’inspiration privilégie les sources électriques du funk pour mettre en valeur une prosodie plus articulée (Authentiques pickpockets ou La récompense). Le musicien se souvient encore de Bill Evans et de son amour du « ternaire » lorsque le livret convoque un certain balancement (Au bout d’une branche), lequel se mue en une saisissante valse jazz lorsque l’on s’interroge sur la bonne santé du patient (Mort vivant). Et si le blues apparaît au détour des Mensonges, (Mon trésor) bénéficie d’un sensuel traitement latin. Mais c’est peut-être la manière dont le compositeur se montre habile à élaborer de subtiles mélodies lorsque le conte se fait onirique (Au pays des récréations) qui suscite notre plus sincère admiration. Une fois encore, dans ses choix musicaux, le CRÉA fait montre d’exigence et de professionnalisme. Pour notre plus grand plaisir ! »

CRÉATION VOCALE ET SCÉNIQUE

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La Lettre du CRÉA - 85 rue Anatole France, 93600 Aulnay-sous-Bois - Tél : 01 48 79 66 27 [email protected] - www.lecrea.fr Directeur de la publication : D. Grojsman Rédaction : C. Bajonco Conception graphique : Atelier mathildew Photos : CRÉA, PICA, B. d’Alessandri, P. Devernay S. FoulonImpression : Grenier (3000 ex.) - Janvier 2014

Retour sur

Les Indiens sont à l’Ouest Création 2014Première rencontre avec Juliette, compositrice du prochain opéra du CRÉADimanche 8 décembre dernier, à l’occasion d’un week-end de répétition organisé au conservatoire de musique et de danse d’Aulnay-sous-Bois, la chanteuse Juliette, a rencontré les interprètes du Chœur de scène et les CRÉA’tures. Auteur-compositeur, elle a enregistré 13 albums. Le dernier, Nour (son nom de famille qui signifie lumière en arabe) est sorti en septembre 2013 et sa tournée débutera en 2014. Raison pour laquelle elle s’est engagée à livrer ses compositions fin février avec la complicité de son fidèle musicien/arrangeur, Franck Steckar. Rendez-vous est pris en octobre 2014 au Théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois pour découvrir Les Indiens sont à l’Ouest (Livret et paroles de Christian Eymery) sur une musique qui promet d’être burlesque, vivante, piquante à l’image de cette grande dame de la chanson française !

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Implanté depuis sa création au Théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois, partenaire fondateur, le CRÉA est subventionné par la Ville d’Aulnay-sous-Bois, le Conseil Général de Seine-Saint-Denis, le Conseil Régional d’Île-de-France, le Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Île-de-France. Avec le soutien des Fondations Edmond de Rothschild, de la Fondation Orange, la Caisse des Dépôts, la Fondation HSBC pour l’Éducation, la Banque Populaire Rives de Paris en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, la société Dushow.

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Les Enfants du Levant Création 2013Merci à Natalie Dessay, marraine du CRÉAMerci à notre marraine pour son engagement sans faille auprès des enfants du CRÉA ! Entre les répétitions de Manon au théâtre du Capitole de Toulouse et la promotion/ tournée de son dernier album Entre elle et lui enregistré avec Michel Legrand au piano, Natalie Dessay nous a fait l’honneur de sa présence à deux reprises en octobre dernier au cours d’une émission spéciale consacrée au CRÉA sur France musique Les Traverses du Temps de Marcel Quilléveré puis à l’occasion d’une représentation des Enfants du Levant au théâtre Jacques Prévert.

Formation professionnelleVoix en scène, dernières places !SESSION UNIQUE du 31 mars au 3 avril 2014OBJECTIFS : Découvrir la démarche spécifique du CRÉA • Vivre une démarche collective de création scénique s’appuyant sur une pratique vocale • S’approprier et se nourrir d’un répertoire créé, adapté pour enfants et adolescents • Appliquer des outils pédagogiques susceptibles d’enrichir les pratiques des participants.CONTENUS : • Apprendre à projeter sa voix, à la modeler. • Solliciter, développer la finesse auditive • Connaissance, maîtrise progressive du corps, jeux de communication • Mise en espace des chants extraits des spectacles du CRÉA • Observation active du travail des enfants lors des répétitions des chœurs.Informations et inscriptions au 01 48 79 66 27

Natalie Dessay et le chœur de Scène du CRÉA