Utopie N°66 Jui06

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Utopie Concrète ! Journal des Jeunes Socialistes Gersois. NUMERO 66 JUIN 2006 SOMMAIRE: Page 1: Édito. Page 2: Agenda. Docu, Net. Publireportage. Page 3: Actualité. En bref. Humeur... Pages 4-5: interview, retour sur le CPE. Page 6: Histoire. Retroussons nos manches ! L’effervescence populaire durant le Mondial de Foot ne doit pas nous faire ou- blier l’essentiel : la situation politique, écono- mique et sociale de notre pays. Notre pays traverse une crise grave. Une de plus. Pourtant tout se passe comme si le scénario de ce jeu était déjà écrit. Une situa- tion sociale explosive, une crise de régime dont on ne voit pas la sortie dans l’immédiat, une désespérance qui progresse chez celles et ceux qui ne cessent de voir chaque jour leur condition de vie se durcir auront pour consé- quence, si ne nous sommes pas au rendez vous, la montée inévitable de l’extrême droite et de l’abstention. Car oui, aujourd’hui les raisons du 21 avril se sont multipliées et aggravées. Cela ne fait peut être pas plaisir à entendre, mais pour aller vers notre idéal, il vaut mieux com- prendre le réel… Imaginons que du jour au lendemain on se soit retrouvés au petit matin avec 5 millions de chômeurs, une dette abyssale de 1100 Milliards d’euros, une inversion to- tale du rapport capital/travail dans la ré- partition des richesses produites, 20% des 18-25 ans vivant sous le seuil de pauvreté, 50% d’abstentions, que du jour au lende- main le financement des retraites ne soit plus assuré et que l’augmentation des salai- res et la progression du pouvoir d’achat ne soient plus garanties. Dans ce cas, peut être que nous se- rions nombreux à zapper notre émission de variété favorite pour trouver le flash info annonçant non pas la dernière phrase as- sassine de nos présidentiables mais le plan d’urgence qui serait décider par les pou- voirs publics pour répondre à la catastro- phe. Dans les faits, la droite, l’ultra libéra- lisme et leurs armées médiatiques agissent comme une gangrène au fil du temps. Or- ganisant la régression à chaque alternance, répétant les mensonges qui ont fini par constituer les vérités de la pensée unique, ils ont finalement érigé un modèle qui rend la France malade. Une France malade de son avenir, une France malade de ses divisions et du peu de confiance qu’elle accorde à ses richesses : ses jeunes, ses valeurs de progrès et de droits de l’Homme, ses immigrés, son contrat social… Nous savons qu’une autre France est possible. Il existe une France qui se lève Suite en page 3.

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JUIN 2006 Retroussons nos manches ! Une France malade de son avenir, une France malade de ses divisions et du peu de confiance qu’elle accorde à ses richesses : ses jeunes, ses valeurs de progrès et de droits de l’Homme, ses immigrés, son contrat social… Car oui, aujourd’hui les raisons du 21 avril se sont multipliées et aggravées. Cela ne fait peut être pas plaisir à entendre, mais pour aller vers notre idéal, il vaut mieux com- prendre le réel… Suite en page 3.

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Page 1: Utopie N°66 Jui06

Utopie Concrète !

Journal des Jeunes Socialistes Gersois.

NUM

ERO 6

6

JUIN

2006

SOMMAIRE: Page 1: Édito. Page 2: Agenda. Docu,Net. Publireportage. Page 3: Actualité. En bref. Humeur... Pages 4-5: interview, retour sur le CPE. Page 6: Histoire.

Retroussons nos manches ! L’effervescence populaire durant le Mondial de Foot ne doit pas nous faire ou-blier l’essentiel : la situation politique, écono-mique et sociale de notre pays. Notre pays traverse une crise grave. Une de plus. Pourtant tout se passe comme si le scénario de ce jeu était déjà écrit. Une situa-tion sociale explosive, une crise de régime dont on ne voit pas la sortie dans l’immédiat, une désespérance qui progresse chez celles et ceux qui ne cessent de voir chaque jour leur condition de vie se durcir auront pour consé-quence, si ne nous sommes pas au rendez vous, la montée inévitable de l’extrême droite et de l’abstention. Car oui, aujourd’hui les raisons du 21 avril se sont multipliées et aggravées. Cela ne fait peut être pas plaisir à entendre, mais pour aller vers notre idéal, il vaut mieux com-prendre le réel…

Imaginons que du jour au lendemain on se soit retrouvés au petit matin avec 5 millions de chômeurs, une dette abyssale de 1100 Milliards d’euros, une inversion to-tale du rapport capital/travail dans la ré-partition des richesses produites, 20% des 18-25 ans vivant sous le seuil de pauvreté, 50% d’abstentions, que du jour au lende-main le financement des retraites ne soit plus assuré et que l’augmentation des salai-res et la progression du pouvoir d’achat ne soient plus garanties. Dans ce cas, peut être que nous se-rions nombreux à zapper notre émission de variété favorite pour trouver le flash info annonçant non pas la dernière phrase as-sassine de nos présidentiables mais le plan d’urgence qui serait décider par les pou-voirs publics pour répondre à la catastro-phe. Dans les faits, la droite, l’ultra libéra-lisme et leurs armées médiatiques agissent comme une gangrène au fil du temps. Or-ganisant la régression à chaque alternance, répétant les mensonges qui ont fini par constituer les vérités de la pensée unique, ils ont finalement érigé un modèle qui rend la France malade. Une France malade de son avenir, une France malade de ses divisions et du peu de confiance qu’elle accorde à ses richesses : ses jeunes, ses valeurs de progrès et de droits de l’Homme, ses immigrés, son contrat social… Nous savons qu’une autre France est possible. Il existe une France qui se lève

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AGENDA DU MOIS 2 Toutes les dates (passées ou à venir) à retenir

de l’activité du MJS 32.

Réunions :

Samedi 10 Juin Conseil National du MJS à Paris.

Prochainement :

Festival de l’IUSY

du 18 au 23 Juillet en Espagne.

Université d’été de la Rochelle 25-26-27 Août

Tractages & Affichages.

Journal :

Prochain numéro d’Utopie prévu vers le 31 Juillet

n’hésitez pas à envoyer vos articles.

Net

Publireportage...

Quelques adresses Internet à visiter pour surfer intelligent et militant :

Actualité & Tendances www.toc-mag.com

Sérum anti-libéral www.fondation-copernic.org

COMMANDER : « SARKOZY DANS LE TEXTE » OU COMMENT CONNAÎTRE POUR MIEUX COMBATTRE

LA NOUVELLE RACAILLE DE LA DROITE.

Tarifs:

5 euros chaque exemplaire

+ 2 euros de frais de port

Ecrire à :

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16 Rue du Commerce 75015 PARIS

Documentaire

Le cauchemar de Darwin, d’Hu-bert SAUPER.

L’américain Michaël MOORE ne détient pas le monopole du documentaire engagé. Lors de sa sortie, « Le cauchemar de Darwin » a ra-pidement rencontré un immense succès inter-national, près d’un million de spectateurs.

Mais au lieu de faire du Laurent Weil, de quoi s’agit-il? Hubert SAUPER se sert de sa ca-méra comme une loupe pour tenter de prouver combien l’introduction de la perche du Nil dans les eaux du lac victoria a boulversé la vie des habitants de cette région de Tanzanie.

En effet, la perche du Nil se nourrit es-sentiellement d’autres poissons et donc empê-che la population de continuer à vivre grâce à la pisciculture. Plus que l’éco-système, c’est toute une contrée qui déréglée et jette la ma-jeure partie de la population dans la misère et son cortège macabre (prostitution, drogue, Si-da, trafic d’armes…).

Après l’emballement autour de ce documen-taire (nominé aux Oscars et coiffé par les pin-gouins de « La marche de l’Empereur »), ce fut au tour du contre emballement et de la polémi-que. Force est de constater qu’il prouve com-bien le continent africain est au bord du gouf-fre pour de menus intérêts. A vous de juger !

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ACTUALITE 3

Utopie Concrète

Journal N°66 – Parution Mensuelle

Resp. de publication : M.BOUTINES.

Comité de Rédaction: Collectif Fédéral du MJS 32.

Imprimé par nos soins. Tirage: 120 exemplaires.

Pour nous contacter : Tél: 06.81.27.28.21

E-mail: [email protected]

Génocide arménien

L’UMP aura tout fait pour ne pas avoir à se prononcer sur la proposition de loi visant à pé-naliser la négation du génocide arménien. Après avoir fait preuve d’obs-truction, les députés UMP ont appelé J-L Debré à la res-cousse. Le président de l’As-semblée nationale a levé pré-maturément la séance, privant ainsi les parlementaires d’un vote sur ce texte. Enterrer cette proposition re-vient purement et simplement à émettre des doutes sur le gé-nocide arménien. Indigne et inacceptable, cette position de la droite française fait honte, une fois encore, à la France. La mémoire est un enjeu politi-que. C’est donc aux représen-tants du peuple de s’en oc-cuper. A défaut, c’est dans une logique de concurrence des mémoires que la République s’enfonce et se développe le communautarisme. Le MJS partage la frustration et la colère des représentants du peuple arméniens venus suivre les débats. Le MJS fera parvenir à chacun des parlementaires français un courrier les interrogeant sur leur position personnelle concernant le génocide armé-nien. Le résultat de cette en-quête sera publié sur son site internet. Le Parlement français fait preuve depuis plusieurs mois d’une grande immaturité qui nous inquiète particulièrement. Il est grand temps que les dé-putés et sénateurs français re-donnent au Parlement ses let-tres de noblesse.

pour ses droits et sa dignité, elle peut être majoritaire. C’est cette France qui se mobilise contre le CPE et qui rencontre des succès. C’est cette France qui protège les d’im-migrés sans papiers pour leur éviter l’expulsion, une France qui non au libéralisme et qui souhaite un avenir meilleur pour chaque génération. Pour construire cet avenir, il faudra changer la société. Pour cela, nous sommes doter de 2 outils : les 12 proposi-tions des Jeunes Socialistes et le Projet des Socialistes. De cette base commune, elle n’est pas une finalité mais une 1ère étape, nous devons dégager nos priorités pour faire entendre la voix et les choix des socialistes pour créer les conditions de l’alternance, les conditions du changement pour ne laisser personne sur le bord du chemin, pour retrou-ver de la dignité et faire réussir notre société.

Michaël BOUTINES Animateur Fédéral du MJS 32.

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INTERVIEW : Retour... 4 Le mouvement anti-CPE entendu d’ailleurs

Le mouvement anti-CPE et plus largement anti-précarité a suscité l’intérêt et la curiosité à l’étranger. Même si certains médias, américains entre autres, se sont contentés d’images chocs et d’analyses tronquées souvent erronées, d’autres ont cherché à véritablement comprendre ce mouve-ment, ses acteurs, ses enjeux... Diego, étudiant espagnol, qui a cherché à m’intervie-wer pour diffuser dans un magasine universitaire le point de vue d’un étudiant mobilisé fais partis de ces derniers. Ces re-lais étudiants à l’étranger sont cruciaux si l’on veut continuer à développer une prise de conscience collective et la plus large possible aux problèmes rencontrés par les jeunes et la société en général. L’Europe est notre avenir et ainsi ce type de relais et solidarités sont des outils qui nous permettront de cons-truire l’Europe citoyenne et solidaire à laquelle nous aspirons. Appartiens tu à une organisation syndicale ou politique ?

Depuis 2002 je suis adhérent au MJS. Avant et pendant le mouvement je n’étais pas syndiqué. Depuis j'ai fais le choix de prolonger mon engagement dans le syndicalisme via l'UNEF (Union National des Etudiants de France). Pourquoi as tu décidé de te syndiquer à l’UNEF ?

Si j’ai choisi l’UNEF c’est parce que durant le mouvement je me suis senti proche des positions prises par ses militants et que selon moi l’attitude de l’UNEF durant le mouvement a été responsable et constructive tout en étant offensive et payante. Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à t’opposer au CPE ?

Le CPE était un contrat injuste socialement et inefficace éco-nomiquement. En effet ce projet porté par le gouvernement et l'UMP voulait faire de notre génération, une génération sacri-fiée, avec moins de droits que celle de nos parents : licencie-ment sans motif ni presque sans préavis, institutionnalisation de la précarité et résignation face à un monde de plus en plus instable et insécurisant socialement. Si je me suis mobilisé durant 3 mois c'est parce que je ne peux me résigner à la fa-talité, je crois en un modèle de société plus juste et solidaire et je refuse de continuer à laisser faire une droite qui s'évertue depuis 4 ans à s'attaquer aux fondements de notre modèle social basé sur l'égalité des droits, la solidarité et la justice sociale. A ceux qui me taxeront de "conservateur" ou de jeune ayant peur de son avenir je voudrais leur répondre que c'est tout le contraire. En effet la droite française use des peurs des gens (peur du chômage, de l'insécurité, des étrangers) pour introduire une politique que les français rejettent et qui réside dans le triptyque ravageur : ultralibéralisme économique, com-munautarisme et populisme. Si être socialiste et refuser de suivre tel un mouton l'avenir noir que l'on nous promet alors oui je suis "conservateur" !!! De quelle manière as-tu participé au mouvement ?

La première phase de notre mouvement a été longue et la-borieuse : armés de patience les membres du "comité de mobilisation" ,que nous avons monté sur ma FAC (toutes les facs avaient le leur), nous avons informé, discuté, argumen-té autour du CPE pour sensibiliser les jeunes aux dangers de cette mesure. C'est des milliers de tracts, des dizaines de réunions et d'AG (Assemblées Générales) qui ont permis le succès des manifestations. Tous les matins, tous les jours nous étions présents sur le campus. La première grosse manif a eu lieu le 7 février.

Ensuite conscients que le rapport de force devenait en notre faveur et que nous devions augmenter la pression face à un gouvernement sourd et incapable de poser un réel débat démocratique, nous avons, comme partout en France, oc-cupé notre FAC. Une centaines de personnes du comité de mobilisation, dont je faisais partis, a bloqué la FAC et a pas-sé la nuit dans celle-ci. Le matin nous étions agressé de l'extérieur par des militants d'extrême droite et des étudiants hostiles au blocage. Notre blocage a eu un gros retentisse-ment, certes du fait de ces incidents mais aussi parce que n o t r e F A C ( o ù l e d r o i t e s t e n s e i -gné essentiellement) réputée "conservatrice" n'avait jamais été bloquée auparavant (même en 1968!). Comment était le climat des manifs (pacifique, violent, sérieux, festif...) ?

Les manifestations, réunissant jusqu'à 100 000 personnes à Toulouse, n'ont jamais été violentes. L'ambiance y était plu-tôt festive et l'esprit largement majoritaire était pacifique. Certes il y'a pu avoir des individus isolés dégénérant après les manifs mais cela reste très minoritaire. Toutes les actions que nous avons menées (occupation de la mairie / de la chambre de commerce et d'industrie/ péa-ges gratuits / blocage de gares, routes ...) l'ont toujours été dans le même esprit. A aucun moment nous n'avons voulu céder collectivement à l'attitude provocatrice des forces de l'ordre et du gouverne-ment qui a cherché à ternir notre image et encore une fois à faire peur aux gens. Concernant les incidents dans les manifs parisiennes, nous avons été tous choqués du traitement de l'information que peuvent faire certaines chaînes étrangères, notamment américaines, qui n'ont pas hésité à parler de "guerre civile" ou encore de "Paris brûle". Ces mensonges et cette façon d'instrumentaliser des faits pour construire du spectacle, vendre ou encore diffuser des idées politiques, doivent être dénoncés ! As-tu senti l’appui généralisé de la société française ? Et des médias ?

L'opinion publique s'est ralliée à notre mouvement au fur et à mesure qu'elle était informée du contenu de ce projet, qu'elle se rendait compte que le gouvernement utilisait sans vergogne contre -vérités et mensonges. Aussi l'attitude

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5 … sur la campagne contre le CPE. adoptée par le premier ministre et le président, arrogants, ne voulant entendre le rejet exprimé par des centaines de mil-liers de personnes (étudiants, lycéens, salariés, retraités, précaires), ont poussé encore plus les trois-quarts de la po-pulation à nous soutenir. Ce soutien nous l'avons directe-ment remarqué lors des manifestations et lors des opéra-tions péages -gratuits où la générosité des automobilistes nous a permis de financer nos tracts, banderoles et maté-riels divers. Devant l'ampleur du mouvement qui était en train de se construire les médias n'ont pu que relayer ce qui était en train de se passer. Un mouvement ne se construit pas qu'avec les médias mais il ne peut sans passer. Quelle est ton opinion sur le comportement de la po-lice ? Nous avons assisté à des bavures policières inacceptables. Des jeunes se sont fait roués de coup alors que leur posture était tout à fait pacifique. Aussi le fichage systématique des leaders du mouvement et les arrestations arbitraires montre que les forces de l'ordre ont outrepassé leur rôle et n'ont su se montrer digne d'un Etat de droit, républicain et démocrati-que. Pourquoi le gouvernement a tant insisté pour maintenir cette loi ? Chirac a été élu avec 80% des suffrages face au péril d'ex-trême droite, avec nombreuses voire majoritaires voix de gauche... et sa réponse est la pire politique menée par la droite sous la Vème république. Défaite historique de son camp aux régionales. NON à une Europe libérale gravée dans la constitution. Et Chirac, Villepin et Sarkosy sont tou-jours au pouvoir, coupés totalement des aspirations des français.. C’est aberrant ! Ce régime est à bout de souffle, le changement de la politique et de politiques doit s'accompa-gner d'un changement de République. Quel rapport y a t-il entre ces protestations et les pro-blèmes des banlieues en novembre dernier ? Je pense que le message envoyé par les jeunes dans les banlieues était un cri de souffrance, de désespoir et un ul-time appel à l'aide. En effet c'est dur de se sentir parfois étranger dans son propre pays, de ne pas pouvoir complète-ment assumer ces origines, de se sentir exclus dans une société qui n'est pas parvenue et ne s'est pas donnée les moyens de m'intégrer par le travail, les valeurs, la recon-naissance. Ce besoin de reconnaissance et de droit à l'avenir a aussi été exprimé lors du mouvement anti-CPE et jeunes des ban-lieues ou jeunes d'ailleurs, ce que l'on recherche avant tout c'est une société où l'on peut vivre tous dignement et heu-reux.

Sens-tu que les jeunes français sont exaspérés de perdre leurs droits au nom de la fin de la société du bien-être ? Oui bien sûr et nous l’avons montré en résistant, refusant la fatalité et exprimant le désir d’un autre monde. Ce monde de plus en plus concurrentiel, de moins à moins à visage humain et de plus en plus dangereux est la voie sans issue où l’on veut nous conduire. On peut et on doit changer les choses collectivement. Les jeunes français ont montré leur appétit de résistance et de changement. A suivre ... Quelles sont les conséquences du retrait du CPE ? Est-ce une raison d’espérer pour le futur ? Le retrait du CPE marque le retour de la victoire syndicale après 4 ans de fortes mobilisations sans résultat ou presque. C’est donc un signe très fort et bien sûr un signe d’espoir si les exigences du peuple de gauche sont entendues et trou-vent un débouché syndical et politique. Selon toi quelles peuvent -être les solutions pour favori-s e r l ’ e m p l o i d e s j e u n e s ? L a situation de la France est-elle si différente de celle des autres pays ? En France il y'a un gros problème au niveau de l'orientation et de l'enseignement professionnel. Le CPE concernait tous les jeunes mais c'est les jeunes sans qualification, ou issus de l'enseignement professionnel qui souffrent vraiment du chô-mage. Beaucoup de jeunes galérant à l'école, ne trouvent aucune motivation, envie, et souvent tout ceci est lié à un contexte familial et social difficile. Je pense donc qu'en accompagnant plus sérieusement ces jeunes, en leur donnant vraiment envie de faire quelque chose, le goût d'un métier, ils pourront avoir un parcours professionnel plus stable et plus profitable pour leur bien être. C’est destructeur de passer de missions d'inté-rim en petits boulots durant des années. Or ce schéma est celui d’un nombre croissant de jeunes. Des secteurs comme la restauration, le bâtiment ou les services aux personnes sont déficitaires de main d'oeuvre. En les rendant plus attrac-tifs (aménagements des horaires et des conditions de travail, augmentation des salaires) et en stimulant en amont des jeu-nes qui iront par choix et non plus par dépit, peut-être aurons nous régler une partie du problème. Je ne pense pas qu'au fond la situation des autres pays soit de si loin plus enviable que celle de la France. On nous parle du modèle anglais ou encore irlandais mais on n’oublie de nous dire que le dynamisme de leur marché de l’emploi se réalise aux sacrifices de millions de travailleurs pauvres, payés au lance-pierre : l’Angleterre et l’Irlande font parti en Europe des pays où la proportion de pauvres est la plus forte … si l’ultralibéralisme économique avait du bon, ça se saurait non ?

Romain SABATHIER.

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de l’entreprise nationale Société Nationale des Chemins de Fer.

L’exemple de 1936 doit pouvoir servir à plusieurs titres de référence historique dans nos combats à venir. Il mériterait même un meilleur traitement en terme de commémorations pour ce soixante dixième anniversaire de la part du peu-ple de gauche et en particulier de ses représen-tants.

Il a défini une stratégie qui a, depuis, fait largement ses preuves : l’Union de la Gauche, la victoire n’est pas possible autrement comme ce fut le cas en 1981 ou en 1997. Cette union s’est construite au lendemain du 6 février 1934, avec la tentative de coup d’état par les ligues d’extrême droite, et durant deux années de préparation en-tre les appareils des trois principaux partis (Socialiste, Communiste, Radical). Elle s’est même élargie aux autres organisations de gauche qu’elles soient syndicales (CGT) ou associatives (Ligue des Droits de l’Homme).

Il a reposé sur un principe : la culture de la mobilisation. Avant, pendant et après le Front Populaire s’est énormément reposé sur la base militante de ses organisations. Il a accéléré l’en-trée en politique d’un grand nombre de jeunes, de femmes et d’immigrés qui quelques années plus tard composeront une bonne partie des troupes de la Résistance.

L’union et la mobilisation n’ont été possi-bles qu’à partir d’un projet ambitieux et volonta-riste. Même si les symboliques congés payés ne figuraient pas dans les propositions de campagne, le programme du Front Populaire

Tout simplement, une expérience excep-tionnelle à méditer !

Cédric.B

6 Histoire Mai 1936, le Front Populaire

« Une éclaircie dans les vies diffi-ciles » Léon BLUM

Dans l’histoire du socialisme français,

l’année 1936 figure parmi les dates les plus sym-boliques à travers l’accession au pouvoir des so-cialistes au sein d’une coalition des gauches iné-dite baptisée « Front Populaire ».

C’est exactement le 3 mai 1936, soit il y a

tout juste soixante dix ans, que communistes so-cialistes et radicaux remportaient les élections lé-gislatives. La victoire historique de la gauche fut accompagnée d’une ferveur populaire sans précé-dent symbolisée par les grèves et les occupations pacifistes d’usines.

L’expérience du Front Populaire a consi-dérablement bouleversé et influencé la société française du XX° siècle. Le souvenir de ce bref épisode marque encore aujourd’hui les conscien-ces à travers celles et ceux qui l’ont personnifié (Blum, Thorez, Salengro, Zay…). Face à la crise économique mondiale et à la montée du fascisme, le Front Populaire fut la dernière bouffée d’espoir pour les Français avant les heures sombres et tra-giques de la Seconde Guerre Mondiale.

Autant les réformes institutionnelles qui permirent la naissance d’une démocratie mo-derne, autant celles prises entre mai 36 & juin 37, ont permis de réaliser un véritable modèle social qui serait perfectionner au sortir de la guerre à travers l’application du programme du Conseil National de la Résistance.

Reste à savoir combien cet épisode politi-que peut-il servir de référence, d’exemple pour la gauche française à l’aube des rendez-vous électo-raux de 2007.

« La révolution par la loi ». Le Front Po-pulaire a permis les premières et plus grandes avancées sociales de l’histoire de France. Tous se souviennent des accords de Matignon, instituant le dialogue social entre l’Etat, le patronat et les syndicats d’ouvriers. Face à la pression populaire, ils adoptèrent les 2 semaines de congés payés, qui faisaient figure de douce utopie à l’époque, la se-maine de 40 heures, et l’instauration des conven-tions collectives.

Au-delà des mesures économiques et so-ciales, le gouvernement porta l’âge de la scolarité à 14 ans, il entreprit un meilleur accès à la culture et à l’éducation populaire. Un service public du transport ferroviaire fut créé à travers la création