UTILISATION DE L’HYPNOSE EN ONCOPEDIATRIE … · importants en ce qui concerne l’évaluation de...
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UTILISATION DE L’HYPNOSE
EN ONCOPEDIATRIE
ÉTUDE DE SON IMPACT SUR LA DOULEUR ET L’ANXIETE
Nom : Isabelle Martin
Année universitaire : 2012-2013
Directeur de mémoire : Nicolas Cazenave
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IINTRODUCTION………………………………………………………………………………….……………..……..p 3
II- CADRE THEORIQUE…………………………………………………………………………….…………..…….p 5
• la douleur, l’anxiété, expériences subjectives, expérience émotionnelles..……….…..p 5
• L’hypnose………………….…………………………………………………………………….……………...……p 9
• Le déroulement d’une séance d’hypnose……………………….…………………………….…….p 11
Les différentes techniques d’induction……….……………………….…………………...……..……..p 13
• L’hypnoanalgésie………….………………………………….…………….…………………….…………….p 16
III- PROBLEMATIQUE…………………………………………………………….…………….……………………p 18
• Hypothèse théorique…………………………………….………..………………………………….………p 18 • Hypothèses opérationnelles……………..………………….………………………………..…..……..p 18
IV- METHODOLOGIE………………………………………………………………………………….…………..…..p 19
1- Choix de la population………………………………………………………………………..………………..p 19
2- Les outils …………………………………………………………………………………..……………….………..p 19
3- La procédure…………………………………………………………………………………………………..……p 21
4- Les statistiques adaptées à l’étude…………………………………….…...……………….……p 21
5- Les résultats……………………………………………………….………………………….……………….……p 22
V- LA DISCUSSION…………………………………………….………………………………………………..……..p 25
Limites de l’hypnoanalgésie………………………………………………………………………….…….…….p 31
VI- CONCLUSION………………………………………………………………………………………………..….….p 33
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………….……………..………………..………P 34
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I- INTRODUCTION
C’est en 1934 que Mesmer confèrera une description de l’hypnose. A cette époque, elle
sera nommée « crise magnétique » ou « crise animale », pratique associée aux sciences et
à l’occultisme dans un but thérapeutique.
Après cette découverte et durant le 19 e et 20 e siècle l’hypnose va connaitre de
nombreuses évolutions. Elle sera consécutivement étudiée par, le marquis de Chastenet
de Puységur, qui s’intéressera à l’état de « sommeil lucide » ou somnambulisme ; puis
permettra à Charcot de classifier les états nerveux chez les hystériques ; encore à Janet
d’étudier les dissociations (Richard 2006).
En 1933 les travaux de Hull, concernant l’hypnose et la suggestibilité (hypnosis and
suggestibility), montreront qu’il existe une augmentation des capacités cognitives et de
changements sensoriels sous hypnose. (Gold, Kant, Butler, 2007).
Ces travaux permettront d’étudier l’hypnose clinique thérapeutique, et seront poursuivis
par The british Medical Association (BMA), en 1955, pour démontrer l’efficacité sur la
gestion de la douleur dans l’accouchement, ou encore, par the American Medical
Association (AMA) pour les soins dentaires sous hypnose (Steward, 2005).
En 1958, Alfred de Velpeau et Paul Broca feront reconnaitre auprès de l’Académie des
Sciences, les travaux de Braid, sur l’efficacité de l’hypnose dans le domaine de
l’intervention chirurgicale sous anesthésie hypnotique (Richard 2006).
Aujourd’hui l’hypnose est conçue comme un processus dynamique modifié de la
conscience, elle permet à la fois l’immobilité et le relâchement du corps, une analgésie et
un vécu agréable (Virot, 2002).
Un certain nombre de résultats de recherches démontrent les bénéfices de l’hypnose
chez l’adulte dans la prise en charge de la douleur aiguë et chronique et pour les douleurs
liées au cancer (Olness et Gardner, 1988), mais également l’impact chez l’enfant. En effet,
l’enfant a la capacité à s’évader plus facilement que l’adulte dans le monde de
l’imaginaire (Morgan & Hilgard, 1973).
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Par ailleurs, le soin douloureux perturbe le système biologique, mais trouble également le
psychisme. Ainsi, l’enfant de 6 mois à 4 ans est sujet à des peurs irraisonnées, qui peuvent
être amplifiées par des expériences antérieures. L’enfant anxieux va se heurter à des
problèmes de compréhension, ou au refus du contact, ou au fait de ne pas écouter les
explications. Une intervention clinique peut augmenter des peurs phobiques allant
jusqu’à des troubles sévères du sommeil. Chez l’enfant au-delà de 4 ans on peut
découvrir des peurs structurées concernant l’intervention, la douleur, la mutilation,
rarement explicitées lors de la consultation.
Il faut ajouter que l’angoisse parentale est également un facteur multiplicateur de
l’angoisse propre de l’enfant. (Maymat, 1994 In Estrier, 2004-2006).
L’hypnose est utilisée indépendamment ou associée aux traitements antalgiques, et, a la
spécificité de prendre en compte le patient douloureux dans sa globalité, liant les
dimensions biologiques et psychoaffectives (Gardner, 1974).
Par ailleurs, l’utilisation de l’hypnose permet d’agir sur la douleur aigüe, et l’anxiété dans
la prise en charge du patient douloureux, dans la mesure où elle aborde le corps dans sa
dimension biologique, sensorielle, motrice et émotionnelle. Les capacités à l’hypnose sont
limitées avant l’âge de 3 ans, atteignent leur apogée entre 7 et 14 ans, puis décroissent
un peu pendant l’adolescence (Olness, 1988 In Wood, 2007), Les techniques d’hypnose
doivent être adaptées à l’âge de l’enfant, autrement dit à son niveau de développement
cognitif et à ses préférences. Il est primordial pour entrer dans le monde de l’enfant,
d’être créatif, intuitif et respectueux du monde imaginaire.
L’étude présentée, ici, permettra de renseigner les effets de l’hypnose sur la douleur et
l’anxiété provoquées par le soin douloureux, en oncopédiatrie.
Mots clés : enfant, douleur aigüe, anxiété, Hypnose, oncologie, évaluation.
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II- CADRE THEORIQUE :
• la douleur, l’anxiété, expériences subjectives, expériences émotionnelles
La douleur…..
L’International Association for the Study of Pain (IASP) définit la douleur comme : « une
expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire existante
ou potentielle ou décrite en terme d’une telle lésion » (Wood, 2006).
Dans la deuxième moitié du 20e siècle, des progrès considérables ont été réalisés dans le
domaine de la douleur tant au point de vue des processus neurophysiologiques qu’en
termes de conception des processus algiques au-delà de leur cadre purement sensitif
(Richard 2006).
Ces travaux ont permis de repérer deux grands types de douleur, tels que, la douleur
aiguë de courte durée (douleur postopératoire, la douleur post-traumatique ou la douleur
provoquée par certains actes et soins) et la douleur chronique, rebelle (les lombalgies et
les céphalées chroniques, les douleurs liées au cancer).
Il est important de comprendre les constituants qui s’associent en matière de
douleur pour mieux appréhender l’approche des techniques non médicamenteuses.
Aussi, sur ce terrain, nous trouvons une composante sensori-discriminative (mécanismes
neurophysiologiques) ou douleurs par excès de nociception liées à l’intensité, la durée, la
localisation et la nature du stimulus nociceptif ; également une composante cognitive
(processus permettant de moduler la perception de la douleur) ; une composante
d’anticipation et de contrôle de l’attention favorisant la mise en place de comportements
d’évitement ou d’atténuation de la douleur ; et enfin des stratégies comportementales
(plainte, gémissement, mimique, posture) et des changements de comportement relevés
dans certaines situations douloureuses. Ces manifestations constituent des indices
importants en ce qui concerne l’évaluation de la douleur chez le petit patient. (Kupers,
Faymonville, Laureys, 2005).
Cette compréhension élargie a permis à Erickson dès 1965, lors du IIIe Congrès
international d’hypnose organisé à Paris, de proposer onze techniques pour suggérer et
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induire l’antalgie grâce à l’hypnose. Il soulignait dès cette époque et bien avant le
consensus actuel plusieurs points fondamentaux :
● le stimulus nociceptif n’est que le facteur déclenchant de l’expérience douloureuse ;
● la douleur se situe dans le vécu de l’individu et y prend sa signification émotionnelle,
psychologique et somatique ;
● Dans toute douleur vécue, il y a les douleurs du passé, l’expérience présente et
l’anticipation d’une souffrance future ;
● Toute douleur induit une métamorphose qui rompt le rapport de l’individu à sa vie, aux
autres à son environnement. (Richard 2006).
Entre 2002-2006, l’accent sera mis sur la prévention de douleurs provoquées par les
soins, CNRD (Centre National de Ressources de lutte contre la Douleur) et l’évaluation de
l’efficacité des méthodes non médicamenteuses.
Aujourd’hui, c’est la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) qui
constitue le principal promoteur de la prise en charge de la douleur, chez l’adulte et
l’enfant.
Habituellement la douleur chez l’enfant lui permet d’intégrer des repères et des limites
corporelles propres et de structurer son schéma corporel. (Gatbois, Annequin, 2008).
La douleur associée au soin hospitalier devient une expérience désagréable et inconnue
pour l’enfant provoquant de la peur.
La composante affective qui renvoie au degré de désagréabilité, de pénibilité, ou
d’insupportabilité de la douleur peut engendrer de l’anxiété. (Cunin-Roy, Bienvenu,
Wood, 2007). Le traitement de la douleur nécessite donc, une évaluation. Ce moment est
important et indispensable, car il permet d’adapter un traitement antalgique et non
médicamenteux. Le petit patient est capable d’évaluer l’intensité de sa propre douleur,
des échelles de mesure de la douleur reconnues sont adaptées à tous les âges.
Une étude de Cuddy et Colombo (2008) a montré que l’enfant était capable de dessiner
sa peur et sa douleur du moment qu’il était guidé par une personne compétente.
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L’implication de l’enfant permet d’obtenir un dessin représentatif, miroir du degré
d’anxiété. Ceci a permis de mieux diriger la séance d’hypnose et de mieux déterminer
l’intensité de la douleur et sa représentation.
Le contexte, l’environnement, les expériences antérieures ont un rôle déterminant dans
l’explication de la perception de la douleur, mais également dans la perception du
stimulus anxiogène. (Gatbois, Annequin, 2008).
La peur de la douleur et la douleur induite par la peur sont difficiles à différencier (Cuddy,
Colombo, 2008). L’anxiété et la douleur semblent être très proche l’une de l’autre.
L’anxiété…..
Il semble intéressant de rappeler que l’anxiété est une réaction émotionnelle courante
qui se traduit habituellement par des manifestations physiologiques et des modifications
comportementales. Il s’agit d’un état de tension interne, relativement désagréable, qui
revêt trois composantes principales : la perception d’un danger imminent (réel ou
indéterminé), une attitude d’attente envers ce danger (anxiété anticipatoire), et un
malaise psychologique lié à la conscience d’une impuissance face au danger. Ce vécu
déplaisant et inconfortable s’accompagne systématiquement de signes somatiques
d’hyperactivité du système nerveux autonome (palpitations cardiaques, rougeurs, sueurs,
tremblements. . .), (Bridou, Aguerre, 2012).
Le concept d’anxiété dans le cadre d’une intervention chirurgicale en préopératoire
désigne une forme de malaise physique et psychologique dont les manifestations et
l’intensité peuvent varier, et qui peut avoir un impact important sur les suites médicales
et psychologiques de l’intervention.
Ainsi nous pouvons dire que si l’anxiété est d’intensité faible ou modérée, elle est une
réaction adaptée à une situation anxiogène. Lorsqu’elle est massive, elle peut remplir les
critères d’un trouble panique. Chez l’enfant, une expérience chirurgicale précoce négative
peut favoriser le développement d’une angoisse. Si cette dernière perdure, une phobie
spécifique peut s’installer comme la phobie des soins. A l’origine d’un stress post
traumatique ou d’un stress aigu, les soins prodigués par la suite deviendront compliqués,
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dans leur vécu, pour l’enfant, mais également pour le personnel soignant. (Amouroux,
Rousseau-Salvador, 2012).
Au-delà de ces aspects nosographiques, il est important de retenir que l’anxiété liée aux
soins douloureux reste un type d’anxiété spécifique au milieu hospitalier et à l’expérience
chirurgicale. En effet, l’enfant, comme l’adulte, lorsqu’il est plongé dans l’expérience d’un
soin douloureux, est engagé brusquement dans une situation inconnue dont il ne maitrise
pas les règles.
C’est bel et bien la confrontation à cette situation particulière qui induit un état d’anxiété.
Il est important de noter qu’il ne s’agit pas de peurs spécifiques, mais de sensation de
malaise, d’une réaction au stress.
La particularité chez l’enfant tient au fait que, selon son âge, la maturité affective est
incomplète et la situation lui parait étrange et incompréhensible. L’enfant est séparé de
ses proches, il va devoir se déshabiller devant des étrangers, il risque d’avoir mal.
(Amouroux, Rousseau-Salvador, 2012). Cette anxiété est le plus souvent causée, comme
nous venons de le voir par la crainte de séparation d’avec les parents et l’environnement
familier, mais également par la perte de contrôle sur ce qui entoure l’enfant, l’inconnu
(Calipel, Polomeni, 2005).
Certains enfants verbaliseront explicitement leurs craintes, d’autres les traduiront par des
attitudes tel que les cris, l’accès de colère, l’agitation, la tétanisation (Calipel, Polomeni
2005).
Aussi les professionnels de santé adaptent de nouvelles techniques non
médicamenteuses, telle que l’hypnose, la relaxation, l’acupuncture, l’auriculothérapie, le
massage. Ces méthodes sont reconnues pour améliorer la prise en charge de la douleur
(Wood, 2007). Elles permettent de limiter l’anxiété voire de l’éteindre afin que le soin
douloureux soit vécu indéniablement dans la sérénité évitant le choc traumatique pour
l’enfant. Le gaz MEOPA (mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote)
permet de diminuer l’anxiété du jeune patient et est largement utilisée en France en
association avec une séance hypnotique (Wood, Ignace, 2007).
L’hypnose semble être une approche intéressante, non seulement pour le traitement de
la douleur mais aussi pour celui de l’anxiété surtout lorsque la douleur implique de la
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peur et l’anxiété augmente la douleur (Cuddy, Colombo, 2008). L’hypnothérapeute
cherche à comprendre et à signifier cette douleur. Il peut en déterminer ses
conséquences non médicales, ce qui lui permet de prendre en compte la souffrance
psychologique du jeune patient et son degré d’anxiété. (Woff, Iselin, Forster, 2008).
• L’hypnose
Selon Price et Barell (1990), et Price (1996), les caractéristiques de l’état hypnotique sont
les suivantes :
— un état de détente et de relaxation ;
— une attention soutenue et une absorption centrées ou focalisées sur une ou plusieurs
cibles ;
— une absence de jugement, de contrôle et de censure ;
— une suspension de l’orientation temporo-spatiale habituelle et du sens de soi ;
— une expérience d’un accès à des réponses automatiques (sans effort ni délibération).
(Price 1990.1996).
En 2003, l’APA (American, Psychological Association, 2006) donnera une définition de
l’hypnose (Green, Barabasz, Barrett, & Montgomery, 2005) :
L'hypnose implique typiquement une introduction à la procédure pendant laquelle on
dicte au sujet des suggestions par des expériences imaginatives présentées. En utilisant
l’induction hypnotique, une personne est guidée par une autre personne pour répondre
aux suggestions, et ce, par un changement d’expérience subjective, par un changement
dans la perception, la sensation, l'émotion, la pensée, ou le comportement. Si le sujet
répond aux suggestions hypnotiques, Il est généralement déduit que l'hypnose a été
induite.
Une des plus grandes écoles concernant la pratique de l’hypnose aujourd'hui, est l’école
Ericksonienne (mise au point par Milton Hyland Erickson, psychiatre). Elle reprend les
concepts rogériens (Bioy, 2007) avec une attention et une communication centrée sur le
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patient, associée aux ressources de ce dernier afin de l’amener à envisager des solutions
nouvelles. (Bioy, 2007).
Aujourd’hui l'hypnose est largement et souvent utilisée avec succès, dans une variété de
fixations cliniques pédiatriques pour modifier la pensée, le comportement et la
perception. Dans le contexte d'une relation thérapeutique, un clinicien peut enseigner
aux compétences de patients pédiatriques dans l'autorégulation à gérer la douleur ou
l’anxiété spécifique à une intervention chirurgicale (Gold, Kant, Butler, 2007).
Price et Barber ont démontré dans une ancienne étude expérimentale que l’hypnose
diminuait de 80 % la composante affective de la douleur (« l’émotion désagréable ») et de
45 % sa composante sensorielle (Wolf, Iselin, Forster, 2008).
L’hypnose doit être considérée comme un phénomène naturel, à un état modifié de
conscience naturelle que l’on utilise au quotidien lorsque nous nous évadons dans « nos
rêveries ». (Wood, 2007). Nous comprenons aisément que l’enfant aura plus de facilité à
entrer dans cet état hypnotique, l’unique différence, est que le praticien va lui demander
de provoquer cet état à un moment où il n’a pas l’idée d’utiliser cette ressource.
L’objectif de la séance d’hypnose dans l’accompagnement de l’enfant sera de retenir
l’attention de celui-ci, de réduire le stress et de faire décroitre l’expérience de la douleur.
(Chen, Joseph, & Zelter, 2000).
En effet, l’induction hypnotique chez le jeune patient est facilitée par un esprit critique
quasi inexistant. Cette capacité lui permet de ne pas limiter ses aptitudes à imaginer et à
favoriser la mise en route du processus mental plus rapidement que l’adulte.
Ce processus est facilement mis en place à l’écoute d’une histoire qui plonge l’enfant
dans un monde irréel et virtuel. Ce travail sera facilité par l’hypnothérapeute ainsi que par
la nouveauté des histoires ou suggestions proposées. C’est en ceci que l’hypnose est une
technique d’intérêt majeur chez l’enfant, car elle modifie le vécu du petit patient durant
l’intervention chirurgicale. (Richard, 2006).
A travers l’hypnose, le petit patient, par une participation imaginative active, augmente
son contrôle sur ses symptômes. Il apprend à moduler les différentes facettes de sa
douleur, comme son intensité, qui est rarement proportionnelle à la gravité des lésions,
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mais le plus souvent fortement aggravée par l’angoisse qui s’y rapporte (Wolf, Iselin,
Forster, 2008).
• Le déroulement d’une séance d’hypnose
La séance se déroule selon 5 phases : (Bioy ; Wood, 2007)
le patient est confronté à une douleur, un symptôme particulier, une anxiété.
La première étape, sera d’induire une perception différente de la sienne. Le patient à
l’initiative de focaliser son attention sur une perception de son choix ou bien,
successivement sur une image, un son, ou autre… ceci lui permet de défaire son attention
sur les autres perceptions. (permet le passage vers la dissociation).
La dissociation permet au patient de perdre ces certitudes et de s’apercevoir qu’il peut
changer.
Phase de perceptude : perception sensorielle large, qui permet d’observer les
problèmes différemment ou de concevoir d’autres types de fonctionnements.
Retour à la sensorialité ordinaire avec les nouvelles ressources.
La séance d’hypnose chez l’enfant demande d’établir une relation de confiance, de
connaître les goûts de l’enfant (ce qu’il aime faire, ses sports, ses jeux) mais aussi ses
peurs, ses phobies, ses angoisses ; de compléter ses renseignements auprès des parents ;
de connaître les mots que l’enfant utilise pour décrire sa douleur afin de réutiliser ses
propres termes et images, de s’adapter au canal sensoriel privilégié de l’enfant (visuel,
auditif, tactile, gustatif ou olfactif) ; d’être créatif, souple afin de s’adapter aux différents
contextes ; d’adapter les techniques d’hypnose à l’âge de l’enfant, autrement dit à son
niveau de développement cognitif et à ses préférences. (Wood, 2007).
Pour Jean Piaget, il existe une interaction entre l’inné et l’acquis ainsi qu’une relation
entre l’enfant et le monde extérieur. Il semble impératif que les techniques hypnotiques
utilisées soient adaptées au stade de développement cognitif de l’enfant. Piaget
comprendra (tableau suivant) la douleur, la maladie et les répercussions sur les soins
selon le stade cognitif de l’enfant. (Wood, 2005).
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De 0 à 2 ans Stade des reflexes Stade des premières habitudes motrices Stade de l'intelligence sensori-moteur
L'enfant est dans une illusion de toute-puissance, et s'attribue tout ce qui est bon. La douleur peut très rapidement envahir le bébé, car il n’a ni la notion du temps, ni celle du soulagement. Progressivement apparaît la peur de situations douloureuses (entre 6 et mois), accompagnée de manifestations de tristesse ou de colère. Ce n’est qu'à partir de 18 mois, qu'il commence à localiser la douleur et à la reconnaître chez les autres.
Conséquences sur les soins: -Il utilise des stratégies non cognitives pour faire face à la douleur (demander à l’adulte de souffler sur une égratignure, ou de faire des câlins, ou des bisous....)
De 2 à 7 ans Stade de la pensée pré-opératoire
La pensée est toujours égocentrique. L'enfant a encore du mal à faire la différence entre ses propres pensées et celles des autres. Il ne peut se distancer de son environnement. C'est l'âge des pensées finalistes. La maladie est perçue comme un phénomène extérieur. La douleur est vécue comme une punition. L'enfant tient «l’autre »pour responsable de sa douleur. Il ne peut faire la distinction entre la cause et la conséquence de la douleur, ni faire un rapprochement entre traitement et soulagement de la douleur.
- Il faut essayer de connaître les explications qu'il se donne, d’autant qu'il ne cherchera pas à les partager.
-C'est l'âge où il pense que la douleur peut disparaître par magie, par surprise... (pommade magique, gélule magique, masque magique pour le protoxyde d'azote MEOPA).
De 7 à 11 ans Stade des opérations concrètes
L'enfant commence à se différencier des autres. La maladie est perçue comme une « contamination » par les plus jeunes ou intériorisée chez les plus âgés. La cause est cependant extérieure à l'enfant, et n'est pas toujours explicitée. La douleur est perçue comme une expérience physique localisée dans le corps. Il existe une confusion sur le rôle de chaque organe.
- Il demande à être rassuré car il a peur d’une atteinte de son corps. - Il faut lui donner des explications sur la maladie et les traitements, avec des schémas ou des poupées
- C'est l'âge idéal pour apprendre les techniques cognitivo-comportementales, lors des douleurs récidivantes
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ou chroniques.
Après 11 ans Stade des opérations formelles
La maladie et la douleur sont comprises de manière plus sophistiquée et peuvent être attribuées à des causes physiologiques et/ou psychologiques, et correspondre à un mauvais fonctionnement d'un organe.
- L'enfant peut faire face à certaines situations mais ne connaît pas toujours les stratégies cognitives pour le faire.
Ces recherches auront permis d’élaborer des techniques très adaptées à l’âge de l’enfant.
Les différentes techniques d’induction
Techniques d’induction adaptée à l’âge de l’enfant d’après Olness et Kohen
Âge préverbal de 0 à 2 ans
– une stimulation tactile, des caresses, des câlins
– une stimulation kinesthésique : bercer, faire bouger un bras en faisant des allers retours
– une stimulation auditive : la musique ou un bruit continu, tel qu’un sèche-cheveux, un
rasoir électrique ou un aspirateur, qui sont placés loin de l’enfant
– une stimulation visuelle : des mobiles ou d’autres objets qui peuvent changer de taille,
de position, de couleur
– tenir une poupée ou un petit animal en peluche
Âge verbal de 2 à 4 ans
– souffler des bulles
– raconter une histoire
– livres avec des personnages animés
– visionneuse stéréoscopique
– l’activité favorite
– parler à l’enfant à travers une poupée ou un petit animal en peluche
– se regarder sur une vidéo
– utiliser une poupée toute molle
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Âge préscolaire ou âge scolaire débutant (4 à 6 ans)
– souffler l’air
– un endroit favori
– des animaux multiples
– un jardin avec des fleurs
– raconter une histoire (seul ou dans un groupe)
– le grand chêne
– fixer une pièce de monnaie
– regarder une lettre de l’alphabet
– des livres avec des personnages animés
– une histoire télévisée fantasmagorique la vision stéréoscopique
– la vidéo
– des boules qui se balancent
– biofeedback thermique ou autre
– les doigts qui s’abaissent
– une activité dans une salle de jeu
De 7 à 11 ans
– l’activité favorite
– l’endroit favori
– regarder les nuages
– la couverture volante
– des jeux vidéo vrais ou imaginaires
– monter sur une bicyclette
– souffler l’air à l’extérieur
– écouter de la musique
– s’écouter sur une cassette
– fixer une pièce de monnaie
– rapprochement des mains
– la rigidité du bras
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Adolescence : 12 à 18 ans
– l’endroit favori ou activité favorite
– activité sportive
– catalepsie du bras
– la respiration
– les jeux vidéo vrais ou imaginaires
– des jeux informatiques vécus ou imaginés
– la fixation des yeux sur une main
– conduire une voiture
– écouter ou entendre de la musique
– lévitation de la main
– le rapprochement des mains ou des jeux fantasmagoriques (Olness et Kohen 1996).
Le thérapeute en hypnose doit s’adapter à tout moment et ajuster son intervention
durant l’intégralité de la séance. Son objectif est d’activer les capacités de changement du
patient tout en restant attentif au réaménagement du rapport au monde de ce dernier
qui peut apparaitre à chaque instant. Le développement cognitif est déterminant sur la
compréhension de la douleur induite par le soin, car l’enfant ne dispose pas, selon son
âge, de moyens pour communiquer.
Une séance d’hypnose est une co-construction entre thérapeute et patient (Célestin-
Lhopiteau, Thibault-Wanquet, 2006). Selon Barber (2004), la relation entre un clinicien et
son petit sujet, est intime et puissante, car le clinicien s’implique dans la relation. La
suggestion hypnotique requiert de l’innovation, de la personnalisation et des procédures
cliniques sophistiquées.
Plus l’hypnothérapeute est convaincu que l’enfant possède ses propres ressources lui
permettant de faire face à la douleur et l’anxiété, plus les effets de l’hypnose seront
positifs. G. Salem souligne que l’hypnose n’est qu’un « compagnon de route ». (Wood,
2005)
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• L’hypnoanalgésie
L’équipe de Pierre Rainville (Rainville, Duncan, Price et al, 1997) à Montréal a montré des
modifications de l’activité cérébrale au cours d’une séance d’hypnose lors de suggestions
d’analgésie. Identifiée par l’Imagerie Fonctionnelle par Résonnance Magnétique (IRMf) et
tomographie par émissions de positions (PET scan).
Les informations permettraient de réduire le degré de désagréabilité de la douleur car les
zones affectivo-émotionnelles (régions insulaire et cingulaire) sont directement visées.
(Wood.C 2007).
L’application de l’hypnose en soin douloureux, doit prendre en compte le fait que le jeune
patient est déjà en « transe hypnotique physiologique » focalisé sur la douleur du soin.
Son adhésion est essentielle, le thérapeute ne fera que déplacer cette centralisation sur
une perception autre (image, bruit, scène, autre région du corps…).
L’enfant est également anxieux, et cette peur du soin amplifie la douleur ; le ton de la voix
rassurante du praticien peut diminuer l’angoisse du patient.
L’hypnose agit sur la relation émotionnelle et sensorielle de la douleur en agissant au
niveau cérébral et spinal.
Pour les soins les plus douloureux, l’association du gaz MEOPA à la séance d’hypnose est
largement utilisée. Le MEOPA a une double action anxiolytique et antalgique. Il agit après
trois minutes d’inhalation. Il peut être utilisé au lit de l’enfant. Le retour à l’état initial est
très rapide en quelques minutes après l’arrêt de l’inhalation. Il peut être proposé à un
enfant non à jeun ; il entraîne une analgésie de surface avec un état de sédation
consciente. L’auto administration est recommandée (Gatbois et Annequin, 2008). Il
semble être un complément idéal pour la réception du soin douloureux chez l’enfant. Le
masque est également présenté comme un masque magique qui apporte de l’air à base
de fraise, menthe, banane… (Pour les jeunes enfants) ou bien, pour les enfants plus âgés,
comme un masque qui délivre un gaz hilarant, et afin de focaliser l’attention de l’enfant
on lui demande d’essayer de ne pas rire (Wood et Ignace, 2007).
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Depuis quelques années des études de recherches ont évalué l’efficacité de l’analgésie
hypnotique avec plusieurs types de douleurs chroniques : cancer, problèmes de dos,
Fibromyalgie, etc. (Elkin, Jensen, Patterson, 2007). Certaines des études présentaient
quelques failles méthodologiques, le résultat global était très favorable à l’utilisation de
l’hypnose avec ce genre de problématiques.
L’utilisation de l’hypnose dans le domaine du soin douloureux est récente. L’application
de l’utilisation de l’analgésique hypnotique pour diminuer les douleurs liées à certaines
procédures médicales douloureuses s’est montrée utile auprès des enfants comme des
adultes. (Sellick et Zara 1998).
Sellick et Zara (1998) ont conclu que l’utilisation de l’hypnose dans la gestion de la
douleur due à certaines interventions chirurgicales est bien démontrée et que son apport
au traitement de la douleur due au cancer semble positif.
Récemment, Saadat et al. (2006) rapportaient que les patients hypnotisés avant l’entrée
dans le quartier opératoire ressentaient moins d’anxiété à l’entrée et à la sortie,
comparés au traitement standard et à une intervention visant le contrôle de l’attention.
Ces quelques exemples de recherche suffisent pour nous permettre de nous interroger
sur l’efficacité de l’hypnose comme agent de gestion de la douleur et de l’anxiété en soin
douloureux.
Au travers des littératures nous pouvons nous apercevoir que des études de cas ont été
réalisées concernant l’hypno analgésie.
Sur 15 études contrôlées, seulement quatre enquêtes ont évalué l'utilisation d'hypnose
pour réduire la détresse expérimentée chez les jeunes patients subissant des actes
médicaux envahissants. Cependant, ces études ont été limités aux études d’une
procédure de soins en oncologie (Richardson et al. 2006; Wild et Espie 2004; Wood et
Bioy 2008) ou procédures concernant l'aiguille (Uman et al. 2008).
Actuellement l’objectif de l’ hypnothérapeute est de comprendre le degré d’intensité de
la douleur chez l’enfant. Pour cela, le praticien utilise des échelles d’évaluation de la
douleur.
18
L’enfant autoévalue sa propre douleur sur des échelles adaptées à son âge (l’échelle des
visages ; l’échelle EVA).
Il cherche également une compréhension significative de cette douleur. Il peut en
déterminer ses conséquences non médicales, différentes pour chacun, ce qui lui permet
de prendre en compte la souffrance psychologique du patient (Woff, Iselin, Forster,
2008).
Le praticien utilisera en dehors de sa voix, son calme et empathie, des stimulations
physiques, visuelles, kinesthésiques. Tous les moyens seront réunis et utilisés afin de ne
pas relâcher l’attention du jeune patient sur une zone autre que celle où le soin
douloureux se déroule.
III- PROBLEMATIQUE
Hypothèse théorique
Nous présumons que l’hypnose est une technique efficace sur la gestion de la douleur et
de l’anxiété, chez les enfants recevant un soin douloureux en milieu hospitalier.
Hypothèses opérationnelles
Nous supposons que l’hypnose aurait un effet significatif et réduirait le score de l’anxiété
dans un contexte de soin douloureux.
Nous présageons que l’hypnose aurait un effet significatif et réduirait le score de
l’intensité de la douleur aigüe du soin prodigué.
Nous supposons qu’il existe une corrélation entre anxiété et soin douloureux.
Enfin nous analyserons le fait que l’hypnose agirait sur ces deux composantes (douleur-
anxiété) simultanément et diminuerait significativement leur score.
19
IV- METHODOLOGIE
1- Choix de la population :
Le choix s’est porté sur les enfants hospitalisés en oncopédiatrie (Hôpital des enfants
Purpan, Toulouse), âgés de 5 à 15 ans devant effectuer un soin douloureux (ex : ponction
lombaire, drains, pose d’aiguille…). L’échantillon a été déterminé en raison des besoins, et
à la demande des médecins.
L’échantillon est donc composé de 27 sujets dont 14 garçons et 13 filles.
La moyenne d’âge s’élève à 8.33 ans.
2- Les outils :
Échelle des visages ou faces pain scale-revised pour les enfants à partir de 4 ans
À partir de quatre à six ans, une série de six visages est proposée à l’enfant.
La consigne est la suivante : « ces visages montrent combien on peut avoir mal. Ce visage
(celui de gauche) montre quelqu’un qui n’a pas mal du tout. Ces visages (les montrer un à
un de gauche à droite), montrent quelqu’un qui a de plus en plus mal, jusqu’à celui-ci
(celui de droite) qui montre quelqu’un qui a très très mal. Montre-moi le visage qui
montre combien tu as mal en ce moment à l’intérieur de toi ».
20
Echelles d’évaluation quantitative Echelle Visuelle Analogique
Echelle Visuelle Analogique (EVA) pour les enfants autour de 6 ans et plus.
Consigne au patient :
Nous vous proposons d'utiliser une sorte de thermomètre de la douleur qui permet de
mesurer l'intensité de la douleur.
L'intensité de la douleur peut être définie par un trait tracé sur l'échelle comme dans
l'exemple ci- dessous :
Une extrémité correspond à la douleur maximale imaginale. Plus le trait est proche de
cette extrémité, plus la douleur est importante. L'autre extrémité correspond à l’absence
de douleur. Plus le trait est proche de cette extrémité, moins la douleur est importante.
- Le patient déplace le curseur de la réglette au niveau correspondant à l’intensité de sa
douleur (au moment même de l’évaluation, habituelle, maximale et minimale).
Ces échelles vont permettre de connaitre l’intensité de la douleur et de l’anxiété avant
pendant et après le soin.
Le premier temps de recueil de valeur sur l’échelle, est l’évaluation de la douleur avant
l’intervention.
Le deuxième temps est l’évaluation de l’anxiété et de la douleur, après administration
d’antalgiques et pendant le soin.
21
Le troisième temps est l’évaluation de l’anxiété et de la douleur à la fin du soin et à la
sortie de l’hypnose.
3- La procédure
Une des deux échelles est présentée à chacun des enfants pour lesquels le médecin
effectuant le soin douloureux a demandé une séance d’hypnose. L’hypnothérapeute
demandera à l’enfant avant le début de la séance de noter l’intensité de sa douleur et
d’anxiété sur l’échelle, vérifiera durant la séance la présence ou absence de douleur-
anxiété et confirmera après la séance leurs niveaux respectifs perçus par le petit patient.
L’information est collectée sur place, après chacune des séances.
La séance d’hypnose débute avant le soin et s’arrête après le soin. Chaque induction est
adaptée à l’âge du petit patient, à ses gouts.
4- Les statistiques adaptées à l’étude :
Les données recueillies ont été analysées à l’aide du logiciel SPSS version 20.
Dans un premier temps nous avons procédé à une analyse descriptive (moyennes,
variances et écarts types), qui nous permet de vérifier l’existence d’un niveau de douleur
et d’anxiété sur les trois temps (avant, pendant, après le soin).
Les moyennes et écarts types des échelles de valeur EVA et échelle des visages pour
l’ensemble des enfants aux différents temps de mesures (avant, pendant et après la
séance d’hypnose) sont présentés en annexe.
Puis nous avons utilisé la corrélation bivariée de Pearson (test paramétrique et non
paramétrique) afin de vérifier l’existence d’un lien entre anxiété et douleur aigüe. Ces
résultats nous ont permis, également, de vérifier que l’hypnose (douleur pendant et
après, anxiété avant, pendant et après) apporte des résultats significatifs.
Afin de comparer l’influence du sexe sur la réceptivité de l’hypnose, nous avons effectué
un T de Student à échantillon indépendant. Nous avons comparé le groupe filles et le
groupe garçons, en vue de voir si l’un des deux groupes est plus ou moins anxieux, et/ou
22
perçoit plus ou moins la douleur et si l’induction hypnotique est plus efficace chez l’un ou
l’autre des groupes.
Enfin nous avons effectué une ANOVA à mesures répétées : 2 (Anxiété, douleur) x 3
(temps : avant, pendant, après) avec des mesures répétées sur le deuxième facteur. Ce
test nous a permis de constater l’efficacité de l’hypnose.
5- Les résultats
La moyenne d’âge des enfants est de 8.33 ans. L’échantillon (27 sujets) est composé de
14 garçons et 13 filles.
AGE GARCONS FILLES TOTAL
5 2 2 4
6 2 4 6
7 3 1 4
8 1 1 2
9 0 2 2
10 1 1 2
11 2 1 3
12 1 1 2
15 2 0 2
TOTAL 14 13 27
Nous constatons dans le tableau des statistiques descriptives que la douleur est quasi
inexistante avant le soin (M= .33 ; SD = 1.00). Par contre l’anxiété est présente (M= 7.93 ;
SD = 2.814) ainsi que la douleur et anxiété durant le soin (douleur M=1.18 ; SD= 2.392) ;
(Anxiété = M= 1.52 ; SD= 2.779) ;
avant pendant après
douleur M=.33
SD =1.00
M=1.48
SD=2.39
M=.33
SD=1.21
anxiété M=7.93
SD=2.81
M=1.52
SD=2.78
M=.37
SD=1.92
23
Nous observons une nette diminution concernant les deux variables après le soin :
douleur M= .33 ; SD= 1.209 ; anxiété M= 037 ; SD= 1.925.
Concernant la corrélation bivariée de Pearson, nous avons une corrélation moyenne
(r=0.65 ; p<0.05). Plus les petits patients sont âgés plus ils expriment de l’anxiété après le
soin (r= .450 ; p<0.05) et de la douleur pendant le soin (r= .395 ; p<0.05) et après
l’intervention (r=.408 ; p<0.05).
La corrélation entre le sexe et l’utilisation du gaz MEOPA n’est pas significative (r= .276 ;
p= .164 ; p> 0.05).
Les échelles utilisées sont adaptées à l’âge des enfants (r=.833 ; p<0.05).
La douleur pendant le soin est corrélée avec l’anxiété pendant le soin (r=.765 ;
p<0.001) également avec la douleur après le soin (r=.754 ; p<0.001) et avec l’anxiété
après le soin (r=.712 ; p<0.001).
L’anxiété pendant est corrélée avec la douleur après le soin (r=.634 ; p<0.001) ; mais aussi
avec l’anxiété après le soin (r=.610 ; p<0.001).
La douleur après le soin est corrélée avec l’anxiété après l’intervention (r=.937 ; p<0.001).
Douleur
pendant
Anxiété
pendant
Anxiété
après
Douleur
pendant
1 .765** .712**
Douleur
après
.754** .634** .937**
Anxiété
après
.610**
***p<0.001 ; **p<0.01
24
La comparaison du groupe fille et du groupe garçon (T student) n’est pas significative :
Douleur avant (t (20.74) = .625 ; p>0.05) ; anxiété avant (t (24.83) = 1.39 ; p>0.05) ;
douleur pendant (t (23.75) = .020 ; p>0.05) ; anxiété pendant (t (24.73) = .30 >0.05) ;
douleur après (t (13) = 1.46 ; p>0.05) ; anxiété après (t (13) = 1 ; p>0.05).
L’Anova à mesures répétées concernant la douleur (temps 1 = avant le soin ; temps 2 =
pendant le soin ; temps 3 = après le soin) montre des répercussions significatives sur
l’ensemble des 3 temps : F (1,26) = 9.658 ; p= .005 ; p< 0.05. Plus particulièrement entre
le temps 1 et le temps 2 la signification est moyenne: f= 1.148 ; p= .026 ; p<0.05.entre le
temps 2 et 3 la signification est forte : f= 1.148 ; p= 0.001 ; p< 0.001. Et entre le temps 1 et
3 il n’existe pas de significativité f= 0.000 ; p =1 ; p>0.05.
Les résultats montrent que la douleur est significativement proche en temps 1 et 3 mais qu’elle augmente en temps 2 :
T1 (M=.333 ; SD 0.192) ; T2 (M= 1.481 ; SD =.460); T3 (M=.333 ; SD =.233).
L’Anova à mesure répétées concernant l’anxiété montre des résultats significatifs sur les 3
temps F(1,26) = 82.06 ; p=0.000 ; p<0.001. On note une forte signification entre le temps
1 et 2 f = 6.407 ; p= 0.000 ; p<0.001. Également une forte signification entre le temps 1 et
3 f = 7.556 ; p = 0.000 ; p<0.001. Une signification moins forte entre le temps 2 et 3
f= 1.148 ; p= 0.012 ; p<0.05.
Les résultats montrent que l’anxiété diminue significativement entre le temps 1 et le
temps 3 : T1 (M=7.926 SD= .542) versus T3 (M=.370 ; SD=.370).
*
*
p
<
**p<0.001 *p<0.05
Avant T1 Pendant T2 Apres T3 F contrastes
douleur 1.148 1.148 0.000 9.66* T1=T2>T3
anxiété 6.41 1.148 7.556 82.06** T1>T2<T3
25
V- DISCUSSION …. intérêts et bénéfices….
Tous les enfants hospitalisés en oncologie, doivent à un moment déterminé, recevoir un
soin douloureux. Les interventions observées dans l’étude sont: la ponction lombaire, la
ponction biopsie osseuse, la pose d’aiguille sur site implantable, le sondage vésical, la
dilatation urétrale, la dilation annale, la mise en place de voie veineuse périphérique,
l’ablation de drain thoracique, l’ablation d’agrafe, la pose d’aiguille et l’implantation de
chimiothérapie.
L’hypothèse selon laquelle l’induction hypnotique aurait un effet significatif sur l’anxiété
et la douleur est confirmée. En effet, l’hypnose permet de modifier les composantes
sensori-discriminatives, émotionnelles et cognitives des petits patients.
Afin de comprendre l’efficacité de l’hypnose, il est important de s’arrêter sur chaque
étape de mesurage, de techniques de confort (Gaz Meopa) et d’induction hypnotique.
Mesurer le niveau d’angoisse, et de douleur parait être une nécessité pour apporter une
aide efficace à l’enfant durant les moments générateurs d’anxiété, ces deux concepts
sont souvent appelés « détresse émotionnelle » (Wood et Ignace, 2007). Le premier score
d’anxiété et de douleur est, donc, relevé, par l’hypnothérapeute, avant l’intervention par
le médecin.
Pour aider l’enfant à ne pas être débordé par la souffrance et la peur pendant le soin, il
est avant tout impératif de vérifier l’adéquation du traitement antalgique.
L’administration du mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote (MEOPA)
est, généralement, un élément important à prendre en considération (Gatbois et
Annequin, 2008). Des études ont montré que L’hypnose, lorsqu’elle est ajoutée à d’autres
traitements, permet de diminuer l’intensité de la douleur de manière plus conséquente
que lorsque ces mêmes traitements sont administrés sans hypnose (Wolff, Iselin Forster,
2008).
26
L’accompagnateur doit interagir activement avec le patient pendant l’administration du
gaz, et le suivre dans son monde imaginaire. La focalisation de l’attention avec injonction
paradoxale est alors induite (masque magique, gaz hilarant…) (Wood et Ignace, 2007).
Nous n’avons pas révélé de corrélation entre la diminution de l’anxiété et l’administration
de gaz Meopa. Cependant ces résultats sont à interpréter avec prudence car une grande
majorité de l’échantillon a bénéficié de l’administration de gaz Meopa.
Nous avons également retenu le fait que, la douleur avant le soin n’était pas perceptible
par les petits patients. Effectivement, d’une part, l’enfant n’a pas notion de ce que peut
représenter le soin, il n’a généralement pas de référence ou très peu (lors d’un premier
soin), d’autre part, le soin n’a pas encore lieu lorsque l’induction hypnotique débute. Ce
qui nous renvoie à des résultats incontestablement faibles concernant la douleur avant le
soin. Par contre, pour les petits patients qui ont noté un seuil de douleur avant
l’intervention, il est essentiel de spécifier qu’ils bénéficiaient d’un second soin tel que
l’ablation d’agrafe, changement de pansement, ablation d’un drain. C’est donc, la
douleur que provoque ce matériel chirurgical, déjà mis en place et qui doit être retiré,
qui est, ici, évoqué.
A l’inverse il est important de noter que le premier temps de mesure concernant la
variable Anxiété (avant le soin) montre que cette dernière est manifeste. Des résultats
révélateurs selon Calipel, Polomeni, 2005, puisque l’anxiété se rapprocherait de la
crainte de séparation d’avec les parents et l’environnement familier, mais également de
la perte de contrôle sur ce qui entoure l’enfant, l’inconnu. Elle peut être aussi, la
perception d’un danger imminent et un malaise psychologique lié à la conscience d’une
impuissance face au danger (Bridou, Aguerre, 2012).
Le deuxième temps de mesure est relevé par l’hypnothérapeute lorsque l’état hypnotique
a débuté. Après une relaxation physique (diminution du tonus musculaire) et mentale
associée à une centralisation sur un objet, l’attention est concentrée et focalisée,
l’absence de jugement ou de censure est présent, avec une suspension de la notion de
temps ou de lieu. Cet état permet l’induction de suggestions hypnotiques. C est à ce stade
27
que les résultats montrent que l’hypnose provoque des changements
neurophysiologiques, émotionnels et cognitifs et agit sur la perception de la douleur et de
son vécu rationnel. En effet, nous pouvons percevoir le fait que l’anxiété a réellement
diminué lorsque l’induction hypnotique a commencé. L’enfant est à ce moment, centrer
sur son vécu, en observation, il considère différemment le soin, et surtout il découvre de
nouvelles ressources pour faire face à la situation. La relation thérapeutique qui s’est
construite est de qualité, l’enfant se sent en sécurité et en confiance, le thérapeute est
entré dans le monde de l’enfant.
Trois techniques sont utilisées principalement : la distraction, la dissociation, une
modification de la douleur (Wood et Ignace, 2007).
● La distraction cherche à capter le sujet loin du geste douloureux. On peut proposer de
souffler des bulles de savon, de regarder dans un kaléidoscope, de dessiner un dessin
imaginaire que maman ou papa doivent deviner…, de raconter un film, une histoire…
Chez les enfants plus petits l’association à une participation active, physique peut aider à
les garder captés sur autre chose : jouer avec les doigts, serrer une main ou appuyer sur
les doigts avec des pressions différentes ;
● La dissociation de la douleur : « tu peux laisser ta main blessée ici… et partir ailleurs…
écouter le bruit des arbres… le souffle du vent… » ;
● Une modification de la douleur : analgésie. Le thérapeute peut suggérer de l’analgésie,
notamment en modifiant la nature du percept, transformé en quelque chose de moins
déplaisant, ou la substitution de la douleur par une autre sensation (douleur en douce
chaleur, ou la sensation d’un petit vent de montagne sur la main), le déplacement de la
douleur dans une autre partie du corps ou le fractionnement de la douleur pour réduire
son intensité ou un autre aspect de celle-ci.
Il est primordial de noter que, l’enfant, sous hypnose, perçoit la douleur de l’intervention
chirurgicale, inexistante avant le début du soin, il est capable de signer son intensité sur
une échelle, il n’empêche pas moins que l’anxiété, encore perçue, a, généralement
diminuer de façon notoire. D’après Wood et Ignace (2007) le seuil de douleur peut être
28
modifié, mais également le niveau d’anxiété, la capacité d’interpréter la douleur,
l’attention. L’enfant face à la souffrance va instinctivement essayer de trouver des
solutions d’adaptation, ou en développer de nouvelles. L’hypnose sert de catalyseur à la
résilience de l’enfant et permet de diminuer l’anxiété malgré la douleur intrusive.
L’induction hypnotique utilise les sens, l’imaginaire et le langage. La sensorialité est
modifiée car l’hypnothérapeute relève le canal sensoriel dominant chez l’enfant. Ce
dernier va quitter la relation de contrôle, la raison, l’analyse pour trouver une ouverture
vers un monde irréel en utilisant ses sens. Le langage employé est simple, les phrases sont
courtes car toujours plus efficaces.
Par ailleurs, nous pouvons noter que l’hypothèse selon laquelle il y aurait un lien étroit
entre l’anxiété et la douleur est également confirmée. Plus précisément, nous pouvons
noter que, pour entrer en contact avec ces petits patients effrayés ou repliés sur eux
même durant leur soin l’utilisation de l’hypnose est corrélée comme une technique bien
adaptée. Les résultats montrent que si l’enfant a perçu la douleur et l’anxiété durant le
soin il peut les exprimer après le soin, mais leurs seuils sont toujours diminués par rapport
à leur évaluation durant l’intervention.
Cette affirmation a été révélée par le troisième temps de mesure qui s’est effectué après
que le petit patient, ait quitté l’état de conscience modifié, il est, alors, dit en état de
conscience normale, ce qui lui permet de répondre objectivement à l’appréciation
demandée.
De plus, les commentaires relevés après chacune des inductions hypnotiques apportent
un éclairage important sur l’efficacité de cette technique et sur la relation avec
l’hypnothérapeute (le soin s’est très bien passé ; l’enfant est très content ; il coopère ; il
trouve que c’est mieux avec l’hypnose ; il se sent rassuré, détendu pendant le soin, il
exprime l’efficacité de l’hypnose, il réclame l’hypnose pour le prochain soin, il exprime
s’être bien amusé). Ces commentaires ont une valeur qualitative essentielle puisqu’ils
nous permettent de constater que la confiance est instaurée entre l’enfant et
l’hypnothérapeute et que ce dernier est entré dans le monde imaginaire du petit patient,
l’état de relaxation, de détente, s’installent, l’esprit est détourné de la réalité, le soin peut
29
s’opérer sans difficulté. L’enfant n’a pas peur, la douleur est tout au moins supportable,
et non vécue comme traumatisante. L’évocation de souvenirs agréables évoqués par les
petits patients, nous permet de renseigner le fait que le jeune patient est parfaitement
présent puisqu’il peut spécifier le seuil de douleur et d’anxiété, mais aborde un nouvel
état de réceptivité et d’ouverture mentale, qui va lui permettre de vivre l’expérience
chirurgicale différemment. C’est cet accès à l’imaginaire avec recadrage et modifications
perceptives qui, au travers de l’expérience hypnotique, permet d’améliorer le vécu du
patient (Wolff, Iselin Forster, 2008).
Un des aspects primordiaux de l’hypnoanalgésie est de se centrer sur l’enfant, de
l’accompagner par rapport à ce qu’il ressent, d’adapter les suggestions à partir de ce qu’il
nous dit, de ses réactions. Cela implique de respecter son rythme, de faire des pauses et
surtout de se coordonner avec le soignant qui fait le soin. La connaissance des soins est
donc un atout pour accompagner l’enfant.
Dans la mesure où l’hypnothérapeute doit s’adapter à l’enfant il est essentiel de prendre
en considération l’âge du petit patient car la douleur et l’anxiété ne sont cognitivement
pas interprétées de la même façon selon l’âge de l’enfant. L’étude de Chantal Wood
2005, reconnait les stades piagétiens. Il semble impératif que les techniques
hypnotiques utilisées soient adaptées au stade de développement cognitif de l’enfant. En
effet, entre 2 et 7 ans l’enfant pense que la douleur peut disparaitre par magie. Ils ne
font pas une claire distinction entre la réalité et leur monde fantastique. C’est l’âge des
copains imaginaires, des jeux permettant d’extirper leurs peurs, et le thérapeute doit
s’adapter au monde de l’enfant. Il faut qu’il soit créatif, en utilisant des thèmes qui
peuvent intéresser le petit sujet et avoir un ton de la voix différent de celui qui est
employé avec l’enfant plus âgé. L’hypnose, à cet âge, fait plus appel à l’imagerie visuelle
ou à la réalité virtuelle. L’utilisation de bulles de savon, de poupées ou de peluches ou
d’une histoire favorite peut aider l’enfant (Wood et Ignace 2007). Il faudra donc être plus
inventif, avec des histoires mettant en jeu des personnages fantastiques, forts, des héros
n’ayant pas peur des situations potentiellement anxiogènes que l’enfant va vivre.
30
Entre 7 et 11 ans, l’enfant demande à être rassuré car il a peur, il demande des
explications. Malgré ces appréhensions, c’est la période où l’enfant est le mieux à même
de recevoir une induction hypnotique efficace.
A 11 ans et plus, il manque de stratégies cognitives pour faire face à certaines situations.
Nous avons constaté, effectivement au travers de notre étude que plus l’enfant est âgé,
plus il exprime la douleur et l’anxiété pendant et après le soin, ce qui nous laisse penser
que la réceptivité à l’induction est plus difficile lorsque le sujet est plus âgé. Cependant
nous avons une moyenne d’âge de 8.33 ans, avec un échantillon comprenant une
majorité d’enfants (21 sur 27 au total) âgés de 7 à 12 ans.
En conclusion nous pouvons dire que l’étude a bien démontré que l’hypnose réduit
considérablement l’anxiété. Cependant, elle n’empêche pas le ressentis de la douleur du
soin mais réduit considérablement le seuil de perception et l’intensité de la douleur.
L’évaluation de cette dernière par l’ensemble des enfants reste, effectivement basse.
Les limites de cette étude portent sur le fait, d’une part, qu’il n’y avait pas de groupe
contrôle. Effectivement il aurait été intéressant de comparer deux groupes distincts, c’est
à dire un groupe de sujets recevant une séance d’hypnose, un groupe lisant un livre ou
bande dessiné à haute voix afin de faire diversion.
D’autre part, les conditions de définition de l’échantillon n’ont pu être contrôlées,
puisque l’échantillon s’est construit en raison de la demande du médecin à décider du
bienfait d’une séance d’hypnose pour un petit patient. Bien que significatif il reste un
petit échantillon.
Cette étude est une étude écologique réalisée sur le terrain, il n’est donc pas possible
d’obtenir les résultats aussi fiables qu’une étude faite en laboratoire, et de contrôler les
variables parasites telles que l’anxiété rationnelle des enfants qui ont déjà reçu un soin et
qui appréhendent la prochaine intervention.
De plus, il semblerait intéressant dans une étude similaire de mesurer non plus l’intensité
de la douleur, mais le résultat de l’amélioration de l’état du petit patient. Ainsi, au lieu de
demander le niveau d’intensité de la douleur, demander le niveau de mieux être, du
mieux vécu. Il serait intéressant de changer dès le départ la perception de douleur par la
31
perception de mieux être, afin d’induire une perspective cognitive positive, dès le départ.
Il serait ensuite intéressant de comparer les résultats avec l’étude réaliser, ici, et de noter
les différences significatives de la réceptivité de l’hypnose. Les petits patients ont des
ressources importantes et s’adaptent facilement, ils pourraient donc développer plus
rapidement des moyens pour aller mieux, l’hypnose pourrait s’en trouver d’autant plus
efficace.
• Limites de l’hypnoanalgésie
L’équipe canadienne Goffaux, Redmond, Rainville, Marchand 2007, a montré qu’il pouvait
y avoir un blocage de l’inhibition cérébrale et spinale de la douleur chez certaines
personnes qui ont des attentes fondamentales dans le vécu de la douleur. Ces mêmes
personnes sont capables de résister également aux antalgiques. (Bioy ; Wood, 2007). Il
semble, donc, important de connaitre les attentes du patient.
En ce qui concerne le praticien, nous pouvons relever la difficulté des conditions
d’exercice de l’hypnoanalgésie (endroit bruyant).
Actuellement, cette technique permet de soulager. Elle est considérée comme un
complément de soin et ne peut prédire au fait de guérir. L’hypnose, en soin douloureux,
est associée à un antalgique léger car elle ne peut supporter à elle seule la diminution ou
la disparition de l’analgésie.
Cette technique ne peut également être utilisée chez les enfants atteints de surdité, ou
chez les personnes qui ont une atteinte cognitive sévère (démence, retard mental…) ou
un problème psychiatrique.
Il semblerait que certains thérapeutes ne soient pas convaincus ou manquent de
créativité, et donc s’adaptent mal au monde de l’enfant.
Pour pouvoir réaliser une intervention chirurgicale sous hypnose, il est important de
rassembler un certains nombres de conditions : l’acte chirurgical (s’il y a lieu) doit être
pratiqué sous anesthésie locale et/ou administration de gaz MEOPA ; qu’elle ne
représente pas un risque de décompensation des fonctions vitales et/ou des manœuvres
de réanimation.
32
Le sujet doit accepter l’intervention du praticien en hypnose. L’équipe médicale doit
s’adapter aux contraintes en termes d’organisation (temps, silence…). Le praticien doit
être très attentif au bon déroulement de la séance.
De ce fait cette technique exige une collaboration étroite entre médecins ou chirurgiens,
anesthésistes, infirmières et patient.
Barber disait que la seule limite à la façon dont l’hypnose peut être utilisée pour réduire
la douleur est celle de la créativité du clinicien. (Wood, 2005).
33
VI- CONCLUSION
L’hypnose est une technique ludique, qui apportent une certaine détente, elle améliore
l’approche médicale vis-à-vis de l’enfant, son vécu par rapport à la douleur, et lui
permettent de « faire face » à l’anxiété.
L’hypnose parait être un complément indispensable dans le traitement de la douleur
aiguë ou prolongée car elle permet la mise en place d’un travail d’équipe entre l’enfant,
l’équipe soignante et l’hypnothérapeute.
L’hypnose est un outil adapté pour les jeunes patients car ils ont la capacité à s’évader
facilement dans l’imaginaire et adhèrent facilement à la technique qui fait appel à leurs
propres ressources. Cette technique reste ludique et permet de créer des expériences
positives qui leur viennent en aide.
De plus l’hypnose permet de réduire la douleur et de ce fait, permet d’éviter le
traumatisme ou stress aigu que le soin peu laissé. L’hypnose spontanée ou induite
permet ainsi, de moduler le vécu douloureux, en diminuant le caractère désagréable ou
pénible de la douleur par sa composante émotionnelle et en diminuant son intensité par
sa composante sensori-discriminative.
L'hypnose, non seulement, aide l'enfant dans des situations de maladie, mais elle a aussi
un impact sur la manière dont, par la suite, les enfants l’utilise et utilise leurs propres
ressources pour envisager leur vie.
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