UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE CURIE THÈSE · Monsieur Edouard FLAMARION Né le 12/12/1987 à Paris...
Transcript of UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE CURIE THÈSE · Monsieur Edouard FLAMARION Né le 12/12/1987 à Paris...
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UNIVERSITÉPIERREETMARIECURIEPARISVI
FACULTÉDEMÉDECINEPIERREETMARIECURIE
Année2015 THÈSE N°2015PA06G057
Présentéepourlediplômede
DocteurenMédecine
Spécialité:MédecineGénérale
Présentéeetsoutenuepubliquementle19octobre2015par
MonsieurEdouardFLAMARION
Néle12/12/1987àParis14ème
LEDÉFIDELACOMPLEXITÉENSOINSPRIMAIRES:DELAMÉDECINEGÉNÉRALEÀLAMÉDECINEINTERNE
SousladirectiondeMadameleDocteurAméliePASSERON
Devantlejurycomposéde
MonsieurleProfesseurJacquesPOUCHOT(président)MadameleProfesseurGenevièvePLU-BUREAU
MadameleProfesseurBrigitteRANQUEMonsieurleDocteurDidierBARONI
MonsieurleDocteurAntoineFROISSART
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À mes chers parents,
Et à mes frères,
À Amélie, directrice de thèse,
À Monsieur Pouchot, président du jury,
Et aux membres de ce jury,
Ainsi qu’à tous les médecins participants, généralistes et internistes,
Pour votre soutien et votre contribution à ce travail,
Un seul mot : merci !
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« Car quiconque possède la définition sans l’expérience et acquiert la
connaissance de l’universel, mais ignore le singulier contenu dans
l’universel, se trompera souvent de traitement, car ce que l’on soigne
est le singulier. » Aristote, Métaphysique
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Ledéfidelacomplexitéensoinsprimaires:delamédecinegénéraleàlamédecineinterneIntroduction.Lathéorieduchaosaétédéveloppéepourappréhenderlessystèmescomplexesdontles comportements ne peuvent être prédits à long terme en raison de leur grande sensibilité auxconditions initiales. Son application en médecine générale a permis de décrire les difficultés deraisonnementcliniquerencontréesensoinsprimaires.Afind’aiderlemédecinàmieuxappréhendercessituationsetleconseillerdansunepriseenchargediagnostiqueouthérapeutique,leservicedemédecineinternedel’HEGPamisenplaceunservicedetélémédecine.Objectif. Evaluer l’appui apportéaumédecinde soinsprimairesparune collaborationhospitalièretéléphonique.Méthodes. Une étude descriptive menée entre juillet et décembre 2014 a permis de noter pourchaqueappelreçuleprofildumédecinetdupatient,lemotifderecoursetlasolutionproposéeparle service. Le médecin libéral était recontacté afin d’évaluer la complexité de la situation ayantmotivésonappeletl’efficacitédelaréponseapportée.Résultats. 49 médecins libéraux ont sollicité le service 92 fois pour des questions d’ordrediagnostique (83%) ou thérapeutique (17%). 83% des appels concernaient des situations jugéescomplexespar lemédecin libéral.Cepartenariat téléphoniqueapermisde répondreefficacementaux difficultés rencontrées en soins primaires pour accéder à l’offre hospitalière, que ce soit entermesdedisponibilitédumédecinhospitalier(84%),dedélaidepriseenchargedupatient(75%)oudelaqualitédelaréponseapportée(66%).Conclusion.Lacollaborationaveclemédecininternisteviaunservicedetélémédecineestuneaideintéressanteapportéeaumédecindesoinsprimaires.Mots clés: complexité; système complexe; théorie du chaos; télémédecine; soins primaires;médecinegénérale;médecineinterne;réseauville-hôpital.
Complexitychallengeinprimarycare:fromgeneralpracticetointernalmedicineBackground.Chaostheoryhasbeendevelopedtoinvestigatecomplexsystemsproducingbehavioursthatcannotbepredictedduetoagreatsensitivitytoinitialconditions.Thistheoryhasbeenusefultodescribeclinicalreasoningchallengesfacedbygeneralpractitioner inprimarycare. Inordertohelpphysicians deal with complexity and offer them a support in diagnostic or therapeutic areas, theinternal medicine department in Georges Pompidou European Hospital has implemented atelemedicineassistance.Objective.Assessthesupportofaninternalmedicineassistancelineforphysiciansinprimarycare.Methods.Adescriptivesurvey,heldfromJulytoDecember2014,highlightedphysician’sandpatientprofiles,groundofappealandgivenanswer.Physicianwas then calledback inorder toassess thecomplexityoftheunderlyingcaseandthesupportprovidedbyinternists.Results. The internal medicine department received 92 calls from 49 different primary carephysicians, seeking help on a diagnostic challenge (83%) or a therapeutic issue (17%).Most caseswere defined complex by physicians (83%). This partnershipgavean efficient answer to difficultiesfacedbyphysiciansinprimarycare,inathreefoldway:togainaccesstohospitalpractitioner(84%),to shorten waiting times for hospital care needs (75%) and to assist the physician in a clinicalreasoningchallenge(66%).Conclusion. Partnership with internists via a telemedicine assistance tends to be an interestingsupportforphysiciansinprimarycare.Keywords: complexity; complex system;chaos theory; telemedicine;primarycare;generalpractice;internalmedicine;hospitalpartnership.
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Année universitaire 2014
PROFESSEURS DES UNIVERSITES-PRATICIENS HOSPITALIERS
UFR Médicale Pierre et Marie CURIE – Site PITIE
1. ACAR Christophe CHIRURGIE THORACIQUE ET CARDIO-VASCULAIRE
2. AGUT Henri BACTERIOLOGIE VIROLOGIE HYGIENE
3. ALLILAIRE Jean-François PSYCHIATRIE ADULTES
4. AMOUR Julien ANESTHESIE REANIMATION
5. AMOURA Zahir MEDECINE INTERNE
6. ANDREELLI Fabrizio MEDECINE DIABETIQUE
7. ARNULF Isabelle PATHOLOGIES DU SOMMEIL
8. ASTAGNEAU Pascal EPIDEMIOLOGIE/SANTE PUBLIQUE
9. AURENGO André BIOPHYSIQUE ET MEDECINE NUCLEAIRE
10. AUTRAN Brigitte IMMUNOLOGIE ET BIOLOGIE CELLULAIRE
11. BARROU Benoît UROLOGIE
12. BASDEVANT Arnaud NUTRITION
13. BAULAC Michel ANATOMIE
14. BAUMELOU Alain NEPHROLOGIE
15. BELMIN Joël MEDECINE INTERNE/GERIATRIE Ivry
16. BENHAMOU Albert CHIRURGIE VASCULAIRE Surnombre
17. BENVENISTE Olivier MEDECINE INTERNE
18. BITKER Marc Olivier UROLOGIE
19. BODAGHI Bahram OPHTALMOLOGIE
20. BODDAERT Jacques MEDECINE INTERNE/GERIATRIE
21. BOURGEOIS Pierre RHUMATOLOGIE
22. BRICAIRE François MALADIES INFECTIEUSES ET TROPICALES
23. BRICE Alexis GENETIQUE/HISTOLOGIE
24. BRUCKERT Eric ENDOCRINOLOGIE ET MALADIES METABOLIQUES
25. CACOUB Patrice MEDECINE INTERNE
26. CALVEZ Vincent VIROLOGIE
27. CAPRON Frédérique ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUE
28. CARPENTIER Alexandre NEUROCHIRURGIE
29. CATALA Martin CYTOLOGIE ET HISTOLOGIE
30. CATONNE Yves CHIRURGIE THORACIQUE ET TRAUMATOLOGIQUE
31. CAUMES Eric MALADIES INFECTIEUSES ET TROPICALES
32. CESSELIN François BIOCHIMIE
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Année universitaire 2014
33. CHAMBAZ Jean INSERM U505/UMRS 872
34. CHARTIER-KASTLER Emmanuel UROLOGIE
35. CHASTRE Jean REANIMATION MEDICALE
36. CHERIN Patrick CLINIQUE MEDICALE
37. CHICHE Laurent CHIRURGIE VASCULAIRE
38. CHIRAS Jacques NEURORADIOLOGIE
39. CLEMENT-LAUSCH Karine NUTRITION
40. CLUZEL Philippe RADIOLOGIE ET IMAGERIE MEDICALE II
41. COHEN David PEDOPSYCHIATRIE
42. COHEN Laurent NEUROLOGIE
43. COLLET Jean-Philippe CARDIOLOGIE
44. COMBES Alain REANIMATION MEDICALE
45. CORIAT Pierre ANESTHESIE REANIMATION
46. CORNU Philippe NEUROCHIRURGIE
47. COSTEDOAT Nathalie MEDECINE INTERNE
48. COURAUD François INSTITUT BIOLOGIE INTEGRATIVE
49. DAUTZENBERG Bertrand PHYSIO-PATHOLOGIE RESPIRATOIRE
50. DAVI Frédéric HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE
51. DEBRE Patrice IMMUNOLOGIE
52. DELATTRE Jean-Yves NEUROLOGIE (Fédération Mazarin)
53. DERAY Gilbert NEPHROLOGIE
54. DOMMERGUES Marc GYNECOLOGIE-OBSTETRIQUE
55. DORMONT Didier NEURORADIOLOGIE
56. DUYCKAERTS Charles NEUROPATHOLOGIE
57. EYMARD Bruno NEUROLOGIE
58. FAUTREL Bruno RHUMATOLOGIE
59. FERRE Pascal IMAGERIE PARAMETRIQUE
60. FONTAINE Bertrand NEUROLOGIE
61. FOSSATI Philippe PSYCHIATRIE ADULTE
62. FOURET Pierre ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES
63. FOURNIER Emmanuel PHYSIOLOGIE
64. FUNCK BRENTANO Christian PHARMACOLOGIE
65. GIRERD Xavier THERAPEUTIQUE/ENDOCRINOLOGIE
66. GOROCHOV Guy IMMUNOLOGIE
67. GOUDOT Patrick STOMATOLOGIE CHIRURGIE MAXILLO FACIALE
68. GRENIER Philippe RADIOLOGIE CENTRALE
69. HAERTIG Alain UROLOGIE Surnombre
70. HANNOUN Laurent CHIRURGIE GENERALE
71. HARTEMANN Agnès MEDECINE DIABETIQUE
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Année universitaire 2014
72. HATEM Stéphane UMRS 956
73. HELFT Gérard CARDIOLOGIE
74. HERSON Serge MEDECINE INTERNE
75. HOANG XUAN Khê NEUROLOGIE
76. ISNARD Richard CARDIOLOGIE ET MALADIES VASCULAIRES
77. ISNARD-BAGNIS Corinne NEPHROLOGIE
78. JARLIER Vincent BACTERIOLOGIE HYGIENE
79. JOUVENT Roland PSYCHIATRIE ADULTES
80. KARAOUI Mehdi CHIRURGIE DIGESTIVE
81. KATLAMA Christine MALADIES INFECTIEUSES ET TROPICALES
82. KHAYAT David ONCOLOGIE MEDICALE
83. KIRSCH Matthias CHIRURGIE THORACIQUE
84. KLATZMANN David IMMUNOLOGIE
85. KOMAJDA Michel CARDIOLOGIE ET MALADIES VASCULAIRES
86. KOSKAS Fabien CHIRURGIE VASCULAIRE
87. LAMAS Georges ORL
88. LANGERON Olivier ANESTHESIE REANIMATION
89. LAZENNEC Jean-Yves ANATOMIE/CHIRURUGIE ORTHOPEDIQUE
90. LE FEUVRE Claude CARDIOLOGIE
91. LE GUERN Eric INSERM 679
92. LEBLOND Véronique HEMATOLOGIE CLINIQUE
93. LEENHARDT Laurence MEDECINE NUCLEAIRE
94. LEFRANC Jean-Pierre CHIRURGIE GENERALE
95. LEHERICY Stéphane NEURORADIOLOGIE
96. LEMOINE François BIOTHERAPIE
97. LEPRINCE Pascal CHIRURGIE THORACIQUE
98. LUBETZKI Catherine NEUROLOGIE
99. LUCIDARME Olivier RADIOLOGIE CENTRALE
100. LUYT Charles REANIMATION MEDICALE
101. LYON-CAEN Olivier NEUROLOGIE Surnombre
102. MALLET Alain BIOSTATISTIQUES
103. MARIANI Jean BIOLOGIE CELLULAIRE/MEDECINE INTERNE
104. MAZERON Jean-Jacques RADIOTHERAPIE
105. MAZIER Dominique INSERM 511
106. MEININGER Vincent NEUROLOGIE (Fédération Mazarin) Surnombre
107. MENEGAUX Fabrice CHIRURGIE GENERALE
108. MERLE-BERAL Hélène HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE Surnombre
109. MICHEL Pierre Louis CARDIOLOGIE
110. MONTALESCOT Gilles CARDIOLOGIE
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Année universitaire 2014
111. NACCACHE Lionel PHYSIOLOGIE
112. NAVARRO Vincent NEUROLOGIE
113. NGUYEN-KHAC Florence HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE
114. OPPERT Jean-Michel NUTRITION
115. PASCAL-MOUSSELARD Hugues CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATOLOGIQUE
116. PAVIE Alain CHIR. THORACIQUE ET CARDIO-VASC. Surnombre
117. PELISSOLO Antoine PSYCHIATRIE ADULTE
118. PIERROT-DESEILLIGNY Charles NEUROLOGIE
119. PIETTE François MEDECINE INTERNE Ivry
120. POYNARD Thierry HEPATO GASTRO ENTEROLOGIE
121. PUYBASSET Louis ANESTHESIE REANIMATION
122. RATIU Vlad HEPATO GASTRO ENTEROLOGIE
123. RIOU Bruno ANESTHESIE REANIMATION
124. ROBAIN Gilberte REEDUCATION FONCTIONNELLE Ivry
125. ROBERT Jérôme BACTERIOLOGIE
126. ROUBY Jean-Jacques ANESTHESIE REANIMATION Surnombre
127. SAMSON Yves NEUROLOGIE
128. SANSON Marc ANATOMIE/NEUROLOGIE
129. SEILHEAN Danielle NEUROPATHOLOGIE
130. SIMILOWSKI Thomas PNEUMOLOGIE
131. SOUBRIER Florent GENETIQUE/HISTOLOGIE
132. SPANO Jean-Philippe ONCOLOGIE MEDICALE
133. STRAUS Christian EXPLORATION FONCTIONNELLE
134. TANKERE Frédéric ORL
135. THOMAS Daniel CARDIOLOGIE
136. TOURAINE Philippe ENDOCRINOLOGIE
137. TRESALLET Christophe CHIR. GENERALE ET DIGEST./MED. DE LA REPRODUCTION
138. VAILLANT Jean-Christophe CHIRURGIE GENERALE
139. VERNANT Jean-Paul HEMATOLOGIE CLINIQUE Surnombre
140. VERNY Marc MEDECINE INTERNE (Marguerite Bottard)
141. VIDAILHET Marie-José NEUROLOGIE
142. VOIT Thomas PEDIATRIE NEUROLOGIQUE
143. ZELTER Marc PHYSIOLOGIE
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Année universitaire 2014
PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS-PRATICIENS HOSPITALIERS UFR Médicale Pierre et Marie CURIE – Site SAINT-ANTOINE
1. ALAMOWITCH Sonia NEUROLOGIE – Hôpital TENON
2. AMARENCO Gérard NEURO-UROLOGIE – Hôpital TENON
3. AMSELEM Serge GENETIQUE / INSERM U.933 – Hôpital TROUSSEAU
4. ANDRE Thierry SERVICE DU PR DE GRAMONT – Hôpital SAINT-ANTOINE
5. ANTOINE Jean-Marie GYNECOLOGIE-OBSTETRIQUE – Hôpital TENON
6. APARTIS Emmanuelle PHYSIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
7. ARLET Guillaume BACTERIOLOGIE – Hôpital TENON
8. ARRIVE Lionel RADIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
9. ASSOUAD Jalal CHIRURGIE THORACIQUE – Hôpital TENON
10. AUCOUTURIER Pierre UMR S 893/INSERM – Hôpital SAINT-ANTOINE
11. AUDRY Georges CHIRURGIE VISCERALE INFANTILE – Hôpital TROUSSEAU
12. BALLADUR Pierre CHIRURGIE GENERALE ET DIGESTIVE – Hôpital SAINT-ANTOINE
13. BAUD Laurent EXPLORATIONS FONCTIONNELLES MULTI – Hôpital TENON
14. BAUJAT Bertrand O.R.L. – Hôpital TENON
15. BAZOT Marc RADIOLOGIE – Hôpital TENON
16. BEAUGERIE Laurent GASTROENTEROLOGIE ET NUTRITION – Hôpital SAINT-ANTOINE
17. BEAUSSIER Marc ANESTHESIE/REANIMATION – Hôpital SAINT-ANTOINE
18. BENIFLA Jean-Louis GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital TROUSSEAU
19. BENSMAN Albert NEPHROLOGIE ET DIALYSE – Hôpital TROUSSEAU (Surnombre)
20. BERENBAUM Francis RHUMATOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
21. BERNAUDIN J.F. HISTOLOGIE BIOLOGIE TUMORALE – Hôpital TENON
22. BILLETTE DE VILLEMEUR Thierry NEUROPEDIATRIE – Hôpital TROUSSEAU
23. BOCCARA Franck CARDIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
24. BOELLE Pierre Yves INSERM U.707 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
25. BOFFA Jean-Jacques NEPHROLOGIE ET DIALYSES – Hôpital TENON
26. BONNET Francis ANESTHESIE/REANIMATION – Hôpital TENON
27. BORDERIE Vincent Hôpital des 15-20
28. BOUDGHENE Franck RADIOLOGIE – Hôpital TENON
29. BREART Gérard GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital TENON
30. BROCHERIOU Isabelle ANATOMIE PATHOLOGIQUE – Hôpital TENON
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Année universitaire 2014
31. CABANE Jean MEDECINE INTERNE/HORLOGE 2 – Hôpital SAINT-ANTOINE
32. CADRANEL Jacques PNEUMOLOGIE – Hôpital TENON
33. CALMUS Yvon CENTRE DE TRANSPL. HEPATIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
34. CAPEAU Jacqueline UMRS 680 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
35. CARBAJAL-SANCHEZ Diomedes URGENCES PEDIATRIQUES – Hôpital TROUSSEAU
36. CARBONNE Bruno GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
37. CARETTE Marie-France RADIOLOGIE – Hôpital TENON
38. CARRAT Fabrice INSERM U 707 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
39. CASADEVALL Nicole IMMUNO. ET HEMATO. BIOLOGIQUES – Hôpital SAINT-ANTOINE
40. CHABBERT BUFFET Nathalie GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital TENON
41. CHAZOUILLERES Olivier HEPATOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
42. CHRISTIN-MAITRE Sophie ENDOCRINOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
43. CLEMENT Annick PNEUMOLOGIE – Hôpital TROUSSEAU
44. COHEN Aron CARDIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
45. CONSTANT Isabelle ANESTHESIOLOGIE REANIMATION – Hôpital TROUSSEAU
46. COPPO Paul HEMATOLOGIE CLINIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
47. COSNES Jacques GASTRO-ENTEROLOGIE ET NUTRITION – Hôpital SAINT-ANTOINE
48. COULOMB Aurore ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES – Hôpital TROUSSEAU
49. CUSSENOT Olivier UROLOGIE – Hôpital TENON
50. DAMSIN Jean Paul ORTHOPEDIE – Hôpital TROUSSEAU
51. DE GRAMONT Aimery ONCOLOGIE MEDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
52. DENOYELLE Françoise ORL ET CHIR. CERVICO-FACIALE – Hôpital TROUSSEAU
53. DEVAUX Jean Yves BIOPHYSIQUE ET MED. NUCLEAIRE – Hôpital SAINT-ANTOINE
54. DOUAY Luc HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
55. DOURSOUNIAN Levon CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
56. DUCOU LE POINTE Hubert RADIOLOGIE – Hôpital TROUSSEAU
57. DUSSAULE Jean Claude PHYSIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
58. ELALAMY Ismaïl HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE – Hôpital TENON
59. FAUROUX Brigitte UNITE DE PNEUMO. PEDIATRIQUE – Hôpital TROUSSEAU
60. FERON Jean Marc CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATO. – Hôpital SAINT-ANTOINE
61. FEVE Bruno ENDOCRINOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
62. FLEJOU Jean François ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHO.- Hôpital SAINT-ANTOINE
63. FLORENT Christian HEPATO/GASTROENTEROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
64. FRANCES Camille DERMATOLOGIE/ALLERGOLOGIE – Hôpital TENON
65. GARBARG CHENON Antoine LABO. DE VIROLOGIE – Hôpital TROUSSEAU
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Année universitaire 2014
66. GIRARD Pierre Marie MALADIES INFECTIEUSES – Hôpital SAINT-ANTOINE
67. GIRARDET Jean-Philippe GASTROENTEROLOGIE – Hôpital TROUSSEAU (Surnombre)
68. GOLD Francis NEONATOLOGIE – Hôpital TROUSSEAU (Surnombre)
69. GORIN Norbert HEMATOLOGIE CLINIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE (Surnombre)
70. GRATEAU Gilles MEDECINE INTERNE – Hôpital TENON
71. GRIMPREL Emmanuel PEDIATRIE GENERALE – Hôpital TROUSSEAU
72. GRUNENWALD Dominique CHIRURGIE THORACIQUE – Hôpital TENON
73. GUIDET Bertrand REANIMATION MEDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
74. HAAB François UROLOGIE – Hôpital TENON
75. HAYMANN Jean Philippe EXPLORATIONS FONCTIONNELLES – Hôpital TENON
76. HENNEQUIN Christophe PARASITOLOGIE/MYCOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
77. HERTIG Alexandre NEPHROLOGIE – Hôpital TENON
78. HOURY Sidney CHIRURGIE DIGESTIVE ET VISCERALE – Hôpital TENON
79. HOUSSET Chantal UMRS 938 et IFR 65 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
80. JOUANNIC Jean-Marie GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE – Hôpital TROUSSEAU
81. JUST Jocelyne CTRE DE L’ASTHME ET DES ALLERGIES – Hôpital TROUSSEAU
82. LACAINE François CHIR. DIGESTIVE ET VISCERALE – Hôpital TENON (Surnombre)
83. LACAU SAINT GIULY Jean ORL – Hôpital TENON
84. LACAVE Roger HISTOLOGIE BIOLOGIE TUMORALE – Hôpital TENON
85. LANDMAN-PARKER Judith HEMATOLOGIE ET ONCO. PED. – Hôpital TROUSSEAU
86. LAPILLONNE Hélène HEMATOLOGIE BIOLOGIQUE – Hôpital TROUSSEAU
87. LAROCHE Laurent OPHTALMOLOGIE – CHNO des 15/20
88. LE BOUC Yves EXPLORATIONS FONCTIONNELLES – Hôpital TROUSSEAU
89. LEGRAND Ollivier POLE CANCEROLOGIE – HEMATOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
90. LEVERGER Guy HEMATOLOGIE ET ONCOLOGIE PEDIATRIQUES – Hôpital TROUSSEAU
91. LEVY Richard NEUROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
92. LIENHART André ANESTHESIE/REANIMATION – Hôpital SAINT-ANTOINE (Surnombre)
93. LOTZ Jean Pierre ONCOLOGIE MEDICALE – Hôpital TENON
94. MARIE Jean Pierre DPT D’HEMATO. ET D’ONCOLOGIE MEDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
95. MARSAULT Claude RADIOLOGIE – Hôpital TENON (Surnombre)
96. MASLIAH Jöelle POLE DE BIOLOGIE/IMAGERIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
97. MAURY Eric REANIMATION MEDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
98. MAYAUD Marie Yves PNEUMOLOGIE – Hôpital TENON (Surnombre)
99. MENU Yves RADIOLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
100. MEYER Bernard ORL ET CHRI. CERVICO-FACIALE – Hôpital SAINT-ANTOINE (Surnombre)
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Année universitaire 2014
101. MEYOHAS Marie Caroline MALADIES INFECTIEUSES ET TROP. – Hôpital SAINT-ANTOINE
102. MITANCHEZ Delphine NEONATOLOGIE –Hôpital TROUSSEAU
103. MOHTI Mohamad DPT D’HEMATO. ET D’ONCO. MEDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE
104. MONTRAVERS Françoise BIOPHYSIQUE ET MED. NUCLEAIRE – Hôpital TENON
105. MURAT Isabelle ANESTHESIE REANIMATION – Hôpital TROUSSEAU
106. NETCHINE Irène EXPLORATIONS FONCTIONNELLES – Hôpital TROUSSEAU
107. OFFENSTADT Georges REANIMATION MEDICALE – Hôpital SAINT-ANTOINE (Surnombre)
108. PAQUES Michel OPHTALMOLOGIE IV – CHNO des 15-20
109. PARC Yann CHIRURGIE DIGESTIVE – Hôpital SAINT-ANTOINE
110. PATERON Dominique ACCUEIL DES URGENCES – H ôpital SAINT-ANTOINE
111. PAYE François CHIRURGIE GENERALE ET DIGESTIVE – Hôpital SAINT-ANTOINE
112. PERETTI Charles Siegfried PSYCHIATRIE D’ADULTES – Hôpital SAINT-ANTOINE
113. PERIE Sophie ORL – Hôpital TENON
114. PETIT Jean-Claude BACTERIOLOGIE VIROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE (Surnombre)
115. PIALOUX Gilles MALADIES INFECTIEUSES ET TROP. – Hôpital TENON
116. PICARD Arnaud CHIRURGIE. MAXILLO-FACIALE ET STOMATO. – Hôpital TROUSSEAU
117. POIROT Catherine HISTOLOGIE A ORIENTATION BIO. DE LA REPRO. – Hôpital TENON
118. RENOLLEAU Sylvain REANIMATION NEONATALE ET PED. – Hôpital TROUSSEAU
119. ROBAIN Gilberte REEDUCATION FONCTIONNELLE – Hôpital ROTHSCHILD
120. RODRIGUEZ Diana NEUROPEDIATRIE – Hôpital TROUSSEAU
121. RONCO Pierre Marie UNITE INSERM 702 – Hôpital TENON
122. RONDEAU Eric URGENCES NEPHROLOGIQUES – Hôpital TENON
123. ROSMORDUC Olivier HEPATO/GASTROENTEROLOGIE – Hôpital SAINT-ANTOINE
124. ROUGER Philippe Institut National de Transfusion Sanguine
125. SAHEL José Alain OPHTALMOLOGIE IV – CHNO des 15-20
126. SAUTET Alain CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
127. SCATTON Olivier CHIR. HEPATO-BILIAIRE ET TRANSPLANTATION – Hôpital SAINT-ANTOINE
128. SEBE Philippe UROLOGIE – Hôpital TENON
129. SEKSIK Philippe GASTRO-ENTEROLOGIE ET NUTRITION – Hôpital SAINT-ANTOINE
130. SIFFROI Jean Pierre GENETIQUE ET EMBRYOLOGIE MEDICALES – Hôpital TROUSSEAU
131. SIMON Tabassome PHARMACOLOGIE CLINIQUE – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
132. SOUBRANE Olivier CHIRURGIE HEPATIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
133. STANKOFF Bruno NEUROLOGIE – Hôpital TENON
134. THOMAS Guy PSYCIATRIE D’ADULTES – Hôpital SAINT-ANTOINE
135. THOUMIE Philippe REEDUCATION NEURO-ORTHOPEDIQUE – Hôpital ROTHSCHILD
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Année universitaire 2014
136. TIRET Emmanuel CHRIRUGIE GENERALE ET DIGESTIVE – Hôpital SAINT-ANTOINE
137. TOUBOUL Emmanuel RADIOTHERAPIE – Hôpital TENON
138. TOUNIAN Patrick GASTROENTEROLOGIE ET NUTRITION – Hôpital TROUSSEAU
139. TRAXER Olivier UROLOGIE – Hôpital TENON
140. TRUGNAN Germain INSERM UMR-S 538 – Faculté de Médecine P. & M. CURIE
141. ULINSKI Tim NEPHROLOGIE/DIALYSES – Hôpital TROUSSEAU
142. VALLERON Alain Jacques UNITE DE SANTE PUBLIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE (Surnombre)
143. VIALLE Raphaël ORTHOPEDIE – Hôpital TROUSSEAU
144. WENDUM Dominique ANATOMIE PATHOLOGIQUE – Hôpital SAINT-ANTOINE
145. WISLEZ Marie PNEUMOLOGIE – Hôpital TENON
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TABLEDESMATIÈRES
INTRODUCTION....................................................................................................................p.23
1èrePARTIE:LEDÉFIDELACOMPLEXITÉENSOINSPRIMAIRES.........................................p.25
I. INTRODUCTIONÀLAPENSÉECOMPLEXE...............................................................p.25
A. Lesystèmelinéaire.......................................................................................p.25
B. Lathéorieduchaos.......................................................................................p.26
C. Quelquesnotionsdesémantique.................................................................p.28
II. LACOMPLEXITÉENMÉDECINEGÉNÉRALE..............................................................p.29
A. Applicationdelathéorieduchaosenmédecine..........................................p.29
B. L’enseignementdelacomplexitéenmédecinegénérale............................p.31
III. LADÉCISIONMÉDICALECOMPLEXE........................................................................p.33
A. LediagrammedeStacey...............................................................................p.33
B. Elémentsdedécisionmédicale....................................................................p.35
1. L’épreuvedutemps..........................................................................p.35
2. Lepraticienréflexif...........................................................................p.36
3. Letravailencollaboration................................................................p.37
IV. MÉDECINEGÉNÉRALE,MÉDECINEINTERNE:DESCOMBATSAUXENJEUXPARTAGÉS
A. Lesymptômeinexpliqué...............................................................................p.39
B. Latransversalitédesdisciplines....................................................................p.41
C. Uneapprocheholistique..............................................................................p.42
20
2ndePARTIE:LACOMPLEXITÉETLETRAVAILENCOLLABORATION...................................p.43
I. DELADIFFICILEMESUREDELACOMPLEXITÉ.........................................................p.43
II. LACOLLABORATIONAVECLESERVICEDEMÉDECINEINTERNEDEL’HEGP...........p.45
A. Difficultésd’accèsausecteurhospitalier.....................................................p.45
B. Leservicedemédecineinternedel’HEGP...................................................p.46
C. Unnuméroprioritaired’accèsauservice.....................................................p.47
III. MATÉRIELETMÉTHODES.........................................................................................p.49
A. Objectifs........................................................................................................p.49
B. Déroulementdel’étude...............................................................................p.49
C. Recueildedonnées.......................................................................................p.49
D. Mesureducritèredejugementprincipal.....................................................p.50
E. Mesuredelaprévalencedelaconsultationcomplexe................................p.51
F. Présentationduprojet..................................................................................p.52
G. Testpréalabledesquestionnaires................................................................p.52
H. DéclarationàlaCommissionNationaledel’InformatiqueetdesLibertés..p.52
IV. RÉSULTATS...............................................................................................................p.53
A. Activitédelastructure.................................................................................p.53
B. Profildesmédecinslibéraux.........................................................................p.54
C. Critèredejugementprincipal.......................................................................p.55
D. Laconsultationcomplexe.............................................................................p.57
E. Orientationdupatientetdélaieffectifdepriseencharge..........................p.58
F. Motifsderecours..........................................................................................p.59
G. Diagnosticsretenus......................................................................................p.61
H. Rencontreaveclesmédecinsgénéralistes...................................................p.62
1. Cequiestapprécié...........................................................................p.62
2. Cequiestregretté............................................................................p.63
3. Améliorationssouhaitées.................................................................p.64
4. Attentesdumédecinlibéralvisàvisdumédecininterniste............p.64
21
V. DISCUSSION..............................................................................................................p.65
A. Lacollaborationhospitalière........................................................................p.65
B. L’effetcentre................................................................................................p.66
C. Unenécessairecommunicationentrelesdeuxspécialités..........................p.67
D. L’obstacledutemps......................................................................................p.68
E. Limitesinhérentesàlatélémédecine...........................................................p.69
F. Lacomplexitéenconsultation......................................................................p.70
G. Continuitéentremédecinegénéraleetmédecineinterne..........................p.71
CONCLUSION........................................................................................................................p.73
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................................p.75
ANNEXES..............................................................................................................................p.79
Annexe1-Questionnairerempliparlemédecininterniste................................................p.79
Annexe2-Questionnairerempliparlemédecinlibéral......................................................p.80
Annexe3-DéclarationalaCommissionNationaledel'InformatiqueetdesLibertés........p.81
SERMENTD’HIPPOCRATE....................................................................................................p.83
23
INTRODUCTION
La pratique de lamédecine estmenée dans un contexte d’incertitude, que ce soit
dans le domaine diagnostique (un même symptôme peut appartenir à plusieurs entités
nosologiquesdifférentes)oudans lechampthérapeutique(certainspatientsrépondentau
traitementetd’autresnon). Lemédecinestainsi interpellépardesévolutions singulières,
inattenduesetparfoisimprévisibleschezsespatients.C’estlaconséquencedelavariabilité
desphénomènesvivants.
L’approche mathématique aujourd’hui utilisée pour décrire cette évolution est
probabiliste:ellearecoursàdesessaiscliniquesrandomisésencomparantdescohortesde
patients «moyens», la randomisation permettant alors de réduire les biais liés à la
variabilitéindividuelle.SirWilliamOslerdisaitainsidelamédecinequ’elleest«unescience
del’incertitudeetunartdelaprobabilité».
Une telle approche caractérise demanière imparfaite la dynamique de lamaladie
considéréeàl’échelledel’individu.Lathéorieduchaos,développéepourdécrirel’évolution
dessystèmescomplexes,pourraitpermettred’abordercesquestionssousunangledifférent
etnovateur.Lapremièrepartiedecetravailseraainsiconsacréeàlacomplexité,àlathéorie
duchaosetàl’applicationdesesprincipesensoinsprimaires.
Faceàlacomplexité,laprisededécisionmédicaleetlerecoursauxsoinsnerelèvent
pasd’unepriseencharge«standardisée».Lemédecinestainsiconfrontéauparadoxeque
lasolutionpoursonpatientn’estpastoujoursunivoque.
Comment lesmédecins se comportent-ils face à la complexité ? Nous évoquerons
dans un second temps les difficultés de raisonnement clinique rencontrées en soins
primaireset l’appui apportéparune collaborationhospitalière.Nousprendrons l’exemple
dupartenariatdéveloppéparleservicedemédecineinternedel’HôpitalEuropéenGeorges
Pompidouaveclamédecinelibéraledeproximitépourillustrernotrepropos.
25
1èrePARTIE:LEDÉFIDELACOMPLEXITÉENSOINSPRIMAIRES
I. INTRODUCTIONÀLAPENSÉECOMPLEXE
Nous demandons à la pensée qu'elle dissipe les brouillards et les obscurités,qu'ellemettede l'ordreetde la clartédans le réel, qu'elle révèle les loisqui legouvernent. Le mot de complexité, lui, ne peut qu'exprimer notre embarras,notre confusion,notre incapacitéàdéfinirde façon simple, ànommerde façonclaire,àordonnernos idées.Aussi la connaissancescientifique fut longtempsetdemeure encore souvent conçue comme ayant pour mission de dissiperl’apparentecomplexitédesphénomènesafinderévéler l’ordresimpleauquel ilsobéissent. Sa définition première ne peut fournir aucune élucidation : estcomplexecequinepeutserésumerenunmaîtremot,cequinepeutserameneràune loiniseréduireàune idéesimple.Lacomplexitéestunmotproblèmeetnonunmotsolution.1EdgarMorin
A. Lesystèmelinéaire
Isaac Newton (1642 - 1727), par ses découvertes sur la gravitation et le calcul
différentiel,aintroduitensciencelanotionde«déterminisme».L’universseraitsemblable
à une horloge dont lamécanique serait régie par les lois de la physique, rendant chaque
mouvementanalysableetdoncprévisible.
Les travaux deNewton se sont entre autres portés sur l’étude des systèmes
dynamiques. Moyennant la connaissance des conditions initiales d’un système donné,
commelapositionet lavitessed’unensembled’objets, ildevenaitpossiblededéterminer
parlecalcullatrajectoired'uncorpsetdoncsapositionfutureàuninstantt.Cetteméthode
se révéla particulièrement efficace pour déterminer le mouvement des planètes, des
comètesoudesmarées.
C'est le triomphe de la mécanique newtonienne et du système linéaire. Le futur
devenaitprévisible:ilsuffisaitpourceladetraduirelesphénomènesphysiquesenéquations
différentiellespuisdelesrésoudre.
26
B. Lathéorieduchaos
HenriPoincaré,mathématicien françaisde la finduXIXème siècle,pointe lepremier
leslimitesdusystèmelinéaire:enétudiantlemouvementdetroiscorpseninteraction2, il
s’aperçoit que les équations de Newton ne sont pas applicables, et que le phénomène
devientalorsimprévisible.DanssonlivreintituléSciencesetMéthodes3,ilrapporteainsisa
découverte:
Unecausetrèspetite,etquinouséchappe,détermineuneffetconsidérablequenousnepouvonspasvoir,etalorsnousdisonsqueceteffetestdûauhasard.[…]Il peut arriver que de petites différences dans les conditions initiales enengendrent de très grandes dans les phénomènes finaux. La prévision devientimpossibleetnousavonslephénomènefortuit.
Dans cemême livre3, Poincaréprévoyait assezexactement ladécouverteundemi-
siècleplustarddumétéorologueEdwardLorenz:
Pourquoi les météorologistes ont-ils tant de peine à prévoir le temps avecquelquecertitude?Pourquoileschutesdepluie,lestempêteselles-mêmesnoussemblent-ellesarriverauhasard,desortequebiendesgenstrouventtoutnatureldeprierpouravoirlapluieoulebeautemps,alorsqu’ilstrouveraientridiculededemanderuneéclipseparuneprière?
EdwardLorenz,mathématiciendevenumétéorologueauMassachusetts Instituteof
Technology(MIT),élaboreen1963lapremièrereprésentationd’unphénomènechaotique4.
Son idée initiale était de créer unmodèle simplifié décrivant l’évolution des phénomènes
météorologiques, ne contenant que trois équations et trois inconnues, mais dont les
solutions auraient globalement le même comportement que le système complet. En
modifiantlavaleurinitialedecesinconnues,parunedifférencequ’ilajugéeaprioriminime,
il s’est aperçu que les résultats devenaient étonnamment divergents. Au point que des
conditions atmosphériques initialement très proches aboutissaient au bout de quelques
joursàdesprévisionsmétéorologiquescomplètementdifférentes!
Il fait part de sa découverte aumonde scientifique en 1972 dans une conférence5
devenue célèbre depuis et intitulée: «Un papillon battant des ailes au Brésil peut-il
déclencherunetornadeauTexas?»
27
Cette propriété, connue sous le nom de «sensibilité aux conditions initiales» est
l’unedessignatureslesplusvisiblesduchaos.Elleexpliquelecaractèreimprévisibleàlong
terme des comportements chaotiques. Elle a depuis été vulgarisée dans l’expression «à
petite cause grands effets» ou dans la métaphore de «l’effet papillon». C’est en outre
parce que les phénomènesmétéorologiques présentent une évolution chaotique qu’il est
impossibledeprévoirprécisémentlamétéoau-delàde5jours.
Pourautant,unphénomènechaotiquenesignifiepas«absenced’ordre».C’est la
secondepropriétéfondamentaledelathéorieduchaos:ledéterminisme.Sil’évolutiond’un
systèmechaotiqueprésenteuncaractèrenonprévisible(systèmedynamiquenonlinéaire),
la description de son état à un instant donné est «déterminée» en vertu des conditions
initiales, du principe de causalité et des lois de la physique. D’où la notion, faussement
antinomique,de«chaosdéterministe».Cetaspectduphénomènechaotiquepermetdele
distinguerd’unsystèmestochastiquedontlechampd’explorationestlehasard.
Pourillustrercettenotionde«chaosdéterministe»,ilfautretenirqu’unphénomène
chaotique peut être représenté dans l’espace, sous une forme appelée «attracteur» (cf.
figure1),dontlatrajectoirestructuréetémoignedel’ordresous-jacentetlaformeétrange
ducaractèreimprévisibledesonévolution.
Figure1:AttracteurétrangedeLorenz
Aujourd’hui, la théorie du chaos est considérée comme la troisième grande
révolutiondelaphysique,aveclarelativitéetlamécaniquequantique.
28
C. Quelquesnotionsdesémantique
Le terme«chaotique»se rattacheenphysiqueàunenotiond’imprévisibilité, sans
pour autant signifier une absence d’organisation. Il faut donc le différencier de son sens
commun,«ledésordre»,dontl’origineprovientdugrec«khaos»quidésignaitlaconfusion
généraledesélémentsavantlacréationdel’univers(cf.figure2).
Figure2-GuernicadePabloPicasso;1937;allégoriedu«chaos»selonlesenscommunduterme
La théorie du chaos permet l’étude des systèmes complexes. Un système est un
ensemblecohérentdecomposantshétérogèneseninteraction;ildevientcomplexelorsque
la description des évènements qui caractérisent son évolution présente d’une part les
propriétésd’unphénomène«chaotique»etd’autrepartuncaractèreindivisible.
Lacomplexitéestuntissudeconstituantshétérogènesinséparablementassociés:elleposeleparadoxedel'unetdumultiple.1EdgarMorin
Ilnefautpasnonplusconfondre«complexe»et«compliqué».Étymologiquement,
«compliqué» vient du latin «cum plicare» qui signifie «plier ensemble»; quand
«complexe»,dulatin«cumplexus»,désigne«tisséensemble».Uneaffairecompliquéese
composera donc de nombreux éléments, chacun pouvant être détaillé par une analyse
linéaire.Complexesous-entenddesintricationsauseindusystème,que«toutestlié»;que
l'étudeisoléed’unepartieconstitueuneperteirrémédiablepourlacompréhensiondutout.
Lessystèmescomplexessontcompliqués;lecontrairen'estpastoujoursvrai.
29
II. LACOMPLEXITÉENMÉDECINEGÉNÉRALE
A. Applicationdelathéorieduchaosenmédecine
Lathéorieduchaoscontribueàremettredudéterminismelàoùsemblaitnerégner
que l’aléatoire. Son application récente en médecine a montré son intérêt dans la
compréhensiondecertainsphénomènesphysiologiques«chaotiques»telsquelestroubles
du rythme cardiaque6-7, l’hyperexcitabilité neuronale décrite dans l’épilepsie8, la sécrétion
deparathormone9oumême la sénescence10.Enoncologie,elle sertdésormaisdemodèle
dansladescriptiondelagenèseetdel’évolutiondelamaladiecancéreuse11.
Le propos qui nous intéressedésormais est son application enmédecine générale.
Unedesprouessesdecettedisciplineestd’avoirreconnudanslarencontresingulièreentre
lemédecinetsonpatientunphénomènequelquefoischaotique,etd’enavoirfaitunaxede
rechercheprivilégié.
Reprenons en effet les propriétés fondamentales du modèle chaotique, et
appliquonslesau«systèmepatient»,considérédansle«référentielconsultation».Ainsile
patientest:
o multiple:ilestforméd’unensemblecohérentd’organes;
o indivisible:ildoitêtreconsidéréparlemédecincommeuntout(approcheholistique);
o interactif:avecsonenvironnement,aveclemédecin,aveclesystèmedesanté;
o dynamique:ilévoluedansletempsetestdonccapabledechangement;
o déterministe: il est ordonné, descriptible et donc accessible à l’intervention du
médecin;
o non linéaire: il est difficile de prédire à long terme son évolution (en l’occurrence
l’évolutiondelamaladie),nisondevenir(ilpeutparexempleêtreperdudevue);
o sensible aux conditions initiales: il est nécessaire pour le médecin d’intégrer à son
raisonnementuncertainnombredeparamètres,commeparexemple lasingularitédu
patientavecsesdimensionsmédicales,psychiques,sociales,sesattentesetmotivations
en termedesantéetsonvécude lamaladie; le«climat» favorableoudélétèredans
lequelsedéroulelaconsultation;oulesdonnéesdisponiblesdelarechercheclinique.
30
Lamédecinegénéraleseraitainsiune«médecinedelacomplexité»12.
Nous souhaitons maintenant illustrer cette théorie par une proposition de
modélisation (cf. figure 3), s’appuyant sur la figure «fractale». La fractale est un outil
mathématiquepermettantentreautres ladescriptiondescomportementschaotiques.Elle
introduit notamment la notion de «bifurcation». De bifurcation en bifurcation, le
phénomènedevient«chaotique»,c’estàdireimprévisible.
Figure3–Laconsultationcomplexe,illustréeparunefigurefractale
Cette approche de la consultation sous l’angle de la complexité s’est révélée
particulièrementproductivepourlamédecinegénérale:d’abordparunnombrecertainde
publicationsdanslalittératuremédicale–notonsparexemplequeleBritishMedicalJournal
aconsacréen2001quatrearticles13-16à lacomplexitéetàsasignificationenmédecinede
famille ; ensuite parce qu’elle sert aujourd’hui de base à la formation des étudiants en
médecinegénérale17.
SYSTÈME'PATIENT'Mul$ple'et'Indivisible'
Système'de'santé'
SENSIBILITÉ'AUX'CONDITIONS'INITIALES'o Dimensions'médicales,'psychiques,'sociales'o Vécu'du'pa$ent'et'a=entes'en'terme'de'santé'o Données'actuelles'de'la'recherche'clinique'o Disposi$ons'intellectuelles'et'émo$onnelles'du'médecin'o Etc.'
SYSTÈME'MÉDECIN'
Instant'(t'+'n)'
Système'dynamique' Evolu$on'chao$que'
Instant't' Bifurca$on'b'
Bifurca$on'(b'+'n)'
Environnement'
31
B. L’enseignementdelacomplexitéenmédecinegénérale
Les différents départements de médecine générale en France ont fait de la
complexitéundesthèmesdeprédilectionde leurenseignement17.Mais lacomplexitéest-
elleenseignable?Compliquéd’yrépondre.
Ledéfidelacomplexité,c’estl’acceptationd’unecontradiction,etl’idéequ’onnepeut pas escamoter les contradictions dans une vision euphorique dumonde.1EdgarMorin
Ilestcependantintéressantdenoterquelesdeuxmoyensutilisésparlesenseignants
de médecine générale– les groupes de pairs et les récits de situation complexe et
authentique(RSCA)–invitentl’étudiantàfairelerécit,paroralouparécrit,d’unesituation
«authentique».Nousvoyonsdeuxavantagesàcetteapproche.D’abord,ellefaitappelau
vécudel’étudiant;onpeutdoncpréjugerquelacomplexitéestuneentitéquis’appréhende
par l’expérience.Ensuite l’analysequienest faiteest interactive;unepartiedessolutions
estdoncrecherchéedansl’échangeetlacollégialité.
Seloncesmêmesenseignants17,lasituationestconsidéréecommecomplexesi:
o les indices n’y sont pas immédiatement disponibles et nécessitent une exploration
minutieuse;
o elleauncaractèrepluridimensionnel:biomédical,psycho-affectif,environnemental,
éthique,administratif,médico-légal,etc.;
o plusieurs stratégies de résolution de problème existent, et il n’est pas toujours
possibledeleshiérarchiser;
o la solution n’est pas univoque et plusieurs solutions peuvent avoir une pertinence
comparable;
o lesprisesdedécisionsefontensituationd’incertitude.
Onretiendraiciqu’unphénomènechaotiquepeutamenerdessolutionsplurielles.
33
III. LADÉCISIONMÉDICALECOMPLEXE
A. LediagrammedeStacey
Enconsultation,lemédecinestdoncamenéàprendrepoursonpatientunedécision
médicale. Stacey a cherché à représenter par un diagramme18 (cf. figure 4) le degré de
difficultéinhérentàcettedémarche,enprenantencomptelesdeuxconditionsinitialesque
sontlacohérenceaveclesdonnéesdelarecherchecliniqueetleconsensusaveclepatient:
Figure4–DiagrammedeStacey22
Staceyaainsidélimitécinqzonesdistinctesdeprisededécisionmédicale:
o ladécision«rationnelle»: cohérenceavec lesdonnéesde la recherchecliniqueet
consensusaveclepatient;c’estlasituation«idéale»;
o ladécision«politique»:cohérenceseuleaveclesdonnéesdelarechercheclinique;
o ladécision«debonsens»:consensusseulaveclepatient;
o ladécision«complexe»:décisionpossiblemaispriseensituationd’incertitude;
o la décision «anarchique»: pas d’accord possible, ni avec les données de la
rechercheclinique,niaveclepatient.
34
Dansledomaineducomplexe,iln’yapasdesécuriténid’unanimitésuffisantesqui
permettentdeprédirelepassuivant,commecepeutêtrelecasdansunsystèmelinéaire.
Cependant,l’ordreestsuffisantpourquelesystèmenesombrepasdans«l’anarchie».
35
B. Elémentsdedécisionmédicale
On estime actuellement – en fonction des critères utilisés – qu’environ 25 % des
patientsd’unepratiqueambulatoiredoiventêtreconsidéréscommecomplexes19.
Selon le département de médecine générale17, face à la complexité, «plusieurs
stratégies de résolution de problème existent, et il n’est pas toujours possible de les
hiérarchiser ; la solutionn’estalorspasunivoque.»Lesalgorithmesdécisionnelsproposés
dans les recommandations n’y sont par définition pas applicables (algorithme: mode de
résolutiondesproblèmesquisupposequ’ilyaunesolutionuniqueàunproblèmeposé).
1. L’épreuvedutemps
La première propriété fondamentale d’un système complexe, c’est son caractère
«dynamique»:lepatientévoluedansletemps;ilestdonccapabledechangement.
Mettre la situation du patient à l’épreuve du temps peut être un moyen pour le
médecin d’appréhender sa complexité. La persistance ou la disparition du symptôme, un
nouvel événement clinique ou même l’efficacité d’un traitement entrepris sont autant
d’indicesquipeuventleguiderdanssadémarchedécisionnelle.Celaluipermetégalement
demobiliserentredeuxconsultationssespropresressources(documentairesouhumaines)
pouraller chercher la réponseà ses interrogations20.Cette stratégieestenoutrepermise
parlacontinuitédessoins,quiassureaumédecingénéralisteunevisionlongitudinaledela
maladie.
Lacontinuitédessoinsestd’ailleursunecaractéristiquefondamentalede l’exercice
delamédecinegénérale.Ellefaitpartiedeladéfinitiondelamédecinegénérale-médecine
de famille telle que donnée par la WONCA21 (organisation mondiale des médecins
généralistes) en 2002 : «elle a la responsabilité d’assurer des soins continus et
longitudinaux,selon lesbesoinsdupatient.Elleutiliseunmodedeconsultationspécifique
qui construit dans la durée une relation médecin-patient basée sur une communication
appropriée.»
36
2. Lepraticienréflexif
Lasecondepropriétéfondamentaled’unsystèmecomplexe,c’estsa«sensibilitéaux
conditionsinitiales».
Retenons entre autres conditions initiales la singularité du patient, avec ses
dimensionsmédicales,psychiques,sociales,sesattentesetmotivationentermedesantéou
sonvécude lamaladie; lesdonnéesactuellesde larechercheclinique;et lesdispositions
intellectuellesetémotionnellesdumédecinlorsdelaconsultation.
L’assimilationdecesconditions initialeset leurutilisationjudicieusepar lemédecin
déterminentcequeDonaldSchön22adécritcommeétantle«praticienréflexif»,c’estàdire
cetteaptitudeà«travailleràlamiseenœuvredesconnaissancesapprisesenlesadaptant
etlesaffinantsanscesseaugrédessituationschangeantesetsouventimprévisibles.»
La figure du praticien réflexif proposée par Donald Schön suppose également un certain
nombredecompétences,commelacapacitéd’appréciationd’unesituation, lacuriosité, le
doute,ungoûtcertainpourl’énigmeetl’aptitudeàinnover–brefcequelesAnglo-Saxons16
ontsibienrésumédansleterme«capability».
Ladécisionmédicaleestalorslerésultatdecette«réflexionmédicale»(cf.figure5).
Figure5–l’expertisecliniqueselonHaynes23
37
3. Letravailencollaboration
Une troisième propriété propre au système complexe est son caractère
«interactif»: le «système patient» interagit avec le «système médecin» qui lui-même
peutmobiliserd’autresintervenantsdu«systèmedesanté».
Encomparaisonavecl’exercicehospitalier,quisefaitleplussouventenéquipe,ilest
habituel de considérer la pratique de lamédecine générale comme assez solitaire, isolée
danslehuisclosd'unerelationduelleaveclepatient.
L’ouverture de cette dualité à un troisième acteur, à l’initiative du médecin
généraliste, permet quelquefois de mieux appréhender la complexité, en introduisant
notammentunregardextérieuràlasituation.Cetintervenantpeutêtreunconfrèredansle
cadredel’exerciceencabinetdegroupe,unspécialistelibéraldanslecadred’unréseaude
santéouunappuihospitalier.
Le médecin généraliste doit cependant garder son esprit critique afin de faire la
meilleure utilisation possible de l’avis sollicité. Et ce d'autant plus qu'il est en définitive
responsable de ses prescriptions, même si celles-ci ont été proposées ou initiées par un
confrère.
Unmédecin généralistequi reconnaît ainsi ses propres limites valorise sespropres
capacités à mobiliser les ressources interdisciplinaires autour du patient et à s’impliquer
dansuntravailenréseau.
Ce travail en collaboration est une compétence fondamentale de la médecine
générale,tellequedéfinieparlaWONCA21:«elleutilisedefaçonefficientelesressources
dusystèmedesantépar lacoordinationdessoins, letravailavec lesautresprofessionnels
desoinsprimairesetlagestiondurecoursauxautresspécialités,seplaçantsinécessaireen
défenseurdupatient.»
39
IV. MÉDECINEGÉNÉRALE,MÉDECINEINTERNE:DESCOMBATSAUXENJEUXPARTAGÉS
Laproximitédepenséeentremédecinsgénéralisteset internistesa contribuéà ce
que se développent entre les deux spécialités des relations de confiance et un vrai
partenariat:
Nos combats ont été les mêmes pour arracher la reconnaissance de nosdisciplines, nos enjeux étant partagés autour de la prise en charge globale dupatientquiestnotrephilosophiecommune.24JacquesBeylot
A. Lesymptômeinexpliqué
La prévalence du symptôme inexpliqué, ne pouvant s’intégrer dans un cadre
nosologique,représenteraitentre13et19%desconsultationsensoinsprimairesselon les
séries25-26. C’est la conséquence de l’intervention du médecin généraliste à «un stade
précoceetindifférenciédudéveloppementdesmaladies»21.
Lesymptômeinexpliqué,l’explorationdesanomaliesbiologiquesouradiologiqueset
plus largement tous les problèmes d’ordre diagnostique ne relevant pas d’une spécialité
définiesontduressortdelamédecineinterne,commelemontrentlesétudessurlesmotifs
de consultation et d’hospitalisation en médecine interne27 et comme le pensent les
internisteseux-mêmes28.
Il est intéressant denoter ici que si le symptôme inexpliqué est unpoint commun
entre les deux spécialités, les stratégies adoptées ne sont pas les mêmes: le médecin
généraliste joue un rôle de sélection parmi sa patientèle, partagé entre le risque de
méconnaitreuneéventuelleurgencediagnostiqueetceluidesurmédicaliserunesituationle
plussouventbénigne–son«intuitionclinique»et«l’épreuvedutemps»sontainsipourlui
essentielles– ; quand le médecin interniste a plutôt tendance à pousser les explorations
jusqu’àavoirconfirméouinfirméuncertainnombred’étiologies.Cettedifférencedansles
moyens mis en œuvre autour du patient s’explique entre autres par «la plus faible
prévalenceetincidencedesmaladiesrencontréesensoinsprimaires»21.
40
Le médecin interniste est donc sollicité pour donner un avis diagnostique sur un
patientsélectionnéenamontparlemédecingénéraliste.Whiteaproposéen1961,dansun
article intitulé«theecologyofmedicalcare»,unmodèle illustrantcetteréalité :aucours
d’un mois, sur 1000 habitants exposés à un problème de santé, 750 signalent des
symptômes, 250 consultent un médecin, 9 sont hospitalisés, 5 sont adressés à un autre
médecin,et1seulestredirigéversuncentrehospitalieruniversitaire29(cf.figure6).
Figure6–LecarrédeWhite29
Spécialistes tous deux du symptôme inexpliqué, l’un dans la sélection du patient,
l’autre dans l’exploration du symptôme, médecin généraliste et médecin interniste
partagent lamême affinité pour l’énigmemédicale et la recherche de la solution pour le
patient.
41
B. Latransversalitédesdisciplines
La médecine générale est une «spécialité clinique orientée vers les soins
primaires»21. Le terme de soins primaires est la traduction française du "primary care"
anglo-saxon.Lemédecindesoinsprimairesestdoncpourlepatientlepremiercontactavec
lesystèmedesantéetceluiquidoitpouvoirapporteruneréponseàunegrandemajoritéde
besoinsindividuels.
La transition épidémiologique qui a vu la prévalence des maladies chroniques
l’emportersurcelledesmaladiesinfectieusesaparailleursredéfinilesmissionsdumédecin
généraliste:ilesteneffetamenéàêtrelerelainaturelduspécialisted’organeetàassurer
enambulatoirelesuividesmaladieschroniques.
Les médecins internistes revendiquent de leur côté un rôle «d’intégrateur des
savoirsmédicauxspécialiséspourêtreenmesurederépondreefficacementauxsituations
decomorbidité.»30
Lesdeuxdisciplinessecaractérisentdoncpar leurcapacitéàgérerunproblèmede
santé non sélectionné, s’intégrant quelquefois dans un cadre plus large de patient poly-
pathologique.Ellessupposentunespritdesynthèseleurpermettantd’intégrerchacunedes
couchesd’informationsetdesavoirstrèshétérogènes.
42
C. Uneapprocheholistique
L’holismeest la théorie selon laquelle l’homme est un tout indivisible qui ne peut
être expliqué par ses différentes composantes (physique, physiologique, psychique)
considéréesséparément.
Jetienspourimpossibledeconnaîtrelespartiessansconnaîtreletout,nonplusquedeconnaîtreletoutsansconnaîtreparticulièrementlesparties.31Pascal
Lesymptômeestalorsconsidérécommeune«souffrance»etlaconnaissancedela
maladieseconstruitàpartirdela«représentation»quelepatients’enfait.C’estlemodèle
«biopsychosocial»proposéparlepsychiatreEngel32dèslesannées1970.
ParmilescompétencesdumédecingénéralistedéfiniesparlaWONCA21,onretrouve
ainsilacapacitéà«développeruneapprochecentréesurlapersonnedanssesdimensions
individuelle, familiale, et communautaire »; la médecine interne revendique la même
approche33et parle de «médecine globale tenant compte du patient mais aussi de son
environnement,socialouéconomique,ainsiquedesapersonnalitéetdesonpsychisme.»
L’approcheholistiques’opposeenthéorieau«modèlebiomédical»quis’intéresse
d’abord à l’organe et à son fonctionnement avant de considérer l’individu. Rappelons
cependant que la pratique de la pensée linéaire est par définition indispensable au
raisonnement du «spécialiste d’organe» et est essentielle à l’enseignement initial des
étudiants. Les deux approches ne sont d’ailleurs pas exclusivesmais complémentaires: il
seraitainsi fauxdepenserqu’ilexisteraitdesmédecinspurementbiomédicauxetd’autres
purementholistes,chacunpouvantêtreamenéselonlescirconstancesàprivilégierl’uneou
l’autredesdeuxapproches.
Pourreprendrelemodèledusystèmecomplexe,lavisionholistepermetenquelque
sorte l’assimilation des conditions initiales relatives au patient: lemédecin généraliste se
considèreainsicommeun«spécialistedelacomplexité»12,lemédecininternistecommeun
«coordinateurduchaos»28.Lacollaborationentrelesdeuxdisciplinesestdoncessentielle.
43
2ndePARTIE:LACOMPLEXITÉETLETRAVAILENCOLLABORATION
Le patient doit donc, selon les circonstances, être envisagé par le médecin sous
l’angle de la complexité. Parmi les solutions qui peuvent lui permettre de mieux
appréhender ces situations, nous nous sommes intéressés dans cette seconde partie à la
collaborationhospitalière, etplusparticulièrementà cellequiunit le servicedemédecine
internedel’HôpitalEuropéenGeorgesPompidouaveclesmédecinslibérauxdeproximité.
I. DELADIFFICILEMESUREDELACOMPLEXITE
Lacomplexitéest-ellequantifiable?Laproblématiquedelamesuredelacomplexité
n’est pas nouvelle, comme le rapporte Barbara Turner dans un article intitulé «the
complexity of measuring clinical complexity» paru dans la revue Annals of Internal
Medicine34.
Cette question de la mesure de la complexité a particulièrement intéressé les
assurancesetlesgestionnairesdesanté.Laréformedufinancementdesétablissementsde
santé35en2007aparexemplemontrélesdifficultésrencontréespourvaloriser«àl’acte»
les spécialités médicales qui, comme la médecine interne, «sollicitent davantage l’acte
intellectuel et sont attentives à la singularité des patients». En médecine libérale, la
conventionmédicale36de2011areconnulaproblématiquedelarémunérationdecertaines
consultations,dites«longuesetcomplexes»età«hautevaleurmédicaleajoutée».
Plusieurs auteursont ainsi proposédemesurer la complexitédespatients selon le
nombre de comorbidités37 ou selon des facteurs socio-économiques38.C’était oublier que
l'étude isolée d’une partie constituait une perte irrémédiable pour la compréhension du
tout.Nousreconnaissonsvolontiersavoirnous-mêmescommiscetteerreur(cf.discussion).
44
Richard Grant, dans un article19 paru en 2011 dans la revue Annals of Internal
Medicine,aabordélaproblématiquedelacomplexitéàrevers:ilademandéauxmédecins
de premier recours de désigner de manière empirique ceux de leurs patients qu’ils
considéraient comme complexes; puis il a utilisé cette cohorte de patients comme base
pour ses recherches. Si la principale limite de cette approche est une grande variabilité
individuelledanslerecueildedonnées–chaquemédecinayantunevisionpersonnelledece
qu’estlacomplexité–,ellepermetcependantd’envisagerlacomplexitésouslaperspective
desonprincipalinstigateur,enl’occurrencelemédecindepremiersrecours.
Notreproposn’estdoncpasicidemesurerlacomplexitéenmédecinegénérale–ce
qui nous paraît compliqué – mais plutôt de nous placer du côté du médecin libéral et
d’évaluer l’apportd’unappuihospitalierponctuel,viaunservicede télémédecine,dans la
priseenchargedecertainesconsultationspossiblementcomplexes.
45
II. LACOLLABORATIONAVECLESERVICEDEMÉDECINEINTERNEDEL’HEGP
A. Difficultésd’accèsausecteurhospitalier
La loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la
santéetauxterritoires39placelemédecingénéralisteaucentredelacoordinationdessoins,
en lui confiant la responsabilité « d’orienter ses patients selon leurs besoins » et «de
coordonnerlessoinsnécessaires».Ils’agitpourluidemobiliserlesressourceshumaineset
techniques à sa disposition, tout en intégrant les contraintes de temps, de lieu et
d’économiedesanté.Làencore,cesontlesnotionsanglo-saxonnesde«gatekeeper»etde
«managercare»quitraduisentlemieuxcerôlederégulateurdusystèmedesanté.
Lemédecindesoinsprimairesremplitainsiunrôledemédiateurentrelepatientet
lesystèmedesanté,quanddessoinsplusspécialiséssontnécessaires.
Cependant, lesdifficultésd’accèsausecteurhospitalierpourlemédecingénéraliste
sontnombreuses:
o seules 40% des demandes d’hospitalisation programmée par le médecin généraliste
aboutissent à une hospitalisation effective alors que l’indication d’hospitalisation est
réelle40;
o environ10%despatientshospitalisésaprèsleurpassageparlesurgencesauraientpu
l’êtredirectementdansleserviced’accueil,dufaitdeleurstabilitéclinique41;
o lesobstaclesrencontrésparlesmédecinsgénéralistessontmultiples42:
§ lemanquedetempsdisponibleaucabinet;
§ lesdifficultéspourtrouveruninterlocuteurhospitalier;
§ l’accessibilité trop limitée aux consultations spécialisées et/ou aux lits
d’hospitalisation.
46
B. Leservicedemédecineinternedel’HEGP
L’Hôpital Européen Georges-Pompidou est situé dans le 15èmearrondissement de
Paris (cf. figure 7). Il est né en 2001 de la fusion des anciens hôpitaux Boucicaut (15ème),
Broussais(14ème)etLaennec(7ème)etdelareconversiondel’hôpitalRothschild(12ème).Avec
830 lits d’hospitalisation, il répond aux besoins de santé de près de 600 000 habitants,
essentiellementdu sud-ouestparisien (7ème, 15èmeet16èmearrondissementdeParis; Issy-
les-Moulineaux).
Figure7–Situationdel’HEGPdanslebassinparisien
Leservicedemédecineinternedel’HEGPdisposede57litsd’hospitalisationetd’un
hôpitaldejour.C’estunservicedemédecinepolyvalente,assumantunrôlediagnostiqueet
thérapeutiquede«généralistehospitalier»;environ70%desonactivitéestainsiconsacrée
àl’avaldesurgences.
LeProfesseurJacquesPouchot,chefdeservicedepuis2011,asouhaitédévelopper,
parallèlement à cette mission d’aval d’urgence, une collaboration privilégiée avec les
médecins généralistes du secteur. Des rencontres avec les associations de médecins du
15èmearrondissementetd’IssylesMoulineauxsontainsirégulièrementorganisées,àl’HEGP
etenville.
HEGP%
47
C. Unnuméroprioritaired’accèsauservice
Afin d’améliorer la collaboration entre la médecine de ville et la médecine
hospitalière,leservicedemédecineinternedel’HôpitalEuropéenGeorgesPompidouamis
enplaceun serviced’assistance téléphonique. Cette structuredoit permettre aumédecin
libéraldejoindrerapidementetdirectementunmédecinhospitalierpourdemanderunavis
concernant la prise en charge de patients relevant a priori de la médecine interne. La
permanencetéléphoniqueestassuréedulundiauvendredide9hà18h30parlesmédecins
internistesséniorsduservice.
Lesobjectifsdecepartenariatsontmultiples:
o pourlepatient:
§ amélioreràtermelaqualitédesapriseencharge;
§ faciliterl’organisationdesonparcoursdesoinsauseindusystèmedesanté;
o pourlemédecinlibéral:
§ améliorerlacollaborationaveclamédecinehospitalière;
§ conseillersurunepriseenchargediagnostiqueouthérapeutique;
§ faciliterl’accèsàl’offrehospitalière:
- auxconsultationsspécialisées;
- auxhospitalisations;
- auplateautechniquedel’hôpital;
o pourleservicedemédecineinterne:
§ améliorerlacollaborationaveclamédecinedeville;
§ diversifierlerecrutementduservice;
o pour l’hôpital : éviter les passages inappropriés par les urgences en favorisant les
hospitalisationsdirectes.
48
L’existence du numéro est mentionnée à la fin de tous les courriers et comptes
rendusduservice.Ellefaitégalementl’objetdecampagnesd’informationrégulièreslorsde
réunionsaveclesmédecinsdeproximitéetparladistributiondeprospectus(cf.figures8).
Une après-midi hebdomadaire de consultation est par ailleurs exclusivement
consacréeaunuméroprioritaire,afindeproposeraumédecingénéralisteunaccès rapide
poursonpatientàlaconsultationspécialiséeduservice.
Cettestructureexistedansd’autresvillescommeRennes43,Nantes44etLimoges45.
Figure8–Plaquetteinformativedunuméroprioritaire
49
III. MATÉRIELETMÉTHODES
A. Objectifs
L’objectifprincipaldecetravailétaitd’évaluerl’appuiapportéaumédecinlibéralen
consultation par la collaboration téléphonique avec le service de médecine interne de
l’HôpitalEuropéenGeorgesPompidou.
Les objectifs secondairesétaient de mesurer la prévalence des consultations
complexesparmilesappelsreçus,d’évaluerl’activitédelastructure,dedécrireleprofildes
médecins libéraux, leurs motifs de recours et les réponses apportées par le service de
médecineinterne,etenfind’identifieraveceuxd’éventuelsaxesd’amélioration.
B. Déroulementdel’étude
Il s’agit d’une étude descriptive prospective qui s’est déroulée du 1er juillet au 31
décembre 2014. La population concernée était lesmédecins libéraux ayant eu recours au
numéroprioritairedelamédecineinternedel’HEGPpendantcettepériode.
C. Recueildedonnées
Pourchaqueappelontéténotésparlemédecininterniste(cf.annexe1):ladate;le
motifde recours; lenomdumédecin libéralà l’originede l’appel; lescaractéristiquesdu
patientpourlequell’appelaétépassé;lasolutionproposéeparlemédecinhospitalier.
Lemédecinlibéralétaitensuiterecontactédanslasemainequisuivaitsonappelafin
derecueillirparquestionnaire(cf.annexe2):sontyped’exercice; lanotiondecomplexité
delasituationayantmotivésonappel;sondegrédesatisfactionsurlasolutionproposée;
le recours en 1ère intention au numéro prioritaire pour son patient; la disponibilité du
médecinhospitalier;lanotiondepassageparlesurgencesévitépourlepatient.
50
Ilaparailleursétédemandé,aumédecinlibéraletaumédecininterniste,silemotif
de recours aunuméroprioritaire relevait seloneuxdudomained’activitéde lamédecine
interne.
Les diagnostics retenus et le délai de prise en charge effectif des patients vus en
consultationouenhospitalisationétaientensuiterecueillisparanalysedesdossiers.
A l’issu de cette première phase, lesmédecins libéraux qui le souhaitaient étaient
recontactés afin de recueillir lors d’un entretien individuel semi-dirigé des données
qualitatives sur les points positifs et/ou négatifs de la structure et sur d’éventuels axes
d’amélioration.Nousrapportonsicilesprincipauxverbatimissusdecesentretiens.
D. Mesureducritèredejugementprincipal
Nousavonsdécidédemesurerlecritèredejugementprincipal–l’appuiapportéau
médecingénéralistepar lacollaborationtéléphoniqueavec leservicedemédecine interne
de l’HEGP – à partir d’un score composite basé sur les missions initiales du numéro
prioritaire,comprenant5critères:
o la disponibilité du médecin interniste: exprimé en pourcentage de médecins se
déclarant«toutàfaitsatisfait»;
o la qualité de la solution apportée: exprimé en pourcentage de médecins se
déclarant«toutàfaitsatisfait»;
o ledélaidepriseenchargedupatient:expriméenpourcentagedepatientsprisen
charge par le service, en consultation ou en hospitalisation, dans un délai effectif
strictement inférieur à celui décidé conjointement par le médecin interniste et le
médecingénéralistelorsdel’appel;
o lanotiondepassageparlesurgencesévité:expriméenpourcentagedepatients;
51
o le recours au numéro prioritaire en 1ère intention: témoin de la collaboration
privilégiée entre la médecine libérale de proximité et le service, exprimé en
pourcentaged’appelreçus.
Nousavonsconsidérécomme«adapté»ledélaidepriseenchargedupatientsi:
o pourl’hospitalisationd’urgence:délai<24heures;
o pourlaconsultationd’urgence:délai<7jours;
o pourlaconsultationetl’hospitalisationconventionnelles:délai<30jours.
Les patients perdus de vus ou étant finalement passés par les urgencesmalgré la
programmationd’uneconsultationoud’unehospitalisationontétéconsidéréscommedes
échecsdanslarapiditédelapriseencharge.
E. Mesuredelaprévalencedelaconsultationcomplexe
Nous avons posé la question fermée suivante auxmédecins libéraux recontactés :
«Considérez-vouslapriseenchargedecepatientcommecomplexe?».Ladéfinitiondece
qu’estlacomplexitéétaitlaisséeàl’appréciationdechacun.
NousavonsensuitecomparécechiffreàceluirapportédanslasériedeRichardGrant
(cf.paragrapheII),dontlaméthodologiederecueilestsuperposableàlanôtre,paruntest
de chi2. L’objectif était dedémontrer que la structure s’adresseplus particulièrement aux
consultations pour lesquelles la situation devient «complexe», faisant envisager par le
médecinlibérallerecoursàunappuihospitalier.
52
F. Présentationduprojet
Leprojetetsesobjectifsontétéprésentésàl’équipedemédecineinternelorsd’une
réunionlevendredi23mai2014etauxmédecinsgénéralistesprésentslorsd’unesoiréede
formationquis’esttenueàl’HEGPlemardi24juin2014.
G. Testpréalabledesquestionnaires
Les deux questionnaires de recueil de données ont été testés au préalable par un
médecingénéralisteetparunmédecinhospitalier.Iln’yapaseuaudécoursdemodification
deleurcontenu.
H. DéclarationàlaCommissionNationaledel’InformatiqueetdesLibertés
Lerecueildedonnéesconcernant lesmédecins libérauxet lespatientsconcernésa
fait l’objet d’une déclaration à la CommissionNationale de l’Informatique et des Libertés
(déclarationN°1776625;cf.annexe3),réaliséele26juin2015.
53
IV. RÉSULTATS
A. Activitédelastructure
Entre le 01 juillet et le 31 décembre 2014, 92 appels ont été recensés, soit une
moyenne de 0,60 appel par jour ouvré (152 jours ouvrés sur la période de 6 mois en
comptant les samedis). Les répartitions mensuelle et hebdomadaire des appels sont
donnéesdanslesfigures9et9bis.Onnoterauneplusforteactivitéaumoisd’octobre(21
appelssoit22,8%)etlelundi(22appelssoit23,9%).
Figure9–Répartitionmensuelledel’activitédunuméroprioritaire
Figure9bis–Répartitionhebdomadairedel’activitédunuméroprioritaire
0"
5"
10"
15"
20"
25"
Juillet" Aout" Septembre" Octobre" Novembre" Décembre"
Nombre"d'appels"
0"
5"
10"
15"
20"
25"
Lundi" Mardi" Mercredi" Jeudi" Vendredi" Samedi"
Nombre"d'appels"
54
B. Profildesmédecinslibéraux
49médecinsdifférentsontutiliséenmoyenne1,9 fois lenuméroprioritaire sur la
périodede6mois(1médecinacependantappeléà8reprises).38deces49médecins(77%)
ontréponduausecondquestionnaire(76questionnairesrecueillissur92appels,soit82,6%).
Leprofildesmédecinslibérauxestrapportédanslafigure10.Lenuméroestquasi-
exclusivement utilisé par les médecins généralistes (98%; 1 médecin rhumatologue) qui
exercentdanslesecteurdel’HEGP(83,7%),encabinetdegroupe(47,5%)ouseuls(39,5%).
L’âgemoyenestde52ans,avecunemajoritéd’homme(SR=1,23).
Profilsdesmédecinslibéraux
Agemoyenâgesextrêmes
SexeRatio(H/F)
FemmeHomme
Spécialité
médecingénéralistespécialiste
Secteur
Issy-Les-MoulineauxParis7èmeParis15èmeParis16èmeHorssecteur
Typed’exercice
seulcabinetdegroupecentredesanté
maisonderetraiteurgencesmédicalesdeParis
ParticipationauxFormations
MédicalesContinues
52,5ans28-65ans
1,23
22/49(44,9%)27/49(55,1%)
48/49(98%)1/49(2%)
4/49(8,2%)1/49(2,0%)29/49(59,2%)7/49(14,3%)8/49(16,3%)
15/38(39,5%)18/38(47,5%)2/38(5,2%)2/38(5,2%)1/38(2,6%)
37/38(97,4%)
Figure10–Profildesmédecinslibéraux
55
C. Critèredejugementprincipal
L’appui apporté au médecin généraliste par la collaboration téléphonique avec le
service demédecine interne de l’HEGP– critère de jugement principal de ce travail – est
évaluéàpartir d’un score compositebasé sur lesmissions initialesdunuméroprioritaire,
comprenant5critères(cf.figure11):
Figure11–Critèredejugementprincipal
o ladisponibilitédumédecin interniste:84%desmédecinsgénéralistessedéclarent
«toutàfaitsatisfait»deladisponibilitédumédecinhospitalier(64sur76appels);
o la qualité de la solution apportée: 66% des médecins généralistes se déclarent
«toutàfaitsatisfait»del’avisproposéparlemédecinhospitalier(50sur76appels);
o lepassageparlesurgencesévitépourlepatient:85%despatientsontpuéviterun
passageparlesurgences,quandlasituations’yprêtait(44patientssur52situations
oùlepassageparleSAUétaitinitialementenvisagéparlemédecinlibéral);
0%#
10%#
20%#
30%#
40%#
50%#
60%#
70%#
80%#
90%#
100%#
Délai#de#prise#en#charge#du#pa<ent#
Disponibilité#du#médecin#hospitalier#
Sa<sfac<on#sur#la#solu<on#apportée#
Recours#en#1ère#inten<on#au#
numéro#prioritaire#
Passage#aux#urgences#évité#
56
o la collaboration médecine libérale – médecine hospitalière: 83% des médecins
libérauxontutilisélenuméroprioritaireen1èreintentionpourleurpatient(63sur76
appels);
o ledélaidepriseenchargedupatient:75%despatients(52sur69patients)ontété
pris en chargedans le service, en consultationouenhospitalisation,dansundélai
considérécomme«adapté»(cf.MatérieletMéthodes).7patientsontétéperdusde
vuset2patientsontétéfinalementorientésverslesurgencesparlemédecinlibéral
malgrélaprogrammationd’uneconsultationoud’unehospitalisationdansleservice.
57
D. Laconsultationcomplexe
82,9%desappelsrecueillispourlesquelsnousavonsobtenusdumédecinlibéralun
retour (63 sur 76 appels) concernaient des consultations jugées «complexes» par le
médecin.
Cette prévalence de consultations complexes parmi les appels reçus est
significativementplus importantequecelle rapportéedans la sériedeRichardGrantdans
son article sur la complexité en soins primaires paru en 2001 dans Annals of Internal
Medicine(p<0,0001;cf.figure12).
Figure12–PrévalencedesconsultationscomplexesComparaisonsérieHEGP(82,9%;IC0,95=74,4–91,4)
VssérieGrant(26,2%;IC0,95=24,9–27,5)
83%$
26%$
0%$
10%$
20%$
30%$
40%$
50%$
60%$
70%$
80%$
90%$
100%$
Série$HEGP$(n$=$76)$ Série$Annals$of$Internal$Medicine$(n$=$4302)$
Prévalence$des$consultaGons$complexes$
58
E. Orientationdupatientetdélaieffectifdepriseencharge
Al’issudel’entretientéléphonique,20%desappelsontaboutiàunconseilmédical;
46%àunepriseencharge«urgente»,enconsultation(22%)dansundélaimoyende4jours
ouenhospitalisation(24%)dansundélaiinférieurà24heures;30%àunepriseencharge
«différée», en consultation (16%)dansundélaimoyende19 jours ouenhospitalisation
(14%)dansundélaiinférieurà5jours;ànoterque4patients(4%desappels)ontdûêtre
orientésdirectementverslesurgencesdel’hôpital(cf.figure13).
Figure13-Orientationdespatientsetdélaidepriseencharge
On notera que 19 patients ont été dans un second temps orientés vers une autre
spécialité médicale, une fois le diagnostic porté dans le service. Le médecin interniste
remplitainsiunrôlede«coordinateurmédical»auseinmêmedel’hôpital.
18#
20#
22#
15#
13#
4#4,15#
0,6#
18,7#
4,6#
0#
5#
10#
15#
20#
25#
Conseil#médical# Consulta:on#d'urgence#
Hospitalisa:on#d'urgence#
Consulta:on#programmée#
Hospitalisa:on#programmée#
Orienta:on#vers#le#SAU#
Nombre#d'appels# Délai#de#prise#en#charge#(en#jours)#
59
F. Motifsderecours
Les patients adressés étaient essentiellement des femmes (SR = 0,39) avec un âge
moyende60,4ans(âgesextrêmes:18-95ans).Ils’agissaitd’un«nouveaupatient»pour
lemédecinlibéraldans25%descas(19sur76patients).
Lesmotifsderecourssontexposésdans les figures14et14bis. Il s’agissait leplus
souvent d’une demande d’avis diagnostique (83% des appels), face à un symptôme
inexpliqué(42%),uneanomaliebiologique(38%)oudessignesgénéraux(27%).
Figure14–Motifsderecoursaunuméroprioritaire
Lenuméroprioritaireaparailleurspermisaumédecinlibérald’accéderdirectement
auplateautechniquedel’hôpital,quecesoitpourunedemandedetransfusion(3patients)
oupouruntraitementantibiotiqueparvoieintraveineuse(4patients).
7%#
17%#
27%#
38%#
42%#
0%# 5%# 10%# 15%# 20%# 25%# 30%# 35%# 40%# 45%#
Suspicion#de#maladie#systémique#
Avis#thérapeu@que#
Signes#généraux#(AEG#/#fièvre#/#douleur)#
Anomalie#biologique#
Symptôme#inexpliqué#
60
Lessignesrapportésétaientmultipleschezplusd’untiersdespatients(37%).
Symptômeinexpliquésystématiséàunorgane(42%)Arthralgies(10/92)/Signescutanés(7/92)/Œdèmes(7/92)
Signesneurologiques(7/92)/Signesdigestifs(5/92)
Adénopathie(4/92)/Vertiges(4/92)/Dyspnée(4/92)
Tuméfaction(3/92)/Malaises(3/92)/Signesvisuels(3/92)/Céphalées(2/92)/Myalgies(2/92)
Anomaliebiologique(38%)Hématologie(19/92)dontanémie(13/92)
Syndromeinflammatoirebiologique(13/92)
Sérologieinfectieusepositive(3/92)/Hypercalcémie(2/92)
Signesgénéraux(27%)Altérationdel’étatgénéral(17/92)
Fièvre(8/92)
Syndromepoly-algique(2/92)
Priseenchargethérapeutique(17%)Conseilthérapeutique(8/92)dontantibiothérapie(5/92)
Hospitalisationpourantibiothérapieintraveineuse(4/92)
Demandedetransfusion(3/92)
Suspiciondemaladiesystémique(6%)MaladiedeHorton(3/92)
Polyarthriterhizomélique(3/92)
Figure14bis–Motifsderecoursaunuméroprioritaire
Selonlemédecininternisterecevantl’appel,89%(82sur92appelsreçus)desmotifs
de recours au numéro prioritaire relevaient effectivement du domaine de sa spécialité.
Selonlemédecinlibéral,96%desappels(73sur76appelsémis)concernaientunesituation
appartenantauchampdecompétencedumédecininterniste.
61
G. Diagnosticsretenus
Lesdiagnosticsretenusrelevaientessentiellementdudomainedelamédecineaiguë
polyvalente.Aucundiagnosticformeln’apuêtreidentifiéchez6patients,soitenviron10%
des demandes d’avis diagnostique de la part du médecin libéral (sur 58 patients vus en
consultationouenhospitalisationpourunavisdiagnostique).Cespatientsontnéanmoins
étérevusenconsultationparlemédecininternisteàdistancedel’appel.
Sixpatientsontparailleursétéadressésparlemédecinlibéralpourunesuspicionde
maladiedeHortonet/oudepolyarthriterhizomélique,suspicionparlasuiteconfirméepour
quatred’entreeux.
Lafigure15rapportecinqdiagnosticsportés,chezlespatientsadresséspendantces
6 mois, qui sont parmi les plus «représentatifs » du rôle de sélection du patient par le
médecingénéralisteetceluid’explorationdusymptômeparlemédecininterniste:
TerrainSignesrapportés
parlemédecinlibéral
Diagnosticretenu
parlemédecininterniste
Hommede69ans Poly-adénopathiesetprurit LymphomedeHodgkin
Femmede42ans Anesthésiedelahouppedumentonetbicytopénie Leucémieaiguelymphoblastique
Femmede59ans Fièvre,myalgiesetsyndromeinflammatoirebiologique ThyroïditedeDeQuervain
Femmede39ans Syndromeœdémateuxethyper-éosinophilie Syndromedesanti-synthétases
Femmede78ans Fièvreprolongée Polychondriteatrophiante
Figure15–5diagnostics«représentatifs»desmissionsdesdeuxspécialitésmédicales
Un patient est décédé dans le servicedes suites de l’évolution de sa maladie
(néoplasiedigestiveàunstademétastatique) ; ilavaitpuêtrehospitalisé48heuresaprès
l’appeldumédecin libéral.Unautre aduêtre transféréen réanimationmédicaledès son
arrivéedansleservice(chochémorragique); ilavaitétéprisenchargele jourmêmedela
réceptiondel’appelparlemédecininterniste.
62
H. Rencontreaveclesmédecinsgénéralistes
A l’issu de cette première phase, cinqmédecins généralistes ont accepté de nous
recevoir en entretien. Nous rapportons ici les principaux verbatim évoqués lors de ces
entretiens,quiontduréchacunenviron45minutes.
1. Cequiestapprécié
Lemédecininternisteestd’abordappréciépourson«expertisemédicaleponctuelle
dans une situation donnée», et notamment pour sa compétence dans le domaine
diagnostique. Le numéro prioritaire est alors perçu comme une « aide à la prise de
décision»,un«appuiàunproblèmediagnostique»oumêmeune«réponseàunproblème
nonstéréotypé».
Tous reconnaissent la disponibilité dumédecin hospitalier permise par lamise en
placedunuméro,ainsiquelarapiditédelaréponseapportée.
Unmédecinutiliselenuméroprioritaireentreautrespoursonrôlethérapeutique,lui
facilitant l’accès au plateau technique du service, notamment pour des demandes de
transfusionsponctuelles.
Un autre évoque les économies de santé permises par le numéro prioritaire, en
«évitant[poursonpatient]desexplorationsinutiles».
Cemêmemédecin apprécie également la structure pour son aspect «rassurant et
sécurisant»,quandlasituationdevient«incertaine».
Enfin, la structure participe à améliorer la collaboration avec la médecine
hospitalière,s’intégranttoutàfaitdansleréseaupersonneldumédecinlibéral.Lenuméro
est alors perçu comme une «solution de repli», permettant quelquefois de rapidement
«passerlamainauspécialiste».
63
2. Cequiestregretté
Dans l’ensemble, les médecins libéraux rencontrés se disent satisfaits de la
collaborationavecleservicedemédecineinterne.Unmédecinnevoitmême«aucunpoint
négatif»aunuméroprioritaire.
Néanmoins,deuxmédecinspointent«l’hétérogénéité»dudegréd’implicationetde
laréponseapportée,enfonctionnotammentdel’interlocuteurhospitalieretdumomentde
l’appel – l’un d’entre eux ayantmêmequelquefois l’impression de «déranger lemédecin
interniste».
Certainsdénoncentle«manqued’échanges,dediscussionetdecollégialité»dansla
prisededécision,unefoislepatientconfiéauservicedemédecineinterne.
Unautrearegretté lemanquedeconfiancedelapartdumédecinhospitalierdans
l’intuitioncliniquedumédecinlibéralmotivantl’appel:«sivouspensezàappelerl’hôpital,
c’estqu’ilyaunproblème!Onn’appellepastouslesjours.»
Enfin, les médecins libéraux contestent quelquefois l’avis proposé «sans voir le
patient»parlemédecininterniste.Unmédecinreconnaitcependantqu’illuiappartientde
prendre la décision finale et que l’avis sollicité par téléphone ne peut être que
«consultatif».
64
3. Améliorationssouhaitées
Lesmédecinslibérauxsouhaitentconnaîtred’avantagelesmédecinsinternistes,afin
dedévelopperl’aspect«personnel»delastructure:«ilfautqu’onseconnaisse!»;«cela
permettrait de savoir comment chacun fonctionne». Un médecin reconnait volontiers
«court-circuiter» le numéro prioritaire et appeler directement le chef de service,
notammentpourlarelationdeconfiancequ’ilapudévelopperaveclui.
Un médecin a également évoqué le rôle formateur du retour d’information
concernantlespatientsqu’ilconfieauservice,vialenuméroprioritaire:«sionm’explique,
lemalade suivant, je peux apprendre à le gérer seul.»; «s’il n’y a pas d’échanges, je ne
peuxpassavoirsimaconduiteétaitadaptée.»
Enfin, unmédecin a souhaité«élargir leshoraires»d’accès aunuméroprioritaire,
étantlui-mêmeamenéàconsultertardlesoirouleweek-end.
4. Attentesdumédecinlibéralvisàvisdumédecininterniste
Lorsdecesentretiens,quelquesmédecinslibérauxontévoquécertainsaspectsdela
pratique de la médecine en cabinet: on retiendra entre autres la transversalité de la
discipline(«onnepeutpastoutsavoir!»),l’importancedelapatientèle(«jevoisentre30
et40patientspar jour»),lamissiondesélectiondupatient («le rôledes soinsprimaires,
c’estdedépisteretdefiltrerlesconsultations»)etlerôledecoordinateur,quanddessoins
plusspécialiséssontnécessaires(«ilfautconnaîtrenoslimitesetsavoirpasserlamain»).
Ces compétences s’accordent avec leurs attentes vis à vis dumédecin interniste :
«quand cen’estpas stéréotypé, c’est la galère; ceque jedemandeàun interniste, c’est
justement une réponse à un problème non stéréotypé». La médecine interne est alors
considéréecommeune«médecinedel’excellence».
65
V. DISCUSSION
A. Lacollaborationhospitalière
Lenuméroprioritaireapermisderépondreà92appelsdejuilletàdécembre2014,
soitunemoyennede0,6appelsparjour.Cetteactivitéestendeçàdecellerecenséedans
des structures identiques, commeàRennes43 (2,3 appelspar jour en2005)ouàNantes44
(4,4appelsparjouren2014).Cettedifférencepeutêtreexpliquéeparuneoffrehospitalière
plusimportantedanslebassinparisienetdoncd’avantagesdepossibilitéspourlemédecin
libéral de recourir à un appui hospitalier. Il faut également noter qu’à la différence de
RennesetdeNantes,lenuméroprioritairenes’adressequ’àlamédecinelibérale;lesappels
intraetinter-hospitaliernesontdoncicipascomptabilisés.
La quasi-totalité des médecins appelants étaient des médecins généralistes (98%)
exerçantdans lesecteurde l’HEGP(83,7%).Lapermanencetéléphoniqueparticipedoncà
développerunecollaborationprivilégiéeentre l’HôpitalEuropéenGeorgesPompidouet la
médecinegénéraledeproximité.
Unemajoritédemédecins(83%)autilisélenuméroprioritaireen1èreintentionpour
leurpatient:leservicedemédecineinternedel’HEGPsemblefairepartieintégrantedeleur
réseaupersonneldesanté.
La mise en place de ce partenariat en 2012 a permis de répondre en partie aux
difficultésrencontréesparlesmédecinslibérauxpouraccéderàl’offrehospitalière,quece
soitentermesdedisponibilitédumédecininterniste(84%desatisfaction),dedélaideprise
enchargedupatient(75%depatientsprisenchargedansundélaiadapté)oud’accèsàla
consultation ou à l’hospitalisation du service (87% des demandes de la part du médecin
libéralontaboutiesàuneconsultationouàunehospitalisationeffectives).
Le numéro prioritaire remplit d’autant mieux sa mission que la majorité des
médecinsrequérants(66%)sedéclarent«toutàfaitsatisfaits»delasolutionapportéepar
lemédecinhospitalierpourleurpatient.
66
Larapiditédepriseenchargedansleserviceaenoutreévitéuncertainnombrede
consultations aux urgences (44 patients sur 52 situations où le passage par le SAU était
initialement envisagé par lemédecin libéral). Ce passage par les urgences est souvent la
solutiondedernierrecourspour lemédecin libéralquandaucuneautreorientationn’apu
êtretrouvéepourlepatient38.
Enfin,letauxderéponseausecondquestionnaire(82,6%)démontrel’intérêtsuscité
parunetellestructureauprèsdesmédecinslibéraux.Lagénéralisationdel’outilàd’autres
spécialitésmédicalesdel’hôpital,commec’estdéjàlecasàRennes43,pourraitpermettrele
décloisonnementdel’hôpitaletl’ouverturesurlamédecinedeproximité.
B. L’effetcentre
Il est intéressant de noter parmi les patients adressés la fréquence des signes
hématologiques (21%), articulaires (11%), cutanés (8%), ou neurologiques (8%), dont
l’explorationrelèvedespécialitésmédicalesabsentesà l’HEGPetpour lequel lamédecine
interne,spécialitépolyvalentepardéfinition,prendicinaturellementlerelai.
La spécificité du service de médecine interne de l’HEGP, de par sa situation
géographiqueparticulièreauseindubassinparisienetlapolyvalencedel’offredesoinsqu’il
propose,nepermetpasd’extrapolerlesrésultatsàd’autresréseauxville-hôpital.Lamiseen
place du numéro prioritaire en 2012 répondait ainsi à un besoin local de développer une
collaborationprivilégiéeaveclamédecinedeproximité.
67
C. Unenécessairecommunicationentrelesdeuxspécialités
Les médecins libéraux ont tous abordé en entretien le problème difficile de la
communication,quecesoitautourdesdécisionsprisespourlepatientoupluslargementdu
partenariatavecleservicedemédecineinterne.
Cettecommunicationnécessiteunretourd’informationconcernantlepatientconfié
auservice,ceretourayantpourlemédecinlibéralnonseulementunaspectinformatifmais
un intérêt formateur certain46. La rapidité avec laquelle les courriers et comptes rendus
d’hospitalisationparviennentaumédecintraitantestainsiessentielle.
La télémédecine, au-delà de son aspect «matériel», s’appuie avant tout sur le
volontariatdumédecinhospitalier.Connaître les contraintesprofessionnelleset apprécier
lesqualitéshumainesdechacunpermettraientderenforcer la relationdeconfianceentre
lesdeuxpartiesetd’inscrirecepartenariatdansladurée.
Leservicedemédecineinternedel’HôpitalEuropéenGeorgesPompidou,enréponse
à ces revendications légitimes, a souhaité organiser des rencontres régulières avec les
médecins de proximité et généraliser la «lettre au médecin traitant », courrier médical
remisaupatientàsasortieetdestinéaumédecinlibéral.
68
D. L’obstacledutemps
L’importancedelapatientèleensoinsprimairescontraintlepraticienàneconsacrer
à son patient qu’un temps limité en consultation– 16minutes enmoyenne47 – pendant
lequelilluifautinterroger,examiner,traiteretorientersonpatient.
L’activité de télé-expertise représente en contrepartie un investissement
conséquentpour le médecin interniste : à son activité habituelle de praticien hospitalier
s’ajoutent celles consacrées à la permanence téléphonique et aux consultations qui en
découlent.
Rappelons également que lemédecin libéral sollicite l’interniste aumoment où le
problème se pose à lui en consultation. Cela suppose du médecin hospitalier une
disponibilité constante, afin de toujours considérer l’appel reçu comme bienvenu et
opportun.
Concilierlescontraintesdetempsentrelesdeuxspécialitésestainsilaconditionsine
quanonàunpartenariattéléphoniqueefficace.Lenuméroprioritairesemblerépondreaux
attentesdumédecinensoinsprimaires,notammentpourlegaindetempsqu’ilpermetet
pourlecaractèreimmédiatdelaréponsequ’ilapporte.
69
E. Limitesinhérentesàlatélémédecine
Lepartenariattéléphoniqueentrelamédecineinternedel’HEGPet lamédecinede
proximités’inscritdanslecadrelégalfixéparl’article78delaloi«hôpital,patients,santé,
territoire»du21juillet2009,quidéfinitlerôledelatélémédecine39:
Latélémédecineestunepratiquemédicaleàdistancemobilisantdestechnologiesdel’informationetdelacommunication.Latélémédecinenesesubstituepasauxpratiquesmédicalesactuellesmaisconstitueuneréponseauxdéfisauxquelsestconfrontée l’offrede soins aujourd’hui (accès aux soins, démographiemédicale,décloisonnementdusystème).
Ainsi, pour tout acte de télémédecine48, le médecin est censé consigner dans le
dossierdupatient ladate, l’heure, l’identificationduprofessionneldesantéappelantet le
compte rendu de l’acte réalisé. Actuellement, les avis donnés dans le cadre du numéro
prioritairenesontpasconsignésdansundossierpatient.
Se pose également la problématique d’éventuelles lacunes dans les informations
cliniquesexposéesparlemédecinappelantetsurlequelsebasel’avisdel’expert.Cerisque
d’erreurmédicale est potentiellement renforcépar l’absencede formation spécifiqueà la
télémédecine.SelonlaDirectionGénéraledel’OffredeSoins49,lemédecinrequisdoitalors
«tenircomptedeslimitesinhérentesàlapratiquedelatélé-expertisetellesquelasélection
ou l’altération de l’information transmise par le médecin requérant et, en cas de doute,
solliciteruneexpertisecomplémentaire.»
Enfin, le médecin requis est responsable du diagnostic qu’il pose au regard des
informationsexposéesparsonconfrère.Lemédecinrequérantestquantà luiresponsable
desesprescriptions,mêmesicelles-ciontétéproposéesparunconfrère.
Lemédecingénéralistedoitainsigardersonespritcritiqueafindefairelameilleure
utilisationpossibledel’avissollicité.
70
F. Lacomplexitéenconsultation
L’utilisation parcimonieuse du numéro prioritaire (1,9 appels par médecin en
moyenne pendant ces 6 mois) montre que la structure s’adresse à des situations
particulièresetsélectionnéesparlemédecinlibéral.
L’essentiel des appels reçus (82,9%) a ainsi concerné des consultations jugées
«complexes» par le médecin libéral. Ce taux est supérieur à celui rapporté en soins
primairesdanslalittérature19.
Lenuméroprioritairesembledoncs’adresserplusparticulièrementauxconsultations
pour lesquelles la situation devient complexe, faisant envisager par le médecin libéral le
recoursàunappuihospitalier.
Nousavonsparailleurscommisuneerreurdanslaméthodologieinitialerelativeàla
mesuredelacomplexité:lemédecinlibéraldevaiteneffetdéfinirledomainedecomplexité
concerné,entrelescomorbiditésmédicalesdupatient,sasituationsociale,l’organisationdu
parcoursdesoinsoulaprisededécisionmédicale(cf.annexe2).Cetteapprochelinéairene
permet pas d’envisager les intrications inhérentes à la complexité34. Nous n’avons pas
souhaitérapportercesrésultats.
71
G. Continuitéentremédecinegénéraleetmédecineinterne
Lesmédecins libérauxont tousévoquéenentretien le rôledifficiledesélectiondu
patientensoinsprimaires29.
Les motifs de recours concernaient le plus souvent des problèmes diagnostiques
(83%desappels),faceàunsymptômeinexpliqué(42%),uneanomaliebiologique(38%)ou
dessignesgénéraux(27%).Lemédecinlibéralaconsidéréquelaquasi-totalitédecesmotifs
(96%) relevait du champ de compétence de la médecine interne. L’interniste est ainsi
l’interlocuteur privilégié en cas de diagnostic rendu difficile du fait de symptômes non
spécifiquesouinexpliqués28.
Ilestégalementintéressantdenoterladiversitédessymptômesrapportésensoins
primaires(cf.figure12bis).Lemédecininternisteadesoncôtéestiméêtreenmesurede
répondre à une grande majorité de cette diversité (89%). Les deux disciplines se
caractérisentdoncparleurtransversalité.
Cette continuitédepensée se retrouve jusquedans lesmoyensutilisés,puisque la
consultation, comprenant l’examen clinique et reprenant l’historique du patient,est
finalement«l’actetechnique»essentieletfondamentalcommunauxdeuxdisciplines.
73
VI. CONCLUSION
Lamiseenplaced’unecollaborationtéléphonique,animéeparlemédecininterniste,
a permis de répondre efficacement aux difficultés rencontrées en soins primaires pour
accéderàl’offrehospitalière,quecesoitentermesdedisponibilitédumédecinhospitalier,
dedélaidepriseenchargedupatientoudelaqualitédelaréponseapportée.
La proximité de pensée entre médecins généralistes et internistes a par ailleurs
contribuéàcequesedéveloppententrelesdeuxspécialitésdesrelationsdeconfianceetun
vrai partenariat. Le médecin interniste est ainsi le relai naturel du médecin généraliste
lorsquelasituationdevientcomplexe,faisantenvisagerpourlepatientunappuihospitalier.
L’application de la théorie du chaos en médecine générale a en outre permis de
décrire les difficultés de raisonnement clinique rencontrées en soins primaires. Pour
reprendre le mot d’Edgar Morin1, le défi de la complexité, c’est «l’acceptation d’une
contradiction, et l’idée qu’on ne peut pas escamoter les contradictions dans une vision
euphoriquedumonde.»
Ledéfidelacomplexitéposelaquestiondifficiledesonenseignementenmédecine.
L’organisationactuelledelaformationmédicalejusqu’auxépreuvesnationalesclassantesa
faitdelapenséelinéairelemodèleuniquederaisonnementcliniqueenseignéauxétudiants.
Il leur faudra pourtant, au contact du patient, faire l’expérience des limites de cette
approche.
75
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79
Annexe1:questionnairerempliparlemédecininternisteàréceptiondel’appel
QUESTIONNAIRE+MEDECINE+INTERNE++
Rappel+:"informer"le"médecin"généraliste"qu’il"sera"contacté"dans"la"semaine"par"l’interne"+1. Date+de+l’appel":"_"_"/"_"_"/"_"_"_"_"
"2. Caractéristiques+du+médecin":""
a. Nom":"Dr"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_""b. Remplaçant":" "Oui""""""""""""" "Non"c. Spécialité":" "Généraliste"""""""""""" "Spécialiste"d’organe""""""""" "Autre"(HAD,"réseau"de"santé,"etc)"d. Secteur":" "16ème""""""""""""" "15ème""""""""""""" "7ème""""""""""""" "IssyLlesLMoulineaux"""""""""""" "Hors"secteur"
"3. Caractéristiques+du+patient":"
a. Nom"et+prénom":"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_""b. Sexe":" "Femme" " "Homme"c. Age":"_"_""ans"
"4. Motif+de+recours+au+numéro+d’urgence"(question"ouverte,"utiliser"des"mots"clés)":"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_""_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"_"
""5. Spécialité+concernée+:"selon"vous,"le"motif"de"recours"au"numéro"d’urgence"relèveLtLil"du"domaine"
d’activité"de"la"médecine"interne"?" "Oui"""""""""" "Non""
6. Evaluation+du+degré+d’urgence+par+le+médecin+interniste":""Immédiate"(<"24"heures)""Différée"(entre"24"heures"et"1"semaine)""Relative"(entre"1"semaine"et"1"mois)""Non"urgente"(>"1"mois)""
7. Avis+proposé+par+le+médecin+interniste":""Simple"conseil"médical"téléphonique""Consultation"d’urgence"de"médecine"interne""Hospitalisation"d’urgence"en"médecine"interne""Consultation"programmée"en"médecine"interne""Hospitalisation"programmée"en"médecine"interne""Orientation"vers"le"SAU""Orientation"vers"une"structure"adaptée"autre"que"la"médecine"interne"et"le"SAU"
"""""""
Déclaration+à+la+Commission+Nationale+de+l’Informatique+et+des+Libertés+:+№+1776625"
80
Annexe2:questionnairerempliparlemédecinlibéralàlasuitedesonappel
NUMERO'D’URGENCE'MEDECINE'INTERNE'HEGP'='01'56'09'33'81!'1. Date'de'l’appel!:!_!_!/!_!_!/!_!_!_!_!
!2. Caractéristiques'du'médecin!:!
a. Nom!:!Dr!_!_!_!_!_!_!_!_!_!_!_!_!_!_!b. Age!:!_!_!!ans!c. Spécialité!:! !Généraliste!!!!!!!!!!!! !Spécialiste!d’organe!!!!!!!!! !Autre!(HAD,!réseau!de!santé,!etc)!d. Type'd’exercice!:! !Cabinet!de!groupe!!!!!!!!!! !Seul!e. Participation!aux'formations'médicales'continues!:! !Oui!!!!!!!!!!!!! !Non!
!3. Caractéristiques'du'patient!:!
a. Nom!et'prénom!:!_!_!_!_!_!_!_!_!_!_!_!_!_!_!!b. Sexe!:! !Femme! ! !Homme!c. Age!:!_!_!!ans!d. Suivi!du!patient!:! !Nouveau!patient!!!!!!!!!!!!! !Ancien!patient!
!4. Définition!de'la'notion'de'complexité'du'patient'au'cabinet'de'médecine'générale':'
a. Considérez'vous'la'prise'en'charge'de'ce'patient'comme'complexe'?! !Oui!!!!!!!!!!!!! !Non!b. Si'oui,'indiquez'le'ou'les'domaines'de'complexité'(question!fermée!à!choix!multiples)!:!
!Prendre!une!décision!médicale!(incertitude!diagnostique,!absence!de!consensus,!traitement)!!Orienter!le!patient!selon!ses!besoins!et!organiser!la!coordination!des!soins!!Caractéristiques!médicales!(comorbidités!médicales,!défaut!d’observance,!polyPmédication)!!Contexte!socioPéconomique!(dépendance,!précarité,!isolement,!barrière!linguistique)!!Contexte!psychologique!(troubles!cognitifs,!comorbidités!psychiatriques,!addictions)!
!5. Spécialité'concernée':!selon!vous,!le!motif!de!recours!au!numéro!d’urgence!relèvePtPil!du!domaine!
d’activité!de!la!médecine!interne!?! !Oui!!!!!!!!!! !Non!!6. Recours'au'numéro'd’urgence'pour'ce'patient!:!
!En!1ère!intention!!Après!échec!d’une!autre!orientation!souhaitée!pour!le!patient!
!7. Passage'du'patient'au'service'd’accueil'des'urgences'évité!:! !Oui!!!!!! !Non!!!!! !Ne!s’applique!pas!!8. Enquête'de'satisfaction!:!
a. sur'la'disponibilité'du'médecin'interniste'lors'de'l’appel':!!Très!satisfait!! !Satisfait! ! !Peu!satisfait!! !Pas!du!tout!satisfait!
b. sur!le'délai'de'prise'en'charge'du'patient!:!!Très!satisfait!! !Satisfait! ! !Peu!satisfait!! !Pas!du!tout!satisfait!
c. sur!la'solution'proposée'par'le'médecin'interniste!:!!Très!satisfait!! !Satisfait! ! !Peu!satisfait!! !Pas!du!tout!satisfait!
!''Contact!:!Edouard!FLAMARION!!!Questionnaires'à'renvoyer!:!par!fax!(01!56!09!38!17)!ou!!!par!voie!postale!(Edouard!FLAMARION!–!HEGP!service!de!médecine!interne!P!20!rue!Leblanc!75015!Paris)!
!Déclaration'à'la'Commission'Nationale'de'l’Informatique'et'des'Libertés':!№'1776625!
81
Annexe3:déclarationalaCommissionNationaledel'InformatiqueetdesLibertés
Madame LENEVEUT Laurence
ASSISTANCE PUBLIQUE - HOPITAUX DE PARIS
GROUPE HOSPITALO UNIVERSITAIRE PARIS
OUEST
DIRECTION DE L'INFORMATIQUE HOSPITALIERE
20 RUE LEBLANC
75908 PARIS CEDEX 151776625 v 0
DÉCLARATION NORMALE
Isabelle FALQUE PIERROTIN
Présidente
Fait à Paris, le 26 juin 2014
Nom : ASSISTANCE PUBLIQUE - HOPITAUX DE PARIS GROUPE
HOSPITALO UNIVERSITAIRE PARIS OUEST
Service : DIRECTION GENERALE
Adresse : 20 RUE LEBLANC
Code postal : 75908
Ville : PARIS CEDEX 15
RÉCÉPISSÉ
du 26-06-2014
Finalité : ENQUETE DE SATISFACTION (RECUEIL DE DONNEES PAR QUESTIONNAIRE) POUR EVALUER
L'ACTIVITE DU NUMERO D'URGENCE DU SERVICE DE MEDECINE INTERNE DE L'HEGP, MIS EN PLACE AU
PROFIT DES MEDECINS GENERALISTES CORRESPONDANTS, ET DE L'APPUI APPORTE A LA
COORDINATION DES SOINS. CETTE ENQUETE SOUS-TEND UNE THESE DE MEDECINE GENERALE
DIRIGEE PAR LE SERVICE DE MEDECINE INTERNE.
Traitement déclaré
Organisme déclarant
A LIRE IMPERATIVEMENTLa délivrance de ce récépissé atteste que vous avez effectué une déclaration de votre traitement à la CNIL et que votre dossier est formellement complet. Vous pouvez mettre en œuvre votre traitement. Cependant, la CNIL peut à tout moment vérifier, par courrier ou par la voie d’un contrôle sur place, que ce traitement respecte l’ensemble des dispositions de la loi du 6 janvier 1978 modifiée en 2004. En tout état de cause, vous êtes tenu de respecter les obligations prévues par la loi et notamment :1) La définition et le respect de la finalité du traitement,2) La pertinence des données traitées,3) La conservation pendant une durée limitée des données,4) La sécurité et la confidentialité des données,5) Le respect des droits des intéressés : information sur leur droit d’accès, de rectification et d’opposition.
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SERMENT D’HIPPOCRATE
En présence des Maîtres de cette école, de mes chers condisciples et
devant l’effigie d’Hippocrate,
Je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité
dans l’exercice de la Médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent et n’exigerai jamais un
salaire au-dessus de mon travail.
Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s’y
passe, ma langue taira les secrets qui me seront confiés, et mon état ne
servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je rendrai à leurs
enfants l’instruction que j’ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes
promesses !
Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y
manque.
Ledéfidelacomplexitéensoinsprimaires:delamédecinegénéraleàlamédecineinterneIntroduction.Lathéorieduchaosaétédéveloppéepourappréhenderlessystèmescomplexesdontlescomportementsnepeuventêtrepréditsàlongtermeenraisondeleurgrandesensibilitéauxconditionsinitiales. Son application en médecine générale a permis de décrire les difficultés de raisonnementcliniquerencontréesensoinsprimaires.Afind’aiderlemédecinàmieuxappréhendercessituationsetleconseillerdansunepriseenchargediagnostiqueou thérapeutique, le servicedemédecine internedel’HEGPamisenplaceunservicedetélémédecine.Objectif. Evaluer l’appui apporté au médecin de soins primaires par une collaboration hospitalièretéléphonique.Méthodes.Uneétudedescriptivemenéeentrejuilletetdécembre2014apermisdenoterpourchaqueappelreçuleprofildumédecinetdupatient,lemotifderecoursetlasolutionproposéeparleservice.Lemédecinlibéralétaitrecontactéafind’évaluerlacomplexitédelasituationayantmotivésonappeletl’efficacitédelaréponseapportée.Résultats.49médecins libérauxontsollicité leservice92foispourdesquestionsd’ordrediagnostique(83%) ou thérapeutique (17%). 83% des appels concernaient des situations jugées complexes par lemédecin libéral. Ce partenariat téléphonique a permis de répondre efficacement aux difficultésrencontréesensoinsprimairespouraccéderàl’offrehospitalière,quecesoitentermesdedisponibilitédumédecinhospitalier(84%),dedélaidepriseenchargedupatient(75%)oudelaqualitédelaréponseapportée(66%).Conclusion. La collaboration avec le médecin interniste via un service de télémédecine est une aideintéressanteapportéeaumédecindesoinsprimaires.Mots clés: complexité; système complexe; théorie du chaos; télémédecine; soins primaires;médecinegénérale;médecineinterne;réseauville-hôpital.
Complexitychallengeinprimarycare:fromgeneralpracticetointernalmedicineBackground.Chaostheoryhasbeendevelopedtoinvestigatecomplexsystemsproducingbehavioursthatcannotbepredictedduetoagreatsensitivitytoinitialconditions.Thistheoryhasbeenusefultodescribeclinical reasoning challenges faced by general practitioner in primary care. In order to help physiciansdealwithcomplexityandofferthemasupport indiagnosticortherapeuticareas,theinternalmedicinedepartmentinGeorgesPompidouEuropeanHospitalhasimplementedatelemedicineassistance.Objective.Assessthesupportofaninternalmedicineassistancelineforphysiciansinprimarycare.Methods. A descriptive survey, held from July to December 2014, highlighted physician’s and patientprofiles, ground of appeal and given answer. Physician was then called back in order to assess thecomplexityoftheunderlyingcaseandthesupportprovidedbyinternists.Results. The internalmedicinedepartment received92 calls from49differentprimary carephysicians,seeking help on a diagnostic challenge (83%) or a therapeutic issue (17%). Most cases were definedcomplexbyphysicians(83%).Thispartnershipgaveanefficientanswertodifficultiesfacedbyphysiciansinprimarycare,inathreefoldway:togainaccesstohospitalpractitioner(84%),toshortenwaitingtimesforhospitalcareneeds(75%)andtoassistthephysicianinaclinicalreasoningchallenge(66%).Conclusion.Partnershipwith internistsviaa telemedicineassistance tends tobean interestingsupportforphysiciansinprimarycare.Keywords: complexity; complex system; chaos theory; telemedicine; primary care; general practice;internalmedicine;hospitalpartnership.
FacultédemédecinePierreetMarieCurie-DépartementdemédecinegénéraleSiteSaint-Antoine:27,rueChaligny-75571ParisCEDEX12