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1 UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ****************** ANNEE 2012 N° 1001 THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine Générale ------------ Présentée et soutenue publiquement le à : CRETEIL (PARIS XII) ------------ Par Jennifer CULOMA Née le 22 décembre 1984 à VILLENEUVE SAINT-GEORGES (VAL-DE- MARNE) Elève de l’Ecole du Val de Grâce ------------- TITRE : Intérêt d’un score d’aide au diagnostic de gravité dans la prise en charge et l’orientation initiale des pneumonies aigües communautaires de l’adulte aux urgences PRESIDENT DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA M. le Pr BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE DIRECTEUR DE THESE : M. le Pr Christophe RAPP Signature du Cachet de la bibliothèque Directeur de thèse universitaire

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UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE

FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

******************

ANNEE 2012 N° 1001

THESE

POUR LE DIPLOME D'ETAT

DE

DOCTEUR EN MEDECINE

Discipline : Médecine Générale

------------

Présentée et soutenue publiquement le

à : CRETEIL (PARIS XII)

------------

Par Jennifer CULOMA

Née le 22 décembre 1984 à VILLENEUVE SAINT-GEORGES (VAL-DE-

MARNE)

Elève de l’Ecole du Val de Grâce

-------------

TITRE : Intérêt d’un score d’aide au diagnostic de gravité dans la prise en

charge et l’orientation initiale des pneumonies aigües communautaires de l’adulte

aux urgences

PRESIDENT DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA

M. le Pr BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE

DIRECTEUR DE THESE :

M. le Pr Christophe RAPP

Signature du Cachet de la bibliothèque

Directeur de thèse universitaire

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ECOLE DU VAL-DE-GRÂCE

A Monsieur le Médecin Général Inspecteur Maurice VERGOS

Directeur de l’Ecole du Val-de-Grâce

Professeur Agrégé du Val-de-Grâce

Officier de la Légion d’Honneur

Officier de l’Ordre National du Mérite

Récompenses pour travaux scientifiques et techniques – échelon vermeil

Médaille d’honneur du Service de Santé des Armées

A Monsieur le Médecin Général Jean-Didier CAVALLO

Directeur adjoint de l’Ecole du Val-de-Grâce

Professeur Agrégé du Val-de-Grâce

Chevalier de la Légion d’Honneur

Officier de l’Ordre National du Mérite

Chevalier des Palmes Académiques

Récompenses pour travaux scientifiques et techniques – échelon argent

Médaille d’honneur du Service de Santé des Armées

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DIRECTEUR DE THESE

A Monsieur le Médecin Général Christophe RAPP

Professeur Agrégé du Val-de-Grâce

Chef du Service de Pathologies Infectieuses et Tropicales de l’Hôpital d’Instruction des

Armées Bégin

Référent pédagogique de l’Hôpital d’Instruction des Armées Bégin

Chevalier de l’Ordre National du Mérite

Veuillez accepter mes sincères remerciements.

Votre disponibilité, vos conseils, vos encouragements

et votre aide m’ont permis de mener à bien ce travail.

Soyez assuré de ma profonde reconnaissance.

REFERENT PEDAGOGIQUE

A Monsieur le Professeur Claude ATTALI

Coordonnateur du Département Universitaire d’Enseignement et de Recherche en Médecine

Générale de la Faculté de Médecine de Créteil

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REMERCIEMENTS

A Madame le Médecin Principal Aurélie MAYET, Praticien Certifié du Centre

d’Epidémiologie et de Santé Publique des Armées de Saint-Mandé

Veuillez accepter mes remerciements pour votre aide précieuse.

A Monsieur le Médecin en Chef Christian DECANLERS, Médecin Chef de l’Unité

d’Instruction et d’Intervention de la Sécurité Civile N°1 de Nogent-le-Rotrou

A Monsieur le Médecin Principal Olivier GACIA, Médecin Adjoint du 2e Groupement

de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris

Vous m’avez permis d’apprendre et de progresser toujours plus au quotidien.

Vos influences respectives ont contribué à faire de ce travail ce qu’il est.

Veuillez accepter mes plus sincères remerciements.

Aux équipes soignantes des différents services cotoyés au cours de mon internat :

Services de Cardiologie, des Urgences et de Réanimation de l’HIA Bégin

Service des Urgences Pédiatriques du CHU R. Debré

Services Médicaux d’Unité du 2e Groupement de la BSPP et de l’UIISC N°1

SAMU 77 du Centre Hospitalier de Melun

Service d’Accueil des Urgences du Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière

Vous m’avez souvent aidé au quotidien et toujours accueillie avec gentillesse.

J’ai beaucoup appris auprès de chacun de vous, techniquement et humainement.

Avec toute ma reconnaissance.

5

A mes parents chéris

Merci pour votre soutien intarissable au cours de ces longues années d’étude.

Merci de m’avoir tant appris et aimée.

A Laura, ma sœur adorée

A toutes nos chamailleries et nos joies partagées.

Aux liens si forts qui nous unissent.

A mon papy et ma mamy chéris

Merci pour tout votre amour et tous les moments de bonheurs partagés.

A Marie-Odile

Merci pour ton implication dans ton rôle de marraine.

A mes cousins : Lucie, Matthieu, Marie-Astrid, Sandrine, Marlène, Yves-Guillaume et

Emmanuelle

A tous nos joyeux souvenirs de vacances en famille.

A la team « WE Santé » : Anne-Laure, Emilie, Evelyne, Gégé et Mapie

A nos années « Santé Navale » et à nos futures retrouvailles…

Merci pour votre soutien constant et votre affection, et malgré la distance pour certaines.

A Muriel, Flavie et Cécile

A notre fidèle amitié.

A mes co-internes militaires de l’HIA Bégin et de la promotion 2008 et mes co-internes

civils du CHU R. Debré, du Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière et du Centre

Hospitalier de Melun

Quel plaisir de travailler avec vous et d’apprendre à vous connaître.

Merci pour votre entraide et j’espère pouvoir retravailler avec vous encore longtemps.

A la promotion 2002, à ma famille matriculaire (13-47-50-70) et à notre chère école

Mari transve mare, hominibus semper prodesse.

Navalais un jour, Navalais toujours…

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Le Serment d’Hippocrate

Je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l’exercice de la

Médecine.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.

J’interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou

leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les

lois de l’humanité.

J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.

Je ne tromperai jamais leur confiance.

Je donnerai mes soins à l’indigent et je n’exigerai pas un salaire au-dessus de mon travail.

Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma conduite

ne servira pas à corrompre les mœurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne

provoquerai délibérément la mort.

Je préserverai l’indépendance nécessaire et je n’entreprendrai rien qui dépasse mes

compétences. Je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.

Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois

couvert d’opprobre et méprisé si j’y manque.

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TABLE DES MATIERES

I INTRODUCTION ………………………………………………………………………...12

II OBJECTIFS ……………………………………………………………………………...13

III ETAT DE L’ART ……………………………………………………………………….14

3.1 Les pneumonies aigües communautaires ………………………………………………14

3.1.1 Définition ………………………………………………………………………14

3.1.2 Epidémiologie descriptive ……………………………………………………...15

3.1.3 Epidémiologie microbienne ……………………………………………………15

3.1.4 Diagnostic microbiologique ……………………………………………………15

3.2 Evaluation de la gravité des pneumonies aigües communautaires ……………………16

3.2.1 Données cliniques, paracliniques et comorbidités ……………………………..16

3.2.2 Biomarqueurs de l’inflammation ………………………………………………18

3.2.3 Scores spécifiques aux pneumonies communautaires aigües ………………….19

3.2.3.1 Le score de Fine ……………………………………………………………..19

3.2.3.2 Les scores CURB-65 et CRB-65 …………………………………………..20

3.2.3.3 Les scores de l’American Thoracic Society (ATS) ……………………...22

3.2.3.4 Le score de Leroy ……………………………………………………………23

3.2.3.5 Les scores SMART-COP et SMRT-CO …………………………………...24

3.2.3.6 Le score SCAP (Severe Community-Acquired Pneumonia) …………...25

3.2.4 Scores pronostiques non spécifiques …………………………………………...26

IV MATERIEL ET METHODE …………………………………………………………..28

4.1 Cadre et type d’étude …………………………………………………………………….28

4.2 Critères d’inclusion ……………………………………………………………………...28

4.3 Critères d’exclusion ……………………………………………………………………..28

4.4 Sélection des dossiers ……………………………………………………………………28

4.5 Recueil des données ……………………………………………………………………..29

4.6 Calcul des scores d’aide au diagnostic de gravité ………………………………………30

4.6.1 Calcul du score de Fine ………………………………………………………...30

4.6.2 Calcul des scores de la British Thoracic Society (CURB-65 et CRB-65) ……..31

4.6.3 Calcul du score SMRT-CO …………………………………………………….32

4.6.4 Calcul du score de l’Infectious Diseases Society of America/American Thoracic

Society 2007 (IDSA/ATS 2007) ……………………………………………………..32

8

4.6.5 Calcul du score IGS II (Indice de Gravité Simplifié) …………………………..34

4.7 Analyses statistiques ……………………………………………………………………..35

V RESULTATS ……………………………………………………………………………..36

5.1 Description de l’échantillon ……………………………………………………………..36

5.1.1 Inclusions ………………………………………………………………………36

5.1.2 Exclusions ……………………………………………………………………...36

5.1.3 Caractéristiques socio-démographiques ………………………………………..36

5.1.4 Caractéristiques cliniques ………………………………………………………38

5.1.5 Caractéristiques biologiques et radiologiques ………………………………….39

5.2 Orientation et prise en charge des PAC ………………………………………………...41

5.3 Paramètres évolutifs ……………………………………………………………………..42

5.3.1 Durées d’hospitalisation ………………………………………………………..42

5.3.2 Traitements antibiotiques utilisés ………………………………………………42

5.3.3 Evolution : guérison, séquelles, décès ………………………………………….42

5.4 Calcul des scores ………………………………………………………………………...43

5.4.1 Patients jeunes (< 50 ans) ………………………………………………………45

5.4.2 Patients admis secondairement en réanimation ………………………………...45

5.4.3 Patients décédés ………………………………………………………………...46

5.5 Performances des scores ………………………………………………………………...47

5.5.1 Pour prédire l’admission en réanimation ………………………………………47

5.5.2 Pour prédire la mortalité à 30 jours …………………………………………….50

5.5.3 Pour prédire l’admission en réanimation et/ou la mortalité à 30 jours ………...53

VI DISCUSSION ……………………………………………………………………………55

6.1 Généralités ……………………………………………………………………………….55

6.2 Commentaire des résultats ………………………………………………………………56

6.2.1 Population et comorbidités ……………………………………………………..56

6.2.2 Paramètres cliniques et paracliniques ………………………………………….56

6.2.3 Orientation, prise en charge et évolution ………………………………………57

6.2.4 Performances et comparaison des scores ………………………………………58

6.3 Limites de l’étude ………………………………………………………………………..61

6.4 Perspectives ……………………………………………………………………………...62

VII CONCLUSION …………………………………………………………………………63

VIII BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………………………………64

9

IX ANNEXES ……………………………………………………………………………….71

Annexe 1 : Epidémiologie microbienne des PAC………………….………………71

Annexe 2 : Diagnostic microbiologique des PAC …………………………………73

Annexe 3 : Score de Fine ……………………………………………………………75

Annexe 4 : Classes de risque de mortalité et mode de prise en charge adapté au

résultat du score de Fine ……………………………………………………………76

Annexe 5 : Scores CURB-65 et CRB-65 …………………………………………...77

Annexe 6 : Mode de prise en charge adapté aux résultats des scores CURB-65 et

CRB-65 ………………………………………………………………………………77

Annexe 7 : Score ‘‘modified ATS’’ ………………………………………………...78

Annexe 8 : Score de l’IDSA/ATS 2007 …………………………………………….78

Annexe 9 : Score de Leroy (classes/sous-classes et pourcentage de risque de

mortalité) …………………………………………………………………………….79

Annexe 10 : Scores SMART-COP et SMRT-CO ………………..………………..80

Annexe 11 : Interprétation du score SMART-COP …………………..…………..80

Annexe 12 : Interprétation du score SMRT-CO ………………………………….80

Annexe 13 : Score SCAP ……………………………………………………………81

Annexe 14 : Mesure des performances d’un test ………………………………….82

X RESUME ………………………………………………………………………………….84

XI SUMMARY ……………………………………………………………………………...85

10

TABLE DES ILLUSTRATIONS

TABLEAUX :

Tableau 1 : Critères de gravités des pneumonies aigües communautaires selon

l’AFSSAPS …………………………………………………………………………………..17

Tableau 2 : Présentation des différents scores d’évaluation de la gravité des PAC ……19

Tableau 3 : Score de Fine (PSI) ……………………………………………………………30

Tableau 4 : Classes de risque de mortalité en fonction du score de Fine ………………..31

Tableau 5 : Scores de la British Thoracic Society – CURB-65 et CRB-65 ……………...31

Tableau 6 : Score SMRT-CO ………………………………………………………………32

Tableau 7 : Score de l’IDSA/ATS 2007 ……………………………………………………33

Tableau 8 : Caractéristiques socio-démographiques des patients atteints de PAC …….37

Tableau 9 : Caractéristiques cliniques des patients atteints de PAC ……………………38

Tableau 10 : Caractéristiques biologiques et radiologiques des patients atteints

de PAC ………………………………………………………………………………………40

Tableau 11 : Caractéristiques de la prise en charge des patients atteints de PAC ……..41

Tableau 12 : Distribution des patients, de l’admission en réanimation et de la mortalité à

30 jours par classes de risque pour chaque score étudié …………………………………44

Tableau 13 : Performances de chaque score pour prédire la nécessité d’admission en

réanimation ………………………………………………………………………………….48

Tableau 14 : Performances de chaque score pour prédire la mortalité à 30 jours ……..51

Tableau 15 : Performances de chaque score pour prédire l’admission en réanimation

et/ou la mortalité à 30 jours ………………………………………………………………..53

FIGURES :

Figure 1 : Courbes ROC : performances des scores pour prédire l’admission en

réanimation ………………………………………………………………………………….49

Figure 2 : Courbes ROC : performances des scores pour prédire la mortalité à

30 jours ………………………………………………………………………………………52

Figure 3 : Courbes ROC : performances des scores pour le critère combiné « admission

en réanimation et/ou mortalité à 30 jours » ……………………………………………….54

Figure 4 : Interprétation d’une courbe ROC ……………………….…………………….83

11

LISTE DES ABBREVIATIONS

AFSSAPS : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé

AIT/AVC : accident ischémique transitoire / accident vasculaire cérébral

BPCO : broncho-pneumopathie chronique obstructive

BTS : British Thoracic Society

CRP : C-reactiv protein

ECBC : examen cytobactériologique des crachats

FC : fréquence cardiaque

FiO2 : fraction inspirée en oxygène

FR : fréquence respiratoire

HIA : Hôpital d’Instruction des Armées

IDSA/ATS : Infectious Diseases Society of America / American Thoracic Society

IGS II : Index de Gravité Simplifié II

MIT : maladies infectieuses et tropicales

PAC : pneumonie aigüe communautaire

PaO2 : pression partielle artérielle en oxygène

PCR : polymerase chain reaction

PCT : procalcitonine

PMSI : programme de médicalisation du système informatique

PSI : pneumonia severity index

ROC : receiver operating characteristic curve

SAU : Service d’Accueil des Urgences

SCAP : Severe Community-Acquired Pneumonia

SDRA : syndrome de détresse respiratoire aigüe

SEWS : standardized early warning score

SIRS : syndrome de réponse inflammatoire systémique

SPILF : Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française

SpO2 : saturation pulsée de l’hémoglobine en oxygène

TAd/TAs : tension artérielle diastolique / tension artérielle systolique

USI : unité de soins intensifs

VIH : virus de l’immunodéficience humaine

VM / VNI : ventilation mécanique / ventilation non invasive

VPN/VPP : valeur prédictive négative / valeur prédictive positive

12

I INTRODUCTION

Les pneumonies aigües communautaires (PAC) sont responsables d’une morbidité et d’une

mortalité élevées en France avec une incidence annuelle estimée de 400 000 à 600 000 cas et

environ 17500 décès par an.

En médecine de ville, 5 % des patients consultant pour une atteinte respiratoire aigüe ont une

PAC et jusqu’à 10 % chez ceux consultant aux urgences, avec de grandes variations en

fonction de l’âge. Parmi eux, 15 à 32 % sont hospitalisés dont 10 % en unité de soins intensifs

(USI) ce qui multiplie le coût de la prise en charge par huit. En raison de sa fréquence et de sa

gravité, le pneumocoque demeure la bactérie prédominante à prendre en compte dans le

traitement probabiliste.

La létalité des PAC, multifactorielle, varie de 5 à 36 % selon que les malades sont traités en

ambulatoire, à l’hôpital ou en unité de soins intensifs [72].

Ainsi, l’optimisation de la prise en charge repose sur une bonne évaluation des facteurs de

risque de mauvais pronostic. Ces facteurs de risque sont les signes de gravité initiaux

(cliniques, biologiques et/ou radiologiques) et des facteurs de terrain (comorbidités) qui sont

parfaitement identifiés.

L’appréciation de ces éléments pronostiques permet de guider la stratégie de prise en charge

et la thérapeutique : traitement ambulatoire ou hospitalisation (voire hospitalisation en USI),

antibiothérapie orale ou intraveineuse, à spectre étroit ou élargi…

En pratique l’évaluation de la gravité d’une PAC est une tâche difficile. Afin de renforcer

l’appréciation initiale, des scores de gravité spécifiques des PAC ont été créés et validés pour

prédire le risque de décès ou d’évolution défavorable et proposés comme aide à la décision de

prise en charge pour chaque patient.

Les scores utilisés, nombreux, répondent à deux objectifs distincts : l’évaluation du risque de

décès à un mois (score de Fine en particulier) et l’évaluation d’une admission en USI (CURB-

65/CRB-65, score de l’IDSA/ATS, SMART-COP/SMRT-CO) [24,32,47,51].

La plupart de ces scores ont été validés sur des cohortes de patients anglo-saxonnes. En

France, seuls quelques travaux leur ont été consacrés. Compte tenu de la fréquence des PAC

en médecine de soins primaires et aux urgences, il nous est apparu opportun d’évaluer les

performances et la faisabilité de ces différents scores à l’admission aux urgences.

13

II OBJECTIFS

2.1 Objectif principal

L’objectif principal de ce travail est d’évaluer les performances des différents scores d’aide au

diagnostic de gravité des pneumonies aigües communautaires chez des adultes admis aux

urgences pour pneumonie.

2.2 Objectifs secondaires

Les objectifs secondaires sont :

- La validation externe des scores de Fine, du CURB-65/CRB-65, du SMRT-CO et du

score de l’IDSA/ATS 2007 sur une cohorte de patients

- La comparaison des performances de ces scores clinico-biologiques

- La comparaison des performances de ces scores à un score pronostique non

spécifique : l’IGS II (Index de Gravité Simplifié)

14

III ETAT DE L’ART

3.1 Les pneumonies aigües communautaires

3.1.1 Définition

La pneumonie aigüe communautaire est une infection aigüe du parenchyme pulmonaire,

acquise en milieu extra-hospitalier ou survenant dans les 48 premières heures d’un séjour

hospitalier et en l’absence d’hospitalisation dans les 7 jours précédents le début de la

symptomatologie. C’est une affection potentiellement grave pouvant engager le pronostic

vital.

Le diagnostic de PAC repose sur un faisceau d’arguments cliniques et radiologiques.

Les signes cliniques associent un syndrome inflammatoire de réponse systémique (fièvre ou

hypothermie, tachycardie, tachypnée, hyperleucocytose ou leucopénie) et une

symptomatologie pulmonaire (toux, expectoration, dyspnée, douleur latéro-thoracique, matité

ou râles crépitants à l’examen clinique). L’association de signes extra-pulmonaires (troubles

digestifs, céphalées, myalgies…) à une symptomatologie frustre et d’apparition plus

progressive est évocateur d’une pneumonie dite « atypique ». Un tableau clinique peu marqué

peut être trompeur chez les personnes âgées et parfois dominé par une composante

neurologique (confusion).

Le tableau clinique est souvent incomplet et est aspécifique. L’absence de syndrome

inflammatoire de réponse systémique a une bonne valeur prédictive négative. Cependant, la

combinaison des signes vitaux et physiques a une faible valeur prédictive (32 à 60%) pour le

diagnostic de PAC [36,58].

La réalisation d’une radiographie thoracique est donc indispensable pour affirmer le

diagnostic. La présentation la plus typique est la pneumonie franche lobaire aigüe : une

opacité alvéolaire avec bronchogramme aérien systématisée à un lobe. Les autres

présentations radiologiques sous la forme de pneumonie hilifuge ou d’opacités réticulaires et

micronodulaires bilatérales sont celles des pneumonies « atypiques ». Elle recherche aussi la

présence de complications : épanchement pleural, atteinte multilobaire et/ou bilatérale…

Les anomalies radiographiques retrouvées ne sont pas spécifiques d’un agent pathogène et la

radiographie pulmonaire peut être normale à un stade précoce.

15

3.1.2 Epidémiologie descriptive

En France, les PAC n’étant pas soumises à une déclaration obligatoire, leur incidence est mal

connue. Selon les pays, l’incidence des pneumonies aigües communautaires est de 5 à

11/1000 habitants par an et varie selon l’âge, étant plus importante aux âges extrêmes de la

vie. Bien qu’elles ne représentent que 5 à 12% des infections respiratoires basses, les PAC

sont (avec la grippe) la sixième cause de mortalité dans le monde. Ce taux de mortalité

connaît de grandes variations selon le site de prise en charge : moins de 1% des malades

traités à domicile, 13,7% des malades hospitalisés en service de médecine interne et plus de

36,5% de ceux admis en réanimation. L’âge a aussi un impact important : plus de 90% des

décès surviennent chez les malades de plus de 65 ans. Les incertitudes diagnostiques et une

mortalité globale à 14% explique le grand nombre d’hospitalisations (15 à 32%) et d’examens

complémentaires [27,48].

3.1.3 Epidémiologie microbienne [2,9,48,53,56,63,73]

Les PAC microbiologiquement prouvées sont, à plus de 90%, dues à 6 agents : Streptococcus

pneumoniae, Mycoplasma pneumoniae, Haemophilus influenzae, Legionella pneumophila,

Chlamydia pneumoniae (ou psittaci) et Influenza A.

Selon les études, les incidences de ces agents pathogènes sont très variables en raison des

particularités de terrain individuel, de géographie et de climat (Annexe 1).

Cependant, l’agent causal lorsqu’il est recherché reste méconnu dans 50% des cas mais il

n’est pas indispensable au diagnostic ni pour débuter une antibiothérapie probabiliste. Le

pneumocoque est le germe à prendre prioritairement en compte de par sa fréquence et sa

gravité potentielle.

3.1.4 Diagnostic microbiologique

Il existe de multiples examens paracliniques utilisables pour identifier l’agent causal des PAC

(Annexe 2). Le principal intérêt est l’adaptation du traitement antibiotique au pathogène mis

en évidence. Le but étant de réaliser si possible une désescalade thérapeutique avec

l’instauration d’une antibiothérapie à spectre réduit diminuant ainsi les coûts, le risque de

survenue d’effets indésirables et de sélection de résistances.

16

Cependant le coût élevé de ces examens et leur faible sensibilité rend nécessaire de limiter

leurs indications aux situations les plus profitables. Les recommandations nationales et

internationales [48,53,72] proposent :

- pour les PAC sans critère de gravité, traitées en ambulatoire ou en hospitalisation pour

d’autres raisons que la sévérité du tableau (isolement social…) : aucune investigation

microbiologique n’est recommandée

- en cas d’échec du traitement antibiotique ambulatoire : intérêt de l’examen

cytobactériologique des crachats (ECBC) et de la recherche des antigènes solubles

urinaires de Streptococcus pneumoniae et Legionella pneumophila

- pour les PAC à risque modéré, hospitalisées en service de médecine : réalisation

d’hémocultures et d’un ECBC en l’absence d’une antibiothérapie préalable, la

recherche d’antigènes solubles urinaires peut se justifier en cas de symptômes

évocateurs de légionellose ou en situation épidémique, tout comme des sérologies ou

une PCR (polymerase chain reaction) en cas de suspicion de pneumonie atypique ou

virale

- pour les PAC sévères prises en charge en réanimation : il est recommandé de réaliser

des hémocultures, un ECBC ou une analyse des sécrétions trachéobronchiques

obtenues par aspiration trachéale, une détection des antigènes solubles urinaires

pneumocoque et légionelle voire des sérologies ou PCR en cas de suspicion de

pneumonie atypique ou virale

Leur réalisation ne doit pas retarder outre mesure l’instauration d’une antibiothérapie

probabiliste.

3.2 Evaluation de la gravité des pneumonies aigues communautaires

3.2.1 Données cliniques, paracliniques et comorbidités [3,33,34,46,50,54,60,67-69]

De nombreuses études, réalisées en milieu hospitalier (services d’urgences, de maladies

infectieuses ou de réanimation), ont permis d’identifier des facteurs de mauvais pronostic

pour les PAC. Ces éléments de gravité comprennent des critères démographiques,

comorbidités, symptômes et données de l’examen clinique, données biologiques et agents

étiologiques. Ils sont associés à un plus grand recours aux soins intensifs et à une plus grande

mortalité à court terme.

17

Ces critères ont été repris dans différentes recommandations dont celles de l’AFSSAPS

(Tableau 1) [1].

Tableau 1 : Critères de gravité des pneumonies aigües communautaires selon

l’AFSSAPS

Signes de gravité

Atteinte des fonctions supérieures : altération de la conscience

Atteinte des fonctions vitales : TAs < 90 mmHg

FC > 120/min

FR > 30/min

Température < 35°C ou ≥ 40°C

Néoplasie associée (cancer actif ou diagnostiqué dans l’année, autre que baso-cellulaire)

Pneumopathie d’inhalation ou sur obstacle trachéo-bronchique connu ou suspecté

Situations particulières

Complication de la pneumonie (notamment suspicion d’épanchement pleural ou

d’abcédation)

Conditions socio-économiques défavorables

Inobservance thérapeutique prévisible

Isolement social, notamment chez les personnes âgées

Facteurs de risque de mortalité

Age > 65 ans

Insuffisance cardiaque congestive

Maladie cérébro-vasculaire (antécédents d’AVC ou d’AIT)

Maladie rénale (insuffisance rénale chronique ou élévation de la créatininémie)

Maladie hépatique (cirrhose hépatique ou autre hépatopathie chronique)

BPCO

Immunodépression (corticothérapie par voie générale ou traitement immunosuppresseur dans

les 6 mois, splénectomie, chimiothérapie dans les 6 mois, SIDA, cachexie…)

Drépanocytose homozygote

Antécédent de pneumonie bactérienne

Hospitalisation dans l’année

Vie en institution

18

Les données radiologiques telles qu’une atteinte multilobaire et/ou bilatérale initiale, une

extension rapide des opacités ou la présence d’un épanchement pleural signent de même une

atteinte sévère.

Sur le plan biologique, les critères identifiés sont les suivants : une insuffisance rénale aigüe

(urée > 7 mmol/l, créatinine > 132 µmol/l), une leucopénie ou une hyperleucocytose, une

hyponatrémie < 135 mmol/l, une bactériémie (hémocultures positives)…

3.2.2 Biomarqueurs de l’inflammation [48,70]

Un certain nombre de biomarqueurs ont été étudiés tels que la protéine C réactive (CRP), la

procalcitonine (PCT), les D-dimères et des cytokines de l’inflammation, à la recherche d’un

facteur pronostic indépendant et équivalent à la valeur pronostique des scores multifactoriels

déjà existants. Cependant, des études supplémentaires seraient nécessaires avant une

éventuelle validation.

Une étude récente rapporte le fait qu’une CRP inférieure à 100 mg/l à l’admission aurait une

bonne valeur prédictive négative de mortalité à 30 jours, de nécessité de recours à une

ventilation mécanique et/ou aux vasopresseurs et de survenue de complications [20]. Mais

plusieurs études précédentes rapportent la CRP comme n’étant pas un marqueur fiable de

mortalité (aire sous la courbe ROC pour la CRP : 0,597 [12]) [14,37].

Selon les résultats de deux études, la PCT est un bon marqueur de sévérité du sepsis, du risque

de survenue de défaillance multiviscérale et de mortalité pour un seuil supérieur à 2 ng/ml à

l’admission mais ne peut être utilisée comme outil diagnostique pour l’identification des PAC

sévères. Seul 50% des PAC identifiées sévères par le score APACHE II et le SAPS II

(Simplified Acute Physiology Score II) avaient une PCT supérieure à 2 ng/ml [12,14].

Contrairement aux précédentes, plusieurs études rapporte le lien entre PCT et sévérité des

PAC [38,40,55]. Une des plus récentes montre qu’une PCT inférieure à 0,228 ng/ml a une

forte valeur prédictive négative de mortalité et similaire au score CRB-65 (aire sous la courbe

ROC : 0,79 pour le score CRB-65 et 0,8 pour la PCT en terme de survie) [40].

En ce qui concerne le dosage des cytokines de l’inflammation telles que les interleukines 6, 8

et 10 ou des D-dimères rapportés comme ayant une bonne valeur prédictive négative de

mortalité sous un certain seuil et une valeur pronostique, leur utilité en pratique courante n’est

pas démontrée [23,42,65].

19

3.2.3 Scores spécifiques aux pneumonies communautaires aigües

En raison de l’absence d’un marqueur unique fiable permettant de classifier les PAC à

l’admission et de la tendance à la sous ou sur-estimation de leur gravité potentielle par le

jugement clinique seul du praticien, de nombreux scores ont été développés à partir des

multiples facteurs de risque de mortalité non spécifiques identifiés.

Ce sont des scores pronostiques, utilisables comme aide à la décision de prise en charge, ayant

pour objectif de classer les patients présentant une PAC par ordre de gravité, dès leur

admission. Certains scores ont été créés dans le but de prédire la mortalité à 30 jours et

d’autres, la nécessité d’admission en unité de soins intensifs (USI) ou réanimation et le

recours à la ventilation mécanique ou aux amines vasopressives (Tableau 2).

Tableau 2 : Présentation des différents scores d’évaluation de la gravité des PAC

Scores prédictifs de mortalité à 30 jours Scores prédictifs d’admission en

réanimation ou de recours à la ventilation

mécanique ou aux amines

Score de Fine ou Pneumonia Severity Index

(PSI)

Score de l’ATS 2001 (mATS)

CURB-65 / CRB-65 Score de l’IDSA/ATS 2007

Score de Leroy SMART-COP / SMRT-CO

SCAP rule

ATS : American Thoracic Society, IDSA : Infectious Diseases Society of America.

Ils sont pour la plupart destinés à une utilisation intra-hospitalière, dans le cadre d’une prise

en charge initiale aux urgences. Seuls le CRB-65 et le SMRT-CO, dérivés respectivement du

CURB-65 et du SMART-COP, peuvent être utilisés en médecine de ville car ne nécessitant

aucune variable biologique pour leur calcul.

3.2.3.1 Le score de Fine

Le Pneumonia Severity Index (PSI) ou score de Fine a été publié pour la première fois en

1997 [32] et établi puis validé sur une cohorte de plus de 50 000 patients hospitalisés pour

PAC dans 275 centres des Etats-Unis et du Canada.

20

Ce score prédictif de mortalité à 30 jours est calculé en faisant la somme de points attribués à

20 variables (Annexe 3) :

- Données démographiques : l’âge, le sexe, la vie en institution

- Comorbidités : une maladie néoplasique, une maladie hépatique, une insuffisance

cardiaque congestive, une maladie cérébro-vasculaire, une maladie rénale

- Données de l’examen clinique : la présence d’une atteinte des fonctions supérieures, la

fréquence respiratoire, la tension artérielle systolique, la température, la fréquence

cardiaque

- Données biologiques et radiologiques : le pH artériel, l’urée sanguine, la natrémie,

l’hématocrite, la glycémie, la pression partielle artérielle en oxygène (PaO2), la

présence d’un épanchement pleural

Le chiffre obtenu permet de classer les patients en cinq classes de risque en terme de

probabilité de mortalité et ainsi de guider le praticien dans le choix du mode de prise en

charge du patient (Annexe 4).

L’intérêt majeur de ce score, avancé par les auteurs de l’étude, est de pouvoir identifier les

patients à faible risque de mortalité (classe I et II) pour lesquels un traitement ambulatoire est

envisageable.

Ce score a été largement validé par de nombreuses études ultérieures comme un bon

prédicteur de mortalité dans les PAC avec des valeurs de surface sous courbes ROC de 0,74 à

0,88 [6,7,15,17,52] et l’intérêt de son utilisation est reconnu dans les recommandations

nationales et internationales [53,72].

Cependant, il apparait moins performant pour guider la décision d’admission en USI ou

réanimation [6,15,75]. Le poids de l’âge et des comorbidités semble parfois trop lourd, sous-

estimant la gravité des PAC hypoxémiantes des sujets jeunes.

3.2.3.2 Les scores CURB-65 et CRB-65

La British Thoracic Society (BTS) propose un score d’évaluation de la gravité des PAC,

modifié par Neill et al. en 1996 [62], le ‘‘modified BTS rule’’ (mBTS) ou CURB basé sur

quatre facteurs cliniques et biologiques facilement accessibles. Il est ensuite repris par Lim et

al. en 2003 [51] avec l’addition de l’âge ≥ 65 ans comme facteur de risque pour créer le score

CURB-65.

21

C’est un score prédictif de mortalité, construit et validé sur une population de 1068 patients

atteints de PAC, à partir des bases de données de trois hôpitaux du Royaume-Uni, de

Nouvelle-Zélande et des Pays-Bas.

Il est composé uniquement de cinq variables avec un seul point attribué à chacune : confusion,

urée sanguine, fréquence respiratoire (FR), tension artérielle systolique (TAs) ou diastolique

(TAd) et âge (Annexe 5).

Les patients sont ainsi classés en 3 catégories, guidant l’orientation des patients (Annexe 6):

- Risque faible de mortalité : score 0 = 0,7% - score 1 = 3,2%

- Risque intermédiaire de mortalité : score 2 = 13%

- Risque élevé de mortalité : score 3 = 17% - score 4 = 41,5% - score 5 = 57%

Ce score est notamment recommandé par la BTS et l’ATS (American Thoracic Society) suite

à sa validation sur de nombreuses cohortes dans divers pays. Elles ont montrées que le

CURB-65 est un outil de prédiction de mortalité à 30 jours de bonne valeur, parfois

intermédiaire, les aires sous courbe ROC allant de 0,62 à 0,87 [6,7,15,17,30,52]. Il est

d’utilisation plus facile que le score de Fine car nécessitant moins de variables mais semble

peu performant pour l’évaluation d’admission en USI ou réanimation comme ce dernier.

Le score CRB-65, dérivé du CURB-65, est quant à lui développé dans l’objectif d’une

utilisation simplifiée en médecine de ville. La variable biologique (urée sanguine) étant

éliminée pour son calcul [51].

Il classe lui aussi les patients en catégories de risque de mortalité croissante :

- Risque faible : score 0 = 0,9%

- Risque intermédiaire : score 1 = 5,2% - score 2 = 12%

- Risque élevé : score 3 et 4 = 31,2%

Sa performance, en termes de prédiction de mortalité à 30 jours, apparaît similaire à celle du

score CURB-65 avec des valeurs de surface sous courbes ROC allant de 0,69 à 0,86 selon les

études [10,17,22,52]. Toutes ces études ont été réalisées en milieu hospitalier, contrairement à

l’objectif premier de ce score, adressé aux médecins généralistes. Une seule étude a évalué le

CRB-65 en soins primaires mais sur une population de personnes âgées de plus de 65 ans et

retrouve une sensibilité de 82,2%, une spécificité de 75,2% et une valeur prédictive négative

de 99,1% [11].

22

3.2.3.3 Les scores de l’American Thoracic Society (ATS)

Le ‘‘modified ATS rule’’ (mATS) recommandé par l’American Thoracic Society en 2001

[63] a pour objectif d’identifier les PAC sévères nécessitant une admission en unité de soins

intensifs (USI) ou réanimation. Il a été développé par Ewig et al. en 1998 [31] à partir de

l’évaluation des 10 critères de gravité des PAC proposés par l’ATS en 1993 [4], sur une

population de 395 patients. Seuls cinq de ces critères ont été retenu comme facteurs prédictifs

fiables d’admission en USI (Annexe 7) :

- Choc septique : persistance d’une hypotension et de signes d’hypoperfusion malgré un

remplissage vasculaire optimal, nécessitant un recours aux vasopresseurs

- Recours à la ventilation mécanique

- Pression artérielle systolique inférieure à 90 mmHg

- Atteinte radiologique multilobaire

- Rapport PaO2/FiO2 ≤ 250

Ils sont classés en critères majeurs et mineurs. La présence d’au moins deux critères mineurs

ou d’un critère majeur prédit la nécessité d’admission en USI avec une sensibilité de 78%,

une spécificité de 94%, une valeur prédictive positive (VPP) de 75% et une valeur prédictive

négative (VPN) de 95%.

Dans des études comparatives, le mATS apparaît comme un bon score prédictif d’admission

en USI avec des valeurs d’aire sous courbes ROC de 0,68 à 0,90 mais inadapté pour prédire la

mortalité (aire sous courbe ROC : 0,63) [6,15].

Mais sa légitimité est discutée en raison de la nature de ses deux critères majeurs (choc

septique et recours à la ventilation mécanique) qui par définition requiert obligatoirement une

prise en charge en USI, en leur présence.

Les recommandations 2007 de l’Infectious Diseases Society of America/American Thoracic

Society (IDSA/ATS) [53] proposent l’ajout de six nouveaux critères mineurs, identifiés

individuellement comme facteurs de risque de PAC sévères dans des études antérieures.

L’admission en USI doit alors être envisagée si au moins trois critères mineurs ou un critère

majeur sont présents (Annexe 8).

Cependant, la performance de ce score n’a pas encore été validée.

23

L’étude prospective sur 2102 patients publiée en 2009 par Liapikou et al. [47] conclut que

l’IDSA/ATS 2007 surestime le besoin d’admission en USI, sa sensibilité est de 71% et sa

spécificité de 88%. Mais en l’absence de critère majeur, le nombre de critères mineurs ne

permettrait pas de discriminer correctement qui doit être admis en USI.

La valeur de ces critères mineurs a été étudiée par une étude singapourienne les comparant au

score de Fine et au CURB-65 (surfaces sous courbe ROC : 0,85 en terme d’admission en USI

et 0,88 en terme de mortalité) [64] et une étude rétrospective américaine (aire sous courbe

ROC : 0,88) [13].

3.2.3.4 Le score de Leroy

Le score de Leroy est un score pronostique spécifique créé pour estimer la mortalité des

patients déjà admis en réanimation ou USI pour pneumonies aigües communautaires sévères.

Il a été développé en 1999, suite à une étude rétrospective sur 505 patients hospitalisés en USI

pour PAC, identifiant 9 facteurs de risque de mortalité indépendants en analyse multivariée

[43].

Six facteurs sont analysables à l’admission en USI :

- Age ≥ 40 ans : +1point

- Pronostic fatal à 5 ans de la maladie sous-jacente : +1 point

- Pneumopathie sans mécanisme d’inhalation : +1 point

- Atteinte de plus d’un lobe : +1 point

- Nécessité d’une ventilation mécanique : +1 point

- Choc septique : +3 points

Les trois autres dépendent de la survenue de complications dans les 7 jours suivant

l’admission en USI :

- Pneumopathie nosocomiale surajoutée : +1 point

- Complications non spécifiques des PAC : +2 points

- Complications liées au sepsis : +3 points

Les données à l’admission permettent d’obtenir 3 classes initiales de risque, ajustées en sous-

classes en fonction des complications survenant dans les 7 jours (Annexe 9).

24

Ce score a été validé par une seule étude réalisée par la même équipe l’ayant développé [45].

Sa limite principale est son apparente incapacité à déterminer le pronostic des patients dès

leur admission en USI.

3.2.3.5 Les scores SMART-COP et SMRT-CO

Dans une étude australienne de 2008, Charles et al. [24] ont élaboré un score prédictif de

recours à une ventilation assistée (ventilation mécanique VM ou non invasive VNI) ou à un

support par amines vasopressives, plutôt que de déterminer simplement la nécessité

d’admission en USI des patients présentant une PAC.

Cette étude prospective, multicentrique, observationnelle a permis d’identifier sur une

population de 882 PAC, en analyse multivariée, huit critères associés à un recours à une

ventilation assistée ou aux vasopresseurs constituant le score SMART-COP (Annexe 10) :

- S : pression artérielle Systolique

- M : atteinte radiologique Multilobaire

- A : Albuminémie

- R : fréquence Respiratoire

- T : Tachycardie

- C : Confusion

- O : Oxygénation (SpO2, PaO2, PaO2/FiO2)

- P : pH artériel

A chaque critère est attribué un nombre de points et pour certains, la valeur seuil dépend de

l’âge du patient, permettant d’attribuer au patient une classe de risque (Annexe 11).

Le score SMRT-CO est dérivé du score SMART-COP pour une utilisation en soins primaires

facilitée par l’absence de données biologiques (albuminémie, PaO2, pH artériel) nécessaire à

son calcul (Annexe 12).

Ils ont été validés sur une population de 7464 patients atteints de PAC, issus de 5 bases de

données préexistantes.

Pour un score SMART-COP ≥ 3 points et SMRT-CO ≥ 2 points, ont été calculé

respectivement une sensibilité de 92,3% et 90,1%, une spécificité de 62,3% et 52,1%, une

VPP de 22% et 17,8% et une VPN de 98,6% et 97,9%. Les valeurs des surfaces sous courbes

25

ROC déterminées à partir des 5 bases de données vont de 0,72 à 0,87 pour le SMART-COP et

de 0,69 à 0,80 pour le SMRT-CO.

Des études comparatives semblent montrer la performance [13] et la supériorité du SMART-

COP pour prédire le recours à la ventilation assistée ou aux amines chez les patients de moins

de 50 ans, par rapport au score de Fine et au CURB-65 (aires sous courbe ROC

respectivement 0,87/0,80/0,81) [21].

3.2.3.6 Le score SCAP (Severe Community-Acquired Pneumonia)

Le ‘‘SCAP prediction rule’’ a pour objectif d’identifier les patients présentant une pneumonie

aigüe communautaire sévère et donc à risque de complications telles que le recours à la

ventilation mécanique, le choc septique et le décès.

Il a été élaboré puis validé sur une cohorte de près de 3000 patients ayant eu un diagnostic de

PAC établit dans le service d’accueil des urgences de 5 centres hospitaliers en Espagne [28].

Huit facteurs de risque de PAC sévère ont été retenus et classés en critères majeurs et

mineurs (Annexe 13) :

- Critères majeurs :

o pH artériel < 7,30 : +13 points

o Tension artérielle systolique < 90 mmHg : +11 points

- Critères mineurs :

o Fréquence respiratoire > 30/min : +9 points

o Urée sanguine > 30mg/dl : +5 points

o Confusion : +5 points

o PaO2 < 54mmHg ou PaO2/FiO2 < 250 : +6 points

o Age ≥ 80 ans : +5 points

o Atteinte radiologique multilobaire ou bilatérale : +5 points

La valeur seuil de 10 points et la présence d’au moins un critère majeur ou de 2 critères

mineurs ont été validés pour déterminer les patients requérant une surveillance continue par

monitoring (admission en unité de soins continus (USC) ou en réanimation) et une stratégie

thérapeutique agressive dès l’admission. Sa sensibilité est de 92,1% et sa spécificité de 73,8%.

Deux études indépendantes ultérieures ont rapporté, pour l’une, une bonne performance du

score SCAP pour prédire l’admission en USI (aire sous courbe ROC : 0,83) [13] et plutôt

26

moyenne pour l’autre (aires sous courbes ROC pour prédire une admission en USI : 0,74 ; un

sepsis sevère : 0,79 et le recours à la ventilation mécanique : 0,76) [75].

3.2.4 Scores pronostiques non spécifiques

Plusieurs scores pronostiques généraux, largement validés pour évaluer la gravité de tout

patient admis en USI ou d’identifier les patients présentant un sepsis à risque d’aggravation,

ont été comparés à des scores pronostiques spécifiques des PAC. L’objet de ces études étant

de trouver un score applicable à toutes formes de sepsis dont les pneumonies et ainsi de

favoriser l’utilisation d’un outil simple et unique ; les trop nombreux scores de gravité étant

sous-utilisés.

La présence d’au moins 2 critères parmi les 4 données cliniques et biologiques suivantes :

température > 38°C ou < 36°C, fréquence cardiaque > 90/min, fréquence respiratoire >

20/min ou PaCO2 < 32mmHg, nombre de leucocytes > 12000/mm3 ou < 4000/mm

3 ou < 10%

de cellules immatures, définit le SIRS ou syndrome de réponse inflammatoire systémique.

L’utilisation de ces critères a aussi été validée pour prédire le risque de complications fatales

chez les patients septiques. Une étude a donc tenté d’évaluer la fiabilité des critères du SIRS

pour prédire l’évolution défavorable des PAC. Elle montre que ces critères sont insuffisants

pour identifier les PAC à risque de progression vers le sepsis sévère, le choc septique et le

décès (surface sous courbe ROC < 0,5), contrairement au score de Fine (aire sous courbe

ROC : 0,63) [26].

Le SEWS (standardized early warning score) est un score anglais utilisé pour identifier les

patients à risque d’aggravation rapide et nécessitant des soins et une surveillance rapprochés

en USC ou USI, calculé à partir de 5 critères (pression artérielle systolique, fréquence

cardiaque, fréquence respiratoire, température, état de conscience). Il a été comparé avec les

critères du SIRS au score CURB-65 et l’étude conclut à la supériorité de ce score spécifique

des PAC pour prédire la mortalité et identifier les patients à faible risque, les surfaces sous

courbes ROC étant de 0,64 pour le SEWS, 0,68 pour les critères du SIRS et de 0,78 pour le

score CURB-65 [8].

Des études ont comparé le score APACHE II (acute physiology and chronic health

evaluation) avec des scores spécifiques des PAC. C’est un score de gravité calculé à partir de

12 variables cliniques et biologiques, sur les premières 24 heures après l’admission en USI ou

réanimation. Il semble plus performant face au score CURB-65/CRB-65 pour prédire la

27

mortalité à 30 jours (aires sous courbes ROC : 0,80 versus 0,63 pour CURB-65 et à 0,64 pour

CRB-65) chez des patients spécifiquement atteints de PAC à Staphylococcus aureus

méthicilline-résistant [39]. Des études supplémentaires sont donc nécessaires pour déterminer

si ces résultats peuvent s’appliquer à toutes formes de PAC.

Le score IGS II (indice de gravité simplifié) est le score de gravité le plus utilisé en France et

en Europe. Il a été développé par Le Gall et al. en 1983 [41] puis révisé et comporte 15

paramètres dont le poids varie entre 0 et 26, leur cotation se faisant à partir des données les

plus péjoratives des 24 premières heures en réanimation. Cependant, il n’existe pas d’étude

comparant le score IGS II aux différents scores pronostiques spécifiques des PAC.

28

IV MATERIEL ET METHODE

4.1 Cadre et type d’étude

Il s’agit d’une étude épidémiologique comparative, rétrospective, monocentrique réalisée à

l’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) Bégin, situé à Saint-Mandé (94).

Tous les patients admis, entre le 1er

janvier 2009 et le 30 juin 2010, au Service d’Accueil des

Urgences (SAU) et/ou hospitalisés dans le Service de Maladies Infectieuses ou de

Réanimation de l’HIA Bégin pour une pneumonie aigüe communautaire ont été inclus.

4.2 Critères d’inclusion

Les critères d’inclusion étaient les suivants :

- Patient âgé de plus de 16 ans

- Présentant un tableau clinique d’infection respiratoire basse

- Associé à une anomalie radiologique (foyer, épanchement pleural…)

4.3 Critères d’exclusion

Les critères d’exclusion étaient les suivants :

- Patient âgé de moins de 16 ans

- Suspicion de pneumonie nosocomiale (apparaissant à plus de 48 heures

d’hospitalisation ou notion de dernière hospitalisation datant de moins de 14 jours)

- Immunodépression constitutionnelle ou acquise (infection par le VIH, suivi pour

cancer organique ou hématologique en cours de chimiothérapie, patient transplanté

sous traitement immunosuppresseur ou traitement corticoïdes au long cours)

- Mucoviscidose

- Tuberculose

4.4 Sélection des dossiers

Les dossiers médicaux ont été sélectionnés à l’aide du Programme de Médicalisation du

Système Informatique (PMSI) et récupérés auprès des archives communes à tous les services

de l’HIA Bégin.

29

4.5 Recueil des données

Le recueil rétrospectif des données à partir des dossiers des patients portait sur les paramètres

suivants :

4.5.1 Caractéristiques du patient

Age, sexe, antécédents médicaux, mode de vie (logement personnel ou en institution), habitus

(tabagisme, alcoolisme), antibiothérapie préalable ou en cours à l’admission

4.5.2 Constantes à l’admission et des 24 premières heures

Température, score de Glasgow et présence d’une confusion ou désorientation, fréquence

respiratoire, saturation en oxygène, fréquence cardiaque, tension artérielle à l’admission et

tension artérielle la plus basse des 24 premières heures, diurèse des 24 heures

4.5.3 Paramètres radiologiques

Foyer unilobaire, multilobaire ou bilatéral, présence d’épanchement pleural

4.5.4 Paramètres biologiques

Biologie sanguine : gaz du sang, hémogramme, ionogramme (natrémie, kaliémie), urée,

créatinine, glycémie, albuminémie, bilirubinémie totale, CRP

Données microbiologiques : antigénurie pneumocoque/légionelle, résultats des hémocultures

et examen cytobactériologique des crachats (ECBC)

4.5.5 Paramètres de prise en charge

Mode de prise en charge : SAU, service de maladies infectieuses ou autre service médical de

l’HIA, service de réanimation (admission primaire ou secondaire)

Charge en soins : recours au remplissage vasculaire, recours aux amines vasopressives, état de

choc septique, recours à la ventilation non invasive et/ou ventilation mécanique, recours à

l’épuration extra-rénale

4.5.6 Paramètres évolutifs

Antibiothérapie et durée, durée d’hospitalisation, évolution clinique (guérison, séquelles,

décès) dont mortalité à 7 jours et 30 jours

30

4.6 Calcul des scores d’aide au diagnostic de gravité

Six scores ont été calculés à l’aide des données recueillies pour tous les patients.

4.6.1 Calcul du score de Fine

Le score de Fine est calculé à l’aide de différents paramètres (Tableau 3) :

- Facteurs démographiques

- Comorbidités

- Données de l’examen physique

- Données radiologiques et biologiques

Les valeurs de chaque paramètre sont attribuées selon le tableau suivant :

Tableau 3 : Score de Fine (PSI)

Points

Facteurs démographiques Age Hommes Age en années

Age Femmes Age -10

Vie en institution + 10

Comorbidités Maladie néoplasique + 30

Maladie hépatique + 20

Insuffisance cardiaque congestive + 10

Maladie cérébro-vasculaire + 10

Maladie rénale + 10

Données de l’examen clinique Atteinte des fonctions supérieures + 20

Fréquence respiratoire > 30/min + 20

TA systolique < 90 mmHg + 20

T° < 36°C ou > 40°C + 15

Fréquence cardiaque ≥ 125/min + 10

Données radiologiques et biologiques pH artériel < 7,35 + 30

Urée ≥ 11 + 20

Natrémie < 130 + 20

Hématocrite < 30% + 10

Glycémie > 13 mmol/l + 10

PaO2 < 60 mmHg + 10

Epanchement pleural + 10

31

En fonction du score obtenu, les patients sont répartis en cinq classes de probabilité croissante

de mortalité (Tableau 4).

Tableau 4 : Classes de risque de mortalité en fonction du score de Fine

Classe Points

I Absence de facteur et < 50 ans

II ≤ 70

III 71 – 90

IV 91 – 130

V > 131

4.6.2 Calcul des scores de la British Thoracic Society (CURB-65 et CRB-65)

Le CURB-65 est calculé à partir de cinq paramètres (Tableau 5) :

- Etat neurologique

- Urée sanguine

- Fréquence respiratoire

- Tension artérielle systolique ou diastolique

- Age

Le CRB-65 est un score simplifié et donc utilisable en ville n’incluant pas de paramètre

biologique.

Les scores sont calculés à l’aide de ce tableau :

Tableau 5 : Scores de la British Thoracic Society – CURB-65 et CRB-65

Points si présent

Confusion + 1

Urée > 7 mmol/l (uniquement pour le

CURB-65)

+ 1

FR ≥ 30/min + 1

TAs < 90 mmHg

ou TAd ≤ 60 mmHg

+ 1

Age ≥ 65 ans + 1

32

4.6.3 Calcul du score SMRT-CO

Six paramètres sont nécessaires au calcul du SMRT-CO (Tableau 6) :

- Tension artérielle systolique

- Données radiologiques

- Fréquence respiratoire

- Fréquence cardiaque

- Etat neurologique

- Taux d’oxygénation (SpO2)

Le score simplifié SMRT-CO, dérivé du score SMART-COP, est utilisable en ville, son calcul

ne nécessitant pas l’utilisation de paramètres biologiques.

Le calcul de ce score a été réalisé à l’aide du tableau suivant :

Tableau 6 : Score SMRT-CO

Age ≤ 50 ans Age > 50 ans Points

TA systolique < 90 mmHg + 2

Foyer radiologique multilobaire + 1

FR ≥ 25/min ≥ 30/min + 1

FC ≥ 125/min + 1

Confusion + 1

SpO2 ≤ 93% ≤ 90% + 2

4.6.4 Calcul du score de l’Infectious Diseases Society of America/American Thoracic

Society 2007 (IDSA/ATS 2007)

Le score de l’IDSA/ATS 2007 se calcule à partir de onze paramètres (Tableau 7) :

- Fréquence respiratoire

- Rapport PaO2/FiO2

- Données radiologiques

- Etat neurologique

- Urée sanguine

- Taux de leucocytes (GB)

33

- Taux de plaquettes

- Température

- Tension artérielle systolique et/ou le recours à un remplissage vasculaire

- Recours à la ventilation mécanique

- Choc septique avec nécessité de recours aux vasopresseurs

Ces paramètres sont répartis en neuf critères mineurs et deux critères majeurs selon le tableau

suivant :

Tableau 7 : Score de l’IDSA/ATS 2007

Type de critère

Critères mineurs FR ≥ 30/min *

PaO2/FiO2 ≤ 250 *

Atteinte radiographique multilobaire

Désorientation / Confusion

Urée ≥ 20 mg/dl

GB < 4. 109/l

Plaquettes < 100. 109/l

Hypothermie : T° < 36°C

Hypotension : TAs < 90 mmHg et/ou recours à un remplissage

vasculaire agressif

Critères majeurs Recours à la ventilation mécanique

Choc septique nécessitant recours aux amines vasopressives **

*Le recours à une ventilation non invasive peut se substituer au critère FR ≥ 30/min ou au

critère PaO2/FiO2 ≤ 250

**Le choc septique est défini par une hypotension persistant malgré un remplissage vasculaire

agressif et associée à des signes d’hypoperfusion

Ce score permet d’identifier les PAC sévères par la présence d’au moins un critère majeur ou

d’au moins trois critères mineurs à l’admission.

34

4.6.5 Calcul du score IGS II (Indice de Gravité Simplifié)

Le score IGS II est calculé à l’aide des 15 critères cliniques et biologiques suivants :

- Mode d’admission : chirurgie urgente ou programmée, médecine

- Maladies chroniques : cancer métastasé, maladie hématologique, SIDA

- Score de Glasgow

- Age

- Pression artérielle systolique

- Fréquence cardiaque

- Température

- Rapport PaO2/FiO2 si patient sous ventilation mécanique ou VNI

- Diurèse des 24h en litres

- Urée sanguine

- Leucocytes

- Kaliémie

- Natrémie

- Bicarbonates (HCO3-)

- Bilirubine si patient ictérique

Pour chaque critère chiffré, c’est la valeur la plus défavorable obtenue dans les 24 premières

heures suivant l’admission qui est utilisée. Le poids de chaque critère oscille entre 0 et 26.

La probabilité de mortalité du patient est calculée en fonction du score IGS obtenu à l’aide de

la formule suivante :

Probabilité = e (logit) / (1 + e (logit))

avec : logit = - 7,7631 + 0,0737*IGS + 0,9971*log(IGS+1)

En raison de la complexité de la formule, le calculateur de la Société Française d’Anesthésie

et de Réanimation a été utilisé (www.sfar.org/scores/igs2.php).

35

4.7 Analyses statistiques

Toutes les données ont été analysées et traitées à l’aide du logiciel Stata 9.0 (Stata Corp,

USA).

L’analyse descriptive des caractéristiques socio-démographiques, cliniques et biologiques,

ainsi que des paramètres évolutifs et de prise en charge, est rapportée sous forme de

fréquences, pourcentages et moyennes avec l’écart-type.

Les scores de Fine, CURB-65/CRB-65, SMRT-CO, IDSA/ATS 2007 et IGSII ont été calculés

pour chaque patient. Les seuils de sévérité retenus au vu des données de la littérature sont :

- pour le score de Fine : classe ≥ IV

- pour les scores CURB-65 et CRB-65 : scores ≥ 3

- pour le score SMRT-CO : score ≥ 3

- pour le score IDSA/ATS 2007 : ≥ 1 critère majeur et/ou ≥ 3 critères mineurs

- pour le score IGSII : score ≥ 30

La performance de ces scores pour prédire la nécessité d’admission en réanimation/USI et/ou

la mortalité à 30 jours a été évaluée en calculant et comparant leur sensibilité, spécificité,

valeur prédictive positive et valeur prédictive négative, pour différents seuils (Annexe 14).

Les valeurs de prévalence utilisées (nombre d’admis en réanimation et de morts à 30 jours)

pour les calculs de VPP et VPN ont été celles de l’échantillon étudié.

Les aires sous courbes ROC (receiver operating characteristic curve) ont été calculées pour

chaque score, de même que l’intervalle de confiance qui leur est attribué (IC 95%).

La comparaison des différentes variables et des performances de chaque score a été réalisée à

l’aide du test de Chi-2 apparié. Le seuil de significativité était de 5% (p < 0,05).

36

V RESULTATS

5.1 Description de l’échantillon

5.1.1 Inclusions

Les critères d’inclusion ont permis de retenir les dossiers de 235 patients hospitalisés pour

pneumonie aigüe dans les services de Maladies Infectieuses et Tropicales et de Réanimation

de l’Hôpital d’Instruction des Armées Bégin, entre le 1er

janvier 2009 et le 30 juin 2010.

5.1.2 Exclusions

Parmi les 235 patients, initialement retenus, 49 dossiers ont été exclus pour les raisons

suivantes :

- dix-sept dossiers exclus pour diagnostic de pneumonie sans foyer radiologique

identifié, dont six sur des tableaux de décompensation de broncho-pneumopathie

chronique obstructive (BPCO)

- trois dossiers exclus pour diagnostic de pneumonie d’inhalation secondaire à une

intoxication médicamenteuse volontaire

- dix-huit dossiers exclus pour diagnostic de pneumonie nosocomiale

- onze dossiers exclus en raison d’une immunodépression acquise (cinq VIH déclarés,

quatre cancers en cours de chimiothérapie et deux traitements immunosuppresseurs au

long cours)

L’échantillon final étudié est donc composé de 186 patients.

5.1.3 Caractéristiques socio-démographiques

Les principales caractéristiques socio-démographiques des 186 patients inclus figurent dans le

Tableau 20.

L’âge moyen était de 63,7 ans +/- 21,1 ans (extrêmes : 16 – 100 ans) et 107 patients (57,5%)

étaient de sexe masculin. Seulement trois (1,6%) vivaient en institution. Un traitement

antibiotique avait déjà été instauré chez 41 patients (22%) avant leur admission au service des

urgences.

37

Cent-dix patients (59,1%) avaient au moins une comorbidité connue. Un tabagisme actif était

rapporté chez cinquante-quatre patients (29%). Trente-quatre (18,3%) patients étaient atteints

de BPCO dont quinze (8,1%) au stade d’insuffisance respiratoire chronique. Les autres

comorbidités sont rapportées dans le Tableau 8.

Tableau 8 : Caractéristiques socio-démographiques des patients atteints de PAC

Caractéristiques Population totale

nombre (%)

n=186

Hospitalisés en

MIT, nombre (%)

n=156

Hospitalisés en

réanimation,

nombre (%), n=30

Hommes 107 (57,5) 90 (57,7) 17 (56,7)

Age, moyenne (écart-type) 63,7 (±21,1) 63,4 (±21,1) 65,3 (± 21,1)

Age > 50 ans 136 (73,1) 114 (73,1) 22 (73,3)

Age ≥ 65 ans 100 (53,8) 82 (52,6) 18 (60)

Vie en institution 3 (1,6) 2 (1,3) 1 (3,3)

Alcoolisme chronique 16 (8,6) 11 (7,1) 5 (16,7)

Tabagisme actif 54 (29) 42 (26,9) 12 (40)

Antibiothérapie préalable 41 (22) 36 (23,1) 5 (16,7)

Comorbidités

Néoplasie 15 (8,1) 12 (7,7) 3 (10)

Maladie hématologique 3 (1,6) 3 (1,9) 0

Insuffisance cardiaque congestive 14 (7,5) 10 (6,4) 4 (13,3)

Coronaropathie 16 (8,6) 13 (8,3) 3 (10)

Maladie hépatique 0 (0) 0 0

Maladie rénale 9 (4,8) 6 (3,9) 3 (10)

Insuffisance respiratoire chronique 15 (8,1) 7 (4,5)* 8 (26,7)*

BPCO 34 (18,3) 21 (13,5)* 13 (43,3)*

Asthme 10 (5,4) 10 (6,4) 0

Maladie cérébro-vasculaire 11 (5,9) 10 (6,4) 1 (3,3)

Diabète 22 (11,8) 14 (9)* 8 (26,7)*

Démence 9 (4,8) 7 (4,5) 2 (6,7)

(* p<0,05, différence statistiquement significative entre les patients hospitalisés en MIT et en

réanimation pour ces caractéristiques)

38

Les patients présentant des comorbidités telles qu’une insuffisance respiratoire chronique, une

BPCO ou un diabète étaient plus fréquemment admis en réanimation qu’en service de

maladies infectieuses (p<0,05). Huit patients (26,7%) admis en réanimation étaient âgés de

moins de 65 ans et n’avaient pas de comorbidité.

5.1.4 Caractéristiques cliniques

A l’admission, onze patients (5,9%) avaient une température inférieure à 36°C ou supérieure à

40°C et neuf (4,8%) présentaient une confusion. Une polypnée supérieure à 30 par minute a

été constatée chez vingt-et-un patients (11,3%). Sur le plan hémodynamique, seize patients

(8,6%) présentaient une tachycardie supérieure à 125 battements par minute et vingt-sept

patients étaient hypotendus dont trois (1,6%) avec une TAs inférieure à 90 mmHg et vingt-

quatre (12,9%) avec une TAd inférieure ou égale à 60 mmHg. Les autres caractéristiques

cliniques sont rapportées dans le Tableau 9.

La seule caractéristique plus fréquemment associée à une admission en réanimation était une

désaturation (SpO2 ≤ 90% en air ambiant).

Tableau 9 : Caractéristiques cliniques des patients atteints de PAC

Caractéristiques Population totale

nombre (%)

n=186

Hospitalisés en

MIT nombre (%)

n=156

Hospitalisés en

réanimation

nombre (%), n=30

Température < 36°C ou > 40°C 11 (5,9) 8 (5,1) 3 (10)

FR ≥ 30/min 21 (11,3) 9 (5,8) 12 (40)

FR ≥ 25/min chez ≤ 50 ans 7 (14) 4 (2,6) 3 (10)

SpO2 ≤ 90% chez > 50 ans 41 (30,1) 27 (17,3) 14 (46,7)

SpO2 ≤ 93% chez ≤ 50 ans 5 (10) 1 (0,6) 4 (13,3)

FC ≥ 125 bpm 16 (8,6) 9 (5,8) 7 (23,3)

TAs < 90 mmHg 3 (1,6) 2 (1,3) 1 (3,3)

TAd ≤ 60 mmHg 24 (12,9) 20 (12,8) 4 (13,3)

Confusion 9 (4,8) 6 (3,9) 3 (10)

Diurèse < 1 l/24h 45 (24,2) 36 (23,1) 9 (30)

39

5.1.5 Caractéristiques biologiques et radiologiques

Sur la gazométrie artérielle, quarante-trois patients (23,1%) avaient une PaO2 inférieure à 60

mmHg et sur les vingt ayant nécessité la mise en route d’une ventilation assistée (VNI ou

VM) dès l’admission, quinze (75%) avaient un rapport PaO2/FiO2 inférieur à 250. Cinq

(2,7%) étaient en acidose avec un pH inférieur à 7,35 et ont tous été admis en réanimation. Le

taux de lactates était en moyenne de 1,5 mmol/l (écart-type : ±0,8 ; extrêmes : 0,5 - 5,8

mmol/l). Quarante-quatre patients (23,7%) n’avaient pas eu de gazométrie artérielle à

l’admission, les données manquantes ont été considérées comme normales.

Une défaillance rénale avec une urée sanguine supérieure à 7 mmol/l a été constatée chez

soixante-neuf patients (37,1%) dont neuf étaient en choc septique et une urée sanguine

supérieure à 11 mmol/l chez vingt-huit patients (15%) dont sept étaient en choc septique à

l’admission.

Quarante-sept patients (25,3%) avaient une atteinte pulmonaire multilobaire et vingt-et-un

(11,3%) avaient un épanchement pleural, constatés radiologiquement, parmi lesquels quinze

ont été admis en réanimation dont cinq secondairement.

Des hémocultures sont revenues positives pour cinq patients : quatre à Streptococcus

pneumoniae (associées à des antigènes solubles urinaires et/ou ECBC positifs pour le

pneumocoque) et une à Klebsiella pneumoniae. Les patients présentant une bactériémie à

Streptococcus pneumoniae ont tous été admis en réanimation, dont un secondairement.

Les principales caractéristiques biologiques et radiologiques de la cohorte sont résumées dans

le Tableau 10.

Les patients admis en réanimation étaient significativement plus en acidose et plus hypoxique

que ceux hospitalisés en MIT et l’atteinte radiologique était plus volontiers multilobaire ou

bilatérale (p<0,05).

40

Tableau 10 : Caractéristiques biologiques et radiologiques des patients atteints de PAC

Caractéristiques Population totale

nombre (%),

n=186

Hospitalisés en

MIT, nombre

(%), n=156

Hospitalisés en

réanimation

nombre (%),

n=30

Caractéristiques biologiques

pH < 7,35 5 (2,7) 1 (0,6)* 4 (13,3)*

PaO2 < 60 mmHg 43 (23,1) 26 (16,7)* 17 (56,7)*

PaO2/FiO2 ≤ 250 chez patients mis sous

VNI ou VM à l’admission (n=20)

15 (75) - 15 (50)

Lactates, moyenne (écart-type) 1,5 (±0,8) 1,3 (±0,5) 2,1 (±1,3)

Urée > 7 mmol/l 69 (37,1) 50 (32,1) 19 (63,3)

Urée ≥ 11 mmol/l 28 (15) 15 (9,6) 13 (43,3)

Natrémie < 130 mmol/l 12 (6,4) 11 (7,1) 1 (3,3)

Kaliémie < 3 ou ≥ 5 mmol/l 11 (5,9) 8 (5,1) 3 (10)

HCO3- < 20 mmol/l 7 (3,8) 5 (3,2) 2 (6,7)

Glycémie > 13 mmol/l 2 (1,1) 0 2 (6,7)

Hématocrite < 30% 10 (5,4) 8 (5,1) 2 (6,7)

GB < 4.109

/l 6 (3,2) 4 (2,6) 2 (6,7)

Plaquettes < 100.109/l 7 (3,8) 5 (3,2) 2 (6,7)

CRP, moyenne (écart-type) 165,5 (±130,5) 156,4 (±116,5) 212,7 (±182,9)

Antigène soluble urinaire pneumocoque 24 (12,9) 16 (10,3)* 8 (26,7)*

Antigène soluble urinaire légionelle 2 (1,1) 1 (0,6) 1 (3,3)

Hémoculture positive 5 (2,7) 1 (0,6) 4 (2,6)

Caractéristiques radiologiques

Atteinte multilobaire 51 (27,4) 34 (21,8)* 17 (56,7)*

Epanchement pleural 21 (11,3) 17 (10,9) 4 (13,3)

(* p<0,05, différence statistiquement significative entre les patients hospitalisés en MIT et en

réanimation pour ces caractéristiques)

41

5.2 Orientation et prise en charge des PAC

Sur les 186 patients, trente (16,1%) ont été admis en réanimation, dont huit (4,3%)

secondairement à une dégradation de leur état, et 156 (83,9%) ont été hospitalisés uniquement

dans le service de maladies infectieuses. Les caractéristiques de leur prise en charge sont

détaillées dans le Tableau 11.

A l’admission, dix-neuf patients (10,2%) présentaient un sepsis sévère et ont dû bénéficier

d’un remplissage vasculaire et neuf (4,8%) étaient en choc septique, le remplissage vasculaire

étant inefficace, un traitement vaso-actif a dû être instauré. Onze des patients ayant bien

répondu au remplissage vasculaire initial ont été hospitalisés en service de maladies

infectieuses et trois ont finalement dû être secondairement transférés en réanimation.

Parmi tous les patients orientés en réanimation, treize (7%) ont bénéficié d’une ventilation

non invasive et une ventilation mécanique a dû être instaurée pour quinze patients (8,1%).

Tableau 11 : Caractéristiques de la prise en charge des patients atteints de PAC (n=186)

Nombre (%)

Orientation/Admission

En service de maladies infectieuses 156 (83,9)

En réanimation 30 (16,1)

En réanimation secondairement 8 (4,3)

Modalités de prise en charge

Remplissage vasculaire 28 (15,1)

Amines vasopressives 9 (4,8)

VNI 13 (7)

VM 15 (8,1)

Epuration extra-rénale/Dialyse 4 (2,2)

42

5.3 Paramètres évolutifs

5.3.1 Durées d’hospitalisation

La durée moyenne de séjour globale était de 11,5 jours (écart-type : ±10,7 ; extrêmes : 2 – 116

jours). Pour les 30 PAC hospitalisées en réanimation, la durée moyenne de séjour était de 25,2

jours (extrêmes : 4 – 116 jours) dont 14,2 jours (extrêmes : 2 – 98 jours) en moyenne dans le

service de réanimation. La durée moyenne d’hospitalisation des PAC en service de maladies

infectieuses (156 cas) était de 9,9 jours (extrêmes : 2 – 83 jours).

5.3.2 Traitements antibiotiques utilisés

Cent quarante-six pneumonies (78,5%) ont bénéficié d’une mono-antibiothérapie (dont 17,7%

par amoxicilline, 33,3% par amoxicilline-acide clavulanique et 27,5% par lévofloxacine) et

quarante (21,5%) ont eu une bi-antibiothérapie.

La durée moyenne du traitement antibiotique était de 11,7 jours (écart-type : ±2,6 ; extrêmes :

6 - 21 jours). Pour les PAC hospitalisées en réanimation, la durée moyenne de

l’antibiothérapie était similaire à celle des PAC admises en maladies infectieuses (12,2 vs 11,6

jours).

5.3.3 Evolution : guérison, séquelles, décès

L’évolution a été favorable avec une guérison sans séquelles chez 169 patients (90,8%).

Des séquelles ont été mises en évidence chez sept patients (3,8%) telles que des séquelles

pleurales, des atélectasies chroniques, une dyspnée d’effort ou des épanchements cloisonnés.

Dix décès (5,4%) ont été observés avec une mortalité à 7 jours de 0,54% (1 cas) et une

mortalité à 30 jours de 3,8% (7 cas). L’âge moyen des patients décédés était de 81,9 ans

(extrêmes : 61 – 100 ans) avec six hommes pour quatre femmes. Trois patients sont décédés

en service de maladies infectieuses, une prise en charge réanimatoire n’étant pas envisageable

au vu de leur âge et de leurs antécédents. Un homme de 70 ans admis secondairement en

réanimation (après 2 jours en service de maladies infectieuses), est décédé d’un syndrome de

détresse respiratoire aigüe au bout de 40 jours. Streptococcus pneumoniae avait été mis en

évidence chez 2 des 10 patients décédés (sur une hémoculture et sur un examen

cytobactériologique des crachats).

43

5.4 Calcul des scores

Les six scores étudiés ont été calculés pour chaque patient. Le Tableau 12 montre la

répartition des patients par classes de risque pour chaque score ainsi que le nombre de patients

admis en réanimation et décédés dans les 30 jours pour chacune de ces classes. Les différentes

classes des scores ont été catégorisées en risque faible, modéré et élevé en tenant compte des

données des études antérieures.

Le score de Fine a identifié une plus petite proportion de patients à faible risque (43%

[80/186]) que le CURB-65 (61,8% [115/186]) et le SMRT-CO (59,7% [111/186]). Le CRB-

65 n’en a quant à lui identifié que 35,5% (66/186).

Le taux d’admission en réanimation des patients à faible risque a été de 7,5% pour le score de

Fine, 12,2 et 9,1% pour le CURB-65 et le CRB-65, 7,2% pour le SMRT-CO et 10,3% pour

l’IGSII. Le taux de mortalité à 30 jours était nul pour les patients à faible risque identifiés par

le score de Fine, le CRB-65 et l’IGSII et similaire pour les scores CURB-65 et SMRT-CO

(1,7 et 1,8% respectivement).

Pour tous les scores, les proportions de patients admis en réanimation ou décédés à 30 jours

augmentaient en fonction de la classe de risque.

Les patients identifiés à haut risque par le score de Fine ont été plus nombreux et ont eu un

taux de mortalité à 30 jours plus faible (11,9% [7/59]) comparé aux classes de haut risque des

scores CURB-65, SMRT-CO et IDSA/ATS 2007 (15% [3/20], 14,3% [4/28] et 14,8% [4/27]

respectivement). Mais les sept patients décédés dans les 30 jours ont tous été identifiés

comme à haut risque par le score de Fine. La mortalité dans le groupe à haut risque du CRB-

65 était de 50% mais n’incluait que 6 patients.

Le taux d’admission en réanimation était de 70,4% dans le groupe à haut risque de

l’IDSA/ATS 2007, bien supérieur aux taux constatés pour les autres scores (30,5% pour le

Fine, 45 et 50% pour le CURB-65 et le CRB-65 et 53,6% pour le SMRT-CO). Le score IGSII

a identifié plus de patients à haut risque (23,1% [43/186]) que les autres scores, hormis le

score de Fine, avec un taux d’admission en réanimation de 34,9% et une mortalité à 30 jours

de 9,3%.

44

Tableau 12 : Distribution des patients, de l’admission en réanimation et de la mortalité à

30 jours par classes de risque pour chaque score étudié (nombre (%)).

Classes de risque par score Nombre de

patients (n=186)

Admission en

réanimation* (n=30)

Mortalité à 30

jours* (n=7)

Fine

Risque faible (I – II) 80 (43) 6 (7,5) 0

Risque modéré (III) 47 (25,3) 6 (12,8) 0

Risque élevé (IV + V) 59 (31,7) 18 (30,5) 7 (11,9)

V 17 (9,1) 6 (35,3) 3 (17,6)

CURB-65

Risque faible (0 – 1) 115 (61,8) 14 (12,2) 2 (1,7)

Risque modéré (2) 51 (27,4) 7 (13,7) 2 (3,9)

Risque élevé (≥ 3) 20 (10,7) 9 (45) 3 (15)

CRB-65

Risque faible (0) 66 (35,5) 6 (9,1) 0

Risque modéré (1 – 2) 114 (61,3) 21 (18,4) 4 (3,5)

Risque élevé (3 – 4) 6 (3,2) 3 (50) 3 (50)

SMRT-CO

Risque faible (0 – 1) 111 (59,7) 8 (7,2) 2 (1,8)

Risque modéré (2) 27 (14,5) 8 (29,6) 1 (3,7)

Risque élevé (≥ 3) 28 (15) 15 (53,6) 4 (14,3)

IDSA/ATS 2007

≥ 3 critères mineurs (Cm) 27 (14,5) 19 (70,4) 4 (14,8)

≥ 1 critère majeur (CM) 6 (3,2) 6 (100) 3 (50)

Risque élevé (≥ 3 Cm et/ou ≥ 1CM) 27 (14,5) 19 (70,4) 4 (14,8)

IGS II

Risque faible (0 – 19) 68 (36,6) 7 (10,3) 0

Risque modéré (20 – 29) 75 (40,3) 9 (12) 3 (4)

Risque élevé (30 – 49) 42 (22,6) 14 (33,3) 4 (9,5)

≥ 50 1 (0,5) 1 (100) 0

(* Le dénominateur utilisé était le nombre de patients par classe de risque)

45

5.4.1 Patients jeunes (≤ 50 ans)

Cinquante patients avaient 50 ans ou moins (26,9%), seul quatre présentaient une comorbidité

associée (asthme, BPCO, néoplasie) et pour huit d’entre eux, un antigène soluble urinaire à

pneumocoque était positif. Parmi eux, huit ont été hospitalisés en réanimation (16%) dont

deux secondairement à une admission initiale en service de maladies infectieuses. Il n’y a pas

eu de décès chez les patients ≤ 50 ans.

En ce qui concerne les patients admis secondairement en réanimation, il s’agissait d’une

femme de 49 ans sans comorbidité connue, avec une recherche d’antigène soluble urinaire à

pneumocoque positif. Seul l’IGS II l’avait identifiée à risque élevé, tous les autres scores

l’ayant classifiée à faible risque. Elle a dû bénéficier de VNI pendant 8 jours. Le deuxième

était un homme de 50 ans, admis secondairement pour choc septique sur légionellose et a

bénéficié de 9 jours de VM. Tous les scores l’avaient identifié comme à risque modéré.

Parmi les 6 autres patients admis en réanimation, deux ont dû être intubé et bénéficier d’une

ventilation mécanique, un était en choc septique et les quatre autres ont été mis sous VNI.

Seul le SMRT-CO et l’IDSA/ATS 2007 (grâce aux critères mineurs) ont identifié

correctement 4 de ces patients à haut risque. Le score de Fine n’en a identifié qu’un seul. Ils

ont été classés à risque faible ou modéré par les autres scores.

5.4.2 Patients admis secondairement en réanimation

Huit patients ont été hospitalisés en réanimation après une admission initiale en service

conventionnel (maladies infectieuses, cardiologie, hépato-gastro-entérologie), ils ont tous été

transférés en réanimation dans les 24-48 heures suivant leur entrée.

Il s’agissait de trois femmes et cinq hommes, ayant entre 49 et 94 ans. Ils avaient tous au

moins une comorbidité connue, sauf un. Quatre avaient une atteinte radiologique multilobaire

et/ou bilatérale. Un homme de 50 ans, confus à son entrée aux urgences, a été admis

secondairement pour choc septique avec antigénurie légionelle positive. Deux ont été mis

sous VNI et cinq ont dû bénéficier de ventilation mécanique. Un homme de 70 ans,

bronchitique chronique et diabétique, est décédé à 40 jours de réanimation (arrêt cardiaque sur

SDRA). Il avait initialement une atteinte radiologique multilobaire et n’avait pas eu de gaz du

sang réalisé aux urgences.

46

Les scores de Fine, l’IDSA/ATS 2007 et l’IGSII ont correctement identifié quatre de ces

patients comme à haut risque, le patient décédé et les trois plus âgés, aux nombreuses

comorbidités. Les scores CURB-65 et SMRT-CO n’en ont identifié que deux et le CRB-65,

aucun. Quatre de ces patients ont donc été mal classifiés par tous les scores.

5.4.3 Patients décédés

Dix patients sont décédés dont sept en service de réanimation, un y avait été admis

secondairement (cf. supra). Ils avaient tous au moins une comorbidité connue. Six avaient une

atteinte radiologique multilobaire et/ou bilatérale et deux étaient en acidose (pH < 7,35),

constatée aux urgences. Deux patients étaient en choc septique à l’admission, une bactériémie

à pneumocoque a été identifiée par la suite pour un de ces 2 patients. Ils ont tous eu recours à

une ventilation assistée.

Seul le score de Fine a identifié tous les patients décédés en réanimation comme étant à haut

risque. L’IDSA/ATS 2007, ainsi que les critères mineurs seuls, en ont identifié six

correctement et le SMRT-CO, cinq. Seuls trois présentaient un haut risque d’après les scores

CURB-65 et CRB-65.

Trois patients sont décédés en service de maladies infectieuses, récusés sur le plan

réanimatoire. Des pathologies surajoutées étaient en cause pour deux de ces patients

(défaillance hémodynamique sur surdosage en digoxine – sepsis associé d’origine urologique

sur tumeur urothéliale obstructive). Le 3e patient décédé a été identifié à risque élevé par le

score de Fine, modéré par l’IGSII et à faible risque par tous les autres scores.

47

5.5 Performances des scores

5.5.1 Pour prédire l’admission en réanimation

Les performances de chaque score pour identifier les patients nécessitant une hospitalisation

en réanimation sont détaillées par seuil, dans le Tableau 13.

Les scores de Fine et l’IGS II avaient une meilleure sensibilité et une moins bonne spécificité

que les deux scores CURB-65 et CRB-65, pour tous les seuils. Le score SMRT-CO avait une

sensibilité similaire mais une meilleure spécificité que tous les autres scores. Au seuil de

gravité retenu par les études antérieures, l’IDSA/ATS 2007 était le score avec la meilleure

sensibilité et spécificité (60% et 94,2% respectivement) pour prédire la nécessité d’admission

en réanimation, ces performances étant similaires même si l’on ne prend en compte que les

critères mineurs de ce score.

La valeur prédictive négative (VPN) était élevée pour tous les seuils pour les scores de Fine,

le SMRT-CO et l’IDSA/ATS 2007 (≥90%), contrairement aux autres scores où elle était plus

moyenne (≥85%). La valeur prédictive positive (VPP) était quant à elle faible pour tous les

scores.

Il n’y avait pas de différence significative entre les aires sous courbe ROC pour les scores de

Fine (0,71 ; IC 95% : 0,61-0,80), le CURB-65 (0,68 ; IC 95% : 0,58-0,78), le CRB-65 (0,64 ;

IC 95% : 0,54-0,74), l’IDSA/ATS 2007 (0,77 ; IC 95% : 0,68-0,86) et l’IGS II (0,70 ; IC

95% : 0,59-0,81) (p = 0,43). Les performances du score SMRT-CO et des critères mineurs de

l’IDSA/ATS 2007 étaient meilleures que les autres scores avec des aires sous courbe ROC de

0,86 (IC 95% : 0,79-0,92) et de 0,87 (IC 95% : 0,80-0,94) respectivement. Les critères

majeurs seuls de l’IDSA/ATS 2007 sont peu performants (aire sous courbe ROC : 0,58 ; IC

95% : 0,51-0,65) par rapport à tous les autres scores (p < 0,05), cela s’explique par le fait que

les patients requérant une ventilation mécanique ou des vasopresseurs sont systématiquement

admis en réanimation mais beaucoup de patients y sont aussi admis pour surveillance, sans

avoir jamais recours à une VM ou à des vasopresseurs.

Les courbes ROC sont présentées pour chaque score dans la Figure 1.

48

Tableau 13 : Performances de chaque score pour prédire la nécessité d’admission en

réanimation.

Scores Sensibilité Spécificité VPP VPN Aire sous courbe

ROC (IC 95%)

Fine

0,71 (0,61 – 0,80)

≥ II 96,7 17,9 18,5 96,5

≥ III 80 47,4 22,6 92,5

≥ IV 60 73,7 30,5 90,5

CURB-65

0,68 (0,58 – 0,78)

≥ 1 90 36,5 21,4 95

≥ 2 53,3 64,7 22,5 87,8

≥ 3 30 92,9 45 87,3

CRB-65

0,64 (0,54 – 0,74)

≥ 1 80 38,5 20 90,9

≥ 2 30 88,5 33,3 86,8

≥ 3 10 98,1 50 85

SMRT-CO

0,86 (0,79 – 0,92)

≥ 1 96,7 59 31,2 98,9

≥ 2 73,3 78,8 40 93,9

≥ 3 46,7 91 50 89,9

IDSA/ATS 2007

≥ 3 Cm 60 94,2 66,7 92,5 0,87 (0,80 – 0,94)

≥ 1 CM 16,7 99,4 83,3 86,1 0,58 (0,51 – 0,65)

≥ 3 Cm et/ou ≥ 1 CM 60 94,2 66,7 92,5 0,77 (0,68 – 0,86)

IGS II

0,70 (0,59 – 0,81)

≥ 15 90 26,3 19 93,2

≥ 20 76,7 39,1 19,5 89,7

≥ 30 46,7 81,4 32,6 88,8

49

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.7049

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.6783

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.6417

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.8564

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.7712

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.8688

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.5800

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.7024

Score de Fine - AUC = 0,71 CURB-65 – AUC = 0,68 CRB-65 – AUC = 0,64

SMRT-CO – AUC = 0,86 IDSA/ATS 2007 – AUC = 0,77 Critères mineurs

IDSA/ATS 2007 –

AUC = 0,87

Critères majeurs IGS II – AUC = 0,70

IDSA/ATS 2007 – AUC = 0,58

Figure 1 : Courbes ROC : performances des scores pour prédire l’admission en

réanimation. AUC = area under curve (aire sous la courbe)

AUC = area under curve (aire sous la courbe).

50

5.5.2 Pour prédire la mortalité à 30 jours

Les performances de chaque score pour prédire la mortalité à 30 jours sont détaillées par

seuil, dans le Tableau 14.

Les scores de Fine et l’IGS II, en dehors du seuil de risque élevé, avaient une sensibilité plus

élevée et une moins bonne spécificité, comparés aux autres scores. Au seuil de gravité retenu,

c’est le score de Fine qui présentait la meilleure sensibilité (100%) et spécificité (71,8%).

Pour tous les autres scores, la sensibilité, pour ce seuil, était nettement inférieure (42,9 à

57,1%).

La valeur prédictive négative était élevée pour tous les seuils de chaque score (>95%) avec

notamment une VPN de 100% pour le score de Fine quel que soit le seuil. La valeur

prédictive positive était faible pour tous les scores (≤50%).

Il n’y avait pas de différence significative entre les aires sous courbe ROC pour les scores

CURB-65 (0,78 ; IC 95% : 0,61-0,95), le CRB-65 (0,78 ; IC 95% : 0,62-0,93), le SMRT-CO

(0,79 ; IC 95% : 0,59-0,98), l’IDSA/ATS 2007 (0,72 ; IC 95% : 0,52-0,92) ainsi que les

critères majeurs seuls de l’IDSA/ATS 2007 (0,70 ; IC 95% : 0,51-0,91) (p = 0,22). Les

performances des scores de Fine, de l’IGS II et des critères mineurs de l’IDSA/ATS 2007

semblaient meilleures avec des aires sous courbes ROC de 0,88 (IC 95% : 0,82-0,95), 0,87

(IC 95% : 0,77-0,96) et 0,82 (IC 95% : 0,66-0,98) respectivement mais sans différence

significative avec les autres scores. Les critères majeurs de l’IDSA/ATS 2007 étaient tout de

même moins performants que ces trois derniers scores (p < 0,05).

Les courbes ROC sont présentées pour chaque score dans la Figure 2.

51

Tableau 14 : Performances de chaque score pour prédire la mortalité à 30 jours

Scores Sensibilité Spécificité VPP VPN Aire sous courbe

ROC (IC 95%)

Fine

0,88 (0,82 – 0,95)

≥ II 100 16,4 4,5 100

≥ III 100 45,2 6,7 100

≥ IV 100 71,8 12,3 100

CURB-65

0,78 (0,61 – 0,95)

≥ 1 100 33,9 5,6 100

≥ 2 71,4 62,7 7 98,2

≥ 3 42,9 90,4 15 97,6

CRB-65

0,78 (0,62 – 0,93)

≥ 1 100 36,7 5,9 100

≥ 2 42,9 86,4 11,1 97,4

≥ 3 42,9 98,3 50 97,7

SMRT-CO

0,79 (0,59 – 0,98)

≥ 1 85,7 52 6,6 98,9

≥ 2 71,4 72,9 9,4 98,5

≥ 3 57,1 87 14,8 98,1

IDSA/ATS 2007

≥ 3 Cm 57,1 87,6 15,4 98,1 0,82 (0,66 – 0,98)

≥ 1 CM 42,9 98,3 50 97,8 0,70 (0,51 – 0,91)

≥ 3 Cm et/ou ≥ 1 CM 57,1 87,6 15,4 98,1 0,72 (0,52 – 0,92)

IGS II

0,87 (0,77 – 0,96)

≥ 15 100 24,9 5 100

≥ 20 100 38,4 6 100

≥ 30 57,1 78,5 9,5 97,9

52

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.87970

.00

0.2

50

.50

0.7

51

.00

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.7805

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.7756

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.7853

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.72360

.00

0.2

50

.50

0.7

51

.00

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.8192

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.7070

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.8668

Score de Fine – AUC = 0,88 CURB-65 – AUC = 0,78 CRB-65 – AUC = 0,78

SMRT-CO – AUC = 0,79 IDSA/ATS 2007 – AUC = 0,72 Critères mineurs

IDSA/ATS 2007 –

AUC = 0,82

Critères majeurs IGS II – AUC = 0,87

IDA/ATS 2007 – AUC = 0,70

Figure 2 : Courbes ROC : performances des scores pour prédire la mortalité à 30 jours.

AUC = area under curve (aire sous la courbe).

53

5.5.3 Pour prédire l’admission en réanimation et/ou la mortalité à 30 jours

Les performances de chaque score concernant le critère composite « admission en

réanimation et/ou mortalité à 30 jours » sont rapportées dans le Tableau 15. Seules les aires

sous courbes ROC y sont répertoriées.

Les performances du score SMRT-CO et des critères mineurs de l’IDSA/ATS 2007 étaient

meilleures que les autres scores pour ce critère composite avec des aires sous courbe ROC de

0,83 (IC 95% : 0,76-0,91) et de 0,87 (IC 95% : 0,79-0,94) respectivement. Il n’y a pas de

différence significative entre les performances des autres scores (p = 0,34), concernant le

critère composite, sauf pour les critères majeurs de l’IDSA/ATS 2007 qui sont les moins

performants en comparaison à tous ces scores (p = 0,02).

Tableau 15 : Performances de chaque score pour prédire l’admission en réanimation

et/ou la mortalité à 30 jours (critère composite)

Scores Aire sous courbe

ROC (IC 95%)

Fine 0,72 (0,63 – 0,82)

CURB-65 0,70 (0,60 – 0,80)

CRB-65 0,67 (0,57 – 0,77)

SMRT-CO 0,83 (0,76 – 0,91)

IDSA/ATS 2007

≥ 3 Cm 0,87 (0,79 – 0,94)

≥ 1 CM 0,60 (0,53 – 0,67)

≥ 3 Cm et/ou ≥ 1 CM 0,76 (0,67 – 0,85)

IGS II 0,73 (0,62 – 0,83)

Les courbes ROC sont présentées pour chaque score dans la Figure 3.

54

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.72110

.00

0.2

50

.50

0.7

51

.00

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.7028

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.6721

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.8339

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.7642

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.8647

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.5968

0.0

00

.25

0.5

00

.75

1.0

0

Se

nsib

ilité

0.00 0.25 0.50 0.75 1.001 - Spécificité

Area under ROC curve = 0.7250

Score de Fine – AUC = 0,72 CURB-65 – AUC = 0,70 CRB-65 – AUC = 0,67

SMRT-CO – AUC = 0,83 IDSA/ATS 2007 – AUC = 0,76 Critères mineurs

IDSA/ATS 2007 -

AUC = 0,87

Critères majeurs IGS II – AUC = 0,73

IDSA/ATS 2007 – AUC = 0,60

Figure 3 : Courbes ROC : performances des scores pour le critère combiné « admission

en réanimation et/ou mortalité à 30 jours ». AUC = area under curve (aire sous la courbe).

55

VI DISCUSSION

6.1 Généralités

Les pneumonies aigües communautaires sont responsables d’une morbi-mortalité élevée. Il

est donc primordial d’évaluer correctement le pronostic initial de chaque patient afin

d’optimiser sa prise en charge. L’orientation vers une prise en charge ambulatoire ou

hospitalière, voire réanimatoire, est conditionnée par cette évaluation du niveau de gravité.

De nombreux travaux ont permis d’identifier des comorbidités, des facteurs socio-

démographiques, cliniques et paracliniques de mauvais pronostic mais aucun marqueur n’est

assez fiable pour être utilisé isolément [3,33,46,48-50,54,60,67-70]. Ce constat est à l’origine

de l’élaboration de scores d’évaluation de la gravité initiale apportant une aide à la décision

du type de prise en charge, par la combinaison de critères individuels, cliniques et biologiques

[24,32,47,51]. Compte tenu de la sévérité potentielle des pneumonies aigües communautaires,

le meilleur score est celui qui offre :

- une sensibilité proche de 100% (afin de ne pas méconnaître une PAC grave)

- la meilleure spécificité pour éviter les hospitalisations non justifiées

- la meilleure applicabilité clinique (utilisation aisée aux urgences ou en soins

primaires)

D’après la conférence de consensus de 2006 sur la prise en charge des infections des voies

respiratoires basses de l’adulte immunocompétent, aucun score n’est assez fiable pour guider

seul l’orientation clinique initiale. Deux limitations importantes sont à noter concernant le

poids attribué à l’âge et la difficulté de leur utilisation en pratique quotidienne. L’appréciation

clinique du médecin doit donc primer sur les scores, si nécessaire [72].

Nous avons ainsi choisi de comparer les performances de cinq scores spécifiques des

pneumonies aigües communautaires et un score pronostique général sur un échantillon de

patients atteints de PAC diagnostiquées aux urgences.

56

6.2 Commentaire des résultats

6.2.1 Population et comorbidités

Dans notre étude, l’âge moyen des patients était de 63,7 ans et 53,8% avaient plus de 65 ans,

ce qui est similaire aux populations étudiées dans les différentes études : 59,1 à 78 ans en

moyenne et au moins 50% de patients de plus de 65 ans [7,18,30,52]. Les données

épidémiologiques françaises rapportent en effet que 50% des cas de PAC et 90% des décès

surviennent chez les plus de 65 ans [27].

Dans notre étude, la proportion de patients ayant au moins une comorbidité associée était de

59,4% versus 83,3% dans l’étude d’Angus et al. et seuls 1,6% des patients vivaient en

institution contre 4 à 24,3% selon les études [6,7,15,52].

L’insuffisance respiratoire chronique, la BPCO et le diabète étaient significativement associés

à une admission en réanimation et huit (26,7%) n’avaient aucune comorbidité. Une étude de

2002 retrouvait que les patients admis en réanimation avaient plus de comorbidités (maladies

pulmonaire et cardiaque chroniques, démence), seule l’insuffisance rénale chronique ne

semblait pas être un facteur de risque et aucune comorbidité n’était connue pour 7% d’entre

eux [6].

6.2.2 Paramètres cliniques et paracliniques

Au plan clinique, on retrouve une association significative entre une saturation pulsée en

oxygène basse (SpO2 ≤ 90%), un score de Glasgow bas (sauf pour la confusion isolée) et une

admission en réanimation. Les autres paramètres identifiés comme critères de gravité par

l’AFSSAPS et dans l’étude de Angus et al., tels qu’une tachypnée (FR≥30), une tachycardie

(FC≥125bpm), une confusion et une hypo/hyperthermie (T°<35 ou >40°C) n’avaient pas

d’influence dans notre étude [1,6].

Seuls trois patients présentaient une pression artérielle systolique inférieure à 90 mmHg, à

l’admission aux urgences. Aucune association entre ce critère et une admission en

réanimation n’a donc pu être établie. Pourtant, ce paramètre apparaît dans tous les scores et

semble être un des critères de gravité les plus puissants selon certaines études [22,33].

Sur le plan biologique et radiologique, une acidose (pH<7,35), une hypoxémie

(PaO2<60mmHg) et une atteinte multilobaire ou bilatérale étaient plus fréquemment associées

à une admission en réanimation. Ces mêmes paramètres ont été identifiés dans une autre

57

étude, auxquels peuvent s’ajouter une leucopénie ou une hyperleucocytose, une

hyperglycémie, une hyponatrémie et une insuffisance rénale aigüe [6]. Ces critères sont

considérés comme des critères de gravité des PAC, par de nombreuses études

[3,33,34,46,50,54,60,67-69].

Il n’y avait pas de différence significative entre les valeurs de la CRP initiale des patients

admis en MIT et de ceux admis en réanimation. Ce résultat concorde avec les données de

plusieurs études montrant l’absence de fiabilité de ce biomarqueur de l’inflammation comme

critère de gravité [12,14,37].

6.2.3 Orientation, prise en charge et évolution

Les patients admis en réanimation représentaient 16,1% de la population étudiée. Ce taux

d’admission varie entre 2,5 et 19,9% selon les études [6,15,18,52,70,75]. Cette variabilité

s’explique par l’absence de définition claire des critères d’admission en réanimation qui

diffèrent d’une étude à l’autre : les patients nécessitant une VNI n’étant pas toujours gérés en

réanimation (possibilité de prise en charge en soins continus). Dans l’étude de Buising et al.,

6,6% des patients ont été hospitalisés en réanimation mais aucun de ceux nécessitant une VNI

[15]. Les taux de recours à la ventilation mécanique (8,1 versus 1,9 à 8,3%) et à la VNI (7

versus 6%) étaient similaires aux données publiées pour les patients hospitalisées en

réanimation [30,52,75].

Huit patients (4,3%) ont dû être secondairement admis en réanimation pour une aggravation

de leur état clinique. Dans deux études similaires, les taux de mauvaise orientation initiale

rapportés étaient de 2,3% et 8,5% [15,30].

La durée d’hospitalisation était en moyenne de 11,5 jours. Dans des études similaires, la durée

moyenne était de 4 à 9,3 jours [15,52,75]. Les patients admis en réanimation avaient une

durée d’hospitalisation significativement plus longue que ceux hospitalisés en MIT (25,2 vs

9,9 jours). Ce même constat est rapporté par une étude de 2002 : 23,2 jours en réanimation

versus 9,1 jours en service d’hospitalisation standard (p<0,001) [6].

En ce qui concerne la mortalité, les taux de 3,8% de mortalité à 30 jours et de 23,3% de

mortalité en réanimation sont à rapprocher des résultats constatés sur différentes études : 3,7 à

9,4% et 15,3 à 40,5% respectivement [6,7,15,18,30,52,75]. La mortalité hors réanimation a

été faible (3/156 patients : 1,9%), d’autant plus que pour deux de ces patients, des pathologies

surajoutées étaient en cause et ils avaient tous les trois été récusés sur le plan réanimatoire au

58

vu de leur état général antérieur. Seule une étude de Angus et al. rapporte un taux de mortalité

hors réanimation (6,9%) [6].

6.2.4 Performances et comparaison des scores

Les scores de Fine et CURB-65/CRB-65 avaient une meilleure sensibilité et spécificité pour

prédire la mortalité à 30 jours que pour prédire l’admission en réanimation. La sensibilité et la

VPN du score de Fine étaient notamment de 100% pour ce 1er

critère, mais le faible

pourcentage de mortalité à J30 dans notre étude pourrait expliquer ce bon résultat. Le score de

Fine semblait plus performant que les scores CURB-65 et CRB-65 pour ces deux critères

(aires sous courbe ROC de 0,88 vs 0,78/0,78 et 0,71 vs 0,68/0,64 respectivement), sans qu’il y

ait cependant de différence significative. Des études similaires et méta-analyses retrouvent les

mêmes résultats et tendent à privilégier l’utilisation des scores CURB-65/CRB-65 pour leur

simplicité, à performance équivalente avec le score de Fine [7,18,19,52]. Ces scores ont

d’abord été développés pour prédire la mortalité à 30 jours mais aussi pour identifier les

patients à risque faible, pouvant relever d’un traitement ambulatoire [32,51]. En effet, aucun

décès n’était à déplorer dans les classes de risque faible des scores Fine et CRB-65 et 1,7% de

mortalité pour le CURB-65, équivalente à la mortalité dans l’étude de validation de ce score

(1,5% pour les patients à faible risque) [51].

Cependant, ces 3 scores auraient tendance à sous-estimer la gravité potentielle des PAC chez

les sujets de moins de 50 ans, qui malgré une faible mortalité à 30 jours peuvent requérir une

ventilation mécanique ou l’utilisation de vasopresseurs et être classés à ‘‘risque faible’’ [70].

Dans notre étude, parmi les huit patients de moins de 50 ans admis en réanimation, aucun

n’avait été identifié à risque élevé par le CURB-65/CRB-65 et un seul par le score de Fine

contre quatre par le SMRT-CO, ainsi que l’IDSA/ATS 2007. Une proportion non négligeable

aurait donc été mal orientée, en raison du poids trop fort attribué au critère « âge », mais aussi

aux comorbidités, par rapport aux autres facteurs pronostiques. Une étude récente a montré la

supériorité du SMART-COP pour prédire la nécessité d’admission en réanimation (ventilation

mécanique et vasopresseurs) chez les patients jeunes (< 50 ans) par rapport aux scores de Fine

et CURB-65 : sensibilité de 84,8% versus 54,5%. En effet, la cotation de certains critères de

gravité du SMART-COP (et par conséquent du SMRT-CO) se fait selon des seuils différents

en fonction de l’âge (≤ ou > 50 ans), mais 15% resteraient toutefois mal identifiés [21]. Une

utilisation exclusive de ces scores pour l’orientation des PAC des sujets jeunes n’est donc pas

59

envisageable. L’évaluation de leur gravité ne semble pas pouvoir s’affranchir du jugement

clinique.

Le SMART-COP et SMRT-CO ont été développé pour prédire la nécessité d’admission en

réanimation [24]. Dans notre étude, seul le SMRT-CO a été évalué, il avait une bonne valeur

discriminante (ROC≥0,80) pour le critère ‘‘admission en réanimation’’. Il était

significativement meilleur que les autres scores et de performance égale aux critères mineurs

de l’IDSA/ATS 2007 évalués séparément (aire sous courbe ROC 0,86 vs 0,87

respectivement). Concernant la mortalité, sa performance était moyenne (ROC<0,80) et

équivalente aux autres scores. Ces bonnes performances, équivalentes à d’autres études

concernant le SMART-COP, restent encore à confirmer [13,18].

Au seuil de risque élevé retenu, l’IDSA/ATS 2007 était le score avec la meilleure sensibilité

et spécificité pour prédire l’admission en réanimation mais sa performance n’était pas

significativement différente de celle des autres scores. Cependant, l’évaluation des critères

majeurs et mineurs de l’IDSA/ATS 2007 séparément, a montré une performance

significativement meilleure de ces derniers, au contraire des critères majeurs seuls (aire sous

courbe ROC 0,87 vs 0,58). La performance médiocre de ces critères majeurs par rapport aux

résultats d’études antérieures pourrait s’expliquer par le fait que, dans notre étude, beaucoup

de patients ont été admis en réanimation pour la mise en place d’une VNI et non pas

uniquement d’une ventilation mécanique ou de vasopresseurs [6,13,30,47]. De plus, ces

critères ne sont pas réellement prédictifs puisqu’un patient nécessitant une ventilation

mécanique et/ou l’utilisation de vasopresseurs est systématiquement admis en réanimation. Ils

sont en effet déjà universellement reconnus comme critères d’indication à une hospitalisation

en réanimation [18].

Au contraire, les critères mineurs de l’IDSA/ATS 2007 semblent pouvoir être utilisés seuls

pour identifier les patients à risque de complication, qui n’ont pas immédiatement d’indication

évidente à une admission en réanimation. Dans notre étude, ils étaient aussi performants que

le score de Fine et l’IGS II pour prédire la mortalité à 30 jours (aire sous courbe ROC : 0 ,82

vs 0,88/0,87 respectivement) et significativement meilleurs pour prédire l’admission en

réanimation, au même plan que le SMRT-CO (aire sous courbe ROC : 0,87 et 0,86

respectivement). Deux études de validation du score IDSA/ATS 2007 rapportent une bonne

valeur discriminante des critères mineurs seuls pour l’admission en réanimation mais avec des

seuils de gravité différents (au moins 2 critères mineurs pour Liapikou et al. et au moins 4

60

critères mineurs pour Brown et al.) [13,47]. Ces critères mineurs ont aussi été comparé aux

scores de Fine et CURB-65 dans l’étude de Phua et al., avec comme seuil de gravité la

présence d’au moins 3 critères mineurs. Ils étaient plus spécifiques que le score de Fine, plus

sensibles que le CURB-65 et leurs performances étaient significativement meilleures (aires

sous courbe ROC pour la mortalité : 0,88 vs 0,86/0,82 et pour l’admission en réanimation :

0,85 vs 0,75/0,68 respectivement). Cependant, ils auraient tendance à légèrement sur-estimer

la nécessité d’admission en réanimation [64].

Pour le critère combiné ‘‘prédiction d’admission en réanimation et/ou mortalité à 30 jours’’,

les critères mineurs de l’IDSA/ATS 2007 étaient là encore avec le SMRT-CO plus

discriminants (aires sous courbe ROC : 0,87 et 0,83 respectivement) mais sans être

significatif.

Quant au score IGS II, ses performances sont équivalentes aux autres scores en termes de

prédiction de mortalité à 30 jours (ROC 0,87) et d’admission en réanimation (ROC 0,70). Ce

score non spécifique des PAC était plus discriminant concernant la mortalité, critère pour

lequel il a été développé. Cependant, son calcul nécessite de nombreux paramètres et son

utilisation est prévue pour des patients déjà admis en réanimation [41]. Aucune étude ne

l’avait comparé auparavant aux scores spécifiques des PAC. D’autres scores non spécifiques

(SEWS, APACHE II) ont été évalués, notamment face au CURB-65, mais leurs résultats sont

à confirmer par des études ultérieures [8,39].

L’absence de prise en compte des facteurs sociaux par tous ces scores représente aussi une

limitation non négligeable car ce sont parfois les seuls facteurs d’indication à une

hospitalisation, principalement chez les personnes âgées.

Au total, aucun score pronostique n’est parfait et les résultats sont dépendants des populations

dans lesquelles ils sont appliqués. A performances égales, le score SMRT-CO présente

l’avantage d’être facilement calculable aux urgences comme en médecine de ville car il ne

comporte pas de variables biologiques. De plus, l’existence de seuils de gravité différents

pour certaines variables en fonction de l’âge (≤ ou > 50 ans) éviterait de sous-estimer les PAC

des sujets jeunes. Il peut donc être utilisé comme aide à la décision mais il ne doit pas se

substituer au jugement clinique et à l’expérience médicale.

61

6.3 Limites de l’étude

Les résultats obtenus dans notre étude sont à interpréter avec prudence pour plusieurs raisons.

6.3.1 Etude rétrospective

Il s’agit d’une étude rétrospective, qui du fait de cette méthodologie, présente l’inconvénient

d’un possible biais de sélection des dossiers. Ce biais a été compensé par l’utilisation de la

cotation PMSI qui permet une bonne exhaustivité.

De plus, le recueil des données se faisant à postériori, certaines peuvent ne pas être retrouvées

dans les dossiers. Toutes les données manquantes (cliniques ou biologiques) ont donc été

considérées par défaut comme normales.

L’absence de données telles que l’albuminémie dans plus de 70% des dossiers, ne nous a pas

permis d’évaluer le score SMART-COP dans cette étude, au contraire du SMRT-CO qui

n’inclut pas ce paramètre.

6.3.2 Faible effectif

Notre étude n’inclut qu’un faible nombre de patients et seulement sept décès à 30 jours

(3,8%), allant de 3,7 à 9,4% selon les études [6,7,15,30,52,75]. Ces résultats laissent une

incertitude quant aux bons résultats concernant la sensibilité et la VPN des scores

pronostiques étudiés (jusqu’à 100% pour le score de Fine).

6.3.3 Critères d’inclusion

Dans notre étude, trente cas de pneumonies graves ont été admis en réanimation (16,1%). Ce

taux est similaire à certaines études [6,30] mais bien plus élevé que d’autres [15,52,75]. Cette

différence s’explique par la variabilité des critères d’admission en réanimation selon les

études. Les patients admis pouvaient nécessiter une ventilation mécanique, des vasopresseurs

mais aussi la mise en place d’une ventilation non invasive, parfois gérée hors réanimation

dans certains centres. Nos résultats concernant les performances des scores pour l’admission

en réanimation ne peuvent donc être comparés qu’avec les études ayant utilisé les mêmes

critères d’hospitalisation en réanimation et sont applicables uniquement sur des populations

similaires.

62

6.4 Perspectives

En accord avec les recommandations françaises de la SPILF, les scores de Fine, le CURB-

65/CRB-65 et l’IDSA/ATS 2007 ont été largement validés par de nombreuses études mais

aucun n’apparaît suffisamment efficace pour guider avec fiabilité l’orientation initiale de prise

en charge des PAC [72].

De nouveaux scores tels que le SMART-COP/SMRT-CO, les critères mineurs de

l’IDSA/ATS 2007 mais aussi le score SCAP (non étudié ici) semblent prometteurs mais des

études complémentaires, multicentriques et à plus large échelle, sont nécessaires pour

confirmer leurs performances.

63

VII CONCLUSION

La prise en charge et l’orientation initiale des PAC repose sur une bonne évaluation des

facteurs pronostiques individuels, dès l’admission aux urgences.

Les scores d’aide au diagnostic de gravité apparaissent comme un complément utile pour

guider la décision de prise en charge des PAC. Dans notre étude, les performances des

différents scores étudiés sont comparables. Mais les deux seuls scores à avoir une bonne

valeur discriminante (ROC≥0,80), pour prédire l’admission en réanimation et/ou la mortalité à

30 jours, sont le SMRT-CO et les critères mineurs de l’IDSA/ATS 2007.

Tous ces scores ont deux principales limites, la sous-estimation des PAC des sujets jeunes

(moindre pour le score SMRT-CO) et l’absence de prise en compte des facteurs sociaux.

En raison de sa simplicité et d’une meilleure aptitude à évaluer la gravité des PAC chez les

sujets jeunes (≤ 50 ans), le SMRT-CO pourrait être le score à privilégier tant pour une

utilisation aux urgences qu’en médecine de ville. Son objectif serait d’identifier avec fiabilité

les patients pouvant être traités en ambulatoire ou nécessitant une hospitalisation (standard ou

en réanimation) mais sans se substituer au jugement clinique et à l’expérience médicale.

De nouvelles études de validations externes sont cependant nécessaires avant de pouvoir

utiliser en toute confiance ces scores dans la pratique quotidienne.

64

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community-acquired pneumonia : a review. Q J Med 2009; 102 (6) : 379-388.

[71] SMITH MD, DERRINGTON P, EVANS R, CREEK M, MORRIS R, DANCE DA, et al.

Rapid diagnosis of bacteriemic pneumococcal infections in adults using the Binax NOW

Streptococcus pneumonia urinary antigen test : a prospective, controlled clinical evaluation. J

Clin Microbiol 2003; 41 (7) : 2810-2813.

[72] SPILF. XVe Conférence de consensus en thérapeutique anti-infectieuse : Prise en charge

des infections des voies respiratoires basses de l’adulte immunocompétent. Texte long 2006.

Med Maladies Infect 2006; 36 : 235–244.

[73] TREMOLIERES F. Texte d’expert. Épidémiologie microbienne des infections

respiratoires basses actualités. Médecine et maladies infectieuses 2006 ; 36 : 546–554.

[74] WATERER GW, WUNDERINK RG. The influence of the severity of community-

acquired pneumonia on the usefulness of blood cultures. Respir Med 2001; 95 (1) : 78-82.

[75] YANDIOLA PP, CAPELASTEGUI A, QUINTANA J, DIEZ R, GORORDO I,

BILBAO A, et al. A prospective comparison of severity scores for predicting clinically

relevant outcomes for patients hospitalized with community-acquired pneumonia. Chest 2009;

135 : 1572-1579.

71

IX ANNEXES

Annexe 1 : Epidémiologie microbienne des PAC [2,9,48,53,56,63,73]

Streptococcus pneumoniae est l’agent pathogène le plus fréquemment isolé (30 à 48%) dans

les PAC hospitalisées. Il serait responsable de 130 000 pneumonies en France et des deux

tiers des pneumonies létales. Classiquement, les pneumonies à pneumocoque ont un début

brutal avec fièvre élevée et un syndrome alvéolaire systématisé. Mais elles peuvent se

présenter sous divers tableaux radio-cliniques, aucune caractéristique n’étant spécifiquement

fiable d’un agent pathogène.

Le deuxième agent pathogène serait Mycoplasma pneumoniae mais son incidence est mal

connue (7 à 12%). Il est le plus fréquent chez l’adulte jeune mais serait sous-estimé chez les

patients non hospitalisés. Les PAC à Mycoplasma pneumoniae surviennent par poussées

épidémiques, sont de début progressif avec un syndrome interstitiel à la radiographie.

Haemophilus influenzae serait en cause dans 5,5 à 22% des cas et plus particulièrement sur

terrain tabagique ou bronchitique chronique. Cependant son véritable rôle pathogène est

discuté en raison de la difficulté de le distinguer d’un Haemophilus de colonisation, fréquent

dans cette population.

L’incidence de Legionella pneumophila est de 5%, jusqu’à 15% des PAC nécessitant une

hospitalisation et plus de 10% des malades admis en réanimation. Elle est au deuxième rang

des formes graves hospitalisées et serait sous-évaluée en ville. Elle est plus fréquente chez les

fumeurs, les sujets âgés et ceux atteints de maladies respiratoires chroniques, néoplasies ou

certains immunodéprimés. La mortalité est d’environ 14%. Les éléments en faveur d’une

légionellose sont un contexte épidémique ou une exposition à risque, une fièvre très élevée,

un pouls dissocié et des signes extra-thoraciques (diarrhée, confusion, obnubilation) mais ne

sont pas pathognomoniques.

L’incidence de Chlamydia pneumoniae et psittaci est estimée entre 5 et 10%. Elle occupe la

première place en ville avec Mycoplasma pneumoniae et Influenza A. C’est un agent des

pneumonies « atypiques » avec une présentation clinique similaire à M. pneumoniae.

L’étiologie virale (virus Influenza A, virus respiratoire syncitial, adénovirus para-influenzae)

est évaluée entre 10 et 23% des cas hospitaliers et 22 à 36% des cas en ville. Les pneumonies

virales sont de survenue épidémique hivernale et le tableau clinique est généralement celui

72

d’une pneumonie « atypique » mais des formes graves sont possibles. La complication la plus

fréquente est la surinfection bactérienne (par S. pneumoniae, H. influenzae ou S. aureus).

Les autres agents pathogènes représentent en général moins de 5% des étiologies.

La pneumonie à Staphylococcus aureus est rare en milieu communautaire, plutôt chez la

personne âgée, en état post-grippal.

Les pneumonies à Gram négatif (Klebsiella pneumoniae et autres entérobactéries) surviennent

principalement chez des sujets âgés, en institution ou aux défenses amoindries (alcoolisme,

maladies chroniques débilitantes).

Pseudomonas aeruginosa est un germe des malades immunodéprimés et plutôt d’origine

nosocomiale.

Les pneumonies à germes anaérobies sont la conséquence d’accidents de déglutition uniques

ou répétés.

Des infections plurimicrobiennes sont possibles mais exceptionnelles.

73

Annexe 2 : Diagnostic microbiologique des PAC

Les hémocultures

D’après de larges études, seulement 5 à 14% des hémocultures réalisées pour tous types de

PAC reviennent positives et identifient l’agent causal [16,53,74]. Le Streptococcus

pneumoniae est la bactérie la plus fréquemment retrouvée dans ces hémocultures (30%).

Leur positivité augmente avec la gravité des PAC, établie avec le score de Fine dans l’étude

de Waterer et al. [74] : 5,3% pour les PAC de classe I jusqu’à 26,7% pour les classes V. La

limitation des hémocultures aux PAC sévères (classe IV et V) permet d’identifier quasiment

90% des PAC avec bactériémie [57].

Leur résultat modifie peu la prise en charge thérapeutique (entre 1 et 30% de modification

antibiotique), hormis en réanimation.

Elles sont donc principalement recommandées en cas de PAC sévère ou en présence de

facteur de risque de pathogène résistant.

L’examen cytobactériologique des crachats

L’ECBC est un examen avec un rendement médiocre car principalement dépendant de la

qualité de recueil. Les contaminations oropharyngées sont fréquentes. Sa réalisation doit être

assistée par un kinésithérapeute et il doit être acheminé rapidement au laboratoire pour

exploitation. La mise en culture n’est pratiquée que si l’examen cytologique retrouve plus de

25 polynucléaires neutrophiles et moins de 10 cellules épithéliales par champ. La culture est

considérée comme positive s’il existe un micro-organisme unique avec un seuil supérieur à

107 colonie formant unité (CFU/ml).

Dans seulement 14,4 à 23% des cas, l’échantillon recueilli est de bonne qualité et permet

d’identifier un micro-organisme prédominant. Son résultat n’est pas fiable si le patient a reçu

une antibiothérapie préalable. La présence de diplocoque gram positif au direct est hautement

spécifique de la présence de Streptococcus pneumoniae (>90%) [35,59].

Chez les patients présentant une PAC sévère nécessitant une ventilation mécanique, les

prélèvements endotrachéaux par aspiration sont à privilégier car facilement réalisables et

moins contaminés par la flore oropharyngée.

74

La recherche d’antigène soluble urinaire de S. pneumoniae

Une technique immuno-chromatographique (Binax NOW®) détecte le polysaccharide C

membranaire, commun à tous les pneumocoques. Le résultat est disponible en 15 minutes.

Sa sensibilité varie selon les études de 50 à 80%, sachant qu’elle augmente avec la sévérité de

l’infection et en cas de bactériémie. Sa spécificité est supérieure à 90% [53,72]. Le test n’est

pas négativé par une antibiothérapie de 7 jours, il peut persister positif jusqu’à 3 mois [61,71].

La recherche d’antigène soluble urinaire de L. pneumophila [25,48,53,72]

L’antigène urinaire de Legionella pneumophila sérotype 1 est détecté par un test immuno-

chromatographique. Il en existe 15 sérogroupes mais le plus fréquemment en cause dans les

PAC est le sérotype 1. Son résultat peut être obtenu en 15 minutes ou en 1 à 2 heures si il est

réalisé après concentration des urines, le but étant d’en augmenter la sensibilité et la

spécificité. Il apparaît entre 1 et 3 jours après le début de la maladie et peut persister jusqu’à 1

an. Il est excrété dans environ 80% des cas de pneumonie à Légionelle de sérotype 1.

Selon les études, sa sensibilité varie entre 56 et 99% car elle dépend de la sévérité de

l’infection. Sa spécificité est supérieure à 95%.

Les sérologies

Les sérologies sont praticables pour les germes intra-cellulaires : Legionella pneumophila,

Mycoplasma pneumoniae, Chlamydia pneumoniae et psittaci. Leur interprétation nécessite

deux sérologies à 15 jours d’intervalle avec une ascension significative du titre des anticorps.

Leur intérêt est principalement étiologique. Elles doivent être réalisées en cas de PAC sévère

sans diagnostic microbiologique établi par les méthodes précédentes et sans amélioration

malgré le traitement instauré ou en cas de facteurs de risque épidémiologiques majeurs

[48,53]. Des sérologies virales sont aussi réalisables (Influenza A et B, adénovirus, virus

respiratoire syncitial).

Les autres techniques [48,53]

La détection génômique par PCR de virus respiratoires, de L. pneumophila, Chlamydia ou

Mycoplasma pneumoniae lorsqu’elle est disponible est préférée à la réalisation de sérologies.

L’immunofluorescence directe sur les sécrétions rhinopharyngées peut apporter un diagnostic

rapide en cas de grippe ou d’infection à adénovirus.

75

Annexe 3 : Score de Fine

Points

Facteurs

démographiques

Age Hommes Age en

années

Age Femmes Age -10

Vie en institution + 10

Comorbidités Maladie néoplasique + 30

Maladie hépatique + 20

Insuffisance cardiaque congestive + 10

Maladie cérébro-vasculaire + 10

Maladie rénale + 10

Données de l’examen clinique Atteinte des fonctions supérieures + 20

Fréquence respiratoire > 30/min + 20

TA systolique < 90 mmHg + 20

T° < 36°C ou > 40°C + 15

Fréquence cardiaque ≥ 125/min + 10

Données radiologiques et biologiques pH artériel < 7,35 + 30

Urée ≥ 11 + 20

Natrémie < 130 + 20

Hématocrite < 30% + 10

Glycémie > 13 mmol/l + 10

PaO2 < 60 mmHg + 10

Epanchement pleural + 10

76

Annexe 4 : Classes de risque de mortalité et mode de prise en charge adapté au résultat

du score de Fine

Classe Points Probabilité de

mortalité

Mode de prise en

charge

I Absence de facteur et

< 50 ans

0,1 - 0,4% Ambulatoire

II ≤ 70 0,6 – 0,7% Ambulatoire

III 71 – 90 0,9 – 2,8% Hospitalisation

brève (UHCD)

IV 91 – 130 8,2 – 9,3% Hospitalisation en

unité

conventionnelle

V › 131 27 – 31% Hospitalisation en

réanimation

77

Annexe 5 : Scores CURB-65 et CRB-65

Points si présent

Confusion + 1

Urée > 7 mmol/l (uniquement pour le

CURB-65)

+ 1

FR ≥ 30/min + 1

TAs < 90 mmHg

ou TAd ≤ 60 mmHg

+ 1

Age ≥ 65 ans + 1

Annexe 6 : Mode de prise en charge adapté aux résultats des scores CURB-65 et CRB-65

Mode de prise en charge CURB-65 CRB-65

Ambulatoire 0 à 1 0

Hospitalisation brève

(UHCD)

2 1 à 2

Hospitalisation urgente >3 3 à 4

Hospitalisation en

réanimation à considérer

4 à 5

78

Annexe 7 : Score ‘‘modified ATS’’

Type de critère

Critères mineurs TAs ≤ 90 mmHg

Atteinte multilobaire

PaO2/FiO2 ≤ 250

Critères majeurs Recours à la ventilation mécanique

Choc septique

Annexe 8 : Score de l’IDSA/ATS 2007

Type de critère

Critères mineurs FR ≥ 30/min *

PaO2/FiO2 ≤ 250 *

Atteinte radiographique multilobaire

Désorientation / Confusion

Urée ≥ 20 mg/dl

GB < 4. 109/l

Plaquettes < 100. 109/l

Hypothermie : T° < 36°C

Hypotension : TAs < 90 mmHg et/ou recours à un remplissage

vasculaire agressif

Critères majeurs Recours à la ventilation mécanique

Choc septique nécessitant recours aux amines vasopressives **

*Le recours à une ventilation non invasive peut se substituer au critère FR ≥ 30/min ou au

critère PaO2/FiO2 ≤ 250

**Le choc septique est défini par une hypotension persistant malgré un remplissage vasculaire

agressif et associée à des signes d’hypoperfusion

79

Annexe 9 : Score de Leroy (classes/sous-classes et pourcentage de risque de mortalité)

Classe de risque à l'admission

0-2 points

Classe I

4%

Sous-classe ajustée à J7

≤ 2 points

1,5%

> 2 points

50%

3-5 points

Classe II

25%

Sous-classe

ajustée à J7

0 point

2%

1-2points

39%

> 2 points

86%

6-8 points

Classe III

60%

Sous-classe

ajustée à J7

≤ 2 points

49%

> 2 points

93%

80

Annexe 10 : Scores SMART-COP et SMRT-CO

Age ≤ 50 ans Age > 50 ans Points

TA systolique < 90 mmHg + 2

Foyer radiologique multilobaire + 1

Albumine < 3,5 g/dl (uniquement SMART-COP) + 1

FR ≥ 25/min ≥ 30/min + 1

FC ≥ 125/min + 1

Confusion + 1

PaO2 (uniquement SMART-COP) < 70 mmHg < 60 mmHg + 2

ou SpO2 ≤ 93% ≤ 90% + 2

ou si patient sous O2 : PaO2/FiO2 < 333 < 250 + 2

pH artériel < 7,35 (uniquement SMART-COP) + 2

Annexe 11 : Interprétation du score SMART-COP

Risque de recours à VNI/VM

et/ou amines

Points Pourcentage de

recours à VNI/VM et/ou amines

Risque faible 0 – 2 0 – 2,6%

Risque modéré (1 sur 8) 3 – 4 7,6 – 21,4%

Risque élevé (1 sur 3) 5 – 6 30,9 – 48,5%

Risque très élevé (2 sur 3) ≥ 7 70,8%

Annexe 12 : Interprétation du score SMRT-CO

Risque de recours à VNI/VM

et/ou amines

Points

Risque très faible 0

Risque faible (1 sur 20) 1

Risque modéré (1 sur 10) 2

Risque élevé (1 sur 6) 3

Risque élevé (1 sur 3) ≥ 4

81

Annexe 13 : Score SCAP

Données du patient

Critères majeurs

- pH < 7,30

- TAs < 90mmHg

≥ 1 critère majeur

Hospitalisation en USC ou

USI

Critères mineurs

- Confusion

- Urée > 30mg/dl

- FR > 30/min

- Atteinte multilobaire ou bilatérale

- PaO2 < 54mmHg ou

PaO2/FiO2 < 250

- Age ≥ 80 ans

≥ 2 critères mineurs

Hospitalisation en USC ou USI

82

Annexe 14 : Mesure des performances d’un test [5]

Pour un test qualitatif, appliqué à une série de cas, quatre situations vont se présenter en

fonction des résultats :

- Résultat positif : vrais positifs (VP) ou faux positifs (FP)

- Résultat négatif : vrais négatifs (VN) ou faux négatifs (FN)

Dans cette étude, le but est de déterminer la gravité ou non d’une maladie (pneumonie aigüe

communautaire).

Maladie

Test (gravité)

Présente Absente

Positif

VP FP

Négatif

FN VN

La valeur d’un test est évaluée en fonction de quatre paramètres, exprimés en pourcentage :

- Sensibilité et spécificité (marqueurs de valeur intrinsèque du test)

- Valeur prédictive positive et valeur prédictive négative (marqueur de la valeur

prédictive du test)

La sensibilité (Se) est la capacité à détecter les cas d’une maladie (ici les pneumonies graves).

C’est la proportion de vrais positifs sur le nombre total de cas : Se = VP / (VP + FN)

La spécificité (Sp) est la capacité à identifier correctement les individus qui ne sont pas

atteints par la maladie (ici les pneumonies sans gravité).

C’est la proportion de vrais négatifs sur le nombre total de sujets sains : Sp = VN / (VN + FP)

La valeur prédictive positive (VPP) est la probabilité que la maladie soit présente (ici

pneumonie grave) lorsque le test est positif : VPP = VP / (VP + FP)

La valeur prédictive négative (VPN) est la probabilité que la maladie ne soit pas présente (ici

pneumonie sans gravité) lorsque le test est négatif : VPN = VN / (VN +FN)

83

La courbe ROC est un graphe permettant de visualiser de façon synthétique les performances

d’un test en fonction des seuils choisis. La sensibilité (Se) de chaque seuil est portée en

ordonnée et le pourcentage de faux positifs (1-Sp) en abscisse. Le seuil optimum est celui qui

correspond au point le plus près du coin haut et gauche du graphe (aire sous courbe ROC

proche de 1). Un test est peu discriminant lorsque la courbe se rapproche de la diagonale (aire

sous courbe ROC proche de 0,5). Les courbes ROC permettent de comparer plusieurs tests

entre eux. Le test le plus discriminant est celui dont le graphe est le plus convexe (aire proche

de 1).

Figure 4 : Interprétation d’une courbe ROC : sensitivity : sensibilité ; specificity :

spécificité ; area under curve : aire sous la courbe ; 0,50-0,59 : test sans valeur discriminante ;

0,60-0,69 : faible valeur discriminante ; 0,70-0,79 : valeur discriminante moyenne ; 0,80-

0,89 : bonne valeur discriminante ; 0,90-1,00 : excellente valeur discriminante.

84

X RESUME

TITRE DE LA THESE : Intérêt d’un score d’aide au diagnostic de gravité dans la prise en

charge et l’orientation initiale des pneumonies aigües communautaires de l’adulte aux

urgences.

Introduction : L’évaluation de la gravité des pneumonies aigües communautaires (PAC) est

difficile mais indispensable afin d’optimiser la prise en charge et l’orientation initiale des

patients. Des scores d’aide au diagnostic de gravité ont été créés et validés pour prédire

l’admission en réanimation et/ou le risque de décès. L’objectif de notre travail était d’évaluer

et comparer les performances de cinq scores spécifiques des PAC et du score générique IGS

II, dans les PAC de l’adulte aux urgences.

Matériel et méthode : Tous les patients admis aux urgences, entre le 1er

janvier 2009 et le 30

juin 2010, avec un diagnostic de PAC ont été inclus rétrospectivement. Les données cliniques

et paracliniques à l’admission ont été utilisées pour calculer les scores de Fine, le CURB-65 et

CRB-65, le SMRT-CO, l’IDSA/ATS 2007 et l’IGS II. Les performances de chaque score

(sensibilité, spécificité, valeur prédictive positive (VPP) et négative (VPN) et aire sous courbe

ROC), pour prédire la nécessité d’admission en réanimation et/ou la mortalité à 30 jours, ont

ensuite été comparées.

Résultats : Cent quatre-vingt-six patients ont été inclus : sept (3,8%) sont décédés dans les 30

jours et trente (16,1%) ont été admis en réanimation. Les performances des scores de Fine,

CURB-65/CRB-65, de l’IGS II et l’IDSA/ATS 2007 étaient médiocres (ROC<0,80) et

similaires pour prédire l’admission en réanimation. Le SMRT-CO et les critères mineurs seuls

de l’IDSA/ATS 2007 étaient significativement meilleurs pour ce critère (aires sous courbe

ROC : 0,86 (IC95% : 0,79-0,92) et 0,87 (IC95% : 0,80-0,94) respectivement). Pour la

mortalité à 30 jours, les scores avaient une VPN élevée (jusqu’à 100% pour le score de Fine)

mais une très basse VPP, pour tous les seuils. Les scores de Fine, l’IGS II et les critères

mineurs de l’IDSA/ATS 2007 avaient une bonne valeur discriminante (ROC≥0,80),

contrairement aux autres scores plutôt moyens (ROC<0,80), mais sans différence significative

entre eux. Concernant le critère composite, les performances étaient moyennes (ROC<0,80)

sauf pour le SMRT-CO et les critères mineurs de l’IDSA/ATS 2007 dont les bonnes

performances (ROC≥0,80) n’étaient cependant pas significativement différentes.

Conclusion : L’utilisation d’un score d’aide au diagnostic de gravité est un complément utile

pour la décision d’orientation des PAC de l’adulte. Les six scores étudiés ont des

performances similaires pour le critère combiné mais le SMRT-CO semble plus approprié à

une utilisation aux urgences en raison de sa simplicité et de sa meilleure capacité à identifier

les PAC graves nécessitant une prise en charge en réanimation.

Mots-Clés : pneumonie communautaire, techniques d’aide à la décision, indice de gravité

médicale, réanimation - mortalité

85

XI SUMMARY

TITLE : Relevance of a predictive rule to identify and guide the initial management of adults

with severe community-acquired pneumonia

Introduction : Severity assessment is difficult but essential to guide the initial management

of patients with community-acquired pneumonia (CAP). Clinical prediction rules have been

established for the prediction of ICU (intensive care unit) admission and mortality. The aim of

this study was to assess and compare the predictive value of five specific pneumonia score

and one generic score for adults CAP in emergency department.

Methods : We retrospectively included all patients presenting to the emergency department

with an admission diagnosis of CAP from January 2009 to June 2010. Clinical, laboratory and

radiological features at presentation were used to calculate the pneumonia severity index

(PSI), the CURB-65 and CRB-65 scores, the SMRT-CO, the IDSA/ATS 2007 score and the

SAPS II. We compared the discriminatory power (area under the curve (AUC) of the receiver

operating characteristic) and the accuracy based on sensitivity, specificity, positive (PPV) and

negative (NPV) predictive values of these rules, to predict ICU admission and/or 30-day

mortality.

Results : 186 patients were included : 7 (3,8%) died within 30 days and 30 (16,1%) required

ICU admission. The PSI, CURB-65 and CRB-65 scores, the IDSA/ATS 2007 score and SAPS

II performed similarly and had moderate discriminatory value (AUC<0,80) for predicting ICU

admission. The SMRT-CO score and the IDSA/ATS 2007 minor criteria were statistically

better for this outcome (AUC value : 0,86 (95%CI 0,79 to 0,92) and 0,87 (95%CI 0,80 to

0,94) respectively). All rules had high NPVs (until 100% for PSI) but relatively low PPVs at

all cut-off points, for predicting 30-day mortality. The PSI, SAPS II and the IDSA/ATS 2007

minor criteria had good discriminatory value (AUC≥0,80), but there was no significant

difference with the moderate discriminatory value of others scores (AUC<0,80). For

combined outcomes, discriminatory values were moderate (AUC<0,80), except for SMRT-

CO and the IDSA/ATS 2007 minor criteria which were good (AUC≥0,80), but with no

significant difference.

Conclusion : Severity predictive rule is a useful complement to guide the initial management

of adults with CAP. Studied scores performed similarly for combined outcomes but the

SMRT-CO is more suitable for use in the emergency department because of its simplicity of

application and accuracy to predict ICU admission for severe CAP.

Key-Words : community-acquired pneumonia, predictive rule, severity assessment, intensive

care unit, mortality

86

ANNEE : 2012

NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR : CULOMA Jennifer

DIRECTEUR DE THESE : Pr RAPP Christophe

TITRE DE LA THESE : Intérêt d’un score d’aide au diagnostic de gravité dans la prise en

charge et l’orientation initiale des pneumonies aigües communautaires de l’adulte aux

urgences.

Introduction : L’évaluation de la gravité des pneumonies aigües communautaires (PAC) est

difficile mais indispensable afin d’optimiser la prise en charge et l’orientation initiale des

patients. Des scores d’aide au diagnostic de gravité ont été créés et validés pour prédire

l’admission en réanimation et/ou le risque de décès. L’objectif de notre travail était d’évaluer

et comparer les performances de cinq scores spécifiques des PAC et du score générique IGS

II, dans les PAC de l’adulte aux urgences.

Matériel et méthode : Tous les patients admis aux urgences, entre le 1er

janvier 2009 et le

30 juin 2010, avec un diagnostic de PAC ont été inclus rétrospectivement. Les données

cliniques et paracliniques à l’admission ont été utilisées pour calculer les scores de Fine, le

CURB-65 et CRB-65, le SMRT-CO, l’IDSA/ATS 2007 et l’IGS II. Les performances de

chaque score (sensibilité, spécificité, valeur prédictive positive (VPP) et négative (VPN) et

aire sous courbe ROC), pour prédire la nécessité d’admission en réanimation et/ou la

mortalité à 30 jours, ont ensuite été comparées.

Résultats : Cent quatre-vingt-six patients ont été inclus : sept (3,8%) sont décédés dans les

30 jours et trente (16,1%) ont été admis en réanimation. Les performances des scores de

Fine, CURB-65/CRB-65, de l’IGS II et l’IDSA/ATS 2007 étaient médiocres (ROC<0,80) et

similaires pour prédire l’admission en réanimation. Le SMRT-CO et les critères mineurs

seuls de l’IDSA/ATS 2007 étaient significativement meilleurs pour ce critère (aires sous

courbe ROC : 0,86 (IC95% : 0,79-0,92) et 0,87 (IC95% : 0,80-0,94) respectivement). Pour la

mortalité à 30 jours, les scores avaient une VPN élevée (jusqu’à 100% pour le score de Fine)

mais une très basse VPP, pour tous les seuils. Les scores de Fine, l’IGS II et les critères

mineurs de l’IDSA/ATS 2007 avaient une bonne valeur discriminante (ROC≥0,80),

contrairement aux autres scores plutôt moyens (ROC<0,80), mais sans différence

significative entre eux. Concernant le critère composite, les performances étaient moyennes

(ROC<0,80) sauf pour le SMRT-CO et les critères mineurs de l’IDSA/ATS 2007 dont les

bonnes performances (ROC≥0,80) n’étaient cependant pas significativement différentes.

Conclusion : L’utilisation d’un score d’aide au diagnostic de gravité est un complément utile

pour la décision d’orientation des PAC de l’adulte. Les six scores étudiés ont des

performances similaires pour le critère combiné mais le SMRT-CO semble plus approprié à

une utilisation aux urgences en raison de sa simplicité et de sa meilleure capacité à identifier

les PAC graves nécessitant une prise en charge en réanimation.

MOTS-CLES : pneumonie communautaire, techniques d’aide à la décision, indice de gravité

médicale, réanimation - mortalité

ADRESSE DE L’UFR : 8 Rue du Général Sarrail, 94010 CRETEIL CEDEX

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